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Mise au point
Résumé
Le cancer de la prostate est le plus fréquent des cancers et représente la 3e cause de mortalité par cancer chez les hommes de 50 ans ou plus, en
France et en Europe. L’incidence diminue grâce à une pratique plus ciblée du dépistage et à l’amélioration des outils diagnostiques. Le dépistage de
masse n’est pas recommandé. Le diagnostic individuel précoce repose sur un dosage du taux de Prostate Specific Antigene (PSA) associé au
toucher rectal, annuellement, chez les hommes entre 50 et 75 ans ayant une espérance de vie supérieure à 10 ans. En cas de suspicion clinique et/ou
biologique de cancer de prostate, des biopsies prostatiques sont réalisées. Les examens recommandés dans le bilan d’extension des cancers
prostatiques de risque intermédiaire et élevé sont l’IRM prostatique, la scintigraphie osseuse, le TDM TAP (forme métastatique) et, parfois, le PET
scan à la choline. Les thérapeutiques curatives sont proposées aux hommes ayant une probabilité de survie 10 ans, atteints d’un cancer localisé
ou localement avancé. Les prises en charge standards pour les tumeurs localisées sont la surveillance active, la curiethérapie, la chirurgie
(prostatectomie) et la radiothérapie externe, seule avec l’hormonothérapie et/ou la chirurgie. Les prises en charge expérimentales pour des tumeurs
localisées sont les traitements focaux (photothérapie dynamique, ultrasons focalisés). Pour les formes les plus agressives, l’intérêt de la
chimiothérapie est en cours d’étude. Le cancer de la prostate évolue lentement. Il est de bon pronostic s’il est pris en charge précocement. La
mortalité est tardive et en diminution.
# 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Abstract
Prostate cancer is the most frequent of cancers and represents the third leading cause of death by cancer, for men over 50 years, in France and
Europe. The incidence decreases since about ten years. Mass screening is not recommended. Individual early diagnosis is based on a yearly exam
including Prostate Specific Antigene (PSA) blood test and a digital rectal exam. The target for this diagnostic approach are men from 50 to 75 years
with more than 10 years of life expectancy. A series of prostatic biopsy are carried out in case of clinical and/or biological prostate cancer suspicion.
The additional examinations recommended in the assessment of extension of prostate cancer with intermediate and high risk are: MRI, bones
scintigraphy, scan CAP (metastatic stage), and sometimes Choline PET-CT. Curative treatments are proposed to men with a probability of survival
over 10 years, suffering from localized or locally advanced cancer. Gold standard treatments are: active surveillance, radical prostatectomy,
brachytherapy, radiotherapy alone or with surgery and/or hormone therapy. Experimental treatments of localized tumors are: focal treatments
(phototherapy dynamic, high intensity focused ultrasound). For the more advanced forms, the interest of early chemotherapy is extensively studied.
# 2017 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
§
Présentation faite lors des 74e Journées Scientifiques de l’ACOMEN— 25–26 novembre 2016 —Médecine Nucléaire et Cancer de la Prostate.
* Auteur correspondant.
Adresses e-mail : terrier.Manon10@Gmail.Com (M. Terrier), Alain.ruffion@chu-lyon.fr (A. Ruffion).
http://dx.doi.org/10.1016/j.mednuc.2017.06.009
0928-1258/# 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Pour citer cet article : Terrier M, et al. Epidémiologie, diagnostic et pronostic du cancer de la prostate. Médecine Nucléaire (2017), http://
dx.doi.org/10.1016/j.mednuc.2017.06.009
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Le cancer de la prostate représente un enjeu majeur de santé Le cancer de la prostate était la cinquième cause de décès
publique dans les pays développés. chez l’homme, dans le monde, en 2012 (307 481 cas), après les
Il constitue le premier cancer chez l’homme de plus de cancers du poumon, du foie, de l’estomac et colorectal [5]
50 ans, en termes de prévalence, en France et dans la plupart des (Fig. 2). Il représente maintenant la 3e cause de décès par cancer
pays industrialisés. chez l’homme en France (8893 cas, soit 7,5 % des décès par
cancer en 2011) et en Europe, après le cancer du poumon
1.1. Incidence (21 000 cas) et colorectal (9200 cas) [5] (Fig. 1).
Plus de trois quarts des décès surviennent après 75 ans et
Il est le cancer le plus fréquemment diagnostiqué chez plus d’un tiers après 85 ans en France en 2012, contrairement au
l’homme en France (53 917 nouveaux cas en 2011) ainsi qu’en cancer du poumon (50 % de décès avant 70 ans) [5–7] (Fig. 4).
