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Les fièvres prolongées inexpliquées se définissent par une température axillaire supérieure à 38 ◦ C prise
deux fois sur une période de trois semaines, et l’absence de diagnostic après trois jours d’hospitalisation ou
après trois consultations. Ces fièvres relèvent de causes nombreuses et variées (plus de 200 répertoriées).
La plupart des étiologies de fièvre prolongée sont classées en pathologies infectieuses, inflammatoires et
néoplasiques. L’étape clinique doit être rigoureuse, elle est essentielle à la recherche d’un point d’appel
et oriente le choix des examens complémentaires. Il est souvent nécessaire d’hospitaliser le patient pour
faciliter la réalisation des examens complémentaires, notamment si son état général se dégrade. Le
scanner thoracoabdominopelvien, l’échographie cardiaque, et la biopsie de l’artère temporale (chez le
patient âgé de plus de 55 ans) sont des outils diagnostiques performants. La tomographie par émission
de positons couplée au scanner est rentable, et une utilisation plus précoce dans la stratégie diagnostique
est actuellement discutée. La stratégie diagnostique standardisée étape par étape permet d’établir un
diagnostic des fièvres prolongées dans environ 75 % des cas. En cas d’échec et de détérioration clinique,
les traitements d’épreuve s’imposent en fonction de la pathologie suspectée.
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• FPI des patients neutropéniques, au cours desquelles des anti- infectieuses méritent particulièrement d’être soulignées : il s’agit
biothérapies probabilistes font partie intégrante de la prise en notamment de certaines formes de mycobactérioses extrapul-
charge ; monaires, de la bartonellose, de la maladie de Whipple et des
• et FPI des patients infectés par le virus de l’immunodéficience endocardites à hémocultures négatives dont le diagnostic néces-
humaine (VIH) pour lesquelles les étiologies, principalement site un dialogue constructif avec le laboratoire de bactériologie.
infectieuses et néoplasiques, font l’objet de chapitres spéci- Enfin, trois situations particulières de FPI sont à souligner : les
fiques. fièvres médicamenteuses, les fièvres factices, et les fièvres récur-
Enfin, le bilan paraclinique de première intention peut rentes.
comprendre un hémogramme, une protéine C-réactive (CRP),
un bilan hépatique et rénal, des créatinines phosphokinases Cas particulier des fièvres médicamenteuses
(CPK), des lactates deshydrogénases (LDH), une électrophorèse
des protéines plasmatiques, trois hémocultures répétées systéma- Typiquement, les fièvres d’origine médicamenteuse s’installent
tiquement, un examen cytobactériologique des urines (ECBU), une semaine après le début du traitement, mais le délai est
des sérologies (VIH, virus d’Epstein-Barr [EBV], cytomégalovirus variable. Il peut s’agir d’une fièvre élevée avec frissons. Des
[CMV]), et un scanner thoracoabdominopelvien. manifestations allergiques associées (prurit, urticaire, éosinophi-
L’absence de diagnostic au terme de ce bilan est pour certains lie) peuvent être observées mais ne sont pas toujours présentes.
auteurs un élément définissant une FPI [2] . Bien que cette défi- Un élément diagnostique important est la disparition de la fièvre
nition associant éléments cliniques et paracliniques puisse être quelques jours après l’arrêt du médicament responsable.
discutée par les différents auteurs, il est certain qu’un bilan de Les mécanismes conduisant à la survenue d’une fière d’origine
première intention permet souvent d’orienter la démarche diag- médicamenteuse peuvent être la stimulation du centre diencépha-
nostique vers une des catégories étiologiques que cet article va à lique, un effet pyrogène direct ou une réaction d’hypersensibilité.
