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Revue

Reçu le :
3 juin 2008
Accepté le :
Sécurisation de l’emploi des chimiothérapies
3 décembre 2008
anticancéreuses administrables par
voie orale
Oral chemotherapeutic agents: Need of safe medication
practice
Disponible en ligne sur F. Ranchon1, C. Bouret2, B. Charpiat3, G. Leboucher4*

Service pharmaceutique, hôpital de la Croix-Rousse, hospices civils de Lyon, 103, grande rue de
www.sciencedirect.com la Croix-Rousse, 69004 Lyon, France

Summary Résumé
Context. The increasing prescription of oral anticancer chemo- Contexte. La prescription de plus en plus fréquente de chimio-
therapy, the recent observation of medication errors and the thérapie anticancéreuse par voie orale, la récente observation
complexity of protocols associating oral or intravenous antineo- d’erreurs médicamenteuses et la complexité des protocoles de
plastic agents or radiotherapy have led us to examine the risks traitement nous ont conduits à nous interroger sur les risques
linked to these drugs. associés avec ces médicaments.
Objective. The aim of this article is to present the existing data Objectif. Il s’agit de présenter cet article est de présenter les
related to the risks and to discuss potential options for the phar- données de la littérature relatives à ces risques et de discuter des
macist. perspectives pour le pharmacien.
Method. We performed a bibliographic search from the Medline Méthode. Une recherche bibliographique a été réalisée en inter-
database. rogeant la base de données Medline, complétée par l’analyse des
Results. On 4th may 2008, 51 articles were selected. Recent références des articles sélectionnés.
studies have shown the heterogeneity of practices for prescribing, Résultats. Au 4 mai 2008, 51 articles ont été analysés. Des travaux
coordinating, monitoring and dispensing those treatments and the récents ont montré l’hétérogénéité des pratiques concernant le
potential risks resulting from medication errors. Oral anticancer circuit de ces spécialités et les risques d’erreurs médicamenteuses
chemotherapies are associated to numerous drug–drug interactions. qui en découlent. Ces thérapeutiques sont à l’origine de nombreuses
Compliance, a new parameter, should be taken into account since interactions médicamenteuses (IAM). L’observance est un paramè-
the patient becomes proactive in the administration of his treatment. tre nouveau à intégrer, puisque le patient devient acteur de
Discussion–conclusion. Measures similar to those used for injec- l’administration de sa chimiothérapie.
table anticancer chemotherapy have to be introduced. The creation Discussion–conclusion. Des mesures calquées sur celles mises
of a database listing all drug interactions with these medications, a en place pour les chimiothérapies injectables sont à définir. La
behavioural study of patients undergoing those treatments and an création d’une base référençant les IAM, une étude des comporte-
evaluation of the physicians’ perception of the risks linked to these ments des patients face à ces traitements et enfin l’évaluation de la
drugs should enable the safety management of the oral chemothe- perception par les médecins des risques associés à ces médicaments
rapy process. devraient permettre de sécuriser le circuit de ces chimiothérapies.
ß 2009 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. ß 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Keywords: Oral antineoplastic agents, Medication error, Compli- Mots clés : Chimiothérapie anticancéreuse par voie orale, Sécurisa-
ance, Patient information, Drug interaction, Patient safety tion du circuit du médicament, Observance, Erreur médicamen-
teuse, Interaction médicamenteuse, Éducation thérapeutique

* Auteur correspondant.
e-mail : gilles.leboucher@chu-lyon.fr.
1
Interne en pharmacie.
2
Pharmacien assistant spécialiste.
3
Pharmacien praticien hospitalier.
4
Pharmacien praticien hospitalier, chef de service.

36
0768-9179/$ - see front matter ß 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
10.1016/j.phhp.2008.12.002 Le Pharmacien hospitalier 2009;44:36-44
Sécurisation de l’emploi des chimiothérapies anticancéreuses orales

