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Le raisonnement et la décision en médecine sémiologie médicale 3ème année médecine Laghouat

Le raisonnement et la décision en médecine Logique diagnostique :


Introduction : La plainte du malade et Les données
Intro : de son examen clinique sont souvent compatibles avec
• Le raisonnement clinique s’articule autour de la plusieurs hypothèses diagnostiques.
démarche clinique. Par ex : Une toux fébrile : grippe, bronchite aiguë,
• La démarche clinique comporte trois temps : pneumopathie infectieuse ou inflammatoire, embolie
- Un temps diagnostique : spécifier le problème de pulmonaire.
santé et sa cause. • Dans ces conditions, l’examen clinique permet
- Un temps pronostique : prédire son évolution d’envisager les diagnostics possibles et d’estimer la
immédiate (urgence) et à plus long terme. probabilité de chacun.
- Un temps thérapeutique : définir un traitement afin • Optimiser le rendement de la démarche diagnostique
d’influencer favorablement l’évolution spontanée : les hypothèses sont émises selon trois logiques
et/ou une surveillance. complémentaires :
- Un temps relationnel : expliquer au malade, à ses ‣ Une logique probabiliste : les diagnostics les plus
proches et aux autres soignants le problème de santé fréquents sont systématiquement considérés (grippe et
et négocier avec eux la prise en charge. bronchite aiguë en cas de toux fébrile).
Analyse de la démarche clinique : ‣ Une logique pronostique : les hypothèses les plus
L’examen clinique : graves doivent être évoquées suffisamment tôt.
- Il se trouve au cœur de la décision à toutes les ‣ Une logique pragmatique : les diagnostics
étapes de la prise en charge. conduisant un traitement spécifique avec un bon
- Il commence par fournir une orientation rapport bénéfice / risque, donc rentables au plan
diagnostique et des renseignements sur la gravité thérapeutique sont évoqués avant les autres.
immédiate du problème de santé. La décision clinique résulte de la confrontation des
- Il permet ainsi de planifier : données du patient avec les connaissances médicales.
‣ Les conditions de prise en charge (généraliste ou • Les données du patient sont cliniques et para
spécialisé, urgente ou non ambulatoire ou cliniques.
hospitalière), • Les données cliniques peuvent être réparties en :
‣ La prise en charge diagnostique (choix des ‣ Terrain : sexe, âge….
examens complémentaires judicieux et de leur délai ‣ Facteurs d’exposition professionnels, domestiques,
de réalisation). récréatifs, environnementaux
‣ La prise en charge thérapeutique. (pour une toux fébrile : épidémie grippale, personne
‣ La surveillance à mettre en place. malade dans l’entourage, contact avec des
• Les temps diagnostique, pronostique et animaux…).
thérapeutique ne se succèdent pas toujours de façon ‣ Antécédents personnels et familiaux
séquentielle : (immunodépression, maladie respiratoire
‣ Dans l’urgence, un traitement est souvent mis en chronique…).
route avant que le diagnostic soit prouvé (par ‣ Histoire du ou des problèmes de santé (épisodes
exemple, traiter par antibiotiques une suspicion respiratoires antérieurs, durée d’évolution…).
d’infection invasive à méningocoque). ‣ Signes fonctionnels associés (expectoration,
‣ Même en dehors de l’urgence il arrive que des hémoptysie, douleur thoracique…).
traitements soient prescrits en l’absence de certitude ‣ Signes physiques (saturation périphérique en
ou même d’orientation diagnostique (par exemple un oxygène, fréquence respiratoire, auscultation
traitement antalgique, antipyrétique ou autre pulmonaire…).
traitement symptomatique). • Cette catégorisation montre l’importance de
• Un traitement d’épreuve peut même participer à la l’entretien, dont relèvent toutes les catégories de
démarche diagnostique (par exemple, la réponse à un données cliniques.
traitement antibiotique d’une probable infection
urinaire).