présent aborder. La liste de médicaments incriminés est longue. Le plus souvent,
sont en cause des antibiotiques (pénicillines, minocycline, cépha-
losporines, triméthroprime-sulfaméthoxazole), la méthyldopa,
Étiologies les quinidiniques, les progestatifs (contraception ou traitement
substitutif de la ménopause). Dans le cas des progestatifs,
l’élévation de la température de quelques dixièmes de degrés sans
Les étiologies des FPI peuvent être réparties en cinq catégo- dépasser 38 ◦ C peut être considérée comme « physiologique » mais
ries principales, dont les fréquences sont variables d’une étude impose de ne pas négliger un éventuel phénomène infectieux
à l’autre : les infections (25–40 %), les néoplasies (15–30 %), intercurrent.
les maladies inflammatoires non infectieuses (10–30 %), les
causes diverses (5–15 %), et les FPI « sans diagnostic identifié »
(Tableau 1). Les progrès réalisés depuis 30 ans en microbiologie et Cas particulier des fièvres factices
en imagerie ont permis de diagnostiquer plus facilement et plus Ces dernières sont difficiles à diagnostiquer et concernent le
précocement les étiologies infectieuses et néoplasiques. Ces fièvres plus souvent de jeunes femmes travaillant dans le milieu médical
sont donc moins souvent classées comme FPI, ce qui explique ou paramédical. L’absence de syndrome inflammatoire, la disso-
peut-être la tendance à une plus grande représentation des étio- ciation pouls/température, la bonne tolérance et le contrôle de la
logies inflammatoires et des causes non diagnostiquées dans les prise thermométrique lors d’une hospitalisation de courte durée
dernières séries de FPI [3, 4] . peuvent permettre de poser le diagnostic.
Certaines pathologies (tuberculose, lymphome, endocardite,
vascularite [notamment maladie de Horton], granulomatose,
maladie de Still) constituent des causes fréquentes de FPI [2, 3]
Cas particulier des fièvres récurrentes
et doivent être régulièrement considérées. De même, du Les fièvres récurrentes (fièvres entrecoupées de phases asymp-
fait d’implications thérapeutiques évidentes, certaines causes tomatiques de plus de 48 heures) concernent des patients plus
Tableau 1.
Liste non exhaustive des causes de fièvres prolongées inexpliquées.
Infections (25–40 %) Néoplasies (15–30 %) Maladies inflammatoires Causes diverses (5–15 %)
(10–30 %)
Bactériennes : Hémopathie (2/3) : lymphome Vascularite : maladie de Horton, Vasculaire :
- endocardite non hodgkinien, maladie de PPR, maladie de Takayasu, - thromboembolie, résorption
- tuberculose Hodgkin, syndrome vascularite ANCA-positive, PAN, d’un hématome
- bactérie intracellulaire (fièvre Q, myéloprolifératif polyangéite microscopique, - emboles de cholestérol
bartonellose, brucellose, rickettsiose, maladie de Behçet, - syndrome de Dressler
salmonellose, yersiniose) cryoglobulinémie - hyperthyroïdie
- infections focalisées : abcès profond, - fièvre factice
spondylodiscite ou ostéomyélite, fistule - fièvre médicamenteuse
entérovasculaire, anévrisme infecté, - maladie de Gaucher, maladie de
prostatite, mastoïdite Fabry
- infection sur prothèse orthopédique ou - hépatite alcoolique subaiguë
vasculaire - maladie de Weber-Christian
- maladie de Whipple
Virales : VIH, CMV, EBV, hépatites Tumeurs solides (1/3) : tumeur Connectivite : lupus
rénale, colique, carcinome érythémateux disséminé, maladie
hépatocellulaire, pulmonaire, de Sjögren, polychondrite
sarcome atrophiante, polyarthrite
rhumatoïde, spondylarthrite
ankylosante, maladie de Still,
myosites
Parasitaires : paludisme, leishmaniose, Granulomatose : sarcoïdose, MICI
toxoplasmose, trichinose, amibiase
tissulaire
CMV : cytomégalovirus ; EBV : Epstein-Barr virus ; MICI : maladie inflammatoire chronique de l’intestin ; PAN : périartérite noueuse ; PPR : pseudopolyarthrite rhizomélique ;
VIH : virus de l’immunodéficience humaine.
