Vous êtes sur la page 1sur 7

Modele +

THERAP-29; No. of Pages 7 ARTICLE IN PRESS


Therapie (2016) xxx, xxx—xxx

Disponible en ligne sur

ScienceDirect
www.sciencedirect.com

PHARMACOVIGILANCE

Pharmacovigilance : risques et effets


indésirables de l’automédication
Jean-Louis Montastruc a,∗,b,
Emmanuelle Bondon-Guitton a, Delphine Abadie a,
Isabelle Lacroix a, Aurélie Berreni a,
Grégory Pugnet c, Geneviève Durrieu a,
Laurent Sailler c, Jean-Paul Giroud b,
Christine Damase-Michel a, François Montastruc a

a
CIC Inserm 1436, service de pharmacologie médicale et clinique, centre Midi-Pyrénées de
pharmacovigilance, pharmacoépidémiologie et informations sur le médicament,
pharmacopôle Midi-Pyrénées, faculté de médecine, CHU de Toulouse, 37,
allées Jules-Guesde, 31000 Toulouse, France
b
Académie nationale de médecine, 75000 Paris, France
c
Service de médecine interne, hôpital Purpan, faculté de médecine, CHU de Toulouse,
31000 Toulouse, France

Reçu le 15 juin 2015 ; accepté le 27 juillet 2015

MOTS CLÉS Résumé L’automédication correspond au recours, dans une intention de soin, à un ou plu-
Automédication ; sieurs médicaments sans l’aide d’un médecin. Son importance s’avère croissante. Après avoir
Pharmacovigilance ; discuté les principales définitions de l’automédication, cette revue présente quelques grandes
Effets indésirables caractéristiques de cette pratique thérapeutique : prévalence, motifs, populations concernées
médicamenteux ; et médicaments utilisés. Alors que les risques théoriques de l’automédication (effets indé-
Risques ; sirables propres, interactions, erreurs de produit, de posologie ou de durée de traitement,
Antalgiques ; difficulté de l’autodiagnostic, risque d’abus ou d’addiction. . .) sont largement discutés dans la
Anti-inflammatoires littérature, il existe en fait peu de données détaillées de pharmacovigilance concernant les
non stéroïdiens ; caractéristiques et les conséquences de cet usage en vie réelle. Ce travail décrit donc les trop
Benzodiazépines rares données disponibles : patients, caractéristiques cliniques, « gravité » et médicaments en

DOI de l’article original : http://dx.doi.org/10.1016/j.therap.2016.02.012.


∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : jean-louis.montastruc@univ-tlse3.fr (J.-L. Montastruc).

http://dx.doi.org/10.1016/j.therap.2016.02.011
0040-5957/© 2016 Société française de pharmacologie et de thérapeutique. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Pour citer cet article : Montastruc J-L, et al. Pharmacovigilance : risques et effets indésirables de l’automédication.
Therapie (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.therap.2016.02.011
Modele +
THERAP-29; No. of Pages 7 ARTICLE IN PRESS
2 J.-L. Montastruc et al.

cause dans les effets indésirables médicamenteux des conduites d’automédication. Il discute
enfin des pistes à retenir pour une minimisation de ce risque médicamenteux, à l’évidence mal
connu et dans tous les cas sous-notifié.
© 2016 Société française de pharmacologie et de thérapeutique. Publié par Elsevier Masson
SAS. Tous droits réservés.

