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Progrès en urologie (2014) 24, 966—976

Disponible en ligne sur

ScienceDirect
www.sciencedirect.com

Épidémiologie et facteurs de risque des


tumeurs de la voie excrétrice urinaire
supérieure : revue de la littérature pour le
rapport annuel de l’Association française
d’urologie
Epidemiology and risk factors of upper urinary tract tumors:
Literature review for the yearly scientific report of the French
National Association of Urology

A. Ouzzane a, M. Rouprêt b,c, P. Leon c,


D.R. Yates d, P. Colin e,∗,f

a
Service d’urologie, université Lille Nord de France, hôpital Huriez, CHRU de Lille,
59000 Lille, France
b
Service d’urologie, hôpital Pitié-Salpétrière, faculté de médecine Pierre-et-Marie-Curie,
université Paris 6, Assistance publique—Hôpitaux de Paris, 75006 Paris, France
c
ONCOTYPE-URO, UPMC université Paris 06, GRC no 5, 75013 Paris, France
d
Academic department of Urology, Royal Hallamshire Hospital, University of Sheffield,
Sheffield, Royaume-Uni
e
Service d’urologie, hôpital Privé de la Louvière, générale de santé, 69, rue de la Louvière,
59000 Lille, France
f
Service d’urologie, hôpital de Seclin, rue d’Apolda, 59113 Seclin, France

Reçu le 2 juin 2014 ; accepté le 27 juin 2014


Disponible sur Internet le 8 août 2014

MOTS CLÉS Résumé


Épidémiologie ; But. — Décrire l’épidémiologie, les facteurs de risque et les facteurs génétiques incriminés dans
Facteurs de risque ; la carcinogenèse des tumeurs des voies excrétrices urinaires supérieures (TVES).
Tabac ; Matériel et méthodes. — Une recherche bibliographique a été effectuée à partir de la base
Acide aristolochique ; de données bibliographique Medline (PubMed) et des sites de la HAS et de l’ANSM avec les
mots clés suivants : épidémiologie ; facteurs de risque ; tabac ; acide aristolochique ; carcinome

∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : docpierrecolin@gmail.com (P. Colin).

http://dx.doi.org/10.1016/j.purol.2014.06.012
1166-7087/© 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

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Épidémiologie et facteurs de risque des TVES 967

urothélial ; uretère ; bassinet. La recherche était centrée sur l’épidémiologie, les facteurs de
Carcinome risque génétiques et environnementaux des TVES.
urothélial ; Résultats. — L’incidence estimée des TVES est de 1,2 cas pour 100 000 habitants par an en
Uretère ; Europe. L’incidence des tumeurs pyélocalicielles est stable depuis 30 ans alors que la fréquence
Bassinet des localisations urétérales est en augmentation avec le temps. Les stades et grades avancés
seraient plus fréquents au diagnostic. Celui-ci aurait lieu à un âge moyen plus tardif (> 70 ans).
Le ratio homme/femme est de l’ordre de 2. Les principaux carcinogènes de l’urothélium restent
le tabac et l’exposition professionnelle. Il existe des facteurs environnementaux spécifiques aux
TVES. L’exposition à l’acide aristolochique (néphropathie des Balkans et herbes chinoises) est à
l’origine d’une carcinogenèse spécifique du haut appareil urinaire. Les formes familiales ont des
caractéristiques épidémiologiques distinctes des formes sporadiques. Les TVES sont la troisième
localisation tumorale dans le syndrome de Lynch.
Conclusion. — Les TVES sont des tumeurs rares comportant des caractéristiques épidémiolo-
giques et des facteurs de risques à la fois communs aux carcinomes urothéliaux vésicaux et
spécifiques à leur localisation.
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KEYWORDS Summary
Epidemiology; Aim. — To describe the epidemiology, the risk and genetic factors involved in carcinogenesis
Risk factor; pathways of upper urinary tumors UTUCs.
Tobacco; Material. — A systematic review of the scientific literature was performed from the database
Aristolochic acid; Medline (National Library of Medicine, PubMed) and websites of the HAS and the ANSM using the
Urothelial carcinoma; following keywords: epidemiology; risk factor; tobacco; aristolochic acid; urothelial carcinoma;
Ureter; ureter; renal pelvis. The search was focused on the characteristics, the mode of action, the
Renal pelvis efficiency and the side effects of the various drugs concerned.
Results. — The estimated UTUC incidence is 1.2 cases/100,000 inhabitant per year in Europe.
The incidence of renal pelvis tumor has been stable for 30 years, while the frequency of ureteric
locations has increased over time. Locally advanced stage and high grade are more frequent
at the time of diagnosis. The median age for diagnosis is 70-years-old. Male-to-female ratio is
nearly 2. Main carcinogenic factors are tobacco consumption and occupational exposure. There
are specific risk factors for UTUC such acid aristolochic (balkan’s nephropathy and Chinese
herbs nephropathy). Familial cases are distinct from sporadic cases. UTUCs belong to the HNPCC
syndrome and they rank third in its tumor spectrum.
Conclusion. — UTUCs are scarce tumors with specific epidemiologic characteristics. UTUCs share
common risk factors with other urothelial carcinomas such as bladder tumors but have also
specific risk factors that clinicians should know.
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Introduction à l’occasion du rapport annuel de l’Association française


