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4 : L’ONCOLOGIE ET LA NÉPHROLOGIE
INTRODUCTION
Dans le cadre de ce cours, nous allons parler de l’oncologie ainsi que des différents procédés
permettant de guérir le cancer. Par la suite, nous aborderons la néphrologie ainsi que les
différents procédés de traitement possibles pour les pathologies associées aux reins.
L’oncologie (aussi nommée carcinologie ou cancérologie) est la spécialité médicale qui permet
l’étude, le diagnostic et le traitement des cancers. Dans ce cours, nous allons décrire les
différents procédés tels que la chirurgie et la radio‐oncologie, lesquels vont aider à la guérison
du cancer.
De l’autre côté, en ce qui concerne les problématiques rénales, nous allons parler de la
néphrologie, la branche médicale qui vise à prévenir, diagnostiquer et soigner les maladies des
reins. Nous allons nous baser sur l’étude de l’insuffisance rénale ainsi que sur les différentes
méthodes servant à son traitement. L’hémodialyse sera le procédé le plus étudié.
1. L’ONCOLOGIE
1.1. LE CANCER
Le cancer est une maladie génétique qui pourrait être définie comme étant une anomalie dans
le processus de division cellulaire. Cette anomalie est caractérisée par une importante
prolifération de cellules anormales au sein d’un tissu normal de l’organisme, en donnant des
cellules cancéreuses. Elles viennent toutes d’une cellule initiale nommée cellule initiatrice.
La cellule cancéreuse se caractérise par deux propriétés fondamentales :
‐ la capacité de se reproduire au‐delà des limites fixées par le renouvellement naturel du
tissu auquel elle appartient et
‐ le pouvoir de coloniser des territoires tissulaires normalement réservés à d'autres
catégories cellulaires. Ce fait est nommé « métastase ».
Certaines cellules sont regroupées en forme de tumeur maligne. Les autres peuvent se
propager à travers le corps.
Il existe trois types de cancers :
‐ les carcinomes, cancer d’un épithélium (tissus constitués de cellules étroitement
juxtaposées),
‐ les sarcomes, cancer qui prolifère dans les tissus conjonctifs (tissus dont les cellules sont
séparées par la matrice extracellulaire), et
‐ les hématopoïétiques, cancer des cellules sanguines.
On peut classifier aussi les cancers selon les organes qui sont endommagés : cancer du côlon,
du pancréas, du sein, myélome multiple, etc.
Comme nous l’avons dit au début, le cancer est une pathologie génétique. Il est donc dû à une
modification quantitative et/ou qualitative des gènes. Trois catégories de gènes sont associées
aux pathologies cancéreuses :
‐ les oncogènes, des gènes qui déclenchent une prolifération désordonnée des cellules
(gènes qui proviennent des proto‐oncogènes, les régulateurs positifs de la prolifération
cellulaire, lesquels ont été modifiés en devenant hyperactifs),
‐ les gènes suppresseurs de tumeurs, normalement chargés d’agir comme frein mais
inhabilités lorsqu’on parle de cellules cancéreuses, et
‐ les gènes de réparation de l’ADN, lesquels sont capables de détecter et réparer des lésions
de l’ADN s’il s’agit d’un fonctionnement normal, mais qui sont inactivés dans les cellules
cancéreuses.
On dit que le cancer évolue et cette évolution provient de la transformation d’une cellule
eucaryote normale vers une cellule eucaryote cancéreuse. Chaque cancer a pour origine
l’altération de 10 à 20 gènes, qui donnent lieu à d’autres mauvais gènes de manière itérative,
où chaque altération favorise la suivante. Ce processus d’altération ne suit pas une séquence
aléatoire Pour chaque type de cancer on reconnaît des gènes altérés spécifiques et une
chronologie dans le développement des événements.
Lorsqu’on parle de la chronologie dans le développement des évènements, on parle de la
chronologie de la transformation cancéreuse, c.à.d. des étapes distinctes que l’on observe
pendant la formation et croissance du cancer. Trois étapes sont distinguées :
1. La carcinogenèse, où des substances dites carcinogènes provoquent des anomalies
génétiques qui affectent l’ADN. Cette étape n’est pas remarquable cliniquement et est
sans conséquence fonctionnelle.
2. La cancérogenèse, laquelle commence par l’initiation et la promotion, n’interrompt pas le
processus de transformation cancéreuse. L’initiation (qui est la conséquence de la
carcinogenèse) correspond à l’accumulation des anomalies génétiques et la promotion
correspond à la division de la cellule en plusieurs cellules, lesquelles auront les mêmes
anomalies entraînées par l’initiation. Ces deux processus fonctionnent toujours ensemble.
Ainsi, une cellule commencera par l’initiation, puis la promotion, ensuite l’initiation, etc.,
ce qui assure la pérennisation des anomalies au cours des nouvelles divisions,
l’accumulation des nouvelles anomalies et l’assurance de la descendance de la cellule
anormale (voire figure 1). Ce processus peut être aussi nommé transformation cellulaire et
comporte encore deux éléments de grande importance : l’immortalisation (élément qui
régule la bonne prolifération, donc la régulation de la balance divisions/mort des cellules
qui assure le maintien de la taille et de la fonctionnalité d’un organe) et la perte
d’homéostasie (les cellules anormales restent endommagées pour toujours).
3. La tumorogenèse est la dernière étape. C’est l’étape où le cancer grossit en formant la
tumeur, un ensemble de cellules anormales clairement délimité. Cette tumeur grossit
jusqu’à atteindre la lame basale (le risque de métastase est faible), puis il grossit encore
plus jusqu’à la rompre, moment où le cancer devient invasif, avec une haute probabilité de
métastase (par circulation lymphatique dans les carcinomes et veineuse dans les
sarcomes).
On entend beaucoup parler des éléments que provoquent le cancer : les antennes de
téléphonie, certains aliments, la pollution, etc. Tous ces risques sont regroupés en risques
internes (caractéristiques intrinsèques des génomes et d’une possible mutation de ceux‐ci, de
l’induction par un agent infectieux, etc.) et les risques externes (alimentation, irradiation, etc.).
Figure 1. Transformation cellulaire
Source: http://fr.academic.ru/dic.nsf/frwiki/270134
1.2. LA CHIRURGIE
Plusieurs traitements peuvent être appliqués afin de guérir le cancer : La chirurgie, la
radiothérapie et la chimiothérapie. Parmi ceux‐ci, la chirurgie est l’unique technique qui
servira d’élément de diagnostic et de traitement en tant que tel. Environ 80% des cancers sont
guéris par la chirurgie. Cependant, pour certains d’entre eux, les techniques
radiothérapeutiques et chimiothérapeutiques peuvent être plus efficaces.
Plusieurs types de chirurgies sont utilisés en cas de cancer :
‐ La chirurgie de diagnostic permet l’évaluation de l’extension tumorale grâce à la biopsie
(extraction d’un échantillon de tissu de l’organisme en vue d’un futur examen).
‐ La chirurgie radicale qui, avec ou sans radiothérapie, doit guérir les cancers à faible
potentiel métastatique ou les tumeurs pour lesquelles actuellement les traitements
médicaux n’ont pas fait preuve de leur efficacité (cancer de l’estomac, du rectum, du
pancréas, de l’utérus, les sarcomes des parties molles, etc.).
‐ La chirurgie radicale intégrée dans un plan thérapeutique visant à éradiquer les
micrométastases par les traitements adjuvants. Le modèle en est le cancer du sein. La
chimiothérapie peut être le premier traitement avant la chirurgie (chimiothérapie néo‐
adjuvante ou de première intention) chaque fois que la tumeur est en poussée évolutive
ou que l’on espère que le traitement médical préalable permet une meilleure exérèse
moins mutilante d’une volumineuse tumeur (cancer du sein, tumeurs ORL, de l’œsophage,
sarcome osseux...).
‐ La chirurgie de réduction tumorale, véritable chirurgie biologique qui s’adresse aux
tumeurs chimiosensibles pour lesquelles le volume et/ou la diffusion métastatique ne
permettent pas une exérèse radicale, mais seulement une réduction tumorale maximale.
Celle‐ci entraîne le phénomène de recrutement cellulaire nécessaire à une activité
optimale des traitements cytotoxiques (cancers épithéliaux de l’ovaire, cancer non
séminomateux du testicule).
‐ La chirurgie palliative qui, associée aux thérapeutiques spécifiques et non spécifiques du
cancer, améliore le confort et parfois la survie des malades incurables.
1.3. LA RADIO‐ONCOLOGIE
La radio‐oncologie est la branche de l’oncologie liée aux traitements qui impliquent un
rayonnement ionisant. La radiothérapie et la curiethérapie sont incluses dans ce domaine.
1.3.1. LA RADIOTHÉRAPIE
La radiothérapie est une méthode basée sur l’utilisation des radiations projetées de façon
régionale afin de détruire les cellules cancéreuses en bloquant leur capacité à se multiplier. Les
cellules tumorales seront détruites, tandis que les tissus périphériques seront conservés. Plus
de la moitié des patients atteints de cancer ont besoin de cette méthode. Cette méthode peut
entraîner une guérison à elle seule, mais elle est aussi utilisée comme un traitement
complémentaire à la chirurgie et à la chimiothérapie.
On parle de radiothérapie externe lorsque la source de rayonnement est à l’extérieur du
malade. Cette technique utilise principalement des accélérateurs linéaires de particules de
rayonnement X en produisant des faisceaux de photons X ou γ d’énergie comprise entre 4 et
25 MeV. Cette énergie délivre un débit de dose que l’on quantifie en Gray (Gy). Le gray (Gy) est
l’unité du système international dérivé d’énergie massique de radiation absorbée. Il équivaut à
la dose d’énergie absorbée par un milieu homogène d’une masse d’un kilogramme lorsqu’il est
exposé à un rayonnement ionisant apportant une énergie d’un joule. Donc 1 Gy=1 J/Kg.
Pour la radiographie externe, les débits de dose sont supérieurs au gray par minute. Il existe
aussi le rayonnement avec des électrons, qui vont agir à un niveau superficiel, et le
rayonnement avec protons, neutrons ou ions légers, qui seront utiles dans des domaines très
spécifiques. On reconnait en tant que radiothérapie externe différentes techniques :
Par ailleurs, il existe la curiethérapie, qui fait aussi partie de la famille de la radiothérapie. Il
s’agit d’une technique où la source radioactive est placée pendant un temps limité ou illimité à
l’intérieur du malade près de la tumeur ou bien au‐dedans même de celle‐ci en y accédant
notamment par les cavités naturelles du corps. Cette technique est expliquée plus en détail
plus loin.
Finalement, on parle de radiochirurgie ou de la stéréoradiothérapie (radiothérapie
stéréotaxique). C’est une technique proche de la radiothérapie externe mais ces principes et
indications se rapprochent cependant de celles de la chirurgie. La radiochirurgie est une
technique non invasive, c.à.d. sans besoin de l’aide chirurgicale, qui consiste à irradier une
zone du cerveau de manière très précise, en conditions stéréotaxiques (technique
neurochirurgique qui, grâce à un système de coordonnées dans l’espace déterminé, permet
d’atteindre des zones du cerveau de manière précise). Ainsi, cette technique permet de traiter
des cibles de petite taille (environ 3 cm ou moins). Cette technique utilise un ou plusieurs
faisceaux ultra‐focalisés ainsi que des appareils tels que le Gamma‐Knife, le Novalis et
l’accélérateur adapté avec un collimateur micro‐multilames.
De la même façon que pour la chirurgie, plusieurs buts sont atteints avec la radiothérapie
pour faire face au cancer selon le type de tumeur, de la taille de celle‐ci, de son stade, de sa
localisation, de l’état général du patient, etc.
D’abord, en prenant comme objectif l’irradiation de toutes les cellules cancéreuses afin
d’entraîner le contrôle vers la guérison du cancer, on distingue la radiothérapie curative,
indiquée dans près de la moitié des cas. Des doses totales qui varient selon le cas de 30 à 70
Gy sont appliquées (normalement à 10 Gy par semaine au rythme de 5 séances de 2 Gy par
semaine), en veillant toujours à ne pas dépasser la dose de tolérance critique des organes et
en évitant les effets secondaires.
Lorsque le but est d’atténuer la douleur due à un cancer trop avancé pour être soigné, on
parle de radiothérapie palliative. On soulage le patient par de légères doses.
Finalement, il y a la radiothérapie symptomatique, qui se concentre sur les symptômes
majeurs particulièrement douloureux. Il agit de manière antalgique (réduction de la douleur,
effet constant quelque jours après l’irradiation), de manière hémostatique (contrôle le
processus physiologique qui permet d’interrompre le saignement pour éviter l’hémorragie) et
de façon décompressée (lorsqu’il y a des signes de compression médullaire).
Parmi les quelques effets chimiques que ces radiations ont dans les molécules rencontrées, la
création de radicaux libres est l’effet chimique le plus important. Les radicaux libres sont des
molécules hautement instables et réactives qui vont déstabiliser à leur tour certaines autres
molécules. Donc, c’est lorsque ces radicaux interagissent avec l’ADN (en provoquant la rupture
des molécules) que commence l’élimination des molécules cancéreuses.