Abréviations pas l’intervention d’un médecin, et doivent être accompa-


gnés des conseils du pharmacien. Ce médicament dispose
de plus d’un conditionnement (dosage, durée de traite-
AMM autorisation de mise sur le marché ment) et d’une notice d’information adaptée. Le décret de
ANSM Agence nationale de sécurité du médicament et des 2008 autorise la mise à disposition de certains médicaments
produits de santé devant le comptoir des pharmacies d’officine, en accès
OMS Organisation mondiale de la santé direct, dans un espace spécialement dédié à cet effet. La
ORL oto-rhino-laryngologie liste de 2008 concerne 217 spécialités pharmaceutiques cou-
PMF prescription médicale facultative vrant 71 domaines thérapeutiques, 12 médicaments à base
VIH virus de l’immunodéficience humaine de plantes et 19 médicaments homéopathiques [8] Ce chiffre
était de 390 en 2010 [3].
Pour le Conseil de l’ordre des médecins,
Introduction « L’automédication est l’utilisation, hors prescription
médicale, par des personnes pour elles-mêmes ou pour
Le marché de l’automédication, qui représentait 7,6 % du leurs proches et de leur propre initiative, de médicaments
marché pharmaceutique global en France en 2012 (11,2 % considérés comme tels et ayant reçu l’autorisation de mise
en Allemagne, 12,3 % au Royaume-Uni et 14 % en Belgique), sur le marché (AMM), avec la possibilité d’assistance et de
est en hausse (+ 3,2 % en 2012) [1]. conseils de la part des pharmaciens. . . Ce n’est peut-être
L’automédication peut d’abord s’envisager comme le que le traitement d’un symptôme dont il faut souligner
recours, dans une intention de soin, à un ou plusieurs médi- le caractère pour le moins ambigu et qui suppose que ce
caments sans l’aide d’un médecin [2,3]. traitement soit de courte durée et mono-symptomatique »
Au-delà de cette simple définition, plusieurs autres ont [9].
été proposées. Pour Giroud [4], il s’agit de « l’acte de Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les
se soigner, sans l’intermédiaire d’un médecin, avec des médicaments d’automédication sont « des médicaments ne
médicaments délivrés sans ordonnance ». Il s’agit d’une nécessitant pas de prescription médicale. Ils sont produits,
« pratique qui permet de réduire le nombre de consultations distribués et vendus prioritairement aux consommateurs en
chez le médecin, parfois inutiles (et coûteuses), mais qui vue d’un usage de leur propre initiative et sous leur propre
n’est ni sans limite ni sans danger » [4]. Pour Fainzang [5,6], responsabilité, lorsqu’ils considèrent cet usage approprié »
l’automédication peut être envisagée comme « l’acte, pour [10].
le sujet, de consommer de sa propre initiative un médica- D’une façon générale, toutes ces définitions
ment sans consulter un médecin pour le cas concerné, que de l’automédication impliquent aussi la notion
le médicament soit déjà en sa possession ou qu’il se le pro- d’ « automédicalisation », avec ses corollaires d’« auto-
cure à cet effet (dans une officine ou auprès d’une autre information », « autodiagnostic », « autoexamen » et les
personne) ». Cette définition, plus large que la précédente, difficultés inhérentes à ces conduites [6].
inclut donc l’usage de médicaments déjà prescrits pour une En fait, le terme d’automédication n’existe pas en droit
autre pathologie ou pour une autre personne. Il s’agit dans français : le code de Santé Publique ne reconnaît, d’une
ce cas de la réutilisation de médicaments souvent trouvés à part, que les médicaments ayant une autorisation de mise
l’intérieur de la pharmacie familiale ou désormais achetés sur le marché (AMM) et, d’autre part, les médicaments hors
sur Internet. liste. En revanche, pour les autorités de santé, il faut distin-
Venulet et Schulz [7] parlent de « traiter une situation guer les médicaments de prescription médicale obligatoire
pathologique réelle ou imaginaire par des médicaments et ceux de prescription médicale facultative (PMF). Cette
choisis sans avis médical ». Cette définition a l’intérêt définition n’inclut cependant pas les pratiques qui peuvent
d’exclure de ce champ les pharmacodépendances et toxi- être les plus fréquentes en matière d’automédication, c’est-
comanies. à-dire la réutilisation sans avis médical de médicaments déjà
Les autorités sanitaires (Agence du médicament, Agence utilisés par le malade ou son entourage après prescription
nationale de sécurité du médicament et des produits médicale.
de santé [ANSM]) parlent de « médicaments de médica- Dans cette revue, après avoir précisé les principales
tion officinale ». Un médicament est dit de médication caractéristiques de l’automédication, nous discuterons les
officinale lorsqu’il est destiné à soigner des symptômes notions récentes de pharmacovigilance avec les médica-
courants pendant une courte période, qui ne nécessitent ments d’automédication.

Pour citer cet article : Montastruc J-L, et al. Pharmacovigilance : risques et effets indésirables de l’automédication.
Therapie (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.therap.2016.02.011
Modele +
THERAP-29; No. of Pages 7 ARTICLE IN PRESS
Pharmacovigilance : risques et effets indésirables de l’automédication 3

