Vous êtes sur la page 1sur 78

livres gratuits

,QCM,ECN,Résidanat...?
www.sba-medecine.com
477

Acné et isotrétinoïne

FICHE PRATIQUE
FOTOLIA
Par Nicole Auffret, Hôpital européen Georges-Pompidou, 75908 Paris Cedex 15. Nicole.auffret@egp.aphp.fr

Seul traitement curatif, il évite les cicatrices et Durée du traitement : au moins 4 mois, souvent
améliore nettement la qualité de vie des patients. plus en tenant compte de la dose totale reçue

R Indications
Acné inflammatoire sévère ayant résisté à une
(entre 100 et 150 mg/kg) ; < 100 mg/kg : risque
de récidive élevé (10 à 14 %).
Effets secondaires : toujours dose-dépendants
antibiothérapie orale d’au moins 3 mois associée et réversibles, plus ou moins vite, à l’arrêt ;
à un traitement local (rétinoïde et/ou un benzoyle – les plus fréquents sont cutanéo-muqueux
peroxyde). (chéilite, sécheresse cutanée) et musculaires
Lésions nodulaires, nodulo-kystiques, acné (douleurs) ;
conglobata ou risque majeur de cicatrices après – plus rarement : asthénie, céphalées,
un traitement bien conduit. anomalies de la vision nocturne, diarrhées,
La prescription répond à des règles précises calcifications ligamentaires, soudure
qu’il convient de respecter pour obtenir le prématurée des épiphyses ou hyperostose
meilleur résultat, parer aux effets secondaires périostée, hypertension intracrânienne bénigne ;
quasi constants et éviter tout risque de grossesse. – plus spécifiques mais rares :

R Précautions d’emploi
Un bilan est pratiqué systématiquement avant
photosensibilisations, bourgeons charnus
péri-unguéaux, dermites eczématiformes des
membres ;
le début du traitement : cholestérol, triglycérides – pas d’association démontrée à ce jour entre
et transaminases, puis répété tous les 3 mois. dépression et isotrétinoïne, mais prudence chez
Spécificités pour la fille : un sujet aux antécédents psychiatriques.
– elle doit être avertie des risques tératogènes,
avoir compris la nécessité d’une contraception
efficace et d’un suivi régulier. Elle doit signer
R Contre-indications
Absolues :
un accord de consentement ; – grossesse, allaitement ;
– une contraception efficace est indispensable – incapacité de comprendre la nécessité d’un
(des premières règles jusqu’à la ménopause) : suivi régulier pour les femmes ;
contraception orale ou DIU, implant, patch, – allergie à l’arachide ou au soja ;
pilule microprogestative, ligature des trompes ; – insuffisance hépatique, hyperlipidémie,
contraception locale associée ; hypervitaminose A ;
L’auteur déclare n’avoir aucun conflit d’intérêts concernant cet article.

– au moins 1 mois avant le début du traitement, – don de sang, prise de cyclines.


pendant et au moins 1 mois après l’arrêt ; Relatives :
– un test de grossesse (β-HCG qualitatif) s’assure – épilations à la cire (grande fragilité cutanée) ;
de l’efficacité de la contraception : au 3e jour des – dermabrasion (pendant le traitement et
règles qui coïncide avec le début du traitement, durant les 6 mois suivant son arrêt) ;
puis tous les mois (dans les 3 jours qui les – port de lentilles de contact ;
précèdent) et 5 semaines après l’arrêt. La date et – antécédent de dépression, d’asthme, de
le résultat sont reportés systématiquement sur le diabète, de maladie inflammatoire digestive ;
carnet de suivi, préalablement remis à la patiente. – perturbation du bilan hépatique et lipidique ;
Tous les patients doivent être informés – prise d’anticomitiaux. ●
du risque de survenue éventuelle de troubles
psychiatriques, avant de débuter le traitement.

R En pratique
Délivrance du médicament par la pharmacie
POUR EN SAVOIR PLUS
➜ Afssaps. Isotrétinoïne orale. Renforcement
du programme de prévention des grossesses
dans les 7 jours qui suivent la prescription. et rappel sur la survenue éventuelle de troubles
psychiatriques. Mai 2009.
Dose adaptée en fonction du poids (0,5 mg/kg/j)
et modifiée si mal tolérée.

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 23 l N° 825 l 15 SEPTEMBRE 2009

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


0105_MG835_FP_deutsch 4/02/10 11:49 Page 105

105

FICHE PRATIQUE
Allergie et anaphylaxie
Par Juliette Deutsch, université Paris-Descartes, service des urgences-SMUR, Hôtel-Dieu-Cochin, 75004 Paris.

R Définitions
Hypersensibilité1 : ensemble des réactions
et les lèvres. La localisation aux muqueuses de la
sphère oropharyngée conditionne le pronostic.
objectives reproductibles, initiées par l’exposition Dysphonie et hypersialorrhée par troubles de
à un stimulus défini ne provoquant pas de déglutition : signes d’alarme qui peuvent précéder
réaction chez les sujets normaux. l’asphyxie si l’œdème siège au niveau de la glotte.
Hypersensibilité allergique immédiate : Urticaire chronique : éruption persistant plus
survient au maximum dans l’heure, et en général de 6 semaines (mode permanent ou récidivant).
quelques minutes après introduction de Ces signes peuvent manquer si état de choc
l’allergène chez un sujet qui lui est sensibilisé, d’emblée avec collapsus cardiovasculaire.
médiée par des IgE, voire des IgG dirigées Apparaissent secondairement lors de la
contre l’allergène responsable. restauration de l’état hémodynamique.
Choc anaphylaxique : incapacité du système
cardiovasculaire à assurer un débit sanguin Signes cardiovasculaires
et un transport d’O2 adapté (grande vasoplégie), – Le plus typique : association hypotension
avec parfois hypoperfusion tissulaire et artérielle et tachycardie. La sévérité des signes
dysfonctionnement d’abord cellulaire puis hémodynamiques est cependant variable.
d’organe. – Parfois d’emblée : collapsus avec tachycardie
ou bradycardie sinusale, troubles de
R Diagnostic clinique
Signes d’apparition brutale, peu après le contact
l’excitabilité ou de la conduction cardiaque,
voire arrêt cardiaque.
déclenchant. Plus la réaction est précoce, plus – La bradycardie sinusale traduit une
elle risque de menacer le pronostic vital. hypovolémie majeure.

Signes cutanéomuqueux : précoces Signes respiratoires multiples


Le prurit peut précéder l’érythème ou l’urticaire. Rhinorrhée, toux sèche, œdème lingual
Érythème : rougeur fixe de l’épiderme, d’intensité et du palais mou, de l’oropharynx, de
variable, qui disparaît à la vitropression. l’hypopharynx, de l’épiglotte ou du larynx.
Urticaire superficielle2 : papules rosées mobiles, Infiltration œdémateuse de la muqueuse
fugaces (durée < 48 h) et prurigineuses. En respiratoire et bronchoconstriction des fibres
nombre et taille variables. Contours bien limités, musculaires lisses – signe de gravité – car induit
confluent parfois en vastes placards. une obstruction des voies aériennes supérieures
Urticaire profond (ou angiœdème, ou œdème et inférieures. Bronchospasme parfois
de Quincke) : partie profonde du derme ou réfractaire au traitement classique, conduisant
l’hypoderme. Tuméfactions fermes, mal limitées, à hypoxémie et hypercapnie, et finalement :
pâles, plus douloureuses que prurigineuses, arrêt cardiaque anoxique. Rend difficile
pouvant persister 48 à 72 heures. Au niveau du la ventilation mécanique.
visage, touche préférentiellement les paupières
Signes gastro-intestinaux
Liés à la contraction des muscles lisses
intestinaux avec accélération du transit :
vomissements, douleurs abdominales
à type de crampe et diarrhées.

Signes neurologiques aspécifiques


David Fahri

Vertiges, acouphènes, troubles visuels,


crise convulsives le plus souvent secondaires
Fig. 1 – Urticaire.
à l’anoxie et à une hypoperfusion cérébrale
en cas d’état de choc.

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 24 l N° 835 l 9 FÉVRIER 2010

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


0105_MG835_FP_deutsch 4/02/10 11:49 Page 106

106
FICHE PRATIQUE
Un état de choc dans un contexte évocateur
Principaux médicaments (piqûre de guêpe, administration d’un
et aliments responsables d’urticaire médicament, consommation d’un aliment, etc.)
– β-lactamines, anesthésiques généraux (curares), doit faire évoquer l’anaphylaxie.
AINS, acide acétylsalicylique Dès les premiers symptômes d’allergie :
– IEC, produits de contraste iodés, sérums et vaccins. – administrer le traitement le plus rapidement
– Poisson, porc, œufs, crustacés, lait, tomate, fraise,
chocolat, arachide, noisette, alcool, fruits exotiques, possible ;
colorants, antioxydants. – appeler le SAMU ;
– transporter le patient par un SMUR vers un
service spécialisé (urgences ou réanimation
R Diagnostic étiologique
Interrogatoire minutieux : chronologie,
selon la gravité) afin de poursuivre le traitement,
surveiller, et prévenir les récidives à court terme ;
antécédents, habitudes alimentaires, prise de – adrénaline : traitement de référence du choc
médicaments, notion d’éruption cutanée. anaphylactique ;
Dans la majorité des cas, des médicaments – corticothérapie : prévient les récidives,
sont à l’origine des urticaires aiguës (30-50 % mais ne traite pas le choc ;
des cas). Tous peuvent être impliqués quelle – débuter l’expansion volémique avec
que soit leur voie d’administration. Il peut aussi les cristalloïdes (Ringer lactate, sérum
s’agir d’aliments (encadré). physiologique) à adapter en fonction
Autres étiologies : piqûres d’hyménoptères de la réponse clinique.
responsables de choc anaphylactique, certaines La prévention des récidives à long terme,
substances (cosmétiques, végétaux…) qui au importante, impose :
contact de la peau provoquent une réaction – l’éviction des substances allergisantes ;
urticarienne et plus rarement des infections – la remise au patient d’une carte mentionnant
s’accompagnant d’urticaire et quelquefois la nature de l’accident, le produit en cause ainsi
d’œdème de Quincke. que ceux source d’allergie croisée,
– la recherche étiologique+++. Il est nécessaire
R Traitements
Avant tout : éviction de l’agent causal s’il est
que le patient soit orienté vers un allergologue
afin de confirmer le mécanisme immunologique
connu et traitement symptomatique selon la de la réaction, la responsabilité de l’allergène
clinique (fig. 2). Arrêter tout médicament suspect. suspecté mais également pour les mesures
d’éducation et d’évictions indispensables.
ANTIHISTAMINIQUE En cas de récidive ou d’impossibilité de l’éviter
(piqûre de guêpe), prescrire de l’adrénaline
Manifestations Per os 8 jours
cutanées isolés auto-injectable (Anakit, Anahelp). ●
CORTICOTHÉRAPIE

Grade 1 : Manifestations Per os Per os RÉFÉRENCES


signes cutanéo- cutanées
muqueux et œdémateuses
1. Dewachter P, Mouton-Faivre C, Nace L, Longlois D, Mertes
PM. Treatment of anaphylactic reaction in pre-hospital and
in the emergency room: literature review. Ann Fr Anesth
Œdème laryngé Voie IV Voie IV OXYGÉNOTHÉRAPIE Reanim 2007;26:218-28.
Grade 2 : Manifestations 2. Anaes, Société française de dermatologie. Conférence
Adrénaline :
atteinte respiratoires de consensus. Prise en charge de l’urticaire chronique.
IM 0,2 à 0,3 mg
multiviscérale
Si bronchospasme : ou IV 0,1 à 0,2 mg Texte de recommandations version courte 2003.
modérée Manifestations
aérosol salbutamol http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_272211/prise-en-
respiratoires Toutes les
et hypotension charge-de-l-urticaire-chronique
En cas d’échec : 1 à 2 minutes
salbutamol IV en fonction 3. Société française d’anesthésie et de réanimation.
de l’efficacité Recommandations pour la pratique clinique. Prévention
Grade 3 : Choc du risque allergique peranesthésique. Texte court 2001.
atteinte mono- anaphylactique http://www.sfar.org/allergiefr.html
ou multiviscérale
sévère 4. McLean-Tooke AP, Bethune CA, Fay AC, Spickett GP.
Adrenaline in the treatment of anaphylaxis: what is the
Grade 4 : Réanimation evidence? BMJ 2003;327:1332-5.
arrêt cardio-
cardiorespiratoire
respiratoire 5. Ring J, Messmer K. Incidence and severity of anaphylactoid
reactions to colloid volume substitutes. Lancet 1977;1:466-9.

Appel du SMUR
L’auteur déclare n’avoir aucun conflit d’intérêts
Fig. 2 – Traitement3, 4 en fonction du grade de sévérité.* concernant cet article.

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 24 l N° 835 l 9 FÉVRIER 2010

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


77

Anticoaguler une FA

FICHE PRATIQUE
Par Matthieu Jourdain,* Aurélie Blum,** Pierre-Vladimir Ennezat***
* Service des urgences et SMUR, CH, 59322 Valenciennes, ** Médecin généraliste, *** Soins intensifs cardiologiques
et urgences cardiologiques, CHRU, 59000 Lille. mat_jourdain@hotmail.com

L’événement thrombo-embolique est la


principale complication aiguë de la fibrillation
atriale (FA) qui concerne près de
750 000 patients en France. La problématique
de la FA est essentiellement liée à sa prise en
charge qui peut être pharmacologique
TOUS DROITS RESERVES-LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE

(anticoagulants, antiagrégants, antiarythmiques)


ou non pharmacologique (cardioversion
électrique, radiofréquence, chirurgie).
Les modalités de traitement du risque
thrombo-embolique ont été actualisées
en 2006 par l’ESC.1

R Quel risque
thrombo-embolique ?
Fig. 1 – ECG : AC/FA ralentie par traitement bêtabloquant.
Ondulations des ondes P en DI et DII
Ce risque global est estimé entre 2 et 4 % par an
mais il demeure extrêmement variable en
fonction du patient. En effet, un patient ayant
déjà fait un AIT ou un AVC augmente ce risque TABLEAU 1 COTATION DU SCORE DE CHADS2
d’un facteur 2,5. Facteur de risque Points
Le score de CHADS2 acronyme anglais de Antécédent d’AVC/AIT 2
C (insuffisance cardiaque), H (antécédent d’HTA), Insuffisance cardiaque 1
A (âge ≥ 75 ans), D (patient diabétique), HTA 1
S (antécédent d’AVC ou d’AIT), permet de le Diabète 1
chiffrer : chaque item est coté 1 point sauf le « S », Âge * 75 ans 1
coté 2 points. Le total prédit un risque
thrombo-embolique théorique annuel qui
participera à la décision thérapeutique TABLEAU 2 RISQUE THROMBO-EMBOLIQUE
(tableaux 1et 2). SELON LE SCORE DE CHADS2
Les recommandations de l’ESC définissent Score de CHADS2 Risque thrombo-embolique / an
des facteurs de risque modérés (âge ≥ 75 ans, 0 1,9 %
HTA, diabète, fraction d’éjection < 35 %) ou 1 2,8 %
importants (antécédent d’AVC ou d’AIT, 2 4,0 %
rétrécissement mitral, prothèse valvulaire). 3 5,9 %
Les patients sont alors classés en 3 catégories : 4 8,5 %
aucun facteur de risque ; 1 seul modéré ; 1 seul 5 12,5 %
important ou plus d’1 modéré. 6 18,2 %

R Anticoagulant ou
antiagrégant plaquettaire ?
poursuivre ce traitement chez ce type de
patient.
Globalement on obtient une diminution du Patient sans facteur de risque : selon l’ESC,
risque thrombo-embolique de 60 % avec une prise quotidienne d’aspirine est
les AVK et de 30 % avec l’aspirine.3 Par ailleurs, recommandée à une dose variant entre 81 et
ce bénéfice se maintient chez les patients 325 mg.
conservant des facteurs de risque qui sont Patient avec 1 facteur de risque modéré :
de nouveau en rythme sinusal : il faut donc le choix est laissé au thérapeute entre l’aspirine
Signé
numériquement
par dr_adrénaline
ND : LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 22 l N° 794 l 29 JANVIER 2008
OU=sba-medecin
e,
O=sba-medecine.
com,
CN=dr_adrénaline
,
E=admin@sba-me
decine.com
78
FICHE PRATIQUE

Fig. 2 – Échographie transœsophagienne : Fig. 3 – Échographie transœsophagienne :


TOUS DROITS RESERVES-LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE

absence de thrombus dans le ventricule gauche. présence d’un thrombus dans l’atrium gauche.

aux mêmes doses ou les AVK avec un objectif


d’INR entre 2 et 3.
R Cas particulier :
la cardioversion
Patient de la 3e catégorie (1 facteur de Le retour à un rythme sinusal est un moment
risque important ou plus d’1 facteur modéré) : critique où le risque thrombo-embolique est
la prescription d’AVK est recommandée avec important. Pour le diminuer, deux attitudes ont
notamment un INR cible supérieur à 2,5 une efficacité comparable : obtenir une
en cas de sténose mitrale ou de prothèse anticoagulation par AVK pendant 3 semaines
valvulaire (tableau 3). avec un INR cible entre 2 et 3 avant réduction ;

R
ou réaliser une échographie transœsophagienne
Place des HBPM afin de vérifier l’absence de thrombus avant de
Aucune n’a, aujourd’hui, l’AMM dans cette faire la cardioversion. ●
indication même si l’étude ACE, qui utilisait
l’énoxaparine, n’a pas montré d’infériorité
par rapport aux traitements classiques.
Toutefois, l’usage de l’énoxaparine n’est pas POUR EN SAVOIR PLUS
consensuel et des études complémentaires sont ➜ Monographie. Urgences rythmiques. Raisonner
nécessaires afin de le valider dans la FA. par étapes. Rev Prat 2004;54(3):247-310.
Ainsi, le relais des AVK par une HBPM reste ➜ Brembilla-Perrot B. Fibrillation auriculaire : quand
incertain, même aux doses curatives, car prescrire les AVK ? Rev Prat Med Gen 2002;16(572):
leur efficacité n’est pas totalement prouvée et 633-6.
leur utilisation reste sous la responsabilité
du prescripteur.
RÉFÉRENCES
1. Fuster V, Ryden LE, Cannom DS, et al. ACC/AHA/ESC 2006
Guidelines for the management of patients with atrial
TABLEAU 3 TRAITEMENT EN FONCTION fibrillation. Circulation 2006;114:e257-354.
DES FACTEURS DE RISQUE
2. Gage BF, Waterman AD, Shannon W, Boechler M, Rich
Facteur de risque Traitement Dose / Objectif MW, Radford MJ. Validation of clinical classification schemes
Pas de facteur de risque Aspirine 81 à 325 mg/j for predicting stroke: results from the national registry of
atrial fibrillation. JAMA 2001;285:2864-70.
1 facteur de risque Aspirine ou AVK 81 à 325 mg/j
3. Hart RG, Benavente O, McBride R, Pearce LA.
modéré * ou 2 < INR < 3
Antithrombotic therapy to prevent stroke in patients with
Plus d’1 facteur de risque atrial fibrillation : a meta analysis. Ann Intern Med 1999;
modéré AVK 2 < INR < 3 *** 131:492-501.
1 facteur de risque
important ou plus ** AVK 2 < INR < 3 ***
Les auteurs déclarent n’avoir
* : facteur de risque modéré : âge * 75 ans, HTA, diabète, fraction d’éjection < 35 % ; aucun conflit d’intérêts concernant
** : facteur de risque important : antécédent d’AVC ou d’AIT, RM, prothèse valvulaire ; les données publiées dans cet article.
*** : INR > 2,5 si sténose mitrale ou antécédent d’AVC ou d’AIT.

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 22 l N° 794 l 29 JANVIER 2008


289

Autosondage à domicile

FICHE PRATIQUE
Par Véronique Bonniaud, Xyxy Lyxuchouky, Bernard Parratte, service de médecine physique et de réadaptation,
unité d’explorations neuro-urodynamiques, CHU-hôpital Jean-Minoz, 25030 Besançon Cedex.

R Contexte
L’autosondage intermittent propre (ASIP) est le
a

mode de drainage vésical de référence chez tous


les patients en rétention urinaire chronique b

(facilité et maîtrise des risques infectieux).1 Il


concerne une minorité de patients à domicile,
c
suivie par le médecin traitant.
TOUS DROITS RESERVES-LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE

R Indications2
– rétention urinaire persistante après chirurgie
d

pelvienne élargie, cure d’endométriose


pelvienne, hystérectomie, amputation rectale et Figure – Sondes pour sondage intermittent.
a : sonde à bout droit pour homme Charrière 14 ;
chirurgie prostatique ou d’incontinence ; b : sonde à bout béquillé pour homme Ch 12 ;
– syndrome de la queue de cheval ; c : sonde à bout droit pour femme Ch 12 ;
d : sonde compacte à bout droit pour femme Ch 14.
– neuropathie diabétique ;
– maladie neurologique (blessés médullaires,
SEP, spina bifida et tumeur sacrée). – leur associer une prise hydrique de 1,5 à

R
2 L/24 h avec une restriction le soir ;
Non-indications – recueillir un volume inférieur à 500 mL
– difficultés de manipulation de la sonde ; à chaque sondage.

R
– suspicion de lésions/tumeurs urétrales ou
prostatiques ; Technique
– lésions, tumeurs et infections du pénis pouvant Ce sondage « propre » réalisé par le patient, sans
entraîner des « fausses routes » et des sténoses gant stérile, ni toilette antiseptique, nécessite :
de l’urètre ; – un lavage du périnée à l’eau et au savon une
– adénome de la prostate ; fois par jour ;
– prostatite aiguë ; – un lavage des mains à l’eau et au savon avant
– intervention chirurgicale au niveau de la prostate, chaque sondage ;
du col de la vessie ou de l’urètre et patients – l’apprentissage par la femme d’abord en
porteurs d’un stent urétral ou d’une prothèse. décubitus dorsal avec repérage du méat au

R
miroir, puis (ou directement) sur les toilettes
Prescription3 avec repérage du méat au doigt ;
– réaliser 5 ASIP par jour (minimum 4), toutes – l’apprentissage chez l’homme sur les
les 3-4 heures ou selon les besoins mictionnels ; toilettes, debout ou assis (ou au fauteuil roulant
chez les paraplégiques) ;
– l’introduction d’une sonde à usage unique de
Matériel
préférence autolubrifiée, hydrophile, CH 12 ou
Le choix en revient au patient (après essais de
14 (meilleur débit) ;
différentes sondes). Les sondes hydrophiles
diminuent frictions et traumatismes urétraux – le retrait lent de la sonde pour une vidange
notamment chez l’homme et augmentent le confort du bas fond vésical et de l’urètre ;
du sondage dans les deux sexes :4 – l’absence de port d’un étui pénien.

R
– sondes seules pour les sondages sur les toilettes
– sondes + sac à urines pour les sondages au lit Intérêt
– set ou kit de sondage pour les sondages au fauteuil – Apporte une vidange vésicale régulière,
– sonde de CH 12, homme ou femme
prévient les complications sur le haut appareil
– sondes béquillées CH 12 ou sondes droites CH 14
si difficultés chez l’homme. urinaire et réduit le taux d’infections urinaires
symptomatiques,5 favorisées par les hautes

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 22 l N° 798 l 26 MARS 2008


290
FICHE PRATIQUE

et reflux urétro-prostatique, sources d’infection


Infection urinaire symptomatique parenchymateuse. Moindre incidence du
Association d’au moins 2 des signes suivants : carcinome épidermoïde de vessie.1
– aggravation ou apparition de dysurie, pollakiurie, – Complications traumatiques :2 urétrorragies
fuites ; fréquentes (un tiers des patients,
– brûlures mictionnelles (ou au sondage), douleur paradoxalement expérimentés) ; plus rarement
pelvienne ; depuis l’usage des sondes hydrophiles :
– hématurie ;
traumatismes importants de l’urètre et fausses-
– urine purulente ;
– majoration de la spasticité, des contractures et/ou routes ; risque de sténose non négligeable…
de l’hyperréflexivité autonome chez les patients – Infections génito-prostatiques (urétrite,
neurologiques ; orchi-épididymites, prostatite) : 5 à 18 %.
– fièvre. Moins d’infections urinaires si les prescriptions
Faire un ECBU systématiquement : sont bien respectées ; elles sont corrélées aux
– augmenter diurèse et nombre de sondages ; importants volumes évacués par sondage -
– antibiotique adapté à l’antibiogramme, durant 5 jours
supérieur à 400 mL - et à leur faible fréquence
TOUS DROITS RESERVES-LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE

pour éviter la sélection de germes (si infection bien


supportée, attendre les résultats de l’ECBU) ; (< 4 par jour).
– éviter les quinolones (sélection de germes multi- – Ne traiter que celles symptomatiques (signes
résistants) à réserver pour les pyélonéphrites cliniques souvent peu spécifiques3).
(fièvre > 38,5 °C) et les infections génito-prostatiques. – Pas d’antibiothérapie prophylactique
(émergence de bactéries multirésistantes8).

pressions et par la distension vésicales. Ces hautes


pressions peuvent induire une dilation des cavités
R Avis spécialisé
– Infections urinaires symptomatiques
pyélocalicielles et un reflux vésico-urétéral. récidivantes, hématurie macroscopique,
La fréquence des sondages est plus importante incontinence urinaire ou difficultés de réalisation
que leur stérilité (vis-à-vis du risque infectieux).6 du sondage.
– Rétablit une continence urinaire (disparition – Vessies rétentionnistes.
des fuites liées à la mauvaise vidange vésicale). – Au-delà de 10 ans d’évolution, cystoscopies
On peut lui associer un traitement de régulières à la recherche d’une tumeur vésicale.1 
l’hyperactivité vésicale (anticholinergique).

R Surveillance
– Diminuer la non-observance, vérifier
RÉFÉRENCES
1. Ruffion A, de Sèze M, Denys P, Perrouin-Verbe B,
Chartier-Kastler E; Groupe d'Etudes de Neuro-Urologie
de Langue Francaise (GENULF). Recommandations pour
l’adéquation avec l’état fonctionnel du patient et le suivi des blessés médullaires et du patient spina bifida.
l’absence de fuites urinaires (facteurs d’abandon) ; Prog Urol 2007;17:631-3.
– Voir le patient 1 mois après l’éducation 2. Wyndaele JJ, Grima F, Castro D, et al. Les différents
Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêts concernant cet article.

modes mictionnels en neuro-urologie. Prog Urol


initiale puis tous les ans (à adapter) ; 2007;17:475-509.
– Lui faire remplir, avant chaque consultation, 3. Salomon J, Gory A, Bernard L, Ruffion A, Denys P,
un calendrier mictionnel sur 3 jours (volumes Chartier-Kastler E. Infections urinaires et vessie
neurologique. Prog Urol 2007;17:448-53.
recueillis, fréquence des sondages et fuites
4. Waller L, Jonsson O, Norlen L, Sullivan L. Clean
éventuelles). intermittent catheterization in spinal cord injury

R
patients: long-term follow up of a hydrophilic low friction
Colonisation sous sondage technique. J Urol 1995;153:345-8.

– Pas d’ECBU car la colonisation (bactériurie 5. Lapides J, Diokno AC, Silber SM, Lowe BS. Clean,
intermittent self-catheterization in the treatment of
asymptomatique) est quasi obligatoire chez plus urinary tract disease. J Urol 1972;107:458-61.
de 75 % des patients,7(absence de retentissement 6. Giannantoni A, Scivoletto G, Di Stasi SM, et al.
clinique et changements spontanés de flore Clean intermittent catheterization and prevention of
renal disease in spinal cord injury patients. Spinal Cord
microbienne des neuro-vessies).1 1998;36:29-32.
– Pas d’antibiotique sauf en cas de geste 7. Dow G, Rao P, Harding G, et al. A prospective,
chirurgical, d’examen invasif urinaire ou chez les randomized trial of 3 or 14 days of ciprofloxacin
treatment for acute urinary tract infection in patients
femmes enceintes. with spinal cord injury. Clin Infect Dis 2004;39:658-64.

R Risques et complications
– Diminution des complications du drainage
8. Infections urinaires nosocomiales de l'adulte (texte
court). Conférence de consensus coorganisée par la
Société de pathologie infectieuse de langue française
(SPILF) et l’Association française d'urologie (AFU).
continu : lithiase urinaire, reflux vésico-urétéral Prog Urol 2002;1:1-14.

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 22 l N° 798 l 26 MARS 2008


0819_MG807_FP GAUDRY 8/10/08 16:44 Page 819

819

FICHE PRATIQUE
Bandelettes urinaires
Par Catherine Gaudry, service de néphrologie, centre hospitalier Sud-Francilien, 91014 Évry Cedex.

R Intérêt
L’utilisation rapide, facile et peu coûteuse des
syndrome œdémateux,
notamment en l’absence
bandelettes réactives, qu’elle soit orientée par la d’insuffisance cardiaque ou
clinique ou systématique, permet un dépistage de cirrhose.
précieux : elle peut parfois éliminer d’emblée L’absence de protéinurie à
un diagnostic ou le confirmer avec une quasi- la bandelette urinaire élimine
certitude. d’emblée ce diagnostic.
Dans le cas contraire, il reste
R Infection urinaire
Le diagnostic de cystite est le plus souvent
plausible, voire probable si
la bandelette est
clinique. franchement positive.
Celui de pyélonéphrite est parfois moins Pour le confirmer : Fig. 1 – Bandelettes.
évident, en particulier si la fièvre est isolée. protidémie, albuminémie,
Si on suspecte une origine urinaire, même créatininémie, protéinurie des 24 heures
en l’absence de signes fonctionnels évocateurs, et ECBU à la recherche d’une hématurie.
faire une bandelette : totalement négative Puis, faire une biopsie rénale pour préciser
(absence de leucocytes, de nitrites, de sang le type de la glomérulopathie.
et de protéines), celle-ci élimine le diagnostic ;
positive sur une ou plusieurs plages, le
diagnostic reste plausible et le traitement peut
R Colique néphrétique
Devant une douleur lombaire haute, rechercher
être mis en route (antibiotiques à élimination une hématurie microscopique à la bandelette.
urinaire), après l’indispensable ECBU. Positive, elle est un bon argument en faveur du
diagnostic : la plupart des lithiases sont
R Syndrome néphrotique
Une glomérulopathie avec syndrome
irrégulières, spiculées, donc irritantes pour
les voies urinaires, d’où la présence de sang
néphrotique peut être évoquée devant un dans les urines (90 % des patients).
Débuter le traitement immédiatement :
antalgiques et anti-inflammatoires non
stéroïdiens.
Quatre principales plages réactives Confirmer le diagnostic par une échographie
– Détection des protéines : coloration verte ; rénale, qui précise en outre la topographie
particulièrement sensible à l’albumine ; moins et la taille du calcul responsable.
sensible aux globulines et aux chaînes légères
d’immunoglobulines.
– Détection du sang (hémoglobine ou myoglobine) :
coloration verte homogène ; les hématies intactes
R Outil de dépistage
La bandelette dépiste certaines atteintes
donnent des points verts plus ou moins denses. rénales, en particulier les maladies
– Détection des leucocytes : mise en évidence de
l’activité des estérases granulocytaires avec une
glomérulaires, très silencieuses en dehors
coloration violette ; temps de réaction d’environ d’une protéinurie et/ou d’une hématurie
2 minutes ; se méfier des faux négatifs liés à une microscopique.
lecture trop hâtive.
– Détection des nitrites : révèle la conversion des
nitrates en nitrites et donc la présence de germes nitrites
R Bilan étiologique
d’une HTA
positifs (entérobactéries) ; coloration rose à rouge.
– Plus accessoirement, vérifier la densité urinaire. Lors du diagnostic, vérifier l’absence de
protéinurie et d’hématurie microscopique

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 22 l N° 807 l 14 OCTOBRE 2008

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


0819_MG807_FP GAUDRY 8/10/08 16:44 Page 820

820
FICHE PRATIQUE
NEG. – Leu/μL
15
TRACE SPUR
70
+
125
++
500
+++
protéinurie. Elle survient généralement au
LEU
3e trimestre : hypertension de novo chez
2 min.
une femme jusque-là normotendue.
NEG.
POSITIVE POSITIF La protéinurie peut aussi en être le premier
NIT
(Any degree of uniform
pink colour) signe. Sa recherche systématique permet
60 s. (Toute nuance de rose)
de la dépister précocement puis d’intensifier
Fig. 2 – Lecture. la surveillance, voire d’hospitaliser la patiente,
pour détecter les complications fœtales ou
maternelles (retard de croissance intra-utérin,
HELLP syndrome…), traiter l’hypertension,
PATIENT voire provoquer l’accouchement (seul
8 7 6 5 4 3 2 1 traitement de la toxémie gravidique).
TÉMOIN
R Dépistage systématique
en médecine du travail
Fig. 3 – Infection.
1 : leucocytes. 2 : nitrites. 3 : protéines. 4 : pH.
En médecine scolaire aussi.
5 : sang. 6 : densité. 7 : corps cétoniques. 8 : glucose. Essentiel, car les pathologies rénales,
en particulier glomérulaires, sont souvent
asymptomatiques.
à l’aide d’une bandelette (recommandations Trop souvent, le diagnostic est fait au stade
nationales et internationales). d’insuffisance rénale sévère ou terminale.
Si l’hypertension est secondaire à une Un diagnostic précoce permet un traitement
glomérulopathie, elle en est souvent le seul adapté (avec des mesures hygiénodiététiques)
symptôme. Seule la recherche systématique qui visent à ralentir la progression de
d’anomalies du sédiment urinaire permet de l’insuffisance rénale et à prévenir ses
diagnostiquer la maladie rénale. Sinon, celle-ci conséquences métaboliques. ●
évolue à bas bruit jusqu’au stade d’insuffisance
rénale sévère.
L’auteur déclare n’avoir
Identifier la maladie rénale, notamment une
aucun conflit d’intérêts concernant cet article.
glomérulopathie, est important pour la conduite
du traitement, en particulier le choix des
antihypertenseurs, et permet une surveillance
en milieu néphrologique.
POUR EN SAVOIR PLUS
R Surveillance rénale
de maladies de système ➜ Simerville JA, Maxted WC, Pahira JJ. Urinalysis:
a comprehensive review. Am Fam Physician
Au cours de la plupart de ces maladies, 2005;71:1153-62.
notamment purpura rhumatoïde et lupus
➜ St John A, Boyd JC, Lowes AJ, Price CP. The use
érythémateux disséminé, l’atteinte rénale est of urinary dipstick tests to exclude urinary tract
volontiers asymptomatique. infection: a systematic review of the litterature.
Surveiller les urines par bandelette est un moyen Am J Clin Pathol 2006;126:428-36.
simple et efficace pour détecter précocement ➜ Devillé WL, Yzermans JC, van Duijn NP, Bezemer
une anomalie (hématurie microscopique ou PD, van der Windt DA, Bouter LM. The urine
dipstick test useful to rule out infections. A meta-
protéinurie).
analysis of the accuracy. BMC Urol 2004;4:4.
Le patient doit alors consulter rapidement un
➜ Chan RW, Chow KM, Tam LS, et al. Can the urine
néphrologue qui précise l’atteinte rénale par dipstick test reduce the need for microscopy for
une biopsie et décide du traitement. assessment of systemic lupus erythematosus
disease activity? J Rheumatol 2005;32:828-31.
R Surveillance
de la grossesse
➜ Argyropoulos A, Farmakis A, Doumas K,
Lykourinas M. The presence of microscopic
Systématiques à chaque consultation : hematuria detected by urine dipstick test
in the evaluation of patients with renal colic.
bandelette urinaire, poids et pression artérielle.
Urol Res 2004;32:294-7.
Vise au diagnostic précoce d’une prééclampsie
caractérisée par la triade œdèmes, HTA et

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 22 l N° 807 l 14 OCTOBRE 2008

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


469

Expliquer une lésion dermatologique au patient – n° 2

FICHE PRATIQUE
Carcinome basocellulaire
Par Jean-Paul Escande, groupe hospitalier Cochin, pavillon Tarnier, 75006 Paris.

R Qu’est-ce qu’on voit ?


– Une lésion « froide », une sorte d’îlot qui est
comme figé, vitrifié et entouré d’une couronne
ou d’un collier de « perles » aussi fermes que
translucides.
– C’est une lésion qui inquiète parce qu’elle
TOUS DROITS RESERVES-LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE

semble ne jamais devoir régresser et qu’elle ne


ressemble à rien de connu. C’est une image qui,
dans le public, n’a pas passé le stade de la
notoriété.

R Qu’est-ce que c’est ?


– C’est un carcinome plan cicatriciel
basocellulaire. 1
– La zone centrale figée ressemble en effet à
une cicatrice lisse sans le quadrillage habituel
de la peau.
– Le pourtour est assuré par un collier de
« perles » qui signent le diagnostic.
– Dans des formes plus simples, le « baso »
se réduit à une seule perle plus volumineuse
qui peut être noire (perle noire de basocellulaire
tatoué, voir figure 3).

R Que dire au patient ?


– Sur l’Internet, c’est un cancer, mais cette
classification, disait un Maître, « sert surtout 2
Lʼauteur déclare nʼavoir aucun conflit dʼintérêts concernant cet article.

à améliorer les statistiques ». En effet,


le basocellulaire ne tue pas, ne métastase pas.
– Quand la lésion est enlevée correctement,
elle ne revient pas.
– Mais d’autres carcinomes basocellulaires
peuvent apparaître.
– Ils ne seront pas plus graves que le premier,
car ils ont seulement une « malignité locale ».

R Ce que le patient
doit apprendre et diffuser
– Comme premiers responsables il y a « le ciel,
la mer, le soleil ».
– Comme premier ex-æquo, il y a l’hérédité ; 3
en effet, les « Celtes » au soleil sont plus
en danger.
– Le traitement numéro 1 est la chirurgie qui doit
consister en une exerèse totale de la lésion. 
[ Fig. 1 – Épithélioma plan cicatriciel basocellulaire.
Fig. 2 – Carcinome basocellulaire nodulaire.
Fig. 3 – Carcinome basocellulaire nodulaire et pigmenté. [
LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 22 l N° 801 l 6 MAI 2008
573

Expliquer une lésion dermatologique au patient – n° 4

FICHE PRATIQUE
Carcinome spinocellulaire « corné »
Par Jean-Paul Escande, groupe hospitalier Cochin, pavillon Tarnier, 75006 Paris.

R Qu’est-ce qu’on voit ?


On voit une « corne », mais elle n’est pas « posée »
sur une peau saine. Sa base est indurée. La
« corne » a pu tomber une ou deux fois en laissant
croire à une guérison, mais elle est revenue.

R
TOUS DROITS RESERVES-LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE

Qu’est-ce que c’est ?