1.3.1.1. CHOIX DE LA TECHNIQUE
CHOIX DE L’APPAREIL
À dose égale, l’effet biologique, c’est‐à‐dire l’effet des rayonnements ionisants dans le corps
humain, est le même que l’on utilise avec un appareil à source de cobalt, de rayons X ou
d’accélérateurs de particules. On ne choisit donc pas l’appareil en fonction de son effet
biologique, mais en fonction des propriétés balistiques de son rayonnement : de son pouvoir
de pénétration dans les tissus. Dans un même traitement on peut utiliser différents appareils
selon l’évolution de la tumeur, selon les organes à attaquer, etc. Par exemple, on peut utiliser
un appareil à source de Cobalt ou à rayons X sur la tumeur primitive et un accélérateur
d’électrons sur les ganglions. De même, des combinaisons d’appareils peuvent être utilisées
pour optimiser l’irradiation, notamment l’utilisation sur un même volume d’un accélérateur de
photons. Un accélérateur d’électrons permet d’obtenir une dose plus homogène. Ce type de
rayonnement est nommé faisceau mixte.
D’ailleurs, l’appareil de curiethérapie est indiqué dans des cas concrets. Cette technique est
décrite par la suite.
CHOIX DES CHAMPS D’IRRADIATION
Les champs d’irradiation (la dimension et forme de ceux‐ci) dépendent surtout de deux
facteurs : le volume tumoral et les organes critiques.
D’une part, le volume tumoral comporte tout ce qui concerne le siège exact de la tumeur et
ses extensions. On peut connaître ces données grâce à une description clinique minutieuse de
la tumeur, à un compte rendu endoscopique, opératoire et histologique précis, et grâce à
l’ensemble des documents iconographiques dont on dispose (radiographie, écographie et
scintigraphie essentiellement). Ces informations sont rassemblées au bilan pré‐thérapeutique.
D’autre part, lorsqu’on parle d’organes critiques, on parle de leur dose de tolérance. Il faut
donc s’assurer, dans tous les cas, de ne pas la dépasser.
Lorsqu’on parle de la taille des champs d’irradiation, on y distingue :
‐ Les champs focalisés, de 4 à 15 cm de côté environ.
‐ Les champs régionaux, de tailles différentes spécialement selon la région irradiée (champ
en mantelet ou en Y inversé de la maladie de hodgkin, champ crânien, champ pulmonaire,
champ abdominal, etc.)
‐ Les champs hémicorporels, supérieur ou inférieur, et champs corporels, de tout le corps.
Lorsqu’on parle du nombre de champs d’irradiation, on y distingue :
‐ Un seul champ fixe d’électrons, plus rarement avec les photons (même γ ou X) ou alors en
archthérapie (rotation continue en forme d’arc de cercle centré sur le volume cible du bras
de l’accélérateur) ou cyclothérapie (radiothérapie par champs d’irradiation tournants).
‐ Deux champs parallèles opposés, l’une des techniques les plus fréquentes.
‐ Trois ou quatre champs (« champs en boîte » pour le dernier), afin d’irradier des tumeurs
profondes notamment le thorax, l’abdomen ou le pelvis.
‐ Champs conformationels, qui s’ajustent à la forme de la tumeur. Ils sont formés à l’aide
d’un collimateur multilames (appareil décrit par la suite).
CHOIX DE LA DOSE
La notion de dose est en fait inséparable du temps pendant lequel elle est distribuée. Plus une
même dose est étalée, plus son effet biologique se voit diminué. C’est donc à partir des
rythmes d’irradiation, en plus des objectifs cliniques (curatif, palliatif ou symptomatique), que
l’on pourra choisir telle ou telle dose pour optimiser le traitement. Les principaux rythmes
d’irradiation sont les suivants :
‐ Irradiation étalée, c’est le rythme le plus utilisé dans des irradiations à visée curative.
Quatre types (classiques) existent :
o 2 Gy/séance x 5 séances= 10 Gy/semaine = 60 Gy en 30 fractions pendant 6
semaines.
o 3 Gy/séance x 3 = 9 Gy/semaine = 54 Gy en 18 fractions pendant 6 semaines.
o 2,5 Gy/séance x 4 = 10 Gy/semaine = 60 Gy en 24 fractions pendant 6 semaines.
o 1,8 Gy/séance x 5 = 9 Gy/semaine = 62 Gy en 35 fractions pendant 7 semaines.
‐ Irradiation concentrée, pour les traitements à visée palliative. Des irradiations qui
entraînent des effets biologiques environ deux fois plus forts que dans le cas précédent.
Des exemples peuvent être :
o 3 Gy/séance x 5 = 15 Gy/semaine = 30 Gy en 10 fractions pendant 2 semaines
o 4 Gy/séance x 5 = 20 Gy en 5 fractions pendant 1 semaine
‐ Irradiation flash, des rythmes d’irradiation utilisés dans la radiothérapie symptomatique.
Des irradiations ponctuelles et de forts effets biologiques sont appliqués à titre antalgique.
Exemples :
o 10 Gy en 1 séance
o 8 Gy/séance x 1 ou 2 séances
o 6 Gy/séance x 1, 2 ou 3 séances
‐ Irradiations multi‐fractionnées, irradiations divisées normalement en deux séances par
jour et qui sont écartées d’un minimum de 6 heures. Cette méthode améliore l’effet sur les
tissus sains à renouvellement lent grâce à l’application de petites doses (de 12 à 1,6 Gy par
séance), et raccourcit la durée des traitements (lutter contre la repopulation cellulaire). Ce
type d’irradiations est utilisé dans le cadre de radiothérapie à visée curative.
‐ Irradiation séquentielle ou en « split course », il s’agit d’irradiations appliquées en séries
successives et séparées par une phase de repos (plusieurs si on applique plusieurs séries).
L’intervalle de chaque irradiation ainsi que la dose appliquée peut varier selon la série.
Normalement, les séries sont constituées d’irradiations concentrées, notamment :
o 30 Gy en 10 fractions pendant 2 semaines, suivi d’un repos de 4 semaines puis 15
Gy en 5 fractions.
o 20 Gy en 5 fractions pendant 1 semaine, suivi d’un repos de 3 semaines puis 20 Gy
en 5 fractions pendant 1 semaine ;
o 18 Gy en 3 fractions pendant 2 jours, suivi d’un repos 3 semaines, puis 15 Gy en 3
fractions pendant 2 jours.
Cette méthodologie est indiquée pour les traitements palliatifs.
LE MODÈLE :
Il faut bien comprendre qu’une même dose n’est pas toujours attachée à la même signification
clinique, donc au même effet biologique. L’effet biologique change selon le rythme
d’irradiation. C’est pour pouvoir prédire les effets biologiques d’une dose à un tel rythme, que
le modèle a été créé.
Ce modèle se base sur le modèle linéaire‐quadratique : une partie de l’effet biologique de
chaque tissu ou de la tumeur est liée de façon linéaire à la dose, et une autre partie est liée de
façon quadratique à la dose. Chaque tissu se caractérise du point de vue de sa radiosensibilité
par son rapport , lequel exprime les deux composants de cette radiosensibilité.
On dira qu’un coefficient proche de 10 correspond à un tissu à renouvellement rapide et
qui, par conséquent, supporte de fortes doses. Par contre, un tissu à renouvellement lent aura
un coefficient voisin de 3, un fait qui nous indique qu’il faut éviter les doses fortes par
séance.
Ces coefficients sont très variables (de 3 à 15), même si l’on parle des différentes cellules des
tumeurs.
En résumé, afin de bien choisir une dose, il faut rechercher le compromis entre des
traitements courts pour vaincre la repopulation et des doses par séance faible pour éviter des
séquelles radiologiques tardives.
1.3.1.2. LES APPAREILS
Principalement quatre types d’appareils sont utilisés en radiothérapie :
‐ Les appareils de contacthérapie (radiothérapie de contact), machine apparente au tube à
rayons X (expliqué dans le la section « imagerie médicale »), où les rayons X émis sont
d’énergie faible. Très utiles pour le traitement des lésions cutanées et pour les cancers
superficiels tels que celui du rectum.
‐ Les accélérateurs linéaires de particules (voir figure 2), appareil constitué d’un canon à
électrons et d’un électro‐aimant qui accélère les électrons, lesquels sont dirigés vers une
cible de tungstène en produisant les photons grâce aux phénomènes de rayonnement de
freinage et de fluorescence X (voir section « production de rayons X, dans le chapitre d’
« imagerie médicale »). À titre d’exemple, on peut irradier jusqu’à 15 cm d’épaisseur, sans
trop irradier les tissus sains situés sur le parcours du faisceau avec un accélérateur de 18
MeV. En augmentant la puissance, on augmente le niveau de profondeur.
Figure 2. Accélérateur linéaire de particules
Source: http://www.medgadget.com/archives/img/RapidArc‐Varian.jpg
‐ L’appareil de tomothérapie (voir figure 3). Cet appareil permet de combiner une
radiothérapie à intensité modulée (IMRT, où l’on utilise un accélérateur de particules
adapté avec micro‐multilames, appareil décrit par la suite) et une CT‐scan (appareil utilisé
pour la tomodensitométrie). La machine contient une table, où sera allongé le patient, qui
passera par la suite par une ouverture en forme d’anneau animé d’un mouvement
circulaire continu et qui contient un accélérateur linéaire de particules. L’accélérateur
émet des faisceaux très minces (6 MeV) qui, en concordance avec la vitesse de la table,
réussissent à avoir une irradiation optimale des tumeurs vers une dose minimale sur les
tissus sains. Face à la source de radiation, il y a des senseurs, qui permettent d’obtenir
des images anatomiques de qualité, presque de diagnostic. L’image sert à mesurer la dose
délivrée lors du traitement et donc à effectuer un suivi optimal.
Figure 3. L’appareil de la tomothérapie.
Source: http://farm4.static.flickr.com/3526/3801556352_8b5f599b76.jpg
‐ La source de Cobalt, appareil qui dirige le faisceau de rayons gamma venus du 60Cobalt sur
la tumeur. La cobalthérapie a pratiquement disparu au profit des accélérateurs linéaires de
particules. Le 60Cobalt est l’élément utilisé, qui permet l’émission d’un rayonnement
gamme de 1,25 MeV de puissance, en permettant une irradiation à 0,5 cm sous la peau.
Il existe d’autres appareils pour la radiochirurgie, mais on parle alors de radiochirurgie ou de
radiothérapie stéréotaxique :
‐ Le couteau gamma (gamma‐knife en anglais, voir figure 4). Il s’agit d’une machine qui
permet d’attaquer la tumeur de façon très localisée dans le cerveau. Elle applique une
dose très élevée de rayonnements ionisants. 201 sources de 60Cobalt, donc 201 faisceaux
se concentrent sur le point ciblé à traiter. Des malformations artério‐veineuses cérébrales,
neurinomes du système auditif et métastases cérébrales sont des exemples d’applications
de cette technique. Le couteau gamma nécessite de fixer la tête dans un casque qui
permet de l’immobiliser pendant le traitement.
Figure 4. Le couteau gamma.
Source: http://www.gammaknifecenter.com/Image4.jpg
‐ Le Novalis (voir figure 5), un accélérateur de dernière génération qui permet d’appliquer
l’irradiation de telle manière que les faisceaux qui irradient la tumeur s’adaptent à la
forme et à la dimension de celle‐ci, donc il évite les irradiations vers les tissus sains. Un
logiciel très sophistiqué calcule les points d’accès idéaux afin de mieux attaquer la tumeur.
Il est aussi un appareil guidé par imagerie (tomodensitométrie, imagerie par résonance
magnétique ou les deux à la fois). Il s’agit du traitement le plus rapide. (30‐45 minutes).
Figure 5. Le Novalis
Source: http://www.marylandcancercare.com/images/novalis_room.jpg
‐ Le Cyberknife (voir figure 6), un système qui utilise la robotique intelligente afin de traiter
les tumeurs dans tout le corps. Il comporte une grande précision (minimisation de l’impact
radioactif sur les tissus sains), il est souvent guidé par imagerie médicale et assisté par
ordinateur, ce qui permet de suivre et de corriger les déplacements de la tumeur dus aux
mouvements du patient avec une exactitude en dessous du millimètre.
Figure 6. Le Cyberknife
Source: http://www.newmediacomm.com
Il existe un autre appareil que l’on trouve autant dans la radiographie externe que dans la
radiochirurgie :
‐ L’accélérateur de particules adapté avec un collimateur micro‐multilames. Cet appareil
est la base de la radiothérapie conformationnelle 3D avec ou sans modulation d’intensité.
Ce type de collimateur a pour but d’éviter autant que possible l’irradiation des tissus sains
périphériques et les organes à risque, en ayant la possibilité de moduler l’intensité et
l’orientation des faisceaux de photons (variation volontaire et maîtrisée de la dose
appliquée). Une fois le volume tumoral à irradier défini (normalement avec l’utilisation
d’un CT‐Scan), on peut calibrer le positionnement précis des lames du collimateur afin de
sculpter de façon extrêmement précise le volume d’irradiation. L’appareil a un aspect
physique équivalent à l’accélérateur linéaire de particules. On utilise ces appareils pour la
guérison des tumeurs de prostate, des voies aérodigestives supérieures, des tumeurs
thoraciques et certaines tumeurs intra‐abdominales (p.ex. foie et pancréas) quand on
parle de radiothérapie externe. Ils sont aussi utilisés dans le traitement des tumeurs
intracrâniennes lorsqu’on parle de radiochirurgie.