Europe et le second dans le Monde, après le cancer du poumon Le taux de mortalité du cancer de la prostate est en constante
[1,2] (Fig. 1 et 2). diminution depuis les années 1990 (18/100 000 en 1990 contre
L’âge moyen au diagnostic est de 69 ans, avec un taux 10,5/100 000 en 2011) [3].
d’incidence le plus élevé à cette période [3] (Fig. 3). Les causes de cette baisse sont obscures. La majorité est
Entre les années 1980 et 2005, l’incidence du cancer de la probablement due à l’amélioration de la prise en charge des
prostate était en augmentation, en France et en Europe. Cette cancers à un stade métastatique. Il est cependant possible aussi
tendance était probablement secondaire à la pratique que cette baisse s’explique par la précocité de la prise en charge
« exubérante » du dépistage individuel du cancer prostatique initiale, à un stade carcinologique moins avancé. La fréquence
(dosage du PSA depuis les années 1990) et à l’amélioration des des formes métastatiques est en effet en baisse depuis plusieurs
outils diagnostiques. années dans les pays qui pratiquent le dépistage individuel
Depuis quelques années, on observe une diminution de (diagnostic précoce) [8].
l’incidence. Cette décroissance s’explique par la réticence
actuelle de la population et de certains médecins vis-à-vis du
dépistage du cancer de la prostate, afin d’éviter le sur- 1.3. Facteurs de risque
diagnostic de cancer indolent et leur sur-traitement [4].
Le taux d’incidence (standardisé monde) qui était à Les facteurs de risque du cancer de la prostate sont l’âge,
124,5 cas pour 100 000 en 2005 est passé à 97,7 cas pour l’origine ethnique afro-antillaise et les facteurs de prédisposi-
100 000 en 2011 [3]. tion génétique [10].
Pour citer cet article : Terrier M, et al. Epidémiologie, diagnostic et pronostic du cancer de la prostate. Médecine Nucléaire (2017), http://
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On suspecte une forme héréditaire du cancer prostatique Le cancer de la prostate dépendrait également de facteurs
(polygénique) lorsqu’il existe chez des apparentés du 1er ou 2e hormonaux, puisqu’il est décrit uniquement chez des hommes
degré : deux cas diagnostiqués avant l’âge de 55 ans ou trois pubères et est sensible à la castration. Il n’y a cependant pas de
cas, quel que soit l’âge. preuves formelles, à l’heure actuelle, de cette hormonodépen-
L’hérédité monogénique (5 %) est suspectée en cas dance.
d’antécédents familiaux de cancers du sein et/ou ovaire ou de La réalité de la prédisposition « ethnique » est une question
cancer prostatique agressif avant l’âge de 50 ans. Une consultation complexe. En résumé il n’y a pas à ce jour de preuve formelle
d’oncogénétique doit être proposée, à la recherche de mutation de la réalité de ce facteur ethnique quand on « normalise » ces
des gènes mutation BRCA1, BRCA2, HOXB13 [1,11]. facteurs avec d’autres facteurs (environnementaux, socioéco-
nomiques, etc.. . .) [10].
L’alimentation n’a pas été démontrée comme facteur de
risque.
45
40
35
30
25
%
20
15
10
5
0
50 ans 55 ans 60 ans 65 ans 70 ans 75 ans 76-85 ans > 85 ans
Série 1
Fig. 3. Cancer de la prostate : incidence et mortalité par âge en 2009 en France [9]. Fig. 4. Décès par cancer de la prostate en France en 2012, selon l’âge.
Prostate cancer: incidence and mortality by age in 2009 in France [9]. Prostate cancer death in France in 2012, according to the age.
Pour citer cet article : Terrier M, et al. Epidémiologie, diagnostic et pronostic du cancer de la prostate. Médecine Nucléaire (2017), http://
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Le dosage du PCA3 urinaire s’effectue après 2 minutes de enfin, la radiothérapie externe peut être utilisée sur les
massage prostatique. Le rapport PCA3/PSA urinaire permet tumeurs les plus agressives, seule ou en combinaison avec
d’établir un score prédictif de cancer prostatique s’il est l’hormonothérapie et/ou la chirurgie.
supérieur à 35 [16]. Il aide à décider s’il est nécessaire de
réaliser ou non une 2e série de BP, après une 1re série de BP
négative. Ce score est en cours d’évaluation et non recommandé Les principales prises en charge expérimentales en France
en pratique courante. Il n’est pas remboursé en 2017. pour des tumeurs localisées sont les suivantes :
Pour citer cet article : Terrier M, et al. Epidémiologie, diagnostic et pronostic du cancer de la prostate. Médecine Nucléaire (2017), http://
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Pour citer cet article : Terrier M, et al. Epidémiologie, diagnostic et pronostic du cancer de la prostate. Médecine Nucléaire (2017), http://
dx.doi.org/10.1016/j.mednuc.2017.06.009