Vous êtes sur la page 1sur 9

Rev Fr Allergol Immunol Clin 2002 ; 42 : 79-87

© 2002 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés


S0335745701001186/FLA
Allergies médicamenteuses

Pathologie iatrogène de la conjonctive et de la cornée

C. Baudouin*
Centre hospitalier national d’ophtalmologie des Quinze-Vingts, 28, rue de Charenton, 75571 Paris cedex 12, France

Résumé
La toxicologie oculaire connaît de profonds développements, tant sur le plan physiopathologique que
thérapeutique. Une meilleure connaissance des mécanismes de l’allergie médicamenteuse, la mise
en évidence d’effets toxiques, parfois très discrets mais susceptibles d’entraîner des complications
tardives sévères, et surtout le développement progressif de collyres sans conservateurs sont des
progrès indéniables dans un domaine jusqu’à présent marginalisé aux quelques cas d’allergie de
contact. L’utilisation de collyres réellement non toxiques est devenue un enjeu pharmacologique essen-
tiel, notamment avec le développement de molécules de plus en plus efficaces, susceptibles d’être
instillées pendant des années sur des surfaces oculaires très sensibles, mais aussi redoutablement
réactives. © 2002 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS
allergie / collyres / conjonctive / cornée / glaucome

Les progrès de la pharmacologie oculaire moderne les traitements locaux. Outre les simples problèmes
ont mis à la disposition des ophtalmologistes un grand de confort, des anomalies graves peuvent se déve-
nombre de médicaments topiques efficaces et bien lopper à bas bruit et ne se manifester que très tardi-
tolérés, éliminant progressivement les produits les vement, parfois de manière totalement inattendue.
plus toxiques ou allergisants. Il est vrai qu’à l’excep- Comment établir le lien entre une fibrose progres-
tion de quelques cas d’allergie aiguë, survenant dans sive de la surface oculaire et un traitement local banal
les heures ou les jours suivant l’instauration d’un trai- et bien toléré, entrepris 15 années auparavant ? Que
tement, la plupart des médicaments de l’ophtalmo- faut-il penser du rôle des traitements antiglaucoma-
logie moderne sont apparemment bien tolérés, même teux dans le développement des échecs de la chirur-
en utilisation prolongée. Des accidents aigus peuvent gie du glaucome par fibrose du site de filtration ? Ces
survenir chez n’importe quel patient, avec n’importe quelques exemples soulèvent de nouveaux problè-
quel produit. Même en utilisation chronique, comme mes pharmacologiques, notamment sur l’identifica-
c’est le cas dans les sécheresses oculaires, les aller- tion des composants responsables (qui ne sont pas
gies ou le glaucome, les picotements, brûlures ou obligatoirement les médicaments eux-mêmes) et sur
autres signes d’intolérance sont souvent mis sur le
le développement d’alternatives plus sûres à long
compte de la maladie initiale, ou jugés trop acces-
terme (tableau I et II).
soires pour faire reconsidérer le traitement.
Pourtant, pour peu que l’on y prête plus d’atten- Nous n’aborderons ici que les problèmes iatro-
tion ou que l’on utilise des outils d’évaluation plus gènes posés au niveau de la surface oculaire par
fins, la surface oculaire, et par là-même le confort l’administration de produits topiques, en excluant les
des patients, sont souvent beaucoup plus touchés par problèmes liés aux lentilles de contact, les thésauris-
moses cornéennes dues à des traitements généraux
et les complications cornéennes de l’injection intrao-
*Correspondance et tirés à part. culaire de médicaments.
80 C. Baudouin

Tableau I. Complications locales des collyres. La notion de sensibilisation antérieure ne donne