1.3.1.3. MISE EN TRAITEMENT
La mise en traitement est rarement faite le jour de la première consultation. Elle nécessite un
rendez‐vous qui peut durer une heure ou plus sans compter la dosimétrie. Elle nécessite
également une étroite collaboration entre le radiothérapeute, le radiophysicien et les
manipulateurs. Elle comprend trois étapes principales :
‐ La balistique aidée par simulation : On définit le volume‐cible qui englobe le volume
tumoral. Le volume‐cible est repéré de façon précise, notamment à l'aide du simulateur,
appareil de radioscopie qui reproduit les paramètres balistiques de l'irradiation. Les
champs d'irradiation sont tracés selon les données de la simulation. On trace ensuite, à
l'aide d'appareils divers (conformateur, tomographe axial, scanner, etc.) les contours
transversaux du patient sur un document où sont repérés également le volume‐cible et les
organes critiques. Cette coupe axiale transverse est le document de base à partir duquel se
fait la dosimétrie. Le scanner est une façon simple de l'obtenir, mais pas toujours dans la
véritable position de traitement.
‐ La dosimétrie transformée par ordinateur : La dosimétrie est l'ensemble des calculs qui
permettent de calculer le temps d'irradiation nécessaire pour distribuer au volume‐cible la
dose prescrite par le radiothérapeute et pour établir les courbes isodoses qui visualisent la
distribution de la dose dans le volume irradié au niveau de la tumeur et des tissus sains.
Ces calculs peuvent être faits manuellement, mais sont grandement facilités et améliorés
par les ordinateurs. Les notions de volume précisées sont les suivantes :
o Le volume tumoral est le volume de la lésion tel qu’il est objectivé par l’examen
clinique ou l’endoscopie ou l’imagerie. C’est à priori une notion objective qui
dépend de la qualité des examens et de la précision de la mesure.
o Le volume cible anatomoclinique CTV (Clinical Target Volume) est le volume
tumoral plus le volume de tissu contenant des cellules néoplasiques infracliniques.
C’est un concept anatomoclinique identique pour le chirurgien, le radiothérapeute
ou le chimiothérapeute.
o Le volume cible prévisionnel PTV (Planning Target Volume) est un concept
géométrique utilisé en radiothérapie pour tenir compte autour du CTV d’une
marge de sécurité liée à l’imprécision de la technique et au mouvement du malade
et de la tumeur.
‐ La mise en place sous l'appareil est faite par le radiothérapeute. Les champs sont tracés, le
temps d'irradiation est calculé, il reste à mettre le patient sur la table de traitement. On
réalise volontiers une radiographie de contrôle à l'aide des rayons γ du cobalt ou X de
l’accélérateur qui permet de s'assurer une dernière fois de la bonne position des champs
d'irradiation. On tatoue, à l'aide d'une petite pointe métallique, un ou deux points des
champs d'irradiation qui servent de repère pour la bonne reproduction des séances
ultérieures. Les bords des champs eux‐mêmes sont peints à l'aide d'une peinture qui
persiste plusieurs jours et qui ne doit pas être effacée par le patient. Une douche légère
est possible sans savonner la zone d'irradiation. La feuille d'irradiation est remplie, les
manipulateurs sont en possession de toutes les données pour faire le traitement.
Une mise en traitement légèrement différente est conçue pour la radiothérapie
conformationnelle. Cette technique, qui a pour but d’augmenter les doses distribuées grâce à
une plus grande précision de l’irradiation, repose sur l’introduction de l’informatique et des
réseaux d’images en radiothérapie. La mise en route est un temps capital qui dure une
semaine. On commence généralement par immobiliser le patient dans un masque ou un
moule thermo formé (tête, pelvis). On réalise en position de traitement un scanner qui permet
de transmettre à la console de dosimétrie de radiothérapie les données anatomiques du
patient qui seront gérées en 3 dimensions. On définit des champs d’irradiation découpés sur
mesure pour entourer au plus juste la tumeur. L’informatique permet de faire une simulation
virtuelle et d’optimiser la technique d’irradiation. L’ensemble de ce processus où interagissent
l’oncologue radiothérapeute, le radiophysicien, le radiologue, le spécialiste d’organes prend
une semaine avant que ne soit réalisée la première séance.
1.3.1.4. EFFET D’OXYGÈNE
L’oxygène a un effet dans la radiothérapie. Cet effet est très important, il faut donc en tenir
compte. Selon le pourcentage présent de molécules d’oxygène dans les tissus irradiés, on aura
des niveaux d’efficacité plus ou moins élevés : un pourcentage élevé d’oxygène mènera à un
bon traitement tandis que l’hypoxie tumorale (manque d’oxygène dans les tissus cancéreux)
produira un traitement inefficace. Plus il y a de molécules d’oxygène, plus on observe de
cascades radicalaires (effet étudié dans la section « radiobiologie »). En présence d’oxygène,
une même dose d’irradiation tue trois fois plus de cellules qu’en absence d’oxygène.
On essaie de corriger ce cas de radiorésistance cellulaire de plusieurs façons : augmentation
de la pression partielle en oxygène, application de différentes doses selon si l’on attaque la
périphérie de la tumeur (bien oxygénée) ou le centre de celle‐là (plus radiorésistant, plus
hypoxique et donc qui a besoin d’un surdosage), utilisation de radiosensibilisateurs,
l’utilisation de neutrons, etc.
1.3.1.5. LA RADIOTHÉRAPIE ASSOCIÉE
La radiothérapie peut être associée à d’autres techniques afin de procurer la guérison, ou
l’amélioration du patient. Ces techniques sont la chirurgie et la chimiothérapie.
ASSOCIATIONS RADIOCHIRURGICALES
On distingue trois grandes familles dans ce type d’association : la radiothérapie
postopératoire, la radiothérapie préopératoire et la radiothérapie peropératoire. Elles peuvent
être combinées entre elles.
LA RADIOTHÉRAPIE POSTOPÉRATOIRE
Il s’agit de la chronologie la plus fréquente. Elle a pour but d’éliminer les risques de rechute
locale. Elle a comme avantage la parfaite connaissance du niveau d’extension de la tumeur et
comme désavantage la mauvaise oxygénation des tissus due à l’opération et à des
complications radiologiques.
Les tumeurs intracrâniennes, le cancer O.R.L, le cancer du sein et du poumon font partie de
cette association.
La radiothérapie doit commencer une fois que les plaies opératoires sont parfaitement
cicatrisées et que l’état général du patient s’est normalisé. Des délais d’un mois après la
chirurgie sont raisonnables, cependant, il est conseillé de ne pas retarder le début du
traitement au‐delà de 6 à 8 semaines.
LA RADIOTHÉRAPIE PRÉOPÉRATOIRE
Le principal but de la radiothérapie préopératoire est de rendre extirpable une tumeur
initialement inopérable. De plus, elle se propose de diminuer la probabilité d’apparition de
greffes néoplasiques (des implantations tumorales sur les orifices de drainage). Elle permet
une chirurgie conservatrice due à la régression tumorale. Par contre, si l’on commence le geste
chirurgical trop tôt, il peut y avoir des complications chirurgicales.
Cette association est très utilisée lors du traitement du cancer de la vessie, du rectum et du
sein.
LA RADIOTHÉRAPIE PEROPÉRATOIRE (RPO)
Cette technique est réalisée au cours d’une intervention chirurgicale. Elle permet une
irradiation directement ciblée sur la tumeur (si elle n’a pas pu être totalement extirpée) ou sur
le lit tumoral (zone où se trouvait la tumeur avant son ablation et qui a encore des adhérences
cancéreuses) en évitant les dommages collatéraux aux autres organes et tissus.
Cette technique est utilisée pour les cancers du tube digestif, les tumeurs génitales et urinaires
et les cancers bronchiques. Elle est encore en cours d’évaluation pour d’autres tumeurs,
notamment les sarcomes et le cancer du sein.
ASSOCIATIONS RADIO‐CHIMIOTHÉRAPIQUES
Ces associations ne sont indiquées que pour certain cancers : les cancers à grand potentiel de
dissémination et les cancers chimiosensibles. Le but de la chimiothérapie est d’attaquer
l’ensemble des cellules néoplasiques (qui aident à la prolifération des cellules cancéreuses)
tandis que la radiothérapie va agir sur les masses tumorales les plus importantes. L’ordre
chronologique des techniques dépendra du cas. Le principal désavantage que présente cette
association est le haut niveau toxique. Par conséquent, il est nécessaire d’avoir des techniques
rigoureuses et une surveillance minutieuse pendant et après l’application.
Des lymphomes, les cancers du poumon, la tumeur de Wilms, le cancer de l’œsophage, le
cancer du canal anal sont traités avec cette technique.
ITÉRATION DES IRRADIATIONS
Le fait de pouvoir faire plusieurs irradiations, c’est‐à‐dire de refaire la radiothérapie où l’on
avait déjà fait un traitement, est une question qui n’est pas du tout évidente. Plusieurs
éléments interviennent pour donner la bonne réponse : le champ d’irradiation du traitement
antérieur, la dose déjà appliquée, le délai entre les traitements et l’objectif clinique sont les
principaux facteurs à évaluer.
On peut irradier un nouveau territoire s’il ne se recoupe pas avec les champs précédents, si le
territoire déjà irradié a reçu une dose inférieure à 40 Gy et si le délai est supérieur à 6 mois ou
un an.
En ce qui concerne l’objectif clinique, on peut irradier un nouveau territoire déjà traité même
s’il a reçu une dose très significative, seulement si l’on parle à titre symptomatique, sinon, il
faut évaluer les facteurs ci‐haut décrits.
La principale raison est que l’irradiation par radiothérapie peut avoir des effets secondaires à
long terme et augmente le risque de cancer post‐traitement.
1.3.2. LA CURIETHÉRAPIE
Mise au point à l’Institut Curie, d’où son nom, la curiethérapie est une technique dérivée de la
radiothérapie qui se distingue par le fait que la source de rayonnement est placée à l’intérieur
même du patient (à côté où à l’intérieur de la zone à traiter).
Cette méthodologie permet une attaque plus directe et efficace à la zone cancéreuse. D’un
côté, l’irradiation affecte seulement une aire très localisée autour de la source de
rayonnement, ce qui permet une irradiation moindre vers les tissus sains et donc l’option
d’irradier de manière plus agressive cette zone‐là. De l’autre côté, la source restera tout le
temps à côté de la tumeur, même si celle‐ci se voit déplacée lors d’un mouvement du patient.
On peut affirmer que cette technique est avantageuse par rapport à la radiothérapie externe.
La curiethérapie permet de rétrécir la tumeur plus rapidement en permettant la guérison de la
maladie avec moins de séances, un fait qui permet à la fois une meilleure tolérance des
patients et un faible risque d’effets secondaires indésirables et graves. Le taux de guérison
augmente lorsque la curiethérapie est combinée avec d’autres techniques telles que la
radiothérapie externe ou la chirurgie.
On classifie les différents types de curiethérapie selon le placement des sources de
rayonnement dans la zone du traitement, selon le débit ou l’intensité de la dose d’irradiation
délivrée à la tumeur, et selon la durée de la dose délivrée. À titre d’exemple, un type pourrait
être « curiethérapie interstitielle (placement de la source), de bas débit (intensité de la dose)
et temporaire (durée de la dose délivrée) ».
1.3.2.1. PLACEMENT DE LA SOURCE
On distingue la curiethérapie interstitielle et la curiethérapie de contact. Dans le cas de la
curiethérapie interstitielle, les sources sont implantées à l’intérieur des tissus (notamment la
prostate ou le sein). Dans le cas de la curiethérapie de contact, la source est placée à côté du
tissu à attaquer. Selon l’espace qu’elle occupe, on parlera :
‐ De curiethérapie endocavitaire lorsqu’elle est placée dans une cavité du corps (comme le
col de l’utérus, l’utérus ou le vagin),
‐ De curiethérapie intraluminale lorsque la source est placée dans une lumière du corps (tel
que la trachée ou l’œsophage),
‐ De curiethérapie de surface, lorsqu’elle est placée dans un espace externe comme la
peau, ou encore
‐ De curiethérapie intravasculaire, quand la source est placée dans les vaisseaux sanguins
(utile dans les traitements de resténose coronaire intrastent).
1.3.2.2. DÉBIT DE LA DOSE
Selon l’intensité (exprimée en grays par heure, Gy/h) avec lequel le rayonnement est délivré au
milieu environnant, on distingue le bas débit de dose (BBD), le moyen débit de dose (MDD) et
le haut débit de dose (HDD).
La source de rayonnement qui fournit des radiations à un débit qui peut aller jusqu’à 2 Gy/h,
permet un débit de dose bas. Ce genre de débit de dose est utile pour le traitement des
cancers des sarcomes, de la cavité buccale ou de la prostate.
Le moyen débit de dose permet des radiations pouvant aller de 2 Gy/h jusqu’à 12 Gy/h.
Le haut débit de dose correspond à un débit supérieur à 12 Gy/h. Ce débit est très utile dans
les tumeurs du col de l’utérus, de l’œsophage, des poumons, des seins et de la prostate.