d’urologie.
Les tumeurs des voies excrétrices urinaires (TVES) sont une
entité nosologique à part, soit environ 5 % de l’ensemble
des carcinomes urothéliaux [1]. Il s’agit d’une entité proche Matériel et méthode
des carcinomes urothéliaux de vessie mais avec des parti-
cularités épidémiologiques, moléculaires et pronostiques. Une recherche bibliographique exhaustive sur PubMed
De récentes données épidémiologiques et génétiques ont (http://www.ncbi.nlm.nih.gov/) a été effectuée à l’aide
remis en cause le dogme de la carcinogenèse urothéliale des mots clés suivants seuls ou en combinaison (MeSH) :
considérée comme identique dans tout l’arbre urinaire epidemiology ; risk factor ; tobacco ; aristolochic acid ;
[2,3]. Le but de ce travail était de proposer une synthèse urothelial carcinoma ; ureter ; renal pelvis and geentic
de l’épidémiologie des TVES et de recenser les diffé- determinism. Les articles ont été sélectionnés en fonction
rents facteurs de risque impliqués dans leur carcinogenèse de leur niveau de preuve et de leur pertinence. Dans ces

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968 A. Ouzzane et al.

études, le risque de développer une TVES lié à une prédis- de ce même registre, entre 1983 et 2004, mettait également
position et/ou à l’exposition à un facteur environnemental en évidence une progression vers des stades plus avancés et
était exprimé à l’aide du risque relatif (RR) ou de l’odd-ratio des grades plus élevés au moment du diagnostic [7].
(OR) avec attribution d’un niveau de preuve.
Incidence comparée des différentes localisations
Différentes séries rétrospectives ont rapporté une fréquence
Épidémiologie de 50—59 % pour les localisations pyélocalicielles, 25—34 %
pour les tumeurs urétérales et 7—23 % pour les tumeurs mul-
Incidence
tifocales au sein de la même voie excrétrice [14—16]. En cas
Incidence mondiale d’atteinte urétérale, l’atteinte distale est prépondérante
Les TVES sont des tumeurs rares ne comptant que pour 5 % (51—73 %) [14,17]. L’incidence des tumeurs pyélocalicielles
des carcinomes urothéliaux recensés dans le monde [1]. a été relativement stable au cours des 30 dernières années
Le pic d’incidence des TVES est situé entre 70 et 80 ans. alors que celle des tumeurs urétérales aurait légèrement
L’âge moyen de diagnostic généralement rapporté dans les augmentée [6].
séries historiques est de 65—70 ans [4,5]. Des séries plus
récentes rapportent une tendance au diagnostic à un âge
Prévalence de la maladie urothéliale
plus tardif au-delà de 70 ans en rapport avec le vieillisse-
ment de la population [6—9]. En Europe et aux États Unis, le Localisation vésicale associée au TVES
ratio homme/femme est de 1,5 à 2,8 pour 1 sur la période On estime que : environ 12 à 30 % des patients avec une
1997—2010 [7—10] (Fig. 1). TVES ont un antécédent de tumeur de la vessie, environ 8
D’après une étude de 64 registres européens (RARECARE) à 13 % ont une localisation vésicale synchrone et enfin 11 %
entre 1995 et 2002, le taux d’incidence standardisé à l’âge ont à la fois un antécédent de localisation vésicale et une
des TVES est de 1,2 cas pour 100 000 habitants/an (1,6 localisation vésicale concomittante au diagnostic de TVES
pour les hommes et 0,7 pour les femmes) [9]. Ceci a été [4,18,19].
confirmé par une étude anglaise sur une plus longue période Le taux de récidive vésicale après NUT était de 31 %
(1985—2010) [8]. Il existe probablement une sous-estimation dans une étude rétrospective multicentrique internationale