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Fièvres prolongées inexpliquées 1-0602
Tableau 2.
Fièvre récurrente héréditaire.
FMF TRAPS MVK UFF MW CINCA
Mode de Autosomique Dominant Récessif Dominant
transmission récessif
Prévalence 1/10 000 1/106 Extrêmement rare
Répartition Bassin Cosmopolite Cosmopolite, prédominant en Europe du Nord
méditerranéen
Début des < 20 ans Variable Petite enfance Enfance
symptômes
Facteur déclenchant Stress, infection, Stress Infection, traumatisme Froid – –
menstruation
Durée des accès Heures → 3–4 jours 1–3 semaines 4–6 jours < 24 heures Aggravation Continue
vespérale
Périodicité des accès Variable Variable Toutes les 4–6 semaines Variable Quotidienne Continue
Clinique Douleurs Douleurs Douleurs abdominales Arthrite, myalgie Arthrite Arthrite
abdominales très abdominales fréquentes Rash, urticaire Urticaire Urticaire
fréquentes fréquentes Rash, purpura Conjonctivite Atteinte auditive Conjonctivite
Pleurésie Douleurs Arthralgie/polyarthrite non Conjonctivite Uvéite
Pseudo-érysipèle thoraciques érosive Cécité (atrophie
rare fréquentes Myalgie optique)
Mono-oligoarthrite Rash migrateur, Céphalées, adénopathies
Myalgie pseudo-érysipèle cervicales
fréquent
Arthralgie/arthrite
non érosive
Conjonctivite,
uvéite, œdème
péri-orbitaire
Diagnostic Génétique Génétique Dosage des IgD sériques Génétique Génétique Génétique
élevé, acidurie
mévalonique en poussée,
mévalonate kinase
lymphocytaire
CINCA : chronic infantile neurologic cutaneous and articular syndrome ; FMF : fièvre méditerranéenne familiale ; Ig : immunoglobulines ; MKD : déficit partiel en mévalonate
kinase ; MW : syndrome de Muckle-Wells ; TRAPS : TNF [tumor necrosis factor] receptor associated periodic syndrome ; UFF : urticaire familiale au froid.
jeunes et sont de diagnostic souvent plus difficile (la moitié des cas de diriger les explorations complémentaires, et éventuellement
reste sans diagnostic). Le délai de prise en charge après l’apparition de cibler une biopsie, permettant d’apporter la preuve histolo-
des premiers symptômes est aussi plus long (parfois plusieurs gique de l’hypothèse diagnostique. Les éléments à rechercher sont
années). principalement les suivants.
Leurs étiologies peuvent être celles des FPI « classiques » et
appartenir aux groupes étiologiques habituels (infectieux, inflam-
matoires et néoplasiques). Toutefois, les FPI récurrentes peuvent Interrogatoire
aussi être en rapport avec des maladies auto-inflammatoires géné-
tiques, du groupe des fièvres récurrentes héréditaires [5] , dont • Terrain du patient : origine ethnique, antécédents tuberculeux,
l’expression clinique est pour la plupart d’entre elles bien carac- antécédents chirurgicaux, port de prothèses orthopédiques ou
térisée et en rapport avec des perturbations de l’immunité innée vasculaires, valvulopathies, allergies, antécédents tumoraux,
(Tableau 2). vaccination, comportement sexuel à risque, toxicomanie.
Le groupe des fièvres récurrentes héréditaires comprend six • Environnement : voyage exotique, activités professionnelles,
maladies principales : la fièvre méditerranéenne familiale, le loisirs, maladie de l’entourage, contage, consommation de
TRAPS (TNF [tumor necrosis factor] receptor associated perio- fruits de mer, etc.
dic syndrome), le MKD (déficit partiel en mévalonate kinase), • Caractéristique de la fièvre (continue, intermittente, etc.).
l’urticaire familiale au froid, le syndrome de Muckle-Wells, et • Traitement : traitement habituel, traitements récemment intro-
le CINCA (chronic infantile neurologic cutaneous and articular syn- duits, rechercher les médicaments qui ne sont pas considérés
drome). Ces trois dernières affections, qui ont en commun une comme tel par le malade comme les progestatifs.