Un autre débit pourrait être classifié comme bas débit de dose : le débit pulsé de bas débit de
dose (PDD). Il consiste en la libération de courtes impulsions de rayonnement (normalement
une fois par heure) afin d’atteindre le bas débit de dose. Ce débit est communément utilisé
dans les tumeurs d’ordre gynécologique ainsi que pour traiter les cancers de la tête et du cou.
1.3.2.3. DURÉE DE LA DOSE
On distingue deux types de curiethérapie lorsqu’on parle de la durée de la dose. D’autres
facteurs tels que la taille et la localisation du cancer affecteront aussi le temps pendant lequel
la dose restera dans le corps.
On parle de curiethérapie temporaire quand le placement des sources a une durée
déterminée. Par contre, on parlera de curiethérapie permanente dans le cas inverse, lorsque
la source est placée de façon définitive.
Dans le cas temporaire, la durée dépend principalement du débit de dose : dans le cas de bas
débit de dose, la source peut rester jusqu’à 24 heures et dans le cas de haut débit, la source
restera généralement quelques minutes.
Par rapport à la curiethérapie permanente, des petits grains radioactifs, toujours de bas débit
de dose, seront placés dans la tumeur ou dans le site de traitement. La dégradation
progressive et naturelle de ces éléments évitera une irradiation continue sur le patient, ce qui
permettra de laisser les grains en place à l’intérieur du patient. Des périodes proches d’un
mois sont habituelles dans ces cas. Le cancer de la prostate est couramment traité de cette
façon.
1.3.2.4. APPLICATION CLINIQUES
La figure 7 montre les applications de la curiethérapie.
Figure 7. Cancers les plus communs traités par la curiethérapie
Source: http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Curieth%C3%A9rapie.jpg
Le tableau 1 montre quel type de curiethérapie est l’optimal selon le cancer à traiter.
L’imagerie dans le terrain de la curiethérapie a plusieurs domaines à couvrir : la planification
initiale de la propre curiethérapie, l’insertion de l’applicateur et l’aide pour la création d’un
patient virtuel.
La planification initiale se fait de la même manière que pour la radiothérapie classique : des
techniques telles que la radiographie, l’écographie, la tomodensitométrie et l’imagerie par
résonance magnétiques sont utiles afin de visualiser en 3D la tumeur et les tissus
environnants. Par contre, en plus de proportionner des informations qui permettront de
savoir comment traiter les cancers, ces images vont aussi servir à la répartition optimale des
sources de rayonnements, lesquels sont déposées dans des applicateurs à l’aide d’un logiciel.
Cette fonction permet d’éviter que certaines zones soient peu irradiées (points froids) et que
d’autres zones soient trop irradiées (points chauds). La mauvaise gestion de ces points peut
engendrer des effets secondaires indésirables de même que l’échec du traitement.
Finalement, l’imagerie va nous servir pour la création d’un patient virtuel. Une fois les
applicateurs introduits dans le patient, un logiciel permettra de traduire d’autres images
prises en un modèle 3D, où la position des applicateurs, l’espace de traitement et les tissus
sains environnants sont une copie très précise du patient réel.
1.3.2.6. LE LOGICIEL DE PLANIFICATION DU TRAITEMENT
Le logiciel de planification du traitement a comme principaux objectifs le bon placement des
sources de rayonnement ainsi que la bonne représentation graphique du patient virtuel.
Ces deux objectifs sont liés entre eux. Le bon placement des sources de rayonnement sera fait
d’abord de manière approximative. Ensuite, grâce au patient virtuel, il sera possible de voir si
cette distribution est optimale. Afin d’identifier la distribution optimale, les médecins vont se
servir de la représentation graphique de la distribution de l’irradiation, qui servira de guide
pour le positionnement final des sources. Cette approche est aussi parfois nommée « peinture
de la dose ».
1.3.2.7. SOURCES DE RAYONNEMENT
Les sources de rayonnement sont composées des gaines et des radioéléments.
LES GAINES
Les gaines représentent l’enveloppe dans lequel l’élément radioactif sera placé. Le
radioélément ne sera jamais mis en contact direct avec le patient. Il existe deux types de
gaines protectrices : de simples enrobages entourant les billes radioactives (si technique BDD),
et des projecteurs, capsules métalliques qui permettent le contrôle du temps d’irradiation de
la tumeur (utilisé dans le régime HDD).
Ces gaines seront introduites dans le patient grâce à des aiguilles ou des cathéters en
plastique. Ce sont les applicateurs. Différents applicateurs sont utilisés selon le type de cancer.
LES RADIOÉLÉMENTS
Les radioéléments (dits aussi radio‐isotopes, voir section médecine nucléaire dans le chapitre
« imagerie médicale »), sont les éléments chargés d’irradier, donc ils sont la source de
rayonnement.
Dans le tableau suivant, on présente les différents radioéléments, en citant leur période de vie,
le type de rayonnement, l’énergie émise, ainsi que leur présentation. Ces radioéléments ne
sont pas exclusifs à la curiethérapie, donc plusieurs d’entre eux font partie de la radiothérapie
en général.
Type de
Radioélément Période Énergie (MeV) Présentation
rayonnement
Grain (implant permanent) ou
Or 198 (Au) 2,7 jours γ 0,41
solution injectable
Ruthénium 106
367 jours β 3,5 Applicateur solide
(Ru)
Tableau 2. Présentation des différents radioéléments
Le radioélément le plus utilisé dans la curiethérapie est l’iridium. L’iridium 192 est présenté
sous forme d’un fil métallique de 0,3 mm ou 0,5 mm de diamètre. Il se présente lorsqu’il est
utilisé dans un traitement à haut débit de dose sous forme de grain de 4 x 1mm.
1.3.2.8. LA DOSIMÉTRIE ET LA LOI INVERSE DU CARRÉ DE LA DISTANCE
À la différence de la radiothérapie externe, qui applique une dose de distribution homogène,
la dose dans la curiethérapie est très forte au contact des lignes actives et très faible lorsqu’ on
s’y éloigne de plus de 5 à 10 mm. Ceci explique la nécessité de la bonne localisation de la
tumeur ainsi que le bon placement de la source de rayonnement.
La source émet des rayons de manière isotropique, c.à.d. dans toutes les directions de
l’espace. On pourrait modéliser le rayonnement par une sphère, dont le centre est la source.
Cette description permet de définir la dose comme étant le nombre de particules irradiées par
unité de surface de la sphère. Ainsi, lorsque la distance vers la source (rayon de la sphère)
augmente de façon linéaire, la surface de la sphère croît en progression géométrique. Il en
découle que le nombre de particules irradiées par unité de surface, et en conséquent la dose
appliquée, décroît en progression géométrique. C’est ce qu’on appelle la loi inverse du carré
de la distance.
1.3.3. LA RADIOBIOLOGIE
La radiobiologie étudie principalement les effets biologiques des rayonnements sur les êtres
vivants. Dans notre cas, nous allons nous concentrer sur l’effet biologique des rayonnements
ionisants. Elle est également l’ensemble des techniques d’analyse des liquides biologiques
contenant des radio‐isotopes.
Les radiations créent des radicaux libres, lesquels sont hautement réactifs et attaquent les
brins d’ADN. C’est l’effet le plus important de l’irradiation. Les radicaux libres les plus
communs sont les HO∙ et le H∙, produits de la cassure de façon homolytique (les électrons de la
liaison sont répartis équitablement, un par chaque radical) de la molécule d’eau.
H2O Æ HO∙ + H∙
Ce point (∙) à côté des radicaux indique qu’il leur manque un électron sur la couche la plus
externe. Ils sont les plus communs étant donné que le corps est formé de 2/3 d’eau.
Le fait d’avoir cet électron libre dans la dernière couche cachée fournit aux radicaux une
grande facilité à provoquer des réactions chimiques anormales qui peuvent arriver à perturber
le fonctionnement et la structure du complexe cellulaire.
L’ADN est le constituant principal des chromosomes qui interviennent dans les processus de
transfert d’information génétique des cellules mères aux cellules filles ainsi que dans la
synthèse de protéine grâce à l’intermédiaire des différents ARN (support génétique
intermédiaire de nos gènes pour fabriquer les protéines dont elles ont besoin). Ainsi, les
destructions des molécules ADN entraînent le mauvais fonctionnement de la cellule.
A l’aide des figures 8 et 9, on peut se faire une idée sur la nature des chromosomes ainsi que la
structure générale de la molécule ADN
Figure 8. Localisation et structure du chromosome eucaryote.
Source: wikipedia.org
Figure 9. Structure de la l’ADN. Les brins et les nucléotides.
Source: wikipedia.org
En résumé, la mort cellulaire est due aux rayonnements ionisants et est la conséquence des
altérations de l’ADN. Lorsque l’ADN est modifié, la cellule devient incapable de se diviser, ce
qui entraîne sa mort de façon différée, i.e. non immédiate. La lésion la plus létale est la CDB.
Seules les cellules qui se divisent sont radiosensibles, ce qui veut dire que les neurones, les
hématites et les leucocytes seront radiorésistantes.
1.3.3.1. RESTAURATION CELLULAIRE
La restauration cellulaire, c.à.d. la réparation de certaines lésions de l’ADN des cellules, varie
selon que l’on parle de cellules saines ou de cellules cancéreuses. Les mécanismes
enzymatiques qui permettent la bonne réparation des cellules sont beaucoup plus efficaces
lorsqu’on parle de cellules saines que lorsqu’on parle de cellules cancéreuses. Ceci est
d’ailleurs la raison pour laquelle les irradiations sont fractionnées en plusieurs séances.
Lorsque l’on applique la première radiation au tissu, toutes sortes de cellules seront
endommagées de la même manière. C’est lors de cette première séance que le processus de
restauration cellulaire intervient. Chez les cellules saines, ce processus est rapide et chez les
cancéreuses, le processus reste plus lent. Par conséquent, lorsque l’ensemble de cellules reçoit
le rayonnement suivant, les cellules saines auront eu le temps de récupérer, à la différence des
cellules cancéreuses qui n’auront pas réussi à se restaurer. Ainsi, au fur et à mesure des
séances d’irradiation, d’avantage de cellules cancéreuses resteront irréparables, c'est‐à‐dire
qu’elles finiront par mourir, jusqu’à atteindre l’élimination totale de celles‐ci. On peut voir ce
processus très bien représenté à la figure 10 ci‐dessous.
Figure 10. La restauration cellulaire.
Source: Sebban (2003, p.118)
(1) est la courbe de récupération cellulaire du tissu sain stable,
(2) est la même courbe, mais par un tissu cancéreux en croissance,
(3) sont les séances d’irradiations, qui tuent le même pourcentage des deux sortes de cellules,
(4) montre qu’entre la 1re et la 2e séance, les cellules saines restaurent mieux les lésions
infraléthales de leur ADN que les cellules cancéreuses, et
(5) et (5'), destruction totale des cellules cancéreuses et restauration complète du tissu sain
1.3.3.2. LE « TURN‐OVER » DES TISSUS
Le « turn‐over » des tissus est décrit come étant la vitesse du renouvellement du tissu en
temps normal. Les radiolésions existantes lors d’une irradiation quelconque dépendront en
grande mesure de la vitesse de renouvellement, c.à.d. de son « turn‐over ».
Un tissu est constitué de deux compartiments, le compartiment germinatif (chargé du
renouvellement des cellules) et le compartiment différencié (chargé du bon fonctionnement
du tissu). Seul le compartiment germinatif est radiosensible, mais l’effet qu’ont les irradiations
sur le tissu dépendra du « turn‐over » du compartiment différencié.
Des tissus tels que le sang, la peau, l’intestin, l’ovaire ou la muqueuse O.R.L, ont un « turn‐
over » du compartiment différencié élevé et subissent des réactions précoces après
l’irradiation. D’autres, tels que l’os, le muscle, le foie, le rein ou le tissu nerveux ont un « turn‐
over » lent et subissent des réactions nulles ou tardives.
Plus le renouvellement du compartiment différencié est rapide, plus les irradiations sont
efficaces, car des cellules (celles du compartiment différencié, donc celles qui n’ont pas été
irradiées) meurent rapidement et ne sont pas remplacées (renouvelées), puisque le
compartiment germinatif, lequel garantit le renouvellement des cellules, a été endommagé
par l’irradiation. À contrario, lorsqu’on parle d’un « turn‐over » lent, dès que les cellules du
compartiment différencié meurent, le compartiment germinatif a eu le temps de produire des
nouvelles cellules (pas de lésions), ou presque totalement (lésions tardives), et peut fournir le
bon renouvellement.
1.3.3.3. EMPIRISME ET NOTION DE DOSE DE CONTRÔLE TUMORAL
La dose de contrôle tumoral est la dose nécessaire pour obtenir dans 90 % des cas la
stérilisation locale définitive de la tumeur. On connaît de manière empirique et avec une
bonne précision cette mesure, laquelle dépend, principalement, de ces trois facteurs :
‐ La nature de la tumeur, p.ex. une tumeur qui se caractérise par une grande proportion
d’oxygène aura besoin d’une dose plus faible qu’une tumeur qui subit l’hypoxie.
‐ Le type histologique de la tumeur c.à.d. selon la structure microscopique, le
développement et les fonctions du tissu cancéreux (voir tableau 3 ci‐dessous). Grâce à
l’expérience, on sait que certains types de tumeur ont besoin des doses plus ou moins
fortes afin que le cancer soit stérilisé à 90 %.