C’est un carcinome spinocellulaire qui semble
l’exact contraire évolutif du spinocellulaire ulcéré. 1
En fait, c’est le même processus de base : les
2
cellules épidermiques subissent aussi une
prolifération néoplasique mais là, le processus
de kératinisation, au lieu d’être rendu impossible,
est devenu prolifique. Ainsi, plutôt qu’une
tumeur ulcérée, on obtient une tumeur cornée.

R Que dire au patient ?


– D’abord, faire tomber la « corne » n’est pas du
tout la solution.
– Ensuite, le traitement vise à éliminer la tumeur
elle-même. 3
– Enfin, il est chirurgical ou radiothérapique
mais pas médicamenteux.

R Ce que le patient
doit apprendre et diffuser
– Le dermatologue ou le chirurgien, lorsque la
Lʼauteur déclare nʼavoir aucun conflit dʼintérêts concernant cet article.

lésion est située au visage, ne doivent pas se


contenter d’enlever la tumeur. Ils doivent mettre
en œuvre, surtout au niveau du nez, des
techniques délicates mais indispensables pour
limiter les dégats esthétiques du patient.
– Le patient doit aussi suivre les conseils de
précaution solaire qui valent pour les kératoses
pré-épithéliomateuses, les carcinomes
basocellulaires et les carcinomes spinocellulaires
[ Fig. 1, 2 et 3 – Carcinome spinocellulaire « corné » :
trois localisations sur des zones exposées (tempe, oreille
et face dorsale de la main). [
« ulcérés » et « cornés ». nécessaire à leur apparition est d’autant plus

R Vademecum de l’antisolaire
– Le soleil est une fête mais il ne faut pas la gâcher.
faible que la peau est plus « celte » (yeux bleus,
cheveux auburn ou roux, peau très claire) ou
qu’il y a des antécédents familiaux ou des
– Le soleil du mois d’août ne fait pas les antécédents personnels de radiothérapie.
kératoses ni les carcinomes qui apparaissent en – Le soleil est le plus dangereux de 11 à 13 heures,
décembre : c’est l’exposition année après année heure solaire. Il faut être à l’ombre à ces heures là.
qui progressivement altère l’épiderme. – La protection solaire, crème et vêtements, est
– Le nombre d’années d’exposition solaire une ardente obligation. 

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 22 l N° 803 l 3 JUIN 2008


502

Expliquer une lésion dermatologique au patient – n° 3


FICHE PRATIQUE

Carcinome spinocellulaire « ulcéré »


Par Jean-Paul Escande, groupe hospitalier Cochin, pavillon Tarnier, 75006 Paris.
TOUS DROITS RESERVES-LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE

1 3

2 4

[ Fig. 1 – Épithélioma spinocellulaire ulcéré.


Fig. 2 – Carcinome épidermoïde. [ [ Fig. 3 et 4 – Carcinome épidermoïde dans sa forme
ulcéro-bourgeonnante. [
R R
Lʼauteur déclare nʼavoir aucun conflit dʼintérêts concernant cet article.

Qu’est-ce qu’on voit ? Que dire au patient ?


Une lésion ulcérée, en apparence – C’est ce que l’on nomme un cancer de
désépidermisée, n’ayant aucune tendance à la la peau, mais ça n’a rien à voir avec un grain
cicatrisation, entourée d’une zone érythémateuse de beauté « qui tourne mal ».
« froide » (fig. 1). – Le mal touche l’épiderme qui ne peut plus

R Qu’est-ce que c’est ?


– La clinique révèle immédiatement une base
fabriquer de couche cornée et se présente très
épaissi et à vif.
– Le traitement est chirurgical ou radio-
infiltrée dure. Ce n’est ni une ulcération thérapique, et la lésion est trop évoluée pour
vasculaire ni un ulcère, mais une tumeur ulcérée : les traitements locaux (Aldara, Effudix).
l’épiderme est toujours là mais il ne parvient plus
à mettre en place une couche cornée.
– Une tumeur ulcérée de petite dimension,
R Ce que le patient
doit apprendre et diffuser
spécialement au visage, est probablement un – Il ne faut pas laisser traîner trop longtemps
carcinome spinocellulaire. une plaie qui ne veut pas cicatriser au visage.
– Ce diagnostic est à ne pas manquer : – Si c’est un carcinome spinocellulaire ulcéré,
le spinocellulaire est plus grave et évolue plus la chirurgie sera d’autant plus simple que
vite que le basocellulaire. la lésion aura été prise précocement. 

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 22 l N° 802 l 20 MAI 2008


0191_MG837_FP_danan 3/03/10 18:02 Page 191

191

FICHE PRATIQUE
Chirurgie réfractive
Par Arié Danan, Jean-Jacques Saragoussi, clinique de la Vision, 75007 Paris.

Les indications des nombreuses techniques


dépendent de :
– la nature et l’intensité de l’amétropie (myopie,
hypermétropie, astigmatisme, presbytie) ;
– l’âge du patient et de ses antécédents
ophtalmologiques et généraux ;
– du diamètre de la pupille en conditions diurne
et nocturne ;
– la biomécanique cornéenne : épaisseur,
cambrure, régularité, élasticité ;
– la profondeur de la chambre antérieure ;
– la qualité de l’endothélium cornéen.

R Techniques chirurgicales
Deux principales cibles : la cornée (responsable
Fig. 1 – La technique du Lasik consiste à sculpter le tissu
cornéen sous un volet superficiel. Elle couvre 90 %
des deux tiers de la puissance dioptrique de l’œil) des indications de chirurgie réfractive actuellement.
et le cristallin (un tiers).1

Chirurgies cornéennes
La kératotomie radiaire (KR), largement
utilisée dans les années 1980 (incisions radiaires
au bistouri), est aujourd’hui obsolète. Les incisions
relaxantes lui sont encore parfois associées pour
corriger un astigmatisme. Le bistouri tend à être
remplacé par le laser Femtoseconde.
La photokératectomie réfractive (PKR) réalise
Fig. 2 – Implant multifocal intra-oculaire destiné à
avec le laser Excimer une photo-ablation remplacer un cristallin naturel dépourvu d’accommodation.
de surface centrale (myopie), ou périphérique
(hypermétropie). Même principe pour
les variantes appelées EpiLasik ou Lasek.
Le Lasik (la référence) utilise ce même Excimer, techniquement une chirurgie de cataracte
mais la photo-ablation est réalisée non en surface (geste chirurgical strictement identique).
mais dans la profondeur de la cornée. Pour ce Les implants modernes permettent de corriger
faire, une fine lamelle est découpée, puis la myopie et l’hypermétropie mais également
soulevée afin que le laser atteigne le stroma l’astigmatisme et la presbytie.
cornéen. La lamelle cornéenne, ensuite remise Les implants phaques sont des lentilles
en place, se « recolle » spontanément (fig. 1). placées à l’intérieur de l’œil – sans ablation
Les anneaux intracornéens, initialement du cristallin naturel – devant ou derrière l’iris.
proposés pour corriger des myopies faibles
ou moyennes, sont aujourd’hui réservés à la
correction des kératocônes.
R Indications opératoires
Fonction des tranches d’âge, et du type
Le laser IntraCor, le plus récent, a des résultats d’amétropie, myopie ou hypermétropie
très prometteurs dans la presbytie. (l’astigmatisme, défaut de sphéricité de la
cornée, peut être associé à l’une ou l’autre
Chirurgies intra-oculaires et ne modifie pas les indications. Sa correction
Échange de cristallin clair, pour le remplacer est cependant très efficace avec les différentes
par un cristallin artificiel (implant). C’est techniques chirurgicales).

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 24 l N° 837 l 8 AU 12 MARS 2010

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


0191_MG837_FP_danan 3/03/10 18:02 Page 192

192
FICHE PRATIQUE
De 20 à 45 ans initialement. La PKR est moins utilisée, car
moins efficace avec le temps.
La myopie est la principale indication, après – Implants phaques, très rarement indiqués
s’être assuré de sa stabilisation (pas forcément du fait de l’étroitesse anatomique fréquente
acquise à 20 ans, en particulier si début tardif). de la chambre antérieure.
Une année de stabilité est nécessaire+++.
– Le Lasik est la référence dans les myopies faibles Après 45 ans
et moyennes (– 1 à – 6 dioptries) et peut être La chirurgie garde tout son intérêt, mais la
utilisé jusqu’à – 8 dioptries, rarement au-delà. presbytie modifie les indications opératoires.
Il faut une épaisseur cornéenne suffisante, L’hypermétropie se démasque, rendant la
capable de supporter un amincissement, correction optique nécessaire de loin et de près.
proportionnel au degré de myopie à corriger. Jusqu’à 50 ou 55 ans, le Lasik garde de bonnes
Dans tous les cas, laisser au moins 250 microns, indications, réalisé différemment selon que
en dessous de la lamelle cornéenne antérieure. le patient est myope ou hypermétrope.
– La PKR, si la cornée est d’épaisseur moyenne, – Chez l’hypermétrope, bons résultats en vision
la « fragilise » moins (pas de découpe lamellaire de loin mais aussi de près, le patient pouvant
antérieure). Son amplitude de traitement quand même éprouver le besoin d’une
est cependant limitée aux myopies faibles correction de près pour certaines activités très
et moyennes. Inconvénient : plus douloureuse précises.
en postopératoire et récupération visuelle plus – Chez le myope, traiter les deux yeux de façon
lente. asymétrique en laissant volontairement sur
– Implants phaques : technique plus invasive, l’œil dominé une petite myopie pour favoriser
mais la seule possible au-delà de – 10 dioptries. la vision de près. Dans certains cas, on peut
Si l’anatomie de l’œil le permet, en particulier même n’opérer qu’un œil.
la profondeur de la chambre antérieure et la – Chez l’emmétrope, le laser IntraCor semble
richesse en cellules de l’endothélium cornéen. très prometteur, générant une véritable vision
Dans un certain nombre de cas, il faut récuser bifocale sur l’œil opéré.
le patient : Au-delà de 55 ans (perte quasi complète
– cornée trop fine ou irrégulière, contre-indiquant du pouvoir d’accommodation), privilégier
toute chirurgie cornéenne ; les échanges de cristallin, a fortiori si opacités
– très grande pupille faisant courir le risque cristalliniennes (fig. 2).
d’altérations qualitatives de la vision (halos, – Les implants bifocaux corrigent très bien
éblouissement) en cas de correction d’une la presbytie, les opérés vivant sans lunettes
myopie forte ; dans plus de 80 % des cas.
– morphologie intra-oculaire contre-indiquant – Les implants accommodatifs, capables de
les implants phaques.
Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêts concernant cet article.

modifier leur forme en vision de près, ont déjà


L’hypermétropie est une demande plus faible, quelques applications.
en fait souvent compensée par l’accommodation Après 65 ans, indications dominées par
chez le sujet jeune. les échanges de cristallin (il n’est plus ni souple
– Le Lasik est efficace jusqu’à + 5 voire + 6 dioptries, ni transparent). Une imperfection de résultat
et son amplitude de correction est d’autant optique peut éventuellement être corrigée par
plus grande que la cornée est plus plate un Lasik de « complément ».
– Nouveaux implants ajustables : puissance
modifiable en postopératoire grâce
À retenir à l’exposition à un rayonnement UV qui en
change la courbure, en fonction d’une
• Cette chirurgie n’est pas cosmétique mais
véritablement réparatrice de la défocalisation éventuelle imperfection visuelle résiduelle
rétinienne. C’est un ajustement chirurgical après chirurgie. ●
de la mise au point de l’image perçue par
la rétine.
• Bien appliquée, elle impacte très RÉFÉRENCES
favorablement la qualité de vie.2 1. Saragoussi JJ, Arné JL. Chirurgies de la réfraction. Paris:
• Viser le risque minimal : il reste essentiel Masson Elsevier; 2006: 248 p.
de savoir dire non lorsque les conditions
2. Solomon KD, Fernandez de Castro LE, Sandoval HP, et al.
d’innocuité ne sont pas réunies. LASIK World Literature Review. Ophthalmology 2009;116:
691-701.

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 24 l N° 837 l 8 AU 12 MARS 2010

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


939

Compression du nerf ulnaire

FICHE PRATIQUE
au coude
Par Françoise Bouhour, Christophe Vial, service de neurologie, hôpital neurologique, 69394 Lyon Cedex 3.
francoise.bouhour@chu-lyon.fr

R Contexte
Dans sa traversée du coude, le nerf ulnaire est Triceps
Nerf cutané
postérieur de
brachial
particulièrement vulnérable car il est superficiel, l’avant-bras
repose dans une gouttière sur le versant interne
Épicondyle
de ce coude, en arrière d’une articulation très latéral
mobile, et est exposé à des phénomènes
d’étirements répétés (fig. 1). La compression Épicondyle
du nerf ulnaire au coude est la deuxième cause médial Tête du
radius
de compression nerveuse. Nerf ulnaire

R Causes
Les formes idiopathiques sont les plus
Olécrâne

Ulna
fréquentes : leur début est progressif, souvent
précipité par des mouvements répétitifs de
flexion-extension du coude. Elles sont aggravées
par des facteurs locaux (cubitus valgus) et/ou 1
généraux (diabète, éthylisme, neuropathies
héréditaires).
Les formes post-traumatiques ou secondaires
à des pathologies rhumatismales ou tumorales
(schwannome) sont plus rares.

R Clinique
Les paresthésies et/ou l’engourdissement Nerf radial
concernent les deux derniers doigts de la main, Nerf médian
avec une recrudescence nocturne. Elles s’associent Nerf ulnaire
à des douleurs neuropathiques de type décharges 2
électriques et/ou brûlures prenant naissance au
coude. Elles s’aggravent progressivement ; s’y
Fig. 1 – Passage du nerf ulnaire dans la région postérieure
associent alors une hypo-esthésie, une allodynie du coude.
et des troubles trophiques. À ce stade, l’atteinte Fig. 2 – Territoires sensitifs de la main (Pr E. Moutet).
motrice est de règle. Le territoire sensitif du nerf ulnaire correspond au Ve et
à la moitié du IVe doigt sur la face palmaire, au Ve à
L’examen clinique recherche :
la moitié du IVe et à une partie du IIIe sur la face dorsale.
– un signe de Tinel au coude (paresthésies
provoquées par la percussion du nerf ulnaire) ;
– une hypo-esthésie du bord cubital de la main déficit de l’adducteur du 5e doigt (signe de
(fig. 2) ; Wartenberg) et une impossibilité de surcroiser
– une amyotrophie déficitaire des muscles l’index sur le médius ;
interosseux, et notamment du 1er espace (signe – plus rarement, une griffe cubitale avec une
de Froment ou signe du journal – fig. 3), un hyperextension des métarcapo-phalangiennes

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 22 l N° 810 l 25 NOVEMBRE 2008

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


940
FICHE PRATIQUE

les formes purement myéliniques (simple


Fig. 3 – Signe de Froment. ralentissement ou bloc de conduction dans
Déficit de la pince la traversée du coude) des formes sévères avec
pouce-index (le pouce
se positionne de façon dégénérescence axonale (souffrance neurogène
perpendiculaire aiguë des muscles d’innervation ulnaire)
pour essayer de retenir pouvant justifier d’un traitement chirurgical.
la feuille).
L’ENMG recherche un syndrome du canal carpien
3
associé et participe au diagnostic différentiel.

4 R Traitement médical
En première intention si forme peu sévère ou
récente (< 6 semaines) : mise en place durant la
20.1 mA
nuit d’une orthèse de positionnement du coude
5 mV
n’autorisant que 30° de flexion ; infiltration locale
de corticoïdes dans certains cas.
Le patient doit être revu dans les 6 à 8 semaines
afin de ne pas méconnaître une aggravation
clinique et électrique qui nécessiterait le recours
à la chirurgie.
42.7 mA

5 mV
R Traitement chirurgical
Sous anesthésie locorégionale et garrot
pneumatique.
La neurolyse simple (section des adhérences et
zones fibreuses permettant de libérer le nerf)
associée à une transposition antérieure du nerf
qui devient alors « insensible » aux mouvements
69.0 mA du coude est la technique de choix.
5 mV Le résultat postopératoire dépend de la sévérité
préopératoire. Les facteurs de mauvais pronostic
sont : l’ancienneté de la compression (> 6 mois),
la sévérité de l’atteinte clinique et de l’atteinte
Fig. 4 – ENMG : étude de la vitesse de conduction motrice électrique. Dans la plupart des séries, le
du nerf ulnaire (stimulation poignet, sous-coude et sus-coude). pourcentage de bon résultat est de l’ordre
de 80 %. ●
des 4e et 5e doigts associée à une flexion des
interphalangiennes.

R
L’auteur déclare n’avoir aucun conflit d’intérêts
concernant cet article.
Examen complémentaires
Les radiographies face et profil du coude
recherchent un cubitus valgus, un cal vicieux,
une arthrose, un ostéophyte. L’IRM,
parfois pratiquée, met en évidence un nerf
Diagnostic différentiel
en hypersignal T2, volumineux, à l’étroit L’anamnèse, l’examen clinique et surtout l’ENMG
dans le tunnel cubital ; le diagnostic de doivent éliminer :
schwannome est parfois porté à tort devant – une atteinte radiculaire ou plexique C8-T1
(syndrome du défilé thoraco-brachial) ;
de telles images.
– une compression du nerf ulnaire à la loge
L’électroneuromyogramme (ENMG, fig. 4) permet de Guyon (au talon de la main) ou à la paume ;
d’affirmer le diagnostic en précisant le site – un syndrome de corne antérieure de la moelle
de compression par des stimulations étagées. débutant.
Son intérêt est aussi pronostique, différenciant

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 22 l N° 810 l 25 NOVEMBRE 2008

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


733

FICHE PRATIQUE
Découverte d’un pic monoclonal
Par Marie-Pierre Moles-Moreau*, Anne Marteau-Tessier**, Céline Beauvillain***, Norbert Ifrah*,
* Service des maladies du sang, ** laboratoire d’hématologie, *** laboratoire d’immunologie, CHU, 49933 Angers Cedex 9 ;
université d’Angers et Inserm U564.

– Clone lymphoïde devenant prépondérant


et produisant une seule immunoglobuline (Ig)

M. Macro. Immunoglobuline monoclonale. Rev Prat 2008;58:2071-7.


en grande quantité.
Pic étroit
– Pic aigu, à base étroite, symétrique dans les -globulines
et homogène, dans la région des -globulines Albumine
(beaucoup plus rarement des -globulines) -globulines
résiduelles
à l’électrophorèse des protides sériques.
– Survient après 50 ans, augmente avec l’âge,
Électrophorèse des protides sériques sur gel d’agarose
banal après 85 ans.
Protides totaux = 94,0 g/L A/G = 0,62
– Limiter l’électrophorèse des protides sériques,
Albumine 38,4 % 36,1 g/L [Normes : 60-71 % 39-46 g/L]
trop prescrite, à : hépatopathie, néphropathie, Alpha 1 2,2 % 2,1 g/L [Normes : 1,4-2,9 % 0,9-1,9 g/L]
augmentation de la VS en l’absence de syndrome Alpha 2 9,0 % 8,5 g/L [Normes : 7-11 % 5-7 g/L]
Bêta 7,8 % 7,3 g/L [Normes : 8-13 % 5-8 g/L]
inflammatoire, anémie inexpliquée, suspicion
Gamma 42,6 % 40,0 g/L [Normes : 9-16 % 6-10 g/L]
de déficit immunitaire, bilan d’une pathologie Pic 1 40,7 % 38,2 g/L
lymphoïde ou auto-immune.
– En effet, la découverte fortuite d’un pic Figure – Pic à base étroite migrant dans la région
des -globulines avec hypo--globulinémie résiduelle.
chez une personne bien portante est inutilement
inquiétante, car le plus souvent, il s’agit d’une
gammapathie monoclonale de signification MM asymptomatiques : 15 %, et GMSI : 60 %
indéterminée (GMSI), dont le risque d’évolution (situation la plus fréquente) avec un risque
vers une hémopathie maligne est relativement faible. de transformation en myélome multiple
– Une immuno-électrophorèse ou une symptomatique proche de 1 % par an.
immunofixation identifie l’Ig monoclonale, Plus rarement : plasmocytome solitaire,
à quantifier à partir du tracé électrophorétique amylose AL, maladie à dépôts de chaînes
lui-même et non par dosage pondéral des Ig. légères Ig, maladie des chaînes lourdes,
– Le pic est de nature IgG ou IgA dans 75 % ou autre hémopathie lymphoïde.
des cas, IgM dans 20 % des cas, beaucoup plus
rarement IgD ou IgE ; 2 pics distincts : 5 % des cas. R Adresser à l’hématologue ?
1. Si retentissement clinique (quelle que
– En cause : myélomes multiples (MM)
symptomatiques : 15 % des cas, soit la taille du pic) : altération de l’état général
avec ou sans asthénie à l’effort (par anémie) ;
douleurs osseuses spontanées ou provoquées,
insomniantes, mal soulagées par les antalgiques
L’essentiel de palier I ou II ; adénopathies périphériques
✔ Au-delà de 70 ans : découverte fréquente d’un pic ou hépato-splénomégalie (hypertrophie du
à l’électrophorèse ; cet examen doit être réalisé dans des
tissu lymphoïde) ; troubles de la conscience
situations bien codifiées (pas en dépistage).
✔ Environ 60 % des pics monoclonaux correspondent ou coma révélateurs d’une hypercalcémie ;
à une GMSI. insuffisance rénale ou protéinurie.
✔ Un pic peut accompagner un syndrome infectieux
2. Pic non IgG (risque d’évolution rapide vers
aigu ou chronique, une maladie hépatique ou rénale
mais aussi de nombreuses maladies auto-immunes. une hémopathie maligne) ; IgA, IgE ou IgD ont
✔ Il peut bien sûr révéler une maladie lymphoïde un potentiel de progression vers un myélome
maligne, notamment un myélome. agressif plus élevé. Si IgM : à explorer
✔ Risque de transformation d’une GMSI en MM :
différemment (myélomes à IgM rarissimes).
1 % par an ; le suivi est obligatoire.
✔ Surveillance systématique : électrophorèse 3. Si quantité > 20 g/L, même isolée et
des protides, hémogramme, calcémie et créatininémie. asymptomatique.
Radios réservées aux suspicions cliniques. 4. Enfin, âge < 60 ans (maladie agressive
justiciable de traitements ambitieux).

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 23 l N° 830 l 24 NOVEMBRE 2009

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


734
FICHE PRATIQUE

– Si IgG ou IgA (affection plasmocytaire,


Étiologies des gammapathies notamment le myélome), le myélogramme
secondaires ou associées évalue le pourcentage et l’aspect des
• Infections chroniques ou aiguës, bactériennes, virales plasmocytes médullaires. Pronostic lié
ou parasitaires. à d’éventuelles complications : anémie, hyper-
• Maladies auto-immunes (lupus érythémateux disséminé, calcémie, protéinurie significative, insuffisance
PR, Gougerot-Sjögren, thyroïdites, périartérite noueuse). rénale et lésions osseuses sur des clichés du
• Hépatopathies (cirrhotiques, infectieuses, tumorales).
crâne de profil, rachis face-profil, bassin de face

Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêts concernant cet article.
• Néphropathies glomérulaires.
et gril costal. L’IRM peut déceler des lésions
• Cancers épithéliaux.
• Maladies rares bien codifiées par ailleurs (leucémie
infraradiologiques (scintigraphie osseuse inutile).
myélo-monocytaire, maladie de Gaucher). Ne pas doser les chaînes légères libres.
• Cryoglobulinémie mixte (type II). – Pic IgM faussement fortuit. Rechercher une
prolifération lymphoïde (proliférations malignes

R Trois grandes causes


Une maladie générale, accompagnée d’un pic
les plus fréquentes sur la durée) :
. maladie de Waldenström avec parfois
hypervolémie, signes d’hyperviscosité,
secondaire ou associé (IgM, G ou A) ; une purpura vasculaire ou neuropathie périphérique
gammapathie monoclonale « plasmocytaire » démyélinisante distale ;
(IgG ou A, voire IgD) ; une « lympho » . leucémie lymphoïde chronique, prolifération
prolifération (IgM) non myélomateuse. lymphocytaire monomorphe, médullaire,
– De nombreuses affections (encadré) sanguine et ganglionnaire, avec parfois faible
s’accompagnent de la stimulation excessive de taux d’Ig monoclonale M ou parfois G ou A.
plusieurs clones lymphocytaires ou plasmocytaires L’immunophénotypage des lymphocytes
par un ou plusieurs antigènes. Un clone peut circulants permet le diagnostic ;
émerger et produire une Ig monotypique. Si . lymphopathies malignes B, avec pic réduit,
clinique évocatrice, n’explorer que si persistance susceptible et signes cliniques liés à sa nature
du pic après traitement de la cause. biochimique ou son affinité antigénique. ●

ACTONEL® 75 mg comprimé pelliculé (risédronate monosodique). INDICATIONS THERAPEUTIQUES : Traitement de l’ostéoporose post-ménopausique chez les femmes à risque
élevé de fractures. POSOLOGIE ET MODE D’ADMINISTRATION* : 1 comprimé 75 mg par voie orale, deux jours consécutifs par mois. Le premier comprimé doit être pris le même jour
chaque mois, suivi par le second comprimé le jour d’après. L’alimentation et les médicaments contenant des cations polyvalents (voir Interactions avec d’autres médicaments et autres
formes d’interactions) interfèrent avec l’absorption du risédronate monosodique. Afin d’obtenir une absorption optimale, les patientes doivent prendre Actonel : Avant le petit déjeuner :
au moins 30 minutes avant l’absorption des premiers aliments, des autres médicaments ou boissons (autre que de l’eau plate) de la journée, en position assise ou debout, avec un
grand verre d’eau plate. Les patients ne doivent pas s’allonger au cours des 30 minutes qui suivent la prise du comprimé. L’eau plate est la seule boisson qui doit être prise avec
Actonel®. CTJ : 1,20 € (boîte de 2 comprimés)/ 1,04 € (boîte de 6 comprimés). CONTRE-INDICATIONS : Hypersensibilité connue au risédronate ou à l’un des excipients ;
Hypocalcémie (Cf. Mises en garde spéciales et précautions d’emploi) ; Grossesse et allaitement ; Insuffisance rénale sévère (clairance de la créatinine < 30 ml/min). MISES EN GARDE
SPECIALES ET PRECAUTIONS D’EMPLOI* : Aliments et boissons (autres que de l’eau plate) contenant des cations polyvalents. Œsophagite et ulcérations œsophagiennes. Patients
dans l’incapacité de se tenir en position verticale pendant au moins 30 minutes après la prise du comprimé. Hypocalcémie. Troubles du métabolisme osseux (par ex dysfonctionnement
parathyroïdien, hypovitaminose D) et minéral. Ostéonécrose de la mâchoire, généralement associée à une extraction dentaire et/ou une infection locale (incluant une ostéomyélite,
particulièrement lors de chimiothérapie et prise de corticoïdes. Insuffisance rénale légère à modérée, antécédents d’hypercalciurie d’origine absorptive ou rénale, de néphrocalcinose,
de lithiase rénale, ou une hypophosphatémie. Intolérance héréditaire au galactose, déficit en Lapp lactase ou malabsorption du glucose et du galactose. INTERACTIONS
MEDICAMENTEUSES*. GROSSESSE ET ALLAITEMENT*. EFFETS SUR L’APTITUDE A CONDUIRE DES VEHICULES ET A UTILISER DES MACHINES*. EFFETS INDESIRABLES* :
Chez les femmes ménopausées ostéoporotiques : majorité d’intensité légère à modérée. Fréquents : Maux de tête, constipation, dyspepsie, nausées, douleurs abdominales, diarrhées,
douleurs musculo-squelettiques. Peu fréquents : gastrite, œsophagite, dysphagie, duodénite, ulcère œsophagien, iritis. Rares : Glossite, sténose de l’œsophage, anomalie des tests
hépatiques. Diminution précoce, transitoire, modérée et asymptomatique des taux plasmatiques de calcium et phosphate. Des évènements indésirables additionnels avec risédronate
monosodique 75 mg ont été rapportés à une fréquence d’au moins 1 % (incidence supérieure dans le groupe risédronate monosodique 75 mg par rapport au groupe risédronate
monosodique 5 mg) : gastrite érosive (1,5 % vs 0,8 %), vomissements (1,3 % vs 1,1 %), arthralgie (1,5 % vs 1,0 %), douleurs osseuses (1,1 % vs 0,5 %) et douleurs aux extrémités
(1,1 % vs 0,5 %). Post-commercialisation (fréquence inconnue) : iritis, uvéite, ostéonécrose de la mâchoire, hypersensibilité et réactions cutanées, incluant angio-œdème, rash
généralisé et réactions cutanées bulleuses, parfois sévères. Chez les hommes ostéoporotiques, tolérance et sécurité d’emploi globales similaires entre les groupes traitement et
placebo. Les effets indésirables correspondent à ceux précédemment décrits chez les femmes ménopausées. SURDOSAGE* : une baisse de la calcémie peut être observée. Chez certains
patients, des signes et symptômes d’hypocalcémie peuvent également être observés. Du lait ou des antiacides contenant du magnésium, du calcium ou de l’aluminium doivent être
administrés et en cas de surdosage important, pratiquer un lavage gastrique. PHARMACODYNAMIE* : Bisphosphonates, code ATC : M05BA07. PHARMACOCINETIQUE*. DONNEES
DE SECURITE PRECLINIQUES*. DONNEES PHARMACEUTIQUES*. LISTE I - AMM (2008) : 384 568-9 (2 comprimés) Prix : 36,14 € / 384 570-3 (6 comprimés). Prix : 93,33 €.
Remb. Séc. Soc. à 65% dans les indications : Traitement de l’ostéoporose post-ménopausique pour réduire le risque de fractures vertébrales et de hanche : 1) chez les patientes
ayant fait une fracture par fragilité osseuse, 2) en l’absence de fracture, chez les femmes ayant une diminution importante de la densité osseuse (T-score < -3 DS) ou ayant un T-score ≤ -2,5 DS
associé à d’autres facteurs de risque de fracture en particulier, un âge > 60 ans, une corticothérapie systémique ancienne ou actuelle àune posologie ≥ 7,5 mg/jour d’équivalent
prednisone, un indice de masse corporelle < 19 kg/m2, un antécédent de fracture de l’extrémité du col du fémur chez un parent de premier degré (mère), une ménopause précoce
(avant l’âge de 40 ans). Agréés Collectivités. *Pour une information complète, se reporter au dictionnaire Vidal, édition en vigueur. DATE DE REVISION : mai 2009.
Procter & Gamble Pharmaceuticals France - 163-165 quai Aulagnier - 92600 Asnières-sur-Seine - Tél. : Information médicale : 0800 345 879 (n°vert).

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


96
FICHE PRATIQUE

Défibrillateur implantable
Par Nadia Laredj et Jérôme Lacotte, unité de rythmologie, institut de cardiologie, groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière,
75651 Paris Cedex 13. jerome.lacotte@psl.aphp.fr

R Intérêt et indications
Chez les patients cardiaques, le défibrillateur
implique d’implanter beaucoup de patients
pour en « sauver » quelques-uns.
automatique implantable (DAI) a démontré – Les complications sont fréquentes, dominées
son intérêt par rapport au traitement anti- par les chocs inappropriés (sur arythmies
arythmique, d’abord en prévention secondaire supraventriculaires ou fracture de sonde).
de mort subite, puis en prévention primaire dans Associées au retentissement psychologique dû
les cardiomyopathies dilatées (tableau). à la présence d’un corps étranger, elles altèrent

R Questions non résolues


– Les patients implantés meurent une fois
la qualité de vie des patients.
– Le surcoût lié au DAI (12 000 à 20 000 €)
n’est amorti qu’à long terme, le bénéfice ne
sur deux d’insuffisance cardiaque, ce qui limite devenant acceptable au plan économique que
l’espérance de vie, même avec la protection vers la huitième année.
du défibrillateur. De fait, il faut implanter
15 à 20 DAI pour « sauver une vie ». On
retiendra que l’espérance de vie est prolongée
R Conclusion
L’indication d’implantation doit être discutée
de 12 à 18 mois à une échéance de 5 ans. au cas par cas, en tenant compte du contexte
– La stratification du risque de mort subite est clinique global. L’information des patients est
exclusivement basée sur la fraction d’éjection primordiale, les risques encourus devant être
ventriculaire gauche (FEVG). Si elle est < 30-35 %, soulignés, ainsi que la nécessité d’un suivi
le patient est un candidat potentiel au DAI. Ce régulier après implantation au sein d’un centre
critère, très sensible, reste peu spécifique, ce qui spécialisé. 

TABLEAU RECOMMANDATIONS 2006 DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE CARDIOLOGIE


Situation clinique Classe* Niveau de preuve
Arrêt cardiaque par FV ou TV, sans cause aiguë ou réversible A
Coronariens en classe II ou III NYHA avec FEVG 압 30 % mesurée au moins 1 mois après un IDM et 3 mois après un geste
B
de revascularisation (chirurgie ou angioplastie)
TV soutenue spontanée symptomatique sur cardiopathie I B
TV soutenue spontanée, mal tolérée, en l’absence d’anomalie cardiaque, pour laquelle un traitement médical ou une ablation
B Les auteurs n’ont pas transmis de déclaration de conflit d’intérêts.
ne peuvent être réalisés ou ont échoué
Syncope inexpliquée avec TV soutenue ou FV déclenchable, en présence d’une cardiopathie B
Coronariens avec 30 % < FEVG 압 35 % mesurée au moins 1 mois après un IDM et 3 mois après un geste de revascularisation
(chirurgie ou angioplastie) avec une TV ou une FV déclenchable B
Cardiomyopathie dilatée (CMD) en apparence primitive avec FEVG 압 30 % et classe II ou III NYHA B
IIa
Maladie génétique à haut risque de mort subite par FV sans aucun autre traitement efficace connu B
DAI triple chambre : patients en IC restant symptomatiques (classe III ou IV NYHA) malgré un traitement médical optimal,
avec FEVG 압 35 % et QRS > 120 ms B
Antécédents d’IDM avec 30 % < FEVG 압 35 % C
CMD en apparence primitive avec 30 % < FEVG 압 35 % et classe II ou III NYHA IIb C
TV soutenue mal tolérée chez un patient en attente de transplantation C
Syncope inexpliquée sans trouble du rythme déclenchable C
TV ou FV incessantes (orage rythmique) malgré le traitement C
TV ou FV curables par chirurgie ou ablation, ne mettant pas en jeu le pronostic vital (TV infundibulaires, fasciculaires…) C
TV ou FV dues à une cause aiguë ou réversible (ischémie, hypokaliémie) C
III
TV ou FV et maladie mentale susceptibles d’être aggravées par l’implantation ou d’empêcher le suivi C
Arrêt circulatoire par TV ou FV avec séquelles neurologiques graves C
TV ou FV et maladie terminale avec pronostic < 1 an C
TV ou FV et IC terminale chez un patient non candidat à la transplantation C
* I : traitement utile et efficace ; IIa : preuve plutôt en faveur de la technique ; IIb : preuves insuffisantes ; III : traitement ni utile, ni efficace.

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 23 l N° 815 l 11 FEVRIER 2009

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


157

Dispositifs intra-utérins

FICHE PRATIQUE
Par Nelly Homasson, centre de régulation des naissances, hôpital Saint-Louis 75475 Paris Cedex 10.
nelly.homasson@sls.aphp.fr

Des indications bien évaluées à presque tous


les âges de la période reproductive des femmes. DISPOSITIFS INTRA-UTÉRINS DISPONIBLES

R
TABLEAU 1
EN FRANCE
Mécanisme d’action Pose Modèles Durée Insertion
DIU non hormonaux
– Empêche la fécondation (principal mode
NT 380 standard 5 ans Inserteur souple
d’action).1 (hauteur utérine > 7 cm)
– Trop souvent assimilé à tort à un agent abortif Pose en 2 temps NT 380 short
précoce et de ce fait refusé par certaines – poussée (hauteur utérine < 7 cm)
– retrait
patientes.

R
UT 380 standard 5 ans Inserteur rigide
UT 380 short
Efficacité TT 380 10 ans Inserteur rigide
Mona Lisa CuT 380 (multipare)
– Un des moyens contraceptifs les plus efficaces. Pose en 1 temps
– L’excellente efficacité de Mirena, DIU hormonal – poussée GynElle 375 5 ans « parapluie »
délivrant du lévonorgestrel, est confirmée par Multiload Cu 375 standard
Multiload Cu 375 short
une méta-analyse récente (moins de 0,5 % de Mona Lisa Cu 375/375 SL
grossesse à 5 ans).2 DIU hormonal
– Tous les autres DIU ont 375 à 380 mm2 Pose en 2 temps Mirena (DIU au lévonorgestrel) 5 ans
de surface de cuivre et sont pratiquement
aussi efficaces, en particulier le TT 380
(0,3 à 0,6 % selon les études sur une durée
de vie de 10 ans). Il est recommandé
R Effets secondaires
Surtout ménométrorragies et douleurs
de changer les autres modèles à 5 ans. – Traitement recommandé : les AINS, avec une
– Efficacité nettement supérieure après 35 ans efficacité similaire pour toutes les molécules.4
et quasi-totale à plus de 45 ans. – En deuxième intention : acide tranexamique

R Risque d’échec
– Ni les AINS, ni aucun autre médicament
(si échec des AINS), en particulier en cas
de ménorragies.
– Pas d’intérêt des AINS en prophylaxie
n’exposent au risque d’échec, contrairement les 6 premiers mois suivant l’insertion.
à ce qu’on a cru pendant des années.3 – Pour les ménorragies persistantes,
– Seul l’antécédent d’expulsion d’un DIU est voir anémiantes, Mirena est particulièrement
à risque et incite à un suivi plus strict. intéressant.

1 2 3 4 5

Fig. 1 – DIU au cuivre (cupro-contraceptif) en forme de T (avec manchons supplémentaires). Fig. 2 – DIU au cuivre (cupro-contraceptif)
en forme de T. Fig. 3 – DIU hormonal progestatif en forme de T. Fig. 4 – DIU au cuivre en forme de T. Fig. 5 – DIU au cuivre (cupro-contraceptif)
à multibras (existe en deux tailles).

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 23 l N° 817 l 5 MARS 2009

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


158
FICHE PRATIQUE

– La post-adolescente de 21 ans avec 4 IVG


TABLEAU 2 CONTRE-INDICATION DES DIU NON HORMONAUX* non plus, car elle ne se protègera pas mieux
Contre-indications absolues Contre-indications relatives des IST qu’elle ne s’est prémunie contre la
grossesse.