• Inversement, l’évaluation diagnostique et
pronostique peut avoir des vertus thérapeutiques si
elle rassure le patient.
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• Les examens complémentaires sont également très


divers :
‣ Biologie (pour une toux fébrile, selon le contexte :
numération formule sanguine, protéine C réactive, gaz
du sang artériels…).
‣ Microbiologie (examen cytobactériologique des
expectorations, hémocultures, antigénuries…).
‣ Électrophysiologie (électrocardiogramme…).
‣ Épreuves fonctionnelles respiratoires (en cas de
suspicion de maladie respiratoire chronique sous-
jacente, par exemple).
‣ ACP : (cytologie du liquide pleural…).
‣ Radiologie (radiographie thoracique de face debout
ou tomodensitométrie du thorax…).
‣ Médecine nucléaire (scintigraphie pulmonaire…). • Une fois le traitement débuté, sa tolérance et son
• Certaines données du patient et certaines efficacité sont surveillées.
combinaisons permettent d’affirmer (signes • Lorsque l’évolution est différente de ce qui était
pathognomoniques) ou d’exclure un diagnostic. attendu, il se peut que le diagnostic soit erroné, le
• Toutefois, la plupart ne font que modifier la pronostic mal apprécié, le traitement mal choisi ou
probabilité des hypothèses diagnostiques. mal appliqué.
• Le médecin raisonne en condition d’incertitude, ce • L’ensemble de ces éléments doit être réévalué de
qui lui impose de faire des paris. manière critique.
• L’approche clinique permet au médecin de faire des Elément contextuels :
paris raisonnables, à condition de respecter une • La décision clinique : confrontation des données
logique que la sémiologie quantitative s’attache à biomédicales du patient avec les connaissances
formaliser. médicales.
• La sémiologie quantitative détermine la façon dont • En pratique, un grand nombre de facteurs non
la présence ou l’absence d’un signe (clinique ou biomédicaux ont une importance capitale dans la
paraclinique) modifie la probabilité de chaque décision.
hypothèse, en fonction de sa sensibilité et de sa • Ces éléments contextuels relèvent :
spécificité. ‣ Des particularités de l’environnement de soins
Logique thérapeutique : (global et local).
• Lorsque la réflexion diagnostique progresse, il arrive ‣ De la personnalité et des ressources des acteurs de
qu’une hypothèse devienne suffisamment probable la décision (le malade et ses proches, le médecin et les
pour que le traitement correspondant soit débuté autres soignants).
(traitement antibiotique devant une toux fébrile avec Environnement de soins :
foyer pulmonaire auscultatoire). • Les ressources de soins locales modulent la façon
• Parfois au contraire, l’hypothèse peut devenir si peu dont la médecine est pratiquée à un endroit et un
probable qu’on l’abandonne (embolie pulmonaire moment donné.
exclue par des D-dimères négatifs si la probabilité • Leur impact transparaît de façon évidente dans
clinique était faible). certains milieux très contraints : bateau, station
• Formellement, on peut imaginer un seuil de pétrolière, base scientifique isolée, prison…
probabilité au-dessus duquel le traitement est mis en • Mais l’influence des ressources disponibles est
route (seuil de traitement) et un autre en dessous ubiquitaire : on ne pratique pas la médecine, par
duquel l’hypothèse est rejetée (seuil de test). exemple, de la même manière au Mali et en Algérie, à
• En revanche, quand la probabilité d’une hypothèse la campagne et à la ville, dans le cabinet du médecin
se situe entre les deux seuils il faut continuer à la généraliste et à l’hôpital, ou dans deux hôpitaux ne
tester pour augmenter ou diminuer sa probabilité et la disposant pas du même plateau technique ou des
faire passer au-dessus du seuil de traitement ou en mêmes spécialistes.
dessous du seuil de test.
