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 21-240-E-15

Occlusions veineuses rétiniennes


Retinal vein occlusion
A. Pierru, E. Héron, J.-F. Girmens, M. Paques

Les occlusions veineuses rétiniennes se regroupent selon leur topographie en occlusions de la veine centrale,
hémiocclusions veineuses et occlusions de branche veineuse. Les occlusions de la veine centrale de la rétine
et les hémiocclusions veineuses sont associées à l’hypertension artérielle et au glaucome, et surviennent plus
fréquemment chez les hommes, avec une médiane vers 55 ans. Les occlusions de branche veineuse rétinienne
partagent un terrain similaire, mais sans prédominance de sexe et avec un âge médian un peu plus élevé, vers
60 ans. L’association des occlusions veineuses rétiniennes à une anomalie de la coagulation n’est toujours pas
établie. La pathogénie des occlusions veineuses rétiniennes reste obscure, la nature de l’obstacle circulatoire
restant indéterminée. La présentation clinique de la maladie est très variable. Il s’agit le plus souvent d’une
baisse unilatérale de l’acuité visuelle, avec œil blanc et calme. Les formes sévères peuvent survenir brutale-
ment et réduire la vision à une perception lumineuse ; au contraire, certaines formes sont asymptomatiques.
L’évolution de la maladie se déroule en général sur plusieurs mois, elle est souvent entrecoupée d’aggravations
(transitoires ou permanentes). La complication la plus fréquente est l’œdème maculaire, qui peut être lié soit à
une rupture de la barrière hématorétinienne interne de la macula, soit à la diffusion vers la macula d’un œdème
papillaire. La survenue d’une non-perfusion capillaire périphérique étendue est la complication la plus grave,
car porteuse du risque de glaucome néovasculaire. Les séquelles visuelles sont fréquentes et parfois sévères s’il
Mots-clés : existe une ischémie maculaire. Le degré de récupération dépend du délai de recanalisation de la veine et/ou
Occlusion de la veine centrale de la rétine du développement d’une circulation collatérale. L’atteinte du deuxième œil est relativement peu fréquente.
Occlusion de branche veineuse rétinienne Le traitement est uniquement symptomatique. Les inhibiteurs du vascular endothelial growth factor (VEGF)
Occlusion de veine hémisphérique rétinienne et/ou les corticoïdes par voie intravitréenne peuvent améliorer transitoirement la vision, de même que la pho-
Œdème maculaire tocoagulation maculaire, ciblée ou non sur des macroanévrysmes. Les traitements chirurgicaux n’ont pas fait
Ischémie la preuve de leur efficacité.
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Retinal venous occlusions comprise central retinal vein occlusion, hemispheric occlusions, and branch retinal
vein occlusions. Central retinal vein occlusions and hemispheric occlusions occur more frequently in males,
at a median age of 55, and are associated with arterial hypertension and glaucoma. Branch retinal vein
occlusions have a similar risk profile but there is no gender predominance, and the age of onset is slightly
higher (around 60 years). The pathogenesis of retinal venous occlusions remains obscure. The direct cause
of the venous outflow impairment remains unknown. Retinal venous occlusions have not been convincingly
associated with hypercoagulation. The clinical presentation of the disease is variable. In most cases, there is a
unilateral visual loss over days, without pain, but retinal venous occlusions may be also present as an abrupt
and profound loss of vision. On the opposite, retinal vein occlusion may be asymptomatic. The course of the
disease may be chronic, with transient or permanent aggravations. The most severe complication is the onset
of extensive non-perfusion, generating in some cases angiogenic proliferation with a strong risk of neovascular
glaucoma. The most frequent complication is macular edema due to rupture of the blood-retinal barrier, which
Keywords: can originate from the macula itself and/or from the disc. Since the aetiology of retinal vein occlusions disease
Central retinal vein occlusion remains unknown, the treatment is symptomatic. Retinal venous occlusions may resolve either because of
Branch retinal vein occlusion the recanalization of the affected vein, or because of the establishment of an efficient collateral circulation.
Hemispheric occlusion Intravitreal anti-VEGF antibodies or steroids may transiently improve vision, as well as laser photocoagulation,
Macular oedema focused or not on macroaneurysms. There is yet no evidence that surgery can improve the long-term outcome.
Ischemia Visual sequelae are frequent. The fellow eye is infrequently affected.
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Plan ■ Occlusion de la veine centrale de la rétine : présentation


