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I. GENERALITES
Dans l’organisme, l’effet d’un médicament (ou ligand -> latin
ligandumn = qui doit se lier) nécessite sa fixation (on parle de
liaison) à une macromolécule (qui est la cible moléculaire), le plus
souvent de nature protéique.
Les cibles sont :
- Des récepteurs membranaires
- Des récepteurs intracellulaires
- Enzymes intra/extracellulaires
- Transporteurs, pompes et canaux ioniques
Les cibles des médicaments sont le plus souvent des protéines synthétisées par les cellules de notre organisme.
Sauf : pour certains médicaments, les cibles ne sont pas des protéines humaines mais des protéines d’un agent
pathogène (parois d’une bactérie, enzymes du virus etc, donc pas de cible de c humaines)
Médicaments anti-infectieux : médicaments qui empêchent la multiplication ou la survie :
- Des bactéries 🡪 antibiotiques
- Des virus 🡪 antiviral
- Des champignons 🡪 antifongiques
- Ou des parasites 🡪 antiparasitaire
Cas particulier : certains médicaments n’agissent pas sur une cible protéique mais via une modification
physico-chimique d’un milieu de l’organisme.
Exemples :
● Antiacide (médicament le Malox : utilisé en cas d’ulcère de l’estomac, gastrique/duodénal : excès de
production d’acide chloridrique HCl dans l’estomac). Ce médicament par un phénomène physico chimique va
augmenter le pH gastrique (à 3 ou 4) dans le liquide gastrique : effet tampon par contact
● Chélateurs d’ions capturent, en cas d’intoxication par un métal, excès d’ions (intoxication au plomb,
hypercalcémie etc pas de cible moléculaire).
Délai d’action :
Le temps qui s’écoule entre la fixation du médicament sur sa cible et la
réponse de l’organisme est variable.
L’effet peut être :
● Immédiat (de quelques millisecondes à quelques minutes)
modification de la réponse cellulaire quasi instantanée
● Retardé (une ou plusieurs heures, voire plusieurs jours). Dans
le cas des effets retardés, une modification de la transcription
génique est impliquée.
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C. Demougeot ; Cibles et mécanismes d’action des médicaments
Un même médicament peut avoir les 2 types d’effets : il peut agir sur des cibles différentes induisant chacune une
réponse (lente ou rapide) ou sur une seule cible qui peut induire une réponse rapide et une réponse lente
- Hormones : assurent la régulation endocrine de l’organisme (libérée dans le sang à distance de son lieu
de synthèse et de sécrétion), synthétisé par les cellules endocrines
- Autacoïde = les hormones locales : médiateur synthétisé par tous types de cellules dont l’action est
locale, de courte durée, peu de régulation contrairement aux H. Il assure la régulation paracrine (libéré
par une cellule, agit sur une cellule voisine) et aussi la régulation autocrine (libéré par une cellule, agit sur
la même cellule qui l’a libéré).
Exemples d’autacoïde : monoxyde d’azote (NO), prostaglandine.
Antagoniste et agoniste : spécifique d’un récepteur, pas utilisé pour des enzymes.
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C. Demougeot ; Cibles et mécanismes d’action des médicaments
C. Récepteurs membranaires
1. Généralités
Ce sont des glycoprotéines transmembranaires, insérés dans la membrane plasmique. Ces récepteurs fixent des
ligands sur un site bien précis de leur face extracellulaire. Ce type de récepteur peut être activé tant par des ligands
hydrosolubles (=hydrophile) que liposolubles (peuvent passer les membranes, donc peuvent se fixer sur R IC et EC).
Donc un grand nombre de ligands peuvent se fixer aux R mbr
a) Récepteur
C’est une glycoprotéine transmembranaire comportant une chaine de
plusieurs centaines d’acides aminés organisés en 7 segments (=domaines =
hélice) transmembranaires qui définissent un puit étroit et profond
(environ 20 A°), au fond duquel se trouve une poche hydrophobe contenant
les acides aminés impliqués dans la fixation des ligands. Interaction non
covalente.
Les 7 segments ou hélices sont reliés entre eux par des boucles
polypeptidiques. L’extrémité COOH (C terminale) est intracellulaire et
contient des sites de phosphorylation par des protéines kinases (impliqué dans la désensibilisation).
La boucle cytoplasmique reliant le segment 5 au segment 6 est impliquée dans le couplage du récepteur à la
protéine G et contient également de nb sites de phosphorylations.