Allergies aiguës, subaiguës ou chroniques immédiates ou
que peu d’indications sur le mécanisme mis en jeu.
retardées Celle-ci peut être passée inaperçue, en cas de réac-
Pseudopemphigoïdes tion croisée, de solvant commun avec un autre médi-
Fibrose sous-conjonctivale cament ou même de sensibilisation par l’alimenta-
Échec de la chirurgie filtrante
tion. L’administration antérieure d’un médicament,
Irritations chroniques
Rupture du film lacrymal bien toléré même de manière répétée, ne prémunit
Sécheresse oculaire quantitative ou qualitative pas contre une réaction immunologique ultérieure.
Infiltrats inflammatoires conjonctivaux En outre, le terrain immunitaire semble importer rela-
Modifications de la flore microbienne tivement peu. Les atopiques constituent classique-
Sténose des voies lacrymales
Thésaurismoses et dépôts cornéoconjonctivaux
ment un terrain à risque, mais celui-ci est en fait très
relatif. Ils réagiraient plus violemment, mais pas plus
souvent que les sujets immunologiquement normaux.
Les réactions allergiques immédiates, résultant de
la dégranulation des mastocytes, sont relativement
Tableau II. Principaux conservateurs des collyres. rares. Elles se manifestent par un prurit intense, de
Ammoniums quaternaires : chlorure de benzalkonium, céri- l’urticaire et un chémosis, quelques secondes ou quel-
mide, bromure de benzododécinium...
Amidines : digluconate de chlorhexidine
ques minutes après l’instillation. Elles ont été décri-
Alcools : chlorobutanol tes essentiellement avec des anesthésiques de contact
Dérivés mercuriels : sels de phénylmercure ou des mydriatiques, notamment la phényléphrine.
Chélateurs calciques (potentialiseurs des ammoniums quater- Les réactions d’hypersensibilité immédiate ont aussi
naires) : EDTA
une phase retardée, 24 à 48 heures après, et lors d’ins-
tillations répétées, une chronicisation peut s’instal-
ler. Toutefois, les mécanismes encore mal connus
PRINCIPAUX MÉCANISMES d’activation du système TH2, avec sécrétion d’IgE,
DES INTOLÉRANCES MÉDICAMENTEUSES peuvent également apparaître avec une chronologie
retardée, en tout point comparable à celle des réac-
Mécanismes immunologiques oculaires tions immunologiques à médiation cellulaire.
La réaction d’hypersensibilité retardée passe par
Les réactions d’intolérance aux médicaments ayant un processus de sensibilisation de 10 à 14 jours, mais
un substrat immunologique représentent en moyenne se déclenche ensuite dès la huitième heure avec un
3 à 10 % des prescriptions, mais le mécanisme immu- maximum vers la 48–72e heure. Ce stade est alors
nologique est souvent très difficile à identifier, car il marqué par un important œdème épithélial et sous-
peut être primitif ou secondaire, et souvent indiscer- épithélial, et des infiltrats de cellules de Langerhans
nable d’une réponse inflammatoire non spécifique. et de lymphocytes CD4, avec parfois quelques mas-
Malgré le terme d’allergie habituellement utilisé, ces tocytes et basophiles. Cette réaction type, rencontrée
réactions répondent rarement à un mécanisme avec des agents fortement sensibilisants, nécessite
d’hypersensibilité immédiate de type I, mais plutôt à parfois de longues durées de sensibilisation, se comp-
celui d’une hypersensibilité retardée de type IV, tant en mois ou même en années, pour des allergè-
même si des combinaisons entre les différents méca- nes moins puissants. Une telle chronologie rend
nismes peuvent exister [1]. compte des difficultés diagnostiques souvent rencon-
La plupart des médicaments ont un poids molécu- trées.
laire faible, compris entre 500 et 1 000 Da, et ne sont
pas immunogènes directement. Pour le devenir, ils Irritations et effets toxiques
doivent former avec les protéines du sujet des conju-
gués stables qui seront alors sensibilisants : ils se Certains médicaments sont seulement irritants [1-3],
comportent ainsi comme des haptènes. Parfois, c’est par un effet cytotoxique pur, leur pH, l’osmolarité de
un métabolite ou un produit de dégradation du médi- la solution ou même une photosensibilisation. Cer-
cament, voire une impureté, qui constituent l’hap- taines substances peuvent être allergisantes à faible
tène sensibilisant. concentration et irritantes à fortes doses. La toxicité
Conjonctivite et cornée 81