de l’incidence du fait d’une mauvaise distinction entre les incluant 1839 patients avec d’un suivi médian de 45 mois
tumeurs de l’uretère et celles des cavités pyélocalicielles, [20].
d’une part, et les tumeurs du rein, d’autre part, dans les TVES bilatérales
bases SEER et OMS [11]. Il faut également souligner que les Le taux de tumeur synchrone bilatérale a été évalué à envi-
TVES ont été considérées à tort comme des tumeurs de la ron 1,6 % dans une étude rétrospective suédoise incluant 936
vessie dans de nombreuses séries historiques de la littéra- patients traités pendant 28 ans [21]. Le taux de récidive dans
ture. la voie excrétrice urinaire supérieure controlatérale après
Incidence en France NUT pour TVES est estimé à 6,9 % [22].
Peu de données sont disponibles sur l’incidence des TVES TVES multifocales
en France. Seule une analyse des données de l’OMS au La multifocalité tumorale au sein d’une même voie excré-
niveau national (11 registres sur le territoire français) per- trice supérieure est un événement fréquent (7—23 % des cas)
met d’estimer celle-ci [12]. Ces données sont accessibles [14—16]. Cette multifocalité peut concerner un seul seg-
via le « cancer incidence in five continents (CI5) volume X » ment de la VES (uretère ou cavités pyélocalicielles) ou les
(http://ci5.iarc.fr) contenant les informations des registres deux.
sur la période 2003—2007. Le taux d’incidence standardisé Au sein de l’uretère, la multifocalité tumorale est plus
à l’âge varie en de 0,6 à 1,1 cas pour 100 000 habitants pour fréquemment observée au niveau du segment distal [17].
les TVES pyélocalicielles chez les hommes et 0,1 à 0,6 chez Les TVES multifocales sont plus souvent diagnostiquées à
les femmes. Le taux d’incidence standardisé à l’âge varie un stade avancé et avec un haut grade [14—16]. Elles sont
en de 0,3 à 0,7 cas pour 100 000 habitants pour les TVES significativement associées à un pronostic péjoratif.
urétérales chez les hommes et 0,09 à 0,3 chez les femmes
(Fig. 1). Facteurs de risque environnementaux
Variation de l’incidence et des stades tumoraux dans
le temps Les facteurs de risque des TVES sont communs à ceux des
Selon une étude du registre nord-américain National Can- tumeurs de la vessie et l’intoxication tabagique est très lar-
cer Data Base (NCDB) entre 1993 et 2005, une migration de gement incriminée. Il existe toutefois des facteurs de risque
stades pour les TVES a été observée vers des stades plus pré- spécifiques aux TVES (Tableau 1).
coces avec une proportion plus élevée de tumeurs de haut
grade [13]. Aucune baisse de la mortalité liée aux TVES n’a Facteurs de risques communs aux localisations
été rapportée dans cette étude. vésicales
Dans une autre étude du registre SEER de 1973 à 2005 por- Tabac
tant sur 13 800 patients, une augmentation de l’incidence Le lien entre TVES et l’exposition tabagique est
des TVES a été observée (de 1,88 à 2,06 cas pour 100 000 complexe et liée aux multiples substances inhalées
habitants). Cette augmentation concernait plus particuliè- (amines aromatiques [AA] dont arylamine, benzopyrène,
rement les tumeurs urétérales (de 0,69 à 0,91 cas pour diméthylbenzanthracène. . .). Le métabolisme des AA
100 000 habitants) que les tumeurs des cavités pyélocali- conduit à la formation de la N-hydroxyalanine constituant
cielles (1,19 à 1,15 cas par 100 000 habitants) [6]. L’analyse un carcinogène actif. Différents systèmes enzymatiques

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Figure 1. Taux d’incidence des tumeurs des voies excrétrices urinaires supérieures dans le monde en fonction de l’âge.