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• Même si le médecin ne peut pas modifier les des réticences à débuter un tel traitement chez un
ressources à sa disposition, il doit parfaitement les nouveau patient, même si l’indication est bien définie.
connaître pour prendre des décisions adaptées. • C’est pourquoi le code de déontologie demande au
Acteurs de la décision : médecin d’avoir recours à l’avis de tiers compétent
• Le malade a une personnalité, des valeurs et des lorsqu’il le juge utile, et que la loi l’impose dans
responsabilités qui vont modifier ses préférences et certaines circonstances.
ses comportements de santé. • Ainsi, dans les situations où une limitation des soins
• Une mère demandera une prise en charge est discutée sans que le malade soit en mesure de
ambulatoire si elle ne trouve personne pour s’occuper s’exprimer, il est prévu une procédure collégiale qui
de ses enfants, même lorsqu’une hospitalisation serait fait intervenir au moins un médecin extérieur en plus
médicalement préférable. du médecin et de l’équipe soignante habituels.
• Par ailleurs, le patient dispose de ressources • La décision d’interruption thérapeutique de
variables à de nombreux plans : financier, socio- grossesse nécessite également l’avis concordant de
familial, intellectuel, logement, moyens de deux médecins représentant une équipe
transports… pluridisciplinaire.
• Une hospitalisation à domicile ne sera pas mise en • De même les réunions de concertations
place dans un logement exigu ne pouvant pas pluridisciplinaires en oncologie doivent faire
accueillir de lit médicalisé. intervenir au moins trois médecins de spécialités
• En l’absence d’aidant familial, une ordonnance différentes pour délibérer avec pertinence des choix
compliquée chez un patient souffrant de troubles de prise en charge.
cognitifs nécessitera une infirmière pour la • En réalité, la délibération est profitable à toutes les
préparation du pilulier et éventuellement la décisions qui sortent de l’ordinaire, soit par leur
vérification des prises. complexité biomédicale soit par le poids des facteurs
• Une décision médicale judicieuse prendra contextuels.
nécessairement en compte l’ensemble de ces facteurs, • La mutualisation des points de vue, des
qui sont les mieux connus du malade et de son connaissances et d’expériences variés et la discussion
entourage. qui l’accompagne sont les meilleures garanties d’une
• À l’opposé, les facteurs biomédicaux et les décision équilibrée.
connaissances médicales sont mieux maîtrisés par le Médecine factuelle :
médecin. Introduction :
• Une décision les intégrant tous fait participer les Déf : une approche médicale qui se base sur des preuves scientifiques solides,
telles que des études cliniques et des données empiriques, pour prendre des
deux parties, on parle de décision médicale partagée. décisions cliniques et médicales éclairées. Elle vise à intégrer les meilleures
• La mise en œuvre de la décision partagée pose des preuves disponibles, l'expertise clinique et les préférences du patient pour fournir
des soins de santé efficaces et adaptés à chaque situation.
problèmes complexes. La médecine factuelle ne nie pas la complexité de la
• Le code de la santé publique demande que le décision médicale et la pluralité des facteurs qui y
malade, informé de façon loyale et adaptée, prenne les concourent.
décisions de santé qui le concernent avec le médecin. • Elle demande que cette complexité ne soit pas un
• En pratique, de nombreux malades ne souhaitent pas prétexte pour négliger les données actuelles de la
endosser cette responsabilité et la délèguent au science.
médecin qui doit faire l’effort d’intégrer le point de • Selon ses instigateurs, elle se caractérise par
vue et les ressources du malade dans sa décision. l’utilisation consciencieuse, explicite et judicieuse des
• Toutefois le médecin lui-même a une personnalité meilleurs résultats disponibles de la recherche clinique
propre, de même que des connaissances et des pour prendre des décisions de soins personnalisées.
compétences finies. Une démarche en quatre étapes :
• Dans certaines situations, son expérience, ses valeurs La médecine factuelle propose une démarche en
et ses préférences risquent de biaiser sa décision. quatre étapes pour prendre en compte de façon aussi
• Un médecin défavorable à certaines solutions de rigoureuse que possible les facteurs biomédicaux :
prise en charge, comme l’avortement par exemple, ne
les proposera pas spontanément.