du produit peut entraîner la nécrose des cellules cor- constituer un mécanisme perturbateur important pour
néoconjonctivales ou induire une cascade de méca- la surface oculaire, avec des modifications du drai-
nismes actifs aboutissant à leur dégénérescence par nage lacrymal et de la flore microbienne. Dans ces
apoptose [4, 5]. Dans les deux cas, les tissus de la conditions, le larmoiement induit devient très diffi-
surface oculaire ainsi agressés vont induire des réac- cile à interpréter.
tions inflammatoires réactionnelles, sur un mode de Des retards de cicatrisation (corticoïdes) ou les
réponse cicatricielle plutôt qu’immunologique. Les dépôts conjonctivocornéens, moins souvent observés
médiateurs de l’inflammation sont cependant très avec l’abandon progressif du mercure et de l’adré-
similaires, quel qu’en soit le mode de déclenchement, naline, sont enfin des éléments de toxicité iatrogène
et les infiltrats inflammatoires sont peu différents. non négligeables. Les dépôts adrénochromes, pro-
Toutefois, le mode souvent chronique de ces effets duits de l’oxydation de l’adrénaline, peuvent appa-
irritatifs conduit à long terme à une infiltration per- raître après un an de traitement, sur l’ensemble de la
manente par des cellules inflammatoires et des fibro- surface oculaire et même des voies lacrymales, qu’ils
blastes. peuvent parfois obstruer. Sans danger par eux-
Théoriquement, à la différence des réactions immu- mêmes, ils sont néanmoins les témoins des profonds
nologiques qui demandent une sensibilisation préa- remaniements de la surface oculaire.
lable, les effets toxiques peuvent se manifester dès le Enfin, il ne faut pas oublier toutes les combinai-
premier contact. Bien souvent, cependant, ils n’appa- sons possibles entre divers mécanismes, qui rendent
raissent qu’après une dose cumulée, ce qui peut extrêmement complexes les tableaux clinicobiologi-
demander plusieurs semaines, mois ou même années. ques et difficiles leur diagnostic et leur traitement.
On a même décrit des cas de conjonctivite fibrosante
Mécanismes indirects de toxicité secondaire à la formation de complexes caustiques
associant des sels mercuriques délivrés par voie topi-
La toxicité de certains médicaments peut s’exercer que, et de l’iode ou du bromure administrés par voie
de manière indirecte [1]. C’est le cas, par exemple, générale [1] !
des antibiotiques, des antiviraux et des corticoïdes
qui entraînent une modification de la flore micro- ASPECTS CLINIQUES
bienne conjonctivopalpébrale. Ces agents favorisent DES INTOLÉRANCES MÉDICAMENTEUSES
ainsi les infections bactériennes ou mycotiques en
sélectionnant des germes résistants et en abaissant Les paupières
(pour les corticoïdes et certains antiviraux) les défen-
ses immunitaires locales. Des conjonctivites ou des L’examen des paupières est indissociable de celui de
blépharites chroniques peuvent en résulter. la conjonctive, du fait de leur contiguïté et de leur
Certains effets passent par une altération du film rôle protecteur pour la surface oculaire, et de leur
lacrymal qui va indirectement perturber la surface participation à la qualité du film lacrymal par l’inter-
oculaire. Une toxicité directe pour les mucocytes médiaire des sécrétions meibomiennes. La peau des
conjonctivaux (substances cytotoxiques, conserva- paupières peut même être le siège d’anomalies qui
teurs, antihistaminiques), une diminution de la sécré- permettront le diagnostic de maladies oculaires de
tion lacrymale aqueuse principale (parasympatholy- surface cliniquement non spécifiques.
tiques, vasoconstricteurs) ou un effet détergent pour Associés à un prurit aigu après l’instillation d’un
la phase lipidique du film (ammoniums quaternai- collyre, l’urticaire et l’œdème peuvent être des mani-
res), essentielle pour retarder son évaporation, sont festations typiques d’une hypersensibilité de type I.
autant d’effets toxiques très fréquemment rencontrés Plus fréquente est l’hypersensibilité de type IV, dont
avec de nombreux médicaments et surtout avec leurs la manifestation cutanée la plus évocatrice est
conservateurs. À l’inverse, les corticoïdes et la pilo- l’eczéma. Celui-ci peut être très caractéristique, sur-
carpine peuvent stimuler les sécrétions meibomien- tout lorsqu’il apparaît dans les jours suivant l’instau-
nes et induire une blépharite séborrhéique. ration du traitement et qu’il s’étend sur toute la région
L’obstruction des voies lacrymales par des méca- péri-oculaire. Il est parfois beaucoup plus discret et
nismes inflammatoires et/ou immunologiques (anti- difficile à reconnaître lorsqu’il est retardé ou localisé
viraux, dépôts d’adrénochrome) peut également en petites plaques, masquées par les rides. Chez un
82 C. Baudouin

patient présentant une maladie oculaire de surface, cielle, sont également fréquemment observées. Elles
sa recherche est essentielle car elle a une réelle valeur sont dans ce cas plutôt d’origine toxique qu’immu-
diagnostique. Des lésions d’eczéma près du bord pal- noallergique.
pébral peuvent également se confondre avec une blé-
pharite séborrhéique. Lorsque les croûtes et les squa- La cornée
mes sont séparées des cils et des orifices des glandes
de Meibomius, elles peuvent évoquer une eczémati- Les atteintes cornéennes d’origine médicamenteuse
sation et faire rechercher une allergie de contact, par sont le plus souvent des kératites ponctuées superfi-
un médicament ou par des substances manuportées. cielles dont la localisation préférentielle inférieure
Le diagnostic peut cependant être difficile lorsque, et/ou nasale est souvent évocatrice [6]. Des ulcères
comme nous l’avons vu, le collyre entraîne une der- marginaux immunoallergiques sont plus rares. Ils
mite toxique ou aggrave une blépharite par ses effets peuvent répondre favorablement aux corticoïdes,
sur la flore microbienne locale. contrairement aux ulcérations toxiques, qui peuvent
être très étendues ou prendre des formes trompeu-
La conjonctive ses, pseudodendritiques. Une kératinisation en est
parfois le terme ultime, lorsque le traitement se pro-
Outre le prurit et le larmoiement, le signe conjonc- longe. En cas d’ulcération cornéenne sur un œil traité
tival le plus typique d’allergie est le chémosis, par- de manière chronique par certains collyres, des
ticulièrement net et pur lors des rares allergies de retards de cicatrisation cornéenne peuvent aussi sur-
type I, plus discret et masqué par les signes inflam- venir ou même être aggravés par l’utilisation de cer-
matoires et l’atteinte cutanée en cas d’hypersensibi- tains collyres réputés « cicatrisants », mais en fait
lité retardée. Dans ce dernier type de réaction, sou- souvent toxiques, notamment par leurs conservateurs.
vent plus chronique, surtout lorsqu’elle est méconnue Des kératites toxiques en bandelettes ont également
et que le traitement est poursuivi, la conjonctive est été décrites, en particulier lors de traitements chro-
volontiers le siège de papilles et d’érosions puncti- niques avec des collyres conservés avec des dérivés
formes superficielles, visibles lors du test à la fluo- mercuriels [7]. Il s’agirait d’un effet toxique pur du
rescéine ou mieux encore avec le rose Bengale ou le mercure qui, en dénaturant les protéines cornéennes,
vert de Lissamine, moins douloureux. entraînerait des dépôts calciques. Ces dépôts sont le
La localisation des ponctuations est souvent très plus souvent proches du limbe et occupent rarement
évocatrice d’un problème iatrogène, lorsqu’elles pré- l’aire pupillaire.
dominent en nasal ou le long de la rivière lacrymale,
là où est maximal le temps de contact avec le médi- Pseudopemphigoïdes oculaires iatrogènes
cament, entre son instillation et son élimination
lacrymale. Même en cas de kératoconjonctivite toxi- Des atteintes sévères de la surface oculaire peuvent
que diffuse, ces localisations restent prédominantes. survenir à la suite de traitements au long cours,
Dans ces cas, elles peuvent concerner également des notamment par des collyres antiglaucomateux (dans
zones masquées par les paupières, ce qui permet de 25 à 30 % des cas) ou avec des antiviraux locaux.
les différencier des sécheresses oculaires où les Ces complications comprennent une obstruction
lésions sont essentiellement marquées dans l’aire lacrymale, une fibrose sous-conjonctivale, des sym-
d’ouverture de la fente palpébrale. Toutefois, ces blépharons, une néovascularisation cornéenne et
signes ne permettent pas à eux seuls de différencier finalement une kératinisation de toute la surface ocu-
une conjonctivite immunoallergique d’une forme laire, en tous points semblables aux pemphigoïdes
purement toxique, par irritation chronique. Le prurit, oculaires d’origine immunitaire. Le délai d’appari-
l’eczéma de contact, la chronologie des événements tion peut être très long, en moyenne 15 ans après
peuvent être des critères diagnostiques précieux, mais l’instauration du traitement, ce qui rend compte des
aucun n’est réellement spécifique, d’autant que plu- difficultés diagnostiques [8]. La biopsie ne retrouve
sieurs mécanismes peuvent être associés. qu’une réaction inflammatoire non spécifique, sans
Des conjonctivites folliculaires, non ou peu pruri- les dépôts d’autoanticorps caractéristiques des
gineuses, associées ou non à une kératite superfi- conjonctivites auto-immunes.
Conjonctivite et cornée 83