clinique 8
■ Anatomie et physiologie du réseau veineux de la rétine 2 Signes cliniques 8
Anatomie 2 Formes cliniques 8
Physiologie 2 Examens complémentaires 8
Diagnostic différentiel 9
■ Épidémiologie 2 Évolution, complications et surveillance clinique des occlusions
■ Facteurs de risque des occlusions veineuses rétiniennes 4 de la veine centrale de la rétine 9
Occlusion veineuse rétinienne et hypertension artérielle 4 Intégration des différentes formes cliniques dans une nouvelle
Occlusion veineuse rétinienne et glaucome 4 classification 10
Formes familiales d’occlusion veineuse rétinienne 4 Surveillance 10
Thrombophilie 4 Pronostic visuel final 11
Autres facteurs 5 ■ Occlusion de branche veineuse rétinienne 11
Conclusions 5 Clinique 11
■ Occlusion de la veine centrale de la rétine : histoire naturelle 5 Examens complémentaires 11
Cause de la maladie 5 Diagnostic différentiel 11
Phase initiale 6 Évolution, complications et surveillance 11
Œdème maculaire 7
Occlusion capillaire 7
Dilatations veineuses : collatérales et macroanévrysmes 7

EMC - Ophtalmologie 1
Volume 12 > n◦ 3 > juillet 2015
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-0343(15)63300-7
21-240-E-15  Occlusions veineuses rétiniennes

■ Traitements des occlusions veineuses rétiniennes 12 véritables tortillons. L’artère et la veine sont donc mécaniquement
Traitement des complications 12 solidaires à leurs croisements. Chez l’homme, la veine centrale de
Traitement des facteurs de risque 13 la rétine est située en temporal de l’artère centrale. La proximité
Traitement chirurgical des occlusions veineuses rétiniennes 13 de l’artère et de la veine laisse soupçonner l’existence d’une inter-
Traitements médicamenteux autres que stéroïdes 13 férence entre les flux artériel et veineux dans cette zone, mais
Hémodilution 13 ceci n’a pas été clairement démontré. Dans environ 20 % des
■ Conclusion 14 cas, les veines hémisphériques supérieure et inférieure traversent
séparément la lame criblée (Fig. 2). Il existe un rétrécissement phy-
siologique de la lumière de la veine centrale de la rétine à son
passage dans la lame criblée [2] . Au sein du nerf optique, la veine
 Anatomie et physiologie centrale reçoit un certain nombre d’afférences venant de la circu-
lation intraneurale [3] , avant de sortir du nerf optique 1 à 2 cm en
du réseau veineux de la rétine arrière du globe.

Anatomie
Dans le fond d’œil, les veines se distinguent des artères par leur
Physiologie
plus grande largeur et leur aspect plus sombre. Le diamètre moyen Les veines, tout comme les artères, ne sont pas seulement des
des veines à proximité de la papille est de 125 ␮m, celui des artères conduits passifs et ont une certaine capacité de modulation de
étant de l’ordre de 100 ␮m. Les artères croisent fréquemment les leur diamètre. L’histologie objective d’ailleurs la présence de fibres
veines. Dans ces croisements, l’artère est le plus souvent au-dessus musculaires lisses dans leur paroi. Les veines peuvent se dilater
de la veine, et les gaines adventicielles artérielles peuvent être activement, par exemple en cas d’hypoxie chronique (comme
complètement séparées, échanger quelques fibres ou même faire dans certains cas de sténose carotidienne). De plus, le tabagisme
paroi commune [1] (Fig. 1). Ces croisements peuvent former de et le diabète augmentent le diamètre veineux [4] . La vélocité du
flux sanguin au sein de la veine centrale de la rétine est de l’ordre
de 2 à 4 cm/s (Fig. 3). La pression régnant au sein des veines réti-
niennes dépend de plusieurs facteurs : la pression intraoculaire
(PIO), le tonus veineux et la pression veineuse orbitaire. Le flux
veineux est modulé par le cycle cardiaque (Fig. 4). Cette modu-
lation est complexe et résulte principalement de l’intrication de
deux éléments : l’onde de pression systolique transmise à tra-
vers les capillaires et les variations systolodiastoliques de la PIO,
elles-mêmes sous la dépendance des variations du volume choroï-
dien [5] . Les variations de pression intracrânienne pourraient aussi
jouer un rôle dans ces variations.