Principales caractéristiques de entre 6 et 45 % selon les études et des corticoïdes par voie
topique le plus fréquemment [15].
l’automédication
Il n’est pas question ici de reprendre tous les aspects Particularités chez la femme enceinte
législatifs, réglementaires médicaux ou éducationnels liés à
Même chez la femme enceinte, l’automédication est
l’automédication, mais plutôt de discuter certains aspects
présente. Dans une étude réalisée dans le service des
méconnus de cette pratique. Avant tout, rappelons que les
consultations prénatales du CHU de Toulouse, à partir d’un
médicaments de prescription médicale facultative repré-
échantillon de 250 femmes enceintes consultant, un quart
sentent 45 % de la production pharmaceutique française. Ils
pratiquait l’automédication [16]. Les médicaments les plus
comprennent les médicaments grand public (5 %), dont on
fréquemment retrouvés étaient le fer, les veinotoniques,
peut assurer la publicité dans les médias, les produits conseil
les médicaments indiqués en gynécologie et les antalgiques
(3 %) pour lesquels la publicité est limitée à l’officine et enfin
[16]. Une étude similaire a été réalisée dans 3 consultations
un nombre important (37 %) de médicaments ne pouvant
hospitalières à Reims : un quart des femmes interrogées
faire l’objet d’aucune promotion [4].
ont déclaré s’être automédiquées durant leur grossesse
[17]. Il s’agissait essentiellement d’antalgiques, anti-acides
Caractéristiques sociologiques et pansements digestifs, anti-émétiques, antispasmodiques
digestifs, veinotoniques, vitamines et homéopathie (2 cas).
Elles doivent d’abord être précisées. On estime que Cependant, les auteurs ont retrouvé aussi la prise d’un
l’automédication, pratique ancienne, est largement répan- anti-inflammatoire au cours du premier trimestre de gros-
due. Sailler et al. [3] estiment que trois-quarts de la sesse. Une femme sur 2 n’avait pas reçu d’information sur
population française pratique plus ou moins ponctuellement le risque médicamenteux chez la femme enceinte [17]. Ceci
ou plus ou moins régulièrement l’automédication. En fait, rappelle la méconnaissance des femmes enceintes sur le
les valeurs retrouvées dans la littérature varient considéra- médicament, ses caractéristiques et ses risques durant la
blement. grossesse. Une enquête en Midi-Pyrénées auprès de femmes
Dans une revue systématique envisageant la enceintes patientes en salle d’attente à la maternité a mon-
« prévalence » de l’automédication dans une population de tré que plus d’1 sur 10 ignore les dangers de l’aspirine ou de
sujets âgés de 60 ans ou plus, Jerez-Roig et al. [11] indiquent l’ibuprofène en fin de grossesse [18]. Il reste donc beau-
une valeur moyenne de 38 % avec des chiffres variant entre coup à faire en matière d’automédication chez la femme
4 et 87 % avec la majorité d’études entre 20 et 60 %. Les enceinte ou désirant le devenir. À cet égard, les consul-
auteurs signalent cependant les difficultés de comparaison tations préconceptionnelles doivent aider les patientes en
puisque, selon les travaux, des critères différents ont été les informant sur les risques de l’automédication pendant la
utilisés pour définir et mesurer l’automédication. Dans grossesse et les femmes enceintes doivent être informées
leur publication, les variables associées positivement à de l’interdiction de tout médicament sans avis médical ou
l’automédication sont le sexe féminin, les visites chez le pharmaceutique.
pharmacien, l’existence d’états dépressifs, la dépendance
fonctionnelle, une hospitalisation récente, une diminution Principaux motifs du choix de
des activités et une inactivité physique alors que les l’automédication
variables corrélées négativement sont le remboursement
médical, le fait d’être marié, d’utiliser les services de santé Ils sont connus. Pour les patients, il s’agit de la difficulté
ou encore de vivre en institution [11]. d’obtenir un rendez-vous chez le médecin, de conditions
Une équipe française a récemment étudié les économiques peu favorables, de facilité d’obtention du
comportements d’automédication chez les patients médicament, d’impression que la situation pathologique
admis dans un service médical d’urgence [12] : parmi est d’importance secondaire, du sentiment d’avoir déjà
les 315 patients interrogés, 239 (75,9 %) ont déclaré au souffert d’une symptomatologie comparable que l’on sait
moins un comportement d’automédication au cours de traiter, de la crainte d’apprendre qu’il s’agit d’une mala-
leur vie, dont 43,9 % dans les 7 jours précédant l’admission die grave, crainte qui n’élimine cependant pas le désir du
aux urgences. Une étude française transversale multi- malade de se soigner [2,4—6]. Parmi ces critères, les trois
centrique, réalisée dans des départements hospitaliers premiers s’avèrent indépendants des patients et paraissent
d’urgences médicales, a trouvé des pourcentages de 84,4 % plutôt en relation avec l’organisation du système sani-
de comportement d’automédication. Près de 2 patients sur taire. À l’inverse, les trois dernières conditions sont en
3 s’étaient automédiqués dans les deux dernières semaines étroite relation avec le niveau d’éducation et le pro-
précédant l’hospitalisation avec dans 60 % des cas, une fil psychologique du sujet [19,20]. Sailler et al. signalent
consommation d’un médicament antérieurement prescrit que l’automédication correspond souvent au désir d’une
[13]. Une étude allemande prospective multicentrique a réponse immédiate à un symptôme gênant et souligne le
envisagé l’automédication dans le cadre des effets indé- recours de beaucoup de patients déçus ou méfiants vis-à-vis
sirables médicamenteux conduisant à une hospitalisation : de la médecine allopathique à l’autoprescription homéo-
le pourcentage a été de 3,9 % sur près de 7000 patients pathique ou phytothérapique perçue comme sans risque
hospitalisés entre janvier 2000 et décembre 2008 [14]. [3]. Pour la société, il s’agit évidemment de la réduction
Enfin, des auteurs brésiliens [15] ont effectué une revue des coûts directs (consultations médicales, actes médi-
systématique concernant la prévalence de l’automédication caux, médicaments non remboursés) mais aussi indirects
dans les maladies dermatologiques, avec des valeurs variant (réduction espérée de l’absentéisme) [3]. Pour l’industrie

Pour citer cet article : Montastruc J-L, et al. Pharmacovigilance : risques et effets indésirables de l’automédication.
Therapie (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.therap.2016.02.011
Modele +
THERAP-29; No. of Pages 7 ARTICLE IN PRESS
4 J.-L. Montastruc et al.