Le récepteur β-2 est un des récepteurs à l’adrénaline. Adrénaline, petite molécule,
s’insère dans une zone particulière et est donc agoniste au R, elle réalise une liaison avec
certain AA du R.
Les segments transmembranaires définissent un puits étroit et profond au fond
duquel se trouvent une poche contenant les acides-aminés impliqués dans la fixation des
ligands.
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b) Protéines G trimériques de transduction
Localisées à la face cytosolique de la membrane, elles assurent la
transduction du signal, c’est-à-dire l’activation d’un effecteur en
réponse à la fixation d’un agoniste.
Première composante d’une cascade d’amplification cellulaire d’un
signal, car elles sont à l’interface entre un ligand extracellulaire
(agoniste endogène ou exogène) et un effecteur intracellulaire
(enzyme, canal ionique) dont l’activation va produire des messagers
intracellulaires.
Le mécanisme d’amplification (particulier des RCPG) :
1 agoniste = active 1R = qui active plusieurs protéines G = qui
activent chacune plusieurs effecteurs
⮚ Structure
Ce sont des hétérotrimères composées de 3 sous unités nommées α, β
et γ :
● Les sous-unités β et γ (ou dimère βγ) sont identiques d’une
protéine G à l’autre. Ce dimère participe principalement à
l’ancrage de la protéine G à la membrane plasmique.
● La sous-unité α détermine la spécificité de la protéine G
pour l’effecteur.
Il ne faut pas confondre les protéines G trimériques avec les petites
protéines G monomériques, qui constituent la super famille des
protéines Ras : elles ont des fonctions différentes.
Exemple :
Noradrénaline (neuromédiateurs) ou adrénaline (hormone), médiateurs endogènes également utilisés comme
médicaments d’urgence (souvent cardiovasculaire), sont agonistes des R (adrénergique ou noradrénergique) :
- alpha 1 : couplés à Gq
- alpha 2 : couplés à Gi
- Bêta 1 et 2 : couplés à Gs
Pour connaître l’effet de ces médicaments sur un organe donné, il suffira de connaître quel type de R est
prédominant.
Au niveau des vaisseaux sanguins, les R alpha 1 sont majoritaires donc c’est la protéine Gq qui sera activé, mais au
niveau du cœur ce sont les R Beta 1 donc ce sera une protéine Gs qui sera activée.
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C. Demougeot ; Cibles et mécanismes d’action des médicaments
⮚ Fonctionnement des protéines G trimériques
PG : activité GTPase intrinsèque
Il repose sur un cycle fonctionnel important :
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C. Demougeot ; Cibles et mécanismes d’action des médicaments
Dans ce dernier cas, les effets sont dus à la
phosphorylation d’un facteur de transcription AMPc
dépendant qui est le facteur CREB : (cAMP Responsive
Element Binding Protein).
La dégradation de l’AMPc en AMP5’ est assurée par des phosphodiestérases (PDE), des nucléotides cycliques.
⮚ Phospholipase C = PLC β
Le DAG reste associé à la membrane et active la protéine kinase C (PKC) selon un processus dépendant du
calcium. L’augmentation du taux de calcium cytosolique permet de faire migrer la PKC du cytosol vers la membrane
plasmique. Lorsque celle-ci est activée, elle peut phosphoryler un tas de protéines et de substrats.
IP3 et DAG agissent donc de concert
Exemple : le canal potassique dont l’ouverture est induite par la protéine Gi couplée au récepteur M2 (récepteur
muscarinique à l’acétylcholine) sur les cellules du nœud sinusal et du nœud auriculo-ventriculaire (tissu nodal), au
niveau des oreillettes cardiaques.
Acétylcholine : neuromédiateur liberé par le SNA parasympathique (autonome ou végétatif)
Noradrénaline : NM du SNA sympathique
Tissu nodal permet la dépolarisation spontanée et donc le fait que le cœur batte tout seul.
Nœud sinusal = pace maker cardiaque, sa dépolarisation conditionne la vitesse (environ 70 bpm/min chez l’homme
adulte)
Noeud auriculo ventriculaire : permet la conduction de la dépolarisation entre les oreillettes et les ventricules.
Les RM2 = RCPGi (récepteurs muscariniques) cardiaques sont présents au niveau du T nodal : nœud sinusal et nœud
auriculo-ventriculaire. La fixation de l’ach permet l’ouverture du canal K+ donc sortie de K+, hyperpolarisation de la
mb, baisse de l’excitabilité, besoin d’une intensité supraliminaire pour être excitée donc freine le cœur. Besoin d’un
tonus parasympathique cardiaque qui freine notre cœur tout le temps. Nous sommes en bradycardie.