R
Grossesse avérée ou suspectée Prise d’anticoagulants au long cours
Infection génitale haute en cours Coagulopathies graves à risque
ou datant de moins de 3 mois hémorragique DIU et périménopause
Anomalies de la cavité utérine Immunodépression et/ou traitement – Mirena est le DIU de choix dans cette période
immunodépresseur au long cours
où les femmes ne désirent plus de cycles
Saignements génitaux inexpliqués Dysménorrhée grave
réguliers mais plutôt une limitation des
Maladie trophoblastique Antécédents de ménorragies
ménométrorragies, même au prix de spottings
Cancer du col utérin Valvulopathies à haut risque d’endocardite
voire d’aménorrhée.
Cancer de l’endomètre Prothèses valvulaires cardiaques
– La diffusion plasmatique du lévonorgestrel
IST en cours Utérus cicatriciel (hors césarienne)
peut cependant aggraver le dysfonctionnement
Facteurs de risque important d’IST Diabète déséquilibré
(comportement sexuel à risque.…) ovarien physiologique. De ce fait, Mirena n’est
Tuberculose génitale Maladie de Wilson et hypersensibilité pas recommandé chez les femmes ayant un
au cuivre cancer du sein.

*(Anaes, Afssaps 2004).


Anémie ferriprive en cours de traitement
R Conclusion
– Bien prescrit et bien posé, c’est
Infections une contraception très efficace, apportant
– Une des principales craintes des utilisatrices un confort de longue durée.
et des médecins. – Les effets secondaires sont gérables

L’auteur déclare n’avoir aucun conflit d’intérêts concernant cet article.


– En fait, peu fréquentes et surviennent (prescriptions de courte durée ou DIU
en général dans les 4 semaines suivant au lévonorgestrel).
la pose. – Les bonnes indications ont été largement sous-
– Au-delà, il s’agit le plus souvent d’une IST, estimées et les mauvais conseils surexprimés. ●
tel le Chlamydia qui peut être responsable
d’une stérilité tubaire (et non le DIU, RÉFÉRENCES
à ne plus nommer « stérilet »). 1. Ortiz ME, Croxatto HB. Copper-T intrauterine device

R
and levonorgestrel intrauterine system: biological bases
of their mechanism of action. Contraception 2007;75
DIU et nulliparité (6 suppl):S16-30.
– Ce n’est plus une contre-indication.5 2. Thonneau PF, Almont T. Contraceptive efficacy of
intrauterine devices. Am J Obstet Gynecol 2008;198:248-53.
– Il faut cependant que le col soit franchissable
3. Thonneau P, Almont T, de La Rochebrochard E, Maria B.
(même problème dans certains antécédents Risk factors for IUD failure: results of a large multicentre
de césarienne), que la cavité ne soit pas case-control study. Hum Reprod 2006;21:2612-6.
4. Grimes DA, Hubacher D, Lopez LM, Schulz KF. Non-
trop petite (utilité des modèles « short »)
steroidal anti-inflammatory drugs for heavy bleeding or
et que le risque infectieux soit relativement pain associated with intrauterine-device use. Cochrane
faible. Database Syst Rev 2006;CD006034.
5. Prager S, Darney PD. The levonorgestrel intrauterine
– L’adolescente, même demandeuse, n’est system in nulliparous women. Contraception 2007;75
cependant pas une bonne indication. (6 suppl):S12-5.

MICHEL TEMMAN. Les hôpitaux nippons en plein chaos. Libération, 11 février 2009.
Presse
Japon : la crise des urgences
Le Japon est réputé pour être plusieurs patients sont morts la Santé le reconnaît, mais se Les conséquences sont
un des pays où les gens vivent faute de trouver un hôpital refuse à avancer des chiffres dramatiques : une femme
le plus longtemps en bonne pouvant les prendre en précis. Le pays manquerait en de 36 ans est décédée
santé, grâce notamment à leur charge. Beaucoup sont des particulier d’unités de soins d’une hémorragie cérébrale
alimentation saine et femmes enceintes. En 4 à intensifs pour femmes dans l’hôpital de Tokyo où
équilibrée. Il est à craindre que, 5 ans, le Japon aurait en effet enceintes et enfants en bas elle avait enfin accouché
paradoxalement, il le devienne fermé près de 250 services âge. Il ne disposerait plus que après avoir été refusée
aussi pour la piètre qualité de d’urgence pour faire des d’une trentaine de pédiatres par 7 autres.
son système de santé : économies. Le ministère de spécialisés dans l’urgence. Serge Cannasse

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 23 l N° 817 l 5 MARS 2009

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


239

Drainage vésical

FICHE PRATIQUE
Par Damien Chambade, Paul Meria, service d’urologie, hôpital Saint-Louis, APHP, 75475 Paris Cedex.

R Contexte
Le drainage vésical permet l’évacuation des
urines de façon permanente par l’introduction
d’une sonde dans l’urètre jusqu’à la vessie.
Il peut être réalisé par sondage urétral (le plus
couramment employé) ou par la pose d’un
cathéter sus-pubien.
TOUS DROITS RESERVES-LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE

Sondage urétral
R Indications
À visée diagnostique, il permet d’avoir une
mesure précise de la diurèse horaire.
À visée préventive, en cas de lésions cutanées 1
(escarres, brûlures…), d’incontinence chronique,
de plaie périnéale pré- et post-chirurgicale, de
2
coma, d’intervention chirurgicale et de vessie
Partie bulbeuse
neurologique avant la rééducation. de l’urètre
À visée curative, lors d’une rétention aiguë
d’urines, d’hématurie avec caillottage ou pour Partie pendulante
une instillation médicamenteuse. de l’urètre

R Matériel
Le sondage urétral doit être atraumatique et
stérile : il nécessite donc une antisepsie du méat
urétral, l’utilisation de gants stériles et la mise en
place de champs stériles.1
Différents types de sondes existent : forme
droite et béquillée (coudée à son extrémité pour
faciliter son passage), simple et double courant.
Celles en latex peuvent rester en place 3 semaines Sonde
au maximum ; en latex siliconé ou en silicone,
elles peuvent être gardées entre 3 et 6 semaines.
Il est conseillé d’utiliser des sondes de calibre Partie membraneuse
moyen chez l’homme (charrière 18, qui est le de l’urètre
Ballonnet
diamètre externe de la sonde, 1 charrière étant
équivalente à 1/3 mm).
Le système clos doit être respecté : la connexion
sonde-poche collectrice est faite avant la pose de
la sonde et doit être maintenue de façon
[ Fig. 1 – Matériel de sondage vésical. Sonde béquillée.
Fig. 2 – Sondage urétral. [
permanente pendant toute la durée du sondage.

R
d’origine minérale comme la vaseline ou
Technique2 la paraffine, qui altèrent le ballonnet).
– Injecter dans l’urètre un gel stérile à 2 % de – Introduire ensuite doucement la sonde dans
xylocaïne (lubrifiant) en exerçant une légère le méat urétral, verge tendue au zénith
traction de la verge (proscrire les lubrifiants jusqu’à l’urètre bulbaire (on sent une

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 22 l N° 797 l 11 MARS 2008


240
FICHE PRATIQUE

Il est déconseillé en cas de traitement


Contre-indications du sondage anticoagulant, d’hématurie avec caillottage
urétral et de suspicion de tumeur vésicale (risque
d’essaimage de cellules cancéreuses le long
- Prostatite aiguë
du trajet pariétal).
- Orchi-épididymite aiguë
- Sténose urétrale
- Urétrorragie (suspicion de rupture de l’urètre)
- Malformation urogénitale
R Technique
– Faire une anesthésie locale de la paroi à deux
travers de doigt au-dessus de la symphyse
- Chez l’enfant (petit garçon)
pubienne, sur la ligne médiane, après
désinfection par une solution antiseptique.
résistance), puis abaissée ; l’introduction de – Repérer l’angulation et la profondeur de mise
la sonde est poursuivie au maximum jusqu’à en place du trocart en aspirant quelques
l’obtention d’urine. En cas de sonde béquillée, millilitres d’urine dans la seringue.
introduire celle-ci en orientant la partie – Faire une moucheture au bistouri, puis
TOUS DROITS RESERVES-LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE

béquillée vers le haut. enfoncer le trocart (cathéter à l’intérieur)


– Gonfler alors le ballonnet avec 10 mL d’eau perpendiculairement à la paroi abdominale
stérile. Tirer sur la sonde jusqu’à ce qu’elle se jusque dans la vessie.
bloque sur le col vésical. – Une fois le trocart retiré (le repère noir du
– Enfin, passer la tubulure du collecteur au cathéter doit être gardé au niveau de la paroi
niveau du creux poplité et fixer le collecteur abdominale), fixer le cathéter à la peau par
en position déclive afin d’éviter la stase deux points de fil non résorbable puis le
urinaire. raccorder au système collecteur.

R
– Ne pas oublier de recalotter le patient.
– Effectuer la vidange vésicale en plusieurs Quelques recommandations
étapes, en clampant la sonde pour éviter une – Éviter les coudes et les tractions intempestives
hématurie a vacuo et un malaise vagal. sur le cathéter sus-pubien.

R
– Programmer des soins locaux par une
Quelques recommandations infirmière tous les 2 jours.
– Préférer une sonde béquillée chez l’homme – Prévoir le changement du cathéter sus-pubien
(elle facilite le passage de l’urètre bulbaire). ou de la sonde vésicale à demeure (sonde
– Utiliser des sondes siliconées pour le sondage siliconée) tous les 2 mois avec un ECBU
vésical à demeure. au préalable.
– Utiliser un sac collecteur stérile avec système – Si celui-ci est positif, traiter 48 heures avant
de vidange, site de prélèvement et valve anti- à 48 heures après. 
Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêts concernant cet article.

reflux.
– Ne pas fixer la sonde sur l’abdomen ou la RÉFÉRENCES
cuisse du patient afin d’éviter la formation 1. La pose d’une sonde vésicale à demeure : un acte
d’escarres au niveau du méat urétral. infirmier. Rueil-Malmaison: Lamarre; 1994.
2. Vous êtes porteur d’une sonde vésicale à demeure.
– Effectuer une toilette uro-génitale Fiche d’information. Service urologie, hôpital Saint-
biquotidienne avec du savon liquide doux. Louis, AP-HP.
– Proscrire le changement itératif de la poche de 3. Grise P, Sibert L. Rétentions aiguës d’urine
complètes. EMC (Elsevier, Paris), Néphrologie-
recueil (elle peut rester en place 15 à 20 jours). Urologie, 1996, 18-207-D-100.
– Ne pas traiter une bactériurie (sur drainage
vésical) en l’absence d’hyperthermie ou de
signes de prostatite ou d’orchi-épididymite.
POUR EN SAVOIR PLUS
➜ Desgrandchamps F. Rétention aiguë d’urine.
Cathéter sus-pubien3
R
Rev Prat 2006;15:1711-3.
➜ Irani J. Rétention aiguë d’urine chez l’homme.
Indications Rev Prat Med Gen 2004;18:1465-8.
La pose d’un cathéter sus-pubien n’est réalisée ➜ Fontaine E, Thomas L. Rétention aiguë d’urine.
qu’en présence d’un globe vésical. Rev Prat 2002;52:1943-6.
Ses indications sont les contre-indications ➜ Labat JJ. La vessie sondée. Rev Prat 2002;52:54-7.
du sondage urétral.

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 22 l N° 797 l 11 MARS 2008


0659_MG805_FP TEYSSEDOU 10/09/08 15:36 Page 659

659

FICHE PRATIQUE
Épicondylite : comment infiltrer
Par Jean-Pierre Teyssedou, Fédération de rhumatologie, hôpital Lariboisière,
75475 Paris Cedex 10.

L’épicondylite, ou épicondylalgie, est un Aucune modification de l’aspect local


syndrome douloureux très fréquent du ni de la mobilité articulaire. Une limitation
compartiment externe du coude, pouvant de l’extension du coude ferait suspecter
TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE

entraîner une gêne fonctionnelle majeure. une cause articulaire intriquée.

R Mécanismes
Atteinte inflammatoire de l’insertion du
R Examens
complémentaires
tendon commun, d’origine mécanique par Radiographie du coude : peut montrer une
hyperutilisation :1 activité sportive (tennis), irrégularité du contour épicondylien ou des
loisirs (bricolage), simple hyperutilisation microcalcifications para-épicondyliennes.
occasionnelle ou activité professionnelle d’un Électromyogramme ou IRM : ne sont utiles
travailleur manuel (travail posté avec gestes qu’en cas d’atypie sémiologique orientant vers
répétitifs stéréotypés). une compression du nerf radial au coude ou
Deux autres causes responsables d’une une pathologie articulaire huméro-radiale.2
symptomatologie voisine : compression du nerf
radial au niveau du coude ; atteinte de
l’articulation huméro-radiale.
R Déclaration en maladie
professionnelle
À envisager lorsque la possibilité de travailler
R Présentation clinique
Douleur très localisée siégeant à l’épicondyle,
peut être compromise.
L’épicondylite est inscrite au tableau des
pouvant irradier vers l’avant-bras, réveillée ou maladies professionnelles (n° 57 : affections
renforcée par certains mouvements. péri-articulaires provoquées par certains
À la palpation et percussion douce, fine et gestes et postures de travail) : épicondylalgie
précise : douleur très localisée et vive. invalidante chez un travailleur manuel
Manœuvres reproduisant la douleur (elles se exécutant des travaux comportant des
font coude tendu et poignet en pronation) : mouvements répétés de préhension ou
appliquer une résistance à la face dorsale des d’extension de la main sur l’avant-bras, ou des
métacarpiens pour tester le court extenseur mouvements de supination et
radial du carpe ; une résistance à la face dorsale pronosupination. Délai maximal de prise en
des 1res phalanges du médius et de l’annulaire charge : 7 jours entre la première constatation
teste l’extenseur commun des doigts (fig. 4). médicale et l’exposition au risque.

Rappel anatomique
Épiphyse
humérale L’extrémité inférieure de l’humérus a deux apophyses
inférieure (fig. 1) : l’épicondyle latéral (externe) et l’épitrochlée
Épitrochlée
(interne). Les muscles épicondyliens (1er et 2e radials,
Épicondyle extenseur commun des doigts et court supinateur)
qui permettent l’extension
Trochlée du poignet et des doigts
Condyle humérale et la supination du
huméral poignet, s’insèrent sur
Épiphyse
Tête cubitale
l’épicondyle latéral par un
radiale supérieure tendon commun (fig. 2).
La zone est recouverte
d’une peau mince et
1 2 3
DR

DR

fragile (fig. 3).

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 22 l N° 805 l 16 SEPTEMBRE 2008


0659_MG805_FP TEYSSEDOU 10/09/08 15:36 Page 660

660
FICHE PRATIQUE
Fig. 4 –
Manœuvre
d’extension
contrariée du
majeur.
Fig. 5 –
Point d’injection
recherché et
marqué, coude
fléchi et poignet
en pronation.
4 5

DR

DR
Avantages : prise en charge à 100 %, obligation un produit coloré. Faire l’injection (aiguille de
éventuelle de reclassement de la part diamètre 5/10e, taille 16 mm) au contact de
TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE

de l’employeur, protection sociale vis-à-vis l’insertion du tendon sans le blesser, l’extrémité


du licenciement et éventuelle reconnaissance de l’aiguille étant en sous-cutanée stricte (fig. 5).
du statut de travailleur handicapé. Utiliser l’Hydrocortancyl (0,5 à 1 mL) mélangé à
une égale quantité de Xylocaïne 1 %. Recouvrir
R Prise en charge
S’adapter au contexte. Une douleur intense
la zone traitée d’un pansement sec stérile.
Le nombre d’injections dépend de l’intensité
et permanente ne permettant plus le sport ou de la pathologie et de son ancienneté. Lorsqu’un
le travail est de mauvais pronostic. bon résultat est obtenu avec la première, il est
La qualité et la durée du repos sont essentielles. inutile de poursuivre. Dans le cas contraire,
La guérison ne peut se faire si la cause n’est pas il semble légitime de faire une, voire deux
éliminée : stopper l’activité sportive ; modifier ou injections supplémentaires (sans dépasser trois),
aménager le poste de travail… espacées de 5 à 7 jours pour une série. Une 2e
Chez le sportif pratiquant le tennis ou le golf, série serait possible en cas de récidive
le geste de frappe ou de swing doit être si besoin Incidents et complications : atrophie locale
corrigé et le matériel étudié et modifié (tension dermo-hypodermique avec dépigmentation au
du cordage pour la raquette de tennis). site de l’injection, pouvant s’accompagner d’une
Les antalgiques, AINS, par voie locale ou hyperesthésie pénible au moindre contact ou
générale, ont un effet modeste. effleurement de la partie externe du coude ;
La physiothérapie peut être essayée. nécroses de la graisse sous-cutanée.
La kinésithérapie consiste en des exercices Ces complications surviennent avec les produits
d’étirement et massage transverse profond. fluorés ou par un défaut de la technique
Bandages, bracelets, traitement par ondes de d’injection dans le derme ou l’hypoderme.
choc, laser, ionophorèse peuvent être proposés.

R Infiltrations R Chirurgie:
en dernier ressort
L’auteur déclare n’avoir aucun conflit d’intérêts concernant cet article.

Traitement le plus utilisé : il peut être initié Rares indications : échec des traitements
précocement, pour passer un cap douloureux médicaux (avec repos ou ménagement), au
ou après l’échec des autres traitements. terme de longs mois d’évolution avec gêne
L’Hydrocortancyl (acétate de prednisolone), fonctionnelle importante (6 mois à 1 an).
anti-inflammatoire assez fort et faiblement Technique : désinsertion tendineuse par abord
conjonctivo-atrophiant, convient à toute la classique ou sous arthroscopie en ambulatoire,
pathologie abarticulaire du coude, en particulier sous anesthésie locorégionale, dans la forme
tendineuse de l’épicondyle où l’apophyse est commune sans atteinte articulaire ou nerveuse
superficielle.3 intriquée. ●
Un produit anesthésique local (Xylocaïne à 1 %)
RÉFÉRENCES
peut être associé pour faciliter le geste, éviter 1. Bard H. Tendinopathies, bursopathies et pathologie
une réaction douloureuse immédiate ou aider au du sport. In: Bardin T, Orcel P. Traité de thérapeutique
rhumatologique. Paris: Flammarion Médecine-Sciences;
diagnostic en soulageant la douleur localisée par 2007: 712-25.
une injection précise à l’épicondyle. 2. Le Goux P. Les épicondylalgies. Les objectifs
d’enseignement FMC en rhumatologie. Paris: Datebe
Technique : patient en décubitus dorsal, coude Editions; 2007: 110-1.
en flexion, poignet et main en pronation. 3. Teyssedou JP, Fritz P, Lellouche H, Lermusiaux JL.
Glucocorticoïdes et anesthésiques locaux. In: Bardin T,
Marquer le point d’injection au crayon Orcel P. Traité de thérapeutique rhumatologique. Paris:
dermique. Désinfecter de façon large avec Flammarion Médecine-Sciences; 2007: 58-76.

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 22 l N° 805 l 16 SEPTEMBRE 2008


17

Épitrochléite ou épitrochléalgie

FICHE PRATIQUE
Par Jean-Pierre Teyssedou, Fédération de rhumatologie, hôpital Lariboisière, 75475 Paris Cedex 10.

Syndrome douloureux assez fréquent du


compartiment interne du coude, pouvant
R Un diagnostic clinique
– Douleur très localisée siégeant à l’épitrochlée,
entraîner une gêne fonctionnelle majeure. pouvant irradier vers l’avant-bras, réveillée ou
– Nettement moins fréquent que l’épicondylite, renforcée par certains mouvements, positions
il peut lui être associé. ou appuis.
– Atteinte de type inflammatoire non – Reproduite par palpation et percussion
spécifique de l’insertion du tendon commun des douce de l’épitrochlée et lors de certaines
muscles épitrochléens, d’origine mécanique, par manœuvres : contraction isométrique contre
hyperutilisation.1 résistance des muscles épitrochléens par
– Autres causes donnant une symptomatologie pronation et flexion du poignet et des doigts
voisine : les lésions ligamentaires internes (coude tendu en manœuvre de valgus).
progressives et la pathologie du nerf cubital par – En règle, pas de modification de l’aspect local
compression dans la gouttière épitrochléo- et mobilité articulaire normale.
olécrânienne. Si limitation de l’extension du coude : suspecter
– Circonstances d’apparition : l’activité sportive, une cause articulaire intriquée ; si paresthésies
le golf d’où le nom de golf-elbow mais le tennis vers le bord interne de la main : compression
en est aussi une cause assez fréquente associée du nerf cubital.
ou non à l’épicondylalgie, le bricolage, ou une
simple hyperutilisation occasionnelle.
– Autre contexte : l’activité professionnelle d’un
R Examens complémentaires
– Seule la radio standard est utile :
travailleur manuel (travail posté comportant des irrégularité du contour épitrochléen ou
gestes répétitifs stéréotypés) source de difficultés microcalcifications para-épitrochléennes.
professionnelles importantes. – L’IRM n’est indiquée que si on suspecte une

Rappel anatomique
L’extrémité inférieure de l’humérus, en forme de palette, comporte deux apophyses ou saillies latérales (fig. 1) : l’épicondyle
latéral, en situation externe et l’épitrochlée (ou épicondyle médial) en interne. L’épitrochlée est plus saillante et aplatie
d’avant en arrière. S’y insèrent les muscles épitrochléens par un tendon commun (fig. 2). Ces muscles sont le pronator teres
ou rond pronateur, le flexor carpi radialis ou grand palmaire, le palmaris longus ou petit palmaire, le flexor carpi ulnaris ou
cubital antérieur et le flexor digitorum superficialis ou fléchisseur commun superficiel des doigts. Ils commandent les
mouvements de pronation du poignet et de flexion du poignet et des doigts. La région épitrochléenne est saillante et
recouverte d’une peau mince et fragile. L’épitrochlée a sur sa face arrière une dépression verticale, la gouttière épitrochléo-
olécrânienne (fig. 2a) dans laquelle chemine le nerf cubital (fig. 2b).

Fig. 1 – Épiphyse humérale


inférieure (1), épicondyle latéral (2),
condyle huméral (3), tête radiale (4), 2 NC
épiphyse cubitale supérieure (5), 1
trochlée humérale (6), épitrochlée ou
épicondyle médial (7). 2
Fig. 2 – Coude droit en vue
antérieure 2a : tendon commun des 7
muscles épitrochléens (1) sous un 3 6
revêtement cutané mince et fragile,
nerf cubital (2) croisant la face 4
5
postérieure de l’épitrochlée ;
2b : vue postérieure : nerf cubital (NC)
cheminant dans la gouttière 1
épitrochléo-olécrânienne. 1 2a 2b

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 23 l N° 813 l 22 JANVIER 2009

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


18
FICHE PRATIQUE

– Lui adjoindre un anesthésique local (xylocaïne


à 1 %) pour rendre l’acte peu douloureux, éviter
une réaction douloureuse immédiate à la suite de
l’infiltration, ou conforter le diagnostic.
– Technique. L’injection (hydrocortancyl 0,5 à
1 mL + égale quantité de xylocaïne à 1 % pour
Fig. 3 – Point d’injection tracer la douleur, fig. 3) est pratiquée sur le
recherché par la palpation
et marqué, dans une patient en décubitus dorsal, la saillie dure de
position qui expose bien consistance osseuse de l’épitrochlée étant repérée
la zone épitrochléenne. par la palpation dans la position bras levé et
DR

retourné, coude fléchi, poignet et main en


lésion articulaire, l’EMG si suspicion d’atteinte pronation. Attention à ne pas blesser le nerf
nerveuse cubitale. cubital (fig. 2b). Le point d’injection est marqué

R Déclaration en maladie
professionnelle
au crayon dermique ou par une croix avec
l’ongle.
– Désinfecter largement en utilisant un produit
Tableau n° 57 : affections péri-articulaires homologué coloré.
provoquées par certains gestes et postures de – Utiliser une aiguille de 5/10e, 16 mm. Injecter
travail. Chez le travailleur manuel cette au contact de l’insertion du tendon sans le
déclaration doit être envisagée quand la blesser, en sous-cutané strict. Recouvrir ensuite
possibilité de travailler est fortement perturbée d’un pansement sec stérile.
ou compromise. Lorsqu’un bon résultat est obtenu avec la

R Prise en charge selon


le contexte
première injection, inutile de poursuivre.
Dans le cas contraire, tenter une, voire deux
injections supplémentaires, sans dépasser trois
– Aucun traitement n’a démontré sa supériorité. (5 à 7 jours entre les injections).
Une douleur intense et permanente empêchant Incidents et complications. La blessure
le sport ou le travail est de mauvais pronostic. nerveuse cubitale est évitée par un
– Le repos est essentiel en qualité et en durée. repérage soigneux. Une atrophie locale
Pas de guérison si l’activité en cause (notamment dermo-hypodermique avec dépigmentation
sportive) est poursuivie sans changement. peut apparaître au site de l’injection et
– S’il s’agit d’un travailleur manuel posté, s’accompagner d’une hyperesthésie pénible
aménager ou modifier le poste de travail. au moindre contact. Des nécroses de la graisse
– Chez le golfeur, le geste de frappe ou de swing sous-cutanée ont été rapportées (produits fluorés
doit être si besoin corrigé et le matériel modifié. injectés en péri-articulaire ou injection dans le
– Effets modestes des antalgiques, des AINS derme ou l’hypoderme).
par voie locale ou générale.
R
L’auteur déclare n’avoir aucun conflit d’intérêt concernant cet article.

– Tenter la physiothérapie ainsi que la cryothérapie. Chirurgie : dernier ressort


– La kinésithérapie consiste en exercices – Après échec des traitements médicaux dont
d’étirements et massage transversal profond. le repos ou le ménagement, si une gêne
– Proposer bandages, bracelets, traitement par fonctionnelle importante persiste (6 mois à 1 an).
ondes de choc, laser, ionophorèse. – Gestes limités de désinsertion tendineuse
– Les infiltrations, traitement le plus utilisé, associés ou non à une exploration du
peuvent être faites précocement ou pour passer compartiment interne de l’articulation du coude
un cap douloureux, ou après échec des autres ou à une neurolyse cubitale dans quelques cas
thérapeutiques.2 complexes et bien documentés. ●
– Leur effet atrophiant conjonctif diffère selon
les préparations. Le plus fort est celui des RÉFÉRENCES
composants fluorés (à proscrire). 1. Bard H. Tendinopathies, bursopathies et pathologie
du sport. In : Bardin T, Orcel P, eds. Traité de
– L’hydrocortancyl (acétate de prednisolone), thérapeutique rhumatologique. Paris: Flammarion
faiblement atrophiant et fortement anti- Médecine-Sciences; 2007: 712-25.
inflammatoire est particulièrement indiqué 2. Teyssedou JP, Fritz P, Lellouche H, Lermusiaux JL.
Glucocorticoïdes et anesthésiques locaux. In : Bardin T,
(apophyse superficielle, recouverte d’une peau Orcel P. Traité de thérapeutique rhumatologique.
fragile et mince). Paris: Flammarion Médecine-Sciences; 2007: 58-76.

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 23 l N° 813 l 22 JANVIER 2009

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


281

Évaluation non invasive

FICHE PRATIQUE
de la fibrose hépatique
Par Victor de Lédinghen, centre d’investigation de la fibrose hépatique, CHU de Bordeaux, 33604 Pessac Cedex
& INSERM U889, université Victor-Segalen, 33076 Bordeaux Cedex. victor.deledinghen@chu-bordeaux.fr

Ponction-biopsie hépatique (PBH), FibroTest


ou FibroScan sont recommandés dans le bilan
initial d’une hépatite virale C (HVC) chronique
sans comorbidité (HAS, 2006).1

R
Volume exploré
2,5 cm
Marqueurs sériques
1 cm
– Résultent d’une formule mathématique
intégrant les données de plusieurs dosages La sonde induit 4 cm
une onde mécanique
sanguins. Le score final est corrélé aux stades à travers le foie La sonde mesure
la vitesse de
histologiques de fibrose définie par la PBH propagation de l’onde
selon la classification Métavir pour les HVC sur 4 cm de long
chroniques.
– Utilisable uniquement pour les HVC Fig. 2 – Mesure de l’élasticité hépatique par FibroScan.
chroniques.
– À ne pas utiliser si un état physiologique ou significative (c’est-à-dire au moins modérée,
pathologique non lié à l’infection virale C est nécessitant alors de débuter un traitement
susceptible de modifier l’un des paramètres antiviral) et/ou une cirrhose (traitement
(hémolyse importante, syndrome inflammatoire antiviral et dépistage des complications,
aigu, sepsis ou cholestase extrahépatique, comme les varices œsophagiennes [VO] et
maladie de Gilbert…). le carcinome hépatocellulaire) ?
Pour le diagnostic de fibrose significative,
FibroTest il est le plus adapté :
– < 0,1 sa valeur prédictive négative (VPN) est
Le seul recommandé pour évaluer la fibrose excellente ;2
hépatique lors du bilan initial d’une HVC – prudence pour des résultats compris entre
chronique. 0,1 et 0,6 (permet plutôt d’éliminer une
– Pour son calcul, doser : fibrose significative) ;
FibroTest
GGT, bilirubine totale, 1.00 – le fibromètre (test plus récent) serait
apolipoprotéine A1, également approprié.3
α2-macroglobuline Pour le diagnostic de cirrhose, c’est encore
et haptoglobine. lui le plus performant (surtout si > 0,7). Entre
0.75 F4
– Résultat obtenu en se 0,7 et 1, sa VPP est de 92 % (sensibilité 62 %,
connectant au site Internet F3 spécificité 95 %).
www.biopredictive.com
– Les valeurs varient de 0 à 1
(fig. 1, ci-contre) :
0.50 F2
R FibroScan
Élastométrie impulsionnelle ultrasonore.
• entre 0 et 0,21 : pas de Mesure l’élasticité des tissus et pas directement
fibrose ; 0.25 F1 la fibrose (fig. 2).
• entre 0,22 et 0,31 : fibrose – Les valeurs obtenues (médiane de
F0
considérée comme minime… 10 mesures successives) sont comprises
– Utile pour répondre 0.00
entre 2,5 et 75 kPa. La reproductibilité est
à 2 questions importantes : Score : 0,12 excellente et l’apprentissage très rapide
existe-t-il une fibrose (F0) (environ 100 examens).

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 23 l N° 820 l 15 AVRIL 2009

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


282
FICHE PRATIQUE

– la valeur seuil dépend de la pathologie ;


au cours des HVC chroniques, elle se situe
autour de 13 kPa ;
– à 9,4 kPa, elle privilégie la sensibilité
(sensibilité, spécificité, VPP et VPN de 95 %,
78 %, 44 % et 99 %, respectivement) ;
– à 17,1 kPa, la spécificité (sensibilité, spécificité,
VPP et VPN de 76 %, 95 %, 73 % et 96 %,
respectivement).
Utile également pour évaluer la gravité
de la cirrhose :5
– élasticité corrélée à l’apparition des
complications, notamment VO ;
Fig. 3 – Appareil FibroScan. – gradient de pression portal et VO corrélés
Fig. 4 – Sonde de FibroScan en cours de mesure. aux valeurs d’élasticité hépatique ;
– < 20 kPa, pas de VO ou des VO stade 1 ;
< 45-50 kPa, pas de risque d’ascite… ;
– La réalisation est minutieuse, chaque – si ces résultats étaient confirmés (validation
paramètre doit être contrôlé avant de des « bornes » indispensable), la prise en charge
prendre une mesure : vérifier que la sonde et la surveillance des cirrhoses pourraient être
est bien perpendiculaire à la paroi, qu’elle bouleversées par l’arrivée du FibroScan.
est placée dans une zone de parenchyme
sans vaisseau, que l’élastogramme est correct
(fig. 3 et 4).
R Conclusion
Pour le diagnostic non invasif de fibrose
Limites : l’ascite et la graisse thoracique significative : combiner FibroScan à un marqueur
(plutôt que l’IMC). Si graisse thoracique trop sanguin. Toujours interpréter les résultats en
épaisse : mesure d’élasticité hépatique fonction du contexte clinique.
impossible. Autres conditions difficiles : Pour la cirrhose, préférer le FibroScan (meilleur
l’âge élevé et un espace intercostal étroit outil disponible) : il fait le diagnostic et en
(par exemple, chez les sujets maigres). apprécie la gravité.
Résultats à interpréter en fonction de L’intérêt de la PBH reste cependant majeur,
la clinique. Refaire l’examen si discordance même si elle est amenée à être de moins en
entre la clinique ou la biologie et le résultat moins utilisée pour l’évaluation de la fibrose. ●
d’élasticité. Le taux de réussite doit être
au moins de 50 % et le nombre de mesures
L’auteur déclare n’avoir aucun conflits d’intérêts
proche de 10 (5 sont parfois suffisantes pour concernant les données publiées dans cet article.
le diagnostic de cirrhose). Vérifier que l’IQR
(interquartile range) n’est pas trop élevé
(synonyme de disparité des valeurs). RÉFÉRENCES
Permet le diagnostic de fibrose significative 1. Fontaine H, Petitprez K, Roudot-Thoraval F, et al.
Guidelines for the diagnosis of uncomplicated cirrhosis.
au cours de l’HVC avec une bonne performance. Gastroenterol Clin Biol 2007;31:504-9.
– Valeur seuil voisine de 7 kPa, mais dépend 2. Poynard T, Morra R, Halfon P, et al. Meta-analyses of
de ce que le clinicien souhaite privilégier FibroTest diagnostic value in chronic liver disease. BMC
(sensibilité ou spécificité). Gastroenterol 2007;7:40.
3. Calès P, Oberti F, Michalak S, et al. A novel panel of
– Sensibilité et spécificité estimées à 70 et 84 %
blood markers to assess the degree of liver fibrosis.
dans une méta-analyse récente. Hepatology 2005;42:1373-81.
– L’inflammation intrahépatique et la stéatose 4. Castéra L, Vergiol Jn Fouchet J, et al. Prospective
n’influencent pas les résultats. comparison of transient elastography, Fibrotest, APRI,
and liver biopsy for the assessment of fibrosis in chronic
– L’association à un marqueur sanguin comme
hepatitis C. Gastroenterology 2005;128:343-50.
le FibroTest pourrait optimiser le diagnostic.4
5. Foucher J, Chanteloup E, Vergniol J, et al. Diagnosis
Pour le diagnostic de cirrhose, sa performance of cirrhosis by transient elastography (FibroScan):
est encore meilleure. a prospective study. Gut 2006;55:403-8.

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 23 l N° 820 l 15 AVRIL 2009

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


411

Fièvre aiguë chez l’enfant

FICHE PRATIQUE
Par Antoine Bourrillon, service de pédiatrie générale, hôpital Robert-Debré, 75019 Paris.
isabelle.lemoal@rdb.aphp.fr

La fièvre aiguë est le symptôme le plus fréquent Les autres mesures (bains tièdes et
chez l’enfant ; elle est le plus souvent d’origine enveloppements humides ou froids) sont
virale et bénigne et répond à un traitement actuellement abandonnées.
symptomatique bien conduit. Si la fièvre dépasse 38,5 °C, un traitement

R Objectif
Elle doit être chiffrée : la méthode de mesure
médicamenteux : le paracétamol.
Un seul médicament antihyperthermique est
indiqué en première intention et le paracétamol
TOUS DROITS RESERVES-LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE

de référence en France est le thermomètre est à privilégier.


électronique par voie rectale.1 Une fièvre persistante au terme de 24 heures,
Le traitement initial n’est indiqué que lorsque mal tolérée ou très élevée, peut justifier le recours
la température s’élève au-dessus de 38,5 °C. à un autre antipyrétique : il est alors habituel
Son intensité n’est pas un critère de sévérité, à d’alterner à la demande paracétamol et
lui seul. L’évaluation de la tolérance de la fièvre ibuprofène (ne pas associer deux AINS).
est avant tout clinique : un faciès vultueux,
un cri vigoureux et « non algique », une
conscience normale et des téguments chauds
R En pratique
Ces médicaments doivent toujours être
sont rassurants. prescrits à des doses efficaces :
La prévention systématique des convulsions – paracétamol : 60 mg/kg/j en 4 ou 6 prises,
fébriles et des tableaux d’hyperthermie majeure sans dépasser 80 mg/kg/j ;
n’est plus d’actualité.2 – ibuprofène : 20 à 30 mg/kg/j en 3 ou 4 prises,
Les objectifs principaux sont donc d’assurer un sans dépasser 30 mg/kg/j ;
confort optimal à l’enfant : vigilance et tonicité – aspirine : 60 mg/kg/j en 4 ou 6 prises.
permettant la prise des repas, les échanges avec La voie intrarectale est réservée aux cas
la famille et le maintien des jeux.3 d’intolérance digestive haute ou basse, ou

R Principes thérapeutiques4, 5
Privilégier 3 mesures physiques simples :
lorsqu’on vise une action antipyrétique
prolongée (couvrant la nuit) dans les fièvres
modérées : 10 à 20 mg/kg/prise pour le
– découvrir l’enfant ; paracétamol, à renouveler 2 ou 3 fois/24 heures.
– lui proposer souvent à boire ; Le diazépam (Valium) n’est plus prescrit de
Lʼauteur déclare nʼavoir aucun conflit dʼintérêts concernant cet article.

– aérer la pièce. façon systématique chez un enfant fébrile


ayant des antécédents de convulsions. En cas
de récidive de convulsions fébriles, on suggère
Ugo Brulant, poids : 10 kg aux parents d’administrer le valium par voie
• Découvrir l’enfant. intrarectale à la dose de 0,5 mg/kg.
• Lui proposer fréquemment à boire (biberons Il est toujours utile de bien expliquer à la
supplémentaires, y compris la nuit).
famille et à l’entourage les modalités de prise
• Donner du paracétamol en charge d’une fièvre aiguë. ●
(p. ex. : Doliprane, 1 dose 10 kg)
toutes les 6 heures systématiquement RÉFÉRENCES
pendant les 24 à 48 premières heures. 1. Branthomme E. La mesure de la température corporelle
lors de la consultation de médecine générale. Rev Prat Med
• Si 3 heures après cette prise, l’enfant Gen 1999;477:1841-2.
garde une température supérieure à 39 °C 2. Beaufils F, Bourrillon A. La fièvre du nourrisson. Arch Fr
et la tolère mal, proposer : Pediatr 1985;42:53-61.
Ibuprofène (Advil ou Nureflex, 1 dose 10 kg) 3. Corrard F. Confort thermique et fièvre ou la recherche
À ne pas renouveler systématiquement. du mieux être. Arch Pediatr 1999;6:93-6.
4. Afssaps. Mise au point sur la prise en charge de la fièvre
chez l’enfant; décembre 2004. www.afssaps.sante.fr

[ Ordonnance pour un nourisson fébrile de 1 an, 10 kg


(température initiale à 39,5 °C). [ 5. Bourrillon A. Fièvre de l’enfant. In : Pédiatrie pour
le praticien. Paris: Masson Elsevier; 2008: 405-12.

