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I. GENERALITES
L’aspect quantitatif de la pharmacodynamie s’appelle la pharmacométrie.
La pharmacométrie regroupe l’ensemble des méthodes permettant de caractériser
(sur le plan quantitatif et qualitatif) l'activité pharmacologique d'un médicament.
Elle permet la mesure de 2 types de paramètres essentiels pour caractériser un ligand
en se fixant sur un récepteur membranaire :
- Les paramètres d’affinité caractérisent l’aptitude du ligand à se lier au récepteur
(liaison ligand-récepteur). On peut calculer l’affinité d’un agoniste ou d’un
antagoniste.
- Les paramètres fonctionnels caractérisent les conséquences fonctionnelles de la
liaison d’un ligand sur un récepteur. Ces paramètres ne se déterminent que pour
les agonistes.
Ces études font partie de la phase de développement préclinique d’un nouveau médicament.
- Elle est réversible : la liaison entre le ligand et son site spécifique se fait par des liaisons non-covalente. Le
ligand a la même structure avant et après fixation sur son récepteur.
- Elle est stéréospécifique : le plus souvent, quand le ligand est chiral l’un des 2 énantiomères du ligand a une
affinité pour le récepteur supérieure à l’autre. Exemple : la L-Adrénaline est environ 50 fois plus affine que la
D-Adrénaline pour les récepteurs adrénergiques.
Labo commercialisent le racémique, puis domaine publique donc sorti de l’énantiomère seulement.
La vitesse de fixation du ligand sur le récepteur dépend de son affinité qui est déterminée par des études de
liaison.
La durée de liaison d’un L à son R dépend de l’affinité du L pour ce R.
- Un ligand à faible affinité pour son récepteur reste fixé peu de temps à son R = association lente,
dissociation rapide
Pour occuper le maximum de récepteurs pendant un temps donné, un ligand de faible affinité doit donc être
présent à forte concentration (de l'ordre du nanomolaire (nM)). (les ligands se remplacent et gardent les récepteurs
occupés).
- Un ligand à forte affinité reste fixé longtemps à son R = association rapide, dissociation lente
Pour occuper le maximum de récepteurs pendant un certain temps, un ligand de forte affinité peut être présent à
faible concentration (de l'ordre du picomolaire (pM)).
En pharmacologie, on recherche en général des ligands de forte affinité afin de réduire la dose à administrer et
augmenter la durée d’action du médicament et donc réduire le nombre de prises quotidiennes. Economiquement
intéressant pour les laboratoire également.
B. Etudes de liaison
L’affinité d’un L pour un R est déterminée par des
études de liaison = études de « binding».
Elles sont le plus souvent réalisées in-vitro sur des
préparations subcellulaires (fragments
membranaires) ou sur des cultures de cellules riches
en un type de récepteur donné. Elles utilisent des
ligands radiomarqués (radioactifs), c’est cette
radioactivité qu’on va mesurer.
Pendant cette incubation, L* se lie de façon réversible au R selon un équilibre défini par l’équation suivante :
Cette réaction est caractérisée par sa constante de dissociation à l’équilibre appelée Kd.
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C. Demougeot ; Pharmacométrie
expérimentale (1er paramètre mesuré : Bmax). On a saturé tous les sites de liaison.
La courbe de saturation permet ensuite de déterminer le Kd, qui se définit comme la concentration en ligand
marqué qui occupe 50% des récepteurs de la préparation.
Exemple :
Kd1 : 10-11 mol/L
Kd2 : 10-8 mol/L
Le ligand n°1 occupe 50% des récepteurs, est 1 000 fois plus affin que le ligand n°2 pour le récepteur. Plus le Kd est
faible, plus l’affinité est importante.
Ce n’est pas la méthode la plus utilisée : tous les ligands ne peuvent pas être radiomarqués.
Les résultats sont représentés par une courbe de compétition, qui représente la radioactivité (le complexe *C-R)
en fonction de la concentration en ligand L (ligand inconnu). Cette courbe permet de déterminer la CI50, qui est la
concentration en ligand froid L qui inhibe 50% de la liaison du ligand marqué *C.
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On utilise en pratique, pour des raisons de lisibilité et de précision, une représentation semi-logarithmique. On
représente la radioactivité *C-R en fonction de –log de la concentration en ligand inconnu L. *C-R = f (-log[L]).
Cela a pour intérêt :
- D’avoir une hyperbole en sigmoïde. On a une partie
linéaire, qui permet d’extraire très précisément un
paramètre. On a 2 plateaux
! Remarques :
- Ces expériences de liaison ne permettent pas de savoir si le ligand L est agoniste ou antagoniste.
- Pour un même ligand L et pour un même récepteur, Kd = Ki.
Etudes fonctionnelles
Lors du développement d’un nouveau médicament, une fois
démontré que ce composé peut se lier à la cible d’intérêt
(notion d’affinité pour la cible), il va falloir quantifier ses
effets lors d’études fonctionnelles.