Tableau I
Introduction Liste des médicaments anticancéreux administrables par voie
orale disponibles en France le 4 mai 2008.
La voie orale pour l’administration des chimiothérapies anti- List of oral anticancer drugs available in France on 4th May
cancéreuses est en plein essor. Actuellement, 20 à 25 % des 2008.
anticancéreux en développement sont des formes orales [1], Dénomination Spécialité Autorisation
notamment des thérapeutiques ciblées qui sont devenues commune de mise sur
des standards dans certaines indications (leucémie myéloı̈de internationale le marché
chronique, tumeur stromale gastro-intestinale) [2,3]. Les Altrétamine Hexastat 1979
Pipobroman Vercyte 1983
médicaments actuellement disponibles en France sont listés
Estramustine Estracyt 1985
dans le tableau I. Étoposide Celltop/Vepeside 1993/1995
L’administration des chimiothérapies anticancéreuses par Procarbazine Natulan 1995
voie orale présente des avantages pour les patients tels Trétinoı̈ne Vesanoı̈d 1996
que l’autonomie, l’absence d’hospitalisation et l’absence Hydroxycarbamide hydréa 1997
Busulfan Myleran 1997
d’abord veineux. L’étude de Liu et al. [4] a montré que neuf Lomustine Belustine 1997
patients sur dix préfèrent une prise en charge thérapeutique Chlorambucil Chloraminophène 1997
par voie orale plutôt que par voie injectable. Cependant, ces Mercaptopurine Purinéthol 1997
médicaments n’en demeurent pas moins des substances Méthotrexate Méthotrexate 1997
Cyclophosphamide Endoxan 1998
actives caractérisées par une marge thérapeutique étroite, Idarubicine Zavédos 1998
des effets indésirables aux conséquences potentielles sévè- Melphalan Alkéran 1998
res et de nombreuses interactions médicamenteuses (IAM) Témozolomide Témodal 1999
[5]. Dans notre hôpital, nous avons eu connaissance de Thioguanine Lanvis 1999
Bexarotène Targrétin 2001
plusieurs erreurs médicamenteuses concernant les chimio-
Tégafur uracil UFT 2001
thérapies par voie orale. Par exemple, une patiente traitée Vinorelbine Navelbine 2001
habituellement par du cyclophosphamide per os pour un Thalidomide Thalidomide 2001 (ATU)
lupus a reçu simultanément du cyclophosphamide par voie Capécitabine Xéloda 2001
Géfitinib Iressa 2002 (ATU)
injectable dans le cadre de la prise en charge d’un cancer du
Fludarabine Fludara 2002
sein. Plus récemment, un dépassement de la durée de pre- Imatinib Glivec 2003
scription de la capécitabine (1250 mg/m2 par jour pendant Mitotane Lysodren 2004
trois semaines au lieu de deux) a entraı̂né des effets indé- Anagrélide Xagrid 2004
Erlotinib Tarcéva 2005
sirables marqués pour le patient (syndrome mains-pieds,
Sorafénib Nexavar 2006
mucites sévères). Autre exemple, le traitement par capéci- Sunitinib Sutent 2006
tabine associé à la radiothérapie a été poursuivi durant cinq Nilotinib Tasigna 2007
jours alors que la radiothérapie était terminée. Concernant Lénalidomide Revlimid 2007
toujours la capécitabine, une erreur de dose a été évitée. Lapatinib Tyverb 2007 (ATU)

Dans le cadre d’un protocole associant épirubicine, oxalipla-


tine et capécitabine (EOX), le médecin a prescrit 1000 mg de
capécitabine par jour au lieu de 2000 mg. Enfin, une erreur données de la littérature sur cette thématique, d’alimenter la
d’administration du traitement par capécitabine a été décou- réflexion sur les mesures à mettre en œuvre pour prévenir
verte suite à un entretien avec une patiente. Cette dernière, ces erreurs et de discuter des perspectives de travail qui en
au cours de son hospitalisation, s’est vu remettre par les découlent pour le pharmacien.
infirmières un seul comprimé de capécitabine à 500 mg au
lieu des trois prescrits.
La prescription de plus en plus fréquente de chimiothérapie Méthode
par voie orale, la récente observation de ces erreurs médi-
camenteuses et la complexité des protocoles associant des Nous avons conduit notre recherche bibliographique en inter-
thérapeutiques anticancéreuses par voie orale, intraveineuse rogeant la base de données Medline avec l’association des
(i.v.) et/ou de la radiothérapie nous ont conduits à nous mots clés suivants : antineoplastic agents, administration, oral,
interroger sur les risques associés en cancérologie avec ces medication error, patient education et patient compliance. De
spécialités. Les objectifs de cet article sont de présenter les la même manière, un complément de recherche sur les IAM a