• Un médecin dont un patient vient de faire une
complication hémorragique sous anticoagulants aura
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1/ Réduire le problème de santé à une question à 80 patients traités.


laquelle la recherche clinique peut répondre. La notion de niveau de preuve :
2/ Trouver les études qui ont porté sur cette question. • La médecine factuelle a popularisé la notion de
3/ Faire la synthèse critique de leurs résultats, niveau de preuve.
4/ Les appliquer à la résolution du problème initial. • Les hiérarchies de niveaux de preuves caractérisaient
Bien formuler une question clinique : initialement la validité d’une étude en fonction des
• La médecine factuelle donne des indications pour risques de biais méthodologiques liés au schéma
bien formuler une question clinique, en spécifiant expérimental.
notamment la population, l’intervention, le critère de • Les hiérarchies tiennent désormais également
jugement et son horizon temporel. compte :
Exemple : Devant la découverte d’une fibrillation ‣ De la pertinence du critère de jugement (critère de
atriale chez une patiente de 80 ans, Il est légitime de jugement clinique important pour le patient,
demander, chez quels patients de 80 ans ou plus le diminution du risque de décès par exemple, plutôt que
traitement anticoagulant réduit la mortalité et les critère de jugement intermédiaire, diminution de la
accidents vasculaires cérébraux à un terme d’au moins pression artérielle par exemple).
5 ans. ‣ De la représentativité de la population incluse (ne
Recherche documentaire, lecture critique et pas exclure les patients âgés ou avec des
temps : comorbidités, par exemple, car ils sont dans la
• La médecine factuelle demande ensuite des population générale et n’ont pas les mêmes bénéfices
compétences en recherche documentaire et en lecture et les mêmes risques que les patients jeunes sans
critique, et du temps pour les mettre en œuvre. comorbidités).
• Pour répondre à la question précédente, Il est ‣ De la similitude des conditions de prise en charge
possible de chercher dans Pubmed les essais (ne pas limiter l’évaluation d’une intervention
randomisés comparant un anticoagulant à un placebo chirurgicale aux résultats obtenus par quelques
dans la fibrillation atriale, avec des données pour le chirurgiens très expérimentés dans un centre
sous-groupe des patients de 80 ans ou plus. spécialisé, par exemple).
• Toutefois, le nombre d’article à lire risque fort d’être La notion de niveau de preuve étendue à
excessif. l’évaluation de l’ensemble des données
• Trouver une revue systématique de la littérature ou disponibles :
un guide de bonne pratique récent répondant à la • La notion de niveau de preuve a ensuite été étendue
question permet d’économiser du temps et des efforts. à l’évaluation de l’ensemble des données disponibles
Des outils pour faciliter l’application des résultats pour justifier une recommandation de prise en charge.
de la recherche à la décision clinique : • Le niveau de preuve d’une recommandation dépend
La médecine factuelle donne quelques outils pour du niveau de preuve des études prises une par une,
faciliter l’application des résultats de la recherche à la mais aussi de leur concordance.
décision clinique : • Les revues systématiques de la littérature ont
• rapports de vraisemblance pour le diagnostic, précisément pour but de faire l’inventaire critique des
nombre de patient à traiter pour éviter un événement résultats probants de la recherche clinique disponibles
durant une certaine période pour le traitement… en réponse à une question donnée.
