Vous êtes sur la page 1sur 6

1

INTRODUCTION AUX MÉDICAMENTS


DÉFINITIONS ET BUTS
DE LA PHARMACOLOGIE

DÉFINITION DE LA PHARMACOLOGIE
La pharmacologie est la science des médicaments. Le Code de la
Santé publique donne la définition suivante du médicament : « On
entend par médicament toute substance ou composition présentée
comme possédant des propriétés curatives ou préventives à l’égard
des maladies humaines ou animales, ainsi que tout produit pouvant
être administré à l’homme ou à l’animal en vue d’établir un diag-
nostic médical ou de restaurer, corriger ou modifier leurs fonctions
organiques. »
La pharmacologie comprend :
• la pharmacodynamie qui étudie les effets des médicaments sur
l’organisme, qu’ils soient bénéfiques ou indésirables ;
• la pharmacocinétique qui étudie le sort des médicaments dans
l’organisme, c’est-à-dire leur absorption, distribution, transforma-
tions et élimination.
L’administration simultanée ou successive de plusieurs médica-
ments peut conduire à des effets d’interaction non désirés, par
exemple augmentation ou diminution des effets thérapeutiques. On
signalera, tout au long de ce livre, ces interactions médicamenteu-
ses, de même que les effets indésirables des médicaments et leurs
surveillances, même si ces derniers sont administrés à doses usuel-
les. Vis-à vis du médicament, l’infirmière a un triple rôle de distri-
bution, de vérification de sa prise effective par le patient et de
surveillance des effets.

ORIGINE DES MÉDICAMENTS


Les trois règnes de la nature (végétal, animal et minéral) fournissent
des principes actifs pouvant conduire à des médicaments.
4 PHARMACOLOGIE GÉNÉRALE

Médicaments d’origine végétale


Sur environ 800 000 espèces végétales, 250 000 seulement sont réper-
toriées et environ 2 500 ont fait l’objet d’études sérieuses. Les médica-
ments d’origine végétale comprennent la plante entière, certaines de
ses parties ou encore les principes actifs extraits des plantes comme
les essences, les résines, etc.
La phytothérapie (traitement par les plantes) est appréciée d’un nom-
breux public qui y voit une manière naturelle et écologique de se traiter.
 Principes actifs de végétaux utilisés en thérapeutique — Un
grand nombre de principes actifs retirés des végétaux ont un intérêt
primordial en thérapeutique et peuvent être synthétisés. On distingue
ainsi :
• Les alcaloïdes, substances végétales ou reproduites par synthèse,
ont une activité pharmacologique remarquable à faibles doses. La
cocaïne, la morphine et la quinine sont des exemples d’alcaloïdes.
• Les hétérosides (ou glucosides) sont des molécules complexes conte-
nant des glucides dans leur structure chimique d’où leur nom, et qui pos-
sèdent, comme les alcaloïdes, une action pharmacologique remarquable
à faible dose. La digitaline, l’ouabaïne sont des exemples d’hétérosides.
• On trouve également dans les végétaux : l’amidon ; les gommes et
les mucilages ; les résines ; les latex (le caoutchouc est un latex) ; les
essences.

Médicaments d’origine animale


Le règne animal fournit aussi de nombreux médicaments :
– l’opothérapie (traitement par les organes d’animaux) est peu utili-
sée ; les produits d’origine bovine sont même interdits pour éviter le
risque de transmission de l’encéphalopathie spongiforme bovine ou
« maladie de la vache folle » ;
– l’huile de foie de morue, la lanoline, les sérums thérapeutiques sont
d’origine animale.

Médicaments obtenus par synthèse


La plupart des médicaments actuellement commercialisés sont obte-
nus par synthèse organique dans l’industrie pharmaceutique.