atteinte cutanée urticarienne, sont qualifiées de cryopyrinopa-
thies, car elles sont associées à des mutations d’une protéine de
l’inflammation, la cryopyrine. Une des complications graves des
Examen clinique
fièvres récurrentes héréditaires est représentée par l’amylose AA La fièvre devra être authentifiée et ses caractéristiques recher-
qu’il convient de dépister et de prévenir par un traitement effi- chées : la température devra être prise après un repos d’une
cace de l’inflammation systémique. Les patients et les apparentés vingtaine de minutes afin d’éliminer une hyperthermie d’effort ;
au premier degré doivent en outre bénéficier de consultations chez la femme, la période du cycle menstruel devra être prise
spécialisées. en compte ; la prise de la température rectale exposant au risque
d’ulcérations anorectales, la température peut être prise près des
Stratégie diagnostique (Fig. 1)
gros vaisseaux au niveau du creux axillaire, du creux de l’aine,
ou par thermomètre électronique à infrarouge au niveau tympa-
Démarches clinique et paraclinique nique. Une hospitalisation est parfois nécessaire pour confirmer
ou infirmer l’existence de la fièvre, car elle permet de prendre
de première intention la température de manière rigoureuse plusieurs fois par jour (au
L’interrogatoire et l’examen clinique précis (qu’il faut savoir repos, au minimum trois fois, aux mêmes heures afin d’éliminer
répéter) sont essentiels. En effet, un point d’appel clinique permet une variation nycthémérale).
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Fièvres prolongées inexpliquées 1-0602
Interprétation des premiers résultats précocement dans la stratégie diagnostique si le tableau clinique
est évocateur de maladie de Horton, mais aussi en cas de FPI chez
et démarche diagnostique de seconde un sujet de plus de 55 ans. En effet, les formes fébriles pures de
intention maladie de Horton existent et ont même une fréquence élevée
dans certaines séries : par exemple, 18 sur 107 patients dans la
Cette étape consiste à faire la synthèse des premiers éléments série de Zenone [3] .
(cliniques et paracliniques) et à poursuivre la démarche diagnos-
tique si celle-ci n’a pas abouti. Consultations spécialisées
Examens biologiques Les consultations de gynécologie, d’otorhinolaryngologie et
d’ophtalmologie peuvent être proposées à la recherche d’un point
Certains éléments du bilan biologique de base peuvent d’appel.
d’emblée orienter le clinicien. L’absence de syndrome inflam-
matoire orientera vers une fièvre factice, par exemple. Certaines
anomalies de l’hémogramme sont évocatrices : une éosinopénie Bilan de troisième intention
pourrait évoquer une infection bactérienne [5, 6] ; une hyperéosino-
philie doit faire éliminer en priorité une parasitose, et rechercher, Si le diagnostic n’est pas posé au terme de ces deux premières
selon les éléments cliniques, une hémopathie, un cancer solide ou étapes, il convient de reprendre l’interrogatoire du patient et
une vascularite. Devant une hyperferritinémie, il faut rechercher de répéter à nouveau l’examen clinique. Il est également licite
une augmentation des triglycérides, et s’il existe une pancyto- d’envisager les explorations suivantes :
pénie réaliser un myélogramme, à la recherche d’un syndrome • tomographie par émission de positons couplée au scanner
d’activation macrophagique (ou syndrome d’activation lympho- (TEP-scanner) : le TEP-scanner est une imagerie fonctionnelle
histiocytaire). Quant à elle, la ferritine glycosylée aide à poser le qui permet de visualiser les régions au sein desquelles le
diagnostic de maladie de Still, lorsqu’elle est basse. métabolisme glucidique est augmenté. Une hyperfixation sera
Le bilan immunologique peut comprendre la recherche constatée au niveau des lésions néoplasiques, granulomateuses,