‐ Le volume tumoral (voir tableau 4 ci‐après). La dose de contrôle tumoral requise croît à
mesure que le volume augmente. On arrive à valeur de 75 – 85 Gy lorsqu’on parle de
grandes tumeurs, et à 45 – 60 Gy quand on parle de tumeurs infracliniques, ces tumeurs
sont présentes après une intervention de chirurgie.
Tumeur histologique Dose moyenne pour 90 % de stérilisation
Leucémie 15 ‐ 25 Gy
Séminome 25 ‐ 35 Gy
Dysgerminome 25 ‐ 35 Gy
Tumeur de Wilms 25 ‐ 40 Gy
Maladie de Hodgkin 30 ‐ 45 Gy
Lymphome non hodgkinien 35 ‐ 55 Gy
Carcinome épidermoïde 55 ‐ 75 Gy
Adénocarcinome 55 ‐ 80 Gy
Carcinome urothélial 60 ‐ 75 Gy
Sarcome conjonctif 60 ‐ 90 Gy
Gliome cérébral 60 ‐ 80 Gy
Mélanome 70 ‐ 85 Gy
Tableau 3. Dose de contrôle tumoral moyenne afin de stériliser la tumeur dans 90 % des cas selon le type
histologique de la tumeur.
Volume tumoral (en prenant l’exemple du carcinome épidermoïde) :
Maladie infraclinique 45 ‐ 60 Gy
Tumeur < 2 cm de diamètre 60 ‐ 64 Gy
Tumeur > 2 cm ‐ < 4 cm 65 ‐ 70 Gy
Tumeur > 4 cm 75 ‐ 85 Gy
Tableau 4. Dose de contrôle tumoral moyenne afin de stériliser la tumeur dans 90 % des cas selon le volume
tumoral
On doit tenir compte du fait que les variations intratumorales, c.à.d. entre tumeurs
semblables, sont grandes. Deux tumeurs qui, à priori, se ressemblent, peuvent être traitées
avec des doses extrêmement différentes.
1.3.3.4. DOSE DE TOLÉRANCE DES ORGANES CRITIQUES
Deux sortes de lésions peuvent se produire suite à des irradiations :
‐ Réactions précoces, peu graves, et qui peuvent obliger à arrêter momentanément le
traitement. Notamment la radiomucite, la radiodermite, la diarrhée et la
leucotrhomopénie.
‐ Réactions tardives (entre 6 mois et 2 ans, voire parfois plus tardivement, selon le cas),
graves et qui laissent des séquelles. Ces réactions sont le facteur limitatif de la
radiothérapie, c’est‐à‐dire le facteur qui va délimiter la dose de tolérance des organes.
Parmi ces lésions on met en relief l’endartérite oblitérante (inflammation des artères qui
peut produire l’occlusion de celles qui sont petites) et la fibrose (des excès fibreux formés
dans un organe ou tissu en provoquant le mauvais fonctionnement de ceux‐ci).
On définit la dose de tolérance des organes critiques comme la dose qui, au bout de 5 ans,
entraîne au maximum 5 % de séquelles graves. Cette dose tient compte aussi du volume
irradié : plus le volume irradié est grand, plus la dose de tolérance est faible. Des exemples
sont cités dans le tableau 5 (lié aux organes très radiosensibles), le tableau 6 (lié aux organes
de radiosensibilité normale) et le tableau 7 (lié aux organes peu radiosensibles) ci‐dessous.
Stérilité temporaire (5 Gy) ou définitive (20 Gy), aucun effet
Testicule 5 ‐ 20
hormonal.
Cataracte (de siège postérieur), survenue tardivement : 3 à 6
Cristallin 5 ‐ 10
ans.
Cartilage de Stérilisation temporaire (10 Gy) ou définitive (30 Gy) ;
10 ‐ 30
conjugaison entraîne un retard ou un arrêt de croissance.
Néphrite radique sévère à partir de 18 Gy sur les deux reins,
Rein 15 ‐ 25
de 24 Gy sur un rein (un hémirein peut recevoir 40 Gy).
Hépatite radique sévère au‐delà de 25 Gy sur tout le foie (sur
Foie 25 ‐ 35 une petite surface dose tolérable : 45 ‐ 50 Gy, mais le
parenchyme irradié n’est plus fonctionnel).
Rôle essentiel du volume irradié : 2 poumons = 12 ‐ 14 Gy ; 1
poumon = 20 Gy ; champ focalisé = 40 ‐ 45 Gy. Sur un très
Poumon 40 ‐ 50
petit champ une dose de 60 Gy ne perturbe que peu la
fonction respiratoire.
Rôle de la surface irradiée ; sur une face, dose maximale : 65
Rectum 50 ‐ 65
Gy.
Rôle essentiel du volume ; crâne total : 40 Gy, petit champ :
Cerveau 45 ‐ 65
60 Gy.
Asialie temporaire (45 GY) ou définitive (55 Gy) ; rôle du
Glande
45 ‐ 60 volume ++ ; si on épargne une parotide ou les 2 sous‐
salivaire
maxillaires et sous‐mentales : hyposialie modérée
Tableau 5. Dose de tolérance des organes critiques qui sont très radiosensibles
ORGANES RADIO‐SENSIBLES : lésions sévères entre 40 et 60 Gy
‐ C’est l’obstacle permanent de toute irradiation externe.
Peau 50 ‐ 75 ‐ Rôle essentiel de la surface et du type de rayonnement.
‐ Grand champ = 50 Gy ; petit champ = 70 ‐ 75 Gy.
Tableau 6. Dose de tolérance des organes critiques qui sont radiosensibles
ORGANES PEU RADIO‐SENSIBLES : lésions sévères au‐dessus de 60 Gy
Cartilage Ne pas confondre avec les cartilages de soutien (oreille, larynx).Le
65 ‐ 75
articulaire larynx tolère 60 Gy
Grosses
65 ‐ 75 Sténose responsable d’accidents ischémiques.
artères
1.3.4. OBJECTIF : L’EFFET DIFFÉRENTIEL
La différentiation entre les tissus endommagés (cancéreux) et les tissus sains. Savoir détruire
une tumeur tout en respectant les tissus sains. On essaie d’optimiser :
‐ La balistique, afin d’avoir la meilleure méthode pour délivrer une dose aussi forte que
possible vers la tumeur et aussi faible que possible vers les tissus sains.
‐ Le facteur temps lié à la restauration cellulaire : permettre une restauration préférentielle
des tissus sains sur la restauration des tissus cancéreux. Il faut aussi éviter de donner des
doses trop fortes afin qu’il n’y ait aucune séquelles tardives sur les tissus à « turn‐over »
bas.
Dans tous les cas, ces optimisations doivent tenir compte des restrictions imposées par
l’ensemble des doses de contrôle tumoral – dose de tolérance des organes critiques. Dans le
domaine de la radiothérapie, une dose trop forte peut entraîner une nécrose tandis qu’une
dose trop faible peut aboutir à une récidive locale. Souvent, le succès est limité par une
précision d’environ 5 % à 10 %. Donc dans le cas où la dose idéale est de 60 Gy, une dose de
55 Gy peut aboutir à une récidive locale, et une dose de 65 peut former une nécrose.
1.3.5. LA RADIOPROTECTION
1.3.5.1. LE POURQUOI DE SE PROTÉGER
Dans les sections antérieures, nous avons parlé des réactions précoces et tardives que peut
engendrer le fait d’être exposé, en tant que patient, au rayonnement ionisant. Cependant,
c’est la radioprotection qui essayera d’éviter les possibles risques collatéraux.
Il faut savoir que les doses fortes peuvent être mortelles. Une exposition de 8 Gy sur le corps
entier entraîne la mort.
D’ailleurs, les doses faibles peuvent avoir divers effets : somatiques (les effets qui ne touchent
pas les cellules reproductrices, notamment nausées, vomissements, alopécie ou des
hémorragies), sur l’embryon (risque de fausse couche dans les premiers jours de la grossesse
et surtout de malformation entre le 1er et 3ème mois. On conseille l’ITG (Interruption
thérapeutique de grossesse) si la dose dépasse les 20cGy, à cause d’un effet génétique
probable, qui à été démontré sur quelques animaux mais qui n’a jamais été démontré chez
l’homme.
Mais parmi tous ces risques, celui qui est le plus redouté est le cancer. La base d’un des
traitements qui guérit le cancer, peut en même temps, si on ne tient pas compte de la
radioprotection, favoriser l’apparition d’un cancer puisque les rayonnements ionisants, en plus
d’altérer la molécule d’ADN, peuvent être un élément de la cancérogenèse multifactorielle et
multiétapes. La CIPR (Commission internationale de protection radiologique) estime que 1Gy
augmente de 4% le risque de cancer mortel. Un clair exemple de favorisation du cancer est
l’apparition de cancers de la thyroïde chez les enfants irradiés après l’accident nucléaire de
Tchernobyl.
Afin de prévenir toute espèce de lésions et minimiser au maximum possible les risques, des
doses maximales admissibles ainsi que le concept de ALARA on été introduites dans les milieux
processionnaux où un minimum d’irradiations sont présentes et inévitables.
Par rapport aux doses maximales admissibles, celles‐ci seront de 100mSv en 5 ans. Une norme
très stricte qui tient compte de l’enquête du CIRC (Centre international de recherche sur le
cancer) faite sur 100 000 travailleurs de l’industrie nucléaire, où aucun excès de cancer n’a été
montré tant que les doses restaient inférieures à 200 mSv. En France, la dose moyenne reçue
est de 2mSV/an, or, cette dose arrive aux environs du 60mSv/an dans certaines régions du
globe telles que la Kérale, au sud‐ouest de l’Inde.
En ce qui concerne le principe d’ALARA (maintenir le risque d’irradiation « as low as
reasonably achiavable »), il est appliqué lorsque l’on est exposé à des risques de
comportement stochastique. Le principe, de nous obliger à porter le dosimètre sur nous, nous
rappelle les 3 règles de base pour la radioprotection :
‐ Maintenir la majeure distance possible
‐ S’exposer un minimum de temps possible au rayonnement
‐ Se protéger au maximum du raisonnable à l’aide des écrans.
Si l’on respecte toutes ces règles, il n’y a absolument aucun risque à travailler dans un milieu
exposé aux rayonnements ionisants, néanmoins, toute femme enceinte est fortement
déconseillée de s’y exposer.
2. LA NÉPHROLOGIE
L’être humain a deux reins qui sont situés dans l’abdomen. Leur rôle est d’assurer l’équilibre
hydroélectrolytique du sang. L’hémodialyse est le procédé par lequel on soigne la majorité des
problèmes liés aux reins. Ce procédé repose sur le filtrage du sang et ainsi sur l’élimination de
l’urée et de l’eau. L’homme n’a besoin que d’un rein fonctionnel afin de vivre et c’est le rein
droit qui est préférable de conserver puisqu’ il est mieux vascularisé. Il arrive cependant que
les deux reins ne soient plus fonctionnels et un patient ayant ce problème est atteint «
d’insuffisance rénale chronique ». On peut voir une image du système urinaire à la figure 11
ci‐dessous.
Figure 11. Les reins et les voies urinaires.
Source: www.invivo.net
2.1. FONCTIONNEMENT ET CONSTITUTION DES REINS
Les reins sont situés de chaque côté de la colonne vertébrale, en dessus de l’anche et en partie
cachés par les dernières côtes. Le rein droit est situé en arrière du foie et le rein gauche est
situé en arrière du pancréas et du pôle inférieur de la rate. En forme de haricot, ils mesurent
12 centimètres de haut sur 6 centimètres de large. Chacun pèse 150 grammes.
En ce qui concerne les artères et les veines, le sang est arrivé par l’artère rénale procédant de
l’aorte abdominale et est évacué par une veine rénale qui va déboucher dans la veine cave
inférieure (fig. 12)
Figure 12. À gauche, circulation du sang dans un rein. À droite, circulation du sang dans le système urinaire.
Sources: fr.medipedia.be (gauche) et medecin.skyrock.com (droite)
Les reins fabriquent l’urine, laquelle sera expulsée par un canal excréteur nommé bassinet,
puis uretère lorsqu’il devient plus mince. L’uretère débouche sur la vessie, endroit où l’urine
sera accumulée. Puis l’urine sera expulsée à l’aide du sphincter de l’urètre, qui permet
l’évacuation de l’urine à travers l’urètre.
Les reins sont des organes vitaux qui ont comme rôle de purifier le sang afin de maintenir
l’équilibre chimique de celui‐ci, qui a été changé à cause des déchets provenant du propre
fonctionnement de l’organisme. Les reins sont donc les filtres de notre corps. Naturellement, si
les reins cessent de fonctionner, ces déchets s’accumulent dans le sang et deviennent
toxiques. L’élimination des déchets est possible grâce à la fabrication de l’urine.
Les néphrons sont les unités élémentaires dont chaque rein est constitué. Chaque néphron
comporte un glomérule et un tube. D’un côté, les glomérules sont des pelotons de très petits
vaisseaux (capillaires sanguins) qui proviennent de l’artère rénale (plus concrètement le sang
arrive par une artériole afférente et elle en sort par une artériole efférente). C’est à travers les
parois de ces capillaires sanguins que l’action de filtration du sang pour former l’urine est
effectuée. On parle donc de la filtration glomérulaire. De l’autre côté, le tube est un conduit
d’environ 6 centimètres de longueur sur 0,1 – 0,01 millimètres de largeur qui va acheminer
l’urine pour l’amener dans un calice et jusqu’au bassinet. On peut voir ce processus dans la
figure 13 ci‐dessous.