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été effectué pour toutes les substances actives administrées actuellement pas de consensus sur les mesures à mettre
par voie orale. Nous avons aussi analysé les références inde- en œuvre.
xées dans les articles sélectionnés. Notre recherche s’est
focalisée sur les chimiothérapies anticancéreuses cytotoxi- Erreurs médicamenteuses
ques par voie orale et sur les nouvelles thérapies ciblées telles
que les inhibiteurs des tyrosine-kinases et les substances La prise en charge des chimiothérapies anticancéreuses par
actives ciblant l’angiogenèse. L’hormonothérapie a été exclue voie orale diffère sur plusieurs points de celles administrées
du champ de cette recherche. par voie i.v. Néanmoins, elle peut donner lieu au même type
d’erreurs médicamenteuses que ces dernières [5]. Pour cer-
taines substances actives comme la capécitabine, l’étoposide
Résultats ou la vinorelbine, le calcul des doses est basé sur la surface
corporelle. Cette approche inhabituelle pour une médication
En date du 4 mai 2008, 51 articles ont été sélectionnés. Nous per os peut être source d’erreurs de calcul pouvant conduire à
avons regroupé les informations obtenues au sein de six des sous- ou surdosages. Elle génère également le manie-
thèmes : le circuit des chimiothérapies orales, les erreurs ment de plusieurs présentations pharmaceutiques [7]. De
médicamenteuses, l’observance, les effets indésirables, les plus, l’utilisation de protocoles complexes combinant à la
IAM et l’influence de l’alimentation et des thérapeutiques fois des traitements par voie i.v. et par voie orale est de plus
alternatives. en plus fréquente. C’est le cas des protocoles tels que XELOX
(associant oxaliplatine et capécitabine) ou EOX pour lesquels
les doses et durées du traitement par capécitabine diffèrent.
Circuit des chimiothérapies anticancéreuses par
voie orale Or le résumé des caractéristiques du produit (RCP) et le
carnet de liaison actuellement fourni par le laboratoire à
Weingart et al. ont étudié le circuit des chimiothérapies l’intention des patients ne mentionnent pas ces différentes
anticancéreuses par voie orale à l’aide d’un questionnaire associations et posologies ce qui peut être source d’erreurs
envoyé aux pharmaciens de 54 centres américains de lutte de prescription, de dispensation et/ou d’administration. La
contre le cancer [6]. Ce travail rapporte que la prescription dispensation des chimiothérapies per os constitue aussi une
médicale est manuscrite et non standardisée dans 69 % des étape à risque si elle n’est pas associée à des conseils
centres. Seuls 24 % des centres exigent la mention de pharmaceutiques. À titre d’exemple, pour une prescription
l’indication sur la prescription, 26 % la numérotation des de lomustine 160 mg une seule dose en une prise, la boı̂te
cures successives de chimiothérapie orale, 21 % un double dispensée comportait 20 comprimés dosés à 40 mg. Le
contrôle de la prescription par un autre clinicien et enfin patient a pris quatre comprimés pendant cinq jours [5].
33 % une vérification du calcul de la surface corporelle ou de Cet exemple met l’accent sur l’existence de conditionne-
la dose à partir de cette dernière. Concernant la coordina- ments non adaptés favorisant de fait l’erreur médicamen-
tion des soins et le suivi thérapeutique du patient, seuls teuse. À ce jour, les conditionnements des différentes
59 % des centres enregistrent et suivent les chimiothéra- spécialités anticancéreuses par voie orale sont très hétéro-
pies par voie orale dans le dossier patient. Certains évaluent gènes (blister, flacon avec ou sans fermeture sécurisée,
l’observance du patient en consultant le carnet de suivi du forme unitaire) et le nombre d’unités dispensées est, dans
traitement (24 %) et en comptant les comprimés (21 %). certain cas, non adapté à la dose et à la durée du traitement.
Enfin, 24 % des centres mentionnent qu’un évènement C’est le cas de la capécitabine par exemple. Enfin, l’adminis-
indésirable sérieux (effet indésirable ou erreur médicamen- tration de ces substances actives par voie orale est sous la
teuse) dû à une chimiothérapie orale est survenu dans responsabilité des patients qui sont le plus souvent seuls
l’année écoulée et 13 centres ont intercepté juste à temps pour gérer leurs prises médicamenteuses. Des erreurs
ce type d’évènement. Cet article ne rapporte pas de don- d’administration peuvent aussi être générées par des adap-
nées concernant la manipulation de telles spécialités phar- tations de dose au cours du traitement en fonction de la
maceutiques par le personnel médical et les risques survenue d’effets indésirables ou du suivi biologique. Taylor
potentiels associés. Les auteurs concluent leur travail en et al. [8] rapportent, chez des enfants traités par chimio-
indiquant que les mesures de sécurité mises en place pour thérapie orale pour leucémie lymphoblastique aiguë, un taux
les chimiothérapies anticancéreuses i.v. ont été peu d’erreurs médicamenteuses de 10 %. Parmi ces erreurs, 71 %
appliquées aux chimiothérapies orales et qu’il n’existe étaient des erreurs d’administration et 29 % des erreurs de

