Explorer les Livres électroniques
Catégories
Explorer les Livres audio
Catégories
Explorer les Magazines
Catégories
Explorer les Documents
Catégories
98-906-A-10
Résumé. – Pendant la dernière décennie, l’arsenal thérapeutique utile en mycologie s’est constamment
agrandi. Tout d’abord, nous disposons de nouvelles molécules utiles par voie orale comme la terbinafine, le
fluconazole, l’itraconazole, mais aussi des molécules dont la forme galénique a été modifiée pour augmenter
leur efficacité et les rendre moins toxiques (formulations lipidiques de l’amphotéricine B). Les traitements
locaux se sont aussi modifiés avec de nouvelles molécules (amorolfine, terbinafine, ciclopiroxolamine, de
nouveaux dérivés imidazolés) et des formes galéniques adaptées à chaque localisation sont apparues : vernis
pour les ongles, lotions pour les zones pileuses, shampooings.
On distingue en pathologie les mycoses profondes et les mycoses superficielles. Les mycoses profondes, qui
sont l’apanage des services hospitaliers d’hématologie, de cancérologie ou de réanimation, peuvent se
compliquer de lésions cutanées secondaires vues en dermatologie. Certaines mycoses tropicales touchent la
peau et nécessitent des traitements spécifiques, mais, en pratique quotidienne, le dermatologue est surtout
confronté aux mycoses cutanées superficielles. La mycose doit être prouvée par le laboratoire afin de donner
un traitement antifongique adapté au champignon. Le traitement doit tenir compte de l’étendue des lésions
et de l’état immunitaire du sujet.
© 2001 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Viguié-Vallanet C. Traitements antifongiques en dermatologie. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Dermatologie,
98-906-A-10, 2001, 16 p.
98-906-A-10 Traitements antifongiques en dermatologie Dermatologie
mal à analyser, tels que la pénétration du médicament jusqu’au tissu – les mitochondries sont les cibles des inhibiteurs de la chaîne
atteint, qui est liée à l’hydrophobie ou la lipophilie du médicament, respiratoire, qui ont des propriétés chélatantes (ciclopiroxolamine).
le potentiel d’hydrogène (pH) du médicament qui dépend de la La résistance des champignons aux médicaments peut provenir
galénique du produit, le degré d’altération du tissu atteint. La d’une modification du champignon :
concentration du médicament dans le tissu infecté, le temps de
contact entre l’antifongique et le champignon conditionnent souvent – existence de biotypes différents ;
la fongicidie in vivo. – modification de la perméabilité membranaire par modification de
L’état immunitaire de l’hôte conditionne la réponse clinique. De la composition en phospholipides et en stérols, ce qui entraîne une
même, une posologie insuffisante, une mauvaise observance ou un diminution de pénétration de l’antifongique ;
taux sérique bas (mauvaise absorption) sont des causes d’échec du – modification de la cible ; une mutation sur une enzyme du
traitement. Reste le problème des interactions médicamenteuses cytochrome P 450 entraîne une diminution de son affinité pour les
dont il faut tenir compte. Une étude des antifongiques sur la couche azolés.
cornée peut être réalisée par biopsie de surface à l’aide d’une colle
(cyanoacrylate). Le pouvoir antifongique est mesuré par le niveau
POLYÈNES
d’inhibition exercé par l’antifongique sur les souches testées. Des
prélèvements plus tardifs permettent de connaître la rémanence du Les deux principaux polyènes utilisés sont la nystatine, découverte
médicament dans la couche cornée. en 1950 par Hazen et Brown pour le traitement des candidoses
digestives et mucocutanées (Mycostatinet), et l’amphotéricine B
En pratique, l’antifongigramme est intéressant à demander en cas
(Fungizonet) qui était, lors de sa découverte par Gold et Vandeputte
de risque de résistance aux traitements, de mycoses profondes
en 1955, le seul antibiotique polyénique actif par voie intraveineuse.
(aspergilloses, candidoses), en présence d’un malade
Plus de 60 autres polyènes produits par les Actinomycètes ont été
immunodéprimé (leucémie, cancer, greffe d’organe, virus de
découverts, mais ne sont pas utilisés.
l’immunodéficience humaine) ou en néonatologie. Il faut aussi que
l’antifongique testé puisse faire l’objet de résistances. Les ¶ Amphotéricine B (1955)
antifongiques testés sont donc le kétoconazole (Aspergillus et
levures), la 5-fluorocytosine (5-FC) (levures), l’itraconazole et le Spectre d’action
fluconazole. Pour les mycoses cutanées superficielles
Le spectre d’action in vitro comprend les levures, certaines
(dermatophyties, candidoses ou moisissures), l’antifongigramme est
moisissures (Aspergillus, Penicillium), certains agents des mycoses
le plus souvent sans intérêt.
tropicales et certains protozoaires (Leishmania, Entamoeba, Naegleria,
Trypanosoma, Trichomonas). Certaines lésions sont peu ou pas
sensibles en clinique : l’aspergillome, les mycétomes fongiques, les
Différents antifongiques utilisés chromomycoses, les entorophtomoses et certaines cocci-
en pratique dermatologique dioïdomycoses. L’amphotéricine B n’a pas d’action sur les
dermatophytes. Les problèmes de résistance au traitement sont
Plusieurs familles thérapeutiques sont utilisables. rares, mais peuvent survenir en cas de traitement prolongé chez des
sujets immunodéprimés.
Pharmacocinétique
– Les polyènes : nystatine, amphotéricine B
Par voie orale, l’amphotéricine B n’est pratiquement pas absorbée
– La pyrimidine : flucytosine
par le tube digestif chez l’homme mais, par voie intraveineuse, la
– Les azolés : imidazolés, triazolés
distribution du médicament est tricompartimentale (un
– La griséofulvine compartiment central vasculaire, un compartiment périphérique
– Les allylamines : terbinafine s’équilibrant rapidement avec le précédent, un troisième
– Les morpholines : amorolfine compartiment d’équilibration lente). La demi-vie est de 24 à
– L’hydroxypyridone : ciclopiroxolamine 48 heures. Avec des traitements à doses progressivement croissantes,
les taux sériques supposés efficaces ne sont atteints que vers le
quatrième jour. La diffusion dans le liquide céphalorachidien (LCR)
MÉCANISMES D’ACTION DES ANTIFONGIQUES est faible, pourtant les méningites à cryptocoques ont vu leur
Les antifongiques agissent différemment, selon leur famille mortalité passer de 100 à 25 % lors de l’utilisation de l’amphotéricine
chimique, sur les organites-cibles des champignons [43] : B. Il existe un fort stockage tissulaire au niveau du foie, du rein, de
la rate. L’élimination de l’amphotéricine B est partiellement connue :
– action sur la synthèse de la paroi fongique pour les polyoxins, les élimination rénale faible (de 2 à 5 % de la dose injectée, après
nikkomycins, les papulacandins, les echinocandins ; ces 24 heures), élimination biliaire (20 % de la dose totale passent ainsi
antifongiques sont encore à l’étude ; dans les selles) et 60 % ont un devenir inconnu.
– action sur la membrane plasmique, par formation de complexes
avec l’ergostérol des membranes fongiques, diminuant la Toxicité
perméabilité (polyènes) ; Elle est nulle par voie orale mais importante par voie intraveineuse,
– action sur la synthèse de l’ergostérol, constituant spécifique de la très fréquente en cas de perfusion, surtout les premiers jours de
paroi des cellules fongiques (allylamines, azolés, terbinafine, traitement, avec fièvre, frissons, céphalées, malaise général, baisse
thiocarbamate et morpholine) ; le réticulum endoplasmique est le tensionnelle et troubles digestifs. On peut observer,
lieu d’action des inhibiteurs de la biosynthèse de l’ergostérol ; les exceptionnellement, lors de la première perfusion, un collapsus
allylamines et le thiocarbamate agissent sur la squalène époxydase, cardiovasculaire, voire un arrêt cardiorespiratoire, ce qui justifie le
les azolés sur la 14-déméthylase du cytochrome P 450, les respect de la dose-test en début de traitement. Après 2 à 3 semaines
morpholines sur la 14-réductase et la 7-8 isomérase) ; de traitement, on note souvent une amélioration de la tolérance. La
toxicité rénale est importante, potentialisée par d’autres
– dans les microtubules, certains antifongiques inhibent la médicaments : ciclosporine, diurétiques, aminosides, aciclovir et
croissance des champignons en bloquant la division cellulaire en certains médicaments générateurs d’hypokaliémie (carbénicilline,
métaphase (griséofulvine) ; ticarcilline).
– la flucytosine agit comme inhibiteur de la synthèse des acides On note une hypokaliémie dans 25 % des cas, parfois une
nucléiques, ce qui entraîne un blocage de la synthèse protéique ; hypomagnésémie. Après arrêt du traitement, la fonction rénale
2
Dermatologie Traitements antifongiques en dermatologie 98-906-A-10
redevient normale. La toxicité hépatique est rare. La toxicité limitées. On l’associe à d’autres antifongiques, surtout à
hématologique se traduit par une anémie normochrome l’amphotéricine B avec laquelle elle est synergique. Il s’agit d’un
normocytaire, due à une action suppressive sur les cellules souches médicament plutôt réservé à un usage hospitalier. L’Ancotilt est
médullaires, une leucopénie plus rare et des thrombopénies employé dans les mycoses systémiques sévères à germes sensibles :
exceptionnelles. La toxicité pulmonaire n’est pas constante. On note candidoses profondes, cryptococcoses, chromomycoses, certaines
une irritation locale pour les veines perfusées, plus graves lorsqu’il aspergilloses.
s’agit d’arachnoïdites à la suite d’injections intrarachidiennes.
L’amphotéricine B peut être injectée par voie intrathécale, intra-
articulaire, intrapleurale, intracavitaire (aspergillome). DÉRIVÉS AZOLÉS
Ce nom générique définit des composés obtenus par synthèse
Formes galéniques chimique et qui ont un noyau imidazole. De nombreux composés
sont utilisés soit en topique, soit par voie générale. De nouvelles
• Fungizonet molécules ont un noyau « triazolé », ce qui leur donne des propriétés
– Poudre pour usage parentéral (1961) : poudre de 50 mg particulières [64].
d’amphotéricine B, la dose injectée étant de 1 mg/kg. Le spectre antifongique est large, comprenant les agents des mycoses
– Suspension buvable (1967) à 100 mg/mL : les doses sont de superficielles (levures, dermatophytes, Malassezia furfur), des
50 mg/kg/j pour les nourrissons et les enfants (une cuillerée à café champignons dimorphiques (Histoplasma sp., Blastomyces
pour 10 kg/24 heures). dermatitidis, Paracoccidioides brasiliensis et à un moindre degré
Sporothrix schenckii, Coccidioides immitis). Les agents des
– Lotion aqueuse à 3 % (1969) pour le traitement des candidoses
phycomycoses sont très sensibles (basidioboloses et
cutanéomuqueuses.
rhinophtoromycoses). Les agents des chromomycoses et des
– Gélules à 250 mg (1977) : six à huit gélules par jour pour les mycétomes sont plutôt résistants.
adultes (1,5 à 2 g/24 heures) pendant 15 à 20 jours. À fortes concentrations, telles qu’on les obtient en application locale,
les dérivés imidazolés ont une action anti-cocci Gram positif.