Figure 13. Le néphron, l’unité élémentaire du rein.
Source: www.invivo.net
L’urine formée dans les différents glomérules est dite urine primitive. Elle constitue la
première étape du processus complet de filtration du sang. Dans les glomérules, on observe le
mécanisme d’ultrafiltration, où l’eau, les électrolytes, les substances dissoutes de faible taille
et poids passent à travers la paroi des capillaires sanguins du glomérule pour s’écouler dans le
tube. Les molécules telles que les protéines (de poids élevé) ou telles que les globules rouges
(de taille élevée) ne vont pas passer. C’est au long de ce tube que l’urine primitive est
transformée : il y a une reprise et une réabsorption de l’eau et des sels filtrés (98% dans le cas
de l’eau) vers le sang, ainsi qu’un ajout de substances tel que l’ammoniac depuis le rein et vers
l’urine présente dans le tube.
La formation de l’urine permet donc de se débarrasser d’une grande partie des déchets de
l’organisme. Les déchets les plus nombreux proviennent du foie qui procède à la destruction
(catabolisme) des protéines, constituants de base de toutes les cellules, à partir de réactions
chimiques, lesquelles transforment ces protéines en urée. L’urée arrive du sang jusqu’aux
reins, où grâce à l’action de filtrage des glomérules, elle sera éliminée dans l’urine. La quantité
d'urine (diurèse) excrétée chaque jour varie de 1 litre à 2,5 litres.
Lorsqu’on parle de maintient chimique du sang, on comprend que pour que l’organisme
fonctionne correctement, le sang ainsi que les liquides qui forment le milieu intérieur (qui sont
en contact avec les cellules) doivent avoir une composition et une répartition rigoureusement
constantes et appropriées, quelles que soient les variations subies par le corps. Les liquides du
milieu intérieur doivent assurer une quantité idoine d’eau ainsi que d’électrolytes notamment
le sodium, le potassium, le chlore, les bicarbonates, le calcium et le phosphore. Une mauvaise
composition peut comporter des problématiques mortelles. De plus, les reins sont capables de
retenir les substances nécessaires en cas de déficit.
Une autre fonction du rein est celle de fabriquer des hormones : l'érythropoiétine (EPO) qui
stimule la formation des globules rouges par la moelle osseuse ; la rénine, qui intervient dans
la régulation de la tension artérielle; les prostaglandines, qui règlent les circulations locales ;
et les enzymes, qui agissent sur la vitamine D, donc le calcium et les os.
2.2. INSUFFISANCE RÉNALE
L’insuffisance rénale chronique (IRC) est une maladie glomérulaire qui atteint la fonction
rénale. Elle se traduit par une diminution importante de la filtration glomérulaire. La cause
principale de cette maladie est la diminution du nombre de néphrons actifs du rein qui
permettent la formation de l’urine. Pour que les reins fonctionnent, il suffit que 20% des
néphrons présents soient actifs. C’est donc à partir de la perte de 80% des néphrons qu’on
considère qu’il commence à y avoir une insuffisance rénale. Les patients atteints de cette
maladie ne sont donc plus en mesure d’uriner.
L'insuffisance rénale chronique est la conséquence de la perte progressive et irréversible des
fonctions excrétrices (épuration des déchets du sang) et endocrines (sécrétion hormonale) des
deux reins.
Étiologiquement, ce sont des maladies rénales qui détruisent de manière irréversible les
structures rénales et qui conduisent à l’IRC. Il existe plusieurs maladies rénales dont les
caractéristiques sont résumées dans le tableau 8 ci‐dessous.
Maladies glomérulaires Néphropathies
Gloméruloné Liées à des
Constitutionnel
phrites maladies Interstitielles Vasculaires
les
primitives générales
Atteinte
prédominante
On ne la Malformation
Diabète sucré du tissu L'hypertensio
connaît pas des reins et des
(la plus interstitiel qui n artérielle
avec voies urinaires
Cause
* 10 % des causes sont indéterminées. Ces pourcentages varient selon les pays où les
causes infectieuses (notamment angines, infection urinaire ou tuberculose)
restent encore les plus fréquentes dans les pays en voie de développement).
Tableau 8. Tableau étiologique de l’IRC
L’organisme arrive assez bien à s’adapter pendant assez longtemps au fait que les reins soient
défectueux. La maladie peut donc être présente, mais cachée par l’organisme. Pourtant, si l’on
procédait à une analyse de sang, on révèlerait des anomalies caractéristiques de l’IRC. L’IRC
prend donc une définition biologique et de signes cliniques d’apparition souvent tardive.
On peut définir de manière clinique ou biologique l’insuffisance rénale chronique :
Quelqu’un présente une IRC s’il a un taux sanguin de créatinine > 120 μmol/l et une clairance
de la créatinine < 80 ml/min.
D’un côté, et contrairement à ce qui était habituel à l’époque, le taux sanguin d’urée n’est plus
vérifié afin de constater une IRC puisqu’ il se voit influencé par certains facteurs extra – rénaux
(alimentation, fièvre…). Par contre, on peut considérer que l’on a un taux d’urée anomal
lorsque l’IRC est supérieure à 16 mmol/l (0,8g/l).
De l’autre côté, et en ce qui concerne la créatinine sanguine, elle n’est éliminée que par les
reins. Donc, elle représente le meilleur marqueur pour déterminer la fonction rénale. Un bon
fonctionnement positionne le taux de créatinine entre 80 et 105 µmol/l (entre 9 et 12 mg/l).
Pour mieux évaluer le fonctionnement des reins, on peut se créer un ratio entre la
créatininémie (présence de créatinine dans le sang) et le débit urinaire (la clairance). Un sujet
normal présente une clairance de la créatine de 1254 ml/min.
La clairance de la créatine ne s’utilise presque jamais, car on essaie d’éviter le recueil des
urines. Donc, uniquement avec la valeur de la créatininémie, on peut évaluer la filtration
glomérulaire. La formule de Cockfrot et Gault est largement utilisée :
140 â é ·
μ
é é · 0.814 · 7,2
2.2.1. LES SIGNES CLINIQUES
Les signes cliniques sont dus à un taux élevé de créatinine provoqué par les lésions rénales. Il
est possible que l’on arrive à un stade très avancé de l’IRC sans démontrer beaucoup de
symptômes cliniques. L'insuffisance rénale atteint un degré de haute gravité "pré ‐ terminale"
lorsque la créatinine est à 600‐700 µml/l, l'urée à 50‐60 mmol/l, et lorsque la clairance de la
créatinine est au‐ dessous de 10 ml/min.
Les signes les plus répandus sont les suivants :
‐ L’hypertension artérielle est présente chez 75 % des malades et accélère vivement
l’évolution de l’IRC,
‐ L’anémie (diminution des globules rouges du sang) est constante à cause d’un défaut de
production par le rein de l’hormone l'érythropoiétine, et est nécessaire pour la production
de globules rouges,
‐ Le taux élevé du phosphore et le taux bas du calcium dû au mauvais filtrage des
glomérules du phosphore ainsi que de la non production de l’enzyme chargé de la bonne
absorption du calcium (chez les enfants, le signe clinique le plus évident est le retard de
croissance),
‐ Le coma urémique, marqué par des signes neurologiques (troubles de la conscience,
obnubilation, convulsion, etc.), un prurit généralisé, un frottement péricardique et une
parotidite. La principale cause est le taux élevé d’urée dans le sang.
2.2.2. TRAITEMENTS DE L’INSUFFISANCE RÉNALE CHRONIQUE
Les traitements offerts par la médecine assurent l’épuration du sang, le bilan électrolytique et
aussi la volémie (quantité totale de sang dans l’organisme). Les trois traitements existants
sont :
‐ La transplantation rénale;
‐ La dialyse péritonéale;
‐ L’hémodialyse.
Les deux derniers sont considérés comme étant des techniques d’épuration extrarénale (extra
corporelle dans le cas de l’hémodialyse) tandis que la transplantation rénale est considérée
comme étant une technique chirurgicale. Après avoir été appliquée, le système rénal pourra
fonctionner sans aucun élément d’épuration externe.
2.2.2.1. LA TRANSPLANTATION RÉNALE
La transplantation rénale ou greffe rénale représente le seul moyen curatif de l’IRC : c’est la
seule manière d’éviter un traitement externe constant, par contre, il s’agit d’un traitement
immunodépresseur qui a besoin d’une surveillance régulière. Ce traitement est le plus efficace
(p.ex. il assure une fonction dix fois supérieure à la dialyse).
Afin de pouvoir réaliser une transplantation, plusieurs tests de compatibilité doivent être
passés, autant pour le donneur que pour le malade. Ces tests sont représentés en termes de
groupe sanguin et de type tissulaire. De plus, ni le donneur ni le patient ne doivent présenter
d’infections ou d’autres problèmes susceptibles de compliquer l’opération ou la récupération
du patient. Malgré la parfaite compatibilité, des problèmes peuvent survenir, menant le
patient à une dialyse temporaire dans l’attente d’une nouvelle transplantation.
Les transplantations ne sont pas éternelles, il est possible que les jeunes nécessitent deux
transplantations ou plus au cours de leur vie.
Après une intervention qui a réussi avec succès, le patient doit prendre des médicaments
immunosuppresseurs afin d’éviter le rejet du rein transplanté.
On peut observer dans la figure 14 ci‐dessous, l’image d’un système rénal après une greffe
rénale.
Figure 14. Système rénal après une greffe rénale
Source: http://tpegreffedurein.blogspot.com/2009_03_01_archive.html
En 2002, en France, 2 255 malades ont eu une greffe de rein (données tirées du « Journal de
Pharmacie Clinique » :
‐ Pour 28,7 % des inscrits sur la liste d'attente, l'insuffisance rénale était liée à une
glomérulonéphrite chronique ;
‐ Pour 11,9 %, à une néphropathie interstitielle chronique;
‐ Pour 13 %, à une polykystose rénale;
‐ Pour 8,4 %, à un diabète ;
‐ 69 % des greffés (3,1 %) avaient moins de 16 ans ;
‐ 43,5 % étaient âgés entre 16 et 45 ans ;
‐ 28,9 % entre 56 et 65 ans.
2.2.2.2. LA DIALYSE PÉRITONÉALE
Le péritoine est une membrane séreuse qui tapisse la cavité abdominale (feuillet pariétal) et
qui entoure les organes (feuillet viscéral). Entre ces deux feuillets se forme une cavité : la
cavité péritonéale.
Lors de la réalisation de la dialyse, on remplit la cavité péritonéale avec un liquide artificiel
nommé dialysat. Ce liquide est en tout temps en contact avec le péritoine, qui grâce à sa
perméabilité, permet que le dialysat soit capable d’éliminer les éléments présents dans le
plasma sanguin. Après un certain temps de contact, le dialysat sera évacué.
La méthode d’insertion du dialysat se fait via un cathéter implanté chirurgicalement au niveau
du cul‐de‐sac de Douglas. De la même façon, le liquide est évacué à travers ce même cathéter.
Le processus d’épuration se divise en 3 phases (voir figure 15) :
‐ L’infusion, où l’on introduit le liquide dialysat (d'environ 10 minutes de durée),
‐ La stase, où les phénomènes de diffusion (transfert de molécules d’eau et de molécules
peu lourdes vers le dialysat) et d’osmose (attraction du sang vers les dialysats grâce aux
molécules de sucre présentes dans ce dernier), d'environ 4 heures durée,
‐ Le drainage du dialysat, d'environ 10 minutes de durée.
Figure 15. Phases du processus d’épuration par dialyse péritonéale.
Source. www.wikipedia.org
Environ 10% des insuffisants rénaux chroniques sont traités par cette méthode même si elle
est la moins performante.
2.3. L’HÉMODIALYSE
L’hémodialyse existe depuis les années 60 et cette méthode est la plus populaire car elle
permet de sauver des milliers de vies en agissant comme un rein artificiel. C’est un procédé qui
permet de purifier le sang d’un patient en le passant par un dialyseur muni principalement
d’une membrane semi‐perméable contenant un liquide appelé dialysat. Ce procédé requiert
donc le passage du sang par un circuit de circulation extracorporelle, c’est‐à‐dire un circuit
artificiel situé à l’extérieur du corps.
L’appareil d’hémodialyse permet donc l’échange entre le sang du patient et le dialysat afin de
le purifier des déchets d’alimentation et d’éliminer le surplus d’eau.
À titre d’exemple, l’Hôpital du Sacré‐Cœur de Montréal possède 36 appareils d’hémodialyse
dont 25 sont en fonction simultanément. Ces appareils sont fabriqués par la compagnie
GAMBRO qui est localisée en Suède ainsi qu’en Italie. Cette compagnie a plusieurs modèles
d’appareils, mais l’hôpital utilise les modèles « Hospal » et « Phoenix » (figure 16). Le coût
moyen d’une machine d’hémodialyse est de 30 000$.
Figure 16. Les modèles d’appareils d’hémodialyse « Hospal », à gauche et « Phoenix », à droite, de la compagnie
GAMBRO.