Médicaments obtenus par génie génétique


On fait fabriquer par des cellules vivantes des molécules qui ont
toutes les caractéristiques de leur modèle humain. (insuline, hormone
de croissance, cytokines…).
Introduction aux médicaments, définitions et buts de la pharmacologie 5

LES DIFFÉRENTS TYPES DE MÉDICAMENTS


L’étude de la préparation des médicaments s’appelle pharmacie galé-
nique (un mot tiré de Galien, médecin grec du IIe siècle). On distingue :
– Les spécialités pharmaceutiques (environ 9 000 en France) sont
préparées par l’industrie pharmaceutique. Elles doivent obtenir une
autorisation de mise sur le marché (AMM).
– Les génériques. Après 20 ans de commercialisation, un médicament
tombe dans le domaine public, c’est-à-dire que tout laboratoire peut le
fabriquer et le commercialiser. Le nom du médicament est alors le nom
de substance active (et pas celui d’une spécialité). Le générique est une
copie conforme de la spécialité originale, mais à un prix inférieur.
– Les préparations magistrales très rares, sont réalisées par le phar-
macien à partir d’une formule rédigée par un médecin pour un seul
malade. Les médicaments officinaux sont préparés par le pharma-
cien à partir d’une formule inscrite sur un formulaire officiel, la Phar-
macopée française.
– Les médicaments essentiels. L’Organisation mondiale de la santé
(OMS) définit une liste de médicaments (environ 220 principes actifs),
révisée régulièrement, indispensables au traitement des maladies les
plus répandues et appelés pour cette raison « médicaments essentiels ».
– La thérapie génique (transfert de gène) traite d’une maladie géné-
tique par l’introduction dans l’organisme de la version normale d’un
gène défectueux responsable de la maladie. Elle est encore exclusi-
vement du domaine de la recherche.
– L’allopathie représente la thérapeutique traditionnelle, avec les
médicaments que nous venons de décrire. L’homéopathie fait appel
à des préparations médicamenteuses utilisées à doses infinitésimales,
selon deux règles fondamentales :
• La loi des contraires : le médicament employé s’attaque à la cause
de la maladie et en neutralise les effets.
• La loi des semblables : la maladie est guérie par des substances qui
produisent dans l’organisme sain les mêmes réactions que la maladie.
Par exemple contre la fièvre, on emploiera un médicament qui pro-
voque la fièvre.
Tous les médicaments ont une « date de péremption » qui est la
date limite d’utilisation au-delà de laquelle le produit doit être jeté.
Cette date est portée en clair sur l’emballage.

LES GRANDES UTILISATIONS DES MÉDICAMENTS


Les médicaments peuvent être classés en quatre grands groupes
selon leurs effets :
6 PHARMACOLOGIE GÉNÉRALE

1. Les médicaments symptomatiques, les plus nombreux, guéris-


sent les symptômes (d’où leur nom) et non la maladie.
2. Les médicaments curatifs, malheureusement peu nombreux, gué-
rissent le malade en s’attaquant à la cause (ou étiologie) de la maladie.
Les antibiotiques et les sulfamides font partie de ce groupe.
3. Les médicaments préventifs protègent le sujet sain d’une maladie
(vaccins) ou modifient temporairement un processus physiologique
(contraceptifs oraux).
4. Les médicaments substitutifs remplacent un constituant physiolo-
gique de l’organisme qui fait défaut (vitamines, insuline, estrogènes...).

L’AUTOMÉDICATION
L’automédication correspond à une prise de médicaments sans pres-
cription médicale. C’est un comportement très fréquent, en particulier
chez les personnes âgées, pouvant être à la source d’effets indésira-
bles parfois sévères, d’interactions médicamenteuses, de phénomènes
d’accoutumance, toutes notions qui imposent au médecin, au pharma-
cien et à l’infirmière d’informer le malade de ces risques.
20 % environ des ventes de médicaments correspondent à des médica-
ments sans ordonnance. L’aspirine est de loin le principal médicament
d’automédication, suivi par les médicaments des voies respiratoires et
digestives, les laxatifs et pansements gastriques, les vitamines et sup-
pléments minéraux, les tranquillisants et les somnifères.
Pratiquée par 5 à 10 % des adolescents, elle dépasse 50 % chez les
personnes âgées ou dans certaines pathologies (maladies rhumatisma-
les par exemple). Par ailleurs, 20 à 50 % des enfants reçoivent des
médicaments à l’initiative de leur mère, surtout si le niveau socio-
économique de cette dernière est élevé.
Il est fondamental pour la santé publique d’éviter au maximum les
risques de l’automédication et de le faire comprendre au public. À
cet égard, tous les acteurs de la santé, en particulier les infirmières,
doivent se sentir concernés.