• Formulations lipidiques
Les résistances au traitement sont exceptionnelles et dues à des
Trois formulations lipidiques ont été faites, afin d’obtenir une mutations.
diminution de la toxicité du médicament, tout en conservant son
activité dans les mycoses profondes : l’Ambisomet où ¶ Miconazole
l’amphotéricine B est incorporée dans des liposomes ; l’Albelcett ou
Amphotericin B lipid complex (ABLC), rubans de lipides ; la troisième Le miconazole ou Daktarint fut le premier imidazolé utilisable par
forme a une structure discoïde, dans laquelle l’amphotéricine B est voie intraveineuse. Actuellement, il est surtout prescrit en topique
incorporée, et s’appelle Amphocilt ou Amphotect [57, 65]. Elle a aussi cutané ou en topique au niveau du tube digestif. Il est contre-
été introduite dans des émulsions lipidiques à 20 %. Ces molécules indiqué en cas de prise d’antivitamines K, de sulfamides
sont employées pour le traitement des mycoses profondes hypoglycémiants, d’astémizole, de cisapride. En cas de prise de
(aspergilloses, cryptoccocose, candidose). phénytoïne, il faut vérifier le taux plasmatique de ce médicament
qui peut alors atteindre des doses toxiques. Ce médicament est aussi
• Amphocyclinet déconseillé en cas de grossesse et d’allaitement, compte tenu de
C’est une association d’amphotéricine B (50 mg) et de tétracycline l’absence de données en clinique humaine.
(250 mg) dans le même comprimé. Les effets indésirables sont des troubles digestifs (diarrhées avec
nausées), des troubles psychiques à type d’hallucination cédant à
¶ Nystatine (1949) l’arrêt du traitement et rarement des rashs cutanés avec prurit sévère
La nystatine (Mycostatinet) a un mode d’action et des propriétés et prolongé. On a observé des atteintes hépatiques toxiques, des cas
antifongiques comparables à l’amphotéricine B. Son indication est d’hypercholestérolémie ou d’hyponatrémie.
limitée aux candidoses digestives, du fait de son absence Le spectre antifongique du miconazole est le même que celui des
d’absorption digestive et de sa toxicité en cas d’injection autres imidazolés.
intramusculaire ou intraveineuse. Pour la candidose digestive, il existe des comprimés à 125 mg. La
La posologie est de 4 à 6 millions d’unités chez l’adulte, 1 à dose quotidienne est de 1 à 2 g chez l’adulte, 20 à 25 mg/kg chez
4 millions d’unités chez l’enfant. l’enfant, répartis en trois ou quatre prises. Pour la stérilisation d’un
Les formes galéniques de la Mycostatinet sont : foyer digestif, on donne 6 comprimés par jour.
– comprimés enrobés à 500 000 UI pour les candidoses buccales et Il existe un gel buccal Daktarint à 2 %, à garder un peu dans la
intestinales ; de 8 à 12 comprimés par jour pour les adultes, de 6 à bouche au moment du traitement, ce qui permet un contact avec la
8 pour les enfants ; muqueuse buccale en cas de muguet, augmentant son efficacité.
Les formes galéniques à usage local sont le Daktarint en gel à 2 %,
– poudre pour suspension buvable à 100 000 UI par dose, à raison
en lotion à 2 % pour le traitement des zones pileuses, en poudre à
de cinq à 30 doses par jour pour les nourrissons, dix à 40 pour les
2 %, en gel vaginal à 2 %.
enfants ;
Il existe des ovules de Gyno-Daktarint à 100 et 400 mg.
– comprimés vaginaux dosés à 100 000 UI ; 1 ou 2 par jour pendant
20 jours. ¶ Kétoconazole (1979)
La nystatine (Mycostatinet) est présente dans de nombreux
produits : Auricularumt (poudre auriculaire), Myco-Ultralant et Spectre d’activité
Mycologt qui sont des pommades contenant des antibiotiques, un
Ce fut le premier dérivé imidazolé actif par voie orale et l’étendue
corticoïde et de la nystatine. Ces préparations sont peu utiles en
de son spectre d’action antifongique a révolutionné le traitement des
pratique, car le corticoïde potentialise la mycose. Des ovules en
mycoses dans les années 1980. Les champignons sensibles sont les
contiennent (Polygynaxt, Tergynant).
levures (Candida, Torulopsis, Cryptococcus, Malassezia), les
dermatophytes (Epidermophyton floccosum), certains champignons
FLUCYTOSINE (1967) dimorphes (Blastomyces, Histoplasma, Coccidioides, Paracoccidioides),
L’action antifongique de cette molécule s’exerce sur le noyau, par Scytalidium dimidiatum et Fonsecae pedrosoi. D’autres sont
conversion de 5-FC en 5-fluoro-uracile (5-FU). C’est un des seuls inconstamment sensibles (Aspergillus sp., Trichophyton sp.,
antifongiques à avoir des mutants résistants. Ses indications sont Microsporum sp., Actinomadura sp., Streptomyces sp., Exophiala sp.).
3
98-906-A-10 Traitements antifongiques en dermatologie Dermatologie
4
Dermatologie Traitements antifongiques en dermatologie 98-906-A-10
abdominales, céphalées, dyspepsies. Pour les traitements de longue candidoses des muqueuses. Il est indiqué dans les candidoses des
durée, 18 % des patients ont présenté des troubles : nausées, sujets immunodéprimés, chez qui on a trouvé des souches
épigastralgies, mais aussi hypokaliémie (6 % des cas), hypocalcémie résistantes d’emblée [66].
et élévation des enzymes hépatiques. Dans une étude multicentrique Les espèces fongiques habituellement sensibles in vitro sont les
portant sur 264 patients atteints d’onychomycose et traités pendant levures (Candida albicans surtout, Cryptococcus neoformans), les
5 à 6 mois à la dose de 100 mg par jour, on a noté des effets dermatophytes et à fortes doses sur les moisissures in vitro. Les
secondaires dans 11 % des cas. Il s’agissait de troubles digestifs, espèces habituellement résistantes sont : Candida krusei, Aspergillus
d’asthénie. Un cas de cholestase sévère a été décrit dans le traitement sp.
d’une onychomycose [108] et aussi quelques modifications réversibles
des tests hépatiques [118]. Pour les traitements longs (plus de 1 mois), Pharmacocinétique
une surveillance des transaminases et des phosphatases alcalines est Après administration orale, le fluconazole est bien absorbé, avec un
recommandée, tous les mois. Les mêmes effets secondaires sont pic de concentration plasmatique obtenu en 1 à 2 heures. Sa
observés en cas de traitements séquentiels. Il n’y a pas d’effet sur les biodisponibilité absolue est de 90 %. Il est soluble dans l’eau, ce qui
hormones sexuelles rapporté, ni sur la synthèse des hormones permet de l’utiliser par voie intraveineuse. Les concentrations
glucocorticoïdes. L’itraconazole est dépourvu d’effet sur le système salivaires sont voisines des concentrations plasmatiques, qui sont
immunitaire et n’influence pas les taux de cholestérol. C’est un elles-mêmes proportionnelles à la dose administrée. La liaison aux
médicament tératogène à doses élevées chez le rat et la souris. Chez protéines est faible (environ 12 %). La demi-vie d’élimination est
la femme, il faut mesurer le rapport bénéfice/risque, lorsqu’il s’agit d’environ 30 heures. L’élimination est surtout rénale et 80 % de la
de mycoses systémiques à traiter. Ce médicament est déconseillé dose administrée se retrouvent dans les urines sous forme
chez les enfants et les sujets âgés [54]. inchangée, d’où un effet bénéfique dans les candidoses rénales. Il
passe la barrière méningée, avec des taux dans le LCR de 80 % par
Interactions médicamenteuses
rapport au taux plasmatique (utilisation dans les cryptoccocoses
Les associations contre-indiquées avec l’itraconazole sont les méningées et l’histoplasmose, même chez les sujets atteints du
antihistaminiques H1 (terfénadine et astémizole) : le cisapride, le syndrome de l’immunodéficience acquise).
triazolam. Le midazolam est déconseillé. Certaines associations Le fluconazole est hydrophile mais on le détecte 48 heures après le
nécessitent des précautions : les antagonistes du calcium de la début du traitement, en cas de traitement long [118], dans la peau et
famille des dihydropyridines (risque majoré d’œdèmes). les ongles.
L’itraconazole est à prendre 2 heures avant ou 6 heures après les
antiacides ou la didanosine. L’association avec les anticoagulants Précautions d’emploi
oraux (warfarine) (risque hémorragique), la ciclosporine, la digoxine, La prescription de fluconazole est contre-indiquée chez la femme
les inducteurs enzymatiques, les anticonvulsivants (sauf la enceinte, les études animales n’excluant pas un risque tératogène. Il
Dépakinet), les quinidiniques, la rifampicine nécessite aussi des n’existe pas de données précises en clinique humaine. En cas de
précautions. mycose grave, le traitement peut être poursuivi lors d’une grossesse,
en calculant le rapport bénéfice/risque. Pour la femme en âge de
Indications de l’itraconazole
procréer, il faut une contraception efficace lors du traitement. Les
– Mycoses systémiques ou viscérales : la cryptococcose et taux de fluconazole dans le lait étant similaires à ceux du plasma, le
l’aspergillose, l’histoplasmose, la blastomycose, la paracocci- fluconazole est contre-indiqué lors de l’allaitement.
dioïdomycose.
Interactions médicamenteuses
– Certaines mycoses tropicales : chromomycose, sporothrichose,
basidiobolose. Il est aussi efficace dans les infections à Penicillium Les médicaments nécessitant des précautions d’emploi sont
[24, 68, 114]
. nombreux : les anticoagulants oraux (warfarine), les sulfamides
hypoglycémiants, la rifampicine, la phénitoïne, la ciclosporine, la
– Les mycoses superficielles : c’est un excellent traitement pour théophylline. Les médicaments dont l’association est à prendre en
Malassezia furfur et pour les dermatophytes du fait de sa lipophilie. compte sont surtout les bases xanthiques et l’isoniazide qui
De nombreuses études font état de son efficacité dans le traitement nécessitent une surveillance clinique et biologique. Avec les
des onychomycoses [20, 44, 49, 54, 83, 114] et le traitement des teignes [103]. diurétiques, on peut observer une augmentation du taux
– Cet antifongique a été le premier à être prescrit en traitement plasmatique du fluconazole (hydrochlorothiazide). À 50 mg par jour,
minute à 400 mg dans les candidoses vaginales. Il a fait l’objet de aucune modification de la cinétique des œstroprogestatifs n’est notée
nombreuses études dans le traitement des mycoses vaginales chez la femme. Il n’apparaît pas de modification des hormones
récidivantes [37, 77]. stéroïdiennes, même à 200 mg/j chez l’homme sain.
À noter l’absence d’AMM dans les deux dernières indications. Les effets indésirables sont les mêmes que ceux que l’on observe
avec l’itraconazole. Ils sont habituellement modérés et surviennent
Posologie chez moins de 10 % des patients : manifestations gastro-intestinales
(nausées, douleurs abdominales, diarrhées) ; chez 1 % des patients,
L’itraconazole ou Sporanoxt (1992 révisé 1996) se présente sous
on note une toux sèche et une agueusie, des manifestations
forme de gélules dosées à 100 mg. La dose journalière est de deux à
neuropsychiques modérées mais fréquentes (céphalées surtout). Des
quatre gélules par jour, à absorber après un repas, dans les mycoses
cas de toxidermies bulleuses graves ont été décrits (syndrome de
systémiques ou viscérales. En France, il est disponible dans les
Stevens-Johnson). Quelques cas d’hépatites induites ont été décrits.
pharmacies centrales des hôpitaux uniquement, alors que dans de
Le plus souvent, il s’agissait d’anomalies du bilan hépatique, chez
nombreux pays il est utilisé plus facilement.
des sujets qui prenaient en même temps d’autres médicaments
hépatotoxiques. Cela justifie néanmoins une surveillance des
¶ Fluconazole (1988) enzymes hépatiques tous les mois lors d’un traitement long.