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 22 l N° 800 l 22 AVRIL 2008


0053_MG834_FP_bouree 21/01/10 17:23 Page 53

53

FICHE PRATIQUE
Fièvre jaune
Par Patrice Bourée, John Mulundu, Nagiro Djibo, unité des maladies parasitaires et tropicales,
CHU de Bicêtre, 94275 Le Kremlin-Bicêtre Cedex. patrice.bouree@bct.aphp.fr

– Arbovirose potentiellement grave due au virus


amaril, qui sévit (petites épidémies) en Afrique
sub-saharienne et en Amérique du Sud (fig. 1),
désastreuse dans le passé.
– Pays les plus touchés en 2008 : Togo (340 cas),
Guinée (215), République démocratique du
Congo (113), Sierra Léone (111), Côte d’Ivoire (14), 2 3
Guinée équatoriale (10), ainsi que le Pérou (27)
et le Brésil (13). Il s’agit de cas déclarés, donc très
sous-estimés. – Transmis par les moustiques femelles du
– Atteint entre 24 000 et 240 000 personnes type Ædes (fig. 2) en Afrique et Hæmagogus en
dans 33 pays d’Afrique et 9 pays d’Amérique, Amérique du Sud, qui s’infestent en absorbant
entraîne environ 30 000 décès annuels (il existe du sang d’un sujet en phase virémique.
des formes asymptomatiques ou frustes, mais En 5 à 10 jours, le virus se multiplie et devient
impossible à recenser). infectieux ; il sera inoculé lors d’une piqûre.
– À évoquer systématiquement devant un sujet Le moustique le conserve toute sa vie et peut
fébrile, ictérique et non vacciné revenant d’un le transmettre à sa descendance, d’où la notion
de ces pays. de réservoir.

R Moustique :
vecteur et réservoir
R Évolution rapidement fatale
– Cas sporadiques, en forêt, ou épidémies
– Virus à ARN dont 5 souches ont été identifiées rurales dans les villages construits le long
selon la région : Afrique de l’Ouest, de l’Est, des galeries forestières, ou encore épidémies
centrale, et Amérique du Sud (génotypes I et II). urbaines transmises par des moustiques
– Du genre Flavivirus, il atteint l’homme « domestiques », comme Aedes ægypti.
et le singe (qui résiste au virus en Afrique mais – Après la piqûre infestante et 3-5 jours
en meurt en Amazonie). d’incubation apparaissent : fièvre à 40 °C,
frissons, céphalées, myalgies et arthralgies.
C’est la phase rouge : faciès vultueux, langue
rouge vif et conjonctivite.
– Puis, après 24 heures de rémission, fièvre
et ictère cutanéo-muqueux généralisé (phase
jaune), avec troubles hémorragiques
(pétéchies, hématémèse, melæna, épistaxis,
gingivorragies). Le vomissement de sang noir
(ou vomito negro) est de mauvais pronostic.
Évoquer : paludisme, dengue, leptospirose,
hépatites virales, ou plus rarement fièvres de
Lassa et d’Ebola.
– Dans 20 à 50 % des cas, évolution
rapidement défavorable, et décès en
quelques jours, par insuffisances aiguës
hépatique et rénale. Certains éléments
orientent le pronostic (tableau).
– Biologie très perturbée : importante
Fig. 1 – Carte de répartition de la fièvre jaune.
cytolyse hépatique et rénale, hématurie,
albuminurie, hyperalbuminorachie.

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 24 l N° 834 l 26 JANVIER 2010

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


0053_MG834_FP_bouree 21/01/10 17:23 Page 54

54
FICHE PRATIQUE
– Mise en évidence du virus par PCR
pendant la courte virémie. Sérodiagnostic TABLEAU ÉLÉMENTS DE PRONOSTIC DE LA FIÈVRE JAUNE
par électrosynérèse ou inhibition Mauvais Bon
de l’hémagglutination. Clinique
– Biopsie hépatique (souvent post-mortem) : Fièvre à 40 °C Chute de la fièvre dès le 15e jour
inflammation importante, avec dissociation Ictère précoce (dès le 3e jour) Pas d’ictère
trabéculaire, stéatose hépatique Collapsus Reprise de la diurèse
et dégénérescence hyaline des hépatocytes Coma  des troubles digestifs
Syndrome hémorragique  des troubles neurologiques
(formation de corps de Councilman, fig. 3).
Anurie

Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêts concernant ce texte.


– Traitement : seulement symptomatique.
Biologique
Rééquilibration hydro-électrolytique, Albuminurie précoce (dès le 2e jour) Pas d’albuminurie
transfusions, analeptiques cardiovasculaires, Hyperbilirubinémie (dès le 3e jour) Pas d’hyperbilirubinémie
dialyse péritonéale. En zone d’endémie, isoler Azotémie > 1 g Azotémie < 1 g
les malades sous moustiquaires pour éviter Taux de prothrombine < 25 % Taux de prothrombine > 25 %
la transmission de la maladie. Transaminases élevées  modérée des transaminases

R Une vaccination efficace


– Vaccin Stamaril : une injection sous-cutanée de 1 mois en Amérique du Sud (Brésil surtout),
(0,5 mL), efficace dès le 10e jour (ou le 1er en cas des réactions locales ont été observées dans
de revaccination) et valable 10 ans. À inscrire sur 4,2 % des cas et générales dans 29 % des cas
le carnet international de vaccination (jaune). (malaise, asthénie, céphalées, myalgies, fièvre).
– Assez bien toléré, effets secondaires possibles Épisodes modérés apparus entre 3 et 7 jours
chez les personnes âgées et les sujets ayant une et disparus en 48 heures. Si association
pathologie thymique. avec d’autres vaccins, non obligatoires mais
– Chez 1 000 sujets de 1 à 77 ans (dont 5 % > fortement recommandés pour les zones
60 ans) partant en zone d’endémie, venus tropicales (comme typhoïde et hépatite A) :
consulter en moyenne 19 jours avant le départ, pas davantage d’effets secondaires. ●
pour un séjour de 14 jours en Afrique ou

Livres reçus
 Au cœur de la vie. Agir contre  Pandémie grippale : l’ordre
les maladies cardiovasculaires de mobilisation. Sous la direction
et la mort subite. Dr Philippe Ricard. de Emmanuel Hirsch. Éditions du Cerf,
Robert Laffont, collection Réponses, 2009, 390 pages, 20 euros.
2010, 296 pages, 20 euros.  Utérus business. Bernard Houot.
 Le Médecin du Prince. Voyage Autoédition www.houot.com/editeur,
à travers les cultures. Anne-Marie 2009, 306 pages, 20 euros.
Moulin. Odile Jacob, collection Histoire,  Le régime micronutrition.
2010, 362 pages, 25 euros. Laurence Benedetti , Didier Chos.
 Diagnostic fatal. Éditions FIRST, 2010, 280 pages,
Claude Broussouloux. Éditions 17,50 euros.
Mutualité française/Pascal, collection  ABC des gestes techniques  Les patientes. Sylvia Tabet.
Néro, 2010, 108 pages, 12 euros. en médecine interne. Matteo Monti, Les empêcheurs de penser en rond/
 Aider nos enfants à réussir. Gérard Waeber. Médecine & Hygiène, La découverte, 2010, 228 pages,
Sylvie Condesse. Josette Lyon, 2009, 2009, 208 pages, 20 euros. 13,50 euros.
240 pages, 17 euros.  La Douleur. Expérience  Le principe de prévention.
 Tout le monde doit connaître et médicalisation. Jean-Claude Le culte de la santé et ses dérives.
cette histoire. Jean-Claude Chermann, Fondras. Les Belles Lettres, collection Patrick Peretti-Watel, Jean-Paul Moatti.
Olivier Galzi. Les documents Stock, Médecine et Sciences Humaines, 2009, Seuil/La République des idées, 2009,
2009, 290 pages, 19,50 euros. 280 pages, 25 euros. 110 pages, 10,50 euros.

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 24 l N° 834 l 26 JANVIER 2010

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


123

FICHE PRATIQUE
Gros foie du nourrisson
Par Philippe Labrune, Pascale Trioche Eberschweiler, Alix Mollet Boudjemline, Vincent Gajdos,
centre de référence des maladies héréditaires du métabolisme hépatique, hôpital Antoine-Béclère (APHP), 92141 Clamart
Cedex, université Paris-Sud, UFR Kremlin-Bicêtre. philippe.labrune@abc.aphp.fr

La découverte d’un gros foie chez un nourrisson syndromique,3 maladie de Byler, maladie
est rare mais, parfois, diagnostic et traitement du métabolisme des acides biliaires,
sont urgents. L’orientation diagnostique repose mucoviscidose).
sur l’examen clinique et les signes associés À évoquer aussi, la galactosémie ou l’intolérance
à l’hépatomégalie (arbre décisionnel). héréditaire au fructose (si des vomissements

R
s’associent à la cholestase) et les anomalies
TOUS DROITS RESERVES-LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE

Gros foie et cholestase congénitales de la glycosylation des protéines


Le diagnostic est clinique : hépatomégalie, (CDG syndrome).

R
ictère, décoloration des selles, urines foncées,
prurit chez l’enfant après l’âge de 4 à 6 mois. Gros foie et signes
Adresser sans attendre en milieu spécialisé.1, 2 de nécrose hépatique
Évoquer l’atrésie des voies biliaires extra- Ictère, syndrome hémorragique, œdèmes,
hépatiques (AVBEH), même si ce diagnostic manifestations cliniques d’hypoglycémie.
doit être fait avant l’âge de 6 semaines et tout L’hypertransaminasémie est constante, parfois
particulièrement durant la période néonatale. associée à une insuffisance hépato-cellulaire.
Véritable urgence chirurgicale, elle est prise en Le transfert en milieu spécialisé s’impose.
charge par une équipe médico-chirurgicale À évoquer chez le petit nourrisson :
spécialisée (l’intervention doit être faite avant une galactosémie (spot-test, étude génétique)
l’âge de 6 semaines pour avoir le maximum une intolérance héréditaire au fructose
de chances de succès). Pas d’examens (étude génétique), une tyrosinémie de type I
complémentaires dans cette situation.2 (succinyl-acétone urinaire, élévation
Une fois éliminée l’AVBEH, on doit suspecter α-fœtoprotéine sérique), une hémochromatose
un déficit en α-1-antitrypsine (électrophorèse néonatale.4
des protides, dosage pondéral…) et d’autres Chez le nourrisson plus âgé, penser au déficit
diagnostics plus rares (paucité ductulaire en α-1-antitrypsine.

Hépatomégalie

Hyperbilirubinémie + Hyperbilirubinémie –

Non conjuguée Conjuguée Splénomégalie + Splénomégalie –

Anémie hémolytique
Insuf. cardiaque
Toxines Splénomégalie + Splénomégalie – Écho- Écho
Médicaments doppler

Infections : Écho
• virales W explo biliaires Tumeur hépatique
• bactériennes W PBH vasculaire :
Maladies métaboliques • obstacle
AVBEH • malformation
Kyste cholédoque Maladies métaboliques

[ Arbre décisionnel. [ Nutrition parentérale


Hépatite néonatale

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 22 l N° 795 l 12 FÉVRIER 2008


124

R
Un nourrisson ayant un gros foie doit être
FICHE PRATIQUE

Gros foie orienté en service spécialisé en cas de :


• cholestase ;
sans manifestation clinique • splénomégalie ;
Foie ferme ou dur : adresser en milieu • signes de nécrose hépatocellulaire
spécialisé pour rechercher une tyrosinémie (cytolyse et parfois ictère, œdèmes,
syndrome hémorragique) ;
de type I, une galactosémie, une glycogénose • signes associés (dysmorphie faciale,
de type IV. Une tumeur du foie peut également atteinte ostéo-articulaire, neurologique) ;
être en cause, maligne (hépatoblastome, • foie ferme ou dur.
syndrome de Pepper) ou bénigne (hamartome).
Sont nécessaires : échographie, TDM voire IRM
hépatique, en association aux examens 1-6-diphosphatase peut également être en cause
biologiques spécialisés (α-fœtoprotéine sérique, (hypoglycémie de jeûne de durée moyenne
catécholamines urinaires...). + hyperlactacidémie et hépatomégalie isolée).
Consistance normale et splénomégalie : L’association à une hypotonie et à une
adresser en milieu spécialisé, car il faut cardiopathie doit faire évoquer le diagnostic de
avant tout évoquer une maladie de surcharge glycogénose de type II ou maladie de Pompe,
TOUS DROITS RESERVES-LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE

et rechercher des signes associés : atteinte une cytopathie mitochondriale. ●


neurologique progressive, raideur articulaire,
RÉFÉRENCES
traits grossiers. Chez le petit nourrisson : 1. Bernard O. Cholestatic childhood liver diseases. Acta
maladies très rares telles qu’une muco-lipidose Gastroenterol Belg 1999;62:295-9.
de type II ou une galacto-sialosidose.4 2. Bernard O. Neonatal cholestasis: progress 1990-2005.
Arch Pediatr 2006;13(special n°1):20-3.
En l’absence de splénomégalie, c’est l’existence 3. Lykavieris P, Hadchouel M, Chardot C, Bernard O.
de signes associés qui doit faire transférer : Outcome of liver disease in children with Alagille
syndrome : a study of 163 patients. Gut 2001;49:431-5.
hypoglycémie de jeûne, retard staturo-pondéral,
4. Saudubray JM, Charpentier C. Clinical phenotypes :
hypotonie, atteinte cardiaque, atteinte tubulaire.4 diagnosis/algorithms. In: Scriver CM, Beaudet AL, Sly WS, et
Une hypoglycémie de jeûne court peut al., eds. The metabolic and molecular bases of inherited
disease, 8th ed. New York: McGraw Hill; 2001:1327-403.
témoigner d’une glycogénose de type I (déficit
en glucose-6-phosphatase) ou de type III (déficit Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêts concernant cet article.
en enzyme débranchant). Un déficit en fructose-

Dénomination et composition (*) : Lantus 100 Unités/ml solution injectable en stylo prérempli Dénomination et composition (*) : Apidra 100 Unités/ml, solution injectable en stylo
SoloStar. Chaque ml de la solution injectable contient 3,64 mg de substance active (insuline glargine), prérempli SoloStar. Chaque ml de la solution injectable contient 100 Unités d’insuline glulisine
correspondant à 100 Unités d’insuline glargine. Chaque stylo contient 3 ml correspondant à 300 Unités. (équivalant à 3,49 mg). Chaque stylo contient 3 ml correspondant à 300 Unités. Indication :
Indication : Diabète sucré de l’adulte, l’adolescent et l’enfant à partir de 6 ans, nécessitant un traitement Traitement du diabète de l’adulte. Posologie (*) : L’activité du produit est exprimée en
par insuline. Posologie (*) : L’activité du produit est exprimée en unités spécifiques à Lantus et ne unités. Ces unités sont spécifiques à Apidra et ne correspondent ni aux UI ni aux unités
correspondent ni aux UI ni aux unités utilisées pour les autres analogues de l’insuline. Lantus est un utilisées pour les autres analogues de l’insuline.Apidra doit être administré un peu avant
analogue de l’insuline à durée d’action prolongée. Il doit être administré une fois par jour à n’importe quel (0 à 15 minutes) ou juste après les repas. Apidra s’utilise dans des schémas qui l’associent soit à une
moment de la journée mais au même moment chaque jour. La posologie et le moment d’administration insuline humaine d’action intermédiaire ou d’action prolongée, soit à un analogue de l’insuline d’action
de Lantus doivent être ajustés individuellement. Chez les patients atteints de diabète de type 2, prolongée, soit à des hypoglycémiants oraux. La posologie d’Apidra doit être ajustée in dividuellement.
Lantus peut également être associé à des antidiabétiques oraux. Administration : Lantus est Apidra doit être administré en injection sous-cutanée dans la paroi abdominale, la cuisse ou la région
administré par voie sous-cutanée et ne doit pas être administré par voie intraveineuse. On n’a pas deltoïde, ou par perfusion sous-cutanée continue par pompe dans la paroi abdominale. Dans une même
observé de différences cliniques notables sur le plan des taux sériques d’insuline et de glucose, zone d’injection, il convient de varier, d’une injection à l’autre, les sites d’injection et les sites de perfusion.
suivant que Lantus est administré dans l’abdomen, la région deltoïde ou la cuisse. Il faut néanmoins Le taux d’absorption et, par conséquent, le début et la durée d’action, peuvent être modifiés par le site
effectuer une rotation des sites d’injection dans une même zone d’injection, d’une injection à l’autre. d’injection, l’exercice physique ou par d’autres facteurs. L’injection sous-cutanée dans la paroi abdominale
Il ne faut ni mélanger Lantus à une autre insuline, ni la diluer. Un mélange ou une dilution risquerait entraîne une absorption légèrement plus rapide qu’à partir des autres sites d’injection. Les patients
en effet de modifier le profil d’action en fonction du temps et un mélange pourrait provoquer une doivent être éduqués aux bonnes techniques d’injection. Insuffisance rénale, insuffisance hépatique,
précipitation. Chez l’enfant, l’efficacité et la sécurité n’ont été démontrées que lorsque Lantus est sujets âgés : les besoins en insuline peuvent être diminués. Il n’existe pas d’information clinique suffisante
administré le soir. L’expérience étant limitée, l’efficacité et la sécurité de Lantus n’ont pas pu être concernant l’utilisation d’Apidra chez l’enfant et l’adolescent. Les instructions d’utilisation mentionnées dans
démontrées chez l’enfant de moins de 6 ans. Insuffisance hépatique ou insuffisance rénale modérée la notice doivent être lues avec attention avant toute utilisation de SoloStar. Contre-indications :
à sévère : l’expérience étant limitée, l’efficacité et la tolérance de Lantus n’ont pu être évaluées Hypersensibilité à l’insuline glulisine ou à l’un des excipients. Hypoglycémie. Mises en garde
dans ces groupes de patients. Les instructions d’utilisation mentionnées dans la notice doivent et précautions d’emploi (*). Interactions (*). Grossesse et allaitement (*). Conduite des
être lues avec attention avant toute utilisation de SoloStar. Contre-indications : Hypersensibilité à véhicules et utilisation des machines (*). Effets indésirables (*). Surdosage (*). Propriétés
l’insuline glargine ou à l’un quelconque de ses excipients. Mises en garde et précautions d’emploi pharmacologiques (*) : Antidiabétiques, insuline et analogues d’action rapide. Incompatibilités (*) :
(*). Interactions (*). Grossesse et allaitement (*). Conduite des véhicules et utilisation des Conservation : Avant ouverture : A conserver au réfrigérateur (entre 2°C et 8°C), dans l’emballage
machines (*). Effets indésirables (*). Surdosage (*). Propriétés pharmacologiques (*) : extérieur et à l’abri de la lumière. Ne pas congeler. S’assurer que le récipient n’est pas en contact
Antidiabétiques, insuline et ses analogues, d’action lente. Incompatibilités (*). Conservation (*) : direct avec le compartiment congélateur ni avec des poches de congélation. Après la première
Avant ouverture : A conserver au réfrigérateur (entre 2°C et 8°C), dans l’emballage extérieur et utilisation, le produit peut être conservé jusqu’à 4 semaines maximum, à une température ne
à l’abri de la lumière. Ne pas congeler. S’assurer que le récipient n’est pas en contact direct avec dépassant pas 25°C. Ne pas mettre au réfrigérateur. Conserver le stylo à l’abri de la lumière. Liste
le compartiment congélateur ou avec des poches de congélation. Après la première utilisation : le II. AMM et prix : 377 220.0 (EU/1/04/285/032) : boîte de 5 stylos préremplis SoloStar de 3 ml –
produit peut être conservé jusqu’à 4 semaines maximum, à une température ne dépassant pas 43,27 Euros. Remb. Séc. Soc. 65 % - Collect. Titulaire de l’Autorisation de Mise sur le Marché :
25°C. Liste II. AMM et prix : 377 229.8 (EU/1/00/134/034) : boîte de 5 stylos préremplis SoloStar Sanofi-Aventis Deutschland GmbH. Représentant local : Sanofi-aventis france 1-13, bd Romain
de 3 ml - 67,49 euros. Remb. Séc. Soc. 65% - Collect. Titulaire de l’Autorisation de Mise sur le Rolland - 75014 PARIS - Tél. : 01 57 63 23 23. Information médicale et pharmacovigilance :
Marché : Sanofi-Aventis Deutschland GmbH. Représentant local : Sanofi-aventis france 1-13, bd N° Vert 0 800 394 000 – Fax : 01 57 62 06 02. Service stylos injecteurs d’insuline :
Romain Rolland 75014 PARIS Tél. : 01 57 63 23 23. Information médicale et pharmacovigilance : N° Vert 0 800 10 52 53. Date de révision : Octobre 2006/V1.
N° Vert 0 800 394 000 - Fax : 01 57 62 06 62. Service stylos injecteurs d’insuline :
N° Vert 0 800 10 52 53. Date de révision : Octobre 2006/V1. (*) Pour une information complémentaire, consulter la monographie complète
(*) Pour une information complémentaire, consulter la monographie complète
121

Grossesse gémellaire

FICHE PRATIQUE
Par Jean-Claude Pons, service de gynécologie-obstétrique, CHU, 38043 Grenoble Cedex 09.

Le dépistage de la gémellité est réalisé par


échographie à 12 semaines d’aménorrhée (SA)
pour toutes les femmes françaises. En cas de
positivité, il est essentiel de faire le diagnostic
de chorionicité : si la grossesse est monochoriale,
mettre en place un suivi rapproché visant
à détecter précocement le syndrome transfuseur-
transfusé.

R Suivi clinique
Ces grossesses à haut risque doivent être suivies
par un obstétricien. Les consultations, en
l’absence de problème particulier, ont lieu une
fois par mois dès le début de la grossesse.
[ Figure – Échographie 3D : grossesse gémellaire bichoriale
[
R
à 11 semaines d’aménorrhée.
Examens complémentaires
Les examens biologiques sont identiques
à ceux des grossesses uniques. Mais une En plus des examens habituels sont
particularité concerne les marqueurs de la recommandés une NFS dès le début de
trisomie 21 : s’ils peuvent être utilisés en cas de la grossesse, des prélèvements vaginaux
grossesse gémellaire, il ne faut pas méconnaître à la recherche d’une vaginose et, à partir
le risque augmenté de fausses couches de 22 SA, une bandelette urinaire tous
(amniocentèses plus nombreuses). La patiente les 15 jours pour dépister une bactériurie
doit en être clairement informée. La mesure de asymptomatique.
la clarté nucale avec des critères de qualité très Échographie mensuelle avec doppler et
stricts reste le meilleur marqueur de dépistage échographie du col à partir de 22 SA en cas
de la trisomie 21. de grossesse gémellaire bichoriale.
Échographie tous les 15 jours avec doppler
et échographie du col à partir de 17 SA en cas
À retenir de grossesse gémellaire monochoriale.
– Distinguer les grossesses monochoriales des bichoriales
est essentiel.
– L’échographie de 12 SA fait le diagnostic de grossesse
R Surveillance intensifiée
Consultation hebdomadaire avec surveillance
gémellaire et du type : bichoriale (cloison épaisse, signe du rythme cardiaque fœtal (intérêt de la sage-
du lambda) ou monochoriale (cloison fine ou absence femme à domicile) :
de cloison). Dans ce dernier cas, elle recherche des signes
– pour une grossesse bichoriale, à partir
prédictifs du syndrome transfuseur-transfusé (mesure de
la clarté nucale). de 34 SA, et plus tôt si complications.
– En cas de tocolyse, utiliser l’atosiban (Tractocile) ; – pour une grossesse monochoriale, à partir
les β-mimétiques ainsi que les anticalciques sont contre- de 24 SA.

R
indiqués.
– Le suivi doit être médical mais aussi social et Arrêt de travail
psychologique. L’entretien du 4e mois, réalisé par un La réduction de l’activité maternelle est
médecin ou une sage-femme, devrait être systématique.
essentielle. Les congés de maternité sont plus
– Dans chaque département, les futurs parents peuvent
longs, et les arrêts de travail complémentaires,
s’adresser à l’association Jumeaux et plus (soutien et mine
d’informations). souvent nécessaires, peuvent débuter entre
20 et 24 SA.

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 23 l N° 816 l 25 FÉVRIER 2009

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


122

R
FICHE PRATIQUE

Accouchement
Si menace d’accouchement prématuré avant Que dire à vos patientes ?
33 SA, la tocolyse est indiquée pour permettre
– Dès le début de la grossesse, s’informer sur les
le transfert dans un centre de niveau III et la
soutiens et les aides organisés pour la mère et la famille
corticothérapie. Tocolytique conseillé : l’atosiban à la sortie de la maternité.
(même efficacité que les β-mimétiques mais – Ne pas minimiser les difficultés de la grossesse,
moins d’effets secondaires). de l’accouchement et surtout des premières années.
Pour les grossesses bichoriales, le terme – L’allaitement maternel est possible et doit être
optimal est compris entre 36 et 39 SA ; encouragé.
l’accouchement doit avoir lieu avant 39 SA – Travailler au développement de chaque enfant
(sinon une surveillance intensive doit être mise en reconnaissant ses problèmes spécifiques, en particulier
dans le domaine du langage et de l’éducation.
en place). L’accouchement est à risque et
nécessite un obstétricien senior, un pédiatre
et un anesthésiste.
Pour les grossesses monochoriales, Une malformation grave chez l’un des jumeaux
mono-amniotiques, surveillance intensive pose le problème de l’interruption sélective
à partir de 26 SA en maternité de niveau III. avec ses difficultés techniques mais aussi
Pour la plupart des équipes, naissance vers psychologiques. La prise en charge ne se conçoit
34-36 SA, certaines pratiquant une césarienne que dans un centre pluridisciplinaire de
et d’autres l’accouchement par voie vaginale. diagnostic prénatal.

R Risques spécifiques
Le syndrome transfuseur-transfusé ne survient
La mort in utero d’un jumeau est plus
fréquente en cas de grossesse monochoriale
(risque lié au syndrome transfuseur-transfusé ou
qu’en cas de grossesse monochoriale à l’enroulement des cordons en cas de grossesse
(anastomoses vasculaires entre les 2 placentas). mono-amniotique). Autre cause fréquente :
Dans 15 % des cas, ces anastomoses sont l’hypertension artérielle.
fonctionnelles et le syndrome apparaît. Les accidents funiculaires (nœud, circulaire,
En l’absence de traitement, l’évolution se fait ceinture, bretelle et enroulement des cordons)
vers l’avortement spontané au 2e trimestre. font toute la gravité des grossesses mono-
La coagulation des anastomoses placentaires amniotiques.
par laser Yag sous contrôle fœtoscopique Les siamois, généralement dépistés à
a transformé le pronostic de ces grossesses. l’échographie du 1er trimestre, sont à l’origine
d’une demande d’interruption médicale de
grossesse.

POUR EN SAVOIR PLUS


➜ Pons JC, Medoun M, Dilai N. Suivi prénatal
R Risques non spécifiques
La prématurité est la première complication,
des grossesses gémellaires. In: Cabrol D, Pons JC,
avec un risque multiplié par 8 par rapport à une
Goffinet F. Traité d’obstétrique. Paris: Médecine-
Sciences-Flammarion; 2003: 359-68. grossesse unique. À prévenir impérativement
➜ Goffinet F, Hassabli M, Cabrol D. Accouchement en réduisant l’activité maternelle.
des grossesses multiples. In: Cabrol D, Pons JC, La pré-éclampsie est 3 fois plus fréquente au
Goffinet F. Traité d’obstétrique. Paris: Médecine- cours des grossesses gémellaires.
Sciences-Flammarion; 2003: 857-69.
Le retard de croissance intra-utérin est
➜ Recommandations pour la surveillance et le suivi
la 2e cause de mortalité périnatale des jumeaux.
des grossesses gémellaires. Réseau « Sécurité
naissance – Naître ensemble » des pays de Loire. L’analyse de cette pathologie est très différente
http://www.reseau-naissance.com/medias/ selon que la grossesse est mono- ou bichoriale,
proto_ gemellaire_mai_2006.pdf la première faisant rechercher avant tout un
➜ Pons JC, Charlemaine C, Papiernik E. syndrome transfuseur-transfusé. ●
Les grossesses multiples. Paris: Médecine-Sciences-
Flammarion; 2000: 311 p.
➜ Monographie Les jumeaux. Que dire aux (futurs)
parents ? Rev Prat 2006;56:2219-67. L’auteur déclare n’avoir aucun conflit d’intérêts
concernant les données publiées dans cet article.

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 23 l N° 816 l 25 FÉVRIER 2009

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


199

Hidradénite suppurée

FICHE PRATIQUE
Par Jean Revuz, 11, Chaussée de la Muette, 75016 Paris.

– Une affection fréquente – 1 % de la population


française, 65 % de femmes – et méconnue.
– 8 ans en moyenne entre les premiers
symptômes et le diagnostic.
– Un tiers des patients le font seuls sur Internet.

R Clinique
Débute habituellement après la puberté, sévérité
maximale à l’âge de 20-30 ans.
Lésion précoce : un nodule solitaire, douloureux,
« muet » durant des semaines ou des mois, avec
des épisodes inflammatoires, douloureux et
récidivants.
Lésion arrondie, sans nécrose centrale et Hidradénite suppurée
profonde (à la différence d’une furonculose, axillaire ; stade 2 de
Hurley dont 1 sévère,
erreur fréquente). en haut.
Durée moyenne d’un nodule douloureux :
7 jours, mais plusieurs peuvent co-exister ou – stade 1: abcès unique ou multiples sans
se chevaucher, ne laissant aucun répit. fistule et sans cicatrice ;
Les nodules peuvent rester « aveugles » c’est-à- – stade 2 : abcès récidivant avec sinus, tunnels
dire ne pas s’abcéder mais au fil de l’évolution, et cicatrices. Une ou plusieurs lésions
la majorité d’entre eux forment un abcès et se séparées par de la peau saine ;
fistulisent, évacuant un contenu purulent. D’où – stade 3 : atteinte diffuse ou quasi diffuse avec
fistules et tunnels avec écoulement intermittent abcès et fistules interconnectées et cicatrices
de matériel séropurulent et sanguinolent. hypertrophiques ;
Fréquents comédons séquellaires multipores – guide le choix entre traitement médical ou
ou unipores. chirurgie limitée, au stade 1, et chirurgie
Cicatrisation avec une fibrose dense : radicale d’exérèse au stade 3.
plaques indurées dans les aisselles surtout
et accessoirement dans les aines, comme des
bandes linéaires en relief. Pas d’adénopathie.
R Diagnostics différentiels
Furoncles, anthrax, furonculose dans les
Sites atteints : la région inguinale, les aisselles, formes de début. Infection des glandes de
la zone péri-anale et périnéale, les seins et les plis Bartholin. Kystes épidermiques enflammés ou
sous- et intermammaires, les fesses. Chez la non enflammés. Lymphogranulome vénérien,
femme, aisselles, aine et région sous-mammaire ; scrofuloderme, actinomycose. Fistules
chez l’homme, zone périnéale et péri-anale, fesses. congénitales.
Sévérité et évolution variables mais toujours Mais la maladie est surtout méconnue : les
chroniques. nodules abcédés sont drainés puis méchés aux
Formes cliniques. Certaines sont « bénignes », urgences – un supplice pour les patients – sans
intermittentes ; d’autres sévères, progressives, que la chronicité ni les récidives aient attiré
avec des exacerbations aiguës et des rémissions l’attention…
conduisant à des tableaux impressionnants et
invalidants : douleur, inconfort, tuméfactions,
écoulements sérosanglants, parfois malodorants
R Étiologie
Histoire familiale chez 30-40 % des patients.
perturbent gravement la qualité de vie. 80 % sont fumeurs mais le tabac n’est pas un
Classification de Hurley (ancienne mais utile) : facteur de risque reconnu.

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 23 l N° 818 l 17 MARS 2009

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


200

Phase chronique
FICHE PRATIQUE

Maladies associées Dans les formes très évolutives et


L’atteinte initiale est, comme dans l’acné, une occlusion inflammatoires, utiliser l’association
du follicule pileux, cependant l’association avec une clindamycine, rifampicine, ou plus « modernes »
acné sévère est rare ; habituellement, la maladie mais plus risqués, les antiTNF.
commence à l’âge où l’acné cesse. Les traitements de
Si stade 3 ou stade 2 avancé, traiter pendant
l’acné sont inefficaces. La maladie de Crohn pose un
problème de diagnostic différentiel dans les localisations un mois avant la chirurgie peut être utile, pour
perinéales en même temps que d’association. Des alléger le geste et prévenir les complications
cancers cutanés peuvent compliquer des localisations infectieuses postopératoires.
périnéales ou fessières. Doses élevées de corticoïdes systémiques
pour réduire la douleur et l’inflammation mais
pas plus de 2 mois. Pas d’efficacité des anti-
Surpoids et obésité sont à la fois des facteurs de androgènes ni des rétinoïdes. La Dapsone
risque et aggravants. Les cosmétiques, le rasage, (efficace chez 5 malades après 2 à 4 semaines)
l’épilation, le talc sont à tort incriminés. doit être utilisée avec prudence, compte tenu de
Ce n’est pas une maladie infectieuse mais on ses effets secondaires.
trouve dans les lésions des germes variés : La chirurgie, réputée mutilante, a souvent
streptocoques, staphylocoques, Escherichia coli, mauvaise réputation, injustifiée si le chirurgien
bactéries anaérobies, Proteus. est expérimenté. Parfois présentée à tort comme
Inutile de prélever. Un traitement antistaphylo- le seul traitement efficace.
coccique fait sur la foi d’un prélèvement Excision locale avec fermeture primitive si
superficiel est habituellement infructueux. atteinte limitée, particulièrement en cas d’abcès

R Stratégie thérapeutique
Guérison définitive si exérèse chirurgicale large
récidivant dans la même localisation. Peu morbide.
Attention aux excisions insuffisantes avec
suppuration postopératoire et désunion de suture.
mais à n’envisager qu’en cas de maladie avancée L’extériorisation avec ouverture des sinus sans
(stade 3 ou stade 2 avancé). À l’inverse, dans les couverture peut être une option avant la
phases précoces : traitements plus modérés chirurgie large. Des récidives surviennent
médicaux ou chirurgicaux ne sont pas cependant.
L’auteur délcare n’avoir aucun conflit d’intérêts concernant les données publiées dans cet article.

mutuellement exclusifs. Leur combinaison Exérèse radicale avec cicatrisation ou greffe


simultanée ou successive est très souvent, voire de 2e intention. Suffisante en largeur et en
toujours nécessaire. profondeur pour enlever toutes les lésions
suppurantes, les fistules et les sinus.
Phase aiguë
Cartographie des fistules peropératoire :
Nodules douloureux récurrents sans tendance essentielle. La fermeture primitive est parfois
à l’ouverture avec des rémissions plus ou moins réalisée dans les aisselles mais elle peut limiter
prolongées. la mobilité des bras. La fermeture secondaire est
Cure courte d’antibiotiques systémiques dès obligatoire dans les régions génitales et anales.
les premiers symptômes pour abréger la douleur Elle peut être obtenue par cicatrisation
et éviter l’abcédation avec une dose de charge secondaire « dirigée » ou par greffe secondaire
initiale (ce qui suppose que le patient ait le ou parfois par lambeau.
médicament sur lui) : amoxicilline-acide Récidives possibles dans tous les cas (exérèse
clavulanique, fluoroquinolones, céphalosporines, insuffisamment large mais aussi maladie
clindamycine, rifampicine. plurifocale). ●
Corticoïdes intralésionnels, par exemple,
triamcinolone 5 à 10 mg si échec de
l’antibiothérapie. POUR EN SAVOIR PLUS
Si échec des traitements préventifs, inciser ➜ Jemec G, Revuz J, Leyden J. Hidradénite suppurée,
soulage immédiatement la douleur et permet 1 vol. Paris: Springer Verlag; 2008.
d’évacuer le pus. Éviter le méchage – cauchemar
des patients. ➜ Orphanet : http://www.orpha.net/consor/cgi-
bin/OC_Exp.php?Ing=FR&Expert=387
Prévenir les récidives par cyclines ou gluconate
de zinc à forte dose.

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 23 l N° 818 l 17 MARS 2009

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


233

Hypotension orthostatique

FICHE PRATIQUE
Par Maxime Godard, Marie Brihier, Marc Verny, Jacques Boddaert,
centre de gériatrie, CHU Pitié-Salpêtrière, 75651 Paris Cedex 13. maxime.godard@psl.aphp.fr

– Fréquente (jusqu’à 50 % selon la population)


et grave (risque de chutes) chez les sujets âgés. SNC
• Lésions du tronc cérébral
– Sa prévalence augmente avec l’âge, les • Démence à corps de Lewy
pathologies associées (HTA, diabète, maladies SNP • AVC multiples
neurodégénératives), la iatrogénie et l’autonomie • Diabète • Atrophie multisystématisée
• Alcool • Myélopathies
des patients. Elle varie de 30 % chez les sujets • Amylose • Maladie de Parkinson idiopathique
> 75 ans à plus de 50 % chez ceux en institution
(70 % chez ceux en court séjour gériatrique). Pathologies Facteurs favorisants

R Définition et mesure
– Définition : baisse de la PAS  20 mmHg et/ou
Pathologies
aiguës
• Troubles
du SNA • Hypertension
artérielle

de la PAD  10 mmHg, dans les 3 minutes après du rythme/ Hypotension


l’orthostatisme.1 La fréquence cardiaque (FC) conduction orthostatique
Modifications
cardiaque
n’a pas de valeur diagnostique mais aide à en • Déshydratation liées à l’âge
préciser le mécanisme. Une augmentation • Anémie
> 10-15 batt/min témoigne d’une bonne réponse Cause iatrogène
du système nerveux autonome. Neurologiques Cardiovasculaires Autres
– Après 10 minutes de repos en décubitus, Tricycliques IMAO Dérivés nitrés, Dérivés morphiniques
2 mesures de PAS, PAD et FC de repos (pour Bromocriptine, vasodilatateurs Traitements
L-dopa Antihypertenseurs des troubles urinaires :
s’assurer de leur stabilité), la dernière série Sélégine, centraux alfuzosine, doxazosine,
de valeurs servant de référence. Anticholinergiques Diurétiques, tamsulosine, terazosine
– Puis sur le patient verticalisé de manière active, Neuroleptiques inhibiteurs calciques anticholinergiques
IEC, ARA2, β-bloquants
avec aide si besoin, 3 mesures consécutives
à 1, 2 et 3 minutes après le lever.
– Mais faible reproductibilité : une recherche
négative n’élimine pas le diagnostic.
– Si symptomatologie évocatrice ou dans un
R Conséquences
– Risque élevé de chutes, en particulier chez
contexte de chutes, répéter les mesures, voire les sujets âgés (y compris asymptomatiques),
considérer le diagnostic comme positif même facteur de morbidité et de mortalité, avec un
si la recherche a été négative. retentissement important sur le plan
– Étiologies nombreuses (figure). fonctionnel, psychologique et social.
– Si hypotension orthostatique symptomatique – Chutes associées à des fractures (surtout
« aiguë », rechercher en priorité une modification extrémité supérieure du fémur).
thérapeutique favorisant un événement iatrogène, – Fort impact psychologique avec possible
une déshydratation ou encore une anémie. syndrome post-chute (rétropulsion, anxiété,
voire phobie de la marche) source de perte
d’autonomie définitive, véritable urgence
diagnostique et thérapeutique.
Principales conséquences – La répétition des chutes ou des lipothymies
Immédiates : malaises, chutes, traumatisme, syndrome peut entraîner une restriction de l’autonomie,
confusionnel. avec appréhension à la marche (encadré ci-contre).