permettent la détoxification de ce dérivé (les cytochromes durée moyenne d’exposition nécessaire au développement
CYP dont CYP1A1, les glutathions S-transférases ou GST d’un carcinome urothélial est de sept ans avec une longue
et les N-acétyl transférases ou NAT). Le polymorphisme période de latence depuis la fin de l’intoxication (de 19 à
génétique de ces systèmes expliquerait la susceptibilité 25 ans) [24]. Le risque de développement d’une TVES pyé-
particulière (prédisposition) d’un individu à développer des localicielle en cas d’exposition aux AA est de 2,9 (étude
tumeurs urothéliales [23—25]. cas-témoin multicentrique avec OR ajusté selon l’âge, le
Selon une étude cas-témoins multicentrique, le risque de sexe et le niveau d’éducation ; niveau de preuve III-2) [32].
développer une TVES liée à l’exposition tabagique est estimé Hydrocarbures polycycliques. Les hydrocarbures
à 6,2 (OR ajusté selon l’âge, le niveau socioéconomique, la aromatiques polycycliques (HAP) sont utilisés pour la pro-
prise de phénacétine et de laxatifs ; niveau de preuve III- duction d’aluminium, de coke, la combustion du charbon
2) [26]. La durée d’exposition et son intensité modulent ce ou dans les industries du fer et de l’acier [31]. Le surrisque
risque. Ainsi, le risque estimé de survenue varie de 2,4 pour de développement d’un carcinome urothélial est de 1,6
une consommation inférieure à 20 cigarettes par jour à 4,8 après une exposition prolongée aux HAP (étude cas-témoins
en cas de consommation supérieure à 40 cigarettes par jour multicentrique avec OR ajusté selon l’âge, la consommation
(étude cas-témoins multicentrique, niveau de preuve III-2) tabagique, et l’exposition aux AA ; niveau de preuve III-2)
[27]. Une interruption de l’intoxication de plus de 10 ans [33]. Ce risque rapporté aux seules TVES serait compris
diminuerait le risque de survenue de TVES de 60 à 70 %. Dans entre 1,19 et 2,13 (OR ajusté selon l’âge et le sexe, la
une récente étude rétrospective multicentrique, l’intensité consommation tabagique, le niveau d’éducation et la prise
du tabagisme et sa durée pourrait avoir un rôle pronostique de phénacétine ; niveau de preuve III-2) [32,34].
péjoratif en termes de récidive uniquement pour le sexe Solvants chlorés. Les solvants chlorés (trichloréthy-
féminin (niveau de preuve III-2) [28]. Enfin la poursuite de lène, tétra-chloréthylène) sont utilisés dans l’imprimerie, la
l’intoxication tabagique après le diagnostic de TVES, consti- fabrication des encres, des colles et le nettoyage à sec [31].
tuerait un facteur pronostique de décès [29]. L’exposition à ces toxiques induit un surrisque de carcinome
urothélial estimé à 1,8 (OR ajusté selon l’âge et la consom-
Facteurs de risque professionnels mation tabagique ; niveau de preuve III-2) [33]. Ce risque
Amines aromatiques. Le rôle de l’exposition profes- rapporté aux TVES pyélocalicielle serait de 4,68 (étude cas-
sionnel aux AA (surtout la benzidine et la bêta-naphtylanine) témoin multicentrique avec OR ajusté selon l’âge, le sexe, la
dans le développement des carcinomes urothéliaux des voies consommation tabagique, le niveau d’éducation et la prise
urinaires est connu et décrit depuis de nombreuses années de phénacétine ; niveau de preuve III-2) [32].
[30]. Il faut toutefois souligner que ces études sont anciennes
De nombreuses industries (colorants, textiles, caou- et que les conditions de travail ont évoluées depuis lors.
tchouc, produits chimiques, pétrochimie, plasturgie, mines Ces données se pérennisent dans la littérature et dans les
de charbon. . .) exposent les travailleurs aux AA [31]. recommandations de la médecine du travail tant qu’aucune
L’absorption de ces AA par l’organisme peut être réalisée étude récente ne sera en mesure de « gommer » ces données
par voie digestive, respiratoire ou même transcutanée. La historiques [35].

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970 A. Ouzzane et al.