Il s’agit aussi d’un bistriazolé, soluble dans l’eau, qui agit sur
l’inhibition de la synthèse des stérols fongiques plus que sur celle Posologie et indications
des stérols des mammifères, avec une action très spécifique sur le Le Triflucant existe en gélules dosées à 50 mg, 100 mg et à 200 mg
cytochrome P450 fongique. (utilisées dans les cryptoccocoses neuroméningées). Il existe aussi
L’activité in vivo est plus importante que ne le laissent prévoir les une solution injectable pour perfusion.
tests in vitro. Ce médicament a d’abord été étudié dans les mycoses Indiqué dans le traitement de la candidose oropharyngée de l’adulte,
profondes (histoplasmose, coccidioïdomycose, cryptoccocose) et les la dose journalière est de 50 mg/j pendant 7 à 14 jours, traitement à
5
98-906-A-10 Traitements antifongiques en dermatologie Dermatologie
Econazole (1976) Pevarylt 1 % crème, poudre, émultion fluide, lotion, ovules levures, PV, dermatophytes, érythrasma
Isoconazole (1978) Fazolt 2 % crème, poudre, émulsion fluide, ovules levures, PV, dermatophytes, Gram positif
Sulconazole (1987) Mykt 1 % crème, poudre, solution levures, PV, dermatophytes, érythrasma
Bifonazole (1984) Amycort 1 %, crème, poudre, solution, préparation à urée levures, PV, dermatophytes, érythrasma, Gram positif
Amycor Onychosett
Ciclopiroxolamine (1982-1991) Mycostert 1 % crème, solution levures, PV, dermatophytes, Gram positif, Gram négatif
Mycostert 8 % solution filmogène à 8 %
PV : pityriasis versicolor.
prolonger en cas d’immunodépression sévère. Chez le sujet âgé, il Il est utilisé en Europe et aux États-Unis pour le traitement de
faut ajuster la posologie à la clairance de la créatinine ; il en est de candidoses, aspergilloses, infections à Scepedonium, Paecylomyces. Il
même chez l’insuffisant rénal. a théoriquement une action antifongique sur Cryptococcus
Dans les candidoses vaginales aiguës, une dose de 150 mg est neoformans, Fusarium sp., Penicillium marneferii, les champignons
suffisante [112]. Le fluconazole est actif dans le traitement de la dimorphiques mais aussi Candida glabrata, Candida guillermondi et
cryptococcose. Il est efficace dans les dermatophyties (teignes, Candida krusei.
onychomycoses). La dose utile est de 6 mg/kg/ deux fois par jour.
Les effets secondaires sont : photophobie et troubles visuels
¶ Saperconazole
réversibles et transitoires (23 %) ; augmentation des enzymes
Il s’agit d’un dérivé triazolé fluoré dont le spectre d’action est le hépatiques (10 à 15 % des cas) ; rashs cutanés (6 % des cas).
même que celui de l’itraconazole, avec une action renforcée sur Le ravuconazole (BMS 207-147 ou ER 30346) est proche du
Aspergillus. Il existe sous forme de capsules à 100 mg et pourrait voriconazole. Il est actif sur Aspergillus, Candida sp., Cryptoccocus
être injecté par voie intraveineuse, car il est trois fois plus soluble sp., Fusarium sp., sur les dermatophytes, Sporothrix schenckii et des
que l’itraconazole. Dématiés [103].
¶ Autres molécules imidazolées De nombreuses molécules imidazolées dont la toxicité est
importante par voie générale sont utilisées uniquement en topiques
Le sertaconazole, agit sur les moisissures, sur Scopulariopsis (tableau I).
brevicaulis, sur Candida albicans, y compris les souches résistant aux
Le bifonazole (Amycort) existe depuis 1984 sous forme de crème à
autres imidazolés [50]. In vitro, il semble actif surtout sur
1 %, depuis 1989 sous forme de solution à 1 % et, depuis 1992, sous
Epidermophyton floccosum, mais avec des CMI plus faible que le
forme de poudre à 1 %. Il a une action fongicide due probablement
bifonazole [13]. Chez le cobaye, il semble actif sur Trichophyton
à une inhibition de l’hydroxy-3-méthyl glutaryl coenzyme A (HMG-
mentagrophytes, avec une action plus importante que celle du
CoA) actif sur les dermatophytes, les levures, certaines moisissures,
bifonazole [86].
divers champignons dimorphes et sur Corynebacterium minu-
Le terconazole est un triazolé disponible uniquement en traitement tissimum, agent de l’érythrasma. Depuis 1995, nous avons à notre
externe des vulvovaginites, sous forme de crème et d’ovules dosés à disposition une forme galénique intéressante, l’Amycor Onychosett
80 mg (un ovule trois soirs de suite). Il est normalement très actif et qui contient 40 % d’urée. Il s’agit d’une crème destinée à la
bien supporté ; on a néanmoins décrit des irritations vulvaires et destruction des ongles malades, mais dont l’application doit être
une fièvre inexpliquée. suivie d’un traitement local de l’ongle malade (Amycort crème
Le flutrimazole (UR-4059) a été essayé in vitro sur différents à 1 %), vernis antifongique (Locérylt, Mycostert).
champignons.
D’autres dérivés imidazolés actifs par voie orale sont à l’étude : le
vibunazole, l’alteconazole et l’ICI 195, 739. GRISÉOFULVINE (1964)
Le voriconazole (Vefendt) est un triazolé étudié pour ses propriétés Isolée de Penicillium griseofulvum et d’autres Penicillium, elle a été le
antifongiques sur les champignons opportunistes (moisissures) [65]. premier antifongique utile en clinique humaine actif sur les
Il dérive du fluconazole et il est 10 à 500 fois plus efficace. Sa dermatophytes (1958). À doses fongicides in vitro, elle inhibe la
biodisponibilité est de 80 % avec une concentration plasmatique synthèse des acides nucléiques. In vivo, elle possède une action
maximale acquise en 1 à 2 heures. Plusieurs médicaments diminuent uniquement fongistatique. Son spectre d’action est très étroit,
ce taux (rifampicine, rifadine, phénitoïne, barbituriques), d’autres comprenant les dermatophytes et les genres Alternaria et Aspergillus.
l’augmentent (ciclosporine, warfarine, benzodiazépine). Chez Certains agents de mycétomes peuvent être sensibles, mais les
l’animal, on note une diffusion dans le système nerveux central et le levures, y compris Malassezia furfur, les bactéries et les agents des
LCR. mycoses profondes sont résistants.
6
Dermatologie Traitements antifongiques en dermatologie 98-906-A-10
7
98-906-A-10 Traitements antifongiques en dermatologie Dermatologie
par jour, du pityriasis versicolor en 2 semaines [12], des intertrigos à AUTRES FAMILLES D’ANTIFONGIQUES À L’ÉTUDE
dermatophytes en 2 à 4 semaines (une fois par jour ou deux – Les sordarines ont été isolées du milieu de culture de Graphium
applications par jour pendant une semaine) ; certains auteurs putredinis. Elles sont actives sur Pneumocystis carinii, sur les Candida,
donnent de bons résultats dans 80 à 90 % des cas de mycoses de la Cryptococcus neoformans, certains dimorphes, mais pas sur les
peau glabre, 75 à 85 % des cas d’intertrigos ; la guérison est clinique dermatophytes.
et mycologique [63, 100].
– La cilofungine, analogue de l’echinocandine B [65], agit en inhibant
¶ Autres allylamines la synthèse de B-glucan de la paroi cellulaire fongique. Il s’agit d’un
antifongique fongicide à l’étude dans les candidoses, aspergilloses,
La naftifine (crème à 1 %) est commercialisée dans plusieurs pays. mais aussi dans les pneumocystoses [1, 65].
Des études comparant la naftifine avec des dérivés imidazolés
– La dermaseptine, peptide de la peau des amphibiens, a des
(clotrimazole, éconazole) dans les dermatophyties des plantes et de
propriétés antifongiques sur les Candida et les Aspergillus.
la peau glabre ont montré des résultats identiques [22]. L’activité anti-
inflammatoire de la naftifine reste inexpliquée. – La Nikkomycin Z qui inhibe la synthèse de la chitine fongique est
D’autres allylamines comme la buténafine sont à l’étude. active sur les champignons dimorphiques [65].
– Les pradimicins sont fongicides sur les Candida et les
Aspergillus [65].
MORPHOLINES
– Des souches de Bacillus licheniformis FSJ-2 sont antifongiques pour
L’amorolfine est un dérivé de la morpholine, fongistatique et les dermatophytes in vitro [37].
fongicide. Sa fongicidie vient d’une double action sur la synthèse de
l’ergostérol : inhibition de deux enzymes, la delta-4 réductase et la – Des facteurs de croissance (granulocyte-colony stimulating factor,
delta-7-8 isomérase. granulocyte macrophage-colony stimulating factor) sont utilisés chez les
patients immunodéprimés atteints de mycoses profondes.
Réservée à un usage local, du fait de sa toxicité, l’amorolfine est
utilisée sous forme de solution filmogène à 5 %, depuis 1992, pour – Les cytokines ont été essayées (interleukine 12 et interféron
le traitement des onychomycoses, sous le nom de Locérylt [120]. gamma) dans le traitement d’infections fongiques graves chez les
animaux. Leur utilisation en pathologie humaine est hypothétique.
L’amorolfine a un large spectre antifongique. Elle est fongicide pour
les dermatophytes (CMI = CMF in vitro comme la terbinafine). – Certaines molécules soufrées auraient une activité antifongique,
Microsporum canis offre une certaine résistance [22]. L’amorolfine agit surtout sur les dermatophytes. Il s’agit d’études in vitro.
sur certains agents des mycoses unguéales : les levures, les Dématiés
(Scytalidium dimidiatum) et sur certaines moisissures (Scopulariopsis
brevicaulis). Les espèces peu sensibles sont : Aspergillus spp., ANTIFONGIQUES LOCAUX
Fusarium spp., Mucor spp. Son efficacité clinique a été étudiée sur Ils restent le plus souvent recommandés dans les mycoses
les onychomycoses [120]. superficielles. On constate souvent une amélioration rapide des
Il existe chez l’animal un effet embryotoxique de l’amorolfine, ce lésions avec ces traitements locaux seuls, mais le taux de guérison
qui contre-indique son emploi chez la femme enceinte ou qui allaite. clinique est voisin de 90 % dans les meilleurs cas et la guérison
La rémanence du produit permet un traitement efficace à raison mycologique n’excède pas 85 % des cas. Aux pieds ou dans les plis,
d’une application par semaine. La prévention de l’atteinte unguéale le dermatophyte peut rester à l’état latent après un traitement
à l’aide d’un vernis antifongique est une interrogation sans réponse. insuffisant (espaces interdigitoplantaires surtout), et il attend des
conditions favorables de chaleur et d’humidité pour se développer
L’amorolfine seule peut être utile pour les onychomycoses sans
(saison chaude, voyage sous les tropiques, port de chaussures
atteinte matricielle. Zaug obtient 52,1 % de guérison mycologique
fermées).
au niveau des ongles des mains et 64,3 % pour les ongles des
pieds [120]. En cas d’atteinte matricielle, un traitement général est Les antifongiques locaux sont parfois responsables de dermites
associé (griséofulvine ou terbinafine). irritatives (1 à 5 % des cas), d’eczémas de contact par sensibilisation
à un constituant du véhicule ou à la molécule antifongique [73]. Il
existe des allergies croisées entre dérivés imidazolés. Si le
CICLOPIROXOLAMINE kétoconazole local est contre-indiqué pendant la grossesse, d’autres
Il s’agit d’un antifongique de la famille des pyridones, réservé à un antifongiques locaux ont montré leur innocuité lors d’applications
usage local. Il a une action fongistatique en inhibant l’entrée d’ions de crèmes ou d’ovules (le miconazole ou Daktarint, l’éconazole ou
métalliques, de phosphates et de potassium dans la cellule fongique. Pevarylt, la nystatine ou Mycostatinet, le clotrimazole ou
Il a une action fongicide en perturbant l’activité des chaînes Trimystent, le ciclopiroxolamine ou Mycostert).
respiratoires du champignon.