 Épidémiologie
Les occlusions veineuses rétiniennes (OVR) comprennent les
occlusions de la veine centrale de la rétine (OVCR), les occlusions
Figure 1. Exemple de croisement artérioveineux vu en optique adap- de branche veineuse rétinienne (OBVR) et les hémiocclusions
tative. ou occlusions hémisphériques (OVHR). En pratique clinique, les

Figure 2.
A. La jonction des deux hémiveines se fait avant
la traversée de la lame criblée.
B. Les deux hémiveines centrales restent sépa-
rées lors de la traversée de la lame criblée (flèche).

A B

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Occlusions veineuses rétiniennes  21-240-E-15

A B
Figure 3. Exemple d’examen échodoppler de la tête du nerf optique (A, B) (cliché fourni par O. Berges, Fondation ophtalmologique Rothschild, Paris).

Figure 4.
A. Schématisation de l’effet du cycle cardiaque sur
la circulation veineuse. En systole, l’onde de pres-
sion est transmise à travers les capillaires jusqu’au
confluent des veinules postcapillaires et des veines
principales. Le pic de vélocité des veines princi-
pales, en revanche, a lieu en diastole.
B. Illustration d’un flux veinulaire pulsatile (cercle)
au cours d’une angiographie à la fluorescéine,
Systole Diastole A traduisant l’arrivée de l’ondée systolique dans les
veines principales.

Tableau 1.
Âge moyen de survenue (en années) des occlusions veineuses rétiniennes selon leur type.
Références Occlusions de la veine centrale de la rétine Occlusions de branche veineuse rétinienne Occlusions hémisphériques
[7]
OVCR Study (n = 725) 65
Hayreh et al. [8] (n = 1 090) 61,8 64,6 65,4
Beaumont et al. [9] (n = 405) 59,3 62,4
Weger et al. [10] (n = 294) 67
Paques 2005 a (n = 388) 57 63,5 60,6

OVCR : occlusions de la veine centrale de la rétine.


a
Données personnelles.

OVCR sont plus fréquentes que les OBVR, elles-mêmes étant (Tableau 1) [7–10] . Différentes études ont montré un net déséqui-
plus fréquentes que les OVHR, dans un rapport d’environ 6/3/1. libre en défaveur des hommes dans les OVR, surtout pour les
Un dépistage systématique dans la population générale montre OVCR (Tableau 2) [7, 8, 10–12] . Ce déséquilibre est présent quelle
cependant que les OBVR sont en fait les plus fréquentes mais que soit la tranche d’âge considérée (Fig. 5). Cependant, dans
souvent asymptomatiques. L’incidence annuelle des OVR se situe une méta-analyse plus récente publiée en 2010, le sex-ratio était
autour de deux à trois pour 10 000 sujets [6] , soit en France environ équilibré [13] . Ces données ainsi que certaines données cliniques
10 000 à 20 000 nouveaux cas par an. L’incidence des OVR aug- (cf. infra) suggèrent que les trois types d’OVR ont une pathogénie
mente avec l’âge, avec une médiane observée autour de 60 ans distincte, bien que cela ne soit pas encore clairement établi. Une

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Tableau 2.
Proportion brute d’hommes (%) dans différentes cohortes d’occlusion veineuse rétinienne.
Références Occlusions de la veine centrale de la rétine Occlusions de branche veineuse rétinienne Occlusions hémisphériques
[11]
Mitchell et al. 50 50
OVCR Study [7] 53
Sperduto et al. [12] 53 53 53
Hayreh et al. [8] (n = 1 090) 55,9 49,7 57,7
Paques 2005 a (n = 434) 64 50 77,7
Weger et al. [10] (n = 294) 45,5
a
Données personnelles.