Source: http://www.gambro.com/en/ca‐fr/Products/Hemodialysis/
2.3.1. FONCTIONNEMENT TECHNIQUE
2.3.1.1. TRAITEMENT DES EAUX
L’eau joue un rôle crucial dans le procédé d’hémodialyse. Le rôle du dialysat est de recréer les
éléments retrouvés dans le sang. L’un de ces éléments est le plasma sanguin qui représente
55% du volume de celui‐ci. Le plasma est à son tour composé de 91% d’eau. Il est très
important de s’assurer que cette eau soit traitée en éliminant les agents non voulus avant de
l’envoyer dans les dialyseurs. C’est la raison pour laquelle les hôpitaux ont une salle de
traitement des eaux située au sous‐sol, juste en dessous du centre d’hémodialyse.
Le but de la salle de traitement des eaux de l’hôpital est d’enlever les éléments tels que les
bactéries, pyrogènes, etc. de l’eau de la ville, avant de l’envoyer aux générateurs de dialysat.
Afin d’y parvenir, un système de filtrage où l’eau circule en continu, à bonne vitesse et sous
une pression d’environ 75‐80 PSI grâce à une pompe de 4.5 HP est utilisé.
Dans le tableau suivant, sont résumés les principaux problèmes apparaissant lors de
l’utilisation d’une eau contaminée.
Contaminants
Manifestations toxiques en cours d'hémodialyse
de l'eau
Calcium, Syndrome de l'eau dure : nausées, vomissements, prurit
magnésium hypertension artérielle, malaise
Chloramines Hémolyse, anémie, méthémoglobinémie
Aluminium Démence du dialysé, ostéomalacie, anémie microcytaire
Fluor Ostéomalacie, ostéopénie
Bactéries Réaction pyrogène, nausées, hypotension, crampes
Sodium Hypertension, œdème pulmonaire, confusion, convulsions
Tableau 9. Manifestations toxiques à cause des contaminants de l’eau
Par contre, il existe un taux maximal toléré (tableau 10).
Taux maximum (mg/l ) tolérés des éventuels contaminants de l'eau
Aluminium 0.01 Fluorures 0.2
Ammonium 0.02 Magnésium 2
Arsenic 0.005 Mercure 0.001
Argent 0.005 Nitrates 2
Baryum 0.01 Nitrites 0.005
Cadmium 0.001 Phosphates 5
Calcium 2 Plomb 0.005
Chrome 0.01 Sélénium 0.09
Chlore 0.01 Sodium 50
Chlorures 50 Sulfates 50
Étain 0.1 Zinc 0.05
Contamination microbienne (CFU*1/ml) 100
Endotoxines (UI*2/ml) 0.25
*1 Colony Forming Unit
*2Unité internationale
Tableau 10. Taux maximum tolérés
L’élément principal de ce système de filtrage est l’osmoseur (filtre fin qui travaille avec le
processus d’osmose inverse). Afin de procurer le bon filtrage de l’osmoseur, l’eau doit être
prétraitée. La première étape par laquelle l’eau brute doit passer avant d’arriver à l’osmoseur
est le système de mélangeurs d’eau chaude et froide, qui a comme but d’obtenir une
température de 25°C. Ensuite, un préfiltre retient les particules insolubles présentes dans
l’eau. La membrane filtrée de l’osmoseur performe beaucoup mieux à cette température.
Cette membrane ne supporte pas le chlore et les minéraux (principalement calcium et
magnésium), donc ceux‐ci doivent être enlevés de l’eau avant le passage par osmose. Le
calcium et le magnésium présents dans l’eau sont enlevés grâce à deux cylindres parallèles
(adoucisseur) remplis de sel afin de transformer l’eau en sel (élément supporté par la
membrane de filtrage). Deux autres cylindres sont présents dans le système de prétraitement
afin d’enlever le chlore. Les cylindres sont remplis de charbon actif qui absorbe le chlore, mais
il faut le laver 2‐3 fois par semaine en y passant l’eau à contre‐courant afin d’assurer son
efficacité. L’eau traitée passe ensuite par les membranes de filtrage de l’osmoseur avec un
débit de 16 GPM. Des senseurs de conductivité sont installés sur le système afin d’assurer
l’efficacité des membranes. Des ultrafiltres de 1.2 microns sont également présents en cas de
panne du système.
L’osmose inverse est le principe utilisé par l’osmoseur. Comme son nom l’indique, ce
processus inverse le processus d’osmose. L’osmose apparaît lorsqu’on place deux solutions de
composition différente de chaque côté d’une membrane filtre (membrane semiperméable, qui
laisse passer uniquement le solvant et non le soluté). Une solution franchit la membrane
jusqu’à ce que les concentrations s’équilibrent (la solution la plus diluée perd son solvant, qui
se précipite dans la solution la plus concentrée). Ce transfert augmente la pression d’un
compartiment (celui où le solvant se dirige) et diminue la pression de l’autre (différence de
pression hydrostatique). La différence de pression hydrostatique est normalement égale à la
différence de pression osmotique (la moindre pression qu’il faut exercer pour empêcher le
passage du solvant de la solution la plus diluée vers la solution la plus concentrée) Cependant,
si la différence de pression hydrostatique dépasse la différence de pression osmotique, le
processus d’osmose s’arrête. L’osmose inverse est donc l’élévation de la pression
hydrostatique par‐dessus la pression osmotique pour forcer le solvant à quitter le
compartiment sous pression. Dans le compartiment compressé, il reste une solution haute en
soluté tandis que dans l’autre compartiment, il reste une solution haute en solvant.
Les conduites du début du système de traitement d’eau sont en cuivre, mais une fois le chlore
et les minéraux enlevés, l’eau passe par des conduites en polypropylène ou en PVC. La raison
est que l’eau traitée est corrosive et cherche à saisir des ions des parois des conduites. Il est
donc important d’avoir un matériau résistant à la corrosion et une soudure non ordinaire très
propre.
Un schéma du système de traitement de l’eau est montré par la suite :
Figure 17. Schéma du système de traitement d’eaux
Source: N'Diaye et Levasseur (2000)
2.3.1.2. L’APPAREIL D’HÉMODIALYSE
L’un des éléments‐clés de tout appareil d’hémodialyse est la membrane de dialyse. Cet
élément doit simuler les propriétés de la membrane de filtration du glomérule rénal, soit de
filtrer les impuretés présentes dans le sang par diffusion et diminuer l’eau dans le sang par
ultrafiltration. Il existe de nombreux types de membranes en industrie qui se différencient
principalement par leurs critères de perméabilité. La perméabilité à l’eau est définie par le
coefficient d’ultrafiltration qui représente le transfert simultané du solvant et d’une partie des
solutés (utilisé pour la réduction d’eau). Ce coefficient est le nombre de millilitres de fluide par
heure qui sont transférés à travers la membrane pour chaque millilitre Hg de gradient de
pression. La perméabilité aux solutés est définie par le coefficient de tamisage qui représente
le plus petit écart entre les tiges qui filtrent les gros résidus. Ces solutés plus volumineux sont
l’urée et la créatinine qui représente environ 80% de la perméabilité à l’urée.
La membrane de dialyse est un polymère qui peut être d’origine cellulosique (naturelle) ou
synthétique. La membrane cellulosique est hydrophile (absorbe l’eau) et elle provient de la
cellulose naturelle régénérée et transformée. Elle a comme avantage d’éliminer les petites
molécules du sang ainsi que de soustraire modérément de l’eau. Son inconvénient principal est
qu’elle interagit avec des éléments du sang comme l’acétate de cellulose, ce qui peut causer
des problèmes de biocompatibilité. La membrane synthétique est hydrophobe, ce qui la rend
moins perméable à l’eau. Elle a cependant l’avantage d’être biocompatible car elle est conçue
avec un matériau qui interagit bien avec le sang. Finalement, les deux critères les plus
importants des membranes de dialyse sont l’épaisseur (directement liée au coefficient de
diffusion) et l’hydrophile.
La membrane de dialyse se retrouve dans un dialyseur qui est un tube avec deux entrées dans
lequel vont passer le dialysat ainsi que le sang du patient. Il existe des dialyseurs en plaques et
à fibres creuses ainsi que des modèles à haute performance (avec membrane de surface
augmentée ou avec membrane de perméabilité maximale), réutilisables ou jetables. Pour
augmenter l’efficacité du procédé d’hémodialyse, le sang et le dialysat circulent en direction
opposée dans le dialyseur (voir fig. 18).
Figure 18. Le dialyseur
Source: http://www.sfdial.org/f2n/public/diatrans/dialyseur.htm
Le terme « dialysat » a été mentionné plusieurs fois jusqu’ici, mais il n’a pas encore été défini.
L’appareil d’hémodialyse possède un générateur de liquide qu’on appelle dialysat. L’élément
principal du dialysat est l’eau pure traitée. Afin de le rendre similaire au liquide extracellulaire,
des sels minéraux y sont rajoutés et le mélange est chauffé à la température du corps.
Le but de toute dialyse est de corriger l’acidose du malade par l’apport d’ions bicarbonates. Le
problème est qu’ils précipitent en présence de calcium et de magnésium. Afin de solutionner
ce problème, on a utilisé la technique de « dialyse à l’acétate de sodium », car l’acétate de
sodium ne précipite pas et il est transformé en bicarbonate au niveau du foie. Cependant,
puisque l’organisme a une limite au métabolisme de l’acétate, cela peut créer de
l’hypotension artérielle, des crampes et des vomissements. La technique de « dialyse au
bicarbonate » est plus sécuritaire pour les patients à risque cardio‐vasculaire et pour les
dialyseurs à haute performance. Les différences principales sont les quantités de sels minéraux
(sodium, glucose, etc.) utilisées dans le mélange du dialysat (voir tableau 11).
Dialyse à l'acétate Dialyse au bicarbonate
(mmol/l) (mmol/l)
Sodium 143 140
Potassium 2 2
Calcium 1.75 1.75
Magnésium 0.75 0.75
Chlore 112 112
Bicarbonate ‐ 31
Acétate 38 4
Glucose ‐ 8.33
Tableau 11. Composition du dialysat
Le dernier élément que l’on retrouve dans un appareil moderne d’hémodialyse est le système
de contrôle qui représente en quelque sorte le cœur de ces appareils. Un système de contrôle
inclut plusieurs éléments comme les différents senseurs (pression, débitmètre,
conductivimètre, sonde de PH, etc.), les cartes électroniques permettant la communication
entre les senseurs et l’ordinateur de bord, le logiciel de contrôle, etc. Le but de ce système est
d’automatiser le processus d’hémodialyse et de le rendre plus accessible aux utilisateurs. Par
exemple, si une pression n’est pas dans l’intervalle permis ou qu’il y a une détection d’air, une
alarme visuelle et audible s’activera et le processus sera mis en arrêt. Les instructions et les
messages d’avertissement seront affichés à l’écran de l’appareil afin d’indiquer les problèmes
et les causes.
On peut diviser les systèmes de contrôle en deux parties. D’abord on a le contrôle du dialysat :
‐ Conductivimètre, qui contrôle la teneur en sodium et chez les appareils plus modernes, il
peut varier la quantité de sodium et de bicarbonate;
‐ Débitmètre, qui vérifie la stabilité du débit à l’entrée du dialyseur (500 ml/min);
‐ Thermomètre, qui maintient la température à 38°;
‐ Moniteur de pression hydraulique, pour régler l’ultrafiltration;
‐ Contrôle volumétrique de l’ultrafiltration qui programme la soustraction liquidienne en
cours de dialyse en cas de perforation de la membrane ou de rupture d’une fibre capillaire.
Il y a aussi les éléments de contrôle du circuit sanguin :
‐ Contrôleur du débit, pompe qui donne un débit de 250 à 300 ml/min;
‐ Capteurs de pression, où le capteur de pression artérielle détecte les pressions négatives
anormales dues à un apport de sang insuffisant (mauvais fonctionnement de la fistule,
hypertension artérielle, coudure de la ligne artérielle) et le capteur de pression veineuse
détecte les excès de pression (caillots dans le filtre, coudure de la ligne de retour, sténose
de la veine) ou les chutes du débit (coagulation du dialyseur, hypotension artérielle);
‐ Présence d’air, grâce à un piège à bulles.
2.3.1.3. VARIANTES TECHNIQUES
Il existe aussi des variantes techniques afin de mieux s’adapter aux besoins des malades.
L’hémofiltration est une technique qui n’utilise que le processus d’ultrafiltration, donc il arrive
à extraire un important volume d’eau (20 – 25 litres par séance) et permet l’élimination par
convection des solutés. L’appareil doit être muni d’une membrane à haute perméabilité. Cette
technique permet d’éliminer les molécules avec un poids moléculaire très élevé.
L’hémodiafiltration est une technique qui utilise autant l’ultrafiltration que la diffusion, mais
elle utilise aussi un dialyseur très adapté au patient (surtout par rapport au sodium).
Finalement, la biofiltration est la technique qui utilise un dialysat électrolytique iso –
osmotique, sans tampon (acétate de sodium et bicarbonate) afin de supprimer les
inconvénients cardiovasculaires et de mieux contrôler l’équilibre acido‐basique.
2.3.1.4. ABORD VASCULAIRE
On peut définir l’abord vasculaire comme la manière d’accéder au système sanguin du patient
afin d’obtenir le débit sanguin nécessaire qui permettra de faire une bonne hémodialyse.