Selon le type d’études mise en œuvre, elles seront réalisées
• in vitro (culture de cellules) (concentration d’un
messager intracellulaire par exemple
• ex vivo (organes isolés dont on étudie la fonction
par exemple les vaisseaux, le cœur…)
• in vivo (animal entier, mesure de pression artérielle par ex)
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C. Demougeot ; Pharmacométrie
Paramètres fonctionnels : différentes réponses à un agoniste
•Réponses quantales
Elles sont régies par la loi du tout ou rien, et observées chez l’animal entier. Les animaux sont répartis en groupe
et chaque groupe est traité par une dose d’agoniste, la dose augmentant d’un groupe à l’autre. Ces réponses sont
quantifiées par la DE50 (Dose Efficace 50), qui se définit comme la dose qui permet d’observer un effet chez 50% des
animaux traités.
•Réponses graduelles
Les plus utilisées
1 système expérimental auquel on ajoute une dose/concentration
croissante de l’agoniste. Ex vivo, in vivo, in vitro etc
Ce sont des réponses qui augmentent progressivement en fonction
de la dose administrée à un même animal, ou de la concentration
d’agoniste ajoutée au système expérimental.
Ces réponses peuvent être mesurées in-vitro, le plus souvent sur des
cultures de cellules, ex-vivo (sur des organes isolés), ou in-vivo (mais
pas généralement, sur l’animal entier : par exemple : antihypertenseur).
Ces réponses sont quantifiées par la DE50 ou la CE50 (dose ou
concentration efficace 50, qui permet d’observer 50% de l’effet
maximal que l’on peut obtenir avec l’agoniste).
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C. Demougeot ; Pharmacométrie
Terminologie :
- Dose : quantité de substance administrée à un organisme,
généralement exprimée en g ou mg / kg de poids corporel.
- Concentration : quantité de substance dissoute dans un volume
donné (en mol/L, g/L).
- Dosage d’un médicament : définition quantitative des éléments
qui composent un médicament. C’est donc la composition du
médicament.
- Posologie : modalité de prise du médicament, cad la définition
des doses de médicaments et du rythme de prise pour un patient donné,
en fonction de son âge, son sexe, son état pathologique, et la durée du
ttt…
Exemple : paracétamol EFFERALGAN (500mg)
- Posologie : 1 comprimé 3 fois par jour pendant 7jours.
- Dosage : 500mg.
- Dose : 500 * 3 = 1, 5g par jour
Plus la CE50 est faible, plus l’activité est élevée. Plus le pD2 est élevée, plus l’activité est élevée. Activité =
potency
Emax permet de caractériser l’efficacité d’un agoniste.
A priori, on peut penser que l’effet pharmacologique d’un agoniste est proportionnel au nombre de R occupés.
Selon cette théorie (théorie d’occupation des R, début XXième siècle), les courbes effet-concentration (études
fonctionnelles) devraient être superposables aux courbes de saturation (étude de binding).
En d’autres termes : Emax = Bmax, et CE50 = Kd
Ce n’est généralement pas le cas.
Emax peut être obtenu sans que tous les R soient occupés (seulement 2 à 20% d’occupation pour certains effets in
vitro, R beta-adrénergique) = le plus souvent, la CE50 est inférieure au Kd.
Les R non impliqués dans l’effet maximum sont appelés R de réserve.
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B. Caractéristiques des antagonistes
1. Les différents types d’antagoniste
Un antagoniste est un ligand qui se fixe à un récepteur, qui n’induit pas de réponse cellulaire, mais qui empêche
la fixation de l’agoniste endogène.
L’étude des antagonistes ne peut pas se faire en réalisant les courbes effet-concentration de l’antagoniste
lui-même, puisqu’il n’a pas d’effet propre. Un antagoniste n’a ni activité, ni efficacité. Les études nécessiteront donc
d’étudier les courbes effet-concentration d’un agoniste connu du récepteur en présence de l’antagoniste du même
récepteur que l’on veut étudier.
L’antagoniste va diminuer les effets de l’agoniste.
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M sera considéré sélectif de R1 par rapport à R2 si le rapport de sélectivité > 100.
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𝐴𝑓𝑓𝑖𝑛𝑖𝑡é 𝑑𝑒 𝑀 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑅1 𝐾𝑑1 𝐾𝑑2 𝐾𝑖2 𝐶𝐼502
Rapport de sélectivité = 𝐴𝑓𝑓𝑖𝑛𝑖𝑡é 𝑑𝑒 𝑀 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑅2
= 1 = 𝐾𝑑1
= 𝐾𝑖1 = 𝐶𝐼501
𝐾𝑑2
Exemple : antipsychotique (la plus fréquente est la schizophrénie). Recherche des médicaments qui vont avoir une
affinité et une réceptivité pour la dopamine (antagoniste R D2 de la dopamine), mais aussi des antagonistes aux R
SHT2 de la sérotonine. On veut que l’antagoniste soit sélectif des R D2 de la dopamine.