R
Intermédiaires : peur de la chute, syndrome post-chute,
troubles cognitifs, restriction d’activité, perte d’autonomie Aspects cliniques
motrice.
Indirectes : altération de la qualité de vie, hospitalisation, – Souvent asymptomatique, le contexte
entrée en institution. (orthostatisme, changements de position) est
l’élément le plus évocateur du diagnostic.

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 23 l N° 819 l 1ER AVRIL 2009

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


234
FICHE PRATIQUE
– Utiliser des bas de classe 2 avec pose le matin
Physiopathologie avant le lever (pour s’opposer à la stase veineuse
Le passage à l’orthostatisme met en jeu différents lors de la verticalisation) en les retirant le soir au
acteurs, du système nerveux autonome au cœur, en coucher,3 en s’aidant s’il le faut d’un passage
passant par la paroi artérielle. L’orthostatisme entraîne
infirmier à domicile.
une redistribution du sang sous le diaphragme (jusqu’à
1 litre), s’accompagnant d’une diminution du retour – Éduquer le patient (essentiel), selon ses
veineux, d’une baisse du remplissage et d’une diminution fonctions cognitives, notamment sur la nécessité
transitoire du débit cardiaque ainsi que de la PA. En de décomposer l’orthostatisme en différentes
réponse, les barorécepteurs aortiques et carotidiens sont étapes, surtout après un décubitus prolongé.
activés, entraînant une stimulation sympathique et une
– Poursuivre ou reprendre une activité physique
inhibition parasympathique.
adaptée, type marche rapide.
Cette réponse permet un rétablissement du débit
cardiaque et de la PA, par une augmentation des Si ces mesures échouent, envisager
résistances vasculaires (via les récepteurs α-adrénergiques), un traitement médicamenteux
de la fréquence et de l’inotropisme cardiaques (via les
récepteurs β-adrénergiques). L’âge influence la réponse – Fludrocortisone (minéralocorticoïde de
hémodynamique à l’orthostatisme, par baisse de sensibilité synthèse) provoque une expansion volémique
des barorécepteurs, augmentation de la rigidité de la paroi par rétention hydrosodée.
artérielle et trouble de la relaxation myocardique.
– Dose initiale : 0,1 mg/j, à augmenter de 0,1 mg
toutes les semaines jusqu’à 1 mg/j.
– Effets secondaires : œdèmes des membres
– Symptomatologie variable : malaise, flou inférieurs, hypokaliémie, céphalées, HTA et
visuel, faiblesse généralisée, voire tableau insuffisance cardiaque.4
syncopal. Survenue en post-prandial : évoquer – Midodrine (Gutron, agoniste α), a des
en priorité une hypotension post-prandiale propriétés vasopressives sélectives.
(physiopathologie différente), survenant le plus – Dose initiale : 2,5 mg/j, avec augmentation de
souvent en position assise après un repas, et 2,5 mg par semaine jusqu’à 10 mg 3 fois/j.
dont la recherche est standardisée.2 – Pour plus d’efficacité, donner la dose du matin
– Rechercher des facteurs aigus précipitants tôt et celle du soir avant 18 heures.
(anémie, hypovolémie, insuffisance cardiaque) – Principaux effets secondaires : HTA, pilo-
ou des pathologies favorisantes (syndrome érection, prurit ou paresthésies.
parkinsonien, neuropathie périphérique, atteinte – Contre-indiquée chez les coronariens, insuffisants
des fonctions cognitives). cardiaques ou si insuffisance rénale aiguë.
– À l’ECG : trouble du rythme ou de la conduction, – Prudence chez les patients sous-bradycardisant .5
signes d’ischémie et d’hypertrophie ventriculaire – Associer fludrocortisone et midodrine (à faibles
gauche ? doses) est synergique.

R
– Pas d’efficacité des autres thérapeutiques
Traitement (inhibiteurs des prostaglandines, méthylxanthine,
M. Godard déclare n’avoir aucun conflit d’intérêts concernant cet article.

certains à éviter chez le patient âgé). ●


D’abord non médicamenteux

– En premier, réévaluer tous les responsables RÉFÉRENCES


potentiels (dérivés nitrés, antidépresseurs 1. The consensus committee of the American autonomic
society and the American academy of neurology. Consensus
tricycliques, neuroleptiques, -bloquants). statement on the definition of orthostatic hypotension, pure
– Si HTA, débuter les antihypertenseurs à petites autonomic failure, and multiple system atrophy. Neurology
1996;46:1470.
doses et les augmenter progressivement. Leur
2. Oberman AS, Harada RK, Gagnon MM, Kiely DK, Lipsitz LA.
bénéfice au long cours sur la paroi artérielle et la Effects of postprandial walking exercise on meal-related
réponse hémodynamique à l’orthostatisme sont hypotension in frail elderly patients. Am J Cardiol 1999;
84:1130-2, A11.
démontrés et ne doivent pas être remis en cause 3. Podoleanu C, Maggi R, Brignole M, et al. Lower limb
par une introduction trop brutale. and abdominal compression bandages prevent progressive
orthostatic hypotension in elderly persons. J Am Coll Cardiol
– Rechercher et traiter tout facteur intercurrent 2006;48:1425-32.
susceptible de favoriser une hypotension. 4. Hussain RM, McIntosh SJ, Lawson J, Kenny RA.
– Puis envisager la contention veineuse, et ce quel Fludrocortisone in the treatment of hypotensive disorders in
the elderly. Heart 1996;76:507-9. Erratum in Heart 1997;77:294.
que soit l’état veineux du patient (bien que son 5. Low PA, Gilden JL, Freeman R, Sheng KN, McElligott MA.
efficacité ne soit pas démontrée). Efficacy of milodrine vs placebo in neurogenic orthostatic
hypotension. A randomized, double-blind multicenter study.
– D’autant plus utile qu’il existe des signes Milodrine Study Group. JAMA 1997;277:1046-51. Erratum in
d’insuffisance veineuse (varices, dermite ocre,…). JAMA 1997;278:388.

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 23 l N° 819 l 1ER AVRIL 2009

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


17

Infiltration du canal carpien

FICHE PRATIQUE
Par Henri Lellouche, unité rhumatologique des affections de la main, hôpital Lariboisière, 75475 Paris Cedex 10 ;
Institut de l’appareil locomoteur Nollet, 75017 Paris.

R Le contexte
La compression du nerf médian au poignet,
responsable du syndrome du canal carpien, est
un motif fréquent de consultation. Les formes
idiopathiques sont le plus souvent liées à des
ténosynovites des fléchisseurs non spécifiques
TOUS DROITS RESERVES-LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE

dues aux travaux répétitifs et aggravées par des


facteurs de risque comme l’obésité, l’alcoolisme,
le diabète (hors neuropathies) et l’âge.

R Un diagnostic facile
Des paresthésies nocturnes dans le territoire 1
médian (partie palmaire des 3 ou 4 premiers
doigts) aggravées par la flexion (test de Phalen)
ou la percussion (test de Tinel) sur le poignet et
soulagées par des mouvements de mobilisation
des mains sont très évocatrices de syndrome du
canal carpien.
En cas de doute, un électromyogramme (voire
une échographie) peut être utile.

R Quels corticoïdes locaux ?


En première intention et en l’absence de signe
neurologique déficitaire, sont recommandés les
dérivés cortisonés d’action immédiate comme 2
l’acétate de prednisolone à la dose de 1 à 2 mL.
Le cortivazol (Altim) et la bétaméthasone
(Diprostène) sont des dérivés d’action semi-
retard au pouvoir conjonctivo-atrophiant non
négligeable : il faut les utiliser en injections très
peu nombreuses et espacées d’au moins 8 jours.
Les produits « retard » sont contre-indiqués
car potentiellement nocifs pour la peau, les
structures tendineuses et le tronc nerveux.1

R Comment infiltrer ?
Les conditions d’asepsie sont classiques 3
(désinfection iodée large, répétée et soigneuse)
et l’aiguille est une 5/10, 16 mm. Le patient est Fig. 1 – Repérer le point d’injection en dedans de la saillie
palpable du palmaris longus.
en position assise ou en décubitus dorsal, Fig. 2 – Faire saillir les tendons des palmaires.
poignet en supination et légère flexion palmaire. Fig. 3 – Mettre le poignet en légère flexion palmaire.
Le meilleur repère est le point situé au dessus
du pli de flexion supérieur du poignet en dedans le contact avec le tronc du nerf médian (fig. 1).
de la saillie palpable du petit palmaire, et non La flexion contrariée de la main permet de
comme certains le recommandent entre les mieux voir la saillie des tendons (fig. 2). La
tendons des deux palmaires, où l’on risque alors position du poignet en légère flexion ouvre

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 22 l N° 793 l 15 JANVIER 2008


18
FICHE PRATIQUE

L’efficacité à 3 mois est de plus de 90 % si


l’indication est bien posée.3
La décompression chirurgicale du nerf médian
est indiquée lorsque le traitement médical est
inefficace ou s’il y a des signes d’atteinte motrice
ou sensitive importants.4
Les complications sont rares en dehors des
quelques réactions douloureuses immédiates.
Très exceptionnelle et sévère, l’infection est à
redouter, notamment chez les sujets à risque
(diabétiques et insuffisants rénaux).

L’auteur déclare n’avoir aucun conflit d’intérêts


[ Fig. 4 – Injecter sans résistance. [ concernant cet article.
TOUS DROITS RESERVES-LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE

RÉFÉRENCES
l’espace du canal et facilite l’injection sans 1. Lermusiaux JL, Lellouche H, Badois FJ, Teyssedou JP, Roulot E.
tension (fig. 3). L’aiguille, enfoncée jusqu’à la Le syndrome du canal carpien : mise au point. Attitudes
pratiques. In : La main rhumatologique. Paris: Med-Line Éditions;
garde, suit un trajet oblique en bas et 2003:123-30.
légèrement en dedans. L’injection de 1,5 à 2 mL 2. Nalamachu S, Crockett RS, Mathur D. Lidocaine patch 5 for
du dérivé cortisoné doit se faire sans sensation de carpal tunnel syndrome: how it compares with injections: a pilot
study. J Fam Pract 2006;55:209-14.
résistance (fig. 4).
3. Agarwal V, Singh R, Sachdev A, Wiclaff , Shekhar S, Goel D. A
Le geste non douloureux peut être plus prospective study of the long-term efficacy of local methyl
confortable après application d’un patch prednisolone acetate injection in the management of mild carpal
tunnel syndrome. Rheumatology (Oxford) 2005;44:647-50.
anesthésique.2
4. Ly-Pen D, Andreu JL, de Blas G, Sanchez-Olaso A, Millan I.
Une réaction douloureuse immédiate ou Surgical decompression versus local steroid injection in carpal
secondaire est possible, mais rare avec la tunnel syndrome: a one-year, prospective, randomized, open,
prednisolone. Un ménagement de la main est controlled clinical trial. Arthritis Rheum 2005;52:612-9.

recommandé pendant 48 heures.

R Pour quelle efficacité ?


Une deuxième (voire une troisième) infiltration
POUR EN SAVOIR PLUS
➜ Wallach F, Masmejan E. Syndrome du canal
carpien : quand faut-il opérer ? Rev Prat Med Gen
peut être pratiquée à 8 jours d’intervalle. Le délai
2006;20:12-5.
entre la première et la deuxième varie selon les
praticiens : d’une semaine à 6 mois. La deuxième ➜ Maugars Y. Radiculalgie et syndrome canalaire.
et la troisième injection sont souvent moins Rev Prat 2005;55:81-90.
efficaces que la première.

Nerf médian
Petit palmaire
Grand palmaire
Point d’injection
Long fléchisseur
du pouce
Ligament annulaire
antérieur du carpe
Rameau palmaire
du médian

Schéma des repères anatomiques (J.P. Teyssedou)

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 22 l N° 793 l 15 JANVIER 2008


429

IRM en neurologie

FICHE PRATIQUE
Par Laurent Piérot, service de radiologie, CHU-hôpital Maison-Blanche, 51092 Reims Cedex. lpierot@gmail.com

Examen de référence en neurologie sauf intraveineuse ou intra-artérielle. Séquences


quelques exceptions (hémorragie sous- d’angio-IRM au niveau du crâne comme au
arachnoïdienne à la phase aiguë, traumatisme cou : rôle important dans la détection des
crânien à la phase aiguë…). Important de lésions vasculaires responsables.
respecter quelques contre-indications : port d’un Hémorragies cérébrales : diagnostic très
pacemaker ou présence de matériel métallique précis à toutes les phases évolutives de
(chirurgical ou corps étranger). l’hématome. Rôle important dans le diagnostic
Technique non irradiante utilisant un champ étiologique des hémorragies intracrâniennes
magnétique dont la puissance définit celle de grâce aux séquences conventionnelles
l’appareil IRM : 0,5, 1,0, 1,5 ou 3,0 teslas. Des et à l’angio-IRM (fig. 2).
champs plus élevés sont à l’étude (pour améliorer
la résolution temporelle et spatiale et donc Tumeurs cranio-encéphaliques
la qualité de l’examen). On utilise différentes Modalité de choix pour l’exploration et le suivi.
séquences (T1, T2, Flair…), avec ou sans injection Les tumeurs cérébrales primitives (tumeurs
de produit de contraste (gadolinium). gliales ou gliomes ; fig. 3) associent de façon
Plus récemment, étude des vaisseaux avec variable une infiltration tumorale, des
l’angio-IRM, de la biochimie du cerveau (spectro- calcifications, des formations kystiques, des
IRM), des fonctions du cerveau (IRM fonctionnelle remaniements hémorragiques et un œdème
d’activation), des faisceaux de fibres (tractographie), péritumoral rendant compte d’un signal
et de la perfusion cérébrale (IRM de perfusion). volontiers hétérogène en IRM. Une prise de
Grande variété d’examens, selon la contraste lésionnelle est visible plus souvent
symptomatologie du patient et la pathologie en cas de lésion évolutive ou maligne. Possibles
recherchée. œdème péritumoral et effet de masse sur les
Accompagner la prescription de renseignements structures adjacentes.
cliniques détaillés et d’une orientation Examen de choix pour rechercher les
étiologique aussi précise que possible. métastases cérébrales (fig. 4), de loin les

R
tumeurs cérébrales les plus fréquentes ; 25 %
Pathologies sont uniques et 75 % multiples. Cancers le plus
cranio-encéphaliques souvent en cause : bronchiques et mammaires.
Métastases cérébrales bien visibles après
Accidents vasculaires
injection de gadolinium sous forme d’une prise
Diagnostic extrêmement précoce des AVC de contraste nodulaire ou annulaire.
ischémiques (dès la première heure, fig. 1) Tumeurs se développant en dehors des
permettant la mise en œuvre de thrombolyse structures cérébrales, soit dans les méninges

Fig. 1 - Accident ischémique


cérébral visible à la première
heure en séquence
de diffusion (1A) et non
en séquence Flair (1B).

Fig. 2 - ARM cérébrale


montrant un anévrisme
de la terminaison de l’artère
1A 1B 2 carotide interne droite.

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 23 l N° 824 l 16 JUIN 2009

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


430

mais en recrudescence avec l’épidémie


FICHE PRATIQUE

de sida, examen le plus sensible pour détecter


les lésions infectieuses cérébrales, mais assez

D’après Guillevin R. Rev Prat 2006;56:1757-67.


D’après Guillevin R. Rev Prat 2006;56:1757-67.
peu spécifique.
Épilepsie : examen de choix pour identifier
la lésion cérébrale responsable.
Maladie d’Alzheimer : l’imagerie permet d’une
part d’écarter les causes durables de démence,
comme l’hydrocéphalie à pression normale,
l’hématome sous-dural chronique, ou certaines
tumeurs cérébrales, et d’apporter quelques
Fig. 3 – Gliobastome Fig. 4 – Métastase. arguments en faveur du diagnostic. Mais elle
y est assez peu performante. Elle permet
d’évoquer le diagnostic de démence vasculaire.
Peu d’informations pour diagnostiquer
une maladie de Parkinson.

R Pathologies
médullo-rachidiennes
Seule cette technique montre précisément
la moelle épinière et les racines.
Fig. 5 – Tumeur méningée Fig. 6 – Neurinome du VIII.
(méningiome). Diagnostic des tumeurs médullaires,
des malformations vasculaires, et des atteintes
inflammatoires et infectieuses de la moelle.

L’auteur déclare n’avoir aucun conflit d’intérêts concernant cet article.


(méningiomes) ou le long de la gaine des nerfs Elle met en évidence des affections rachidiennes,
(neurinomes, notamment du paquet acoustico- en particulier les métastases vertébrales,
facial), identifiées par leur topographie. et des affections discales et dégénératives.
Méningiomes : le long de la voute ou de la base Premier examen à réaliser en cas de sciatique
du crâne (fig. 5). Neurinomes du VIII (fig. 6) ou de cruralgie résistant au traitement médical.
dans le conduit auditif interne ou dans la citerne À faire rapidement si compression médullaire
de l’angle pontocérébelleux. Habituellement, aiguë pour en préciser le mécanisme (tumoral,
prise de contraste intense après injection de infectieux, autre) et organiser au mieux la prise
gadolinium. en charge.

Autres affections
Élément fondamental du diagnostic de la SEP.
R Conclusion
Intérêt majeur dans le diagnostic des AVC,
On voit de façon précise les plaques des tumeurs cérébrales, des affections
de démyélinisation et on peut, notamment grâce démyélinisantes.
à l’injection de produit de contraste, préciser Apport plus limité pour les maladies
le caractère actif ou non de la maladie (fig. 7). dégénératives (Alzheimer ou Parkinson).
Pour les pathologies infectieuses cranio- Référence en pathologie médullo-rachidienne,
encéphaliques relativement peu fréquentes seule technique montrant précisément la moelle.●

Fig. 7 – Coupes axiales du


cerveau passant par le même
niveau (corps des ventricules
latéraux) chez un même
D’après Ranjeva JP. Rev Prat 2006;56:1326-34.

malade atteint de sclérose en


plaques récurrente-rémittente
lors de la même séance
d’acquisition.
De gauche à droite :
séquence pondérée en T2 ;
séquence en Flair ;
séquence en T1 avec injection
de produit de contraste.

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 23 l N° 824 l 16 JUIN 2009

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


0237_MG838_FP_fayet 17/03/10 17:33 Page 237

237

FICHE PRATIQUE
Larmoiement : que faire ?
Par Bruno Fayet, Emmanuel Racy, service d’ophtalmologie, Hôtel-Dieu, AP-HP, 75181 Paris Cedex 04.

Accumulation anormale de larmes dans


la fente palpébrale pouvant s’accompagner Production de larmes
d’un ruissellement sur la joue (épiphora).1
L’essentiel de la sécrétion aqueuse provient des glandes
lacrymales principales situées à la partie supéro-externe
R Physiologie
Le film lacrymal se place devant la cornée
de l’orbite.
La composante muqueuse provient des glandes
et la conjonctive (pellicule de 4 microns). lacrymales accessoires disséminées dans la conjonctive.
Les glandes de Meibomius, situées dans les paupières,
Les paupières en étalent, à la manière d’un
produisent la plus grande partie de la fraction lipidique.
essuie-glace, les différentes composantes. La régulation des larmes est mal connue. La sécrétion
Le clignement facilite également l’écoulement de base (qui diminue vers 60 ans) est complétée par
des larmes vers les voies lacrymales d’excrétion une sécrétion paroxystique, principalement aqueuse,
(VLE). C’est le moteur de la pompe lacrymale. déclenchée par une irritation trigéminale (kératite,
érosion cornéenne…) ou par des facteurs humoraux,
Trois voies d’élimination (évacuation)
nerveux et psychiques (rires, tristesse…).
– Résorption cornéo-conjonctivale.
– Évaporation : variable selon le climat,
l’environnement, la taille de la fente palpébrale,
Larmoiements par hypersécrétion
la fréquence du clignement...
– Enfin, évacuation active dans les voies – Associés à une sensation de gène, voire
lacrymales d’excrétion, canalicules lacrymaux même de douleur franche et photophobie
supérieur et inférieur, situés à la partie médiale (symptômes dominants). Si larmoiements
des paupières. Ils s’abouchent dans le sac réflexes : volontiers abondants et bilatéraux.
lacrymal, qui se poursuit par le canal lacrymo- Au maximum s’accompagne d’une rhinorrhée
nasal, lequel s’ouvre dans le méat nasal inférieur satellite, notamment si irritation trigéminale.
de la fosse nasale correspondante. – Dans la majorité des cas, traitement non
La balance lacrymale est l’équilibre entre chirurgical. Pour les faire disparaître : supprimer
les apports et des sorties. la cause, point de départ de la mise en jeu
Larmoiement = équilibre rompu. Soit par de l’arc réflexe.
augmentation des apports (larmoiement – Exemple : l’entropion. Bord ciliaire basculé en
par hypersécrétion) quelle qu’en soit la cause, arrière et cils frottant sur la cornée, entraînant
soit par obturation des VLE (hypo-excrétion). une kératite, qui stimule la production de
larmes…
R Diagnostic
D’abord identifier le mécanisme
– Examen ophtalmologique d’autant plus
urgent que début soudain, symptômes bruyants
par l’interrogatoire et l’inspection. et baisse d’acuité visuelle.

[ Fig. 1 – Abcès avec fistule. ] [ Fig. 2 – Ectropion pli gauche.


] [ Fig. 3 – Exploration instrumentale. ]

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 24 l N° 838 l DU 22 AU 26 MARS 2010

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


0237_MG838_FP_fayet 17/03/10 17:33 Page 238

238
FICHE PRATIQUE
Étiologies les plus fréquentes : corps étrangers Si sténoses anatomiques, deux interventions
intracornéens, érosions récidivantes, dystrophies possibles :
superficielles, accidents de lentilles (la retirer – intubation des voies lacrymales2 (cathétérisme
et adresser le patient avec lentilles et étuis), à demeure de la voie lacrymale d’excrétion par
ulcérations de cornées (traumatiques, un fil de silicone souple) ;
herpétiques...). – dacryocystorhinostomie3 (drainage du sac
lacrymal dans le méat moyen de la fosse nasale en
Larmoiements par hypo-excrétion court-circuitant le canal lacrymo-nasal obturé. ●
Dits « passifs » (avec ou sans sécrétions associées),
ils sont le plus souvent isolés et chroniques. RÉFÉRENCES
1. Ducasse A. L’appareil lacrymal. Paris: Elsevier; 2006.
– Vérifier que la marge palpébrale qui supporte
2. Fayet B, Ruban JM. Intubations des voies lacrymales.
la rivière lacrymale est bien au contact du globe In: Ducasse A, ed. Les voies lacrymales, 1re ed. Paris: Masson;
oculaire. Les voies lacrymales sont perméables 2006: 429-55.
lors de l’exploration instrumentale (sondage 3. Katowitz JA, Low JE, Covici SJ, Goldstein JB. Probing and
silastic intubation. In: Katowitz JA, ed. Pediatric oculoplastic
et/ou lavage des voies lacrymales).
surgery. New York: Springer; 2002: 309-24.
– Traitement, lorsqu’il est nécessaire : chirurgical.
– Pour les ectropions (gouttière décollée
de sa toiture) : repositionner la rivière lacrymale Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêts
concernant les données publiées dans ce texte.
au contact de l’œil.

PROBLÈMES POLITIQUES ET SOCIAUX, OCTOBRE 2009, N° 965.


Presse/ Stress et risques psychosociaux au travail. La Documentation française. SINGULIERS GÉNÉRALISTES.
Livre Sous la direction d’Annie Thébaud-Mony et Nathalie Robatel. Sous la direction de Géraldine Bloy
et François-Xavier Schweyer.
Comprendre les liens entre travail Presses de l’EHESP, 424 pages, 30 euros.

et souffrance mentale Single men ?


Du fait de leur formation et de leur aujourd’hui des suicides sur les lieux
Voici un livre
mode d’exercice, en face-à-face avec de travail, les ignore superbement. La
que tous les
un patient isolé de son contexte, revue Problèmes politiques et sociaux
responsables des
les médecins ont spontanément a eu l’excellente idée de publier en
politiques de
tendance à aborder les problèmes de octobre 2009 une sélection d’articles
santé publique
souffrance mentale comme étant issus sur le sujet, issus d’ouvrages ou de
devraient lire et
d’un déterminisme propre à l’individu revues professionnelles, tour
méditer, s’ils
qu’ils prennent en charge. Ils d’horizon très complet du sujet.
sont réellement
reconnaissent l’influence de facteurs Elle permet de comprendre la relation
persuadés que
favorisants en entre l’augmentation considérable
les généralistes
provenance de de ces pathologies, les modifications
sont le pivot
son milieu de intervenues depuis les années 1990
du système de
vie, mais ils ne dans l’organisation du travail et leurs
santé. Il dresse en effet un état des lieux
savent pas trop répercussions sur la santé des salariés.
de la profession avec l’objectivité de
comment les Une contribution en particulier sera
sociologues et anthropologues bien
intégrer à leur utile aux praticiens, celle du
éloignés des débats actuels et a contrario
pratique. C’est Pr Philippe Davezies, qui décrypte les
des sermons œcuméniques de
qu’ici, il faut mécanismes du stress et les conditions
circonstance. Rassemblés par Géraldine
avoir recours de sa nocivité, en ayant recours
Bloy et François-Xavier Schweyer, eux-
à des savoirs à deux modèles largement validés,
mêmes excellents connaisseurs du sujet,
issus d’autres mais souvent méconnus en dehors
les contributions dressent le portrait de
disciplines que des cercles spécialisés : celui de
ces « singuliers généralistes », avec un
la médecine ou la biologie, ce que la Karasek et Theorell et celui de Siegrist.
attachement certain à leur sujet, parfois
segmentation actuelle des sciences ne Chacun identifie des composantes du
masqué par l’aridité de certaines
facilite pas. Or, il est un domaine où stress professionnel ; pour le premier :
données. Le praticien s’y verra dans le
le travail de rapprochement est avancé niveau d’exigence du travail, degré
rôle de l’observé, une fois n’est pas
depuis longtemps, avec des acquis d’autonomie du travailleur, soutien
coutume, pour son plus grand profit. Il y
notables, c’est celui de la santé au qu’il peut recevoir ; pour le second :
redécouvrira la richesse de son métier. SC
travail. Mais le tapage médiatique estime, statut et gratifications
autour du harcèlement moral, puis monétaires. Serge Cannasse

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 24 l N° 838 l DU 22 AU 26 MARS 2010

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


529

Pelade

FICHE PRATIQUE
Par Vincent Descamps, service de dermatologie,
hôpital Bichat-Claude-Bernard, 75877 Paris Cedex 18.
vincent.descamps@bch.aphp.fr

1 2
Plaques alopéciques multiples d’apparition
brutale chez le sujet jeune en bonne santé.1
Fréquente, souvent inquiétante pour le patient
mais la repousse est le plus souvent spontanée.
Le rassurer et ne pas ignorer une autre cause
d’alopécie nécessitant examens complémentaires 4
et traitement spécifique.

R
Fig. 1 – Pelade en plaques
multiples.
Qu’est-ce que la pelade ? Fig. 2 – Pelade décalvante
quasi-totale.
Maladie auto-immune, parmi les plus Fig. 3 – Pelade en plaques
fréquentes, dirigée contre les follicules pileux de la barbe.
3
Fig. 4 – Repousse blanche au
(présents, ils n’achèvent pas leur maturation).2 centre d’une plaque de pelade.
Au cours de la vie, peut toucher 2 % de la
population.
Facteurs étiologiques retenus :
– immunologiques : association possible avec
R Évolution
Repousse spontanée au bout de plusieurs
d’autres maladies auto-immunes (thyroïdite, semaines, débutant par des duvets blancs
vitiligo…) ; infiltrat lymphocytaire T péripilaire au centre de la plaque qui se repigmentent
sur des lésions précoces ; progressivement (fig. 4).
– génétiques : cas familiaux parfois retrouvés, Chez les sujets plus âgés, la pelade épargne
prévalence plus importante en cas de trisomie 21 ; souvent les cheveux blancs, ce qui fait que
– terrain atopique également plus fréquent ; la chevelure semble blanchir du jour au
– psychologiques (déclenchée par le stress ? lendemain (syndrome de Marie-Antoinette).
attention, ce n’est pas une maladie psycho-
somatique). R Pronostic

R Un diagnostic clinique
Alopécie localisée non cicatricielle (fig. 1) :
Récidives fréquentes et imprévisibles.
Mauvais pronostic si : début précoce
prépubertaire, multiplicité des plaques, pelade
le cuir chevelu est sain, le plus souvent décalvante totale, atteinte de la région
complètement glabre, parfois un peu occipitale, des cils, des ongles ou durée
hypotonique (plus souple) par rapport d’évolution supérieure à un an.
à une zone saine. Pas d’érythème, ni squame,
ni atrophie par opposition aux alopécies dites
cicatricielles (pseudo-pelade).
R Examens complémentaires
Aucun bilan (ni biopsie, ni examen biologique)
L’alopécie en aires peut se généraliser (pelade en l’absence de point d’appel particulier.
décalvante totale, fig. 2), voire atteindre l’ensemble Les formes atypiques (diffuse, anomalie
des zones pileuses (pelade universelle). du cuir chevelu) justifient un avis spécialisé
En périphérie des plaques circonscrites sont et doivent faire rechercher d’autres étiologies.
visibles des cheveux en point d’exclamation Si maladie auto-immune associée (diabète,
ou très courts, d’aspect cadavériques, sortes thyroïdite, vitiligo, psoriasis…), examen
de pseudo-comédons visibles avec un dermato- complet systématique. Les examens
scope ou une loupe. Signe récemment décrit : complémentaires sont alors orientés…
un halo jaunâtre périfolliculaire caractéristique.
Poils, sourcils, cils peuvent être atteints (fig. 3).
De même que les ongles (micro-ponctuations
R Diagnostics différentiels
Pas dans les formes typiques.
de la tablette unguéale donnant une consistance Si plaque alopécique localisée
rugueuse, parfois stries longitudinales). – Pseudo-pelades : le cuir chevelu est anormal

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 23 l N° 826 l 29 SEPTEMBRE 2009

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


530

avec érythème, hyperkératose folliculaire R Traitement


FICHE PRATIQUE
(épaississement de la base du cheveu), atrophie Fonction des facteurs de gravité et de la possible
ou sclérose. Deux diagnostics à évoquer : régression spontanée des formes modérées.3
lichen plan pilaire ou lupus discoïde (biopsie Abstention thérapeutique avec simple
avec étude en immunofluorescence directe). surveillance : possible en particulier chez l’enfant.
– Trichotillomanie, contexte psychologique Pour les formes limitées : dermocorticoïdes
particulier, cheveux dystrophiques cassés locaux ou corticoïdes injectés localement
courts. associés à du minoxidil pour favoriser une
– Dermatophytie (teigne tondante), si lésions repousse plus rapide.
de folliculite, squames, érythème et cheveux Dans la pelade sévère, discuter une puva-
cassés courts. Faire un prélèvement thérapie ou des protocoles utilisant des

L’auteur déclare n’avoir aucun conflit d’intérêts concernant cet article.


mycologique au moindre doute. sensibilisants locaux (diphencyprone).
– Plus rarement, un lymphome cutané Plus récemment, des bolus de corticoïdes
épidermotrope (mycosis fongoïde) pilotrope ou le méthotrexate ont été proposés dans
sous la forme d’une plaque alopécique ces formes graves, aiguës et récentes.
chronique avec comédons mimant une plaque Un espoir proche : des biothérapies ciblant
de pelade. Diagnostic confirmé par biopsie la réponse lymphocytaire T (formes sévères).
cutanée avec étude en immunomarquage. Une prise en charge psychologique est
Les formes diffuses incomplètes éclaircissant essentielle, pour rassurer le patient sur
la chevelure pourront faire discuter un effluvium le caractère bénin et « non cicatriciel » des
télogène ou une alopécie diffuse liée lésions avec possibilité de repousse complète. ●
à une carence (martiale le plus souvent)
ou une endocrinopathie (dysthyroïdie). RÉFÉRENCES
Chez l’enfant, une alopécie diffuse congénitale 1. Zribi H, Matichard E, Goettmann S, Descamps V. Troubles
des phanères. Rev Prat 2007;57:893-904.
doit faire discuter une dysplasie pilaire et
2. Gilhar A, Paus R, Kalish RS. Lymphocytes, neuropeptides,
une dysplasie ectodermique. Étude en lumière and genes involved in alopecia areata. J Clin Invest 2007;
polarisée de la tige pilaire et recherche d’autres 117:2019-27.
3. Delamere FM, Sladden MM, Dobbins HM, Leonardi-Bee J.
anomalies ectodermiques (dysmorphie, Interventions for alopecia areata. Cochrane Database Syst
anomalies dentaires, unguéales, neurologiques). Rev 2008;2:CD004413.