Iatrogénie Autres
Les chimiothérapies alkylantes ou oxazaphosphorines (cyclo- Plusieurs études cas-témoins mettent en cause la consom-
phosphamide) conduisent à la formation d’acroléine à mation régulière de café et de thé comme facteur de
élimination urinaire. L’action carcinogène de ce métabo- risque de développer une TVES. Néanmoins, un nombre simi-
lite sur l’urothélium a été décrite au début des années laire d’études de même niveau de preuve ne confirme pas
1970. Une exposition chronique (au moins deux années) d’association significative entre le café, le thé et les TVES.
conduit à un risque relatif de lésion tumorale des voies
urinaires de 3,2 et seuls quelques cas de TVES ont été
rapportés (niveau de preuve III-2 et IV) [36,37]. L’action Facteurs de risque propres au TVES
pathogène de l’acroléine peut être inhibée par la prise Facteurs de risque endogènes
conjointe d’un protecteur urothélial (MESNA ou sodium 2- L’hypertension artérielle est décrite comme associée à la
mercaptoethane sulfate) sous forme d’un thio éther stable, carcinogenèse des VES. Le mécanisme est cependant peu
soluble, rapidement et totalement éliminé par l’organisme. clair (induction de substances vasoactives comme certains
L’utilisation de cyclophosphamide doit être contre indiquée proto-oncogénes, angiotensine II, facteurs de croissance. . .).
en cas d’antécédent de lésion vésicale, celle-ci conduisant En cas d’hypertension, le risque de TVES est de 1,3 (OR
à un taux significatif de récidive dans les VES [38] (étude ajusté selon l’âge, le sexe et la consommation tabagique ;
rétrospective non randomisée, niveau de preuve IV). niveau de preuve III-2) [41]. Ce risque semble se majorer
Des modèles expérimentaux ont mis en évidence le en cas d’hypertension importante nécessitant la prise d’un
potentiel carcinogénique de certains laxatifs sans en expli- traitement médicamenteux.
quer le mécanisme d’action. Une seule étude cas-témoin L’existence d’une artériosclérose est incriminée comme
menée en Allemagne rapporte un risque de développer une facteur de risque de nombreux cancers. L’étude de Hager
TVES égal à 9,62 en cas d’utilisation de laxatifs sur une et al. s’intéresse à l’association entre l’artériosclérose et les
année (étude cas-témoin multicentrique avec OR ajusté TVES sur une série incluant 74 pièces opératoires de NUT et
selon l’âge, le sexe, la consommation tabagique, le sta- 49 reins non tumoraux issue d’autopsie [42]. Les auteurs rap-
tut socioéconomique et la prise de phénacétine ; niveau portent un ratio intima/média (marqueur d’artériosclérose)
de preuve III-2) [26]. Interdite depuis les années 1950, plus élevé et plus souvent excédant 1 dans les spécimens
l’utilisation du Thorotrast (dioxyde de thorium), produit de tumoraux comparativement aux reins sains et concluent à
contraste à élimination urinaire, est mis en cause dans la un surrisque de TVES en cas d’artériosclérose locale.
carcinogenèse des TVES et de la vessie. L’irradiation alpha L’insuffisance rénale chronique (IRC) et la greffe rénale
des grains de thorium accumulés dans les voies urinaires sont avancées comme facteur de survenue d’une TVES.
explique ce surrisque. Cependant, la surincidence liée à ces deux facteurs n’est
La radiothérapie externe est un facteur de risque reconnu rapportée que dans la population asiatique (Chine et Tai-
de carcinomes urothéliaux, cependant aucune donnée spé- wan) [43,44]. La recherche spécifique d’une néphropathie à
cifique concernant les TVES n’a été rapportée à notre l’acide aristolochique (abordée ci après) n’est pas réalisée
connaissance [36]. dans ces études, limitant les conclusions des auteurs sur le
rôle de l’IRC en général et de la greffe.

Infection et inflammation chronique Néphropathie des Balkans et aux herbes chinoises


Le rôle des infections chroniques du haut appareil urinaire Depuis 1950, une incidence remarquable de TVES (60 à
a été avancé pour expliquer la survenue de certains cas 100 fois supérieure au reste du monde) a été rapportée
de TVES (principalement des carcinomes épidermoïdes). Le dans certaines zones rurales des Balkans (Bosnie, Bulgarie,
surrisque induit serait cependant peu important (OR = 1,7 ; Croatie, Roumanie et Serbie). Ces TVES étaient associées
étude cas-témoin multicentrique, niveau de preuve III-2) à une néphropathie endémique appelée « néphropathie
[39]. des Balkans » (NeB) correspondant à un dysfonctionnement
La carcinogenèse urothéliale associée à l’infestation par tubulaire proximal. Celle-ci est responsable d’une protéi-
la Bilharziose est-elle plus certaine. Les œufs du Schisto- nurie de bas poids moléculaire et d’une fibrose interstitielle
somia Haematobium sont déposés dans les plexus veineux dense respectant les glomérules. Les TVES de la NeB avaient
périvésicaux et urétéraux engendrant une inflammation des caractéristiques spécifiques :
chronique. La co-infection bactérienne et le tabagisme • bilatéralité importante (8 à 10 %) ;
pourraient également jouer un rôle comme cofacteur. Seuls • absence de prédominance masculine (certaines études
quelques rares cas d’adénocarcinome induit par la parasi- retrouvant même une prédominance féminine) ;
tose et localisés au haut appareil urinaire sont décrits dans • survenue en milieu rural ;
les zones d’endémie [24]. • délai d’apparition de la TVES environ dix ans après le
L’inflammation chronique induite par la présence de diagnostic de NeB.
calcul est rarement responsable de la carcinogenèse au
sein des VES avec une incidence de survenue sur terrain L’agent étiologique de la NeB est aujourd’hui iden-
lithiasique d’environ 1 % [24]. L’histologie des TVES sur ce tifié comme l’Aristolochia Clematitis (plante endémique
terrain correspond le plus fréquemment à des carcinomes des Balkans) [45,46]. La plante, poussant au sein des
épidermoïdes. Le risque de développer une TVES en cas champs de blé, contaminerait ainsi la farine et le pain
d’antécédent lithiasique serait de 2,5 (enquête descriptive ingérés par les habitants. Cette plante, comme toutes
rétrospective avec OR ajusté selon l’âge et le sexe ; niveau les espèces d’Aristolochia, contient l’acide aristolochique
de preuve IV-1) [40]. (AcA), composé néphrotoxique, mutagène et cancérigène.