Son spectre d’activité in vitro est large : dermatophytes, levures,
moisissures (Scopulariopsis et Aspergillus). L’activité antifongique est
Traitements d’appoint
inconstante sur Scytalidium dimidiatum. Les germes à Gram positif
et négatif rencontrés en dermatologie sont sensibles. Cette molécule Le décapage des lésions cutanées squameuses, des teignes et des
possède aussi une action anti-inflammatoire importante, intéressante onychomycoses est nécessaire avant de traiter par un antifongique
sur les lésions des plis. local, afin de mettre en contact champignon et antifongique. La
désinfection des lésions contaminées par un germe associé au
La crème Mycostert 1 % (1982) est indiquée dans le traitement de champignon peut être utile, mais l’utilisation d’un antifongique à
toutes les mycoses cutanées (dermatophyties, candidoses et large spectre est souvent suffisante.
pityriasis versicolor).
L’association avec des corticoïdes, préconisée par certains auteurs
La solution Mycostert 1 % (1982) est utile pour le traitement des en cas de lésions inflammatoires, est à éviter. L’application de
zones pileuses. corticoïdes locaux sur une mycose a toujours augmenté les signes
La solution filmogène à 8 % (1991) est utile au traitement local des cliniques de la mycose (extension d’une candidose vulvaire aux plis,
mycoses unguéales. Les applications sont journalières. La apparition de granulomes sur une dermatophytie cutanée qui
concentration utile à la saturation de la tablette unguéale est obtenue traduit la pénétration dermique du champignon, extension d’une
après 14 à 30 jours sur les ongles des mains, 30 à 45 jours pour ceux teigne du cuir chevelu traitée comme une dermite séborrhéique).
des orteils. La rémanence du produit est de 8 jours pour les ongles L’association d’un antifongique et d’un corticoïde dans la même
des mains, 15 jours pour les ongles des pieds. préparation est inutile.
8
Dermatologie Traitements antifongiques en dermatologie 98-906-A-10
Schémas thérapeutiques (tableaux II, III) ¶ Traitement des lésions de la peau glabre :
herpès circiné
En cas de lésion croûteuse, on emploie un produit kératolytique
AFFIRMATION DE LA MYCOSE
local.
Le traitement doit être adapté à la lésion clinique et à l’agent Un traitement antifongique local est souvent suffisant : crème ou
pathogène, même si nous disposons de médicaments polyvalents. pommade imidazolée pendant 3 à 4 semaines, une ou deux fois par
Pour affirmer une mycose, la clinique ne suffit pas. L’histologie jour selon le produit, crème Mycostert, deux fois par jour pendant
évoque une mycose en montrant les filaments de champignon ou 21 jours ou crème Lamisilt, une fois par jour pendant 7 à 15 jours [82].
les formes levures (colorations de Gomori-Grocott, acide périodique
de Schiff). Seul l’examen mycologique pratiqué dans de bonnes Un traitement par voie générale doit être prescrit en cas d’extension
conditions permet de confirmer le diagnostic. Il doit être pratiqué à importante des lésions, en cas de résistance au traitement local seul,
distance de tout traitement antifongique local ou per os, ce qui en cas de lésions dues à un dermatophyte très résistant à nos
nécessite : traitements comme Trichophyton rubrum, en cas de lésions très
inflammatoires ou infiltrées, ou chez un patient immunodéprimé.
– un arrêt de 1 mois en cas de traitement local par une crème Nous disposons alors des traitements suivants :
antifongique ou par un imidazolé oral ;
– griséofulvine (Griséfulinet, Fulcinet) : 1 g/j pendant 2 à
– un arrêt de 2 mois en cas de prise de médicaments tels que la 4 semaines pour les lésions cutanées, 4 à 8 semaines pour les plis et
terbinafine, l’itraconazole ou de vernis antifongiques sur les ongles, les lésions cutanées des pieds ;
du fait de la rémanence de ces produits.
– kétoderm (Nizoralt) : 200 mg/j en cas d’intolérance à la
Si on ne respecte pas ces temps de latence, les résultats griséofulvine ;
mycologiques risquent d’être ininterprétables.
– terbinafine (Lamisilt) : 250 mg/j pendant 2 à 6 semaines pour les
En cas de dermatophytie, il faut toujours pratiquer une enquête
adultes (70 % de guérison des lésions de « pied d’athlète » en
épidémiologique. Devant un dermatophyte « zoophile », on
1 semaine de traitement et 100 % dans la forme hyperkératosique
recherche l’animal contaminant à traiter et on essaie de traiter tous
plantaire « mocassin » en 6 semaines) ; sur de telles lésions, on
les sujets atteints. S’il s’agit d’un dermatophyte « géophile », on
obtient 55 % de guérison après 6 semaines de griséofulvine [94] ; pour
traite uniquement le patient, sauf si un animal a servi d’hôte
Sayag, la durée de traitement est de 3 semaines et les lésions les
intermédiaire. Quant aux champignons « anthropophiles », l’enquête
plus récentes guérissent mieux (95 % contre 89 % si les lésions sont
à la recherche des sujets contaminés à traiter doit conduire à
anciennes) [99] ;
examiner les membres de la famille du sujet princeps et tous les
sujets qu’il côtoie au quotidien [116]. Il faut aussi tenir compte de l’état – itraconazole (Sporanoxt) : un traitement de 15 jours à 100 mg
immunitaire du sujet. permet d’obtenir 90 % de guérison clinique et 80 % de guérison
mycologique ; la durée du traitement des lésions cutanées peut être
réduite à 7 jours avec une dose de 200 mg [89] ; pour les lésions
DERMATOPHYTIES palmoplantaires, le traitement est de 100 mg/j pendant 1 mois ou
Les dermatophytes sont des organismes étrangers à l’homme, donc 400 mg/j pendant 7 jours. Des études ont montré la même efficacité
toujours pathogènes sur la peau. On les classe en trois genres : de l’itraconazole à 100 mg/j pendant 1 mois, que 250 mg/j de
Trichophyton, Microsporum et Epidermophyton. Ils sont responsables terbinafine ou 50 mg/j de fluconazole.
des lésions cutanées circinées, d’intertrigos des grands et des petits L’itraconazole et le fluconazole, bien qu’efficaces, n’ont pas d’AMM pour
plis, de teignes et d’onychomycoses. cette indication.
Tableau II. – Schéma du spectre d’action clinique des antifongiques oraux (d’après Wenig) [118].
Mycose Griséofulvine Kétoconazole Itraconazole Fluconazole Terbinafine
Dermatophytes ++ ++ ++ + ++
Levures - ++ ++ ++ ±
Moisissures - + ++ ++ ±
PV - ++ ++ ++ + (local)
PV : pityriasis versicolor.
++ : efficace ; + peu efficace ; - : inefficace.
Amphotéricine B (Fungizonet) 1955 suspension buvable IV (hospitalier) levures, Aspergillus, Penicillium, mycoses profondes
Griséofulvine (Griséfulinet, Fulcinet) 1958 comprimé 500 mg, comprimé 250 mg dermatophytes
Kétoconazole (Nizoralt) 1979 comprimé 200 mg levures, dermatophytes, moisissures, Gram positif,
quelques mycoses profondes
Fluconazole (Triflucant) 1988 comprimé 100 mg spectre idem kétoconazole AMM = levures VIH+ et cryptococcoses
Itraconazole (Sporanoxt) 1993 comprimé 50 mg large spectre, aspergilloses, mycoses rares (hospitalier)
suspension buvable 20 mg/mL
Terbinafine (Lamisilt) 1994 comprimé 250 mg dermatophytes, levures (±), moisissures (±), mycoses tropicales
AMM : autorisation de mise sur le marché ; IV : voie intraveineuse ; TD : tube digestif ; VIH : virus de l’immunodéficience humaine.
9
98-906-A-10 Traitements antifongiques en dermatologie Dermatologie
¶ Traitement des mycoses des plis Les récidives sont peu fréquentes à l’arrêt du traitement, avec un
(plis inguinaux, plis interorteils) taux de 6 % pour les mains, 12 % pour les pieds à 1 an, 20 % à
3 ans [111]. S’agit-il de récidives ou de réinfestations ?
Antifongiques locaux
– Imidazolés ou cyclopiroxolamine pendant 3 à 8 semaines. Médicaments d’avenir n’ayant pas d’AMM
– Terbinafine crème 1 % pendant 2 à 4 semaines. – L’itraconazole : des traitements continus de 5 à 6 mois à 100 mg/j
ont été effectués, avec un taux de guérison de 45 % des ongles des
Prévention des récidives orteils. Le taux de succès est de 51 % après 8 à 9 mois, il monte à
– Lutte contre l’humidité. 79 % à 6 mois à la dose de 200 mg/j, sans rechute dans l’année qui
suit le traitement. Cette notion est importante car elle traduit
– Désinfection des foyers de réensemencement (salle de bain, bords certainement une stérilisation de tous les foyers mycosiques du
des piscines, salles de sport). patient. On donne en fait 200 mg/j d’itraconazole pendant 3 mois
pour les ongles des orteils et pendant 6 à 8 semaines pour les ongles
Antifongiques systémiques
des mains (67 % de guérison après 12 semaines) [21].
En cas d’atteinte récidivante ou étendue : L’itraconazole est employé aussi en pulse-therapy, à la dose de
– griséofulvine ou terbinafine (si dermatophyte) ; 400 mg/j pendant 1 semaine par mois pendant 4 mois pour les
ongles des orteils, 2 à 3 mois pour les ongles des mains [23, 48]. On
– kétoconazole, en cas d’intolérance aux autres médicaments ;
obtient 77 % de guérison après 3 ou 4 pulses [83, 118]. Des traitements
– terbinafine : 250 mg/j pendant 1 à 2 semaines [55, 71] ; intermittents de 100, 200 ou 300 mg/semaine ont permis une
– itraconazole ; efficace à 100 mg/j pendant 2 semaines ou 200 mg/j guérison en 6 mois environ [4].
pendant 7 jours mais sans AMM actuellement ; Des études comparant des traitements continus par terbinafine
(250 mg/j) avec des traitements séquentiels de terbinafine (500 mg/j
– fluconazole : 50 à 100 mg/j ou 150 mg/semaine pendant 2 à
pendant 1 semaine par mois) et d’itraconazole (400 mg/j pendant
3 semaines [71].