pharmaceutique, le marché est complémentaire des médi- par les anti-acides, échappement aux médicaments anti-
caments de prescription obligatoire : environ 2 milliards rétroviraux du virus de l’immunodéficience humaine (VIH)
d’euros chaque année et 6 à 7 % du marché total [1,3]. sous millepertuis (inducteur enzymatique). . . On peut
d’abord citer l’inefficacité de la contraception ou encore
les risques de saignements sous anti-inflammatoires non
Médicaments d’automédication stéroïdiens avec les antithrombotiques ou encore ceux
de déséquilibre de la pression sanguine artérielle sous
Il s’agit de médicaments considérés comme sans danger ces mêmes anti-inflammatoires non stéroïdiens chez
dans leurs conditions normales d’emploi [21] et utilisés pour l’hypertendu auparavant bien stabilisé. À cet égard, nous
traiter des pathologies considérées comme « mineures » : avons montré que chez les patients hypertendus bien
douleurs, fièvre, constipation, toux, asthénie, « maux de équilibrés, l’introduction d’un anti-inflammatoire non
gorge », états grippaux, douleurs digestives, « digestion dif- stéroïdien s’associait chez 1 patient sur 3 à la majoration
ficile » [4,22]. Une enquête française réalisée auprès de du traitement antihypertenseur sous forme d’un ajout
247 patients vus en consultation de médecine générale et d’un nouvel antihypertenseur [26,27]. Ces risques sont
104 médecins généralistes interrogés par voie postale a d’autant plus importants qu’ils ne sont souvent pas iden-
indiqué les médicaments les plus souvent retrouvés dans tifiés par le médecin, le pharmacien ou encore le patient
l’armoire à pharmacie familiale : il s’agissait d’antiseptiques lui-même ;
dans 97 % des pharmacies, de paracétamol dans 91 %, • la possibilité d’utilisation de « posologies ou de durées
anti-inflammatoires non stéroïdiens dans 68 % et d’anti- de traitement inadaptées »doit être également discutée.
diarrhéiques dans 60 % [23]. Tillement et Delaveau [21] Il peut s’agir, soit de trop faibles doses ou de durées
rajoutent les antitussifs, les phlébotropes, les antihistami- de traitement trop courtes ou, à l’inverse, de surdo-
niques H1, les anti-acides, les anti-émétiques ou encore sages ou d’expositions médicamenteuses trop longues. Il
le sildénafil (et dérivés) et les vasoconstricteurs nasaux. convient aussi de citer la possibilité d’utilisation de voies
Ces deux dernières classes, uniquement disponibles régle- d’administration inadaptées, voire de conditions de sto-
mentairement sur prescription, sont accessibles à partir de ckage inappropriées (par exemple, armoire à pharmacie
circuits parallèles (Internet. . .). À cette liste, il faut évi- dans des endroits chauds et humides. . .) ;
demment rajouter les psychotropes (et en premier lieu les • le risque majeur concerne la survenue « d’effets indé-
benzodiazépines hypnotiques ou tranquillisantes, voire les sirables médicamenteux » qui peuvent être « graves ».
antidépresseurs) qui font partie des médicaments réutilisés Les exemples sont nombreux : syndrome des laxatifs,
à partir de la pharmacie familiale. céphalées des analgésiques, convulsions sous terpènes
chez le nourrisson, hépatites fulminantes ou insuffi-
sances rénales sous phytothérapie. . . Plus récemment, on
Risques de l’automédication a signalé le risque d’infarctus du myocarde sous vasocons-
tricteurs nasaux [28—30]. Le chapitre suivant discutera
Les risques théoriques de l’automédication, largement dis- des données de pharmacovigilance et des difficultés de
cutés dans la littérature [2,3,19,22,24,25] sont nombreux : détection de ces effets indésirables médicamenteux liés
• le premier concerne la notion « d’autodiagnostic ». En à l’automédication ;
effet, comme discuté plus haut, qui dit automédication, • enfin, « les conduites d’abus, voire addictives ».
sous-entend autodiagnostic [6] : celui-ci peut être faux. L’exemple caricatural concerne les vasoconstricteurs
Le patient court alors le risque de retarder la prise en nasaux en raison de leurs propriétés sympathomimétiques
charge médicale appropriée d’une maladie qui peut être directes (« amphétaminiques like ») [28,29].
grave. L’exemple en est la prise des antihistaminiques
H2 en cas de douleurs digestives qui s’avéreraient en rap-
port avec un ulcère digestif à Helicobacter pylori ; Pharmacovigilance de l’automédication :
• le « choix du produit d’automédication peut être données factuelles
inadapté », faisant courir un risque d’inefficacité et
d’évolution de la maladie ; Alors que de nombreux articles, comme vu plus haut,
• « risque de cumul du même principe actif » au sein de discutent largement des dangers de l’automédication en
plusieurs spécialités pharmaceutiques, avec un risque de général, il est surprenant de voir le peu d’études ou
surdosage. Cette notion rappelle l’importance de la pres- enquêtes publiées avec des données factuelles sur les effets
cription en dénomination commune internationale ; indésirables de l’automédication, leurs caractéristiques,
• « oubli de signaler » à son médecin traitant (ou à son phar- celles des patients traités et les médicaments imputés.
macien) la prise de médicaments auto-prescrits ce qui Certes, il existe des observations ponctuelles relatant un
peut être à l’origine d’interactions médicamenteuses ou cas ou un petit nombre de cas, mais, en fait, on dispose de
d’inefficacité de la prescription ; peu de travaux prospectifs systématiques de type pharma-
• « le risque d’interactions » est au premier plan. Il peut coépidémiologique.
s’agir d’abord d’interactions avec « l’alcool ou la nour- Dans une étude transversale réalisée au début des années
riture » puis avec les « médicaments ». Les exemples sont 1990 sur les effets indésirables médicamenteux en général,
nombreux : association fréquente anti-inflammatoires non ceux de l’automédication ont représenté 9 % de la totalité
stéroïdiens (AINS) + aspirine, potentialisation des risques incluant 3 cas par prise d’aspirine sans mésusage patent,
hémorragiques avec l’aspirine, hépatiques sous paracé- 2 accidents sous AINS et trois cas par mais usage de psy-
tamol, réduction de l’absorption d’autres médicaments chotropes [31].