Comme nous avons dit précédemment, ce débit doit être un minimum de 250 ml/min. Un
débit comme celui‐ci ne peut être fourni que par une artère. Celles‐ci sont néanmoins trop
profondes pour être facilement accessibles. Par conséquent, il faut créer un vaisseau sanguin
superficiel avec un débit suffisant. Il existe présentement deux techniques :
‐ La fistule artério – veineuse;
‐ Le pontage artério – veineux.
La fistule artério – veineuse (voir fig. 19) est la technique la plus recommandée qui sera
toujours essayée en premier. Il s’agit de l’abouchement d’une artère du bras dans une veine
au niveau du poignet, ce qui provoque la dilatation de celle‐ci et l’augmentation de son débit
sanguin. On utilisera cette « veine artérialisée » afin de procéder à l’hémodialyse. Ce procédé
est fait par un chirurgien, qui doit agir très méticuleusement, car des thromboses (dues à un
débit insuffisant) ou des insuffisances cardiaques (dues à un débit excessif) peuvent survenir.
Cette technique possède l’avantage que les blessures créées après les ponctions cicatrisent
entre les séances, et ont une durée de vie relativement longue (6 ans environ).
Figure 19. La fistule artério‐veineuse et le sens de circulation du sang.
Source: www.wikipedia.org
Le pontage artério – veineux est la technique suppléante (voir fig. 20). Il s’agit de relier l’artère
humérale et la veine basilique (ou la veine axillaire en cas de pontage rectiligne) grâce à un
élément pont synthétique, un élément qui est fait de veines provenant de la partie inférieure
du corps du malade ou un élément pont fait à partir de veines animales traitées
chimiquement. La durée de vie de ces pontages est moins longue que les fistules, et
comportent un plus grand nombre de complications.
Figure 20. Le pontage artério – veineux
Source: www.wikipedia.org
Il existe aussi l’accès à partir du cathéter. Dans ce cas‐là, il n’existe pas de « shunt » sanguin,
donc il faut introduire le cathéter dans une veine suffisamment grosse. Normalement, on
utilise la veine cave, la veine fémorale ou la veine jugulaire interne. Les infections ainsi que la
sténose (rétrécissement du vaisseau) sont des problèmes très concourus dans l’utilisation des
cathéters, par conséquent, elle est une technique utilisée spécialement lors des hémodialyses
rapides ou lorsqu’on la fistule ou le pontage ne conviennent pas.
2.3.1.5. LA SÉANCE D’HÉMODIALYSE
La durée moyenne d’une séance d’hémodialyse est d’environ 3‐4 heures et les patients
doivent le faire trois fois par semaine, soit à tous les deux jours. Elle peut cependant durer
plus de temps selon les prescriptions des différents patients. Un appareil d’hémodialyse est
conçu pour être remplacé en moyenne après 20 000h à 30 000h d’utilisation.
Un des procédés les plus importants est la connexion vasculaire. Le même procédé est suivi
chez les patients qui ont une « fistule artério – veineuse » ainsi que ceux qui ont un « pontage
artério – veineux ». Deux aiguilles sont ponctionnées au patient sur le segment veineux
artérialisé (voir fig. 19). La première aiguille (nommée artérielle) est située proche du poignet
et c’est à la chargée de prendre le sang « sale » du patient. La deuxième aiguille (nommée
veineuse) renvoie le sang dialysé vers l’organisme. La ponction de l’aiguille veineuse est faite à
une distance d’environ 5 cm pour éviter la recirculation du sang dialysé. Il existe une méthode
alternative lors de l’apparition de difficultés de mise en place correcte des deux aiguilles :
technique de l’aiguille unique avec double pompe ou clamp alternatif. L’utilisation de cette
technique augmente la recirculation du sang dialysé, et par conséquent, elle a une efficacité
moins élevée. Lors de la ponction de la fistule artério – veineuse, il faut appliquer des règles
d’asepsie très strictes : l’avant‐bras du patient doit être lavé, les sites de ponction de celui‐ci
doivent être aseptisés avec de la Bétadine, l’infirmière doit se munir d’un masque, d’une
blouse stérile, de gants à usage unique et elle doit procéder à un lavage de mains de type
chirurgical.
Les aiguilles sont reliées à un court tuyau qui permet le branchement au dialyseur, et elles ont
une pince qui permet de maintenir le jet artériel.
Il faut que le sang, pendant tout son cheminement dans le dialyseur, reste incoagulable. C’est
à ce moment que l’héparinisation entre en jeu. L’héparinisation est le processus
d’administration de l’héparine. Selon le patient et le centre hospitalier, la dose d’héparine
varie. Elle est donc fixée empiriquement pour chaque malade allant de 50 à 100 UI/kg par
séance. Il existe deux procédés d’héparinisation : l’héparinisation continue, insertion dans la
ligne artérielle d’héparinate de sodium à un débit de 1000 UI/h et souvent précédée d’une
dose contentant 5000 UI d’héparine et l’héparinisation discontinue, 5000 UI d’héparinate de
sodium suivie de l’injection de 2500 UI à la fin de la deuxième heure.
Chaque patient a un « poids sec », lorsque le malade est normotendu (dont la tension
artérielle est normale). Avant chaque séance d’hémodialyse, le « poids sec » du patient est
calculé et le poids en tant que tel du patient est mesuré. La différence entre le poids
« normal » et le « poids sec » est la quantité de liquide à soustraire par ultrafiltration.
La figure 21 montre un résumé illustré du processus d’hémodialyse.
Figure 21. résumé du processus d’hémodialyse
Source: http://www.sfdial.org/f2n/pro/hemodialyse/Materiel/dialysat.htm
2.3.2. INCIDENTS TECHNIQUES
D’un côté, en ce qui concerne les accidents au niveau du compartiment sanguin, on peut se
retrouver avec une ouverture de la ligne sanguine à cause d’un défaut de fixation des
tubulures ou à cause de la rupture de la membrane du dialyseur. Cet accident peut comporter
tout d’abord des hémorragies externes provocant un collapsus cardio‐vasculaire (chute de la
pression sanguine qui peut entraîner un état de choc lorsqu’il se prolonge), ou une embolie
gazeuse (formation de bulles d’air dans les vaisseaux sanguins qui provoquent le bouchage des
vaisseaux et donc une insuffisance d’oxygène) lorsqu’une entrée d’air est formée dans le
circuit. L’anticoagulation est un autre accident possible dû au surdosage en héparine.
L’anticoagulation comporte des pétéchies et hémorragies cutanées‐muqueuses et
hémorragies digestives ou sur un foyer opératoire récent. Finalement, l’héparinisation
insuffisante avec coagulation totale ou partielle du circuit sanguin peut provoquer des
embolies de fibrine.
De l’autre côté, en ce qui concerne les accidents au niveau du dialysat, la complication la plus
probable est le mauvais fonctionnement du système de mélange ou des moniteurs de
contrôle, ce conduit à la formation de dialysat hypotonique : l’hémolyse (destruction des
globules rouges libérant l’hémoglobine dans le plasma sanguin) et l’hypernatrémie
(déshydratation due à l’augmentation de la natrémie au‐dessus de 142 mmol/l) sont deux
conséquences possibles suite à la formation de dialysat hypotonique. Ensuite, l’augmentation
de la température du dialysat peut aboutir à une hémolyse. De plus, la présence de
contaminants dans l’eau tels que l’aluminium, le cuivre et les chloramines, peut entraîner la
contamination de l’organisme. Des réactions pyrogènes (élévation de la température, fièvre)
ainsi que des réactions septicémies (infection générale grave de l’organisme par des germes
pathogènes) peuvent être entraînées par la contamination bactérienne du dialysat.
Finalement, la saturation de l’adoucisseur (cylindres parallèles qui enlèvent le calcium et le
magnésium présents dans l’eau du circuit de traitement des eaux) peut provoquer le
syndrome de « l’eau dure » (voir tableau 9) avec hypercalcémie aiguë.
2.3.2.1. INCIDENTS CLINIQUES PER‐DIALYTIQUES
Dans le tableau ci‐dessus, sont résumés les principaux incidents cliniques donnés pendant la
séance d’hémodialyse.
Syndromes Causes prévention/solution
Céphalées accompagnées Sujet avec intoxication Séances d’ultrafiltration
Syndrome parfois de photophobies urémique importante faible, de courte durée,
de et de nausées et tous les jours
déséquilibre pendant la première
semaine.
Nausées, vomissements, Âge, antécédents de Réduction du débit
bâillements, fatigue, cardiophatie, diabète, sanguin jusqu’à
malaise lipothymique et hypertension artérielle l’interruption si
Hypotension
possibilité de perte de rebelle et multi‐traitée, nécessaire et apport
artérielle
connaissance. neuropathie autonome, intraveineux de soluté
etc. salé isotonique ou
hypertonique.
Crampes surtout au Déplétion Dialyse plus douce et
niveau des jambes. extracellulaire trop administration de
Crampes
importante, solutés hypertoniques.
musculaires
ultrafiltration trop
Intolérance
rapide et à un bain de
à l’acétate
dialyse pauvre en
sodium.
Malaise général, Incapacité de Cesser l’utilisation de
hypotension artérielle l’organisme à dialyseurs à haute
Intolérance
avec nausées, fatigue et métaboliser performance.
à l’acétate
impatiences musculaires. suffisamment
rapidement l’acétate.
Extrasystole supra‐ Sujets atteints de Augmentation de la
Troubles du
nodales ou articulaires, et cardiopathie. concentration du
rythme
fibrillation auriculaire. potassium du dialysat
cardiaque
jusqu’à 3 ou 4 mmol/l.
Fièvre. Assez rare. Contact du Soumettre la
sang avec les membrane du dialyseur
Réaction endotoxines présentes sous inspection.
fébriles dans le circuit sanguin /
problèmes de
biocompatibilité.
Problèmes Réactions fébriles, Mauvaise Changement du type de
de la manifestation de type biocompatibilité des membranes.
biocompatib hypersensibilité matériaux utilisés.
ilité des immédiate.
membranes
Tableau 12. Incidents cliniques per‐dialytiques
2.3.3. INNOVATIONS DANS LE DOMAINE
L’hémodialyse est une technique qui existe depuis plus de 40 ans et de nombreux progrès ont
été apportés depuis son origine (systèmes de contrôle, techniques de dialyse, appareils à
domicile, etc.). En revenant à l’exemple de l’Hôpital du Sacré‐Cœur de Montréal, lequel
travaille avec des appareils de l’entreprise GAMBRO, dont l’une des innovations courantes est
le système Phoenix. L’appareil est beaucoup plus ergonomique (écran plus grand, hauteur
optimale, etc.) et il a la capacité d’effectuer de l’hémodiafiltration qui combine l’hémodialyse
et l’hémofiltration. L´hémofiltration est une méthode de purification du sang qui fonctionne
par transport convectif. Après l’ultrafiltration du sang, le produit amassé est rejeté en tant que
déchet. Un autre liquide est injecté par la suite pour compenser la partie du plasma qui a été
enlevé. Le système Phoenix est donc très pratique puisqu’ il peut combiner les deux
techniques.
Laissant de côté GAMBRO, une autre innovation dans le domaine est l’autodialyse. Selon la
circulaire de 1983, les principales dispositions et les conditions de réalisation de l’autodyalise
sont les suivantes :
‐ Être un substitut de l’hémodialyse à domicile;
‐ N’avoir qu’un poste par patient;
‐ S’adresser uniquement à de jeunes patients autonomes;
‐ Disposer d’une infirmière diplômée d’état formée à cette technique.
Les centres d’autodialyse comportent tous les moyens thérapeutiques nécessaires pour que le
patient profite d’une ambiance familial ainsi que de larges plages d’horaires pour choisir ce
qui lui convient le mieux.
Les patients bénéficiaires de l’autodialyse sont choisis par le médecin selon leur autonomie
(premier critère de choix), l’âge du patient et le lieu de résidence du patient.
Dans le tableau suivant (tableau 13) figurent les avantages et inconvénients de la technique
d’hémodialyse.
Avantages Inconvénients
Par rapport au Par rapport au centre Par rapport au Par rapport au centre
domicile lourd domicile lourd
Relais téléphoniques Machine personnelle Centres parfois Une seule infirmière
avec un médecin et dans la mesure du éloignés du domicile sur place en cas
le SAMU possible d’incidents
Non nécessité d’un Repères pour le Horaires fixes Pas de matériel de
environnement patient : toujours au réanimation ni
médicalisé chez soi même endroit d’équipement de
(même machine), secours en cas
toujours même d’incidents
infirmière
Rencontre avec Environnement
d’autres patients moins médicalisé : on
s’y sent moins
malade
Infirmière présente : Souvent plus proche
soins individualisés du domicile que du
centre lourd
Non nécessité de Patients
faire partager la environnants sans
maladie à sa famille pathologie associée
Tableau 13. avantages et inconvénients de l’autodialyse
Source:
Finalement, malgré toutes les innovations effectuées jusqu’à présent dans les systèmes
d’hémodialyse, certains aspects comme la durée de l’intervention ne changent pas et ne
changeront probablement jamais. Il y a une limite au débit du sang circulant dans le corps
après quoi de nombreuses complications peuvent survenir. Il ne faut pas oublier que bien que
ces appareils servent de rein synthétique, ils sont de toute façon 10 fois moins performants
qu’un rein naturel.
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