Nœud sinusal = pacemaker impose le rythme cardiaque.
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C. Demougeot ; Cibles et mécanismes d’action des médicaments
Les protéines G représentent la première composante d’une cascade d’amplification cellulaire d’un signal car elles
sont à l’interface entre un ligand extracellulaire et un effecteur intracellulaire dont l’activation va produire des
messagers intracellulaires.
Un récepteur va activer plusieurs protéines G. Une protéine G va activer plusieurs effecteurs. Chaque adénylate
cyclase va transformer plusieurs ATP en AMPc etc.
A partir d’un signal unique 🡪 cascade d’amplification du message.
3% de notre génome code des RCPG
L’activation de ce récepteur conduit à la transformation du GTP en GMPc, par son activité guanylate cyclase.
Augmentation du GMPc, qui active la PKG, qui phosphoryle des protéines substrats et active des PDE qui dégradent
le GMPc en GMP5’ pour arrêter le signal.
⮚ Le récepteur à l’insuline
C’est un récepteur tétramérique constitué de 2 chaines α extracellulaires reliées par des
ponts disulfures à 2 chaines β transmembranaires portant activité enzymatique TK.
Le domaine extracellulaire porte le site de liaison de l’agoniste et le domaine
intracellulaire porte un domaine à activité tyrosine kinase (capacité à phosphoryler un
hydroxyle d’une tyrosine). Besoin d’ATP
Le domaine intracellulaire porte également des résidus tyrosine susceptibles
d’autophosphorylation.
⮚ Les récepteurs aux facteurs de
croissance
Les récepteurs aux facteurs de
croissance sont monomériques et portent sur la
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C. Demougeot ; Cibles et mécanismes d’action des médicaments
face intracellulaire un domaine à activité tyrosine kinase ou sérine-thréonine kinase. Ce domaine porte également
des sites d’autophosphorylation.
L’activation de ce type de récepteur par un agoniste conduit :
- À une dimérisation du récepteur (s’associe à un autre récepteur monomérique de la membrane)
- À l’autophosphorylation du récepteur (P° mutuelle)
- À l’activation de l’activité kinase du dimère
Interruption du signal :
- Dissociation de l’agoniste du récepteur interrompt son activité kinase.
- Les phosphorylations induites par l’activation du récepteur sont levées par des protéines phosphatases 🡪
déphosphorylation.
- Inhibant le R en administrant un
▪ Antagoniste du R
● D’origine chimique, de synthèse
● D’origine immunologique : anticorps
anti-récepteur qui empêchent la fixation de l’agoniste
▪ Composé qui forme un complexe avec
l’agoniste physiologique/endogène du récepteur
empêchant ainsi sa liaison au récepteur (origine
immunologique, anticorps, ou origine chimique)
● Anticorps anti agoniste : exp anti TNF
alpha (maladie rhumatologique)
▪ Inhibiteurs de l’activité kinase du R (entrée
dans la cellule nécessaire, passage de la mb), l° sur le site
de l° ATP
La DCI = Dénomination Commune Internationale. Nom scientifique international attribué par l’OMS à chaque
préparation pharmaceutique. La DCI est un terme commun à tous les pays dans le monde. En général différent du
nom chimique et du nom de spécialité/fantaisie du médicament
Par exemple : paracétamol (DCI du médicament) 🡪 Efferalgan, Dafalgan, doliprane (nom de spécialité/marque), +
nom chimique.
- Le récepteur à l’insuline (seule H hypoglycémiante de l’organisme produite par les cellules β des ilots de
Langerhans du pancréas).
Seul traitement du diabète de type 1 : diabète insulinodépendant, qui est une maladie caractérisée par la
destruction totale auto-immune de cellules β de Langerhans. Carence totale en insuline physiologique.
Traitement par hormonothérapie substitutive : on injecte pluri quotidiennement de l’insuline humaine
recombinante ou des analogues de l’insuline, agonistes du récepteur afin d’activer ce dernier. C’est le seul
traitement et il est vital.
- Anticorps anti-R à l’interleukine 6 (IL-6)
L’IL-6 est une cytokine pro-inflammatoire.
Elle est produite en grande quantité dans une maladie inflammatoire chronique rhumatismale, la
polyarthrite rhumatoïde.
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C. Demougeot ; Cibles et mécanismes d’action des médicaments
Tocilizumab (DCI) ROACTEMRA (fantaisie) est un Anticorps anti-R à l’IL-6 : c’est un antagoniste du R à l’IL-6
qui va empêcher l’IL-6 produite en quantités anormalement élevées d’exercer ses effets délétères sur les
articulations.