Pour citer cet article : Montastruc J-L, et al. Pharmacovigilance : risques et effets indésirables de l’automédication.
Therapie (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.therap.2016.02.011
Modele +
THERAP-29; No. of Pages 7 ARTICLE IN PRESS
Pharmacovigilance : risques et effets indésirables de l’automédication 5

Une autre étude a été conduite par notre équipe [2]. Elle entre le médicament d’automédication et un médicament
concerne les effets indésirables survenus après automédica- prescrit : l’exemple le plus fréquent a concerné l’association
tion et déclarés au Centre Midi-Pyrénées de Pharmacovigi- aspirine d’automédication + diclofénac prescrit [14].
lance, de Pharmacoépidémiologie et d’Informations sur le Devant l’absence d’autres données récentes sur les
Médicament entre janvier 1993 et juin 1996. Durant cette effets indésirables des pratiques d’automédication, nous
période de 3,5 ans, nous avons retrouvé 65 déclarations avons repris la méthodologie de la première enquête de
d’effets indésirables ayant trait à la prise de médica- pharmacovigilance de 1996 [2] en envisageant les effets
ments en automédication, soit environ 2 %. Dans 40 % indésirables des médicaments d’automédication enregistrés
des cas, il s’agissait d’effets indésirables « graves » avec dans la base Midi-Pyrénées de pharmacovigilance durant
3 décès. Ces notifications concernaient le plus souvent 7 ans (2008—2014) [31]. Parmi plus de 12 000 notifications
des femmes (58 %). L’âge moyen des patients était de déclarées durant cette période, 1,3 % étaient en rapport
42 ans avec des extrêmes allant de 1 mois à 83 ans. La avec un médicament d’automédication, correspondant à
tranche d’âge la plus représentée était celle des 20 à 286 médicaments différents et de 275 effets indésirables
29 ans. Les effets indésirables le plus souvent représen- médicamenteux. Dans plus de trois-quarts des cas (122 fois),
tés étaient neurologiques (32 %, dont le plus souvent l’effet indésirable était « grave » avec, par exemple,
des céphalées médicamenteuses sous antalgiques) puis 91 hospitalisations et 6 effets indésirables mettant en jeu
cutanés (18 %). Les autres effets indésirables retrouvés le pronostic vital. Nous avons retrouvé un seul effet indé-
étaient cardiovasculaires (11 %) puis des fièvres d’origine sirable létal survenu chez une femme enceinte sous forme
médicamenteuse (8 %), des atteintes hépatiques (8 %) ou d’un avortement spontané à la suite d’utilisation d’huiles
digestives (6 %). Dans 6,5 % des cas, il s’agissait de essentielles. L’âge moyen des patients était voisin de 50 ans
choc anaphylactique et/ou d’œdèmes de Quincke. Les avec, comme précédemment, des extrêmes larges (entre
médicaments imputés étaient le plus souvent des antal- 1 et 91 ans). Comme dans le travail antérieur, nous avons
giques et/ou des anti-inflammatoires non stéroïdiens (72 %), trouvé une légère prédominance de survenue de ces effets
des neuropsychotropes (11 %) puis des médicaments der- indésirables chez la femme (56 %). Les effets indésirables
matologiques (9 %), oto-rhino-laryngologiques (ORL) [9 %], les plus fréquents étaient gastro-intestinaux (21 %, sur-
anti-émétiques/anti-sécrétoires (9 %). . . Deux cas concer- tout nausées, vomissements, douleurs), neuropsychiatriques
naient la phytothérapie [2]. (21 %, surtout sédation ou confusion), généraux (11 %, sur-
Une autre étude, multicentrique et transversale, a été tout chute ou malaise) et enfin cutanés (11 %). Parmi les
réalisée sur une période de 8 semaines en 2010 dans les ser- médicaments « suspects », près d’1 sur 2 avait été prescrit
vices d’urgence de 11 hôpitaux universitaires français [13]. auparavant et réutilisé secondairement sans avis médical.
Parmi, plus de 3000 patients inclus dans le travail, près Les médicaments les plus fréquemment imputés étaient les