Quand on sélectionne un nouveau candidat médicament : on recherche des médicaments à index thérapeutique
élevé = risque toxique est faible. Rapport bénéfice risque le plus favorable.
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2. Etudes cliniques (sur l’Homme) EI / toxicité
𝐷𝑜𝑠𝑒 𝑒𝑓𝑓𝑖𝑐𝑎𝑐𝑒
L’IT se définit de la manière inverse : IT = 𝐷𝑜𝑠𝑒 𝑒𝑛𝑡𝑟𝑎𝑖𝑛𝑎𝑛𝑡 𝑑𝑒𝑠 𝑒𝑓𝑓𝑒𝑡𝑠 𝑖𝑛𝑑é𝑠𝑖𝑟𝑎𝑏𝑙𝑒𝑠
Effets thérapeutiques
Marge
Inefficace Thérapeutique
Plus l’index thérapeutique est proche de 0, plus il est favorable.
Chez l’Homme, on parle plutôt de marge thérapeutique : c’est la différence entre la dose entrainant des effets
indésirables ou toxiques et la dose minimale efficace (effets thérapeutiques).
La Food and Drug Administration (FDA) (agence du médicament américaine) définit un médicament à index
thérapeutique étroit par :
• la nécessité d’un suivi thérapeutique (doser les taux sanguin du médicament pour qu’il se situe dans la bonne
marge thérapeutique) pour une utilisation sûre et efficace du médicament = suivi des taux sanguins du médicament
C. Prévision des interactions médicamenteuses d’ordre pharmacodynamique
Des interactions médicamenteuses surviendront :
- En cas d’association d’un agoniste d’un récepteur avec un antagoniste du même récepteur (même cible
pharmacologique). Dans ce cas, l’un diminue l’effet pharmacologique de l’autre (ou activateur et inhibiteur
d’une autre cible moléculaire) en suivant leur affinité respective.
- En cas d’association de 2 agonistes du même récepteur, ayant des affinités différentes pour ce récepteur.
Dans ce cas, l’agoniste qui a la plus forte affinité pour le récepteur, déplacera l’agoniste avec la plus faible
affinité.
- Règle : ne pas associer 2 médicaments qui partagent la même cible
- Il n’y a pas d’intérêt à associer sur une même ordonnance des médicaments qui partagent la même cible :
risque de compétition et pas forcément de synergie (1+1 ne sera pas forcément égal à 2)
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D. Si un médicament n’est plus suffisamment efficace sur une pathologie
- M1 : dose 1
- Pas assez efficace
- Augmentation de la dose tant que la tolérance est bonne
- Pas assez efficace / effets indésirables
- Changer le médicament : changer de mécanisme d’action
- M2 : autre mécanisme d’action
- Ou alors : garde le 1er médicament, avec une dose d’une certaine
efficacité, mais on associe un autre médicament M2 dont le
mécanisme d’action est complémentaire et synergique
V. CONCLUSION
L’utilisation d’un médicament nécessite d’avoir déterminé au préalable ses caractéristiques pharmacodynamiques :
un intérêt pour la sécurité du patient, et une nécessité réglementaire 🡪 la détermination de ces paramètres fait
partie du dossier d’AMM du médicament (Autorisation de Mise sur le Marché)
Cependant, il ne faut pas oublier qu’avant d’atteindre sa cible, le médicament devra être administré par une voie
d’administration pertinente et qu’il sera absorbé, distribué, métabolisé et éliminé de l’organisme selon des
caractéristiques qui dépendent du médicament lui-même et qui dépendent du patient
🡪 Caractéristiques pharmacocinétiques
Exercice
Soit une cellule musculaire lisse, qui porte :
- R1 couplé à RCPGs
- R2 couplé à RCPGi
1. Quels mécanismes d’actions peuvent être utilisés pour relaxer cette cellule ?
Il faut augmenter le taux d’AMPc, et activer adénylate cyclase.
- Donner un agoniste de R1.
- Donner un antagoniste de R2.
- Utiliser un inhibiteur phosphodiestérase (PDE), qui dégrade l’AMPc en AMP5’.
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- Agoniste R1 + agoniste R2 : non, on a affaire à des mécanismes d’action opposés du même effecteur.
- Agoniste R1 + antagoniste R2 : oui, cibles différentes, effets complémentaires.
- 2 agonistes de R1 : non, ce n’est pas judicieux, même rôle, même cible, même mécanisme d’action →
compétition entre les 2 médicaments au niveau de la cible
- Agoniste de R1 + inhibiteur PDE : oui
- Antago R2 et inhibiteur PDE : oui
- Agoniste de R1 + antagoniste de R3 (qui serait un RCPGq) : l’antagoniste R3 empêche le relâchement de Ca2+
et favorise donc la relaxation, tout comme l’agoniste de R1.
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