- Inhibiteur d’activité tyrosine kinase
Les leucémies myéloïdes chroniques (LMC) sont un type de leucémies caractérisé par la présence d’un
chromosome anormal (Philadelphie) qui comporte un gène anormal qui code une protéine de fusion bcr-abl
qui possède une activité tyrosine kinase permanente à l’origine d’une prolifération pathologique des
globules blancs.
Imatininib (DCI) GLIVEC est un inhibiteur d’activité tyrosine kinase, traitement de première intention de la
LMC à chromosome Philadelphie.
Exemple 1 : récepteur nicotinique à l’acétylcholine (Ach) à 5ssu qui laisse passer Na+
On le trouve :
- Dans le système nerveux central
- Au niveau des ganglions du système nerveux autonome (végétatif)
- Au niveau des systèmes nerveux sympathique (libération ach activant la lib de
noradrénaline par le N post synaptique, effecteurs : CML, c sécrétrices, cœur) et
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C. Demougeot ; Cibles et mécanismes d’action des médicaments
parasympathique (N post ganglionnaire cholinergique, lib ach agissant sur les mêmes effecteurs)
- Au niveau de la plaque motrice = jonction neuromusculaire (motoneurone et CMSS) située sur les muscles
striés squelettiques
Ach 🡪 RN 🡪 contraction musculaire
Les antagonistes du récepteur nicotinique : curare. Ce sont des médicaments utilisés en chirurgie et en anesthésie
réanimation, pour entrainer une paralysie musculaire, plus de contraction/fasciculation des MSS = mettre au repos
les muscles respiratoire avant incision ou avant intubation trachéale afin de le mettre sous respiration artificielle. Ils
paralysent les muscles striés.
Ils peuvent aussi servir d’agoniste du R (nicotine NICORETTE, varénicline CHAMPIX) puisqu’ils aident aussi au sevrage
tabagique.
Rq : certains R-canaux perméables au calcium ne sont pas localisés sur la membrane plasmique mais sur la
membrane du réticulum sarcoplasmique : R à l’IP3 et RYR (ou par ex le R à la ryanodine).
1. Généralités
Les récepteurs intracellulaires constituent une superfamille de protéines qui se lient à l’ADN afin de réprimer ou
d’augmenter la transcription de gènes en ARNm. Les récepteurs intracellulaires sont donc des facteurs de
transcription activés par la liaison d’un agoniste.
Ces récepteurs peuvent avoir 2 localisations intracellulaires :
- Dans le noyau de la cellule : dans ce cas, l’agoniste pénètre dans le noyau et se fixe directement au récepteur,
le complexe ligand-récepteur se liant ensuite à l’ADN (R nucléaire)
Compte tenu de leur localisation intracellulaire, ces récepteurs sont forcément activés par des ligands lipophiles,
c’est-à-dire capables de traverser passivement la membrane plasmique.
3. La structure générale
Ils possèdent tous une structure de base commune avec un domaine C de liaison à l’ADN, qui interagit avec l’ADN
au niveau d’une séquence nommée HRE (Hormone Response Element).
Ils possèdent un domaine E de liaison du ligand, qui participe à la dimérisation du récepteur et qui possède un
motif de transactivation AF2.
Des antagonistes : sa liaison au R intracellulaire induit la formation d’un complexe médicament-R qui ne peut pas se
fixer sur l’ADN.
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C. Demougeot ; Cibles et mécanismes d’action des médicaments
- Spironolactone ALDACTONE : antagoniste du R MR de l’aldostérone (médicament utilisé comme diurétique)
- Tamoxifène : antagoniste du R ER (aux estrogènes) qui est utilisé dans les cancers du sein
estrogéno-dépendants.
Les effets des agonistes ou antagonistes de ces récepteurs sont des effets retardés car ces médicaments modifient
la transcription de gènes, puis soit ils augmentent la synthèse de protéines et/ou ils diminuent la synthèse de
protéines.
Dans ce dernier cas, les effets se manifestent quand les protéines déjà synthétisées sont dégradées. De plus,
l’effet de ces médicaments peut persister après l’arrêt du traitement (délai vraiment long).
Délai d’action des médicaments agissant sur des récepteurs intracellulaires :
Les effets des agonistes ou des antagonistes de ces récepteurs sont des effets retardés.
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C. Demougeot ; Cibles et mécanismes d’action des médicaments
Dans certaines conditions pathologiques, il existe une hypersécrétion d’aldostérone (aldostéronisme).