de 85 % ont déclaré un comportement d’automédication anti-inflammatoires non stéroïdiens (30 %), les analgésiques
avec 64 % ayant pris au moins un médicament non prescrit (15 %, surtout le paracétamol seul ou associé à un opiacé
durant les deux semaines précédentes et 60 % un médica- faible), les médicaments ORL (12 %), les benzodiazépines
ment soumis à prescription. Près de 300 patients (environ (7,5 %) et les anti-acides digestifs ou apparentés (7,5 %).
10 %) ont présenté un effet indésirable médicamenteux avec La phytothérapie était retrouvée dans près de 9 % des cas.
52 d’entre eux (soit 1,7 % de la population totale) en rap- Nous avons aussi recherché les couples effets indésirables
port avec un médicament d’automédication. Ces 52 effets médicaments les plus fréquemment en cause : pour les anti-
indésirables d’automédication concernaient dans 19 cas des inflammatoires non stéroïdiens, il s’agissait de douleurs
médicaments prescrits, dans 17 autres des médicaments gastro-intestinales, saignements, mais aussi d’insuffisances
non prescrits, 14 fois des arrêts de traitement et 2 fois des rénales ou de pancréatites. Pour les analgésiques, on retrou-
interactions entre médicaments prescrits et d’autres non vait nausées, vomissements, saignements mais aussi états
prescrits. Les auteurs ont calculé que les effets indésirables confusionnels ou pancréatites. Enfin, avec les benzodia-
des médicaments non prescrits survenaient chez environ 1 % zépines, il s’agissait d’asthénie, d’états confusionnels ou
de tous les patients prenant des médicaments non prescrits. de troubles de la mémoire. Les effets indésirables sous
L’effet indésirable le plus fréquemment rapporté était les phytothérapie étaient « graves » avec des cholestases, des
saignements et les médicaments les plus fréquemment en troubles du rythme cardiaque ou encore des pancréatites.
cause les antithrombotiques [13]. Dans plus d’un tiers des cas, il s’agissait de mésusage,
Une autre étude prospective, réalisée en Alle- surtout avec les anti-inflammatoires non stéroïdiens, les
magne, a envisagé les effets indésirables en rapport analgésiques et les benzodiazépines [32].
avec l’automédication conduisant à une hospitalisation Finalement, il s’avère difficile de comparer ces diffé-
[14]. Parmi presque 7000 patients hospitalisés en rai- rentes études, réalisées dans des conditions différentes,
son d’effets indésirables médicamenteux, on retrouvait avec des méthodologies et des objectifs variables. On
l’automédication chez 3,9 % d’entre eux. Une fois sur 2, peut néanmoins constater que les effets indésirables de
le médicament en cause était un médicament officineux l’automédication peuvent être « graves ». Quand on consi-
(c’est-à-dire au-delà du comptoir). Ces effets indésirables dère la large utilisation des médicaments d’automédication
en rapport avec l’automédication sont apparus le plus sou- [1,4] et la faible proportion de notifications d’effets indé-
vent au-delà de 60 ans (hommes de 60 à 69 ans et femmes de sirables qu’ils représentent, on ne peut que conclure à une
70 à 79 ans). Les effets indésirables étaient principalement importante sous-notification pour les effets indésirables de
de type digestif en rapport avec les anti-inflammatoires non l’automédication. On retient habituellement le chiffre de
stéroïdiens (le plus souvent l’aspirine). Dans plus d’un tiers 95 % de sous-notification en pharmacovigilance [33] : celui-ci
des cas, il s’agissait d’une interaction médicamenteuse est sans aucun doute beaucoup plus important ici. Certes,

Pour citer cet article : Montastruc J-L, et al. Pharmacovigilance : risques et effets indésirables de l’automédication.
Therapie (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.therap.2016.02.011
Modele +
THERAP-29; No. of Pages 7 ARTICLE IN PRESS
6 J.-L. Montastruc et al.