• Si la patiente de 80 ans n’a pas d’autre antécédent • Quand ces résultats sont suffisamment compatibles
qu’une hypertension artérielle, son risque d’accident entre eux, il est possible d’en faire la méta-analyse,
vasculaire cérébral (ischémique ou hémorragique) est c’est à dire la compilation statistique pour obtenir la
de l’ordre de 5% par an et l’anticoagulant divise par puissance qui fait défaut aux études prises 1e par 1e.
trois ce risque. • La force d’une recommandation dépend de son
• L’anticoagulation évite donc 3,3 % d’accident niveau de preuve, mais aussi :
vasculaire cérébral par an chez les patients ayant ce ⁍ De l’amplitude de l’effet bénéfique de
profil clinique et il faudra en traiter 1/0,033 = 30 pour l’intervention (à niveau de preuve équivalent, une
éviter un accident. réduction relative du risque de 50% est préférable à
• En contrepartie, le risque de saignement grave une réduction relative du risque de 10% par exemple).
extra-cérébral sous anticoagulants est ici de l’ordre de ⁍ De sa constance dans différents contextes de soins
1,3 % par an et un accident surviendra pour 1/0,013 = et de différentes situations cliniques (une intervention
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efficace en milieu spécialisé est plus recommandable des synthèses des résultats de la recherche clinique,
une fois qu’elle fait également ses preuves en soins sous la forme de revues systématiques ou de guides
primaires, par exemple). pour la pratique clinique.
⁍ De la fréquence et la gravité des effets indésirables, • Mais ces documents de synthèse se multiplient, avec
qui font contrepoids à l’effet bénéfique. des résultats et des recommandations parfois
⁍ Des contraintes et des coûts que l’intervention contradictoires.
impose aux patients et à la société (un test de • Le portail National Guidelines Clearing house
dépistage coûteux et incommode pour le patient devra propose 86 guides pour la pratique clinique sur la
être très performant pour être recommandé, par fibrillation atriale applicables aux patients de 80 ans
exemple). ou plus (le 26/09/2015).
⁍ Des interventions concurrentes disponibles pour le • En outre, l’utilisation d’une information prédigérée
même problème de santé (à niveau de preuve soumet le clinicien à une nouvelle forme d’expertise
équivalent, une intervention peu coûteuse peut parfois et d’autorité.
être préférée à une intervention un peu plus • Par ailleurs les résultats de la recherche clinique sont
performante mais beaucoup plus coûteuse par ex). exposés à de nombreux biais et ne peuvent pas être
• Dans le système GRADE (Grading of retenus pour des références absolues et immuables.
Recommendations Assessment, Development and • Les études randomisées qui ne sont pas réalisées en
Evaluation), une recommandation est qualifiée de aveugle par exemple, surestiment de 20 % environ
forte si le bénéfice de l’intervention dépasse l’effet des interventions.
constamment et largement les coûts et les risques. • Les études méthodologiquement indiscutables sont
• Une telle recommandation peut être vue comme une conduites dans des conditions souvent très différentes
règle applicable en toutes circonstances : les valeurs et de la pratique courante : médecins spécifiquement
préférences du malade ou les particularités de la formés, intervention est suivi standardisés, patients
situation clinique entrent peu en ligne de compte. peu âgés, avec peu de comorbidités et sans problèmes
• Par opposition, les recommandations dites faibles sociaux…
concernent les interventions avec un bénéfice modeste • Dans l’étude RALES, la spironolactone (diurétique qui agit
en bloquant les récepteurs de l'aldostérone dans les reins, ce qui entraîne une augmentation
ou mal démontré, ou encore un rapport
chez des
de l'élimination du sodium et de l'eau tout en préservant le potassium)
bénéfice/risque variable en fonction des circonstances.
insuffisants cardiaques graves évitait un décès pour 10
• La décision de les appliquer dans une situation
patients traités pendant deux ans.
particulière est à nuancer, notamment selon les
• Le même bénéfice n’a pas été observé lorsqu’elle a
préférences du patient et le contexte de soins.
été prescrite de façon large en pratique courante, alors
• Ces recommandations ne peuvent pas être vues
que le nombre d’hyperkaliémies nécessitant une
comme des règles d’application systématique mais
hospitalisation a quintuplé chez ces patients avec une
comme des guides pour une décision qui doit être
moins bonne fonction rénale et moins bien surveillés.
individualisée.