Il y a une expression accrue des récepteurs : il y a augmentation de la
perméabilité au sodium. Augmentation de la réabsorption de Na, rétention
hydrosodée.
Quand il y a absorption de sodium, il y a absorption d’eau : on aboutit à
une rétention hydrosodée.
A. Généralités
Les membranes cellulaires sont imperméables aux molécules hydrophiles (par ex. comme les ions) et aux
molécules polaires (les acides aminés, le glucose…). Le passage d’un ion ou d’un soluté de part et d’autre d’une
membrane met en jeu des protéines
transmembranaires de trois types :
Le transport peut être net de charge = électro neutre (pas de modification de charge) ou alors électrogène = qui
induit une modification du potentiel membranaire. Exemple : canal sodium/calcium : 3Na+ qui entre et 1Ca++ qui
sort donc transport électrogène.
La plupart des canaux, pompes et transporteurs sont localisés sur la MP, mais il en existe aussi sur la membrane
des organites intracellulaire (RE, RS, vésicules synaptiques)
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C. Demougeot ; Cibles et mécanismes d’action des médicaments
1. Na+/K+ ATPase
Elle est localisée dans la membrane plasmique de toutes les
cellules animales et elle couple l’hydrolyse de l’ATP à un transport
électrogène de K+ et de Na+.
Elle est essentiellement activée par une augmentation du taux de
sodium intracellulaire ou une augmentation du taux de K+
extracellulaire. Sortie de 3Na+ entrée de 2K+
Comment retenir ?
- Le Sodium Sort :)
Les médicaments qui inhibent cette pompe, les IPP (Inhibiteur de la Pompe à Protons (font parties des
médicaments les + prescrits)) sont utilisés comme antiulcéreux car ils diminuent la production d’HCl dans la lumière
gastrique. Ils font partie de la classe thérapeutique des antisécrétoires gastrique.
Leur DCI se termine par « -prazole ».
Ils sont utilisés comme antiulcéreux : l’ulcère gastro-duodénal est une maladie définie par une perte de substance
de la paroi de l’estomac ou du duodénum, due à un déséquilibre entre les facteurs protecteurs (sécrétion de mucus
et de bicarbonate) et les facteurs d'agression (sécrétion d’acide chlorhydrique) de la paroi.
Ulcère gastroduodénal est une maladie caractérisée par une perte de muqueuse de la paroi de l’estomac ou du
duodénum qui résulte d’un déséquilibre entre les facteurs protecteurs de la muqueuse gastrique (mucus
bicarbonaté) et des facteurs d’agression (sécrétion d’acide chlorhydrique HCl). Pompe modulée par les R à
l’histamine qui peut activer des R H2, RCPGs de l’AC : augmentation AMPc phosphoryle pompe à proton et stimule
son activité. L’histamine vient des ECL : elles reçoivent l’ach du S parasympathique, active le RCPGq = RM1…
Libération d’histamine
La pompe à protons est activée quand elle est phosphorylée (par la PKA).
notre estomac est probablement le milieu le plus acide de notre organisme puisqu’à jeun, le pH est d’environ 1 ou
2 parce que nous produisons de l’HCl et la pompe libère 2 protons en échange de 2K+. Puis il y a combinaison des
protons avec du chlore pour former l’acide chlorhydrique.
(apprendre le schéma)
Les médicaments antiulcéreux sont des :
- Inhibiteurs de la pompe à protons, IPP : Esoméprazole, pantoprazole. « -prazole »
- Antagonistes des R-H2 : Ranitidine, Famotidine. Diminution de production d’HCl. « -tidine »
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C. Demougeot ; Cibles et mécanismes d’action des médicaments
Antagoniste pour les récepteurs M1 a été utilisé, mais moins efficace que les IPP et les antagonistes H2 et
récepteurs muscariniques dans d’autres endroits 🡪 beaucoup d’effet indésirables.
C. Les transporteurs
Ils ne possèdent pas d’activité ATPasique. Ils puisent l’énergie nécessaire à leur fonctionnement dans le flux d’ions
qui entrent ou sortent des cellules selon leur gradient de concentration.