l’ensemble de ces travaux ne s’accorde pas sur les popu- médicaments sans prescription mais aussi réutilisation de
lations d’âge les plus à risque : certaines soulignent les médicaments de prescriptions antérieures.
sujets jeunes, d’autres les sujets d’âge médian. Les effets
indésirables sont le plus souvent gastro-intestinaux (dou-
leurs digestives, voire saignements) et neuropsychiatriques
(sédation pouvant même aller jusqu’à des troubles de la
Déclaration de liens d’intérêts
mémoire). L’ensemble des études s’accorde pour retenir Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
3 classes médicamenteuses les plus fréquemment impu-
tées : les anti-inflammatoires non stéroïdiens tout d’abord,
les antalgiques et enfin les benzodiazépines. Il peut être
intéressant de rappeler que ces dernières ne sont pas dispo- Références
nibles sans prescription, ce qui souligne encore l’importance
en matière de pharmacovigilance de l’automédication des [1] Ministère des Affaires Sociales de la Santé et des Droits des
effets indésirables des médicaments réutilisés. Enfin, le rôle femmes. Automédication; 2013, http://www.sante.gouv.fr/
automedication.html, Consulté le 27 juillet 2015.
de la phytothérapie ne doit pas être négligé.
[2] Montastruc JL, Bagheri H, Geraud T, Lapeyre-Mestre M. Phar-
macovigilance de l’automédication. Therapie 1997;52:105—10.
[3] Sailler L, Pugnet G, Montastruc JL. Automédication. Rev Prat
Minimisation des risques 2012;62:1463—7.
[4] Giroud JP. Médicaments sans ordonnance : les bons et les mau-
Face à ces risques, le groupe de Hughes et al. [22] propose vais !, 1. Paris: Éd La Martinière; 2011 [371 pp.].
diverses pistes pour minimiser les risques et optimiser le [5] Fainzang S. L’automédication ou les mirages de l’autonomie.,
bénéfice de l’automédication : renforcer les systèmes de 1. Paris: Éditions Presse Universitaire de France; 2012
surveillance, favoriser la notification spontanée de phar- [181 pp.].
macovigilance de l’automédication, établir un partenariat [6] Fainzang S. The other side of medicalization: self-
medicalization and self-medication. Cult Med Psychiatry
patient-médecin-pharmacien et enfin éduquer et informer
2013;37:488—504.
spécifiquement sur l’automédication le grand public, en le [7] Venulet J, Schulz P. L’automédication. Med Hyg 1976;34:443—6.
sensibilisant aux risques et dangers de mésusage ou d’abus. [8] ANSM. L’Afssaps accompagne la mise à disposition de médi-
Les professionnels de santé doivent exercer un rôle pré- caments devant le comptoir; 2008, http://ansm.sante.fr/
pondérant pour guider le public dans les comportements S-informer/Presse-Communiques-Points-presse/L-Afssaps-
d’automédication. accompagne-la-mise-a-disposition-de-medicaments-devant-
le-comptoir, Consulté le 27 juillet 2015.
[9] Pouillard G. Rapport adopté lors de la session du conseil
Conclusion national de l’ordre des médecins; 2001, http://www.conseil-
national.medecin.fr/sites/default/files/automedication.pdf,
Consulté le 27 juillet 2015 (10 pp.).
Cette revue sur la pharmacovigilance de l’automédication
[10] WHO. Guidelines for the regulatory assessment of medicinal
permet de souligner plusieurs points et de proposer trois products for use in self-medication. WHO Drug Information
perspectives : 2000;14:18—26, http://apps.who.int/medicinedocs/en/d/
• le risque médicamenteux existe véritablement avec Js2218e/, Consulté le 27 juillet 2015 (31 pp.).
les pratiques d’automédication, qu’il s’agisse de médi- [11] Jerez-Roig J, Medeiros LF, Silva VA, Bezerra CL, Cavalcante LA,
caments de prescription médicale facultative ou de Piuvezam G, et al. Prevalence of self-medication and associa-
réutilisation de médicaments antérieurement prescrits. ted factors in an elderly population: a systematic review. Drugs
Les effets indésirables liés à ces pratiques peuvent être Aging 2014;31:883—96.
« graves ». Il convient de poursuivre la recherche dans ce [12] Roulet L, Asseray N, Foucher N, Potel G, Lapeyre-Mestre M,
domaine pour mieux les caractériser, notamment dans les Ballereau F. Self-medicating behaviours in patients admit-
ted to a medical emergency department. Therapie 2012;67:
populations à risque. Il faut développer, former, informer
447—55.
et enseigner la pharmacovigilance de l’automédication ! [13] Asseray N, Ballereau F, Trombert-Paviot B, Bouget J, Renaud
À titre d’exemple, on devrait rappeler au public que B, Roulet L, et al. Frequency and severity of adverse drug
l’aspirine n’est pas un antalgique banal mais d’abord un reactions due to self-medication: a cross-sectional multicentre
anti-inflammatoire non stéroïdien ; survey in emergency departments. Drug Saf 2013;36:1159—68.
• la sous-notification semble particulièrement marquée en [14] Schmiedl S, Rottenkolber M, Hasford J, Rottenkolber D, Farker
matière d’automédication. Il convient de sensibiliser, K, Drewelow B, et al. Self-medication with over-the-counter
non seulement les professionnels de santé, mais aussi and prescribed drugs causing adverse drug-reaction-related
désormais les patients (ou consommateurs), de l’absolue hospital admissions: results of a prospective, long-term mul-
nécessité de déclarer aux Centres régionaux de pharma- ticentre study. Drug Saf 2014;37:225—35.
[15] Corrêa-Fissmer M, Mendonça MG, Martins AH, Galato D. Preva-
covigilance tous les effets indésirables de cette pratique ;
lence of self-medication for skin diseases: a systematic review.
• de façon surprenante, il existe peu de connaissances
An Bras Dermatol 2014;89:625—30.
scientifiques factuelles sur les effets indésirables des [16] Damase-Michel C, Lapeyre-Mestre M, Moly C, Fournié A, Mon-
médicaments et pratiques d’automédication. Il convient tastruc JL. Drug use during pregnancy: survey in 250 women
donc de développer d’autres études de pharmacoépi- consulting at a university hospital center. J Gynecol Obstet Biol
démiologie, c’est-à-dire en vie réelle, pour évaluer la Reprod (Paris) 2000;29:77—85.
balance bénéfice/risque, encore trop mal étudiée, de [17] Mikou S, Buire AC, Trenque T. Over the counter medication in
l’automédication dans ses deux aspects : utilisation de pregnant women. Therapie 2008;63:415—8.