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Sécurisation de l’emploi des chimiothérapies anticancéreuses orales

prescription. Neuf des 12 erreurs d’administration détectées intermittente par exemple) [1]. Ces déviations par rapport à
concernaient des corticostéroı̈des. Les trois autres erreurs la prescription médicale sont d’autant plus problématiques
correspondaient à l’administration d’un dosage incorrect de que près de 70 % des patients ayant un tel comportement
mercaptopurine ou de méthotrexate avec un écart moyen de avouent ne pas le signaler à leur médecin [16]. White-Koning
15,4 % entre la dose prescrite et celle administrée. Les erreurs et al. [15] ont passé en revue les raisons de cette non-
de prescription étaient des erreurs de dose avec en moyenne observance, notamment chez les adolescents atteints de
une différence de dose de 22 % par rapport à la dose cancer. L’adhérence au traitement dépend de certaines
théorique de l’anticancéreux. De nombreuses autres erreurs caractéristiques sociodémographiques du patient, notam-
médicamenteuses ont été associées à l’administration du ment l’âge (plus l’enfant est âgé, moins l’observance est
méthotrexate par voie orale. À ce sujet, Moore et al. [9] font bonne). La majorité des études n’ont pas mis en évidence de
état de 25 décès et de 48 évènements indésirables sérieux lien entre l’observance et le niveau socioéconomique,
suite à des erreurs médicamenteuses rapportées entre l’appartenance ethnique ou le sexe. Une part importante
novembre 1997 et décembre 2001 aux États-Unis. Trente- de l’observance est attribuée à la qualité de la relation entre
sept pour cent des erreurs étaient attribuables aux prescrip- l’équipe soignante et le patient. La complexité et les
teurs, 20 % aux patients, 19 % aux pharmaciens et 17 % aux contraintes du schéma thérapeutique (nombre de compri-
infirmières. La plupart du temps, c’est le non-respect du més, durée du traitement), les effets indésirables, la maladie
caractère séquentiel des administrations qui était en cause. en elle-même (symptômes, gravité, durée) et enfin la per-
Au Royaume-Uni, des constatations similaires ont été notées ception qu’ont les patients du traitement par voie orale :
conduisant à la mise en place de mesures préventives d’édu- « moins toxique, moins efficace que les chimiothérapies par
cation du patient et de formation continue des profession- voie i.v. » sont des paramètres à intégrer dans la notion
nels de santé, ainsi qu’à la mise au point d’un d’observance. Ces derniers peuvent être responsables de
conditionnement mieux adapté au caractère séquentiel moins de précautions dans la prise du traitement.
des administrations [10,11].
Effets indésirables
Observance du patient
Dans l’esprit du grand public, un traitement donné par voie
L’observance est généralement définie comme la mesure de orale pourrait signifier qu’il est moins toxique qu’un homo-
l’écart entre la prescription médicale et son suivi par le logue administré par voie injectable [1]. Contrairement à ces
patient [1]. À la différence des chimiothérapies anticancé- idées reçues, les chimiothérapies orales sont aussi toxiques
reuses injectables, elle devient un paramètre important, que les chimiothérapies administrées par voie i.v. et les effets
puisque le patient est responsable de la prise du traitement. indésirables connus sont fréquents et variés [1,12,17–20]. Un
Cette notion est relativement nouvelle en cancérologie. recueil systématique des effets indésirables graves des trai-
Quelle que soit la classe médicamenteuse considérée, tements des cancers a été mis en place dans un hôpital
l’observance est très variable d’un individu à l’autre et peut parisien. Sur un an, ce dernier a mis en évidence que près de
évoluer au cours du temps pour un même patient. Elle est 30 % des patients étaient touchés par ces événements [21].
estimée de 20 à plus de 100 % [12]. La non-observance d’un Par ailleurs, les effets à long terme d’une exposition continue
traitement peut se décliner de deux façons différentes. ne sont pas forcément connus, notamment pour les sub-
D’une part, la sur-observance, (overadherence ou overcom- stances actives ciblant l’angiogenèse [22]. À titre d’exemples,
pliance dans les publications anglophones) qui est décrite Mego et al. rapportent trois cas de survenue de troubles
chez des patients prenant plus que la dose prescrite. En effet, cardiaques suite à un traitement par sorafénib chez des
devant la gravité de la maladie, ces derniers pensent qu’en patients déjà traités antérieurement par sunitinib pour un
augmentant la dose, la réponse au traitement sera meilleure cancer rénal. Les auteurs suggèrent que la cardiotoxicité du
[13,14]. Une augmentation de la toxicité est alors à craindre sorafénib a été majorée du fait d’une prise du sorafénib trop
[15]. D’autre part, la sous-observance (underadherence) est rapprochée par rapport à l’arrêt du sunitinib (entre deux et
tout aussi dangereuse, puisqu’elle peut être responsable trois semaines pour les trois patients) [23]. Un cas d’insuffi-
d’un échec thérapeutique et d’une évolution de la maladie. sance ovarienne a été rapporté chez une femme de 28 ans
La sous-observance peut concerner le nombre de doses (le traitée par imatinib (600 mg/j) depuis deux ans pour une
patient prend moins de doses que prévu) mais également la leucémie myéloı̈de chronique [24]. Cet évènement indési-
fréquence d’administration (prise du traitement de façon rable n’avait jamais été décrit auparavant. Des fatigues

