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Résumé
L’antigène spécifique de prostate est devenu l’un des dosages biologiques les plus couramment demandés. Néanmoins, il faut analyser son résultat
avec prudence du fait d’une grande variabilité souvent liée aux conditions physiologiques avant prélèvement. Le dosage du PSA est demandé pour
la recherche d’un cancer de la prostate ou (plus souvent) dans le cadre de sa surveillance post-thérapeutique. Selon le traitement utilisé (médical
ou chirurgical), l’évolution du PSA est importante, car elle peut signifier la guérison ou la rechute biochimique. Les nouvelles données sur le PSA
dans le temps (temps de doublement et vélocité du PSA) sont importantes à considérer en cas de rechute biochimique.
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Abstract
The prostate specific antigen test has become one of the most popular blood test. However, its result should be analyzed with caution due to
physiologic variability. The PSA test is performed for prostate cancer (PC) screening or for post-treatment PC surveillance. According to the
applied treatment (surgery or radiation therapy with or without hormonal therapy), PSA analysis can confirm biochemical control or relapse. New
PSA data regarding the evolution of this biomarker during the surveillance (PSA doubling time and PSA velocity) are now important to consider
in case of biochemical relapse.
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1278-3218/$ – see front matter © 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.canrad.2008.04.007
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Le PSA sanguin se retrouve sous deux formes : libre ou 2.5. Facteurs influençant le dosage du PSA
conjuguée (PSA total). Des concentrations de PSA total éle-
vées suggèrent la présence d’un cancer de la prostate. Catalona Une augmentation de la concentration du PSA n’est pas for-
et al. ont publié en 1995 [7] la corrélation inverse mise en évi- cément synonyme de cancer de la prostate et peut se voir aussi
dence entre le rapport PSA libre (PSAL ) sur PSA total (PSAT ) dans de nombreuses situations. Certaines maladies bénignes
et le risque de cancer de la prostate. En effet, plus ce rapport est comme une infection urinaire, une prostatite ou une réten-
élevé, plus le risque que l’élévation du PSA soit en rapport avec tion aiguë d’urine ou la réalisation de biopsies prostatiques ou
un adénome prostatique augmente, cette notion étant d’autant d’un geste endo-urétral peuvent entraîner une élévation signi-
plus marquée que les patients sont jeunes (< 64 ans). La notion ficative du PSA. À l’inverse, le toucher rectal, l’éjaculation,
de rapport PSAL /PSAT doit cependant être utilisée de façon l’activité physique ou la pratique des sports de selle ne peuvent
prudente, notamment si l’indication de biopsie prostatique est être à l’origine que de faibles variations du PSA [30]. Selon
discutée. Ce rapport est pertinent quand le PSAT est compris les circonstances et avant de demander un contrôle du PSA,
entre 4 et 10 ng/ml. En situation post-thérapeutique d’un cancer il faudra tenir compte de la demi-vie du marqueur qui est
de la prostate, ce rapport n’a plus de sens et seul le PSAT doit
être dosé dans le cadre d’une surveillance. Tableau 2
Valeur pronostique du PSA dosé 3 mois après la fin de la radiothérapie [38]
2.4. Valeur pronostique du PSA
PSA à 3 mois post-RT Survie sans rechute à Taux d’incidence de
(ng/ml) 4 ans (%) rechute biochimique (%)
Le dosage du PSA présente un intérêt pronostique reconnu
avant comme après la thérapeutique du cancer de la prostate. PSA ≤ 2 91 20
2 < PSA ≤ 10 51 58
Pisansky et al. [29] ont montré que la concentration de PSA PSA > 10 50 90
dosée avant la mise en route d’une radiothérapie pour cancer
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L’Association française d’urologie (AFU) recommande le [1]. Les auteurs concluaient à l’importance d’utiliser cette défi-
dépistage du cancer de la prostate par dosage du PSA et tou- nition dans l’analyse des essais thérapeutiques (avec ou sans
cher rectal, tous les ans, entre 50 et 75 ans et dès 45 ans s’il hormonothérapie) ainsi que dans l’intercomparaison de leurs
existe un risque familial ou ethnique [32]. En effet, l’existence résultats.