PRINCIPALES CLASSES est pas clair : une origine immunoallergique a été pro-
THÉRAPEUTIQUES posée, dans la mesure où cette opacité ressemble à
l’anneau de Wessely, mais elle n’a pas été confir-
Anesthésiques de contact mée.
La gravité de ces lésions, qui a pu nécessiter une
Compte tenu du grand nombre de patients recevant kératoplastie, justifie la règle absolue de ne jamais
au moins une fois dans leur vie une instillation prescrire (ou donner) un collyre anesthésique, même
d’anesthésique local, le pourcentage de réactions lorsque le patient qui en a senti l’effet bénéfique lors
toxiques reste extrêmement bas. Cela est essentiel- de l’examen ophtalmologique, le réclame avec insis-
lement dû aux faibles quantités de collyres utilisées. tance.
Il n’en est pas de même lors d’utilisations répétées,
soit par erreur, en cas de maladie oculaire doulou- Mydriatiques et cycloplégiques
reuse automédiquée, soit avec le développement des
anesthésies topiques dans la chirurgie du segment Outre ses fréquents effets sensibilisants, la phény-
antérieur. Dans le premier cas, et plus accessoirement léphrine est toxique pour la cornée, tout particuliè-
dans le second, des réactions toxiques peuvent être rement en cas de dénudement épithélial, qui fait cou-
observées, notamment au niveau de l’épithélium cor- rir un risque de souffrance endothéliale. La
néen. Des kératites ponctuées superficielles sont très phényléphrine exerce en outre un puissant effet vaso-
fréquentes, même après une seule instillation. Elles constricteur et entraîne la libération de pigments de
sont au moins en partie dues à la diminution du cli- mélanine dans la chambre antérieure. Les propriétés
gnement, à une instabilité du film lacrymal liée à la vasoconstrictrices sont responsables d’une hypoxie
perte des microvillosités épithéliales et à la dessica- marquée du segment antérieur de l’œil [11]. En cas
tion cornéenne [9]. Des kératopathies plus profon- d’utilisation prolongée, cet effet s’estompe pour lais-
des peuvent cependant apparaître, surtout en cas de ser place à une vasodilatation secondaire qui tend à
maladie préexistante ou d’utilisation abusive. devenir plus ou moins permanente. Les autres colly-
La prescription d’un anesthésique local pour une res mydriatiques ou cycloplégiques peuvent entraî-
maladie douloureuse conduit à une automédication ner, outre le risque de fermeture de l’angle iridocor-
dangereuse, pendant plusieurs jours ou parfois même néen, des réactions d’irritation ou d’allergie locales
semaines, et constitue une faute grave qui a entraîné sans particularités.
de très sévères complications cornéennes, parfois
irrémédiables [10]. L’anesthésique de contact, Antibiotiques
lorsqu’il est instillé de manière répétée, exerce ses
effets toxiques, entraîne une hypoesthésie cornéenne Toutes les réactions allergiques déjà décrites peuvent
et retarde la cicatrisation des lésions épithéliales ini- être déclenchées par l’instillation d’un antibiotique
tiales ou secondaires. Il en résulte rapidement une local. Dans certains cas, c’est le conservateur qui est
véritable kératite neuroparalytique, avec des attein- directement en cause. Toutefois, la plupart des anti-
tes cornéennes profondes, pouvant conduire à une biotiques locaux présente une toxicité propre, qui
opacification définitive, parfois néovascularisée. peut s’exercer vis-à-vis de la conjonctive, notamment
L’effet anesthésique s’amenuisant au fur et à mesure en cas d’injection sous-conjonctivale ou d’utilisation
de son utilisation, la douleur réapparaît de plus en à forte concentration (collyres renforcés), de la cor-
plus vite et de plus en plus violemment et un cercle née, sous la forme de kératites ponctuées superficiel-
vicieux s’établit avec aggravation des lésions cor- les, ou de la rétine en cas d’injection intraocu-
néennes et intensification de l’automédication. laire [12]. Les aminosides sont les antibiotiques les
Très facile lorsque la prise d’anesthésique est plus souvent responsables de phénomènes toxiques.
reconnue, le diagnostic peut être beaucoup plus déli- Des cas de nécrose conjonctivale ont été décrits avec
cat si le patient le cache, d’autant qu’une réaction des collyres renforcés à la gentamycine [13]. Des
inflammatoire apparaît progressivement et rend le dépôts blanchâtres ont été observés après adminis-
tableau clinique très complexe. Un signe précoce tration répétée de ciprofloxacine sur des ulcères cor-
assez caractéristique est l’existence d’un anneau stro- néens, mais dans l’ensemble la tolérance locale des
mal entourant la lésion initiale. Son mécanisme n’en fluoroquinolones est très bonne [14].
84 C. Baudouin