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importantes révélatrices d’hypothyroı̈die induite par le suni- d’exemple, Gambillara et al. ont rapporté le cas d’un patient
tinib ont été constatées. Sur 66 patients atteints d’un carci- traité par voriconazole (inhibiteur puissant du CYP3A4) et
nome rénal traités par sunitinib, 85 % ont présenté une imatinib à 600 mg/j (métabolisé par ce même cytochrome).
fonction thyroı̈dienne perturbée avec recours à un traite- Après trois mois de traitement concomitant, les concentra-
ment par lévothyroxine chez 25 % d’entre eux [25]. Des tions plasmatiques en imatinib ont été doublées. La surve-
résultats similaires ont été notés chez des patients atteints nue d’une éruption cutanée sévère a imposé la suppression
de tumeurs stromales gastro-intestinales : 15 cas d’hypothy- du traitement par imatinib durant trois semaines [37]. Autre
roı̈die persistante sur 42 patients, soit 36 % [26]. À défaut exemple, l’introduction de l’erlotinib chez un patient traité
d’être exhaustif, ces quelques exemples soulignent l’impor- par phénytoı̈ne (200 mg/j) a provoqué une augmentation
tance en terme de fréquence et de gravité des effets indé- des concentrations plasmatiques de l’antiépileptique. Cette
sirables des chimiothérapies anticancéreuses par voie orale. dernière a été multipliée par quatre au bout de deux semai-
nes de traitement concomitant. Une première réduction des
Interactions médicamenteuses doses de phénytoı̈ne a été effectuée (en alternance, 200 mg
et 100 mg un jour sur deux). Deux semaines plus tard, les
Les IAM concernant les substances actives anticancéreuses concentrations plasmatiques en phénytoı̈ne ont encore aug-
et les autres médicaments sont très nombreuses [27,28]. Un menté avec apparition, cette fois, d’effets indésirables à type
travail récent sur leur nombre et leur nature rapporte près de de malaises, dysarthries, ataxie, trouble de l’équilibre néces-
726 IAM [27]. Ce travail met en évidence que les chimio- sitant une nouvelle diminution des doses de phénytoı̈ne à
thérapies anticancéreuses par voie orale peuvent interagir 100 mg/j, soit une réduction de 50 % des doses de phény-
avec de très nombreux autres médicaments. Trois substan- toı̈ne [38]. Ces deux exemples témoignent de l’importance à
ces actives administrables par voie orale (erlotinib, cyclo- apporter à la détection des IAM avec ces molécules anti-
phosphamide, imatinib) se retrouvent parmi les dix cancéreuses.
médicaments anticancéreux présentant le plus d’IAM. Cet
article fait état d’un important écart entre les IAM recensées
Influence de l’alimentation et des thérapeutiques
par les bases de données et les ouvrages de références. En alternatives
effet, sur 726 IAM recensées, 26 % seulement sont décrites
dans le dictionnaire Vidal [29], 18 % dans le Thésaurus de La nature de l’alimentation et le délai entre le repas et la
l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé prise médicamenteuse peuvent interférer avec l’absorption
(Afssaps) [30], 2 % dans le Martindale [31], 3 % dans le dossier du médicament [39]. Ces interactions sont complexes et ne
du Centre national hospitalier d’information sur le médica- sont pas toutes étudiées. L’étude de Reigner et al. suggère
ment (CNHIM) [32]. Près de la moitié de ces IAM ont été que l’effet de la prise alimentaire sur la pharmacocinétique
identifiées à partir d’articles scientifiques. De plus, il peut de la capécitabine et de ses métabolites n’est pas clinique-
s’écouler plusieurs années entre la date de publication ini- ment significatif [40]. Or le RCP de la capécitabine men-
tiale et le moment où les bases ou ouvrages de références tionne que cette dernière doit être prise 30 minutes après le
intègrent l’interaction [33]. Ce constat est toujours d’actua- repas du fait de son instabilité dans un milieu acide et de
lité. Ainsi à titre d’exemple, l’imatinib augmente les concen- l’augmentation du pH gastrique après un repas [29]. Les
trations en simvastatine de deux à trois fois par interaction données concernant les inhibiteurs des tyrosine-kinases sont
sur le cytochrome 3A4 (CYP3A4). Cette interaction a été présentées dans le tableau II. La prise concomitante d’un
publiée en 2003 [34]. Début 2008, le dictionnaire Vidal repas riche en graisse diminue l’absorption du sorafénib de
[29] ainsi que Thériaque [35] mentionnent cette IAM à la 30 % par rapport à une prise à jeun [29]. À l’inverse, le repas
différence du Thésaurus de l’Afssaps [30]. semble augmenter l’exposition systémique de l’erlotinib.
Tout cela se traduit par une probabilité élevée d’IAM chez les Pour une prise journalière de 100 mg d’erlotinib, le repas
personnes traitées par chimiothérapie anticancéreuse et par augmente l’aire sous la courbe (ASC) de 66 % à j1 et de 34 % à
d’autres thérapeutiques comme les médicaments destinés à j7 [41]. Concernant le lapatinib, sa prise avec un repas
traiter les comorbidités et ceux pour la prévention et la prise entraı̂ne une augmentation de l’ASC de 167 et de 325 % si
en charge des effets indésirables éventuels [36]. De plus, ce ce repas est riche en graisse. Le RCP indique pourtant que ce
risque d’IAM est d’autant plus important avec les inhibiteurs dernier doit être pris à distance des repas. Ces recomman-
des tyrosine-kinases qui sont actuellement tous métabolisés dations ne sont pas partagées par toutes les équipes médi-
par les isoenzymes du cytochrome P450 (CYP 450). À titre cales et peuvent parfois compliquer le plan de prise des