chez certains hommes de facteurs de risque justifie un dépis- Une situation thérapeutique particulière est représentée par
tage plus précoce (à partir de 45 ans), deux parents proches (ou la surveillance dite « active » qui ne doit pas être confondue
plus) atteints de cancer de la prostate et une origine africaine ou avec le watchful waiting des Anglo-saxons qui a été décrit pen-
antillaise. dant plusieurs dizaines d’année comme une attitude attentiste
ayant recours à des traitements palliatifs en cas de progression
5. PSA après traitement du cancer de prostate de la maladie [26]. Sous réserve d’accepter psychologiquement
l’idée selon laquelle le cancer de la prostate est présent mais
5.1. Définition de la rechute biochimique non traité, la surveillance active se justifie dans la mesure où
il est possible de mettre en évidence des cancers de la pros-
Les deux traitements de référence en matière de prise tate à faible potentiel évolutif et proposer à ces patients une
en charge thérapeutique du cancer de prostate sont la pros- surveillance spécifique permettant de distinguer ceux qui vont
tatectomie radicale et l’irradiation (radiothérapie externe ou évoluer, de manière à pouvoir débuter un traitement curatif au
curiethérapie) souvent associée à une hormonothérapie par ana- bon moment. Les critères permettant la sélection de patients can-
logues de la LHRH. Alors que le dosage du PSA aura le plus didats à une surveillance active peuvent être listés comme suit
souvent été le signe annonciateur du cancer de la prostate, il [27] :
pourra l’être également dans le cadre du suivi post-thérapeutique
en cas de rechute dite « biochimique ». Néanmoins, selon le • espérance de vie du patient. Le calcul de l’espérance de
traitement envisagé, les critères de rechute biochimique (bio- vie peut se faire à l’aide du site du Memorial Sloan
logique) peuvent être différents. En effet, après prostatectomie Kattering Cancer Center (http://www.mskcc.org/mskcc/
radicale, le PSA doit être indosable et la rechute biochimique est html/10088.cfm). L’espérance de vie ne doit pas dépasser
considérée à partir d’un PSA > 0,20 ng/ml (plus le seuil est élevé, 15 ans et la surveillance active ne sera pas proposée à un
plus la spécificité augmente). Contrairement à la définition de la patient de moins de 65 ans ;
rechute biochimique après chirurgie, la définition de la rechute • stade tumoral. Idéalement, la masse tumorale doit être faible
biochimique après radiothérapie a fait l’objet de modifications et les tumeurs classées T1c sont plus volontiers retenues ;
importantes depuis la conférence de consensus de l’American • grade histologique tumoral. La présence de carcinome de
Society of Radiation Therapy and Oncology (ASTRO) en 1996 grade 4 est associée à un risque évolutif significatif. Les
[15]. La définition de la rechute biochimique proposée en 1996 tumeurs devront avoir un score de Gleason au plus égal à
était basée sur trois élévations successives du PSA en prenant 6 (3 + 3) (sans composante de grade 4) ;
comme date de la rechute biochimique, une date située à la • pourcentage de biopsies envahies. La relation entre le volume
moitié de la période séparant la première élévation du PSA tumoral et l’importance de l’extension de la tumeur sur
du nadir (backdating). Initialement appliquée et retenue comme les biopsies est reconnue. Epstein considère qu’une tumeur
référence, cette définition dite « de l’ASTRO », a, par la suite, pourra être classée comme indolente s’il y a moins de 50 %
fait l’objet de nombreuses critiques. La définition de l’ASTRO de la longueur totale des biopsies envahies sur au plus deux
n’était pas corrélée avec l’évolution clinique ou la survie, était fragments de score 6 [11] ;
difficilement applicable après utilisation d’une hormonothérapie • présence d’un envahissement périneural. La présence d’un
associée à la radiothérapie et le backdating était à l’origine d’un envahissement périneural sur les biopsies est un facteur de
biais dans l’estimation de la survie sans évènement [31]. En effet, risque d’atteinte, voire de franchissement capsulaire. Un enva-
l’estimation de la survie sans rechute était d’autant plus suresti- hissement périneural doit orienter vers une prise en charge
mée que le suivi après l’irradiation était court. Kestin et al. [17] thérapeutique effective ;
ont comparé la spécificité et la sensibilité de plusieurs définitions • densité du PSA. La densité du PSA se calcule en divisant
de rechute biochimique en prenant comme référence la survie la concentration de PSA sérique par le volume prostatique
sans rechute clinique. La définition corrélée avec la survie sans mesuré à l’échographie endorectale. Pour proposer une sur-
rechute clinique ayant la meilleure sensibilité – spécificité était veillance active, une densité du PSA inférieure à 0,1 ng/mL
celle basée sur une élévation du PSA de 2 ng/ml au-dessus du par centimètre cube est souhaitable ;
nadir. Cette définition de la rechute biochimique, initialement • vélocité du PSA. La variation de la concentration de PSA dans
nommée définition de Houston [28], est actuellement utilisée le temps est considérée comme un reflet potentiel d’évolution
sous le nom de définition de Phoenix depuis la seconde confé- du cancer de la prostate. Une vélocité supérieure à 0,75 ng/ml
rence de consensus de l’ASTRO, à Phoenix en janvier 2005 par an doit faire réfuter la surveillance active.