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Épidémiologie et facteurs de risque des TVES 971

Figure 2. Lien épidémiologique entre les zones géographiques des néphropathies à l’acide aristolochique.
D’après Grollman [67].

Une autre néphropathie associée au TVES a permis de de regrouper la NeB et NHC sous une seule dénomination :
souligner le rôle de l’AcA dans la NeB. Entre 1992 et 1993 néphropathie à l’acide aristolochique (NeAA). Cette NeAA
en Belgique, 43 patients sont hospitalisés pour insuffisance serait en fait un problème de santé publique ne se limi-
rénale terminale suite à l’ingestion de plantes médicinales tant pas aux seules zones d’endémie des Balkans et la
chinoises (néphropathie aux herbes chinoises [NHC]) [47]. Belgique (Fig. 2). Cette intoxication toucherait dans son
L’enquête étiologique va mettre en évidence la substitu- ensemble le continent asiatique avec une sous-estimation
tion dans le mélange médicinal de la Stephania tetracta probable de cette étiologie d’origine médicinale dans la
(« Han Fang Ji » en Pin Yin) par l’Aristolochia fangchi (« Guang survenue de l’IRC et des TVES [43—45,49]. Une récente
Fang Ji ») [47]. Une TVES a ensuite été diagnostiquée chez méta-analyse a établit un odd-ratio à 5,97 (IC à 95 % :
presque la moitié des patients intoxiqués. Le rôle de l’AcA, 2,78—12,84) de développer une TVES en cas d’exposition à
contenu dans les plantes du genre Aristolochia, a été ensuite l’AcA [50].
confirmé dans plusieurs études. Une mutation spécifique
induite par un métabolite dérivé de l’AcA est ainsi retrouvée
au niveau du codon 139 du gène p53 (AAG→TAG ; Lys→Stop). Maladie du « pied noir » (black foot disease)
Cette mutation est prépondérante chez les patients atteints Une surincidence de TVES (20 à 26,6 % de l’ensemble des
de NeB ou NHC alors qu’elle est exceptionnelle chez les carcinomes urothéliaux) est retrouvée sur la côte Sud-Ouest
patients porteurs d’une TVES non-exposés à l’AcA. de l’île de Taiwan [51—53]. Dans cette région une vas-
Une variabilité interindividuelle et interfamiliale au cularite périphérique appelée « maladie du pied noir » ou
développement d’une TVES est observée dans la zone blackfoot disease (BFD) a été décrite. L’agent étiologique
d’endémie de Balkans. Celle-ci pourrait être expliquée par de cette vascularite correspond à l’arsenic, polluant l’eau
le polymorphisme génique des systèmes de détoxification des puits. Le surrisque de développer une TVES dans cette
de chaque individu (notamment cytochrome p450 pour les zone d’endémie serait de 2,82 (étude exposé—–non exposé,
dérivés toxiques de l’AcA) [48]. Il est aujourd’hui admis niveau de preuve II) [54].

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972 A. Ouzzane et al.

Tableau 1 Risque de développer une TVES en relation avec le type d’exposition.


Type d’exposition Risque Incidence Référence [no ]
Générale 1,2 cas pour 100 000 Visser et al. [9]
(Europe 1995—2002) habitants/an
Tabac 6,2 — Pommer et al. [26]
(OR ajusté)
Amines aromatiques 2,97 — McCredie et Stewart
(OR ajusté) [32]
Hydrocarbures 2,13 — McCredie et Stewart
polycycliques (OR ajusté) [32]
Solvants chlorés 4,68 — McCredie et Stewart
(OR ajusté) [32]
Terrain lithiasique 2,5 — Chow et al. [40]
(OR ajusté)
Infections chroniques 1,7 — McCredie et al. [39]
(OR ajusté)
Laxatifs 9,62a — Pommer et al. [26]
(OR ajusté)
Hypertension artérielle 1,3 — Liaw et al. [41]
(OR ajusté)
Néphropathie des — 29,2/100 000 Grollman et al. [46]
Balkans habitants/an en zone
d’endémie en 1998
Herbes chinoises — 40 à 46 % des patients Debelle et al. [45]
exposés en Europe
Inconnue sur le
continent Asiatique
Maladie du pied noir et 1,9—15,1 20 à 26 % des Yang et al. [52]
exposition à l’arsenic (RR) carcinomes urothéliaux Chiou et al. [54]
hydrique en zone d’endémie
Phénacétine 3,3 — Stewart et al. [58]
(RR)
Acide aristolochique 5,97 — Wu et Wang [50]
(OR ajusté)
D’après Colin et al. [25].
TVES : tumeurs des voies excrétrices urinaires supérieures ; OR : odd-ratio ; RR : risque relatif ; no : numéro.
a Toutes localisations urothéliales confondues (vessie et VES).