1 semaine par mois) pendant 4 mois ont trouvé de meilleurs
¶ Traitement des onychomycoses à dermatophytes [80] résultats avec les traitements continus de terbinafine (94,1 % de
succès), suivis par la terbinafine en traitement séquentiel (80 % de
Atteinte distale de moins de 50 % de l’ongle succès) et enfin l’itraconazole (75 %). Les différences ne sont pas
statistiquement significatives [32, 111]. L’itraconazole persiste dans
Un traitement local est suffisant s’il associe :
l’ongle au moins 5 à 6 mois après l’arrêt du traitement, il faut savoir
– la destruction de l’ongle malade : par meulage mécanique, attendre la guérison clinique.
avulsion chimique (Amycor-Onychosett) ou avulsion chirurgicale
– Le fluconazole : à la dose de 150 mg une fois par semaine ou
(risque de dystrophie secondaire par atteinte de la matrice) ;
100 mg deux fois par semaine pendant 20 semaines pour les ongles
– un traitement local ensuite : imidazolés locaux sous occlusion ou des mains, 24 à 40 semaines pour les ongles des pieds, il donne des
solution filmogène (Locérylt 5 %, une fois par semaine sur les ongles résultats intéressants en 6 mois [4, 19, 22, 105, 118].
malades ou Mycostert 8 % tous les jours sur tous les ongles). Des traitements séquentiels à raison de 200 ou 300 mg/semaine
[4, 35, 76]
ont été essayés. La durée moyenne de traitement est de
Atteinte matricielle
6 mois ; le taux de guérison est de 64 %, voisin de celui obtenu avec
Un traitement oral est indispensable, associé au traitement local : l’itraconazole, moins bon que pour la terbinafine (71 %). Par rapport
– Griséfulinet (0,5 à 1g/j de griséofulvine micronisée) ; pour les au mauvais score de la griséofulvine (40 %), on peut considérer que
ongles des orteils, le traitement dure de 12 à 18 mois et on obtient ces triazolés sont efficaces.
moins de 40 % de guérison [118] ; dans les cas difficiles, on a parfois
donné 2 g/j ; les taux de guérison obtenus pour les ongles des mains Traitement des foyers associés et prévention des récidives
sont de 57 à 59,6 % après 6 à 9 mois de traitement [34] ; Ceci comprend un traitement local associé des lésions des pieds
– Nizoralt (400 mg/j de kétoconazole) pendant 6 à 9 mois, avec un (espaces interdigitoplantaires, plantes) ou d’une autre atteinte du
taux de guérison de 40,8 à 50 % [14] ; tégument (plis de l’aine).
– Lamisilt (250 mg/j de terbinafine) ; il faut 6 mois pour traiter un
onyxis à dermatophyte des mains avec 95 % de guérison, 12 mois ¶ Traitement des teignes du cuir chevelu
pour obtenir 80 % de guérison au niveau des ongles des orteils [118] ;
pour d’autres, il faut 4 à 8 mois pour obtenir 86 % de guérison [18] ; Le traitement local est indispensable et doit s’accompagner d’un
pour certains auteurs, les taux de guérison sont d’environ 80 à 90 % traitement par voie générale dès que la teigne est confirmée par un
sans rechutes à 1 an, mais le degré de l’atteinte unguéale n’est pas examen mycologique positif. Si on se trouve en présence d’un sujet
précisé [14] ; des essais de traitements courts, de 3 mois, ont eu lieu asymptomatique mais porteur de dermatophyte à l’examen
pour les onychomycoses, la guérison clinique apparaissant après mycologique, c’est-à-dire « porteur sain », le traitement local seul
arrêt du traitement comme pour l’itraconazole du fait de la suffit.
rémanence du produit ; la guérison mycologique est plus rapide.
Les traitements locaux et généraux sont associés pour obtenir une Traitement local
meilleure efficacité [43] . Une étude clinique multicentrique et Il comprend trois mesures à associer :
randomisée a étudié la synergie d’action de deux antifongiques
fongicides, terbinafine et amorolfine [38] : une étude de phase II – décapage des lésions croûteuses (Kélual émulsiont, Kératosanet
montre une meilleure efficacité de l’association sur 3 mois de gel) ; il faut aussi couper les cheveux au voisinage des plaques
traitement que l’utilisation de la terbinafine seule (68 % de guérison d’alopécie ;
clinique contre 42 %).
– traitement local avec une lotion antifongique : ciclopiroxolamine
Récemment, une étude de traitement court a montré que 6 semaines
ou différents dérivés imidazolés ;
de traitement peuvent suffire au niveau des ongles des mains, mais
pas aux ongles des pieds. L’ampleur de l’atteinte de départ – shampooing avec un imidazole : Kétodermt 2 % sachets, Pevaryl
(matricielle ou distale) importe peu dans cette étude [109]. lotion 1 %t.
10
Dermatologie Traitements antifongiques en dermatologie 98-906-A-10
Traitement par voie orale Sur la peau, Candida albicans peut être considéré comme pathogène,
car il n’existe pas à l’état saprophyte comme sur les muqueuses.
– La griséofulvine (15 à 20 mg/kg chez l’enfant, 1 g/j chez l’adulte)
Pour les autres levures, il faut des précautions pour affirmer leur
pendant 6 à 8 semaines, avec un examen mycologique tous les mois
pathogénicité.
pour vérifier la guérison. C’est le seul traitement des teignes ayant
l’AMM. ¶ Candidoses cutanées
Trichophyton tonsurans nécessite des doses de 20 à 25 mg/kg/j [104].
Ce dermatophyte est à l’origine de nombreux cas de teignes aux Candidoses des plis
États-Unis et en Angleterre [27, 47]. Qu’il s’agisse d’une atteinte des grands plis (plis de l’aine, pli
Plusieurs études ont noté une moindre efficacité du kétoconazole interfessier, pli sous-mammaire) ou des petits plis
dans le traitement des teignes par rapport à la griséofulvine. (interdigitoplantaires), il faut traiter les facteurs de macération et
– La terbinafine : 250 mg/j chez l’adulte, 125 mg/j chez l’enfant de appliquer un antifongique local : dérivé imidazolé ou
20 à 40 kg, 62,5 mg/j pour moins de 20 kg pendant 4 semaines ciclopiraxolamine, sous forme de crème, une à deux fois par jour.
[29, 63, 104]
. Les teignes à Trichophyton tonsurans à Mexico ont été L’association d’un traitement par voie orale se fait en cas de lésions
soignées en 4 à 8 semaines [85], 12 semaines pour d’autres. très étendues ou en cas de déficit immunitaire associé : kétoconazole
Bien que n’ayant pas l’AMM pour cette indication, le Lamisilt (200 mg/j), itraconazole (100 mg/j) ou fluconazole (50 mg/j)
semble un très bon traitement [91]. Il est utilisé dans d’autres pays pendant 15 jours.
avec succès sur Trichophyton tonsurans surtout mais aussi sur
Onychomycoses à « Candida »
Trichophyton violaceum, Microsporum canis [11, 63, 79, 85]. Pour certains, il
suffit de 2 semaines de traitement [53, 67]. Ses résultats semblent Localisées sur les ongles des mains, elles s’accompagnent souvent
meilleurs que ceux de l’itraconazole [40]. Il n’y a pas d’AMM en d’un périonyxis à traiter en même temps que l’ongle : dérivés
France pour ce produit. imidazolés ou Mycostert en crème sur le périonyxis et la matrice
associé à une solution filmogène antifongique sur l’ongle (Mycostert
Autres mesures ou Locérylt).
L’association d’un traitement par voie orale se fait en cas de lésions
– Rechercher et traiter tous les sujets atteints dans l’entourage (la très étendues, ou en cas de déficit immunitaire associé : kétoconazole
famille, l’école, la crèche ou toute autre communauté) en cas de (200 mg/j), l’itraconazole (100 mg/j) ou fluconazole (50 mg/j)
teigne anthropophile. Les adultes peuvent être atteints de teigne ou pendant 15 jours [103].
« porteurs sains » [116].
– Rechercher et traiter l’animal parasité en cas de teigne zoophile. Folliculite candidosique
– L’éviction scolaire, toujours en vigueur (Journal Officiel du 31 mai Elle survient par petites épidémies, chez les héroïnomanes, sous
1989), est une mesure sans intérêt si l’on considère que le sujet forme de folliculite des zones pileuses (barbe, cheveux, thorax,
atteint a déjà eu le temps de contaminer ses proches lorsqu’on pubis) et touche plusieurs personnes ayant consommé une héroïne
débute le traitement, et, une fois traité il devient beaucoup moins de la même provenance préparée dans du citron. L’agent pathogène
contagieux. Différentes enquêtes scolaires ont trouvé une est Candida albicans. Il s’agit d’une urgence thérapeutique, car il peut
contamination familiale et non scolaire. L’important est surtout, en apparaître, en absence de traitement, une atteinte oculaire grave,
cas de teigne, de traiter tous les sujets contacts atteints [30, 116]. cause de cécité. Plus tardivement, on peut noter une atteinte osseuse.
Le traitement fait appel aux dérivés imidazolés par voie générale
Médicaments d’avenir (kétoconazole, itraconazole, fluconazole).
11
98-906-A-10 Traitements antifongiques en dermatologie Dermatologie
12
Dermatologie Traitements antifongiques en dermatologie 98-906-A-10
– Scytalidium dimidiatum et Scytalidium hyalinum sont appelés en évidence des filaments mycéliens irréguliers à l’examen direct et
« pseudodermatophytes » car ils sont responsables de lésions Exophiala werneckii à la culture. Le prélèvement est le début du
cutanées et unguéales des pieds et des mains semblables à celles traitement car le grattage enlève une partie de la lésion. Un
que l’on rencontre avec Trychophyton rubrum. Les patients atteints antifongique imidazolé local suffit ensuite pour obtenir une guérison
de telles lésions sont originaires des régions tropicales ou complète. Les patients atteints reviennent d’un séjour récent en
subtropicales du globe. Le problème restant la possible association Afrique noire ou aux Antilles.
des deux champignons et la difficulté à traiter le Scytalidium [28, 72].
– Alternaria sp. a été isolée dans de rares cas de lésions cutanées ¶ Sporothricose
chez des sujets immunodéprimés. C’est une affection cosmopolite et endémique en Amérique
Le traitement des moisissures est difficile et fait appel à des (Mexique surtout). Le champignon (Sporothrix schenckii) pénètre la
antifongiques locaux, bien souvent après décapage des lésions. peau après un traumatisme. Les lésions cutanées sont à type
L’itraconazole a fait preuve de son efficacité [20, 110]. Il n’existe pas d’impétigo de la face ou des mains, ou à type de lésions nodulaires
d’antifongique spécifique des moisissures comme il en existe pour disséminées le long d’un trajet lymphatique d’un membre. Il peut
les levures ou pour les dermatophytes. De plus, on note une très exister une adénite, voire une atteinte osseuse sous-jacente. Après
grande différence entre les résultats obtenus in vivo et les résultats isolement du champignon en culture, le traitement comprend
attendus au vu des CMI (in vitro). l’itraconazole, l’amphotéricine B par voie intraveineuse ou l’iodure
Le traitement local peut être plus efficace que le traitement per os de potassium. Certains auteurs rapportent 90 à 100 % de guérison
pour les onychomycoses à moisissures [103, 110]. avec l’itraconazole à 200 à 400 mg/jour pendant 3 à 6 mois en cas
de lésions cutanées. En cas de lésion osseuse, la durée du traitement
est de 1 an, voire plus. L’itraconazole à 100 mg/j pendant 11 se-
MYCOSES RAREMENT RENCONTRÉES maines a permis une amélioration ou une guérison dans 88 % des
Certaines mycoses tropicales atteignent la peau et sont vues en cas [81]. Le fluconazole (200 à 400 mg/j) et le kétoconazole (400 à
consultation de dermatologie. 800 mg/j) semblent moins efficaces que l’itraconazole [103].
La terbinafine à la dose de 500 mg à 1g par jour pendant 6 mois, ou
¶ Mycétomes jusqu’à 1 mois après la fin des lésions, a guéri 83 % des patients.