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Sécurisation de l’emploi des chimiothérapies anticancéreuses orales

Tableau II
Influence de l’alimentation sur la pharmacocinétique des inhibiteurs des tyrosine-kinases.
Effects of food on the clinical pharmacokinetics of tyrosine-kinase inhibitors.
DCI Moment de prise Justification du moment de prise Références
Dasatinib Indifféremment des repas Biodisponibilité non affectée par la nourriture [29]
Erlotinib 1 h avant ou 2 h après le repas Le repas peut augmenter les concentrations plasmatiques [29,41]
de l’erlotinib
Géfitinib Indifféremment des repas Biodisponibilité non affectée par la nourriture [57]
Imatinib Au cours du repas Réduction des risques d’irritations gastriques [29]
Lapatinib 1 h avant ou 2 h après le repas Le repas augmente l’ASC de 3 à 4 fois par rapport à une [58]
administration à jeun
Le repas entraı̂ne une augmentation de l’ASC de 167 et de 325 % [42]
si ce repas est riche en graisse
Nilotinib 1 h avant ou 2 h après le repas Le repas augmente la Cmax et l’ASC de respectivement 112 et 82 % [59]
par rapport à une administration à jeun
Sorafénib 1 h avant ou 2 h après le repas Après un repas riche en graisse, l’absorption est réduite de 30 % [29]
ou avec un repas pauvre en graisse par rapport à une prise à jeun
Sunitinib Indifféremment des repas Biodisponibilité non affectée par la nourriture [60]
ASC : aire sous la courbe.
AUC : area under the curve.