En zone d’endémie de la BFD, les TVES possèdent des à plus de 100 microg/L. Les résultats sont plus contra-
caractéristiques épidémiologiques et cliniques spécifiques : dictoires pour des doses inférieures à 10 microg/L. Une
• prédominance féminine (ratio homme/femme = 1/2) ; récente étude cas-témoins menée au Banghladesh entre
• âge de survenue plus jeune (55—60 ans) ; 2008 et 2011 concernant 1489 cas de lésions rénales (dont
• taux élevé de tumeurs urétérales (deux fois plus fré- 90 TVES pyélocalicielles) a mis en évidence un risque
quentes par rapport aux localisations pyélocalicielles). majoré de TVES chez les patients buvant de l’eau conta-
minée par l’arsenic (> 50 microg/L) (niveau de preuve III-2)
De nombreuses études dans la zone d’endémie de [55].
Taiwan et ailleurs dans le monde ont mis en avant le Toutefois, l’arsenic pourrait ne pas être le seul agent
rôle probable de l’arsenic dans la carcinogenèse urothé- pathogène responsable de l’incidence élevée des TVES à
liale [51—54]. Il existerait ainsi une relation dose-effet Taiwan. Il pourrait agir comme cofacteur avec notamment
certaine pour une concentration d’arsenic supérieure à l’AcA contenu dans les préparations médicinales. Chen
50 microg/L, avec un risque relatif variant de 1,9 à 15,1 pour et al. ont rapporté le rôle probable de la NeAA à Taiwan
des concentrations d’arsenic hydrique de 10—50 microg/L mettant en évidence des mutations typiques de p53 et des

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Épidémiologie et facteurs de risque des TVES 973