d’anticorps antinucléaires, d’anticorps anticytoplasmes de poly- ou infectieuses. De nombreuses études montrent l’efficacité
nucléaires neutrophiles (ANCA), d’une cryoglobulinémie avec diagnostique de cet examen dans le cadre des FPI (utile dans
consommation des protéines du complément (C3, C4) et sera environ 30 % des cas) [2] . Dans une série turque récente, le
éventuellement à répéter devant une forte suspicion de vascula- TEP-scanner serait même capable de détecter la cause des FPI
rite. dans près de 60 % des cas [9] . Une anémie, une augmentation
Trois hémocultures systématiques prélevées en l’absence de de la CRP, des adénopathies seraient des facteurs prédic-
fièvre ou idéalement en période fébrile seront réalisées. Des ponc- tifs de performance du TEP-scanner [10] . Cet examen permet
tions de liquides biologiques (ponctions pleurale, lombaire, etc.) notamment de diagnostiquer les vascularites des gros vaisseaux
seront à envisager en fonction des points d’appel identifiés et (fréquence importante dans les FPI). Certains auteurs placent
pourront permettre des analyses biochimiques, microbiologiques donc le TEP-scanner très précocement dans les explorations des
et cytologiques (cytologie standard et éventuellement immuno- FPI [9, 11] . Cependant, les difficultés actuelles à obtenir rapide-
phénotypage). ment ce type d’examen ne doivent pas retarder la démarche
Lorsqu’on suspecte des foyers infectieux préalablement décapi- diagnostique ;
tés par une antibiothérapie probabiliste (notamment communau- • endoscopies digestives : elles ont un intérêt particulier chez un
taire) ou une endocardite à hémocultures négatives, le laboratoire patient présentant une anémie ferriprive associée. De nom-
de microbiologie doit être informé de la nécessité de réaliser des breuses équipes les réalisent en troisième intention même en
cultures prolongées. Les progrès en biologie moléculaire consti- l’absence de point d’appel à la recherche d’une néoplasie diges-
tuent quant à eux une aide diagnostique de nombreuses maladies tive, en raison de la fréquence élevée de ces cancers dans
infectieuses. Ainsi, les techniques de polymerase chain reaction la population générale. En outre, des colites inflammatoires
(PCR) universelles (amorces universelles d’acide ribonucléique (notamment la maladie de Crohn) peuvent également se révé-
[ARN] ribosomal 16S pour les bactéries et 18S pour les agents fon- ler par une FPI. Des biopsies avec analyse histologique orientée
giques) demandées sur sang total et tissu valvulaire ont permis de peuvent en outre permettre de poser des diagnostics de parasi-
poser le diagnostic d’endocardite à hémocultures négatives dans tose chez un patient immunodéprimé, de maladie cœliaque, ou
la série de Fournier et al. dans respectivement 14 % et 69,1 % des de maladie de Whipple. En outre, le diagnostic de maladie de
cas [7] . Whipple pourra s’appuyer sur les résultats des PCR des liquides
et tissus digestifs ou extradigestifs, recherchant le matériel géné-
Examens d’imagerie tique de Tropheryma whipplei ;
• endoscopies bronchiques (parfois associées à un lavage bron-
choalvéolaire) : elles sont le plus souvent réalisées en présence
• Échographie cardiaque : elle doit être systématique à la
de point d’appel clinique, de tabagisme, d’anomalies scanno-
recherche d’une endocardite, et réalisée en urgence devant
graphiques ;
l’existence d’un souffle cardiaque. L’échographie transthora-
• biopsie ostéomédullaire : elle peut être utile pour certaines affec-
cique peut être techniquement difficile (mauvaise échogénicité
tions responsables de FPI (lymphome, métastase d’un cancer
du patient) ; dans ce cas, une échographie transœsophagienne
solide et, plus rarement, granulomatose, leishmaniose médul-
(de sensibilité diagnostique bien supérieure) est indiquée.