L’isothionate de propamidine (Brolènet), commer- kératites ponctuées superficielles en utilisation pro-


cialisé en Grande-Bretagne comme simple antisep- longée. Parfois sévères, ces kératites sont réversibles
tique, est un traitement très spécifique des kératites à l’arrêt du traitement.
amibiennes. En utilisation prolongée, il induit des
kératites toxiques, avec parfois des inclusions intraé- Médicaments antiglaucomateux
pithéliales, qui peuvent rendre très difficile la dis-
tinction avec l’infection amibienne initiale. Dans le
doute, il ne faut pas hésiter à interrompre le traite- De nombreuses manifestations oculaires de surface
ment, mais des récidives amibiennes ont été décrites ont été décrites avec l’utilisation de médicaments au
plusieurs mois après l’arrêt du traitement, insuffisam- long cours. Le domaine le mieux étudié est certaine-
ment efficace. ment celui du glaucome chronique à angle ouvert
puisqu’il nécessite des traitements souvent multiples,
Antiviraux prolongés pendant de nombreuses années, et qu’il
peut entraîner, sur des conjonctives initialement vier-
Outre les habituelles réactions d’hypersensibilité, les ges et normales, des manifestations inflammatoires
antiviraux peuvent exercer des effets toxiques sévères dont le terme sera parfois une complication
d’autant plus marqués que la molécule est peu spé- grave, totalement inattendue [2, 16, 17].
cifique des cellules infectées par le virus. C’est le Comme n’importe quel collyre, les médicaments
cas notamment des antiviraux de premières généra- du glaucome peuvent déclencher des réactions aller-
tions, comme l’idoxuridine (IDU), la vidarabine ou, giques rapides, quelques jours après l’instillation,
dans une moindre mesure, la trifluorothymidine, qui avec des manifestations parfois très violentes. L’arrêt
peuvent entraîner des kératites stromales importan- du traitement est indispensable, mais le pronostic
tes, des retards de cicatrisation ou même des occlu- généralement bon. Ces accidents se produisent dans
sions des points lacrymaux. Les lésions cornéennes 3 à 5 % des cas et leur reconnaissance est souvent
toxiques peuvent être difficiles à différencier de la facile. Toutefois, il existe certaines manifestations
maladie initiale, et la persistance d’une kératite den- subaiguës ou retardées qui, pour des raisons encore
dritique ou l’apparition d’opacités stromales sont dif- mal connues, n’apparaissent qu’au bout de quelques
ficiles à interpréter. Des fibroses conjonctivales dues mois de traitement. Ces réactions subaiguës sont sou-
aux antiviraux ont aussi été décrites. vent moins violentes, leur chronologie peu évoca-
trice d’une cause iatrogène, et il est essentiel de bien
Corticoïdes et anti-inflammatoires les connaître pour éviter de prolonger un traitement
local de plus en plus toxique.
Les corticoïdes exercent essentiellement des effets Extrêmement fréquents sont les syndromes d’irri-
secondaires intraoculaires, souvent graves, dominés tation locale : picotements à l’instillation, sensations
par l’augmentation de la pression intraoculaire et une de corps étranger, discrète hyperhémie conjonctivale,
cataractogenèse discutée. Les complications corné- raccourcissement du temps de rupture des larmes et
oconjonctivales sont en général plus mineures. Tou- coloration superficielle par la fluorescéine, le rose
tefois, les corticoïdes peuvent aggraver les infections Bengale ou le vert de Lissamine. Ces petits signes
herpétiques et fongiques superficielles et retarder sont souvent mis sur le compte d’un syndrome sec
significativement (jusqu’à 30 %) la cicatrisation épi- associé ou aggravé par les médicaments. Le pronos-
théliale cornéenne [15]. Quelques cas de kératite tic en est bien évidemment moins sévère que celui
chronique, allant jusqu’à des dépôts calciques et à de la maladie glaucomateuse, ce qui le fait en géné-
des kératites en bandelettes ont été décrits avec les ral négliger. Un simple traitement par bêtabloquant,
corticoïdes locaux. Enfin, un effet rebond est fréquent en monothérapie, induit une altération importante de
avec les corticoïdes en utilisation topique pour une la sécrétion muqueuse du film lacrymal, avec notam-
maladie inflammatoire. Cet effet peut aboutir à une ment une réduction significative de la densité en cel-
chronicisation de la maladie, parfois difficile à dif- lules à mucus, apparaissant dès le premier mois de
férencier de récidives de la maladie initiale. traitement [18]. La microscopie électronique révèle
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens n’ont pas avec le même traitement des phénomènes de cyto-
tous ces inconvénients, mais ils peuvent entraîner des toxicité non négligeables.
Conjonctivite et cornée 85