VARNOLINE CONTINU, comprimé pelliculé désogestrel / éthinylestradiol FORME ET COMPOSITION * Comprimé pelliculé blanc contenant 0,150 mg de désogestrel et 0,030 mg d’éthinylestradiol. Excipients : Comprimé blanc : amidon de pomme de terre, polyvidone, acide stéarique, silice colloïdale anhydre, dl-A-tocophérol,
lactose monohydraté, hypromellose, macrogol 400, dioxyde de titane, talc. Comprimé vert : amidon de maïs, stéarate de magnésium, lactose monohydraté, hypromellose, macrogol 400, dioxyde de titane, talc, oxyde de fer jaune, indigotine laque. INDICATION THERAPEUTIQUE Contraception orale. POSOLOGIE ET MODE
D’ADMINISTRATION * Prendre régulièrement et sans oubli 1 comprimé par jour au même moment de la journée, pendant 28 jours consécutifs (1 comprimé blanc les 21 premiers jours, 1 comprimé vert les 7 jours suivants). Début de contraception orale : 1er comprimé à prendre le 1er jour des règles. Relais d’un autre estroprogestatif :
1er comprimé : après un arrêt de 7 jours si la précédente plaquette contenait 21 comprimés (6 jours si elle en contenait 22 et sans intervalle si elle en contenait 28). En cas d’absence d’hémorragie de privation pendant les 6 ou 7 jours qui suivent l’arrêt de la pilule précédente, s’assurer de l’absence de grossesse avant de commencer
le traitement. Cas d’oubli d’un ou de plusieurs comprimé L’oubli d’un comprimé expose à un risque de grossesse. Si oubli < 12 heures : prendre immédiatement le comprimé oublié et poursuivre le traitement normalement en prenant le comprimé suivant à l’heure habituelle. Si oubli > 12 heures : la sécurité contraceptive n’est
plus assurée. Prendre immédiatement le dernier comprimé oublié et poursuivre le traitement contraceptif oral jusqu’à la fin de la plaquette, en utilisant simultanément une autre méthode contraceptive de type mécanique jusqu’à la reprise de la plaquette suivante, y compris pendant les règles. CONTRE-INDICATIONS Ce médicament
est contre-indiqué dans les situations suivantes : - accidents thrombo-emboliques ou antécédents thrombo-emboliques artériels (en particulier infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral) ; - accidents thrombo-emboliques ou antécédents thrombo-emboliques veineux (phlébite, embolie pulmonaire) avec ou sans facteur
déclenchant ; - affections cardiovasculaires : hypertension artérielle, coronaropathies, valvulopathies, troubles du rythme thrombogènes ; - pathologie oculaire d’origine vasculaire ; - diabète compliqué de micro- ou de macro-angiopathie ; - tumeurs malignes du sein et de l’utérus ; - affections hépatiques sévères ou récentes ;
- tumeurs hypophysaires ; - hémorragies génitales non diagnostiquées ; - connectivites ; - porphyries ; - en association avec le ritonavir ; - hypersensibilité aux substances actives ou à l’un des excipients. Ce médicament est généralement déconseillé dans les situations suivantes : - tabagisme ; - affections métaboliques : diabète
non compliqué, hyperlipidémies (hypertriglycéridémie, hypercholestérolémie) ; - obésité (indice de masse corporelle = Poids/Taille2 r 30 kg/m2) ; - otosclérose ; - tumeurs bénignes du sein et dystrophies utérines (hyperplasie, fibrome) ; - hyperprolactinémie avec ou sans galactorrhée ; - insuffisance rénale ; - cholestase récurrente
ou prurit récidivant lors d’une grossesse antérieure ; - herpès gestationis ; - en association avec les inducteurs enzymatiques (cf. Interactions avec d’autres médicaments et autres formes d’interactions) ; - allaitement (cf. Grossesse et Allaitement). MISES EN GARDE SPECIALES ET PRECAUTIONS D’EMPLOI * Mises en garde
spéciales RISQUE THROMBO-EMBOLIQUE ARTERIEL ET VEINEUX Avant la prescription d’une contraception orale estroprogestative, rechercher systématiquement les facteurs de risque thromboembolique artériel et veineux, prendre en compte les contre-indications ou précautions d’emploi. La survenue de symptômes pouvant
faire craindre l’imminence d’une complication impose l’arrêt du traitement : céphalées importantes et inhabituelles, troubles oculaires, élévation de la tension artérielle, signes cliniques de phlébite et d’embolie pulmonaire. 1. Risque thrombo-embolique VEINEUX L’utilisation de tout contraceptif œstroprogestatif oral augmente le
risque d’accident thromboembolique veineux par rapport à une non-utilisation. Ce risque thromboembolique veineux est plus élevé pendant la première année d’utilisation, mais reste cependant inférieur au risque d’accident thromboembolique veineux survenant pendant la grossesse et estimé à 60 cas pour 100 000 grossesses.
Dans 1 à 2% des cas, ces accidents ont une évolution fatale. Plusieurs études épidémiologiques ont montré que les femmes prenant une pilule oestroprogestative contenant de l’éthinylestradiol, le plus souvent à la dose de 30 μg, associé au désogestrel ont un risque d’accident thromboembolique veineux plus élevé que les femmes
prenant une pilule oestroprogestative contenant moins de 50 μg d’éthinylestradiol et du lévonorgestrel. Pour les spécialités contenant 30 μg d’éthinylestradiol associé au désogestrel ou au gestodène, le risque relatif de survenue d’un accident thromboembolique veineux est estimé entre 1,5 et 2,0 par rapport aux contraceptifs
contenant moins de 50 μg d’éthinylestradiol et du lévonorgestrel. Dans ce dernier cas, l’incidence d’un accident thromboembolique veineux est d’environ 20 cas pour 100 000 années-femmes d’utilisation. Pour le désogestrel et le gestodène, l’incidence est d’environ 30 à 40 cas pour 100 000 années-femmes d’utilisation : soit
10 à 20 cas supplémentaires pour 100 000 années-femmes d’utilisation. Chez les femmes utilisant des contraceptifs pour la première fois, et tout au long de la première année d’utilisation, ce risque relatif serait plus important quelque soit l’association oestroprogestative utilisée. Facteurs de risque thrombo-emboliques veineux :
- antécédents personnels thrombo-emboliques avec ou sans facteur déclenchant, obésité (cf. Contre-indications) ; - intervention chirurgicale, immobilisation prolongée, post-partum ; - antécédents familiaux ; - varices (cf. Précautions d’emploi). 2. Risque thrombo-embolique ARTERIEL Les données disponibles sur le risque
d’infarctus du myocarde ne permettent pas de conclure à un risque différent entre les utilisatrices de contraceptifs oraux de 2ème et de 3ème génération. Le risque thrombo-embolique artériel associé à la prise de contraceptifs oraux augmente avec l’âge et le tabagisme. C’est pourquoi les femmes de plus de 35 ans sous contraceptif
oral doivent impérativement cesser de fumer. Autres facteurs de risque thrombo-emboliques artériels : - certaines affections cardiovasculaires : HTA, coronaropathies, valvulopathies, troubles du rythme thrombogènes ; diabète ; dyslipidémies (cf. Contre-indications) ; - âge. CANCERS GYNECOLOGIQUES : Les données publiées ne
sont pas de nature à remettre en cause l’utilisation des contraceptifs oraux dont les bénéfices sont nettement supérieurs aux risques éventuels. Par ailleurs, la contraception orale diminue le risque de cancer de l’ovaire et de l’utérus (endomètre). Précautions particulières d’emploi Un examen médical est nécessaire avant et en
cours de traitement ; les contrôles porteront essentiellement sur : poids, tension artérielle, seins, appareil génital, frottis cervico-vaginaux, triglycéridémie et cholestérolémie, glycémie. Une surveillance attentive doit être exercée chez les patientes présentant : épilepsie, migraine, asthme, antécédents vasculaires artériels familiaux
et varices. La survenue de troubles digestifs intercurrents dans les 4 heures suivant la prise, tels que vomissements ou diarrhée sévère peut entraîner une inefficacité transitoire de la méthode, et imposer la conduite à tenir préconisée en cas d’oubli de moins de 12 heures.Si ces épisodes se répètent, il est alors nécessaire d’associer
une autre méthode contraceptive en particulier de type mécanique (préservatif masculin, spermicides, ...) jusqu’à la reprise de la plaquette suivante. Des métrorragies et des spottings peuvent apparaître, plus particulièrement pendant les premiers mois d’utilisation. Ils cessent en général spontanément et il n’y a pas lieu d’interrompre
le traitement. Si ces saignements persistent ou apparaissent pour la première fois après une utilisation prolongée, la recherche d’une éventuelle cause organique s’impose. En cas de chloasma apparu lors d’une grossesse, il est recommandé d’éviter les expositions solaires. Ce médicament contient 50,56 mg à 55,17 mg de lactose
monohydraté par comprimé. En tenir compte chez les patients atteint d’une pathologie rare telle qu’une intolérance au galactose, un déficit en lactate de Lapp ou un syndrome de malabsorption du glucose ou en cas de régime dépourvu de lactose. INTERACTIONS AVEC D’AUTRES MEDICAMENTS ET AUTRES FORMES
D’INTERACTIONS * Association contre-indiquée : Ritonavir. Associations déconseillées : Inducteurs enzymatiques : anticonvulsivants (phénobarbital, phénytoïne, primidone, carbamazépine) ; rifabutine ; rifampicine ; griséofulvine ; modafinil. Associations à prendre en compte : Ciclosporine ; flunarizine. GROSSESSE ET
ALLAITEMENT * Grossesse : non indiqué. Allaitement : (cf. Contre-indications) : déconseillé. EFFETS INDESIRABLES * Relativement rares mais devant faire interrompre le traitement : accidents thrombo-emboliques artériels (en particulier infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral) ; accidents thrombo-emboliques
veineux (phlébite, embolie pulmonaire) ; hypertension artérielle, coronaropathies ; hyperlipidémies (hypertriglycéridémie et/ou hypercholestérolémie), diabète ; mastodynie sévère, mastopathie bénigne ; adénome hypophysaire à prolactine (éventuellement révélé par une galactorrhée) ; céphalées importantes et inhabituelles, migraines,
vertiges, modification de la vision ; exacerbation d’une comitialité ; adénome hépatique, ictères cholestatiques ; chloasma. Plus fréquents, n’empêchant pas habituellement la poursuite du traitement mais pouvant faire envisager un changement du type d’estroprogestatif : nausées, céphalées banales, prise de poids, irritabilité,
jambes lourdes ; tension mammaire, saignements intermenstruels, oligoménorrhée, aménorrhée, modification de la libido ; irritation oculaire par les lentilles de contact. Rarement : acné, séborrhée, hypertrichose. Autres : lithiase biliaire. Effets à l’arrêt du traitement : aménorrhées post-thérapeutiques, aménorrhées avec anovulation.
Le risque d’accident thomboembolique veineux augmente chez toutes les femmes prenant un contraceptif œstroprogestatif. Pour les informations concernant le risque thromboembolique veineux des différentes pilules oestroprogestatives, voir Mises en garde spéciales et précautions d’emploi. SURDOSAGE * Signes digestifs (nausée,
vomissements…) et troubles du cycle. PROPRIETES PHARMACODYNAMIQUES ET PHARMACOCINETIQUES * Classe pharmacothérapeutique : Progestatif et estrogènes en association fixe, code ATC G03AA. Liste I AMM 338 538-3 (28 mars 1995, rév 22 juin 2009) : 21 comprimés blancs et 7 comprimés verts sous plaquette
thermoformée (PVC/Aluminium) ; boîte de 1. Prix 2,90E AMM 338 540-8 (28 mars 1995, rév 22 juin 2009) : 21 comprimés blancs et 7 comprimés verts sous plaquette thermoformée (PVC/Aluminium) ; boîte de 3. Prix 7,28E Remboursé par la Sécurité sociale à 65 % (VARC/mlr-0907-01) Schering-Plough 34 avenue Léonard
de Vinci - 92400 Courbevoie Tél. : 01 80 46 40 40 * Pour une information plus complète, consulter le dictionnaire Vidal ou le répertoire des spécialités pharmaceutiques de l’Afssaps sur le site : www.afssaps.sante.fr
Schering-Plough traite des données personnelles dans le cadre de ses relations avec les professionnels de santé. Ce traitement permet à Schering-Plough de dispenser une information médicale sur ses spécialités en rapport avec les besoins des praticiens, mener des actions de formation ou d’information, conduire des études de
marché, mettre en place des collaborations scientifiques ou des actions de recherche, ainsi qu’éventuellement dans le cadre de relations commerciales. Ces données collectées peuvent être destinées à certains prestataires de Schering-Plough. Conformément aux articles 38 et suivants de la loi du 6 janvier 1978, dite «Informatique
et Libertés», vous disposez d’un droit d’accès et de rectification quant aux données à caractère personnel vous concernant, du droit de vous opposer, pour des raisons légitimes, à ce que vos données fassent l’objet d’un traitement, ainsi que du droit de vous opposer à leur utilisation à des fins de prospection. Vous pouvez exercer
ces droits par courrier postal adressé au laboratoire Schering-Plough, 34 avenue Léonard de Vinci, 92400 Courbevoie. Cette prérogative est à mettre en œuvre, par écrit, à l’attention du Pharmacien Responsable.

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


0339_MG799_FP KEROB 2/04/08 16:35 Page 339

339

FICHE PRATIQUE
Photoprotection :
modalités pratiques et conseils
Par Delphine Kérob, service de dermatologie, hôpital Saint-Louis, APHP, 75010 Paris. delphine.kerob@sls.aphp.fr

R Effets du soleil sur la peau


– Certains sont positifs : stimulation de la
synthèse de vitamine D ; effet antidépresseur ;
bien-être.
TOUS DROITS RESERVES-LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE

– D’autres sont néfastes à court terme : coups de


soleil ; dermatoses (encadré) ; photosensibilisation
à des médicaments (par voie générale ou locale) ;
effet immunosuppresseur (exploité comme
thérapeutique dans le psoriasis, l’eczéma
atopique ou certains lymphomes cutanés).
À plus long terme : vieillissement cutané
et induction de cancers cutanés (mélanomes
2 3
et carcinomes).

R Quels sont les mauvais UV ?


[ Fig. 2 – Mélanome in situ. [ [ Fig. 3 – Mélanome invasif. [
– Les UVA (320-400 nm) représentent 98 %
des rayonnements UV : ils pénètrent dans essentiellement dans l’épiderme, sont
l’épiderme et le derme, ne donnent pas responsables des coups de soleil et agissent
la sensation de coup de soleil, mais sont directement sur l’ADN en créant des
responsables de dommages sur l’ADN par dommages qui, s’ils ne sont pas réparés,
la libération de radicaux libres favorisant peuvent entraîner des mutations. Si celles-ci
le développement de cancers cutanés. surviennent sur des gènes clés du
Ils sont également responsables du vieillissement fonctionnement cellulaire, cela peut entraîner
cutané. la transformation cancéreuse de
– Les UVB (290-320 nm), seulement 2 % des UV, la cellule. Notre génome contient des systèmes
sont beaucoup plus énergétiques : ils pénètrent de réparation de l’ADN permettant de
maintenir l’intégrité de nos cellules.
1 – Les UVC sont filtrés par la couche d’ozone.

R Quels phototypes
sont les plus fragiles ?
Nous ne sommes pas tous égaux vis-à-vis du
soleil, et notre sensibilité dépend du phototype
(couleur de la peau, des yeux et des cheveux).
Il permet de classer les individus selon la réaction
de leur peau lors d’une exposition solaire
(tableau).
La photoprotection est adaptée au type de
peau (plus intense pour les phototypes I à III).

R Comment bien se protéger ?


– Éviter les expositions entre 11 h et 16 h, car
[ Fig. 1 – Campagne INCa de l’été 2006. [ les UVB y sont les plus intenses.

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 22 l N° 799 l 8 AVRIL 2008


0339_MG799_FP KEROB 2/04/08 16:35 Page 340

340
FICHE PRATIQUE
TABLEAU RÉACTIONS AU SOLEIL EN FONCTION DES PHOTOTYPES
Réaction au soleil Type
Phototype I Ne bronze pas, attrape systématiquement Peau très claire, taches de rousseur,
des coups de soleil cheveux blonds ou roux
Phototype II Bronze difficilement, attrape souvent des coups de soleil Peau très claire, cheveux blonds ou châtains,
des taches de rousseur apparaissent au soleil, yeux clairs
Phototype III A parfois des coups de soleil, bronze progressivement Peau claire, cheveux blonds ou châtains
Phototype IV Attrape peu de coups de soleil, bronze bien Peau mate, cheveux châtains ou bruns, yeux foncés
Phototype V A rarement des coups de soleil, bronze facilement Peau foncée, yeux foncés
Phototype VI Peau foncée, n’a jamais de coups de soleil Peau noire

– Favoriser la protection vestimentaire – À proscrire : les UV artificiels qui majorent


(T-shirt, chapeau, lunettes de soleil), car c’est le risque de cancer cutané.3
la plus efficace contre les UV. Les vêtements Les bénéfices des bonnes campagnes de
TOUS DROITS RESERVES-LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE

mouillés arrêtent moins les UV. Les couleurs protection solaire ne seront visibles que dans
foncées protègent mieux. 20 à 30 ans ; les efforts doivent donc aussi se
– Rester à l’ombre, mais ne pas oublier de se concentrer sur le dépistage précoce des lésions
protéger, en particulier sur le sable, du fait de cutanées suspectes. 
la réflexion des UV (présente sous le parasol).
– Appliquer sur les zones découvertes des L’auteur déclare n’avoir aucun
conflit d’intérêts concernant cet article.
écrans solaires d’indice élevé* (indice de
protection IP > 30 pour les phototypes III et IV,
RÉFÉRENCES
50 pour les phototypes I et II) toutes les deux
heures et après chaque bain de mer ou en 1. Autier P, Boniol M, Doré JF. Sunscreen use and increased
duration of intentional sun exposure: still a burning issue.
piscine. Int J Cancer 2007;121:1-5.
– S’enduire ne signifie pas augmenter la durée 2. Autier P, Doré JF, Reis AC, et al. Sunscreen use and
d’exposition. intentional exposure to ultraviolet A and B radiation: a
– Se méfier du soleil en mer ou en altitude, en double blind randomized trial using personal dosimeters.
Br J Cancer 2000;83:1243-8.
raison de la forte réflexion des UV sur la neige,
3. International Agency for Research on Cancer Working
l’eau et le sable ; se méfier du vent et des Group on artificial ultraviolet (UV) light and skin cancer.
nuages. The association of use of sunbeds with cutaneous malignant
– Ne pas exposer les nourrissons et enfants de melanoma and other skin cancers: a systematic review.
Int J Cancer 2007;120:1116-22.
moins de 2 ans.

* Le terme écran total est interdit pour les crèmes solaires,


car aucune, même à haut indice de protection, ne peut bloquer
100 % des UV.1, 2

Dermatoses liées au soleil


– Lucite estivale : éruption papulovésiculeuse
prurigineuse prédominant sur le décolleté et les membres
supérieurs dans les 12 heures après l’exposition solaire, 4a
volontiers récidivante. Prédominance féminine, surtout
entre 20 et 35 ans.
– Lucite hivernale bénigne : éruption
papulovésiculeuse ou œdémateuse, apparaissant
au froid associé au soleil, prédominant sur le visage.
– Lucite polymorphe : l’éruption touche aussi
le visage et débute dès les premiers soleils du printemps.
– Prurigos actiniques, hydroa vacciniforme, dermatite
actinique chronique, éruption printanière juvénile,
urticaire solaire.

[ Fig. 4 – Lucite estivale bénigne. a : placard papulovésiculeux ;


b : éruption prurigineuse. [ 4b

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 22 l N° 799 l 8 AVRIL 2008


45

Ponction-infiltration du genou

FICHE PRATIQUE
Par Henri Lellouche, Institut de l’appareil locomoteur Nollet, hôpital Lariboisière, 75475 Paris Cedex 10.

La ponction peut être à visée diagnostique


ou précéder une injection thérapeutique intra-
articulaire (prélever un épanchement liquidien
même minime avant toute injection +++).
Indication la plus fréquente : la gonarthrose
douloureuse, en poussée congestive quel qu’en
soit le stade évolutif. Elle soulage le patient
rapidement, réduit la poussée inflammatoire
et assèche le genou avant une éventuelle
viscosupplémentation.
Autres indications : les arthrites,
inflammatoires (polyarthrite) ou métaboliques
(chondrocalcinose, goutte), surtout si les anti-
inflammatoires sont inefficaces, mal tolérés ou
contre-indiqués. 1
Voie recommandée : sous-rotulienne externe
(surtout si épanchement peu abondant).

R Conditions pratiques
– Vérifier l’absence de fièvre, d’infection
cutanée en regard du site de ponction, d’allergie
à l’un des produits.
La prise d’un anti-agrégant plaquettaire, voire
même d’un AVK, n’est plus une contre-indication
formelle. Un diabète instable contre-indique
l’injection d’un dérivé cortisoné.
– Matériel variable d’un opérateur à l’autre :
avec une aiguille de 0,7 ou 0,8 mm de diamètre
(verte) et de 5 ou 6 mm de long (montée sur
une seringue de 5 ou 10 mL), on ponctionne un 2
liquide épais ou visqueux (geste le plus souvent
indolore).
– Asepsie. Au plan médico-légal, compenser
l’absence de gants par un lavage des mains
[ Fig.1 – Tenir la rotule dans la main entre le pouce et l’index.
Fig. 2 – Rechercher du liquide en retirant doucement la
seringue tout en aspirant. [
prolongé et soigneux devant le patient. Utiliser
un dérivé hydro-alcoolique antiseptique. puis dans l’hypoderme avec la seringue prévue
– Ne pas raser systématiquement les poils pour la ponction (gros genoux).
(plaies cutanées augmentant le risque septique). Les repères sont palpatoires. Tenir la rotule
Préférer une épilation soit avec une petite dans la main entre le pouce et l’index (fig. 1),
tondeuse de chirurgien, soit avec une crème repérer son bord latéral externe, marquer avec
dépilatoire. l’ongle l’endroit exact où sera placée l’aiguille,
– Désinfecter largement avec un produit iodé. éviter de piquer le réseau veineux superficiel.
Geste quasiment indolore (si on traverse En subluxant la rotule, glisser l’aiguille sous
rapidement la peau, sans toucher le périoste). la peau, l’orienter pour la placer sous la partie
Dans certains cas, une anesthésie locale peut être haute de la rotule, rechercher du liquide en
utile : patch anesthésique (patients pusillanimes), retirant doucement la seringue tout en aspirant
ou injection de Xylocaïne à 0,5 % dans le derme (fig. 2). La ponction doit être rapide.

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 23 l N° 814 l 29 JANVIER 2009

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


46
FICHE PRATIQUE

3 5

4 6

Fig. 3 – Pincement majeur ou subluxation peuvent Fig. 5 – Voie sous-quadricipitale externe en cas
compliquer le geste. d’épanchement abondant.
Fig. 4 – Voie sous-rotulienne interne si passage en Fig. 6 – La ponction genou fléchi, réputée simple,
externe difficile. diminue les chances d’aspirer du liquide.

En l’absence de diagnostic, analyser sous-rotulienne interne (fig. 4), ou dans


systématiquement le liquide pour éliminer le cul-de-sac sous-quadricipital par voie externe.
une pathologie infectieuse, rechercher des
cristaux, ou déterminer son type mécanique
ou inflammatoire.
R Autres voies
– Si épanchement abondant, la voie sous-
– Dans un deuxième temps, adapter sur quadricipitale est simple (fig. 5).
l’aiguille (maintenue durant toute la manœuvre) – Voie sous-rotulienne interne : plus douloureuse.
la seringue contenant le produit à injecter. – Ponction genou fléchi (fig. 6) : moins de
Injecter lentement (non douloureux). chance de retirer du liquide, l’épanchement
L’auteur déclare n’avoir aucun conflit d’intérêts concernant ce texte.

R Les difficultés
pouvant être chassé dans le compartiment
postérieur du genou.
– Genou volumineux (panicule adipeux) :
prendre le temps de repérer la rotule, de bien
palper ses bords, d’étudier son angulation et
R Conclusion
– Geste simple non douloureux si bien maitrisé.
utiliser une aiguille verte longue pour aller se – Aide majeure au diagnostic, soulage le patient
placer juste sous le coin supéro-externe de la et permet de traiter localement efficacement.
rotule. Quelle que soit la voie d’abord choisie,
– Pincement majeur ou subluxation, l’important est de bien posséder sa technique. ●
la difficulté est de trouver un petit espace entre
la rotule et le fémur. Adapter l’inclinaison de
l’aiguille en appréciant, sur les radiographies
POUR EN SAVOIR PLUS
en incidence axiale, l’inclinaison de la facette
➜ Teyssedou JP, Fritz P, Lellouche H, Lermusiaux JL.
rotulienne (fig. 3) pour glisser l’aiguille juste
Glucocorticoïdes et anesthésiques locaux. In : Bardin T,
au bon endroit. Orcel P. Traité de thérapeutique rhumatologique.
– Ostéophytes exubérants ou corps étrangers, Paris: Médecine-Sciences Flammarion; 2007: 58-62.
choisir une autre voie d’abord, par exemple,

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 23 l N° 814 l 29 JANVIER 2009

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


181

FICHE PRATIQUE
Que faire devant une nycturie
Par Aurélien Descazeaud*, Alexandre de la Taille**
* Service de chirurgie urologique, CHU Dupuytren, 87000 Limoges ; ** Service de chirurgie urologique,
hôpital Henri-Mondor, 94010 Créteil Cedex. aureliendescazeaud@hotmail.com

R Le contexte
La nycturie a été définie par l’International Calcul de la capacité
Continence Society (ICS)1 comme « le besoin vésicale nocturne
d’uriner réveillant le patient ». Une seule miction
nocturne est considérée dans les limites de la Si un sujet urine 2,4 litres par 24 heures et si
son volume mictionnel le plus élevé est de
normale (surtout chez l’homme âgé), mais peut 500 mL, le volume uriné attendu en 8 heures
TOUS DROITS RESERVES-LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE

être gênante pour certains individus. de sommeil est de 800 mL. Pour ce patient,
Dans la pratique, bien qu’aucun consensus le nombre de mictions attendues pendant
la nuit est de 1, car on ne compte pas la
ne soit établi, se lever au moins deux fois la nuit première miction du matin. Si sa capacité
est considéré comme gênant et c’est la plainte vésicale fonctionnelle avait été de 300 mL,
de l’individu qui est prise en considération plutôt le nombre de levers nocturnes attendus
aurait été de 2. Donc, s’il se lève 3 fois pour
que le nombre de levers nocturnes. uriner, on peut parler de diminution

R
de la capacité vésicale nocturne.
Mécanismes
Trois mécanismes sont possibles :2
– une polyurie de plus de 2,5 litres par 24 heures ; maximale mesurée au cours des 24 heures).
– une polyurie purement nocturne ; La polyurie nocturne est définie par un
– une faible capacité vésicale nocturne. rapport diurèse nocturne sur diurèse des
Des paramètres basés sur l’analyse du calendrier 24 heures supérieur à 0,35.

R
mictionnel obtenu sur 24 heures ont été définis.
Ils comportent les items suivants : heures de Impact
miction, volumes urinés, heure de coucher et Motif fréquent de consultation, ce symptôme
heure de lever. La diurèse nocturne est égale au a un impact majeur sur la qualité de vie.2
total des volumes urinés la nuit, ajouté à celui de La nycturie est responsable d’une privation de
la première miction matinale. sommeil ayant des conséquences diurnes chez
Une faible capacité vésicale nocturne est les jeunes et elle s’accompagne d’un risque de
retenue quand la fréquence des mictions chute chez les sujets âgés.
nocturnes est supérieure à la fréquence attendue Il a d’ailleurs été démontré que la fréquence
de mictions (qui est fonction de la diurèse des mictions nocturnes était, chez l’adulte,
nocturne et de la capacité vésicale fonctionnelle liée à la santé physique et mentale ainsi qu’à
un risque accru de mortalité.5

La prévalence
augmente avec l’âge
R Diagnostic
L’évaluation débute par un interrogatoire et un
examen clinique approfondis pour rechercher
Parmi les hommes âgés de 55 à 75 ans : principalement les antécédents et les prises
45 % se lèvent une fois la nuit pour uriner,
20 % deux fois et environ 15 % plus de deux fois.3 médicamenteuses du patient, les troubles
Une enquête réalisée en France auprès de urinaires associés, et estimer la qualité du
1 216 hommes et 591 femmes, a révélé que : sommeil et les apports hydriques.
– les hommes urinent en moyenne 0,98 fois
par nuit, et les femmes 0,95 ; Le retentissement des levers nocturnes doit
– dans la classe d’âge des 40-49 ans, les être apprécié. Le patient doit préciser s’il est
fréquences sont respectivement de 0,70 et 0,72 ; réveillé par l’envie d’uriner ou s’il va uriner à
– chez les 70-79 ans, elles augmentent à 1,61
et à 1,31 ; 48 % des hommes et 31 % des l’occasion d’un réveil nocturne.
femmes se levent au moins deux fois la nuit Outil essentiel du diagnostic, le calendrier
pour uriner.4 mictionnel établi sur 24 heures, met en
évidence le mécanisme. D’autres examens sont

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 22 l N° 796 l 26 FÉVRIER 2008


182
FICHE PRATIQUE

ensuite effectués en fonction de la cause


suspectée : par exemple des examens POUR EN SAVOIR PLUS
urologiques ou cardiologiques ou la recherche ➜ Staerman F. Troubles de la miction. Orientation
d’un syndrome d’apnées du sommeil. diagnostique. Rev Prat 2007;57:647-51.
➜ Buzelin JM. Anatomie fonctionnelle et sémiologie

R Stratégie thérapeutique
En cas de polyurie, une cause telle que le
de la vessie. Rev Prat 2002;52:17-22.
➜ Chartier-Kastler E. Troubles de la continence
urinaire et de la miction. Rev Prat 2002;52:43-8.
diabète sucré ou insipide doit être recherchée et
traitée. S’il s’agit d’une polydipsie psychogène, la
réduction des apports hydriques est préconisée. est plus élevé chez les sujets âgés ; les signes
En cas de réduction de la capacité vésicale d’hyponatrémie doivent être recherchés
nocturne, le traitement doit être le plus cliniquement et sur le ionogramme sanguin ;
spécifique possible de la cause, sans conclure la rétention hydrosodée doit également être
trop vite à un prostatisme. En effet, seuls 75 % surveillée par la recherche d’une prise de poids
des patients opérés d’un adénome de la prostate et d’œdèmes.2 ●
TOUS DROITS RESERVES-LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE

voient leur nycturie améliorée par l’intervention.2


En cas de polyurie nocturne, la cause doit RÉFÉRENCES
être autant que possible identifiée et traitée, 1. Haab F, Amarenco G, Coloby P, et al. Terminologie des
en particulier le syndrome d’apnées du sommeil troubles fonctionnels du bas appareil urinaire : adaptation
française de la terminologie de l'International Continence
(avec un appareil assurant une pression positive Society. Prog Urol 2004;14:1103-11.
continue pendant le sommeil). 2. Weiss JP, Blaivas JG. Nocturia. J Urol 2000;163:5-12.
Si aucune cause n’est mise en évidence, 3. Gourova LW, van de Beek C, Spigt MG, Nieman FH, van
plusieurs traitements empiriques peuvent être Kerrebroeck PE. Predictive factors for nocturia in elderly
proposés. La restriction hydrique le soir peut être men: a cross-sectional study in 21 general practices. BJU
Int 2006;97:528-32.
utile. Plusieurs moyens évitent la mobilisation du
4. Fourcade RO, Chauvin I, Gaudin AF, Mazzetta C, Boyle P.
secteur interstitiel en position allongée au Prévalence de la nycturie chez les adultes auxerrois : volet
moment du coucher : le port de bas de français de l’étude UrEpik. Prog Urol 2001;11:1251-8.
contention la journée ; la surélévation des 5. Asplund R, Marnetoft SU, Selander J, Akerstrom B.
Nocturia in relation to somatic health, mental health and
jambes en fin de journée avant la nuit ; pain in adult men and women. BJU Int 2005;95:816-9.
la prise de diurétiques tel que le furosémide 6. Azzouzi AR, Fourmarier M, Desgrandchamps F, et al.
(Lasilix) environ 6 heures avant le coucher. Others therapies for BPH patients: desmopressin, anti-
Enfin, un traitement antidiurétique par cholinergic, anti-inflammatory drugs, and botulinum
toxin. World J Urol 2006;24:383-8.
desmopressine (Minirin) peut être efficace, avec
plusieurs précautions :6 il est contre-indiqué chez
les patients insuffisants cardiaques ou ayant une Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêts
concernant cet article.
hypertension artérielle. Le risque d’hyponatrémie

Principales causes de nycturie 2


Plusieurs causes peuvent être associées chez un patient. – Polydipsie du soir.
– Prise tardive de diurétiques.
Polyurie
– Diabète sucré. Troubles du stockage vésical :
– Diabète insipide. diminution de la capacité vésicale nocturne
– Polydipsie psychogène. – Cystite (radique, infectieuse, interstitielle).
Polyurie nocturne – Cancer de vessie.
– Modification du cycle circadien de l’hormone antidiurétique – Calcul vésical ou de l’uretère pelvien.
(ADH) : – Obstructions sous-vésicales (hyperplasie bénigne de prostate
. syndrome d’apnées du sommeil ; notamment).
. hypertension artérielle. – Vessie neurologique.
– Mobilisation du secteur interstitiel en position allongée : – Hyperactivité vésicale idiopathique.
. insuffisance cardiaque ; – Anxiété et troubles du sommeil.
. hypoalbuminémie ; – Bêta-bloquants.
. œdèmes périphériques par insuffisance veineuse. – Caféine.

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 22 l N° 796 l 26 FÉVRIER 2008


0149_MG836_FP_azouvi 18/02/10 10:21 Page 149

149

FICHE PRATIQUE
Rééducation cognitive après un AVC
Par Philippe Azouvi, service de médecine physique et de réadaptation, hôpital Raymond-Poincaré, Garches,
université de Versailles-Saint-Quentin ; ER 6 UPMC, La Salpêtrière, Paris. philippe.azouvi@rpc.aphp.fr

Aphasie, négligence spatiale, et parfois après 12 mois, (où il n’y a pratiquement plus
troubles de l’attention, de la mémoire – sources d’évolution spontanée).
de handicap séquellaire après un AVC – sont En imagerie fonctionnelle du cerveau,
améliorés significativement par la rééducation on voit avec la rééducation une réorganisation
cognitive. de l’activation cérébrale qui réapparaît dans des
régions langagières restées intactes.
R Rééduquer l’aphasie
Complication très fréquente des AVC
Conclusion : la rééducation de l’aphasie
vasculaire est efficace, même tardivement
de l’hémisphère gauche. (après un an). Toutefois, son efficacité est
Les approches thérapeutiques s’appuient conditionnée à sa durée et à son intensité.
de plus en plus sur des modèles théoriques issus
de la psychologie cognitive.
Relation entre efficacité et intensité
R Rééduquer
la négligence spatiale
du traitement démontrée dans une méta-analyse Trouble complexe de l’attention spatiale,
récente :1 pouvant survenir après un AVC de l’hémisphère
– durée moyenne de thérapie significativement droit. Les patients se comportent comme si la
plus élevée dans les études positives (98,4 heures) moitié de l’espace autour d’eux n’existait plus :
vs études négatives (43,6 heures). déviation du regard vers la droite, difficultés
– corrélation significative et forte entre le nombre à appréhender les stimulations venant
total d’heures de thérapie et l’amélioration de de l’hémi-espace gauche et à agir vers
scores de communication et de compréhension ou dans cet hémi-espace.
(la plupart des coefficients de corrélation > 0,8). Associée à une moins bonne récupération
L’efficacité de la rééducation orthophonique, fonctionnelle.
a été confirmée par Robey versus l’évolution Premières approches rééducatives,
naturelle sans traitement.2 Point intéressant : empiriques : réentraînement des mouvements
une efficacité démontrée à tous les stades de oculaires et de l’exploration visuelle.
l’affection. Si la rééducation entraînait un Le thérapeute essaie d’abord de faire prendre
bénéfice très marqué dans les 3 premiers mois conscience de son trouble au patient, souvent
après l’AVC, elle gardait toujours une efficacité anosognosique. Puis il le stimule et l’encourage
à effectuer des mouvements d’exploration
volontaire de l’espace vers la gauche,
dans différents types de tâches (description
d’images, lecture d’un texte, détection
de cibles lumineuses, etc.).
Efficaces selon quelques études contrôlées.
Mais effets discutés, en particulier le transfert
des effets thérapeutiques dans la vie
quotidienne.3 Cette approche repose sur la
mise en place de stratégies conscientes,
volontaires d’exploration de l’espace. Or, la
négligence est le plus souvent associée à un
déficit de l’orientation automatique de
PHANIE

l’attention vers la gauche, processus non pris


en compte par la rééducation traditionnelle.
Figure – Un kinésithérapeute travaille avec une patiente – De nombreux auteurs ont cherché à mettre
en rééducation fonctionnelle après un AVC. au point des techniques différentes.

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 24 l N° 836 l 23 FÉVRIER 2010

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


0149_MG836_FP_azouvi 18/02/10 10:21 Page 150

150

R
FICHE PRATIQUE
Autres troubles cognitifs
L’essentiel Troubles plus globaux, en particulier
✔ Le handicap secondaire à un AVC n’est pas de mémoire, de l’attention, et des fonctions
uniquement lié au déficit moteur et à l’hémiplégie. exécutives.
Aphasie, négligence spatiale, troubles attentionnels, À ne pas négliger, en particulier chez
mnésiques et exécutifs peuvent également avoir les patients ayant en apparence bien récupéré
des conséquences délétères.
✔ Les techniques de rééducation ont aujourd’hui
mais qui conservent des troubles fins pouvant
une efficacité démontrée, mais considérée comme être gênants, en particulier lors de la reprise
modérée. du travail.
✔ Toutefois, pour être efficaces, elles doivent être Des stratégies de rééducation très ciblées,
pratiquées par des professionnels expérimentés, améliorent ces fonctions déficitaires.5 ●
et avec une intensité suffisante, pendant une durée
prolongée. RÉFÉRENCES
1. Bhogal SK, Teasell R, Speechley M. Intensity of aphasia
therapy, impact on recovery. Stroke 2003;34:987-93.
2. Robey RR. A meta-analysis of clinical outcomes in the
Objectif : modifier des processus inconscients, treatment of aphasia. J Speech Lang Hear Res 1998;41:
172-87.
automatiques, d’orientation de l’attention spatiale,
3. Azouvi P, Samuel C, Louis-Dreyfus A. La revalidation de
en modifiant les informations sensorielles la négligence unilatérale. In: Seron X, van der Linden M,
transmises au cerveau :4 par exemple, eds. Traité de neuropsychologie clinique, tome II. Marseille:
Solal; 2000: 227-43.
stimulations vibratoires des muscles du cou, 4. Luauté J, Halligan P, Rode G, Rossetti Y, Boisson D. Visuo-
modifiant les informations proprioceptives, cache spatial neglect: a systematic review of current interventions
and their effectiveness. Neurosci Biobehav Rev 2006;30:
oculaire, ou encore adaptation prismatique. 961-82.
L’indiçage spatio-moteur reposant sur l’utilisation 5. Vallat C, Azouvi P, Hardisson H, Meffert R, Tessier C,
de la motricité résiduelle de l’hémicorps gauche Pradat-Diehl P. Rehabilitation of verbal working memory
after left hemisphere stroke. Brain Injury 2005;19:1157-64.
a également été proposé.
Plusieurs de ces techniques ont un bénéfice
clinique démontré à moyen terme L’auteur déclare n’avoir aucun
conflit d’intérêts concernant cet article.
(4 à 6 semaines).

Des ateliers avec un fil rouge thématique


NOUVEAU CETTE ANNÉE

« Éducation thérapeutique en médecine générale ».


GYNECOLOGIA LE VENDREDI 8 OCTOBRE 2010
Des sessions de gynécologie pour les généralistes. Une formation à la gynécologie
médicale par les meilleurs experts et les membres du comité de la Revue.

OUVERT AUX FUTURS MÉDECINS LE SAMEDI 9 OCTOBRE 2010


RETENE
LE GRAND Le « Forum Métiers pour les Étudiants et Internes en médecine », Z DÈS M
AIN
CES DAT TENANT
ES :
RENDEZ-VOUS organisé en parallèle des JNMG, permet aux étudiants et internes 8 et 9 oct
obre 20
ANNUEL d’optimiser leur cursus universitaire. C’est aussi une occasion INSCRIP
10
TION
DE LA MÉDECINE (et elles sont rares !) de sensibiliser les étudiants à la diversité, ET REN
SEIGNE S
MENTS
GÉNÉRALE à la richesse et à l’intérêt de la médecine générale. jn mg@gm :
sante.fr

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 24 l N° 836 l 23 FÉVRIER 2010

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


390
FICHE PRATIQUE

Scarlatine en 2009
Par Antoine Bourrillon, service de pédiatrie générale, hôpital Robert-Debré, AP-HP, 75935 Paris Cedex 19.
antoine.bourrillon@rdb.aphp.fr

Toxi-infection d’origine pharyngée liée aux toxines et, à des degrés divers, signes d’atteintes
érythrogènes du streptocoque A (SGA). viscérales multiples : digestifs, musculaires,

R Tableau typique
Bien connu, assez caractéristique :1
neurologiques, hépatiques ou rénaux ;
– les hémocultures sont systématiques.
Les symptômes (choc toxique et scarlatine) sont
Phase d’incubation : 3 à 5 jours. liés à la sécrétion d’exotoxines par la bactérie
Phase d’invasion (< 48 heures) : jouant le rôle de superantigènes (11 ont été
– fièvre élevée, dysphagie, douleurs abdominales décrites). La toxine SpeA serait particulièrement
et vomissements ; en cause mais de manière non exclusive. Rôle
– amygdales hypertrophiées et langue saburrale, également majeur des antigènes HLA de classe II
parfois déjà dépapillée (pointe et bords). dans la susceptibilité à l’action de ces
Phase diagnostique : superantigènes (importance du couple hôte-
– exanthème à type d’éruption érythémateuse bactérie dans les formes sévères).
(granité à la palpation) débutant aux plis de
flexion puis extensive en une seule poussée,
diffuse sur le tronc, en larges nappes au niveau
R Diagnostic
Test de diagnostic rapide (TDR) effectué par
des membres, respectant les paumes et les plantes. le médecin traitant et/ou mise en culture d’un
Atteinte de la face fréquente, aspect souffleté prélèvement de gorge (mêmes critères que pour
épargnant nez, région péribuccale et menton ; une angine à streptocoque A). Dans certains
– énanthème progressif, langue dépapillée avec contextes rares, évoquant une épidémie, les
V lingual, amygdales très rouges et turgescentes. souches de SGA peuvent être adressées au Centre
Phase post-éruptive : desquamation cutanée national de référence pour typage génomique.
débutant dans la région initiale de l’exanthème,
souvent fine au niveau du tronc et de la face,
en lambeaux ou doigts de gant aux extrémités.
R Traitement
Celui de l’angine streptococcique :

R Formes atténuées
Semblent actuellement les plus fréquentes :
– amoxicilline (pas plus de 6 jours),
– céphalosporines de 2e et 3e génération orales
en cas d’allergie aux pénicillines, sans contre-
– exanthème érythrosique, pâle et fugace, indications aux céphalosporines (Orelox 5 jours), L’auteur déclare n’avoir aucun conflit d’intérêts concernant cet article.
de topographie limitée, suivi d’une – si allergie documentée aux β-lactamines et
desquamation inconstante discrète et fugace ; prélèvement bactériologique avec culture et
– l’énanthème est alors un des signes les plus antibiogramme : traitements courts possibles
évocateurs de la maladie. par macrolides (azithromycine 3 jours ;
D’autres pathologies virales (avant tout MNI) clarithromycine 5 jours ; josamycine 5 jours).
ou d’étiologie plus imprécise (Kawasaki) peuvent Durée d’éviction réduite à 48 heures après
faire évoquer une scarlatine (d’autant qu’un SGA le début de l’antibiothérapie. Cette stratégie
est parfois associé). Le terme « scarlatiniforme » antibiotique a rendu exceptionnelles, en
perd ainsi sa référence au profit d’une description métropole, les complications immunologiques
sémiologique ne préjugeant pas d’une étiologie post-streptococciques (RAA et GNA).
infectieuse obligatoirement streptococcique. Scarlatines sévères : traitement identique à celui

R Formes sévères
Autrefois dénommées scarlatines toxiques
des infections invasives graves à streptocoque A :
prise en charge en réanimation pédiatrique de
l’état de choc et antibiothérapie immédiatement
ou malignes, elles s’intègrent actuellement dans adaptée (β-lactamines + clindamycine) ●
les syndromes de choc toxique streptococcique
(très rares mais plus souvent décrits) : 1. Grimprel E, Bourrillon A. Scarlatine. In: Bourrillon A.
– fièvre élevée avec érythrodermie et hypotension Pédiatrie pour le praticien, 5e éd. Paris: Masson; 2008: 479-81.