1,0 Figure 5. Évolution du sex-ratio des occlusions


OBVR 1,0 veineuses avec l’âge en données brutes (A) et
OVCR OBVR corrigées (B) par le sex-ratio de la population
0,8
0,8 OVCR
Femmes (%)

aux différents âges. Le sex-ratio des occlusions de


Femmes (%)

0,6 branche veineuse rétinienne (OBVR) est proche


0,6
1/1 de 1, celui des occlusions de la veine centrale de
0,4 0,4 la rétine (OVCR) étant plus proche de 0,5 (soit
2/1 deux hommes pour une femme ; la différence est
0,0 0,0 3/1
statistiquement significative) (données des doc-
teurs Paques, Bouelle, DeClerq et Girmens).
0,0 0,0
30 40 50 60 70 80 90 30 40 50 60 70 80 90
Âge (années) Âge (années)

Tableau 3.
Hypertension artérielle et occlusion veineuse rétinienne : risques relatifs (intervalle de confiance à 95 %).
Références Toutes occlusions Occlusions de la veine Occlusions de branche Occlusions
veineuses rétiniennes centrale de la rétine veineuse rétinienne hémisphériques
Rath et al. [14] 3,9 (2,1–7,2)
Mitchell et al. [11] 2,0 (1,2–3,3)
Sperduto et al. [12] 2,1 (1,5–2,9) 3,3 (2,4–4,6) 2,9 (1,6–5,3)
Wong et al. [15] 2,96 (1,4–6,1)
Weger et al. [10] 2,32 (1,6–3)

OVCR peut en effet se voir chez un sujet de moins de 30 ans, ce qui Occlusion veineuse rétinienne et glaucome
est extrêmement rare pour une OBVR ; l’âge moyen de survenue
et le sex-ratio sont différents (plus jeune et plus d’hommes pour Le glaucome et/ou l’hypertonie oculaire sont retrouvés dans
les OVCR) ; il est exceptionnel qu’un même patient soit atteint respectivement environ 10 et 20 % des OVCR, ce qui est significa-
d’OVCR et d’OBVR. tivement plus fréquent que dans la population générale [9, 12] . De
plus, il faut distinguer le rôle de la PIO de celui de l’excavation
papillaire : une PIO élevée est associée à l’OVCR, mais pas

“ Point fort l’excavation papillaire. En revanche, l’excavation papillaire est


associée à une forme particulière d’OBVR, le site de l’occlusion
étant situé au sein même de l’excavation (Tableau 4) [11, 12, 14] .
• On peut définir l’OBVR comme une OVR survenant en Enfin, certaines formes d’OVCR avec bas débit rétinien (« blanc
périveinulaire ») sont aggravées par une hypertonie oculaire.
amont d’un croisement artérioveineux visible, et l’OVCR
comme celle survenant dans le nerf optique.
• Les OVHR ne sont le plus souvent que des OVCR particu- Formes familiales d’occlusion veineuse
lières du fait de la présence de deux hémiveines centrales.
rétinienne
Dans la littérature, des familles d’OVR regroupant sept sujets
ont été décrites [16] . Notre équipe a recensé depuis 2005, 34 familles
avec deux cas ou plus d’OVR (dont neuf avec trois cas au moins),
 Facteurs de risque des occlusions soit un total de 85 patients, la grande majorité des cas étant des
veineuses rétiniennes OVCR ou des OVHR [17] . Ces cas familiaux se caractérisent par une
bilatéralité fréquente (15,3 % dans notre série) et un âge de surve-
Occlusion veineuse rétinienne nue plus jeune chez les descendants des sujets atteints (possible
phénomène d’anticipation génétique). La transmission semble
et hypertension artérielle dominante (Fig. 6).
Les différentes études épidémiologiques mettent toutes en évi-
dence une association significative à l’hypertension artérielle
(HTA) et au glaucome. L’HTA, retrouvée en moyenne chez 50 à
Thrombophilie
60 % des patients, est le principal facteur de risque d’OVR, toutes Plus d’une centaine d’études ont tenté de déterminer
formes confondues (Tableau 3) [10–12, 14, 15] . l’implication d’un ou plusieurs facteurs de risque thrombotique

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Occlusions veineuses rétiniennes  21-240-E-15

Tableau 4.
Glaucome et occlusion veineuse rétinienne : risques relatifs (intervalle de confiance à 95 %).
Références Toutes occlusions Occlusions de la veine Occlusions de branche Occlusions
veineuses rétiniennes centrale de la rétine veineuse rétinienne hémisphériques
Rath et al. [14] 2,9 (1,4–6)
Mitchell et al. [11] 4,3 (2,1–9,1)
Sperduto et al. [12] 5,4 (3,5–8,5) 2,5 (1,5–4,2) 4,6 (2,3–9,5)

Diabète
S’il n’est pas clairement établi que le diabète soit un facteur
de risque d’OVR (Tableau 6), il est en revanche un facteur aggra-
vant ; les formes les plus sévères d’OVR sont observées chez les
diabétiques ; un diabète déséquilibré expose à un fort risque de
glaucome néovasculaire, même en l’absence de rétinopathie dia-
bétique préalable.