médicaments. Ainsi dans le traitement du cancer du sein par voie orale présentent des similarités avec les chimiothé-
métastatique, le lapatinib est utilisé en association avec la rapies administrées par voie i.v. mais qu’elles diffèrent notam-
capécitabine. Cette dernière doit être prise au cours d’un ment par l’introduction du patient dans le processus
repas alors que le lapatinib doit être administré une heure d’administration. Aussi, le plan d’action destiné à prévenir
avant ou deux heures après. Aussi, Ratain et Cohen ont les erreurs avec ces nouvelles thérapeutiques et à garantir leur
évoqué la possibilité d’économiser 1700 $ par patient et bon usage pourrait se décliner de la manière suivante.
par mois de traitement si le lapatinib était pris pendant le Premièrement, organiser le recensement et la mise à jour
repas [42]. Cette proposition a soulevé une vive discussion des protocoles, standardisés et validés pour toute chimio-
[43–47]. thérapie anticancéreuse incluant des spécialités par voie
Le recours fréquent à des traitements dont l’efficacité n’est orale à l’image de ce qui existe déjà pour les chimiothé-
pas prouvée, appelés aussi médecines parallèles, complémen- rapies injectables [53]. La validation pharmacothérapeu-
taires ou alternatives [48,49], nécessite des précautions. Les tique de la prescription doit être systématisée avec
femmes, les patients jeunes ainsi que ceux présentant un création d’un dossier patient pharmaceutique mention-
niveau d’éducation élevé représentent la majorité de ces nant l’historique des cures et la tolérance de ces dernières,
utilisateurs. À noter que près d’un tiers des patients n’infor- vérification de la surface corporelle et du calcul des doses,
ment pas le cancérologue de la prise de ces traitements qui détection et signalement des IAM. À ce sujet, l’élaboration
pourraient parfois interférer avec des thérapeutiques en cours d’une base de données référençant toutes les IAM avec ces
[50]. À ce sujet, le millepertuis, proposé comme antidépres- spécialités est à définir ainsi que sa mise à jour qui devra
seur, interagit avec l’imatinib en diminuant de 30 à 40 % les être fréquente aux vues du développement rapide de ces
concentrations plasmatiques de ce dernier [51]. Également, le thérapeutiques. Concernant la dispensation, compte tenu
jus de pamplemousse peut interférer avec les substances des données disponibles dans les RCP, les pharmaciens
actives anticancéreuses métabolisées par le CYP3A4 comme officinaux ne disposent pas de toutes les informations
l’étoposide pour lequel on a observé une diminution de 26 % nécessaires pour la validation de la prescription et l’infor-
de sa biodisponibilité après administration orale [52]. mation du patient. La diversité des protocoles de
chimiothérapies anticancéreuses constitue une raison sup-
plémentaire d’initier une collaboration entre le pharma-
Discussion cien hospitalier et le pharmacien d’officine. De plus, devant
l’hétérogénéité des conditionnements (en terme de sécu-
Les différents aspects abordés dans cette revue de la littéra- rité et du nombre d’unité par conditionnement), l’éven-
ture montrent que les risques associés aux chimiothérapies tualité de dispenser seulement la quantité nécessaire et