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 23 l N° 823 l 2 JUIN 2009

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


311

Strabisme de l’enfant

FICHE PRATIQUE
Par Olivier Roche, service d’ophtalmologie, hôpital Necker-Enfants malades, AP-HP, 75015 Paris.

– Le plus souvent révélé dans l’enfance.

D’après Espinasse-Berrot MA. Rev Prat 2008;58:201-4.


À suspecter si déviation patente des axes
oculaires ou anomalies transitoires dans
la position du regard.
– Nécessite une prise en charge précoce. Fig. 2 – Ésotropie de l’œil gauche : Fig. 3 – Exotropie de l’œil droit :

R Définition
Absence de parallélisme des axes visuels
reflet cornéen gauche temporal. reflet cornéen droit nasal.

entraînant une perte de la vision binoculaire.


Origine non connue. Aucun gène direct localisé.
Pour les strabismes fonctionnels, 3 hypothèses :
– anomalie de la commande cérébrale d’origine Fig. 4 – Hypertropie de l’œil droit : Fig. 5 – Hypotropie de l’œil gauche :
reflet cornéen droit inférieur. reflet cornéen gauche supérieur.
génétique,
– fibrose congénitale ou défaut d’insertion
musculaire, – Reflet dévié en temporal = œil convergent
– trouble de l’accommodation-convergence. (ésotropie) [fig. 2].

R Épidémiologie
– 3 à 4 % de la population, quels que soient
– En nasal = œil divergent (exotropie) [fig. 3].
– Inférieur = œil hypertropique (plus haut) [fig. 4].
– Supérieur = œil hypotrophique (plus bas) [fig. 5].
la forme ou l’âge. Toute déviation doit entraîner une consultation
– Atteint également les deux sexes. spécialisée.
– Si antécédents familiaux, les strabismes Test à l’écran : consiste à masquer un œil
débutent au même âge et sont similaires pendant que l’autre fixe une cible éloignée ou
(dépister précocement les frères et sœurs). proche. L’œil non caché ne doit pas bouger.

R
Quand on lève le cache, il doit rester immobile
Diagnostic et les reflets cornéens centrés et symétriques sur
les pupilles (orthophorie).
Rechercher une déviation
Il dissocie la vision binoculaire et révèle :
Reflets cornéens : une lumière projetée sur – un strabisme latent (déviation provoquée
les 2 cornées (avec une simple lampe électrique) par l’écran, puis restituée spontanément
entraîne des reflets centrés sur les pupilles. lorsqu’il est levé = hétérophorie),
– ou constant (déviation permanente =
hétérotropie).
On peut observer un réflexe de défense
si l’œil caché n’est pas l’œil amblyope ou un
mouvement de l’œil « décaché » si ce dernier
D’après Cheymol J. Rev Prat 2004;54:2013-7.

Écran
Écran Écran est l’œil fixateur qui récupère alors sa fixation.
Les déviations en dedans sont plus fréquentes
que celles en dehors. Celles vers le bas ou vers
le haut sont plus rares.
Mesure des angles de strabisme : effectuée
Écran Écran au test à l’écran, à l’aide de prismes
(1 mm de déviation = 7° d’angle = 14 dioptries).
Les strabismes à grand angle sont plus faciles
à dépister que ceux à petit angle
Fig. 1 – Test à l’écran. À gauche, enfant normal : pas de mouvement.
À droite, enfant strabique convergent : à la mise en place de l’écran, l’œil (microstrabisme), leur prise en charge est plus
libre fait un mouvement de redressement pour reprendre la fixation. rapide et le risque de séquelles moindre.

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 23 l N° 821 l 5 MAI 2009

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


312
FICHE PRATIQUE

Éliminer Corriger l’acuité visuelle

– Une origine organique. Réfraction sous atropine : neutralise au


Responsable d’une rupture de la vision maximum l’accommodation, révèle
binoculaire : cataracte, choriorétinite l’hypermétropie latente, évite d’induire
(toxoplasmose congénitale), tumeur oculaire de fausses mesures réfractives. La puissance
(rétinoblastome)… réfractive mesurée sera exactement celle du
– Une paralysie oculo-motrice. système optique, sans action accommodative.
Pouvant entraîner une position vicieuse Correction optique totale : relâche totalement
compensatrice. la stimulation accommodation-convergence et

R Strabisme fonctionnel
Touche essentiellement l’enfant.
laisse le strabisme sans composante
accommodative. Avec les verres correcteurs,
l’œil sera donc au « repos » physiologique.
La prescription de verres de lunettes vise une
Classification
correction optique totale. Après un mois de port,
Strabismes congénitaux : peu fréquents remesurer l’angle pour savoir quelle est la part
(5 à 10 % des cas). Généralement découverts résiduelle sans l’accommodation, et donc l’angle
vers l’âge de 3 mois. On retrouve parfois réel du strabisme.
une fibrose musculaire relative qui expliquerait
Prévenir l’amblyopie
leur survenue très précoce.
Strabismes accommodatifs Objectif : stimuler l’œil dévié pour alterner
Ils surviennent dans la majorité des cas entre la fixation. L’enfant doit utiliser indifféremment
18 mois et 2 ans, à l’âge où l’accommodation est les deux yeux.
fortement sollicitée (l’enfant est naturellement Plusieurs moyens existent :
hypermétrope et doit accommoder en – caches obturants : portés par l’œil directeur
permanence pour voir nettement en vision (plusieurs heures par jour ou en permanence
de près et de loin). pendant un temps donné) pour stimuler
Les accommodatifs purs disparaissent la vision cérébrale du coté non occlus ;
totalement avec le port de verres correcteurs – secteurs : collés sur les verres de lunettes pour
de l’hypermétropie. Pour les accommodatifs stimuler l’alternance ;
partiels, l’angle diminue mais ne disparaît – filtres Ryser : diminuent l’acuité visuelle d’une
pas complètement après correction, il reste valeur calibrée ;
une petite déviation dite essentielle. – pénalisations visuelles optiques ou
90 % des strabismes sont ésotropiques, médicamenteuses : dans certains cas difficiles
monoculaires et convergents. pendant plusieurs mois, voire années.
Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêts concernant cet article.

La récupération peut être obtenue en quelques


Deux problèmes
mois, la stabilisation peut demander plusieurs
Sensoriel : l’œil dévié est à risque d’amblyopie années. Surveiller la reprise de fixation
avec perte irréversible de la vision binoculaire. régulièrement pour éviter les bascules d’amblyopie.
Chez les enfants, la diplopie disparaît
Corriger l’esthétique
en quelques heures. Le cerveau supprime
une des deux images concurrentielles en la Par la chirurgie, une fois le problème sensoriel
neutralisant. réglé. Le port des lunettes en a nettement
Moteur : la déviation d’origine musculaire induit diminué les indications.
un préjudice esthétique. Pour compenser Classiquement, les ésotropies s’améliorent avec
l’inconfort lié à la diplopie, les patients adoptent l’âge et les exotropies s’aggravent. Donc selon
pendant un temps une position vicieuse de l’angle restant avec les lunettes, deux possibilités :
la tête qui permet de réduire le décalage visuel – l’angle est faible : une ésotropie s’atténue
entre les deux images. avec la croissance, une exotropie se majore ;

R Traitement
Dure en moyenne 2 à 3 ans.
– l’angle est important : nécessite une prise
en charge chirurgicale pour rétablir en partie
le parallélisme des axes visuels.
Nécessite un suivi régulier sous peine de récidive Les enfants, généralement opérés entre 4 et 5 ans,
rapide de l’amblyopie. peuvent parfois récupérer une vision binoculaire. ●

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 23 l N° 821 l 5 MAI 2009

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


700

Syndrome des jambes sans repos


FICHE PRATIQUE

Par Christelle Monaca, service de neurophysiologie clinique, CHRU-hôpital Roger-Salengro, 59037 Lille Cedex.
c-monaca@chru-lille.fr

– 8,5 % de la population ; En France, 2 agonistes dopaminergiques ont


– 2 fois plus fréquent chez la femme (vs l’homme) ; l’AMM : le ropinirole (Adartrel) et le pramipexole
– sa prévalence augmente avec l’âge. (Sifrol). Seul le premier est remboursé si le

R Un diagnostic en 4 critères
1. Nécessité intense et irrésistible de bouger
syndrome est sévère (selon l’échelle spécifique)
et si l’initiation est faite par un neurologue
ou un médecin exerçant dans un centre
les jambes, avec sensations désagréables ou de sommeil.
étranges au niveau des membres inférieurs. Principale différence : leur demi-vie
Troubles sensitifs très variables d’une personne d’élimination (6 h pour le ropinirole ;
à l’autre : paresthésies, brûlures, électricité… 8 à 12 h pour le pramipexole). Le choix sera
2. Incapacité à rester en place. fonction de la durée des symptômes (le soir
3. Aggravation des symptômes au repos et/ou dans la nuit).
et soulagement lors d’une activité motrice. Augmenter progressivement la posologie afin
4. Augmentation de leur sévérité le soir ou la nuit. d’éviter les effets secondaires (digestifs) mais
Parfois troubles du sommeil et notamment aussi pour trouver la dose minimale efficace.
difficultés d’endormissement le soir et/ou Ropinirole : commencer avec 0,25 mg/j
réveils nocturnes prolongés. pendant 2 jours, puis 0,5 mg/j pendant 5 jours,

R Chercher une étiologie


Causes ou facteurs aggravants :
puis augmenter par paliers de 0,5 mg toutes
les semaines jusqu’à un maximum de 4 mg/j.
Pramipexole : les paliers sont de 0,09 mg toutes
– carence martiale ; les semaines jusqu’à un maximum de 0,54 mg/j.
– certains traitements tels les neuroleptiques, Prendre le traitement au minimum 1 heure
les antidépresseurs (IRS, tricycliques…) ; avant l’heure d’apparition des symptômes.
– grossesse, notamment au 3e trimestre ; Si les symptômes réapparaissent ou
– insuffisance rénale ; polyarthrite rhumatoïde ; s’aggravent sous traitement, ne pas augmenter
diabète ; Parkinson, neuropathies, myélopathies… les doses au-delà d’une certaine limite

L’auteur déclare participer ou avoir participé à des interventions ponctuelles pour GSK.
Il est souvent idiopathique : on retrouve alors (4 mg pour Ardratel et 0,54 mg/j pour Sifrol)
des antécédents familiaux, suggérant une origine car risque non négligeable de syndrome
génétique. d’augmentation : réapparition ou aggravation

R Évaluer la sévérité
Chercher un retentissement dans la vie
des symptômes sous dopaminergique. Ils sont
alors plus étendus ou plus précoces dans la
journée. Un avis spécialisé est nécessaire.
quotidienne : difficulté ou impossibilité à assister Si les dopaminergiques sont contre-indiqués,
à une soirée, à un repas prolongé, à un spectacle. non tolérés ou inefficaces, les alternatives
Estimer la difficulté d’endormissement du fait de (hors AMM) sont : les benzodiazépines
l’impossibilité à rester au repos. (le clonazépam est efficace mais à doses
Outil spécifique : un autoquestionnaire avec progressivement croissante du fait d’un
un score sur 40 : échappement thérapeutique) ; certains
– < 10, le SJSR est considéré comme léger ; antiépileptiques (notamment la gabapentine,
– entre 11 et 20, le SJSR est modéré ; surtout si neuropathie diabétique associée) ;
– entre 21 et 30, il est sévère. les dérivés codéinés et les morphiniques
si forme très sévère ou en cas de syndrome

R
– ≥ 31, il est très sévère.
d’augmentation. ●
Traitement
Avant tout, traiter la cause si possible. Si cela RÉFÉRENCE
est insuffisant ou impossible, et en cas de SJSR 1. Oertel WH, Trenkwalder C, Zucconi M, et al. State
of the art in restless legs syndrome therapy: practice
idiopathique, prescrire un traitement spécifique recommendations for treating restless legs syndrome.
(améliore la qualité de vie).1 Mov disord 2007;22(Suppl 18):S466-75.

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 23 l N° 829 l 10 NOVEMBRE 2009

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


991

Syndrome du canal carpien (SCC)

FICHE PRATIQUE
Par Françoise Bouhour, Christophe Vial, service de neurologie, hôpital neurologique, 69394 Lyon Cedex 3.
francoise.bouhour@chu-lyon.fr

Atteinte tronculaire nerveuse la plus fréquente,


le syndrome du canal carpien est la compression
du nerf médian lors de son passage sous
le ligament transverse du carpe. L’atteinte est
bilatérale dans 50 % des cas, et une origine
professionnelle doit être recherchée.

Nerf radial
► Clinique Nerf médian
L’acroparesthésie (engourdissement, picotements)
Nerf ulnaire
est précoce, à recrudescence nocturne, réveillant
le patient en deuxième partie de nuit.
Au fil de l’évolution, ces troubles apparaissent
en cours de journée dans certaines positions
(conduite automobile, tenue d’un livre ou d’un
combiné téléphonique, flexion prolongée du
[ Fig. 1 – Territoires sensitifs de la main.
http://www-sante.ujf-grenoble.fr/sante/corpus/disciplines/
chirmain/chirmain_et_brules/201g/image2.gif (Pr E. Moutet) [
poignet…).
Les plaintes sensitives prédominent sur ténosynovite dégénérative des tendons des
les 3 doigts médians mais peuvent déborder fléchisseurs des doigts, probablement favorisée
ce territoire, la douleur irradiant de façon par les mouvements de flexion-extension répétés
ascendante vers le coude. On note parfois une du poignet.
maladresse gestuelle et des troubles vasomoteurs. Cependant, certaines causes doivent être
L’examen clinique, le plus souvent normal,1 révèle recherchées : hypothyroïdie ; diabète ; activités
dans les formes modérées à sévères : physiques et/ou professionnelles pouvant
– une hypo-esthésie pulpaire dans le territoire orienter vers une maladie professionnelle ;
du médian (fig. 1) ; cal osseux post-fracturaire et/ou kyste synovial.
– une hypotonie puis une amyotrophie des Un contexte particulier peut être retrouvé :
muscles thénariens (tardive) ; hémodialyse ; polyarthrite rhumatoïde (plus
– des paresthésies provoquées par la percussion rarement sclérodermie) ; arthrose (la rhizarthrose
du médian au poignet (signe de Tinel) ou du pouce est présente dans 50 % des cas) ;
par la flexion complète du poignet maintenue neuropathie sous-jacente (héréditaire,
1 minute (signe de Phalen). Ces tests sont peu diabétique, amyloïde…) ; grossesse et
spécifiques (positifs chez 40 % des sujets post-partum immédiat (formes sévères avec
sans SCC). paresthésies permanentes, trouble sensitif
déficitaire et atteinte motrice précoce dont
► Causes la récupération est complète sous traitement
Le SCC est idiopathique dans la plupart des cas. médical en 6 à 18 mois).
Le canal carpien est un espace clos et inextensible ;
la réduction de son diamètre est due à une ► Examens complémentaires
L’examen électroneuromyographique (ENMG)2
permet le diagnostic dans 90 % des cas ; cette
Diagnostic différentiel exploration précise le site de la compression
L’examen clinique et l’ENMG permettent d’écarter : du nerf et en apprécie la sévérité, paramètre
– une radiculopathie C6 et C8/T1 ; indispensable à la décision thérapeutique (fig. 2).
– une atteinte plexique ou un syndrome du défilé De nombreuses techniques sont proposées, de
thoracique ;
– une atteinte tronculaire plus haute du nerf médian sensibilité et de faisabilité différentes. À retenir :
au coude (rare). – les conductions sensitives sont plus sensibles
que les conductions motrices ;

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 22 l N° 811/812 l 15 DÉCEMBRE 2008

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


992

► Traitements médicaux
FICHE PRATIQUE

Étude de la conduction motrice Dans les formes mineures, l’abstention


Stim poignet thérapeutique associée à l’arrêt de l’activité causale
doit être proposée. L’orthèse maintenant la main
en position neutre durant la nuit est conseillée
pendant 4 à 6 semaines.
Les traitements anti-inflammatoires stéroïdiens
LDM
ou non sont habituellement inefficaces.
Étude de la conduction sensitive (transcanalaire) Dans les formes modérées, l’infiltration
Stim poignet intracanalaire de corticoïdes est une thérapeutique
de choix permettant de surseoir dans un premier
Amplitude PAS temps à la chirurgie (70 % de résultats positifs).
Cependant, l’amélioration est transitoire.
Habituellement, seules 2 infiltrations sont tolérées,
et ces dernières ne peuvent être proposées qu’en
Stim paume
Vitesse de conduction sensitive l’absence de neuropathie sous-jacente notamment
diabétique.

► Traitements chirurgicaux
La section du ligament transverse du carpe
est un geste réalisé en ambulatoire sous anesthésie
locorégionale, à ciel ouvert ou par voie
Fig. 2 – E xploration ENMG du syndrome endoscopique.
du canal carpien. Dans les formes sévères se caractérisant sur
Si la latence distale motrice (LDM) et/ou la vitesse
de conduction sensitive est ralentie, il s’agit d’une atteinte le plan électrophysiologique par une
myélinique dont le traitement est médical. dégénérescence axonale sensitive, a fortiori
Si l’amplitude du potentiel d’action sensitif (PAS) est motrice, elle est proposée d’emblée. La chirurgie
diminuée, il s’agit d’une atteinte axonale secondaire dont
le traitement est chirurgical. à ciel ouvert est la technique de choix permettant
un contrôle de visu de la neurolyse, la voie
endoscopique étant réservée aux formes mineures
– les conductions sensitives transcanalaires sur ou modérées (mais ce choix reste une affaire
court segment ou les comparaisons des latences d’école et dépend de l’expérience du chirurgien).
sensitives médian/ulnaire sont plus sensibles que Les complications postopératoires sont rares
celles sur long segment ; (moins de 1 %) : section incomplète du ligament
– l’examen myographique à l’aiguille est surtout transverse avec persistance des signes cliniques ou
intéressant dans le diagnostic différentiel lacération du nerf médian. ●
(radiculopathie).
L’échographie3, 4 permet d’apprécier l’aspect RÉFÉRENCES
du nerf et du ligament transverse du carpe et les 1. Bouche P. Neuropathies périphériques.
Les mononeuropathies, partie 1: membre supérieur.
dimensions du canal carpien ; sa sensibilité (67 %)
Coll. Traité de neurologie. Paris: Doin; 2006: 67-91.
et sa spécificité (97 %) sont comparables à celles
2. American association of electrodiagnostic medicine.
de l’ENMG. Elle n’apporte pas d’argument Guidelines in electrodiagnostic medicine. Practice
fonctionnel pour guider le traitement. parameter for electrodiagnostic studies in carpal tunnel
syndrome. Muscle Nerve 1999;8(suppl):S141-67.
L’IRM a été étudiée dans des formes douteuses
3. Wong SM, Griffith JF, Hui AC, Tang A, Wong KS.
sur le plan électrophysiologique ou récidivantes
Discriminatory sonographic criteria for the diagnosis of
après chirurgie, et dans des formes post- carpal tunnel syndrome. Arthritis Rheum 2002;46:1914-21.
traumatiques ou supposées tumorales ou 4. Nakamichi K, Tachibana S. Ultrasonographic
malformatives. measurement of median nerve cross-sectionnal area in
idiopathic carpal tunnel syndrome: diagnostic accuracy.
Muscle Nerve 2002;26:798-803.
► Test thérapeutique
Dans de rares cas, seule l’infiltration locale
d’anti-inflammatoires permet d’établir le Les auteurs déclarent n’avoir aucun
conflit d’intérêts concernant cet article.
diagnostic.

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 22 l N° 811/812 l 15 DÉCEMBRE 2008

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


591

FICHE PRATIQUE

Taches chez le sujet âgé


Fréquentes mais volontiers négligées, leur diagnostic est souvent tardif :
peu de préoccupations esthétiques, perte d’autonomie,1 aspect initial trompeur…

Nesrine Brahimi, Ève Maubec, service de dermatologie, Carcinome épidermoïde in situ (maladie de Bowen)
hôpital Bichat-Claude-Bernard, 75877 Paris Cedex 18. Lésion érythémateuse bien limitée, squameuse, parfois croû-
nesrine.brahimi@bch.aphp.fr teuse, de taille variable, siégeant principalement sur les zones
photo-exposées (fig. 3). Survient souvent sur une kératose acti-
Quand faut-il s’inquiéter ? nique.
Prolifération tumorale limitée au sein de l’épiderme à ce
Mélanome de Dubreuilh stade. Mais peut évoluer vers un carcinome épidermoïde
Macules brunâtres siégeant sur les zones photo-exposées
(surtout tête et cou, avec une nette prédilection pour les joues),
apparaissant généralement après 60 ans, sur une peau acti-
nique. Touche plus souvent la femme.
La coloration souvent inhomogène (zones noires, rosées, rou-
geâtres, bleutées ou même blanches en cas de phénomène de
régression) et les bords irréguliers sont caractéristiques (fig. 1).
La taille est variable.
Aspect initial peu inquiétant, évolution lente sur plusieurs
années, reste en général longtemps in situ avant de devenir
invasif.
– 4 à 10 % des cas de mélanomes. Fig. 1 – Mélanome de Dubreuilh.
– Facteur de risque essentiel : l’exposition au soleil, en parti-
culier chronique.
– Pronostic : identique à celui des autres types de mélanome.1
– Diagnostic différentiel : tache actinique et verrue sébor-
rhéique débutante.

Carcinome basocellulaire superficiel


Plaque ovalaire érythémateuse télangiectasique à peine visible
recouverte de croûtelles, avec une bordure nette, perlée (fig. 2).
Peut être pigmentée. Touche généralement les sujets âgés à Fig. 2 – Carcinome basocellulaire superficiel.
peau claire ayant été exposés au soleil.
Apparaît de novo, sans lésion préexistante et siège surtout sur
le tronc. Potentiel invasif local, sans risque de métastases.
– Le plus fréquent des cancers en général (15 à 20 % des can-
cers).
– Son aspect anodin (au début) et son caractère indolore font
consulter tardivement : plus de la moitié des tumeurs obser-
vées sont supérieures à 1 cm.
– Risque de récidive après traitement chirurgical d’un premier
carcinome : environ 5 %.2, 3
– Diagnostic différentiel : mélanome achromique et autres Fig. 3 – Carcinome épidermoïde in situ.
carcinomes cutanés.

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 23 l N° 827 l 13 OCTOBRE 2009

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


592

Taches chez le sujet âgé

cutané invasif (il existe donc un continuum entre kératose Comment dépister et surveiller ?
actinique, carcinome épidermoïde in situ et carcinome épi- La prévalence élevée des cancers cutanés chez le sujet âgé jus-
dermoïde invasif).3 Risque accru chez les immunodéprimés. tifie une prévention et une éducation du personnel soignant
et du patient.
La prévention repose avant tout sur le traitement des lésions
À retenir précancéreuses et les mesures de protection solaire.
• Une tache pigmentée est atypique si elle a au moins Un dépistage précoce facilite la chirurgie, le suivi, et améliore
deux des critères cliniques selon la règle ABCDE : le pronostic ultérieur.
A : asymétrie ; B : bordure irrégulière ; C : hétérogénéité Un examen régulier est nécessaire : sur tout le tégument, dans
de la couleur ; D : diamètre supérieur à 5 mm de bonnes conditions d’éclairage, afin de diagnostiquer et
et E : évolution dans le temps. traiter au plus tôt des lésions de petite taille.4,5
• Une lésion pigmentée différente des autres chez un Informer, enseigner l’autosurveillance et réagir devant une
même individu est suspecte (« vilain petit canard »). anomalie est impératif pour détecter une deuxième lésion
• Prurit, douleurs, picotements, saignement spontané
cancéreuse et les récidives. ●
ou secondaire à un traumatisme minime font suspecter RÉFÉRENCES
une transformation.
1. Ollivaud L, Basset-Seguin N, Archimbaud A. Mélanome de Dubreuilh. Ann
• Une lésion chronique, douteuse, résistante aux Dermatol Venereol 2001;128:172-6.
thérapeutiques classiques doit faire pratiquer une 2. Nseir A, Estève E. Basal cell carcinoma. Presse Med 2008; 37:1466-73.
biopsie pour confirmer le diagnostic.
3. Fontaine J, Mielczarek S, Meaume S, Senet P. Fréquence des cancers
• L’exérèse chirurgicale avec examen histologique est cutanés non diagnostiqués en hôpital gériatrique. Ann Dermatol Venereol
la conduite à tenir de première ligne dans toutes ces 2008;135:651-5.
formes. 4. Coulomb A. Anaes. Recommandations pour la pratique clinique. Carcinome
• En cas de tumeur cutanée, une surveillance clinique basocellulaire. Ann Dermatol Venereol 2004;131(6-7 Pt 2):661-756.
dermatologique au moins annuelle est recommandée du 5. HAS. Stratégie de diagnostic précoce du mélanome. Octobre 2006.
fait du risque de récidive et du risque élevé de deuxième
tumeur cutanée. L’auteur déclare n’avoir aucun conflit d’intérêts concernant cet article.
I OUI, je commande l’édition 2009/2010 du Trombinoscope de la Santé

Organisme......................................................................
Nom ......................................Prénom ............................

Adresse ..........................................................................

Code postal...........................Ville ..................................

Pays ................................................................................

Tél.........................................Fax ...................................

E-mail.............................................................................
Le Trombinoscope de la Santé
A retourner au : TROMBINOSCOPE - Huveaux Politique - 114, avenue Charles-de-Gaulle,

au prix unitaire de 70 € HT soit 88,72 € TTC (TVA 19,6 % port inclus)

K Mlle
K Mme

Tout connaître des principaux acteurs


BON DE COMMANDE

du système de santé en France


K M.

Découvrez les photos, biographies


(3 derniers chiffres
K Chèque K Mandat K Carte bancaire Visa/Mastercard
Je joins mon réglement à l’ordre du Trombinoscope par :

figurant au dos
de votre carte

et coordonnées des 600 décideurs au sein :


exemplaire(s)

bancaire)

§ du Ministère de la Santé (Cabinet, Administration centrale)


92200 Neuilly-sur-Seine - Fax : 01 55 62 68 76

§ de la Présidence de la République et des autres ministères


§ du Parlement, des partis politiques et des syndicats
CW :

K Bon de commande administratif


(paru en oct. 2009) ................

§ des agences et établissements publics nationaux


les organismes et collectivités

§ de l’assurance maladie
et procédure habituelle pour

(régime obligatoire et régime complémentaire)


Signature obligatoire :

§ des instituts de Recherche

§ des principales instances professionnelles nationales

§ des instances régionales et départementales




Validité :

(ARS, Drass, Ddass, ARH, URCAM, URML, ORS)

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


789

FICHE PRATIQUE
TMS en psychiatrie
Par André Galinowski, SHU, hôpital Sainte-Anne, 75014 Paris. a.galinowski@ch-sainte-anne.fr

La stimulation magnétique transcrânienne ou


TMS (Transcranial Magnetic Stimulation) consiste
à diriger, à l’aide d’une bobine posée sur le scalp,
un champ magnétique sur une région précise
du cortex.
Ce champ déclenche un potentiel d’action qui,
par voie transsynaptique, active de façon non
invasive et sans douleur des réseaux de neurones
parfois très éloignés de la cible corticale.
Cet effet peut être thérapeutique.
Deux indications : les formes résistantes
de dépression et les hallucinations verbales
persistantes chez les schizophrènes.

R Dépression
Efficacité significative, bien que parfois
Dispositif de rTMS.

modeste, lorsqu’elle est appliquée au niveau du à haute fréquence relance l’activité corticale.
cortex dorsolatéral préfrontal.1 Le sujet est assis, Le cortex à son tour stimule le système
sans bouger la tête (figure). Tous les objets limbique sous-cortical, déterminant pour la vie
métalliques à proximité de la bobine (bijoux émotionnelle.
par exemple) sont enlevés. – La plus grande étude contrôlée vs placebo
confirme son efficacité chez 301 patients :
En pratique : à 6 semaines, 14 % des malades sont en
– déterminer d’abord le seuil moteur de chaque rémission comparativement à 5 % sous rTMS
sujet en déclenchant par une impulsion placebo.2 Résultat modeste mais significatif,
magnétique unique un potentiel évoqué moteur au prix d’une stimulation plus prolongée.
(PEM) controlatéral, généralement au niveau – Inversement, administrée à basse fréquence
du muscle court abducteur du pouce ; au niveau de l’hémisphère droit, elle inhibe
– ce seuil est le niveau d’énergie (défini une activité corticale trop élevée
en pourcentage de la capacité maximale de (comparativement à celle de l’hémisphère
la machine) nécessaire pour déclencher 5 PEM gauche).
sur 10 tentatives. Il permet de contrôler le risque Effets secondaires, outre les exceptionnelles
d’épilepsie chez un sujet prédisposé en cas de crises comitiales : céphalées transitoires
stimulation à haute fréquence (et forte énergie). ou cervicalgies dues à la position du patient.
Certains proposent des tampons auditifs en
Contre-indications : raison du bruit qu’émet la bobine à proximité
– pacemakers et autres dispositifs métalliques de l’oreille (aucune lésion auditive rapportée).
implantés, en particulier dans la région de la tête Localiser le point de stimulation par
et du cou (implants cochléaires) ; neuronavigation (IRM préalable et appareillage
– antécédents d’épilepsie (CI relative). coûteux) ? Pour l’instant, la supériorité
des stimulations ciblées n’est pas établie,
Mode d’action : le champ magnétique restant probablement
– Au niveau de l’hémisphère gauche, hypoactif trop large pour apprécier l’effet d’une
en cas de dépression, la rTMS (ou TMS répétée) localisation fine.3

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 23 l N° 831 l 8 DÉCEMBRE 2009

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


790

R
FICHE PRATIQUE

rTMS ou sismothérapie Perspectives


dans les dépressions Amélioration de l’efficacité par exemple avec
sévères ? des bobines permettant une pénétration plus
profonde du champ magnétique, en faisant
Un groupe de patients souffrant de dépression
précéder la stimulation à 1 Hz par une séquence
résistante ou psychotique traités par un
nombre illimité d’électronarcoses a été à fréquence plus élevée (priming, encore
comparé à un autre recevant 20 séances expérimental) et en recourant à des rythmes
de rTMS (préfrontale gauche, 10 Hz).4 ultrarapides intégrés dans la fréquence de base
La rTMS apparaît équivalente aux (theta bursts).
électronarcoses chez les patients souffrant
Administration selon le rythme alpha
de dépression résistante non psychotique et
inférieure chez ceux ayant des caractéristiques de chaque patient à l’EEG ou « alpha TMS »
psychotiques. pour amplifier et resynchroniser l’électrogenèse
La rTMS, avec les paramètres de stimulation préfrontale. Car le rythme alpha frontal et sa
actuels n’est pas une alternative à la cohérence sont réduits dans la schizophrénie,
sismothérapie dans les formes les plus sévères
en corrélation inverse avec les symptômes
de dépression, comme la mélancolie.
négatifs.
D’autres bandes de fréquence pourraient ainsi

R Schizophrénie
être resynchronisées.5

Efficacité non clairement démontrée dans


les formes négatives, caractérisées par le retrait
et l’inhibition.
R Conclusion
La rTMS, qui permet d’induire ou de modifier
A sa place dans les formes positives en cas la perception de phénomènes complexes
d’hallucinations auditives (50 % des comme la douleur ou la vision ainsi que
schizophrènes) et résistantes aux de comportements comme la parole ou la
antipsychotiques (25 %). motricité, est utilisée pour traiter la dépression
– Vise à réduire l’activité de la région temporale et les hallucinations résistantes.
(car lobe temporal et plus précisément aire Avec l’optimisation des paramètres de
de Wernicke sont en cause) avec des stimulations stimulation, on espère d’autres indications. ●
à basse fréquence (1 Hz).
– Cible repérée anatomiquement (par neuro- RÉFÉRENCES
navigation : pas d’intérêt).
1. Herrmann LL, Ebmeier KP. Factors modifying the efficacy
– Nombre limité de séances (10 ou moins selon of transcranial magnetic stimulation in the treatment of
les études) réalisées dans les mêmes conditions depression: a review. J Clin Psychiatry 2006;67:1870-6.
que pour la dépression. 2. O’Reardon JP, Solvason HB, Janicak PG, et al. Efficacy and
Diminution d’intensité ou disparition safety of transcranial magnetic stimulation in the acute
des hallucinations. treatment of major depression: a multisite randomized
controlled trial. Biol Psychiatry 2007;62: 208-16.
– Relais par un médicament psychotrope,
3. Herwig U, Satrapi P, Schönfeldt-Lecuona C. Using the
car effet transitoire (quelques semaines).
international 10-20 EEG system for positioning of transcranial
– Sur 15 études (dont 13 contrôlées), 10 sont magnetic stimulation. Brain Topogr 2003;16:95-9.
positives dans cette indication.
4. Grunhaus L, Shreiber S, Dolberg O, Polak D, Dannon PN.

R
A randomized controlled comparison of electro-convulsive
therapy and repetitive transcranial magnetic stimulation in
Autres troubles severe and resistant nonpsychotic major depression.
psychiatriques Biol Psychiatry 2003;53:324-31.

Pas d’efficacité dans les troubles anxieux 5. Hoffman RE, Stanford A. TMS clinical trials involving
patients with schizophrenia. Oxford: Oxford University Press;
(notamment les TOC et le syndrome de stress
2008: 671-84.
post-traumatique) et la manie.
Préconisée dans la fibromyalgie et dans les
douleurs neurologiques. Utilisée pour identifier
les zones du cortex moteur, qu’elle vient
L’auteur déclare n’avoir aucun conflit d’intérêts
moduler avec un effet antalgique, avant concernant cet article.
implantation chirurgicale d’électrodes corticales.

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 23 l N° 831 l 8 DÉCEMBRE 2009

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


569

Torsion du cordon spermatique

FICHE PRATIQUE
Par Laurent Guy, service d’urologie, CHU, 63003 Clermont-Ferrand. lguy@chu-clermontferrand.fr

R Contexte
Urgence chirurgicale, c’est la plus fréquente des
affections scrotales aiguës du sujet jeune, avec
une incidence de 1 pour 4 000. La torsion intra-
vaginale est la forme clinique la plus répandue,
avec un pic de fréquence entre 12 et 18 ans. Elle
se fait toujours vers l’intérieur et il peut y avoir
TOUS DROITS RESERVES-LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE

plusieurs tours de spire (fig. 1).


En 4 à 6 heures, la fonction germinale est perdue.
La fonction endocrinienne est plus résistante.
L’anomalie morphologique responsable de la
torsion est le plus souvent bilatérale.