Inflammation, tabagisme et autres facteurs


Dans certains cas, l’OVR peut être en rapport avec une maladie
générale, essentiellement les hémopathies. Des OVR sous traite-
ment par interféron alpha [29] ou au cours de l’infection par le
virus de l’immunodéficience humaine (VIH) ont également été
rapportées, sans que la relation de cause à effet soit toujours bien
établie. Le tabagisme et l’obésité ne semblent pas impliqués dans
la pathogénie des OVR.
Des divergences importantes entre études apparaissent pour
l’association à l’hypercholestérolémie, la sédentarité ou encore les
antécédents cardiovasculaires. Le traitement substitutif hormonal
n’a été analysé que dans une seule étude [12] , et aurait plutôt un
effet protecteur. Le rôle éventuel de la pilule anticonceptionnelle
Figure 6. Exemple d’arbre généalogique d’une famille atteinte est mal documenté. Il faut cependant remarquer que la prédomi-
d’occlusion veineuse rétinienne. nance masculine des OVCR laisse supposer qu’il ne s’agit pas d’un
facteur de risque majeur.
Le rôle des apnées du sommeil dans la survenue des OVR
est controversé. Son association fréquente chez les patients pré-
dans la physiopathologie des OVR. Les anomalies de l’hémostase sentant une OVR a été retrouvée dans plusieurs études [30] . Son
retrouvées chez ces patients sont variables, souvent absentes et implication a été supposée depuis peu, probablement car cette
dans l’ensemble ne semblent pas jouer un rôle prépondérant [18] . affection est le plus souvent sous-diagnostiquée. L’hypoxie et
La mutation du facteur V de Leiden est retrouvée chez environ 5 % l’hypercapnie chroniques sont responsables de modifications
des sujets sains et aurait une prévalence moyenne de 8 % chez les hématologiques (augmentation du taux des facteurs de la coa-
patients avec OVR, soit nettement inférieure à celle observée dans gulation, hyperagrégation plaquettaire, diminution de l’activité
la maladie thromboembolique veineuse qui est d’environ 20 %. fibrinolytique, altération de l’endothélium vasculaire) pouvant
Aucune relation entre les OVR et le déficit en protéine C, en anti- favoriser un état d’hypercoagulabilité.
thrombine III, en protéine S, et la mutation G20210A du gène de la Plusieurs études ont suggéré l’existence d’anomalies hémo-
prothrombine (facteur II) n’a été mise en évidence [19, 20] . Plusieurs rhéologiques, principalement une augmentation de la viscosité
études sont en faveur de l’existence d’anomalies de la fibrino- sanguine et plasmatique, chez les patients avec OVR. Il convient
lyse chez les patients avec OVR : élévation des taux d’inhibiteur cependant d’être prudent sur leur interprétation, car il n’y a pas
de l’activateur du plasminogène-1 (PAI-1) et de la lipopro- à l’heure actuelle de test standardisé pour mesurer la viscosité
téine (a) [Lp(a)]. Des études complémentaires sont nécessaires sanguine.
sur ce point. Les relations entre syndrome des antiphospho-
lipides et OVR sont confuses, liées notamment à l’absence
de standardisation des méthodes de mesures des anticorps
Conclusions
antiphospholipides et à la présence fréquente d’anticoagulants Au total, seuls le sexe masculin, l’âge, l’HTA et le glau-
circulant dans la population saine (jusqu’à 10 %). L’association come/hypertonie oculaire peuvent être retenus comme facteurs
est rare, et il n’est pas justifié a priori de la rechercher de risque significatifs et démontrés d’OVCR. Les OBVR sont asso-
systématiquement [21] . ciées à un profil clinique similaire, à la différence près que le sexe
ne semble pas jouer de rôle, et que le glaucome semble moins for-
tement y être associé. Le profil des facteurs de risque des OVR est
Autres facteurs donc très différent de celui de l’athérome, car ni le tabagisme, ni
l’hypercholestérolémie, ni la sédentarité ne sont impliqués.
Homocystéine
Le rôle de l’hyperhomocystéinémie au cours des OVR est
controversé et n’est absolument pas établi (Tableau 5) [10, 22–25] ,  Occlusion de la veine centrale
certaines études retrouvant une association [26] , d’autres niant
celle-ci [27] . Ces divergences sont en grande partie dues à l’absence
de la rétine : histoire naturelle
de prise en compte de la tension artérielle et de l’âge, qui majorent
l’homocystéinémie. Le taux plasmatique d’homocystéine aug-
Cause de la maladie
mente après la phase aiguë des accidents cardiovasculaires et des Les OVCR sont secondaires à une obstruction et/ou à un ralen-
syndromes coronaires. Une étude récente n’a pas mis en évidence tissement du flux veineux au niveau du nerf optique [31] . La nature
cette même relation à la phase aiguë des OVR [28] . et la localisation exacte de cet obstacle ne sont pas connues.