1. Echangeur Na+/Ca2+
C’est un anticorps présent sur la membrane plasmique de toutes les cellules excitables. Il est particulièrement
actif dans les cellules excitables (notamment les cellules cardiaques et neuronales). Dans les conditions
physiologiques, il assure l’entrée de 3 Na+ contre la sortie d’un Ca2+ : c’est un antiport électrogénique (excès de 2
charges + à l’intérieur de la c)
Il fonctionne en synergie avec la Na+/K+ ATPase et les Ca2+ ATPase. Son activité est inversée après la prise de
digoxine
2. Co-transporteur Na+/K+/Cl-
C’est un transporteur localisé au niveau de l’épithélium
des tubules rénaux, où il joue un rôle dans les transports
transépithéliaux. Il s’agit d’un symport qui assure la
réabsorption par le tubule rénal de 2Cl-, un Na+ et un K+.
- Les canaux peuvent aussi répondre à une stimulation chimique : dans ce cas, le stimulus peut être soit un
neuromédiateur (cf. les récepteurs canaux de la membrane plasmique), un second messager (par exemple
IP3 🡪 RIP3 du RE/RS) ou encore ATP, qui peut se fixer directement sur un canal et modifier sa cinétique de
fonctionnement (ex. : canal potassique ATP dépendant).
- Autre type de canal ionique : canaux sous la dépendance d’une protéine G. Ils sont les effecteurs mis en jeu
lors de la liaison d’un agoniste à un RCPG (RM2 à l’ach cardiaque couplé à un canal K+)
c) Canaux K+ voltage-dépendants
Ils sont impliqués dans la phase de repolarisation du potentiel d’action. Les médicaments inhibiteurs de ces
canaux sont utilisés comme antiarythmiques (indications cardiovasculaires).
Exemple : amiodarone 🡪 CORDARONE
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C. Demougeot ; Cibles et mécanismes d’action des médicaments
2. Les canaux potassiques ATP dépendants
Ils ont été initialement caractérisés au niveau des
cellules β des ilots de Langerhans du pancréas. Ces canaux
sont des hétéro-octamères, constitués de 4 sous-unités
KIR, qui forment le pore du canal et 4 sous-unités SUR
(Sulfonyl Urea Receptor), qui portent le site de fixation de
l’ATP et des médicaments (les sulfonyles urée) activateurs
ou inhibiteurs de ce canal.
A. Généralités
Les enzymes sont des protéines douées d’activité catalytique, c’est-à-dire qu’elles transforment un substrat en
différents produits de réaction. Le substrat est reconnu par un nombre limité d’acides aminés de l’enzyme, qui
constitue le site actif ou site catalytique de l’enzyme. Les enzymes sont la cible de très nombreux médicaments
(environ 25% des médicaments actuels).
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C. Demougeot ; Cibles et mécanismes d’action des médicaments
Coenzymes (molécules organiques, le plus souvent des vitamines) ou des ions
Exemple : Mg2+ 🡪 cofacteur de + de 200 enzymes : troubles du rythme cardiaque, traitement antiarythmique
Vitamine B9 (acide folique) 🡪 coenzyme pour la synthèse des bases puriques. Médicament de référence, administré
pour prévenir les anomalies embryonnaires de fermeture du tube neural.
1. Généralités
Un inhibiteur enzymatique est un médicament qui se fixe à une enzyme et
diminue son activité avec plusieurs conséquences.
⮚ Inhibition de catabolisme de molécules endogènes (substrat) dont le déficit contribue à une pathologie
Exemples :
- Alzheimer : déficit en acétylcholine (au niveau du SNC),
neurodégénérative = dégénérescence des N
cholinergiques de l’hippocampe
- Ex : maladie de Parkinson = déficit cérébral en dopamine
= on administre un inhibiteur de la Monoamine Oxydase
de type B, enzyme qui dégrade la dopamine
(Ex : sélégiline DEPRENYL)
🡪 Médicament qui inhibe acétylcholinestérase, qui est l’enzyme
de dégradation de l’acétylcholine (donépésil ARICEPT) on vise à
renforcer la transmission cholinergique
⮚ Inhibition d’enzymes présentes sélectivement chez des agents infectieux, uniquement exprimées par des c des
agents pathogènes. Le médicament est sans effet sur les enzymes de notre organisme
Avantage :
L’effet du médicament est facilement réversible. En effet, si on augmente la quantité de substrat, on déplace
l’inhibiteur de l’enzyme et on retrouve l’effet du substrat endogène. Permet de réverser l’inhibiteur enzymatique,
permet de limiter la toxicité (en augmentant la qt en substrat) et les EI de ces inhibiteurs. Dépend de la quantité et
de l’affinité de l’effecteur par rapport au substrat
Inconvénient :
La concentration en inhibiteur doit être très stable au niveau de l’enzyme, en raison de la compétition avec le
substrat endogène. Ces médicaments vont devoir s’administrer avec des administrations répétées ou avec des formes
galéniques adaptées. Et suivi du traitement important.