Il s’agit d’infections granulomateuses sous-cutanées dues à des
champignons ou à des actinomycètes (bactéries filamenteuses). ¶ Lobomycose
L’agent pathogène forme des grains compacts qui sont éliminés par L’affection cutanée se traduit par un aspect de chéloïdes, de nodules
des lésions purulentes, souvent fistulisées. Les lésions non traitées et de plaques. Cette affection d’Amérique Centrale et d’Amérique
deviennent chroniques et peuvent envahir les tissus mous et l’os. du Sud est due à un micro-organisme suspecté d’être un
Les agents pathogènes fongiques sont des champignons des régions champignon, Paracoccidioides loboi, dont l’isolement en culture n’a
tropicales, mais différentes moisissures peuvent donner les mêmes pas été fait. Difficile à distinguer cliniquement de la chromomycose,
lésions (Madurella sp., Phialophora sp., Fusarium sp., Actinomadura le diagnostic se fait à l’histologie.
sp. etc). Le diagnostic se fait sur l’histologie et la mise en évidence
Le traitement consiste à enlever les lésions accessibles à la chirurgie
du champignon en culture [61].
avec une surveillance clinique pendant plusieurs années. Le
Les dérivés imidazolés ont été essayés avec plus ou moins de succès traitement médicamenteux est essayé en cas de lésions étendues et
(kétoconazole, itraconazole seul ou associé à la terbinafine). La fait appel à la clofazimine (anti-inflammatoire), aux dérivés azolés
terbinafine seule à 1 g/j pendant 24 semaines a donné des qui ont entraîné une amélioration (miconazole et kétoconazole
améliorations dès le premier mois de traitement. surtout) [41].
¶ Chromomycose ou chromoblastomycose
CAS PARTICULIERS
C’est une mycose chronique de la peau et des tissus sous-cutanés,
des zones tropicales et subtropicales, due à des Dématiés
¶ Immunodépression
(Phialophora verrucosa, Cladosporium carronii, Fonsecae pedrosoi).
En cas de lésion limitée, le traitement fait appel à la chirurgie ou la Les sujets immunodéprimés ont souvent des mycoses cutanées
cryothérapie. particulières par leur extension, leur durée d’évolution, leur
Dans les cas de lésions disséminées, le traitement fait appel au mauvaise réponse aux traitements antifongiques et la gravité de
fluconazole associé à l’amphotéricine B en intraveineuse, au certaines lésions ordinairement peu importantes (moisissures
kétoconazole ou à l’itraconazole à 200 mg/j. Mais le traitement est souvent pathogènes).
difficile et les rechutes fréquentes [41]. Le saperconazole a été essayé
avec succès [7]. La guérison d’un cas de chromomycose due à ¶ Infection par le virus de l’immunodéficience humaine
Fonsecae pedrosoi a été obtenue en 3 mois avec un traitement – Dans les DS récidivantes et tenaces sur lesquelles on isole de
associant flucytosine 150 mg/j et itraconazole 200 mg/j [70]. Le nombreuses colonies de Malassezia furfur [90, 101], le traitement fait
traitement dure environ 8 mois. Le fluconazole a été efficace dans appel au kétoconazole local (crème, gel moussant) et aux corticoïdes
un cas [51]. locaux en cas de lésions inflammatoires [60]. La terbinafine crème et
La terbinafine à posologie élevée (500 mg/j) et pendant une durée d’autres antifongiques locaux sont actifs sur les poussées.
importante (de 6 à 12 mois) est efficace [7]. Les patients atteints par L’importance et le nombre des récidives conduisent à un traitement
Fonsecae pedrosoi sont guéris en 4, 8 et 12 mois. Ceux qui sont per os, par un dérivé azolé. Le risque de résistance fait rejeter le
porteurs de Cladosporium carrionii sont guéris plus rapidement (4 fluconazole dans le traitement des récidives de DS.
mois).
– Les dermatophyties sont plus fréquentes que dans la population
¶ Tinea nigra générale pour certains [60] et les lésions peuvent avoir un aspect
trompeur et une vitesse d’évolution rapide, comme les ongles qui
Il s’agit d’une affection mycologique bénigne atteignant souvent les sont envahis en 6 mois alors que, chez un sujet immunocompétent,
paumes ou les plantes, qui se manifeste par des taches chamois puis il faut des années pour avoir la même atteinte [2, 60]. On note souvent
brunes, d’extension lente, très discrètement en relief sur la peau. Le un biparasitisme [39].
diagnostic différentiel le plus fréquent est le nævus, voire le Des atteintes disséminées peuvent survenir en cas de baisse du taux
mélanome. L’examen mycologique permet le diagnostic en mettant de lymphocytes T CD4 (dermatophytie chronique généralisée ou
13
98-906-A-10 Traitements antifongiques en dermatologie Dermatologie
granulome dermatophytique) [113]. On voit aussi des lésions du cuir buccal. Il existe deux formes particulières de candidoses des
chevelu à type de DS profuses de psoriasis ou de teigne. nourrissons :
– Les antifongiques dont nous disposons sont efficaces à condition – la candidose congénitale, qui se caractérise par l’apparition à la
de prolonger les traitements, d’employer des traitements par voie naissance d’une éruption érythématopapuleuse, puis pustuleuse,
générale, même pour des lésions localisées [39]. Il est fait appel à la sans atteinte muqueuse, qui évolue spontanément vers la guérison
griséofulvine (1 g/j), à la terbinafine (250 mg/j) ou à l’itraconazole en 8 à 10 jours ;
(100 à 200 mg/j) [106]. Le traitement peut être délicat, du fait des
– la candidose néonatale, qui survient une semaine après la naissance
divers médicaments pris par ces patients, d’interférences
et qui est due à une contamination pendant l’accouchement ; le
médicamenteuses possibles (rifampicine, anti-acides), de la
traitement comprend des antifongiques locaux pour traiter les
mauvaise compliance de certains ou d’une posologie insuffisante.
lésions cutanées (siège) et un antifongique par voie buccale
– Les candidoses sont fréquentes, au niveau des muqueuses (buccale, (Fungizonet) pour traiter les lésions muqueuses (muguet et atteinte
digestive, vaginale), au niveau de la peau (anus, plis de l’aine, du tube digestif).
gland). Là encore, le traitement fait appel aux antifongiques locaux Les dermatophyties les plus fréquentes chez les enfants sont les
et/ou généraux (kétoconazole, itraconazole, fluconazole). teignes [12].
¶ Diabète Les dermatophyties de la peau glabre des enfants sont dues à
Microsporum canis souvent, ou à d’autres agents des teignes. Les
Les diabétiques ont des défenses immunitaires altérées onyxis sont rares [56] et accompagnés d’intertrigos au niveau des
proportionnellement à l’élévation du taux de glycémie [10] et ils font pieds. Devant ces lésions, un examen attentif des pieds des autres
plus de mycoses cutanées que le reste de la population, surtout au membres de la famille permet de retrouver des lésions chez les
niveau des pieds, où des levures sont souvent isolées ; mais, pour parents et/ou chez les autres enfants. Il est important de traiter toute
certains auteurs, on trouve la même fréquence d’infections fongiques la famille pour éviter les récidives. Le traitement fait appel à la
que dans le reste de la population, avec un risque de résistance au griséofulvine, mais des traitements par terbinafine ou des dérivés
traitement [10]. Il faut instituer un traitement précoce chez ces sujets azolés (fluconazole ou itraconazole) ont été essayés avec succès chez
afin d’éviter une augmentation des lésions et une surinfection les enfants [27, 107].
bactérienne. Les sujets atteints de neuropathie périphérique Chez les jeunes enfants, Malassezia furfur donne rarement des lésions
diabétique négligent leurs pieds (pas de sensation de gêne liée à la de pityriasis versicolor, mais un tableau de pustulose néonatale et
surinfection) [92]. Le traitement consiste à éliminer les germes dans des folliculites cicatricielles chez des nourrissons [3]. Toutes ces
un premier temps (l’érythrasma est traité par érythromycine locale lésions disparaissent sous traitement antifongique local.
ou per os, les germes à Gram positif sont traités avec la levure ou le
dermatophyte par un antifongique local à large spectre). Il faut aussi
guérir les ulcérations existantes, éviter les traumatismes, lutter
contre l’humidité. Un traitement par voie générale est nécessaire en
Conclusion
cas de lésions étendues, chroniques, récidivantes, ou en cas
d’atteinte des ongles. La durée du traitement est longue du fait de Le traitement des mycoses cutanées bénéficie actuellement de nombreux
la résistance des germes, de la mauvaise immunité des patients, de antifongiques actifs et adaptés aux sites à traiter grâce à des formes
l’existence de récidives. Il faut faire attention aux interactions
galéniques spécifiques (lotions pour le cuir chevelu, ovules pour les
médicamenteuses entre les dérivés azotés (itraconazole, fluconazole)
mycoses vaginales, vernis pour les ongles, crèmes ou lotions pour la
peau). Le nombre des traitements par voie orale ne cesse d’augmenter et
et les hypoglycémiants.
les médicaments ont une efficacité sans cesse grandissante. Certains
¶ Troubles héréditaires de la kératinisation sont actifs sur tous les champignons (dérivés azolés), d’autres restent
spécifiques d’un genre particulier (terbinafine active sur les
Les patients souffrent de dermatophyties, à Trichophyton rubrum dermatophytes surtout, griséofulvine inactive sur les levures).
surtout. Le polyparasitisme existant indique une vulnérabilité de ces Les traitements actuels se font sur des durées courtes, ce qui permet une
sujets aux dermatophytes ; l’hyperorthokératose favoriserait la bonne observance des sujets atteints. Pour qu’un traitement soit
mycose, ainsi que le déficit de l’immunité cellulaire. efficace, il faut qu’il soit appliqué sur une mycose. Il doit être précédé
La maladie dermatophytique est une maladie rare, chronique et qui d’un examen mycologique positif confirmant la mycose. En effet, les
résiste aux traitements. Elle survient surtout au Maghreb, chez des lésions dermatologiques peuvent simuler une dermatophytie ou une
sujets issus de mariages consanguins. Au début, il existe une candidose, que ce soit aux ongles (psoriasis, lichen, traumatisme), sur la
dermatophytie chronique et étendue qui réagit bien aux peau (eczématides circinées, pytiriasis rosé de Gibert, psoriasis) ou sur
antifongiques par voie générale, mais récidive à l’arrêt du le cuir chevelu (pelade, fausse teigne amiantacée).
traitement. Puis, on peut voir un envahissement des tissus sous- Le problème des récidives n’est pas résolu et on sait qu’il n’y a pas
cutanés et des ganglions, plus rarement des viscères, par le d’immunité vis-à-vis des champignons, mais plutôt un terrain
dermatophyte. Le pronostic est grave, car les patients sont souvent favorable aux mycoses. Ce problème des mycoses à répétition a été
simplement améliorés par les différents antifongiques, que ce soit la soulevé et il semble plus s’agir d’une absence d’éradication du germe
griséofulvine, le kétoconazole, la terbinafine ou l’itraconazole [8]. La que d’une réinfestation [17]. Notre expérience nous a permis de trouver
mort survient à la suite d’un envahissement de différents organes des dermatophyties familiales chez de nombreux patients (non publié) et
par le champignon (cerveau). la persistance du dermatophyte dans la salle de bain due à des
traitements souvent incomplets explique l’existence de ces mycoses à
¶ En pédiatrie répétition. Par ailleurs, les déficits immunitaires congénitaux ou
acquis, qui atteignent l’immunité à médiation cellulaire, favorisent le
Les mycoses le plus fréquemment rencontrées sont les candidoses développement des mycoses ou plutôt sont un obstacle à leur
digestives bénignes qui guérissent rapidement sous antifongique traitement.