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Tableau 5.
Risque relatif (RR) de survenue d’une occlusion veineuse rétinienne selon l’homocystéinémie plasmatique.
Références Toutes OVR : ratio patients/témoins OVCR : ratio patients/témoins OBVR : ratio patients/témoins
[23]
Boyd et al. 1,07 (ns)
Larsson et al. [24] 0,91 (ns)
Marcucci et al. [25] 1,34
McGimpsey et al. [27] 1,13 (ns) 1,09 (ns) 1,19 (ns)
Chua et al. [22] 1,07 (ns)
Weger et al. [10] 1,15

RR : risque relatif ; ns : non statistiquement significatif ; OVR : occlusion veineuse rétinienne ; OVCR : occlusion de la veine centrale de la rétine ; OBVR : occlusion de
branche veineuse rétinienne.

Tableau 6.
Diabète et occlusion veineuse rétinienne : risques relatifs (intervalle de confiance à 95 %).
Références Toutes occlusions Occlusions de la veine Occlusions de branche
veineuses rétiniennes centrale de la rétine veineuse rétinienne
Sperduto et al. [12] 1,8 (1,1–3,0) 0,9 (0,6–2,4)
Rath et al. [14] 1,8 (0,87–3,69)
Mitchell et al. [11] 1,5 (0,6–3,8)

Certaines études post-mortem rapportent la présence d’un throm-


bus dans la veine centrale en regard de la lame criblée ou
immédiatement en arrière de celle-ci [32] . Il n’est pas exclu que
ce thrombus soit secondaire à l’occlusion, et non pas à l’origine
de la maladie. Les moyens modernes d’imagerie (imagerie par
résonance magnétique, échographie) ont une résolution encore
insuffisante pour analyser le flux au sein des vaisseaux centraux
de la rétine.