QUELQUES DONNÉES ÉCONOMIQUES


Les spécialités pharmaceutiques
Elles représentent près de 98 % des ventes dans les pharmacies. Il
en existe en France environ 9 000 dont moins de la moitié repré-
sentent 80 % du chiffre des ventes. Dans les hôpitaux de Paris,
Introduction aux médicaments, définitions et buts de la pharmacologie 7

20 médicaments représentent à eux seuls 33 % des dépenses totales


de médicaments.
L’achat de médicaments représente environ 2,8 % de la consomma-
tion totale des Français. La part des dépenses de pharmacie dans les
dépenses totales des caisses d’assurance maladie s’élève à environ
14 %, alors que celle des frais d’hospitalisation est de 58 %. Les
médicaments remboursés concernent 70 % des ventes.
Toutes les spécialités ne sont pas remboursées mais seulement celles
qui figurent sur des listes arrêtées par le ministère de la Santé. On
appelle « ticket modérateur » un pourcentage (0 à 60 %) du prix du
médicament non remboursé par la Sécurité sociale et pris directe-
ment en charge par les mutuelles. Le patient peut ne payer au phar-
macien que la différence.
La Sécurité sociale classe les médicaments en trois groupes selon
leur taux de remboursement, à condition qu’il y ait prescription
médicale :
• Remboursement à 100 % pour les spécialités pharmaceutiques
coûteuses et de première nécessité (liste limitative) ainsi qu’en cas de
« maladie longue et coûteuse » et d’accidents du travail.
• Remboursement à 35 % pour les spécialités pharmaceutiques des-
tinées au traitement de maladies sans caractère habituel de gravité.
• Remboursement à 65 % pour tous les autres médicaments.
• Les patients bénéficiant de l’aide médicale gratuite (AMG) et les
anciens combattants (article 115) ne paient pas les médicaments.

Les références médicales opposables ou RMO


Les références médicales opposables ou RMO ont un double but :
contrôler le contenu des ordonnances médicales et définir les soins
et prescriptions médicalement inutiles (guide de prescription).

LE CONDITIONNEMENT DES MÉDICAMENTS


Tous les médicaments ont une « date de péremption » qui est la date
limite d’utilisation au-delà de laquelle le produit doit être jeté. Cette
date est portée en clair sur l’emballage.
Le conditionnement est en verre (ampoules, flacons), en matières
plastiques, en aluminium (pommades), ou en complexe aluminium-
polyéthylène (conditionnement unitaire des comprimés et des sup-
positoires).
Il donne au médicament son aspect définitif que l’on trouve dans les
pharmacies et a pour but :
8 PHARMACOLOGIE GÉNÉRALE

– de rendre facile l’utilisation du médicament par le malade ;


– de porter un étiquetage conforme à la législation pour la sécurité
du malade ;
– d’être inerte vis-à-vis du médicament ;
– de protéger le médicament des chocs et de tous les facteurs possi-
bles d’altération : lumière, vapeur d’eau, souillures…

AUTO-ÉVALUATION
1. Quelles sont les règles de rédaction d’une ordonnance ?
2. Qu’est-ce que l’automédication ?
3. Qu’est-ce qu’un générique ?
4. Qu’appelle-t-on allopathie ?

Vous aimerez peut-être aussi