14
Dermatologie Traitements antifongiques en dermatologie 98-906-A-10
Références
[1] Abruzzo GK, Flattery AM, Gill CJ, Kong L, Smith JG, Krupa D [24] Del Rosso JQ, Grupta AK. Oral itraconazole therapy for [49] Grupta AK, Scher RK, De Doncker P. Current management
et al. Evaluation of water-soluble pneumocandin analogs L superficial, subcutaneous, and systemic infections. A pan- of onychomycosis. An overview. Dermatol Clin 1997 ; 15 :
733560, L-70589 and L-731373 with mouse models of dis- oramic view. Postgrad Med 1999 ; 46-52 121-135
seminated aspergillosis, candidiasis, and cryptococcosis. [25] Desai PC, Johnson BA. Oral fluconazole for vaginal candi- [50] Guerin V, Delance V, Papalexiou P, Duchêne P, Houin G,
Antimicrob Agents Chemother 1995 ; 39 : 1077-1081 dosis. Am Fam Physician 1996 ; 54 : 1337-1340-1345-1346 Thomas JL. Systemic absorption of 14C-radiolabelled serta-
[2] Aly R, Berger T. Common superficial fungal infections in [26] Dordain-Bigot ML, Baran R, Baixench MT, Bazex J. Onycho- conazole administred in 300 mg prolonged-liberation
patients with AIDS. Clin Infect Dis 1996 ; 22 (suppl 2) : mycose à Fusarium. Ann Dermatol Vénéréol 1996 ; 123 : vaginal suppository form to four healthy post-menopausal
128-132 191-193 women. J Mycol Med 1996 ; 6 : 63-67
[3] Amoric JC, Fraitag S, Bodemer C, Capoen S, Badillet G, De [27] Elewski BE. Cutaneous mycoses in children. Br J Dermatol [51] Guerreiro C, De Simone C, Tulli A. A case of chromoblasto-
Prost Y. Folliculites cicatricielles à Malassezia furfur chez 1996 ; 134 : 7-11 mycosis due to treatment with fluconazole. Eur J Dermatol
l’enfant. Ann Dermatol Vénéréol 1995 ; 122 (supp1) : S121 1998 ; 8 : 167-168
[28] Elewski BE. Onychomycosis caused by Scytalidium dimidia-
[4] Assaf RR, Elewski BE. Intermittent fluconazole dosing in tum. J Am Acad Dermatol 1996 ; 35 : 336-337 [52] Hall AP, Tate B. Acute generalized exanthematous pustu-
patients with onychomycosis: results of a pilot study. J Am losis associated with oral terbinafine. Australas J Dermatol
Acad Dermatol 1996 ; 35 : 216-219 [29] Elewski BE. Tinea capitis: a current perspective. J Am Acad 2000 ; 41 : 42-45
Dermatol 2000 ; 42 : 171-189
[5] Bille J. Correlation between in vitro and in vivo activity of [53] Hamm H, Schwinn A, Brautigam M, Weidinger G. Short
antifungal agents against yeast. J Mycol Méd 1996 ; 6 : [30] Elewski BE, Hay RJ. Internationnal summit on cutaneous
duration treatment with terbinafine for tinea capitis caused
118-122 antifungal therapy. Focus on tinea capitis, Boston, Massa-
by Trichosporum or Microsporum species. Br J Dermatol
chusetts, november 11-13,1994. Pediatr Dermatol 1996 ;
[6] Bong JL, Lucke TW, Evans CD. Persistent impairment of 1999 ; 140 : 480-482
13 : 69-77
taste resulting from terbinafine. Br J Dermatol 1998 ; 139 : [54] Haria M, Bryson HM, Goa KL. Itraconazole. A reappraisal of
747-748 [31] Esterre P, Inzan CK, Ramarcel ER, Andriantsimahavandy A,
its pharmacological properties and therapeutic use in
Ratsioharana M, Pecarrere JL et al. Treatment of chromo-
[7] Boudghène-Stambouli O, Merad-Boudia A. Chromomy- management of superficial fungal infections. Drugs 1996 ;
mycosis with terbinafine: preliminary results of an open
cose : deux observations. Ann Dermatol Vénéréol 1994 ; 51 : 585-620
pilot study. Br J Dermatol 1996 ; 134 : 33-36
121 : 37-39 [55] Hay RJ, Mc Gregor JM, Wuite J, Ryatt KS, Ziegler C, Clayton
[32] Evans EG, Sigurgeisson B. Double blind, randomized study
[8] Boudghène-Stambouli O, Merad-Boudia A. Évolution of continuous terbinafine compared with intermittent itra- YM. A comparison of 2 weeks of terbinafine 250mg/day
fatale d’une maladie dermatophytique (dermatophytose conazole in treatment of toe-nail onychomycosis. Br Med J with 4 weeks of itraconazole 100mg/day in plantar-type
chronique granulomateuse). J Mycol Méd 1996 ; 6 : 1999 ; 318 : 1031-1035 tinea pedis. Br J Dermatol, 1995 ; 132 : 604-608
139-141 [56] Hennequin C, Bodemer C, Teillac D, De Prost Y. Onycho-
[33] Faergemann J. Pytirosporum infections. J Am Acad Derma-
[9] Broberg A. Pityrosporum ovale in healthy children, infan- tol 1994 ; 31 (suppl) : S18-S20 mycosis in children. J Myclol Med 1996 ; 6 : 186-189
tile seborrheic dermatitis and atopic dermatitis. Acta Derm [57] Herbrecht R. The changing epidemiology of fungal infec-
Venereol [suppl] 1995 ; 191 : 1-47 [34] Faergemann J, Anderson C, Hersle K, Hradil E, Nordin P,
Kaaman T et al. Double-blind, parallel-group comparison tions: are the lipid-forms of amphotericin B an advance?
[10] Buxton PK, Milne LJR, Prescott RJ, Proudfout MC, Stuart Eur J Haematol [suppl] 1996 ; 57 : 12-17
of terbinafine and griseofulvine in the treatment of toe-nail
FM. The prevalence of dermatophyte infection in well-
onychomycosis. J Am Acad Dermatol 1995 ; 32 : 750-753 [58] Holdcroft C. Terbinafine a new topical treatment for tinea
controled diabetics and the response to Trichophyton
[35] Faergemann J, Laufen H. Levels of fluconazole in normal infections. Nurse Pract 1994 ; 19 : 29-30
antigen. Br J Dermatol 1996 ; 134 : 900-903
and diseased nails during and after treatment of onycho- [59] Holmes S, Kemmett D. Exacerbation of systemic lupus
[11] Caceres-Rios H, Rueda M, Ballona R, Bustamante B. Com-
mycoses in toe-nails with fluconazole 150 mg once weekly. erythematosus induced by terbinafine. Br J Dermatol 1998 ;
parison of terbinafine and griseofulvin in the treatment of
Acta Derm Venereol 1996 ; 76 : 219-221 139 : 1133
tinea capitis. J Am Acad Dermatol 2000 ; 42 : 80-82
[36] Faro S. New treatments for vulvovaginal candidiasis. Infect [60] Hood S, Denning DW. Treatment of fungal infection in
[12] Capesius-Dupin C, Benaily N, Hennequin C, De Prost Y.
Dis Obstet Gynecol 1996 ; 4 : 247-254 AIDS. J Antimicrob Chemother 1996 ; 37 : 71-85
Dermatomycoses en pédiatrie.J Mycol Méd 1995 ; 5
(suppl 1) : 40-45 [37] Fassouane A, Rachidi M, Rouffaud MA, El-Abbouyi A, [61] Hoog GS, Buiting A, Tan CS, Stroebel AB, Kettering C, De
Nguyen VH. In vitro antifungal activity of Bacillus licheformis Boer EJ et al. Diagnostic problems with imported cases of
[13] Carrillo-Munoz AJ, Tur C, Estivill Z, Torres J. In vitro antifun-
FSJ-2 products against dermatophytes. J Mycol Méd 1995 ; mycetoma in the Netherlands. Mycoses 1993 ; 36 : 81-87
gal activity of sertaconazole and bifonazole against der-
5 : 244-248
matophytes. J Mycol Méd 1995 ; 5 : 235-238 [62] Jessup CJ, Warner J, Isham N, Hasan I, Ghannoum MA.
[14] Chiritescu MM, Chiritescu ME, Scher RK. Newer systemic [38] Feuilhade de Chauvin M, Baran R, Goettmann S, Pietrini P, Antifungical susceptibility testing of dermatophytes: estab-
antifungal drugs for the treatment of onychomycosis. Clin Viguié C, Badillet Get al. Onychomycoses dermatophyti- lishing a medium for inducing conidial growth and evalu-
Podriatr Med Surg 1996 ; 13 : 741-758 ques avec atteinte de la matrice : intérêt de l’association ation of susceptibility of clinical isolates. J Clin Microbiol
d’un vernis contenant 5 % d’amorolfine à un traitement 2000 ; 38 : 341-344
[15] Cochet P, Levron JC, Caizergues PH, Bromet-Petit Z, oral par terbinafine. J Dermatol Prat 1996 ; poster 98
Rouzier-Panis R, Cellier F. Cinétique du kétoconazole dans [63] Jones TC. Overview of the use of terbinafine (Lamisilt) in
la couche cornée après application d’un gel moussant de [39] Feuilhade de Chauvin M, Dubertret L. Infections à derma- children. Br J Dermatol 1995 ; 132 : 683-689
kétoconazole à 2 %. Nouv Dermatol 1995 ; 14 : 607-611 tophytes et pathologie VIH. J Mycol Méd 1995 ; 5 (suppl 1) :
8-10 [64] Kauffman CA. Role of azoles in antifungal therapy. Clin
[16] Contet-Audonneau N, Schmutz JL, Argenton P, Basile AM, Infect Dis 1996 ; 22 (suppl 2) : 148-153
Weber M. Onychomycoses à Onychocola canadensis. Ann [40] Friedlander SF. The evolving role of itraconazole, flucona-
zole and terbinafine in the treatment of tinea capitis. [65] Kauffman CA, Carver P. Antifungal agents in the 1990’s.
Dermatol Vénéréol 1995 ; 122 (suppl 1) : S120 Current status and future developments. Drugs 1997 ; 53 :
Pediatr Infect DisJ 1999 ; 18 : 205-210
[17] Cremer G, Roujeau JC, Houin R, Revuz J. Dermatophytoses 539-549
à répétition : physiopathologie et conduite à tenir. J Mycol [41] Fuchs J, Nilbradt R, Pecher SA. Diagnostic features of chro-
moblastomycosis and lobomycosis. Eur J Dermatol 1993 ; [66] Khanlou H, Salmon-Céron D, Sicard D. Analyse des échecs
Méd 1995 ; 5 (suppl 1) : 2-7 des antimycosiques azolés dans le traitement des candido-
3 : 202-205
[18] Cribier B, Grosshans E. Efficacité et tolérance de la terbina- ses lors de l’infection par le VIH. Méd Thér 1996 ; 2 : 637-640
fine (Lamisilt) dans une série de 50 onychomycoses à der- [42] Garcia-Rodriguez LA, Duque A, Castellsague J, Perez-
Gutthann S, Stricker BH. A cohort study on the risk of acute [67] Krafchik B, Pelletier J. An open study of tinea capitis in 50
matophytes. Ann Dermatol Vénéréol 1994 ; 121 : 15-20 children treated with a 2 week course of oral terbinafine.
liver injury among users of ketoconazole and other antifun-
[19] De Becker DA, Baran R, Dawber RP. Handbook of disease of gal drugs. Br J Clin Pharmacol 1999 ; 48 : 847-852 J Am Acad Dermatol 1999 ; 41 : 60-63
the nails and their management. Oxford : Blackwell [68] Kurup A, Leo YS, Tan AL, Wong SY. Disseminated Penicil-
Science, 1995 : 53-63 [43] Georgopapadakou NK, Walsh TJ. Antifungal agents: che-
motherapeutic targets and immunologic strategies. Anti- lium marneffei infection: a report of five cases in Singapore.