La manifestation la plus grave est la pseudopem- malies inflammatoires ont également été détectées
phigoïde, qui se manifeste par des réactions inflam- chez près des deux tiers des patients glaucomateux
matoires chroniques, aboutissant à une véritable traités au long cours et/ou multitraités [23].
fibrose de toute la surface cornéoconjonctivale, com- Peu d’études ont été menées chez l’homme pour
parable à celle observée dans des maladies bulleuses comparer la toxicité de collyres avec ou sans leurs
d’origine auto-immune [8]. Cette complication très conservateurs. Toutes tendent toutefois à prouver que
sévère mais heureusement rare survient dans un fai- le collyre antiglaucomateux sans son conservateur
ble pourcentage de cas, même avec une simple mono- est significativement moins toxique que la forme
thérapie, et avec une chronologie très retardée. Le conservée [25, 26]. Ces résultats confirment tout un
délai moyen d’apparition après le début du traitement ensemble de données expérimentales sur des cultu-
peut dépasser 15 ans, ce qui rend extrêmement dif- res cellulaires ou sur des modèles de chirurgie chez
ficile de reconnaître le lien avec un traitement local l’animal, largement en faveur des formes non conser-
jusqu’alors parfaitement toléré par le patient. La vées [27].
pathogénie de la pseudopemphigoïde est toujours Toutefois, il faut rappeler qu’il existe d’authenti-
inconnue, immunoallergique ou toxique. ques allergies aux principes actifs, plus souvent avec
Sans atteindre cette gravité, des effets de fibrose les dérivés de l’adrénaline ou de la pilocarpine
conjonctivale sont souvent observés. Il est reconnu qu’avec les bêtabloquants, et que certains collyres
que des patients traités au long cours, quels que soient comme l’adrénaline présentent une toxicité propre,
le ou les collyres utilisés, présentent un raccourcis- indépendante du conservateur même si celui-ci
sement significatif du cul-de-sac conjonctival infé- l’amplifie probablement.
rieur, ce qui traduit une importante fibrose sous-
épithéliale [19]. Un des modes de révélation de cette Les conservateurs
fibrose peut être l’échec de la chirurgie filtrante, par Les conservateurs sont des substances antiseptiques
blocage du site de filtration. Plusieurs études concor- associées au principe actif des collyres pour en retar-
dantes ont dénoncé le rôle direct de l’utilisation au der la contamination après ouverture du flacon. Bien
long cours de collyres antiglaucomateux [20, 21]. Il qu’utilisés à faibles concentrations, les conservateurs
semblerait qu’une bithérapie de plus d’un an, surtout ne sont pas anodins, ni pour le médicament dont ils
si elle comprend un dérivé de l’adrénaline, ou une peuvent modifier les caractéristiques chimiques ou
monothérapie de plus de trois ans constituent des fac- la stabilité ni pour la surface oculaire. Tous les conser-
teurs de risques significatifs d’échec chirurgical [20, vateurs montrent un degré significatif de toxicité,
22]. Cet échec, dû à la fibrose de la bulle de filtra- signalé depuis très longtemps (dès 1941 pour le chlo-
tion, est favorisé par les réactions inflammatoires et rure de benzalkonium). Les effets toxiques des
fibroblastiques préexistant à la chirurgie. Là encore, ammoniums quaternaires sont les mieux étudiés [3,
plusieurs études ont très précisément dénoncé le rôle 11, 28]. Ils sont pourtant souvent négligés, au point
des collyres antiglaucomateux dans leur développe- que les fiches techniques des médicaments n’en men-
ment. tionnent pas toujours la concentration, bien que
En effet, en utilisant des outils diagnostiques très celle-ci soit déterminante pour des substances dont
fins, comme l’immunohistologie sur biopsie ou le pouvoir irritatif est dose–dépendant.
empreinte conjonctivale pour détecter des signes Les deux grandes classes de conservateurs sont les
d’inflammation au niveau de la conjonctive, on peut dérivés mercuriels et les ammoniums quaternaires,
retrouver de telles anomalies chez une très grande plus accessoirement la chlorhexidine, le parahy-
proportion de patients [16, 22-24]. Sur une soixan- droxybenzoate de méthyle (paraben) ou les dérivés
taine de patients opérés de glaucome [24], un exa- alcooliques. Les dérivés mercuriels, souvent utilisés
men systématique de la conjonctive retrouve des dans les collyres les plus anciens, sont progressive-
aspects inflammatoires ou fibrotiques chez 63 % des ment abandonnés en raison d’une fréquence plus éle-
patients traités pendant plus de trois ans en mono- vée d’allergies et surtout des problèmes écologiques
thérapie et chez 93 % des patients multitraités (deux liés à l’industrie du mercure. Le chlorure de benzalk-
ou plus de deux médicaments pendant au moins un onium entre dans la composition de la quasi-totalité
an). Grâce aux empreintes conjonctivales, des ano- des collyres antiglaucomateux, à une concentration
86 C. Baudouin