Le plus fréquent parmi les inhibiteurs compétitifs.
Avantage :
Les effets de ces inhibiteurs sont insensibles à une augmentation de la concentration au substrat.
Inconvénient :
L’inhibiteur est quasiment sans effet en cas de faible concentration en substrat.
Inutilisable dans le cas où on veut traiter le déficit du S.
Aujourd’hui, ce type d’inhibiteur est très peu fréquent en pharmacologie.
Avantage :
Ils sont efficaces, quelle que soit la concentration en substrat. Ils sont très sélectifs de l’enzyme cible, car les sites
allostériques sont très différents d’une enzyme à l’autre.
Inconvénient :
Leur développement nécessite d’avoir identifié la structure des sites allostériques d’une enzyme, sites qui sont
parfois nombreux.
Ce type de médicament est peu fréquent, mais fait l’objet de très nombreuses recherches. Car plus on est sélectif de
l’enzyme moins on risque d’entrainer des effets indésirable en inhibant d’autres enzymes qu’on voudrait pas inhiber.
Intérêt : Ces inhibiteurs, sont très sélectifs d’une enzyme donnée, car ils doivent avoir une affinité par le site
catalytique et doivent être transformés. Ce sont des inhibiteurs qui sont faiblement générateur d’effets indésirables.
! Remarques :
● L’inhibition observée avec un inhibiteur irréversible est durable, (15jours à 3 semaines environ) puisqu’elle ne
sera levée qu’après synthèse de novo d’une enzyme. L’effet de l’inhibiteur persiste après l’arrêt du traitement
(aspirine 8-10jrs avant que l’effet s’arrête)
(Ex 15 jours-3 sem avec la sélégiline).
● La durée d’action de ce type d’inhibiteur dépend donc uniquement de la durée de vie de l’enzyme (pas du
niveau plasmatique).
● L’action du médicament se poursuit, même après l’arrêt de la prise de celui-ci. Ceci est à prendre en compte
en cas d’interaction médicamenteuse. Il faudra un délai entre l’arrêt du médicament inhibiteur et la prise du
médicament qui interfère avec celui-ci.
● Ex : il faut attendre 15 jours entre l’arrêt du traitement par Sélégiline (IMAO B)(inhibiteur de la moamine
oxydase) et le début d’un traitement par venlafaxine (inh de SERT et NET) (antidépresseur, inhibiteur de la
recapture) pour éviter un excès de monoamines cérébrales
● Il faut respecter un délai de 15 jours entre l’arrêt de DEPRENYL et le début d’un traitement d’antidépresseur
(IRSS) → sinon le patient va avoir un excès de sérotonine.
Aspirine : acide acétylsalicylique. C’est un inhibiteur irréversible qui agit comme marqueur d’affinité. Il inhibe de
façon irréversibles les cyclo-oxygénases, qui sont des enzymes impliquées dans la synthèse des prostaglandines et
des thromboxanes (médiateur à action autocrine et paracrine = autacoïde), qui jouent un rôle dans la douleur, la
fièvre, l’inflammation (prostaglandines), et l’agrégation plaquettaire (contrôle de l’hémostase : thromboxane A2).
Cela explique pourquoi l’aspirine est utilisée comme antalgique (contre la douleur), antipyrétique (combat la
fièvre), anti-inflammatoire, et antiagrégant plaquettaire (fluidifie le sang).
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C. Demougeot ; Cibles et mécanismes d’action des médicaments
Le caractère irréversible de l’inhibition des COX explique son effet antiagrégant plaquettaire puissant, effet que ne
possèdent pas les inhibiteurs réversibles des COX.
Autre conséquence : en cas d’intervention chirurgicale hémorragique, l’aspirine devra être arrêtée 8 jours avant
l’opération car l’effet antiagrégant plaquettaire persiste après arrêt du traitement pendant la durée de vie des
plaquettes (qui est d’environ 8 jours).
o Doit connaître le mécanisme d’action du médicament, c’est-à-dire quelle cible, quelle interaction avec la
cible. Médicament inhibiteur de quelque chose : la cible est une enzyme, un canal ionique, une ATPase ou un
transporteur, mais on ne peut pas utiliser « antagoniste », qui désigne forcément un récepteur (s’oppose aux
effets de l’agoniste endogène). (Ant)agoniste du R de tel médiateur/ mais activateur ou inhibiteur de tout le
reste
o Où est située la cible dans l’organisme ? Quelles cellules, quels tissus, quels organes…
Exemple : donépézil ARICEPT, utilisé dans le traitement de la maladie d’Alzheimer. La maladie d’Alzheimer est une
maladie neurodégénérative caractérisée par la perte de neurones cholinergiques du SNC = déficit cérébral en
acétylcholine.