[20] De Donker P, Scher RK, Baran RL, Decroix J, Degreef HJ, microb Agents Chemother 1996 ; 40 : 279-291 Ann Acad Med Singapore 1999 ; 28 : 605-609
Roseeuw DI et al. Itraconazole therapy is effective for pedal [69] Kutoba T. Chronic and recurrent vulvovaginal candidiasis.
onychomycosis caused by some nondermatophyte molds [44] Graybill JR. The future of antifungal therapy. Clin Infect Dis
1996 ; 22 : 166-178 Nippon Ishinkin Gakkai Zasshi 1998 ; 39 : 213-218
and mixed infection with dermatophytes and molds: a
multicenter study with 36 patients. J Am Acad Dermatol [45] Greer DL. Treatment of tinea capitis with itraconazole. J Am [70] Landraud L, Gari-Toussaint M, Marty P, Perrin C, de Bièvre
1997 ; 36 : 173-177 Acad Dermatol 1996 ; 35 : 637-638 C, Le Boursicot Y et al. Un cas de chromomycose à la Grande
[46] Grupta AK, Del Rosso JQ, Lynde CW, Brown GH, Shear NH. Comore. Traitement par flucytosine et itraconazole. J Mycol
[21] Degreef H, Palacio A, Mying S, Ginter G, Pinto-Soares A,
Hepatitis associated with terbinafine therapy: three case Méd 1996 ; 6 : 182-185
Zuluaga De Cadena A. Randomized double blind compari-
son of short-term itraconazole and terbinafine therapy to reports and a review of literature. Clin Exp Dermatol 1998 ; [71] Lesher JL Jr. Oral therapy of common superficial fungal
nail onychomycosis. Acta Derm Venereol 1999 ; 79 : 23 : 64-67 infections of the skin. J Am Acad Dermatol 1999 ; 40 (suppl) :
221-223 [47] Grupta AK, Hofstader SL, Adam P, Summerbell RC. Tinea S31-S34
[22] Degreef HJ, De Doncker PR. Current therapy of dermato- capitis: an overview emphasis on management. Pediatr [72] Liony C, Joly P, Balguerie X, Fusade T, Lauret P. Infection
phytosis. J Am Acad Dermatol 1994 ; 31 (suppl) : S25-S30 Dermatol 1999 ; 16 : 171-189 cutanéo-phanérienne par Hendersonula toruloïdea. Ann
[23] Del Rosso JQ. Treatment of onychomycosis and tinea pedis [48] Grupta AK, Schear RK. A risk-benefit assessment of the Dermatol Vénéréol 1993 ; 120 : 226-228
with intermittent itraconazole therapy. J Am Osteop Assoc newer oral antifongal agents used to treat onychomycosis. [73] Machet L. Effets secondaires des antifongiques locaux. Off
1996 ; 96 : 607-669 Drug Saf 2000 ; 22 : 33-52 Dermatol 1995 ; 57 : 26-28
15
98-906-A-10 Traitements antifongiques en dermatologie Dermatologie
[74] Mahé A, Huerre M, Keita S, Traoré F, Bobin P. Basidiobolo- [90] Pechère M, Saurat JH. Malassezia yeast density in HIV- [107] Suarez S. New antifungal therapy for children. Adv
mycose traitée avec succès par l’itraconazole. Ann Derma- positive individuals. Br J Dermatol 1997 ; 136 : 132-148 Dermatol 1997 ; 12 : 195-208
tol Vénéréol 1996 ; 123 : 182-184
[91] Piérard GE, Arrese JE, Piérard-Franchimont C. Treatment [108] Talwalkar JA, Soetikno RE, Carr-Locke DL, Berg CL. Severe
[75] Martins MD, Rex JH. Resistance to antifungal agents in the and prophylaxis of tinea infections. Drugs 1996 ; 52 : cholestasis related to itraconazole for the treatment of
critical care setting: problems and perspectives. New Horiz 209-224 onychomycosis. Am J Gastroenterol 1999 ; 94 :
1996 ; 4 : 338-344
3632-3633
[76] Montero-Gei F, Robles-Soto ME, Schlager H. Fluconazole [92] Rich P. Special patient populations: onychomycosis in the
in the treatment of severe onychomycosis. Int J Dermatol diabetic patient. J Am Acad Dermatol 1996 ; 35 (suppl) : [109] Tausch I, Brautigam M, Weidinger G, Jones TC.
1996 ; 35 : 587-588 S10-S12 Evaluation of 6 weeks treatment of terbinafine in tinea
unguium in a double-blind trial comparing 6 and
[77] Moyal-Barracco M. Candidoses vulvovaginales récidivan- [93] Rigopoulos D, Katambas A, Antoniou C, Theocaris S, Stati-
tes. Manifestations cliniques, diagnostic mycologique, fac- gos J. Facial seborrheic dermatitis treated with fluconazole 12 weeks therapy. Br J Dermatol 1997 ; 136 : 737-742
teurs favorisants, traitement. Reprod Hum Horm 1996 ; 9 : 2% shampoo. Int J Dermatol 1994 ; 33 : 136-137 [110] Tosti A, Piraccini BM, Lorenzi S. Onychomycosis caused
53-61 by nondermatophytic molds: clinical features and
[94] Roberts DT. La terbinafine dans les mycoses cutanées et
[78] Murphy M, Barnes L. Terbinafine induced lupus erythema- unguéales. L’expérience du Royaume-Uni. J Mycol Méd response to treatment of 59 cases. J Am Acad Dermatol
tosus. Br J Dermatol 1998 ; 138 : 708-709 1995 ; 5 (suppl 1) : 17-20 2000 ; 42 : 217-224
[79] Nejjam F, Zagula M, Cabiac MD, Guessous N, Humbert H, [111] Tosti A, Piraccini BM, Stinchi C, Venturo N, Bardazzi F,
Lakhdar H. Pilot study of terbinafine in children suffering [95] Ropelanoro R. Neonatal Malassezia furfur pustulosis. Arch
Dermatol 1996 ; 132 : 190-193 Colombo MD. Treatment of dermatophyte nail
from tinea capitis: evaluation of efficacy, safety and phar- infections: an open randomized study comparing
macokinetics. Br J Dermatol1995 ; 132 : 98-105 [96] Runambot F, Plantin P, Queinnec C, Leroy JP. Pustulose intermittent terbinafine treatment and intermittent
[80] Niewerth M, Korting HC. Management of onychomycosis. néonatale à Malassezia furfur. Cas pour diagnostic. Ann itraconazole therapy. J Am Acad Dermatol 1996 ; 34 :
Drugs 1999 ; 58 : 283-296 Dermatol Vénéréol 1996 ; 123 : 581-582 595-600
[81] Noguchi H, Hiruma M, Kawada A. Case report. Sporotri- [97] Rzany B, Mockenhaopt M, Gehring W, Schopf E. Stevens- [112] Troke PF. Fluconazole: its properties and efficacy in
chosis successfully treated with itraconazole in Japan. Johnson syndrome after terbinafine therapy. J Am Acad vaginal candidosis. Curr Probl Dermatol 1996 ; 24 :
Mycoses 1999 ; 42 : 571-576 Dermatol 1994 ; 30 : 509 203-208
[82] Noguchi H, Hiruma M, Kawada A. Effectiveness of treat-
ment of severe tinea pedis with 1% terbinafine cream in [98] Savin R. Diagnosis and treatment of tinea versicolor. J Fam [113] Tsang P, Hopkins T, Jimenez-Lucho V. Deep
members of the Japanese self-defense forces. Mycoses Pract 1996 ; 43 : 127-132 dermatophytosis caused by Trichophyton rubrum in a
1999 ; 42 : 479-484 [99] Sayag J, Badillet G, Zagula M. Efficacité et tolérance du patient with AIDS. J Am Acad Dermatol 1996 ; 34 :
[83] Odom RB, Aly R, Scher RK, Daniel CR, Ekewski BE, Zaias N Lamisilt (terbinafine). Étude multicentrique dans les 1090-1091
et al. A multicenter, placebo-controlled, double-blind mycoses cutanées et unguéales. Nouv Dermatol 1995 ; 14 : [114] Van Cutsem J. Itraconazole and therapy of fungal
study of intermittent therapy with itraconazole for the 547-552 infections. Curr Probl Dermatol 1996 ; 24 : 194-202
treatment of onychomycosis of the fingernail. J Am Acad
Dermatol 1997 ; 36 : 231-235 [100] Sayag J, Badillet G, Zagula M. Lamisilt crème [115] Vickers AE, Sinclair JR, Zollinger M, Heitz F, Glanzel U,
(terbinafine). Efficacité et tolérance. Étude multicentrique Johanson L et al. Multipe cytochrome P450’s involved in
[84] Ornstein DL, Ely P. Reversible agranulocytosis associated dans les mycoses cutanées. Nouv Dermatol 1996 ; 15 : the metabolism of terbinafine suggest a limited potential
with oral terbinafine for onychomycosis. J Am Acad Derma- 259-263 for drug-drug interactions. Drug Metab Dispos 1999 ; 27 :
tol 1998 ; 39 : 1023-1024
[101] Schechtman RC, Midgley G, Hay RJ. HIV disease and 1029-1038
[85] Padilla-Desgarennes MC, Godoy MR, Beirana Palencia A. Malassezia yeasts: a quantitative study of patients
Therapeutic efficacy of terbinafine in the treatment of three [116] Viguié-Vallanet C, Savaglio N, Piat C, Tourte-Schaefer C.
presenting with seborrheic dermatitis. Br J Dermatol Épidémiologie des teignes à Microsporum langeronii en
children with tinea tonsurans. J Am Acad Dermatol 1996 ;
1995 ; 133 : 694-698 région parisienne. Résultat de deux enquêtes scolaires et
35 : 114-116
[102] Shapiro M, Li LJ, Miller J. Terbinafine induced familiales. Ann Dermatol Vénéréol 1997 ; 124 : 696-699
[86] Palacin C, Tarrago C, Sacristan A, Ortiz JA. Antifungal acti-
neutropenia. Br J Dermatol 1999 ; 140 : 1196-1197
vity of sertaconazole in the cutaneous retention time test. [117] Warwick JA, Corrali RJ. Serious interaction between
J Mycol Med 1995 ; 5 : 35-39 [103] Sheehan DJ, Hitchcock CA, Sibley C. Current and warfarin and oral terbinafine. Br Med J 1998 ; 316 :
[87] Papa CA, Miller OF. Pustular psoriasiform eruption with emerging azole antifungal agents. Clin Microbiol Rev 440-441
leukocytosis associated with terbinafine. J Am Acad Derma- 1999 ; 12 : 40-79
[118] Wenig JA. The systemic treatment of onychomycosis. Clin
tol 1998 ; 39 : 115-117 [104] Smith ML. Tinea capitis. Pediatr Ann 1996 ; 25 : 101-105
Podiatr Med Surg 1995 ; 12 : 263-274
[88] Papini M, Difonzo EM, Cilli P, Panconesi E, Calandra P. [105] Smith SW, Sealy DP, Schneider E, Lackland D. An
Itraconazole versus Fluconazole. A double-blind compari- evaluation of the safety and efficacy of fluconazole in the [119] Zaïas N, Glick B, Rebell G. Diagnosing and treating
son in tinea corporis, J Mycol Med 1997 ; 7 : 77-80 treatment of onychomycosis. South MedJ 1995 ; 88 : onychomycosis. J Fam Pract 1996 ; 42 : 513-518
[89] Parent D, Decroix J, Heenen M. Clinical experience with 1217-1220 [120] Zaug M. Amorolfine nail laquer: clinical experience in
schedules of itraconazole in the treatment of tinea corporis [106] Speed B. A review of antifungal agents. Australian Fam onychomycosis. J Eur Acad Dermatol Venereol 1995 ; 4
and/or tinea cruris. Dermatology 1994 ; 189 : 378-381 Phys 1996 ; 25 : 717-721 (suppl 1) : S23-S30
16