qui varie entre 0,004 et 0,02 %. C’est une molécule d’une moindre efficacité des collyres antiglaucoma-
toxique non seulement pour les germes contre les- teux sans benzalkonium ne semble donc pas fondée.
quels il est chargé de lutter, mais également pour la
surface oculaire [3, 28]. Il est non seulement direc- RÉFÉRENCES
tement cytotoxique pour les cellules épithéliales,
même à très faible concentration (celle des collyres 1 Wilson FM. Adverse external ocular effects of topical ophthal-
mic medications. Surv Ophthalmol 1979 ; 24 : 57-88.
actuellement commercialisés), mais il possède éga- 2 Baudouin C, Garcher C, Haouat N, Bron A, Gastaud P. Expres-
lement des propriétés surfactantes, par lesquelles il sion of inflammatory membrane markers by conjunctival cells in
chronically treated glaucoma patients. Ophthalmology 1994 ;
dissout la phase lipidique du film lacrymal et induit 101 : 454-60.
donc une sécheresse oculaire qualitative. 3 Burnstein NL. Corneal cytotoxicity of topically applied drugs,
In vitro, il induit même à de très faibles concen- vehicles and preservatives. Surv Ophthalmol 1980 ; 25 : 15-30.
4 Debbasch C, Brignole F, Pisella PJ, Warnet JM, Rat P, Bau-
trations une apoptose cellulaire avec libération de douin C. Quaternary ammoniums and other preservatives’con-
radicaux libres cytotoxiques [4, 5]. À une concentra- tribution in oxidative stress and apoptosis on Chang conjunctival
tion aussi faible que 0,004 %, il altère significative- cells. Invest Ophthalmol Vis Sci 2001 ; 42 : 642-52.
5 De Saint Jean M, Debbasch C, Brignole F, Rat P, Warnet JM,
ment le film lacrymal. À 0,005 %, il entraîne une toxi- Baudouin C. Toxicity of preserved and unpreserved antiglaucoma
cité directe pour les cellules superficielles, avec des topical drugs in an in vitro model of conjunctival cells. Curr Eye
Res 2000 ; 20 : 85-94.
érosions épithéliales [28]. À la concentration de 6 Rigal D. L’épithélium cornéen. Paris : Masson ; 1993. p. 391-
0,007 %, le temps nécessaire pour entraîner la lyse 419.
de 50 % de cellules d’une culture d’épithélium 7 Kennedy RE, Roca PD, Landers PH. Atypical band keratopathy
in glaucomatous patients. Am J Ophthalmol 1971 ; 72 : 917-22.
conjonctival n’est que de 90 à 100 secondes [29] ! À 8 Anders N, Wollensak J. Ocular pseudopemphigoid after topical
la concentration de 0,01 %, qui est celle de la plu- drug administration. Klin Monatsbl Augenheilkd 1994 ; 205 :
61-4.
part des collyres, le chlorure de benzalkonium altère 9 Rosenwasser GOD. Complications of topical ocular anesthetics.
de manière importante l’épithélium, stimule l’infil- Int Ophthalmol Clin 1989 ; 29 : 153-8.
tration du limbe et de la conjonctive par des cellules 10 Pouliquen Y, Beaumont CC. Anesthésiques de contact et cornée.
Un perpétuel danger malgré les mises en garde réitérées. Bull
inflammatoires et, à 0,02 %, il retarde la cicatrisa- Soc Ophtalmol 1980 ; 80 : 6-7.
tion cornéenne. Sur des modèles animaux, son ins- 11 Gasset AR, Ishii Y, Kaufman HE, Miller T. Cytotoxicity of
tillation entraîne en quelques semaines une infiltra- ophthalmic preservatives. Am J Ophthalmol 1974 ; 78 : 98-105.
12 Campochiaro PA, Conway BP. Aminoglycoside toxicity-a sur-
tion inflammatoire marquée [30-32]. Par voie vey of retinal specialists. Arch Ophthalmol 1991 ; 109 : 946-50.
intracamérulaire ou en instillation à la concentration 13 Davison CR, Tuft SJ, Dart JKG. Conjunctival necrosis after admi-
nistration of topical fortified aminoglycosides. Am J Ophthalmol
de 0,1 %, il détruit l’endothélium et cause un œdème 1991 ; 111 : 690-3.
cornéen irréversible. Cela a été observé en clinique 14 Leibowitz HM. Clinical evaluation of ciprofloxacin 0.3%
lors d’instillations multiples chez des patients pré- ophthalmic solution for treatment of bacterial keratitis. Am J
Ophthalmol 1991 ; 11 (suppl) : 34-47.
sentant des ulcères cornéens. Chez l’animal, à des 15 Charap AD. Corticosteroids. In: Duane’s Foundations of clinical
concentrations plus fortes encore (1 à 2 %), le ben- ophthalmology. In : Tasman W, Jaeger EA, Eds. Philadelphia :
JB Lippincott ; 1992.
zalkonium détruit totalement le segment antérieur en 16 Broadway D, Grierson I, Hitchings R. Adverse effects of topical
moins d’une semaine [11]. Chez l’homme, la toxi- antiglaucomatous medications on the conjunctiva. Br J Ophthal-
cité du benzalkonium risque d’être potentialisée par mol 1993 ; 77 : 590-6.
17 Sherwood MB, Grierson I, Millar L, Hitchings RA. Long-term
le port de lentilles de contact, notamment en HEMA, morphologic effects of antiglaucoma drugs on the conjunctiva
matériau pour lequel il possède une forte affinité. and Tenon’s capsule in glaucomatous patients. Ophthalmology
1989 ; 96 : 327-35.
Parfaitement connue depuis longtemps, la cytotoxi- 18 Herreras JM, Pastor JC, Calonge M, Asensio VM. Ocular sur-
cité du chlorure de benzalkonium a toutefois été uti- face alteration after long term treatment with an antiglaucoma-
lisée sciemment pour améliorer la pénétration du tous drug. Ophthalmology 1992 ; 99 : 1082-8.
19 Schwab IR, Linberg JV, Gioia VM, Benson WH, Chao GM.
principe actif dans la chambre antérieure. Bien que Foreshortening of the inferior conjunctival fornix associated with
sur un plan pharmacocinétique, il soit exact que la chronic glaucoma medications. Ophthalmology 1992 ; 99 : 197-
présence de benzalkonium ait un effet positif sur la 202.
20 Broadway DC, Grierson I, O’Brien C, Hitchings RA. Adverse
pénétration du produit, les études d’efficacité des col- effects of topical antiglaucoma medication. II. The outcome of
lyres antiglaucomateux comparant des formes filtration surgery. Arch Ophthalmol 1994 ; 112 : 1446-54.
21 Lavin MJ, Wormald RPL, Migdal CS, Hitchings RA. The
conservées et non conservées ont néanmoins conclu influence of prior therapy on the success of trabeculectomy. Arch
à l’absence de différence significative [33]. La crainte Ophthalmol 1990 ; 108 : 1543-50.
Conjonctivite et cornée 87