Neurodégénérescence sélective de neurones cholinergiques.
Prise par voie orale, distribution dans tout l’organisme. Mauvais rapport bénéfice risque car grand nombre d’effets
indésirables.
- Au niveau de la plaque motrice (au niveau du muscle strié squelettique) : ce sont des récepteurs de type
nicotinique. Le médicament augmente la quantité d’acétylcholine dans la synapse de la jonction
neuromusculaire 🡪 entraine la contraction (↑ activation des R Na+ → entrée de Na+ → dépolarisation→
contraction musculaire). Formation de crampes au début du traitement : c’est un effet indésirable.
- Au niveau de tous les organes innervés par le SN autonome parasympathique : sur les effecteurs de ce
système on trouve des récepteurs muscariniques (RCPG) au niveau des muscles lisses (vessie, iris, bronche,
intestin), récepteur de type M3 -> RCPGq
Des cellules musculaires lisses, couplés aux protéines Gq (RM3). Cela entraine une contraction du muscle
porteur : ↑ ach → ↑RM3 → + PLC → IP3 → ↑Ca2+ → contraction
On trouve ces récepteurs sur le muscle lisse bronchique, ce qui cause des bronchospasmes, c’est-à-dire des
crises d’asthme, bronchoconstriction, donc médicament à risque chez les asthmatiques. Sur la paroi
vésicale, le médicament est responsable de fuite urinaire et incontinence par contraction vésicale. On les
trouve aussi au niveau du muscle lisse intestinal, ce qui entraine des diarrhées chez le patient, augmentation
du péristaltisme, motilité intestinale.
• Du cœur : récepteur M2, qui sont couplés à Gi au niveau du nœud sinusal : ouvrent un canal K+. Donc
parmi les effets indésirables de ce médicament, on observe une diminution du rythme cardiaque :
bradycardie.
Ach → ↑RM2 → ouverture canaux K+ → hyperpolarisation → ↓fréquence des PA → bradycardie
• Des glandes exocrines : RM3 (Gq) 🡪 le médicament augmente les sécrétions digestives, pancréatique,
respiratoire. Augmentation des sécrétions digestives (salivaire, gastrique, pancréatique), respiratoires
(nasale, bronchique), de l’œil (larmes, humeur aqueuse). Donc augmentation de la production de
larmes 🡪 larmoiement. Le patient peut aussi être sujet à une hypersialorrhée (augmentation de la
production de salive).
↑Ach → ↑RM3 → PLC/IP3/Ca2+ → ↑sécrétions
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C. Demougeot ; Cibles et mécanismes d’action des médicaments
• Au niveau des cellules ECL (M3), le médicament augmente la libération d’histamine, et donc la quantité
d’HCl. Cela expose à un risque d’agression de la muqueuse gastrique, ce qui peut aboutir à un ulcère ou
à une aggravation de celui-ci.
↑Ach → ↑RM1 → ↑libération d’histamine → RH2 → activation de la pompe à H+ → sécrétion acide
Remarques :
- Utilisez la bonne terminologie :
Les médicaments qui inhibent une enzyme, ou qui bloquent une ATPase, un canal ionique ou un transporteur sont
nommés « inhibiteurs » de la cible.
Ne pas utiliser le terme « antagoniste » qui s’applique aux R des médiateurs : l’antagoniste s’oppose à l’effet d’un
agoniste endogène « anti-agoniste ».
Un médicament « anti-quelque chose » n’est pas forcément un antagoniste de R ou un inhibiteur d’une cible !
Exemples :
- Antiparkinsonien agoniste des R de la dopamine
- antalgiques (« anti-douleur ») agoniste des R de la morphine
- anxiolytique (« anti-anxiété ») modulateurs allostériques positifs du R GABA A
- un antagoniste de R ou un inhibiteur d’un canal, transporteur ou d’une enzyme n’abolit pas la fonction biologique
assurée par la cible moléculaire mais la réduit, aux doses utilisées en thérapeutique
Exemples :
- un inhibiteur de la pompe à protons diminue très fortement la sécrétion acide gastrique, mais ne l’annule pas
totalement
- un antagoniste des R Béta 1 cardiaque induit une bradycardie (ralentit le cœur) mais ne l’arrête pas !
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