caractéristiques anatomocliniques des TVES sur l’île iden- potentiellement en rapport avec un syndrome HNPCC [64].
tiques à celles de la zone d’endémie des Balkans (Fig. 2) Ces critères sont rapportés dans une fiche de recueil pour
[49,56]. le clinicien urologue (Annexe A) [64].
En cas de suspicion clinique, la confirmation diagnos-
Néphropathie aux analgésiques tique nécessite une recherche du statut d’instabilité des
Aujourd’hui interdite, la consommation régulière et prolon- microsatellites (MSI) et l’expression protéique en immuno-
gée de phénacétine contenue dans diverses préparations histochimie des gènes de réparation des mésappariements
antalgiques est mise en cause comme facteur de risque de l’ADN.
de TVES dès 1965 [21,57]. La nécrose papillaire et la Les caractéristiques cliniques spécifiques des TVES du
néphrotoxicité induite par ce traitement serait la cause syndrome HNPCC [62,65] sont :
indirecte de développement de TVES par une action promo- • une prédominance féminine (sex-ratio homme/femme =
trice à la carcinogenèse de cofacteurs (tabac, inflammation 0,95) ;
chronique. . .) [58]. • un âge moyen de survenue plus jeune (55—60 ans) ;
• un taux élevé de tumeurs urétérales (51 %) ;
Facteurs de risque propres au TVES • un ou des antécédents familiaux de cancer du spectre
HNPCC.
Formes familiales isolées
Quelques études ont rapporté des formes familiales en Classiquement, les tumeurs de vessie ne sont pas inclues
dehors de tout syndrome tumoral connu. Certaines concer- dans le spectre tumoral de l’HNPCC [62]. Cependant, de
nent des populations avec des caractéristiques d’isolat récents travaux suggèrent un surrisque de ce type de locali-
génétique (Mormons de l’Utah, insulaires de Dalmatie, sation notamment en cas de mutation du gène hMSH2 [66].
Islandais). En dehors d’un âge au diagnostic plus précoce
(56 à 62 ans), aucun critère spécifique épidémiologique, cli-
Variants rares du syndrome HNPCC
Le syndrome de Muir-Torre : sous-type du syndrome HNPCC
nique ou anatomopathologique n’a été mis en évidence dans
associé à des tumeurs cutanées (tumeurs des glandes séba-
ce cadre.
cées ou kérato-acanthomes) de la face et du tronc. Ce
Dans ces cas familiaux, le risque relatif de développer un
syndrome est exceptionnel ; la mutation la plus fréquem-
carcinome urothélial chez les apparentés de premier degré
ment retrouvée est celle du gène hMSH2.
varie de 1,2 à 2. Ce risque est majoré en cas de diagnostic
Le syndrome de Turcot : autre sous-type de syndrome
précoce avant 60 ans et si le sujet atteint est une femme ou
HNPCC associé à des tumeurs cérébrales (glioblastomes).
un non-fumeur [59—61].
Une susceptibilité génétique intrafamiliale aux différents
carcinogènes urothéliaux est avancée pour expliquer ces Prédispositions génétiques
cas. Les prédispostions génétiques au développement des TVES
ont été abordées dans un autre chapitre de ce rapport.
Formes familiales héréditaires Celles-ci se divisent en polymorphisme du métabolisme des
Syndrome HNPCC carcinogènes et polymorphisme des gènes de réparation de
Le syndrome human non polyposis colorectal carcinoma l’ADN.
(HNPCC) (ou syndrome de Lynch) est une forme familiale de
cancers colorectaux qui compte pour 1 à 5 % de ces tumeurs.
Les mécanismes génétiques de ce syndrome sont évoqués Conclusion
dans un autre article de ce rapport.
Ce syndrome à transmission autosomique dominante est En Europe, le taux standardisé à l’âge des TVES est de 1,2
subdivisé en 2 types : cas pour 100 000 habitants. L’incidence des tumeurs pyélo-
• le type I correspond à des cas d’adénocarcinomes colo- calicielles est stable depuis 30 ans alors que la fréquence
rectaux au sein de familles répondant aux critères des localisations urétérales est en augmentation avec le
d’Amsterdam révisés ; temps. Les stades et grades avancés sont les plus fréquents
• le type II reprend les critères du type I avec en plus une au moment du diagnostic et l’âge moyen est de plus en
association à d’autres cancers extra-coliques (endomètre, plus tardif (70 ans). Les étiologies tabagiques et profession-
ovaires, voies urinaires supérieures, intestin grêle, esto- nelles, communes aux localisations vésicales, restent les
mac, voies biliaires, larynx, cerveau). plus fréquentes. Il existe cependant des facteurs environ-
Au sein de ce syndrome, les TVES sont la troisième loca- nementaux spécifiques aux TVES (NeAA, BFD, phénacétine).
lisation du spectre tumoral en terme de fréquence (soit L’interaction entre la vulnérabilité génétique de certains
environ 5 %) après les adénocarcinomes coliques (62 %) et individus et l’exposition à ces carcinogènes environnemen-
endométriaux (9 %) [62]. Le risque relatif de développer une taux pourrait être à l’origine de la genèse d’un certain
TVES en cas d’HNPCC varie de 14 à 22 dans la littérature nombre de TVES sporadiques.
[62,63].
La suspicion clinique de TVES lié à l’HNPCC est évoquée
à l’aide des critères révisés de Bethesda et d’Amsterdam Déclaration d’intérêts
II. En utilisant les critères révisés de Bethesda, une étude
multicentrique française, incluant 1122 patients porteurs Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en
d’une TVES, a considéré que 21,3 % des patients était relation avec cet article.

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974 A. Ouzzane et al.

Annexe A. Fiche de recueil des critères cliniques faisant suspecter le caractère


héréditaire d’une tumeur de la voie excrétrice urinaire supérieure

Âge du diagnostic < 60 ans  > 60 ans 


Sexe Femme  Homme 
Antécédent personnel de cancer du spectre HNPCC
(Cocher si oui)
Cancer colorectal 
Cancer de l’estomac 
Cancer biliaire 
TVES controlatérale 
Cancer de l’endomètre 
Cancer de l’ovaire 
Cancer du grêle 
Glioblastome 
Antécédent familial de cancer du spectre HNPCC
(Cocher si vrai pour ascendant de premier degré ou si âge de survenue < 50 ans)
Cancer colorectal 
Cancer de l’estomac 
Cancer biliaire 
TVES controlatérale 
Cancer de l’endomètre 
Cancer de l’ovaire 
Cancer du grêle 
Glioblastome 
Suspicion de TVES héréditaire
(N’importe quelle case cochée rend le cas suspect)
Âge < 60 ans 
Antécédent personnel de cancer du spectre HNPCC 
Un ascendant du premier degré < 50 ans avec un cancer du spectre HNPCC 
Deux ascendants du premier degré avec un cancer du spectre HNPCC 

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