22 Broadway DC, Grierson I, O’Brien C, Hitchings RA. Adverse 28 Burnstein NL. Preservative cytotoxic threshold for benzalkonium
effects of topical antiglaucoma medication. I. The conjunctival chloride and chlorhexidine digluconate in cat and rabbit corneas.
cell profile. Arch Ophthalmol 1994 ; 112 : 1437-45. Invest Ophthalmol Vis Sci 1980 ; 19 : 308-13.
23 Baudouin C. Side effects of antiglaucomatous drugs on the ocu- 29 Takahashi N. Quantitative cytotoxicity of preservatives evalua-
lar surface. Curr Opin Ophthalmol 1996 ; 7 : 80-6. ted in cell culture with Chang’s human conjunctival cells. Effect
24 Baudouin C, Pisella PJ, Fillacier K, Goldschild M, De Saint of temperature on cytotoxicity. Jpn J Ophthalmol 1982 ; 26 :
Jean M, Becquet F, et al. Ocular surface inflammatory changes 234-8.
induced by topical antiglaucoma drugs. Human and animal stu- 30 Mietz H, Niesen U, Krieglstein GG. The effect of preservatives
dies. Ophthalmology 1999 ; 105 : 556-63. and antiglaucomatous medication on the histopathology of the
conjunctiva. Graefe’s Arch Clin Exp Ophthalmol 1994 ; 232 :
25 De Jong C, Stolwijk T, Kuppens E, De Keizer R, Van Best J. 561-5.
Topical timolol with and without benzalkonium chloride : epi- 31 Palkanis VA, Wolbarscht ML, Landers MB. Phenylephrine-
thelial permeability and autofluorescence of the cornea in glau- induced anterior chamber hypoxia. Ann Ophthalmol 1988 ; 20 :
coma. Graefe’s Arch Clin Exp Ophthalmol 1994 ; 232 : 221- 267-70.
2244. 32 Pisella PJ, Fillacier K, Elena PP, Debbasch C, Baudouin C. Com-
26 Kuppens EV, de Jong CA, Stiwijk TR, de Keizer RJ, van parison of the effects of preserved and unpreserved formulations
Best JA. Effect of timolol with and without preservative on the of timolol on the ocular surface of albino rabbits. Ophthalmic
basal tear turnover in glaucoma. Br J Ophthalmol 1995 ; 79 : Res 2000 ; 32 : 3-8.
339-42. 33 Denis P, Demailly P, Saraux H. Clinical evaluation of betaxolol
27 Young TL, Higginbotham EJ, Zou X, Farber MD. Effects of topi- in ophthalmic suspension with or without preservative agent in
cal glaucoma drugs on fistulized rabbit conjunctiva. Ophthalmo- patients with glaucoma or ocular hypertension. J Fr Ophtalmol
logy 1990 ; 97 : 1423-7. 1993 ; 16 : 297-303.

Vous aimerez peut-être aussi