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suffisante pour un cycle de chimiothérapie devrait être Quatrièmement, mettre en œuvre une pharmacovigilance
envisagée. active avec déclaration systématique de tous les effets indé-
Deuxièmement, évaluer la perception par les médecins et les sirables graves. Ceux observés après autorisation de mise sur
infirmières des risques d’erreurs encourus par le patient avec le marché diffèrent bien souvent de ceux enregistrés au cours
de tels médicaments. La perception du risque peut être des essais cliniques. Cela est notamment dû aux critères
définie comme le processus par lequel un individu ou un d’inclusion des patients et aux effectifs des essais. Cette
groupe d’individus comprend et donne un sens à une menace pharmacovigilance suppose une analyse précise de tous les
ou à un danger. Un questionnaire visant à évaluer cette éléments qui ont conduit à l’effet indésirable grave, y compris
notion permettra d’attirer leur attention sur cette problé- ceux qui relèvent de la vie quotidienne des patients. C’est l’un
matique et de mettre en lumière les écarts qui existent avec des éléments clés pour confirmer ou infirmer la place que
les mesures appliquées aux chimiothérapies i.v. Elle sera peuvent prendre ces nouveaux médicaments dans la prise en
l’occasion d’aborder avec eux la question de l’intégration charge des cancers dans la vie « réelle » par opposition à la vie
du patient dans le processus de sécurisation du circuit de ces des essais cliniques et ajuster, si nécessaire, les conditions de la
médicaments. Il faudra aussi anticiper sur les avis des pre- poursuite de mise sur le marché [56].
scripteurs quant aux prises de médicaments pendant ou en Le fait de ne pas avoir abordé l’hormonothérapie des cancers
dehors des repas, la tentation de « faire des économies » constitue une des limites de ce travail. En effet, par analogie
pouvant être forte ou bien encore le souci de simplifier les aux concepts en cours de développement, il est possible
schémas de prise pour faciliter la vie du patient. d’intégrer ces médicaments à la catégorie des thérapies
Troisièmement, analyser les représentations et les connais- ciblées. Pour ceux administrables par voie orale, les mêmes
sances des patients sur ces nouvelles molécules et étudier problèmes que ceux décrits plus haut sont rencontrés.
leurs comportements vis-à-vis de celles-ci. Cette étape est
indispensable avant d’envisager le développement d’un pro-
gramme éducatif [54,55]. L’éducation thérapeutique est une Conclusion
démarche émergente en cancérologie qui nécessite une
participation active du patient ainsi qu’une implication Les risques associés aux chimiothérapies anticancéreuses par
familiale afin d’améliorer l’observance et développer un voie orale sont nombreux et réels. La sécurisation de
véritable savoir-faire dans la gestion des effets secondaires l’ensemble du circuit de ces nouvelles thérapeutiques appa-
des chimiothérapies anticancéreuses [55]. Elle permettrait raı̂t plus complexe que celle des chimiothérapies adminis-
également de sensibiliser les patients et leurs familles à la trées par voie i.v. notamment par l’introduction du patient
manipulation de ces agents anticancéreux afin de prendre dans le processus d’administration du médicament. Un
les précautions nécessaires. Les substances actives pour consensus sur les mesures à mettre en œuvre pour la pré-
lesquels le schéma d’administration a un caractère séquen- vention des risques est à rechercher. Une observation atten-
tiel (méthotrexate, capécitabine) semblent soulever plus de tive et une analyse du circuit de ces médicaments dans la vie
difficultés pour les patients dans la gestion de leur traite- quotidienne des patients sont nécessaires.
ment. L’éducation thérapeutique et les outils associés (pilu-
lier, calendrier de prise) sera l’occasion de préciser ce schéma
de traitement. Un éclairage particulier devra aussi être porté
Conflits d’intérêts
sur les thérapeutiques associées et l’automédication pour
Aucun.
éviter d’éventuelles IAM. En pratique, les programmes d’édu-
cation thérapeutique en cancérologie restent peu nombreux
en France par rapport aux expériences anglo-saxonnes. Remerciements
Madame Badoil pour sa contribution à la préparation de ce docu-
D’autres initiatives sont donc à définir comme celle d’édu-
ment. Mesdames Boucquin et Barreto du centre de documentation
cateur soignant évoqué par certaines équipes médicales [55]. et d’information de la pharmacie centrale des hospices civils de Lyon
Cette démarche éducative permettrait de valoriser un autre pour l’aide apportée à la recherche documentaire.
champ d’action des pharmaciens. Elle nécessite cependant
une certaine expérience dans le domaine de la communica- Références
tion avec les patients atteints d’un cancer. Des formations
spécifiques et des collaborations pluridisciplinaires doivent 1. Hénin E, You B, Tranchand B, Freyer G, Girard P. Les enjeux de
être envisagées. l’observance pour les nouvelles chimiothérapies par voie orale :

42
Sécurisation de l’emploi des chimiothérapies anticancéreuses orales

intérêt du modèle pharmacocinétique–pharmacodynamique. 24. Christopoulos C, Dimakopoulou V, Rotas E. Primary ovarian


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