[31]. Récemment, l’équipe du Fox Chase Cancer Center de
Philadelphie a pu confirmer que l’utilisation de la définition En cas de surveillance active, le patient est vu en consul-
de Phoenix était étroitement corrélée avec la mortalité spéci- tation tous les six mois avec un dosage du PSA, et un
fique, mais également la mortalité globale et indépendante de toucher rectal est réalisé. L’analyse du dosage du PSA peut
l’utilisation d’une hormonothérapie néo-adjuvante ou adjuvante être renforcée par l’étude de sa vélocité qui nécessite alors
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Fig. 1. Évolution du PSA après radiothérapie (RT) et hormonothérapie (HT) concomitante par analogue de la LHRH. Évolution du PSA après hormonothérapie
exclusive (Fig. 1A) ; évolution du PSA après radiothérapie exclusive (Fig. 1B) ; superposition des deux courbes d’évolution du PSA après hormonothérapie et
radiothérapie (Fig. 1C) ; représentation graphique de l’évolution du PSA après hormonothérapie et radiothérapie (Fig. 1D).
l’obtention de plusieurs dosages successifs (au moins trois) tement hormonal, puis à l’arrêt de celui-ci (après un délai
(http://www.mskcc.org/mskcc/html/10088.cfm) [16]. En cas variable de trois à neuf mois selon l’âge du patient), le mar-
d’augmentation confirmée du PSA, surtout si la vélocité queur commence à remonter progressivement avant d’atteindre
s’accroît, il est recommandé de réaliser de nouvelles biopsies la concentration de PSA lié non plus à l’efficacité « masquante »
prostatiques de manière à vérifier si le score de Gleason noté au de l’analogue, mais plutôt à l’efficacité « carcinologique vraie »
diagnostic initial ne s’est pas aggravé [18]. de la radiothérapie. Il ne faut donc pas confondre « récidive
biochimique » avec « réascension normale et attendue du PSA
5.2. Association radiothérapie – hormonothérapie après arrêt de l’hormonothérapie » dont il faut prévenir le patient
concomitante (Fig. 1).
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tion de la valeur de leur PSADT . Les auteurs ont montré que [10] de la Taille A, Colombel M, Amsellem S, Muscatelli B, Radvanyi F, Maze-
plus le PSADT était bas (cinétique rapide si PSADT < 12 mois), man E, et al. The PSA gene: value in detection of circulating prostate cancer
plus le taux de mortalité spécifique se superposait au taux cells. Prog Urol 1997;7:930–6.
[11] Epstein JI, Walsh PC, Carmichael M, Brendler CB. Pathologic and clinical
de mortalité globale ; c’est-à-dire que les patients décédés et findings to predict tumor extent of nonpalpable (stage T1c) prostate cancer.
ayant une cinétique rapide du PSA meurent préférentielle- JAMA 1994;271:368–74.
ment de leur cancer [13]. Un PSADT inférieur à trois mois [12] Freedland SJ, Csathy GS, Dorey F, Aronson WJ. Percent prostate needle
est très péjoratif. D’Amico et al. ont présenté une analyse biopsy tissue with cancer is more predictive of biochemical failure or
similaire en utilisant la vélocité du PSA comme élément de adverse pathology after radical prostatectomy than prostate specific antigen
or Gleason score. J Urol 2002;167:516–20.
la cinétique du marqueur [9]. Dans cette étude, les auteurs [13] Freedland SJ, Humphreys EB, Mangold LA, Eisenberger M, Dorey FJ,
ont montré qu’une PSAVel supérieure à 2 ng/ml par an était Walsh PC, et al. Death in patients with recurrent prostate cancer after
significativement liée à un risque plus élevé de rechute bio- radical prostatectomy: prostate-specific antigen doubling time subgroups
chimique, de décès par cancer de la prostate et même de décès and their associated contributions to all-cause mortality. J Clin Oncol
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biochemical failure in irradiated prostate cancer patients demonstrates its
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fonction de l’âge, du contexte et de l’environnement du patient. and Oncology. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2000;46:559–66.
Il faut ne pas hésiter, en cas de doute, à refaire un nouveau dosage [16] Harnden P, Naylor B, Shelley MD, Clements H, Coles B, Mason MD. The
de contrôle afin de confirmer (ou d’infirmer) une évolution bio- clinical management of patients with a small volume of prostatic cancer
logique pouvant être lourde de conséquence. Le dépistage de on biopsy: What are the risks of progression ? A systematic review and
meta-analysis. Cancer 2008;112(2):971–81.
masse du cancer de la prostate, non reconnu actuellement en [17] Kestin LL, Vicini FA, Martinez AA. Practical application of biochemical
France, fait place à un dépistage individuel bien codifié mais failure definitions: what to do and when to do it. Int J Radiat Oncol Biol
qui peut, dans certaines circonstances semer le doute lorsque la Phys 2002;53:304–15.
prise en charge thérapeutique du cancer de la prostate est discu- [18] Klotz L. Active surveillance for favorable risk prostate cancer: what are the
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[19] Kwak C, Jeong SJ, Park MS, Lee E, Lee SE. Prognostic significance of
est actuellement renforcée par l’étude de la cinétique du PSA the nadir prostate specific antigen level after hormone therapy for prostate
(PSADT et PSAVel ) qui permet d’affiner l’interprétation d’une cancer. J Urol 2002;168:995–1000.
élévation brute du PSA car toute élévation n’est pas forcément [20] Laxman B, Morris DS, Yu J, Siddiqui J, Cao J, Mehra R, Lonigro RJ, et
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