R Diagnostic 1,2

– Douleur typiquement scrotale unilatérale,


très intense, à irradiation inguinale ou
lombaire et de survenue brutale, avec parfois
des vomissements réflexes, non diminuée par
la surélévation du testicule.
– Pas de fièvre ni de signes urinaires du bas
appareil.
– Augmentation de volume de la bourse.
À l’examen scrotal (souvent difficile, voire

DR
impossible) : testicule ascensionné, très
douloureux et induré ; abolition du réflexe
crémastérien*. La bourse controlatérale est
[ Fig. 1 – Mécanisme de la torsion du cordon.
[
normale ainsi que les orifices herniaires et
le toucher rectal. – Lors de la torsion supra-vaginale (chez
– Après 48 heures, la douleur est moins le fœtus et le nouveau-né), le testicule est
importante, le scrotum inflammatoire est pratiquement toujours détruit.
le siège d’une hydrocèle et une fébricule est – Les examens complémentaires, inutiles au
possible. Plus tardivement, la nécrose diagnostic, ne doivent pas retarder l’exploration
testiculaire laisse un testicule atrophique chirurgicale.3 En cas de doute, l’écho-doppler
et non fonctionnel ou celui-ci est éliminé peut objectiver la torsion, l’épaississement
par suppuration. et le raccourcissement du cordon, la
– Formes récidivantes : épisodes douloureux dévascularisation du testicule concerné et
régressifs indiquant la fixation des testicules. l’hypervascularisation réactionnelle des tissus
– Une torsion sur testicule ectopique peut péritesticulaires.
simuler une colique néphrétique, une hernie
étranglée ou une appendicite ; le diagnostic
est évoqué sur la vacuité de la bourse.
R Diagnostics différentiels
– Orchiépididymite aiguë : très rare chez
l’enfant, parfois difficile à diagnostiquer chez
l’adulte jeune. Des signes infectieux (fièvre,
* Réflexe crémastérien : légère élévation du testicule homolatéral urines troubles) sont présents.
lors de l’effleurement de la face interne de la cuisse près du scro-
tum ; réflexe habituellement absent lors d’une torsion de testicule
– Torsion des annexes : correspond à la
et conservé dans les autres pathologies. torsion d’hydatide sessile ou pédiculée, résidu

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 22 l N° 803 l 3 JUIN 2008


570 Torsion du cordon spermatique
FICHE PRATIQUE

DR

DR
[ Fig. 2 – Torsion d’hydatide. [ [ Fig. 3 – Torsion du testicule.[ [ Fig. 4 – Torsion du testicule avec nécrose testiculaire.[
embryonnaire situé sur la partie craniale le patient et sa famille (s’il est mineur) du risque
du testicule (fig. 2). La douleur est localisée d’orchidectomie : nul si l’intervention est réalisée
au niveau du pôle supérieur du testicule avec dans les 3 heures, 10 % dans les 6 heures et
TOUS DROITS RESERVES-LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE

parfois perception d’une petite tuméfaction 50 % dans les 10 heures.


indurée. Affection bénigne, confirmée lors – La voie d’abord est scrotale latérale.
de l’exploration chirurgicale. Le testicule est détordu et, en fonction de son
– Orchite ourlienne : douleurs souvent bilatérales aspect, conservé ou enlevé. Le testicule
et il existe souvent une notion de parotidite (peu controlatéral est souvent fixé dans le même
de temps auparavant ou simultanée). temps, ou dans un second temps.
– Hernie étranglée : troubles digestifs au En effet, l’anomalie responsable de la torsion
premier plan. L’examen clinique confirme la est bilatérale.●
hernie non réductible.
– Tumeurs du testicule : rares chez l’enfant, RÉFÉRENCES
exceptionnellement douloureuses. 1. Della Negra E, Martin M, Bernardini S, Bittard H. Les

R Traitement
torsions du cordon spermatique chez l’adulte. Prog Urol
2000;10:265-70.
2. Mongiat-Artus P. Torsion du cordon spermatique et
– Toute douleur scrotale aiguë est a priori une des annexes testiculaires. Ann Urol (Paris) 2004;38:25-34.
torsion du cordon spermatique et doit être 3. Zini L, Mouton D, Leroy X, et al. Faut-il déconseiller
l’échographie scrotale en cas de suspicion de torsion
adressée sans délai à l’urologue pour exploration
du cordon spermatique ? Prog Urol 2003;13:440-4.
chirurgicale.
– La détorsion manuelle, parfois possible au
cours de l’examen clinique, ne dispense pas de L’auteur déclare n’avoir aucun conflit d’intérêts
concernant les données publiées dans cet article.
l’exploration chirurgicale (fig. 3 et 4). Prévenir

DENOMINATION ET COMPOSITION* : PLAVIX 75 mg, comprimé pelliculé, dosé à 97,875 mg de clopidogrel hydrogène sulfate (soit 75 mg de clopidogrel exprimé en base). INDICATIONS : Prévention
des événements liés à l'athérothrombose : Chez les patients souffrant d'un infarctus du myocarde (datant de quelques jours à moins de 35 jours), d'un accident vasculaire cérébral ischémique (datant
de plus de 7 jours et de moins de 6 mois) ou d'une artériopathie oblitérante des membres inférieurs établie. Chez les patients souffrant d’un syndrome coronaire aigu : - Syndrome coronaire aigu sans
sus-décalage du segment ST (angor instable ou infarctus du myocarde sans onde Q), y compris les patients bénéficiant d’une angioplastie avec pose de stent, en association à l’acide acétylsalicylique
(AAS). - Infarctus du myocarde aigu avec sus-décalage du segment ST, en association à l’AAS chez les patients traités médicalement et éligibles à un traitement thrombolytique. POSOLOGIE* : Adulte
et sujet âgé : 1 cp par jour – CTJ : 1,97 euros. - Syndrome coronaire aigu sans sus-décalage du segment ST (angor instable ou infarctus du myocarde sans onde Q) : dose de charge unique de 300 mg
puis 1 cp par jour en association à l'AAS : 75 à 325 mg. Il est recommandé de ne pas dépasser une dose d’AAS de 100 mg/j. La durée optimale du traitement n'a pas été formellement établie. Les données
de l'essai clinique supportent son utilisation jusqu'à 12 mois et le bénéfice maximum a été constaté au 3ème mois. - Infarctus du myocarde aigu avec sus-décalage du segment ST : dose de charge,
associée ou non à un traitement thrombolytique, puis 1 cp par jour en association à l’AAS. Chez les patients de plus de 75 ans : pas de dose de charge. L’association médicamenteuse doit être débutée
le plus tôt possible après le début des symptômes et poursuivie pendant au moins 4 semaines. Le bénéfice de l’association clopidogrel et AAS au-delà de 4 semaines n’a pas été étudié dans ce contexte.
Pas d’expérience chez l’enfant. CONTRE-INDICATIONS : Hypersensibilité à la substance active ou à l’un des excipients du médicament. Insuffisance hépatique sévère. Lésion hémorragique évolutive
telle qu’un ulcère gastroduodénal ou une hémorragie intracrânienne. Allaitement. MISES EN GARDE ET PRÉCAUTIONS D’EMPLOI*. INTERACTIONS*. GROSSESSE ET ALLAITEMENT*.
EFFETS INDÉSIRABLES*. SURDOSAGE*. PROPRIÉTÉS PHARMACOLOGIQUES* : Inhibiteur de l’agrégation plaquettaire à l’exclusion de l’héparine, code ATC : B01AC/04. Liste I.
AMM et Prix : 380 222.0 (EU/1/98/069/005a) : boîte de 30 comprimés pelliculés : 59,06 euros - Remb. Séc. Soc. 65% 347 946.3 (EU/1/98/069/002a) : boîte de 50 comprimés pelliculés – Coll.
TITULAIRE DE L’AUTORISATION DE MISE SUR LE MARCHÉ : SANOFI PHARMA BRISTOL-MYERS SQUIBB SNC- 174, avenue de France- F-75013 Paris, France. Information médicale et Pharmacovigilance
Bristol-Myers Squibb : Tél. (numéro Azur) : 0 810 410 500. Fax : 0 805 405 558. Information médicale et Pharmacovigilance sanofi-aventis france : Tél. : 0 800 394 000. Fax : 01 57 62 06 62.
DATE DE RÉVISION : Juin 2007/V4.
* Pour une information complémentaire, consulter la monographie complète.
361

Toxine botulique en neurologie

FICHE PRATIQUE
Par Marie Vidailhet, service de neurologie, hôpital Pitié-Salpêtrière, APHP, 75651 Paris Cedex 13.

R Contexte
– Utilisée dans le traitement des mouvements
– Spasme hémifacial : pathologie périphérique
liée à une lésion sur le trajet du nerf facial.
anormaux, de la spasticité chez l’adulte et Concerne les muscles de l’hémiface,
l’enfant.1 en particulier l’orbiculaire des paupières,
– Plus récemment : vessies neurologiques, spasmes les muscles de la joue et le peaucier du cou
de l’œsophage et douleurs neuropathiques ipsilatéral. Les clignements incessants gênent
(encore du domaine de la recherche). les patients sur le plan social (ils font de l’œil
– La pratique des injections de toxine botulique à leurs voisins) et dans les activités
(TB) passe par la reconnaissance préalable, quotidiennes (lire, conduire, etc.).
par un médecin spécialisé, de la pathologie Les injections se font dans l’orbiculaire
et des conséquences fonctionnelles que celle-ci des paupières.4
entraîne. – Spasticité des membres inférieurs chez

R Principe thérapeutique
– Neurotoxine sécrétée par le clostridium,
l’enfant, tel que pied équin et contractures
des adducteurs (en particulier dans l’IMC).
Dans les séquelles d’AVC, la TB injectée
elle bloque la jonction neuromusculaire et crée dans les muscles où la spasticité prédomine
temporairement une dénervation « chimique » (membres supérieurs surtout) accroît le
réversible. confort des sujets et lutte contre les douleurs.
– Délai d’action : environ 1 semaine, durée Injections réalisées en neurologie ou
d’action environ 3 mois avec un pic d’efficacité par des rééducateurs (dans un programme
à 1 mois. Effet proportionnel à la dose injectée. de réhabilitation plus vaste).
– Objectif : restaurer une fonction motrice – Utilisée aussi pour la crampe des écrivains,
proche de la normale (déficit moteur contrôlé la dystonie du membre supérieur.
et maîtrisé).
– Une bonne connaissance de l’anatomie ainsi
que des fonctions des différents muscles
R Effets secondaires
– Liés à la diffusion du produit au-delà du
injectés est indispensable. site d’injection (troubles de la déglutition lors
– Les injections peuvent être couplées à des d’injection dans les muscles cervicaux, par
séances de rééducation qui permettent de tirer exemple). Ptosis possible avec larmoiement
le meilleur parti des traitements locaux (TB) ou sécheresse oculaire en cas d’injection
ou généraux (médicamenteux). dans l’orbiculaire des paupières.

R Indications (encadré 1)
– Torticolis spasmodique : dystonie focale,
– La bonne connaissance anatomique,
la maîtrise de la dose, l’espacement des

c’est-à-dire mouvement involontaire de torsion,


1
d’inclinaison, ou d’extension du cou, répétitif Indication de l’AMM
et stéréotypé.2 Muscles les plus souvent mis • Torticolis spasmodique.
en jeu : splénius et sterno-cléido-mastoïdien • Blépharospasme.
controlatéral (couple de torsion permettant • Spasmes hémifaciaux.
la rotation de la tête). • Traitement symptomatique local de la spasticité
des membres supérieurs ou inférieurs chez l’adulte.
– Blépharospasme : dystonie focale touchant
• Traitement de la spasticité (pied équin) chez l’enfant
les paupières (fermeture soutenue, involontaire (infirmité motrice cérébrale).
et répétée des yeux).3 Très handicapante pour Quatre toxines botuliques sur le marché
lire, conduire, regarder la télévision, etc. • Toxine A : Botox (Allergan), Dysport (Ipsen), Xeomin
Les spasmes de l’orbiculaire des paupières (Merz Pharma France).
peuvent également concerner la face inférieure • Toxine B : en cas de résistance secondaire à la toxine A.
(syndrome de Meige).

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 23 l N° 822 l 19 MAI 2009

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


362
FICHE PRATIQUE

Si authentique résistance secondaire à la TB A,


2
Contre-indications la TB B est efficace (indication très ponctuelle).
et précautions d’emploi
• Non recommandée chez les femmes enceintes.
• Contre-indiqué dans la myasthénie.
R Que dire aux patients ?
– Expliquer la pathologie (les muscles mis en
• Pas d’IM chez les patients sous anticoagulants jeu, les mécanismes d’action de la toxine, ses
(injections SC possibles).
• CI relative : utilisation des aminosides.
points forts et ses limites) facilite l’acceptation
du traitement.
– Préciser que c’est un médicament et que
injections au-delà de 3 mois réduisent très son usage en neurologie ou dans les autres
nettement ce risque (réversible). disciplines est totalement indépendant de
– Bien respecter les contre-indications son utilisation en esthétique (beaucoup plus
(encadré 2). connue du grand public).

R Efficacité
– Sur un suivi de 10 ans, 80 % de maintien
R En pratique
– Apport majeur dans les dystonies et
de l’efficacité en cas de blépharospasme ou les hémispasmes faciaux, et important en
d’hémispasmes, et plus de 60 % en cas de neurologie et en rééducation pour les
torticolis spasmodique (car la dystonie spasticités de l’enfant ou dans les séquelles
a tendance à diffuser à d’autres muscles ou post-AVC chez l’adulte.
à s’étendre par contiguïté à la face ou aux – Utilisée dans les hôpitaux ayant un centre
membres supérieurs). expert en neurologie.
– Recul supérieur à 15 ans pour certains patients. – Reste un médicament de la réserve

R Surveillance
– En cas d’injection des muscles cervicaux
hospitalière (délivrance sous contrôle
d’un pharmacien hospitalier) car nécessite
une excellente maîtrise de la pathologie, de
(torticolis spasmodique), risque, minime et l’anatomie et de la physiologie du mouvement
rare, de troubles de la déglutition. Pendant pour obtenir une efficacité satisfaisante, limiter
la première semaine, conseiller de manger les effets secondaires, respecter ou restaurer
des petites bouchées pour éviter l’impression une fonction motrice de qualité.
« d’accrochage » alimentaire (biscotte, – Dans les autres disciplines (ophtalmologie,
morceau de pomme). ORL, rééducation, urologie), les mêmes
– En cas d’injection des muscles périorbitaires, expériences et expertises sont nécessaires. ●
possible ptosis réversible (< 5 % des cas).
– Les résistances secondaires à la présence RÉFÉRENCES
d’anticorps neutralisant antitoxine (perte 1. Simpson DM, Blitzer A, Brashear A, et al. Therapeutics
d’efficacité des injections) sont très rares and Technology Assessment Subcommittee of the American
Academy of Neurology. Assessment: Botulinum neurotoxin
(< 2 %). Des anticorps antitoxine botulique for the treatment of movement disorders (an evidence-based
sont recherchés (pas toujours neutralisants, review): report of the Therapeutics and Technology
ni responsables de la perte d’efficacité). Assessment Subcommittee of the American Academy
of Neurology. Neurology 2008;70:1699-706.
Également en cause : une modification
2. Haussermann P, Marczoch S, Klinger C, Landgrebe M,
de dose, une aggravation de la dystonie. Conrad B, Ceballos-Baumann A. Long-term follow-up of
cervical dystonia patients treated with botulinum toxin A.
Mov Disord 2004;19:303-8.
3. Hsiung GY, Das SK, Ranawaya R, Lafontaine AL,
Suchowersky O. Long-term efficacy of botulinum toxin A
in treatment of various movement disorders over a 10-year
period. Mov Disord 2002;17:1288-93.
4. Jedynak CP, Palfi S, Vidailhet M, Kullmann B. Hemifacial
spasm treated with botulinum toxin. Rev Neurol (Paris)
1993;149:202-6.
Fotolia

L’auteur déclare n’avoir aucun


conflit d’intérêts concernant cet article.
Torticolis spasmodique.

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 23 l N° 822 l 19 MAI 2009

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


821

FICHE PRATIQUE
Traitement interventionnel de la FA
Par Decebal Gabriel Latcu, Nadir Saoudi*,
* Service de cardiologie, centre hospitalier Princesse-Grace, Monaco. dglatcu@yahoo.com

– FA : arythmie soutenue la plus fréquente,


en augmentation (avec le vieillissement), aux Indications de l’ablation
complications parfois graves (AVC, insuffisance
Patients avec FA récurrente symptomatique :
cardiaque) et coûteuses. • après échec d’un traitement anti-arythmique
– Principale thérapeutique curative : l’ablation • surtout si forme paroxystique avec une OG non dilatée
par radiofréquence, bien développée ces • après avoir exclu l’existence des thrombus intracavitaires
• qui acceptent les risques de l’intervention
dernières années.
– But du traitement : prévenir les récidives.

R Qui peut en bénéficier ?


En 1re intention (alternative aux médicaments) :
dans les formes persistantes, récidivantes,
hautement symptomatiques après échec d’au
moins un anti-arythmique associé au traitement
patients ayant une FA récurrente symptomatique dromotrope négatif.
avec une oreillette gauche (OG) peu ou pas – Ces recommandations sont soutenues par
dilatée (recommandation de classe IIa, niveau un consensus (plus récent).2
de preuve C).1 – Contre-indication formelle : un thrombus
En 2e intention dans les algorithmes intra-OG.
thérapeutiques du maintien du rythme sinusal. Dans tous les cas, soigneusement peser
Après échec d’une première molécule, pour les le rapport bénéfices/risques+++
formes paroxystiques symptomatiques résistantes
au traitement anti-arythmique. Alternative
à l’amiodarone après échec d’un anti-arythmique
R Principales techniques
Principe : isoler les veines pulmonaires (VP)
de classe Ic (flécaïnide, propafénone) ou de l’OG, car on y a découvert des gâchettes
du sotalol (classe III) pour les FA idiopathiques (foyers ectopiques) à l’origine de la FA.3
ou chez les hypertendus sans hypertrophie • 1re technique dite « électrophysiologique » :
ventriculaire gauche (HVG). supprimer par radiofréquence les connexions
Si HVG ou insuffisance cardiaque, le traitement électriques entre les VP et l’OG, localisées
en 1re intention reste l’amiodarone, mais à l’aide d’un cathéter circulaire au niveau
l’ablation peut être considérée en 2e intention. de l’ostium des VP (fig. 1).
Enfin, en cas de maladie coronaire, c’est une • 2e technique « anatomique » : encercler
alternative à l’amiodarone après échec du sotalol. les ostia des VP à l’aide d’un guidage électro-
L’ablation par cathéter trouve sa place, y compris anatomique au sein d’une OG virtuelle (fig. 2).

A B

Fig. 1 – Cathéter circulaire à l’ostium Fig. 2 – Cartographie électro-anatomique de l’oreillette gauche (A) fusionnée avec
de la VP : localise les connexions sa reconstruction scanner (B) (encerclement par lésions de radiofréquence des ostia
électriques atrio-veineuses. des veines pulmonaires).

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 23 l N° 832 l 17 DÉCEMBRE 2009

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


822

En plus d’isoler les VP, des lésions linéaires – remodelage inverse de l’OG (diminution
FICHE PRATIQUE

peuvent être créées, notamment dans les FA de sa taille après ablation) ;


persistantes : « ligne du toit », qui va rejoindre les – chez les insuffisants cardiaques : amélioration
ostia des VP supérieures, « isthme mitral », entre de la fonction VG (comme de la taille du VG,
la valve mitrale et l’ostium de la VP inférieure de la capacité d’effort, des symptômes et
gauche, ligne de l’isthme cavo-tricuspidien, de la qualité de vie).
réalisée pour l’ablation du flutter atrial typique. Allègement thérapeutique, avec, à court terme,
Autre approche (ne se focalisant pas sur l’arrêt des anti-arythmiques, et à moyen terme,
la déconnexion des VP) : suppression par en fonction de l’évaluation individuelle du risque
radiofréquence des potentiels anormaux de l’OG, thrombo-embolique, si absence documentée
polyphasiques, à cycles courts, dits « potentiels de récidives, arrêt des anticoagulants.
fragmentés ».
La complexité des formes persistantes fait
que plusieurs de ces techniques peuvent être
R Complications :
informer les patients
utilisées chez le même patient afin de maximiser – Risque de perforation cardiaque avec
les chances de succès.4 Les procédures tamponnade nécessitant drainage, voire
deviennent ainsi plus difficiles, mais d’autres hémostase chirurgicale.
développements techniques, notamment – Sténose des veines pulmonaires (rare).
la robotique, tendent à pallier ces problèmes.5 – Fistule atrio-œsophagienne (rarissime mais
– Toutes ces techniques utilisent la radio- mortelle), accidents thrombo-emboliques
fréquence comme source d’énergie pour (cérébraux, coronariens ou périphériques),
la création des lésions. paralysie phrénique.
– Une alternative : la cryoablation,6 dont le but – Tachycardies atriales fréquentes, le plus
est identique (isolation électrique entre les VP souvent flutters gauches (par conduction
et l’OG). Un ballon gonflé à l’ostium de chacune résiduelle à travers une ligne d’ablation) ;
des veines refroidit intensément le tissu. nécessite une réintervention, parfois difficile.

R Résultats : très variables


Dépendant principalement de la forme
– Complications liées aux voies d’abord (comme
dans toute intervention par cathétérisme).
– Mortalité : 1 pour 1 000 ablations,
(paroxystique, persistante, persistante au long principalement par tamponnade, AVC ou fistule
cours), de l’âge, de la cardiopathie préexistante atrio-œsophagienne (registre mondial récent).8 ●
et de la taille de l’OG (pas de consensus sur
la définition du succès) : RÉFÉRENCES
– dans les formes paroxystiques, taux de succès 1. Fuster V, Rydén LE, Cannom DS, et al. ACC/AHA/ESC
(absence de récidive symptomatique) > 70 % 2006 guidelines for the management of patients with atrial
fibrillation: full text. Europace 2006;8:651-745.
en incluant une 2e procédure (allant jusqu’à 89 % 2. Calkins H, Brugada J, Packer DL, et al. HRS/EHRA/ECAS
dans les centres très expérimentés) ;7 expert consensus statement on catheter and surgical
– pour les formes persistantes, autour de 30 % ablation of atrial fibrillation: recommendations for
personnel, policy, procedures and follow-up. Europace
après une première procédure (50 % si plusieurs). 2007;9:335-79.
Autres résultats importants2 : 3. Haissaguerre M, Jais P, Shah DC, et al. Spontaneous
– amélioration notable de la qualité de vie initiation of atrial fibrillation by ectopic beats originating
in the pulmonary veins. N Engl J Med 1998;339:659-66.
(mais études non contrôlées) ; 4. Saoudi N, Latcu GD, Yaici K, et al. Mécanismes de la
fibrillation auriculaire. Arch Mal Cœur Vaiss 2007;100:1-9.
5. Latcu DG, Ricard P, Zarqane N, et al. Robotic magnetic
L’essentiel navigation for ablation of human arrhythmias: Initial
experience. Arch Cardiovasc Dis 2009;102:419-25.
✔ Excellente thérapeutique, aujourd’hui largement 6. Garan A, Al-Ahmad A, Mihalik T, et al. Cryoablation of the
pratiquée dans des centres surspécialisés, pour des pulmonary veins using a novel balloon catheter. J Interv Card
patients relativement peu âgés, avec des formes Electrophysiol 2006;15:79-81.
paroxystiques, très symptomatiques et après échec 7. Jaïs P, Cauchemez B, Macle L, et al. Catheter ablation versus
des anti-arythmiques. antiarrhythmic drugs for atrial fibrillation: the A4 study.
✔ Peut aussi être utile chez certains patients avec Circulation 2008;118:2498-505.
une forme persistante, notamment si symptômes ou 8. Cappato R, Calkins H, Chen SA, et al. Prevalence and causes
insuffisance cardiaque. of fatal outcome in catheter ablation of atrial fibrillation. J Am
Coll Cardiol 2009;53:1798-803.
✔ Avertir des complications potentielles, des bénéfices
attendus (sur la qualité de vie).
✔ Évaluer soigneusement et individuellement le rapport
Les auteurs déclarent n’avoir aucun
bénéfices-risques. conflit d’intérêts concernant cet article.

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 23 l N° 832 l 17 DÉCEMBRE 2009

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


651

Traiter la douleur

FICHE PRATIQUE
Par François Lecomte, service des urgences-SMUR, Hôtel-Dieu–Cochin, unité Cochin, 75014 Paris.

78 % des Français de plus de 18 ans 1. visage : froncement des sourcils, grimaces,


confrontés à la douleur au cours des deux crispation, mâchoires serrées, visage figé ;
années précédentes. 2. regard : inattentif, fixe, lointain ou suppliant,
Seul 1 sujet sur 2 considère que la douleur pleurs, yeux fermés ;
est bien prise en charge en France.1 3. plaintes orales : « aïe », « ouille », « j’ai mal »,

R Évaluation initiale (fig. 1)


De bons outils sont nécessaires.
gémissements, cris ;
4. corps : retrait ou protection d’une zone,
refus de mobilisation, attitudes figées ;
Personnes communiquantes 5. comportements : agitation ou agressivité,
– les échelles d’auto-évaluation sont privilégiées : agrippement.
échelle numérique (EN), réglette d’échelle Le total est noté sur 5 (traitement si ≥ 2/5).
visuelle analogique (EVA) ou échelle verbale Cette évaluation permet une prise en charge
simplifiée (absente, légère, modérée, importante, appropriée. On peut la répéter après la ou
très importante, insupportable) ; les actions antalgiques adaptées à l’intensité
– la plus utilisée reste l’échelle numérique : douloureuse. Elle n’est pas destinée à comparer
« Donnez-moi un chiffre pour évaluer votre les patients entre eux.
douleur : entre 0 et 10 ; 0 si vous n’avez pas de
douleur du tout et 10 c’est la douleur maximale
imaginable ».
R Traitement (fig. 2)
Ne pas traiter la douleur, c’est : aller
Personnes non communiquantes à l’encontre de l’éthique, augmenter les risques
Dans certains cas, des échelles adaptées peuvent thrombo-emboliques (immobilisation) et
être utilisées, par exemple : le travail cardiaque, induire un surcoût social,
– en pédiatrie2 : échelle des 6 visages ; risquer sa chronicisation (dépression, arrêt de
– en gériatrie3 : échelle Algoplus : travail…).
Non médicamenteux

Description de la douleur
– réassurance verbale/explications ;
Localisation – repos (ex. : transfert en ambulance d’une
Type douleur abdominale) ;
Irradiation(s)
Intensité – position antalgique (attelle, colliers
Signes d’accompagnement cervicaux…) ;
Facteurs déclenchants
Facteurs atténuants
– glaçage (efficacité reconnue dans les
Composante neuropathique entorses ; ex. : Cryopack).
si ≥ 4 critères
(questionnaire DN4) Médicamenteux
– Brûlure
Mécanisme de douleur
– Sensation de froid douloureux Douleurs par excès de nociception : suivre
Douleur « classique » nociceptive
– Décharges électriques
par stimulation d’un récepteur à la douleur les 3 paliers de l’OMS (fig. 2). Pour les
– Fourmillements
(cutané ou viscéral)
ou
– Picotements morphiniques purs, on peut utiliser le sulfate
– Engourdissements
Douleur neuropathique par lésion de morphine (SM) d’action lente (toutes les
– Démangeaisons
de l’appareil de transmission de la douleur 12 h) avec une possibilité de prise de SM
– Hypo-esthésie au tact
ou
(zone douloureuse) d’action rapide (1/6e de la dose des 24 h).
Douleur idiopathique (mécanisme inconnu)
– Hypo-esthésie à la piqûre
(zone douloureuse) Exemple : Moscontin 30 LP, 1 comprimé matin
– Douleur augmentée par et soir avec interdose de Sevredol 10 mg en cas
le frottement
Autres composantes de la douleur de douleurs (au maximum 4 Sevredol 10 par
Émotionnelles (contexte…) jour) ;
Cognitives (éducation, culture…)
Rappel : pour la rotation des opioïdes, utiliser
une molécule de palier 3 (morphinique)
Fig. 1 – Évaluation de la douleur. différente pour réactiver les récepteurs

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 23 l N° 828 l 23 OCTOBRE 2009

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


652
FICHE PRATIQUE

de morphine d’action rapide 5 mg : ActiSkénan


Échelle numérique (EN) de 0 à 10 15 minutes avant un pansement d’escarre).
Sujet ou
communiquant
Échelle visuelle analogique (réglette)
ou
Les douleurs idiopathiques sont traitées par
Échelle verbale simplifiée des antidépresseurs ou des antiépileptiques.

R
1. Évaluation

Sujet non Pédiatrie (ex. EDIN, 6 visages…)


Réévaluation
communiquant Gériatrie (ex. ECPA, Algoplus…) Elle tient compte du temps d’action des
antalgiques utilisés, de leur durée d’action
et bien entendu de leurs effets secondaires.
Immobilisation (attelle, ambulance…) Les mesures correctrices peuvent être :
Non Explications données au patient
médicamenteux Réassurance – une majoration du traitement (si EN > 3) ;
Autres (ex. relaxation, hypnose) – un changement de classe thérapeutique ;
– une adaptation à une nouvelle composante
2. Traitement
de la douleur (neuropathique, répercussion
Palier 1 : non morphiniques
(paracétamol, AINS, aspirine…) psychologique…) ;
EN > 2
ou Palier 2 : morphiniques faibles ± palier 1 – le traitement d’un effet secondaire
Algoplus > 2 Médicamenteux (tramadol, codéine,
ou… dextropropoxyphène…) (ex. : constipation sous morphinique).
Palier 3 : morphiniques purs Quand passer la main ?
En cas de douleur aiguë ou chronique acutisée,
Antidépresseurs (amitriptyline…)
extrêmement intense, le recours à une structure
Durée > 3 mois (chronique) Antiépileptiques (gabapentine…) d’urgence est nécessaire. L’utilisation de
Critères neuropathiques Retentissement psychologique ? morphiniques injectables par titration soulage
3. Réévaluation Douleurs idiopathiques Centre d’étude et de traitement
de la douleur rapidement.
Quand adresser vers un psychiatre,
un psychologue ou un CETD ?
Fig. 2 – Prise en charge de la douleur. Après accord du patient :
– si troubles psychiatriques (anxiété, insomnie,
morphiniques (suivre les correspondances hypocondrie, hystérie, délire) ;
analgésiques des morphiniques). – en cas de syndrome douloureux chronique
Douleurs neuropathiques. La difficulté est (évolution depuis plus de 3 mois),
diagnostique4 et thérapeutique. Les antalgiques de somatisation ;
utilisés pour les douleurs nociceptives ne – pour toute technique psychothérapique non
fonctionnent que partiellement, voire pas du maîtrisée par le médecin traitant (de la relaxation
tout. En conséquence, associer des médicaments à la psychanalyse en passant par l’hypnose).
spécifiques : Ce relais n’est pas synonyme de désengagement
– antiépileptiques comme la gabapentine du médecin traitant mais au contraire d’une prise
(Neurontin) ou la prégabaline (Lyrica) ; en charge pluridisciplinaire. L’auteur déclare n’avoir aucun conflit d’intérêts concernant cet article.
– antidépresseurs comme l’amitriptyline (Laroxyl). Les adresses des CETD sont disponibles sur le site :
Pas de benzodiazépines dans cette indication. http://www.cnrd.fr/article.php3?id_article=444. ●
Les douleurs chroniques bénéficient
de traitements non médicamenteux et
médicamenteux auxquels on peut ajouter une RÉFÉRENCES
prise en charge des conséquences 1. Comité d’organisation des États généraux de la douleur.
États généraux de la douleur. Les Français et la douleur.
psychologiques (anxiété, insomnie, dépression…) Enquête auprès du grand public sur la perception de la prise
et/ou par un centre d’évaluation et de traitement en charge de la douleur en France. Douleurs 2006;7:85-92.
de la douleur (CETD).5 2. Anaes. Évaluation et prise en charge de la douleur aiguë
en ambulatoire chez l’enfant de 1 mois à 15 ans. Mars 2000
Les douleurs liées aux soins peuvent être (dernier accès mars 2009).
anticipées : 3. Anaes. Évaluation et prise en charge thérapeutique
de la douleur chez les personnes âgées ayant des troubles
– communication avec le patient (explications de la communication verbale. Octobre 2000 (dernier accès
du geste et relaxation : fixation de l’attention mars 2009).
du patient sur une pensée différente, agréable) ; 4. Bouhassira D, Attal N, Alchaar H, et al. Comparison
of pain syndromes associated with nervous or somatic lesions
– patch antalgique (ex. : lidocaïne 1 h avant and development of a new neuropathic pain diagnostic.
un vaccin) ; Pain 2005;114:29-36.
5. HAS. Douleur chronique : reconnaître le syndrome
– prescription d’un antalgique systématique douloureux chronique, l’évaluer et orienter le patient.
avant un pansement douloureux (ex. : sulfate Décembre 2008, ww.has-sante.fr (dernier accès 15 mars 2009).

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 23 l N° 828 l 23 OCTOBRE 2009

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


17

Troubles de la posture

FICHE PRATIQUE
Par Yves Rolland, Christine Lafont, service de médecine interne et de gérontologie clinique,
hôpital La Grave-Casselardit ; unité Inserm 558, faculté de médecine de Toulouse. rolland.y@chu-toulouse.fr

À identifier tôt pour en éviter ou en retarder – sert à apprécier l’efficacité des protocoles
les conséquences irréversibles. de rééducation ;
Environ 30 % des sujets de plus de 65 ans, – mais sa pertinence pour prédire la chute est
vivant à domicile, font au moins une chute dans discutée ;
l’année. En institution, l’incidence est encore – sa faible sensibilité en fait un médiocre test
plus élevée : 40 à 70 %. de dépistage du sujet chuteur.
Risque majoré par certaines pathologies comme De même, le test de Tinetti décrit les anomalies
les AVC, le Parkinson ou l’Alzheimer. de la marche et de l’équilibre en cotant 13 tâches
Ces fractures (notamment à la hanche) sont posturales et 9 paramètres de marche ;
un tournant péjoratif dans l’histoire des patients. – mais validation et valeur prédictive non
Récupération fonctionnelle limitée si performances clairement définies ;
motrices et capacités d’équilibration altérées avant – seuil définissant un sujet âgé à haut risque
la fracture. de chute inconnu ;

R Principaux tests
Aucune méthode consensuelle et universelle
– permet surtout d’avoir une description
sémiologique des difficultés posturales et des
troubles de la marche ;
ne permet d’appréhender le risque de chute. – il n’est pas facile à utiliser.
– Importance de l’interrogatoire structuré du Lors du Get up and go test, le patient doit
patient et de son entourage (conditions de la se lever d’une chaise, marcher 3 mètres, faire
chute), de l’examen clinique à la recherche des demi-tour et venir se rasseoir. La cotation peu
symptômes orientant vers une pathologie mais précise de sa forme initiale (de 1 [normal]
aussi de l’analyse de l’environnement. à 5 [gravement anormal]) a conduit à la forme
– Une chute récente chez une personne âgée, chronométrée, le Timed up and go test.2
même en l’absence de lésion, est toujours Non validé comme facteur prédictif de chute.
hautement prédictive de nouvelles chutes. Idem pour le test moteur minimal décrit
La Berg balance scale, une des échelles les plus en 2005, qui contrairement au Tinetti reste
utilisées chez les personnes âgées.1 Le score faisable chez les sujets déments et déjà très
maximal de 56 est obtenu grâce à une cotation dépendants. Il évalue en 20 items coté 0 ou 1,
à 5 niveaux (0 à 4) de 14 situations posturales l’équilibre en décubitus, debout ou à la marche.
statiques et dynamiques différentes (encadré). Le test de station unipodale (on demande au
sujet de tenir en équilibre au moins 5 secondes
sur une jambe) est simple et hautement
14 items de l’échelle prédictif de chute avec blessures chez le sujet
d’équilibre de Berg âgé :3
• Station assise sans soutien dorsal ni accoudoir – car la capacité à maintenir cette station est
• Passage assis-debout un bon témoin des capacités d’équilibration ;
• Passage debout-assis – ce test binaire (capable ou incapable)
• Transfert d’un siège à un autre identifie aisément un sujet à risque élevé
• Station debout sans soutien de chute grave dans l’année.

R
• Station debout, yeux fermés
• Station debout, pieds joints Tests plus complexes
• Station debout « en tandem »
• Station unipodale Le Sensory organisation test ou (plus
• Rotation du tronc spécifique) le Functional reach test utiles
• Ramassage d’un objet au sol en pratique gériatrique sont difficilement
• Tour complet (360°)
• Monter sur un tabouret utilisables en ville.
• Se pencher en avant Le test de stress Wolfson nécessite
un équipement qui le limite aux consultations

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 24 l N° 833 l 15 JANVIER 2010

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE


18
FICHE PRATIQUE

spécialisées de la chute (une charge plus ou


moins lourde déstabilise le sujet vers l’arrière, À retenir
l’examinateur analyse les stratégies
• La recherche d’un trouble postural doit faire
d’équilibration). partie du bilan systématique chez la personne
La posturographie évalue l’instabilité posturale âgée.
statique et dynamique (étude des oscillations • Cela permet d’engager une démarche
étiologique, et des mesures visant à prévenir
du centre de gravité d’un individu à l’aide d’une chutes et fractures.
plateforme de force – peu coûteuse et facile
• En ville, le test de station unipodale, simple,
à utiliser – ou grâce à des capteurs placés sur rapide et fiable, identifie une population
le tronc et un système vidéographique).4 à haut risque de chute avec blessures.
En posturographie statique, on demande
au patient de ne pas bouger dans différentes
conditions d’équilibre plus ou moins simples – permet d’étudier l’équilibre en situation
(pieds 앧 écartés, yeux fermés ou ouverts). de conflits sensoriels de difficulté croissante ;
L’analyse informatique du parcours du centre de – mais matériel plus complexe et plus coûteux,
pression (longueur, surface, variabilité, fréquence réservé à l’exploration fonctionnelle ou à la
d’oscillation) oriente vers une étiologie recherche.
(cérébelleuse, proprioceptive, vestibulaire) ;
– donne des informations chiffrées sur les
performances d’équilibration mais absence
R Peur de tomber
Fréquente et insidieuse, elle doit être
de normes pour les sujets âgés et défaut systématiquement recherchée car elle induit
de standardisation des épreuves… une restriction d’activité très préjudiciable chez
En posturographie dynamique, le support les sujets âgés fragiles ;
est instable, de façon permanente (renseigne – plus de 20 outils permettent de la mesurer ;
sur les performances posturales et stratégies – le plus adapté aux sujets âgés : la version
de stabilisation et de coordination) ou de façon internationale de la Falls-related Efficacy Scale.5
soudaine (étude des délais de réponse). Le questionnaire (« Dans quelle mesure vous
L’Equitest a été proposé pour standardiser sentez-vous exposé à une chute lorsque vous… »)
les modalités de passation ; liste 16 tâches motrices courantes à domicile
ou à l’extérieur cotées de 1 à 4 (« pas du tout »
à « beaucoup »).
En consultation, s’inquiéter d’une perte
TABLEAU TEST MOTEUR MINIMAL de confiance lors de la réalisation d’une tâche
1 (tâche possible) ou 0 (tâche impossible)
motrice précise (prendre une douche, faire les
Tâche Score
courses, se lever d’une chaise, du lit, sortir de
Décubitus Peut se tourner sur le côté
la voiture) plus que de l’expression d’une peur,
Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêts concernant cet article.
Peut s’asseoir au bord de la table d’examen
souvent occultée, notamment par les hommes.
Position assise Absence de rétropulsion du tronc
Peut incliner le tronc en avant Une échelle visuelle analogique peut également
Peut se lever du fauteuil être utilisée. ●
Position debout Possible
Sans aide humaine ou matérielle RÉFÉRENCES
Station bipodale yeux fermés 1. Berg KO, Wood Dauphinee SL, Williams JI, Maki B.
Station unipodale avec appui Measuring balance in the elderly: validation of an
Absence de rétroprojection du centre de gravité instrument. Can J Public Health 1992;83(suppl 2):S7-11.
Réactions d’adaptation posturale 2. Podsiadlo D, Richardson S. The timed « Up & Go »: a test
membres supérieurs avant
}
Réaction parachute membres inférieurs avant
membres inférieurs arrière
of basic functional mobility for frail elderly persons. J Am
Geriatr Soc 1991;39:142-8.
3. Vellas BJ, Wayne SJ, Romero L, Baumgartner RN,
Marche Possible Rubenstein LZ, Garry PJ. One-leg balance is an important
Sans aide humaine ou matérielle predictor of injurious falls in older persons. J Am Geriatr Soc
Déroulement du pied au sol 1997;45:735-8.
Absence de flexum des genoux 4. Allum JH, Adkin AL, Carpenter MG, Held-Ziolkowska M,
Absence de rétroprojection du tronc Honegger F, Pierchala K. Trunk sway measures of postural
Demi-tour harmonieux stability during clinical balance tests: effects of a unilateral
vestibular deficit. Gait Posture 2001;14:227-37.
SCORE TOTAL SUR 20
5.Yardley L, Beyer N, Hauer K, Kempen G, Piot-Ziegler C,
A chuté au cours des 6 derniers mois Todd C. Development and initial validation of the Falls
Efficacy Scale-International (FES-I). Age Ageing 2005;34:
Peut se relever du sol
614-9.

LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 24 l N° 833 l 15 JANVIER 2010

TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE

Vous aimerez peut-être aussi