• Enfin les règles et les recommandations issues de la
Limites de l’approche factuelle :
recherche clinique sont des généralisations
• La médecine factuelle demande le recours critique
statistiques, dont l’applicabilité à un individu donné
aux résultats de la recherche pour justifier la décision
n’est pas toujours garantie.
clinique.
• C’est ce qui justifie la distinction entre
• Prise à la lettre, cette préconisation nécessite de
recommandations fortes et faibles.
retourner aux études originales, ce qui demande des
• Les résultats de la recherche clinique et les les
compétences techniques (recherche documentaire,
recommandations nécessitent interprétation,
lecture critique) et du temps. Tous deux manquent aux
extrapolation et adaptation pour être appliqués à des
praticiens.
individus.
• Ainsi, la requête « Atrial Fibrillattion AND «
• L’exercice du jugement clinique est nécessaire pour
Anticoagulants AND aged, 80 and over AND
prendre en compte à la fois le détail de
Randomized Controlled Trial ramène 98 références (le
caractéristiques biomédicales pertinentes et
26/09/2015). Lire tous les articles pour en évaluer la
l’influence difficile à modéliser des facteurs
pertinence et la validité, puis en faire la synthèse
contextuels.
critique, peut s’avérer difficile.
• A défaut, la médecine factuelle propose de recourir à
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Jugement clinique : chacune.


• Le modèle hypothético-déductif de la décision • La démarche factuelle et l’expérience clinique
médicale qui sert de fondement à la démarche doivent se compléter et s’équilibrer en vue d’une
factuelle est très théorique. décision justifiée et contextualisée.
• Selon ce modèle, le médecin : FIN 
1/ part des faits cliniques pour générer des
hypothèses diagnostiques.
2/ les met à l’épreuve par un examen clinique ciblé
ou des examens complémentaires choisis selon leurs
propriétés diagnostiques, jusqu’à ce qu’une des
hypothèses émerge avec une probabilité suffisante
pour débuter le traitement adéquat selon les résultats
de la recherche clinique.
• Une démarche analytique de ce type est suivie par
les médecins confrontés à une situation avec laquelle
ils ne sont pas familiers, soit parce qu’ils manquent
d’expérience, soit parce que le problème posé et
inhabituel.
• Les médecins expérimentés ne procèdent pas de
cette manière face à un problème clinique familier ;
Avec leur expérience personnelle, interprétée de façon
raisonnable grâce à une bonne maîtrise des
connaissances de la spécialité, ils disposent d’un
répertoire de situations prototypiques auxquelles se
référer. Ils sont capables d’intuition diagnostique et de
discrimination dans le choix de la prise en charge la
plus judicieuse.
• Le sentiment clinique des urgentistes est au moins
aussi reproductible et performant que les règles de
prédiction clinique (score de Wells ou de Genève)
pour prédire le diagnostic d’embolie pulmonaire.
• Il existe une phase de transition entre le novice et le
médecin expérimenté, où les situations prototypiques
et leurs schémas de prise en charge se mettent en
place et sont parfois appliqués de manière
décontextualisée.
• Les erreurs réalisées durant cette transition sont
particulièrement formatrices si elles sont reconnues et
analysées. Elles constituent alors une expérience
profitable car elles contribuent à maîtriser les
conditions dans lesquelles les règles de prise en
charge peuvent ou non être appliquées.
• Ainsi, une chute par hypotension orthostatique chez
un patient de 90 ans à qui on vient d’intensifier le
traitement antihypertenseur remémore que les
objectifs tensionnels sont moins stricts et la mesure de
la pression artérielle debout est systématique dans
cette population.
• Les décisions qui s’appuient uniquement sur les
résultats de la recherche clinique ou uniquement sur
l’expérience clinique sont exposées aux limites de

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