laire, mastocytose). Elle peut aussi s’intégrer dans la démarche
• Scanner thoracoabdominopelvien : s’il n’a pas été réalisé en
diagnostique en objectivant un syndrome d’activation macro-
amont, il a sa place très rapidement dans la stratégie diagnos-
phagique (ou syndrome d’activation lymphohistiocytaire)
tique. Il permet d’orienter le diagnostic dans un quart des cas de
devant une pancytopénie avec hyperferritinémie, hypertrigly-
FPI [8] , notamment dans le cadre de foyers infectieux profonds,
céridémie et perturbation du bilan hépatique. Mais dans ce cas,
de tumeur, d’hématome. Il permet de préciser les sites à biopsier
un myélogramme est l’examen de prédilection pour rechercher
si le diagnostic n’est pas réalisé lors de cette deuxième étape.
des images d’hémophagocytose ;
• Doppler veineux : même en l’absence de manifestations
• biopsie hépatique : elle garde un intérêt chez les patients
cliniques évidentes, les thromboses veineuses profondes,
avec suspicion de lymphome ou granulomatose ou maladie
notamment celles des gros vaisseaux (veine cave, veines pel-
de surcharge et perturbations du bilan hépatique. Cependant,
viennes), peuvent être à l’origine de FPI et doivent par
il s’agit d’un geste invasif présentant un risque hémorra-
conséquent être recherchées.
gique, et la balance bénéfice/risque doit être discutée de façon
collégiale ;
Biopsies • artériographie cœliomésentérique (éventuellement avec images
Des biopsies seront réalisées en fonction des points d’appel. Une hépatiques) : elle sera envisagée lorsqu’on suspecte une périar-
biopsie d’artère temporale doit être réalisée systématiquement et térite noueuse, qui est une vascularite systémique touchant
“ Points essentiels [7] Fournier PE, Thuny F, Richet H, Lepidi H, Casalta JP, Arzouni JP,
et al. Comprehensive diagnostic strategy for blood culture-negative
endocarditis: a prospective study of 819 new cases. Clin Infect Dis
2010;51:131–40.
Diagnostics urgents [8] Bleeker-Rovers CP, Vos FJ, de Kleijn EM, Mudde AH, Dofferhoff
• Certains diagnostics doivent conduire à des explorations TS, Richter C, et al. A prospective multicenter study on fever of unk-
en urgence en milieu hospitalier. nown origin. The yield of a structured diagnostic protocol. Medicine
• L’endocardite peut se présenter comme une fièvre nue, 2007;86:26–38.
[9] Tokmak H, Ergonul O, Demirkol O, Cetiner M, Ferhanoglu B. Diag-
et l’hospitalisation permet rapidement de réaliser trois nostic contribution of 18 F-FDG-PET/CT in fever of unknown origin.
hémocultures systématiques et lors des pics fébriles, et de Int J Infect Dis 2014;19:53–8.
rechercher des végétations à l’échographie cardiaque. [10] Crouzet J, Boudousq V, Lechiche C, Collombier L, Lavigne JP, Sotto
• La maladie de Horton est une cause fréquente de fièvre A. Place of (18)F-FDG-PET with computed tomography in the diag-
prolongée chez le sujet âgé de plus de 55 ans. Du fait nostic algorithm of patients with fever of unknown origin. Eur J Clin
Microbiol Infect Dis 2012;31:1727–33.
de la gravité de l’atteinte visuelle (risque de cécité), elle
[11] Bleeker-Rovers CP, Vos FJ, Mudde AH, Dofferhoff AS, de Geus-
doit être systématiquement recherchée à l’examen phy- Oei LF, Rijnders AJ, et al. A prospective multi-centre study of the
sique, et une biopsie de l’artère temporale doit être réalisée value of FDG-PET as part of a structured diagnostic protocol in
rapidement. patients with fever of unknown origin. Eur J Nucl Med Mol Imaging
2007;34:694–703.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Partouche L, Guilpain P. Fièvres prolongées inexpliquées. EMC - Traité de Médecine Akos 2015;10(3):1-6
[Article 1-0602].
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