Pour citer cet article : Montastruc J-L, et al. Pharmacovigilance : risques et effets indésirables de l’automédication.
Therapie (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.therap.2016.02.011
Modele +
THERAP-29; No. of Pages 7 ARTICLE IN PRESS
Pharmacovigilance : risques et effets indésirables de l’automédication 7

[18] Damase-Michel C, Christaud J, Berrebi A, Lacroix I, Mon- antihypertensive drugs and non-steroidal anti-inflammatory
tastruc JL. What do pregnant women know about non- agents: a descriptive study using the French Pharmacovigilance
steroidal anti-inflammatory drugs? Pharmacoepidemiol Drug database. Fundam Clin Pharmacol 2014;28:230—5.
Saf 2009;18:1034—8. [28] Garnier R, Castot A, Zemmoura M, Efthymiou ML. Nasopharyn-
[19] Cranz H. Over-the-counter drugs: the issues. Drug Saf geal sympathomimetic vasoconstrictors: side effects and acute
1990;5(Suppl. 1):120—5. intoxication. 122 cases. Therapie 1982;37:461—9.
[20] Caulin C, Cranz H. Self-medication: is regulation needed. From [29] Olivier P, Dugué A, Montastruc JL. Adverse cardiovascular
whom? Therapie 2000;55:547—53. and central neurologic reactions to sympathomimetics used as
[21] Tillement JP, Delaveau P. Automédication et sécurité. Bull Acad nasal decongestants: results of the French National Pharmaco-
Natl Med 2007;191(8):1517—26. vigilance Survey. Therapie 2003;58:361—6.
[22] Hughes CM, McElnay JC, Fleming GF. Benefits and risks of self- [30] Montastruc F, Montastruc G, Taudou MJ, Olivier-Abbal P, Mon-
medication. Drug Saf 2001;24:1027—37. tastruc JL, Bondon-Guitton E. Acute coronary syndrome after
[23] Bismuth M, Oustric S, Boyer P, Escourrou B, Brillac T, Mesthe nasal spray of oxymetazoline. Chest 2014;146(6):e214—5.
P, et al. Family pharmacy: survey of a sample of patients in [31] Queneau P, Chabot JM, Rajaona H, Boissier C, Grandmot-
Midi-Pyrénées. Therapie 2011;66:131—4. tet P. Iatrogénie observée en milieu hospitalier. À propos de
[24] Bennadi D. Self-medication: a current challenge. J Basic Clin 109 cas colliger à partir d’une enquête transversale de l’APNET.
Pharm 2013;5:19—23. Analyse des causes et propositions de nouvelles mesures pré-
[25] Fainzang S. Managing medicinal risks in self-medication. Drug ventives. Bull Acad Natl Med 1992;176:511—29.
Saf 2014;37:333—42. [32] Berreni A, Montastruc F, Bondon-Guitton E, Rousseau V, Abadie
[26] Fournier JP, Sommet A, Bourrel R, Oustric S, Pathak A, Lapeyre- D, Durrieu G, et al. Adverse drug reactions to self-medication: a
Mestre M, et al. Non-steroidal anti-inflammatory drugs (NSAIDs) study in a pharmacovigilance database. Fundam Clin Pharmacol
and hypertension treatment intensification: a population- 2015;29(5):517—20.
based cohort study. Eur J Clin Pharmacol 2012;68:1533—40. [33] Bégaud B, Martin K, Haramburu F, Moore N. Rates of spon-
[27] Fournier JP, Sommet A, Durrieu G, Poutrain JC, Lapeyre- taneous reporting of adverse drug reactions in France. JAMA
Mestre M, Montastruc JL, et al. Drug interactions between 2002;288:1588.

Pour citer cet article : Montastruc J-L, et al. Pharmacovigilance : risques et effets indésirables de l’automédication.
Therapie (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.therap.2016.02.011

Vous aimerez peut-être aussi