Phase initiale
La constitution de l’obstacle veineux se fait avec une rapidité
variable ; cette installation détermine sans doute pour une bonne
part le tableau clinique. L’obstacle veineux est le plus souvent
incomplet ; le terme d’« obstruction » serait en effet plus adapté
pour décrire la maladie. Quel que soit le mode de début, l’OVR va
provoquer une augmentation de la pression veineuse, et donc une
dilatation et une tortuosité veineuse, ainsi qu’un ralentissement
du flux sanguin. Ceci aura comme conséquences une distorsion
des fibres optiques, une éventuelle apparition de nodules coton-
neux (Fig. 7) et un aspect caractéristique du remplissage veineux
en angiographie dynamique, appelé « flux veinulaire pulsatile ».
Cette pulsatilité veineuse est due à la transmission du pouls arté-
riel à travers les capillaires et les veinules postcapillaires [33–35] .
La constitution de l’obstacle veineux peut être rapide voire bru-
tale et entraîner un ralentissement circulatoire global. En effet,
la circulation rétinienne étant terminale toute obstruction de la Figure 7. Illustration de la survenue de nodule cotonneux par disten-
sortie retentira sur l’entrée. Ce bas débit peut être suffisant pour sion veineuse. À la suite d’une distension veineuse brutale, apparition de
entraîner des signes d’ischémie neuronale, qui dans ce cas particu- nodules cotonneux traduisant l’interruption du flux axonal antérograde
lier se manifestera par un aspect caractéristique d’opacification de suite à la déformation des fibres optiques.
la rétine périveinulaire [35, 36] . Cette opacification laisse un « espace
libre » autour des artères, zone ayant une transparence normale,
forme dite avec blanc périveinulaire (BPV) grâce à la diffusion des séquelles à type d’atrophie maculaire localisée peuvent être
périartérielle de l’oxygène. Le ralentissement circulatoire peut décelées par tomographie en cohérence optique (OCT) (Fig. 8).
aussi entraîner une désaturation du sang veineux : les veines appa- Parfois, l’évolution est plus prolongée et apparaît alors un œdème
raissant plus sombres du côté de l’occlusion. En revanche, ces papillaire, pouvant entraîner une baisse visuelle par diffusion
formes avec BPV sont le plus souvent perfusées angiographique- latérale de l’œdème vers la macula. Le patient n’est souvent vu
ment. Une autre manifestation d’un bas débit initial peut être une qu’au stade de cet œdème papillaire ; l’analyse de l’angiographie
occlusion d’une artère ciliorétinienne. Le territoire ciliorétinien et de l’OCT pourra permettre d’affirmer que l’œdème papillaire
est plus affecté par le bas débit global que le territoire des artères est à l’origine de l’épaississement maculaire, voire d’identifier des
rétiniennes propres. À un degré de plus, le ralentissement circu- signes d’opacification périveinulaire.
latoire initial peut aller jusqu’à un véritable aspect d’occlusion de Lorsque l’obstruction veineuse se constitue progressivement, le
l’artère centrale de la rétine (occlusion combinée de l’artère et de tableau est sensiblement différent. Si l’on a l’occasion d’examiner
la veine centrale de la rétine). le patient avant la survenue d’un œdème maculaire, on consta-
Lorsque les suites sont marquées par une restitution ad inte- tera une dilatation veineuse puis l’apparition d’hémorragies,
grum, il est classique de parler de « papillophlébite du sujet avant toute survenue de baisse visuelle. Les signes cliniques liés
jeune » (terme impropre car il n’y a pas d’inflammation) ou de à l’œdème maculaire dominent le tableau clinique lorsque le
« subocclusion » (terme également impropre car il y a véritable- patient se présente (cf. paragraphe suivant). Cette phase présymp-
ment une occlusion). Si le bas débit initial a été sévère et prolongé, tomatique est en fait mal connue.

6 EMC - Ophtalmologie
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Figure 8. Atrophie maculaire partielle suite à


une occlusion de la veine centrale de la rétine
(OVCR) avec blanc périveinulaire (têtes de flèches)
1 A. Examen par tomographie en cohérence
optique (OCT) au stade initial. Flèche 1 : cel-
2
lules ganglionnaires ; flèche 2 : nucléaire interne ;
3 flèche 3 : nucléaire externe.
B. Stade final, quelques semaines plus tard. Noter
l’amincissement rétinien dans la même zone.
A

Œdème maculaire
La principale cause de baisse visuelle au cours des OVR est
l’œdème maculaire. Elle est due soit à la rupture de la barrière
hématorétinienne (BHR) interne (cas le plus fréquent), soit à un
œdème ischémique intracellulaire, soit à la diffusion latérale d’un
œdème papillaire. L’œdème maculaire par rupture de la BHR est
un phénomène dynamique, caractérisé par un flux constant de
plasma des capillaires vers l’épithélium pigmentaire et vers le vitré.
Un décollement séreux de la fovéa peut se produire [37] . Certains
œdèmes maculaires sont rapidement réversibles avec le retour à
des conditions hémodynamiques normales. D’autres vont malgré
cela persister, témoignant probablement d’une endothéliopathie
sévère.
L’importance de la transsudation à travers l’endothélium
capillaire dépend entre autres de la pression transcapillaire, cor-
respondant à la différence entre la pression capillaire et la pression
interstitielle (c’est-à-dire la pression régnant dans le tissu rétinien).
La pression capillaire est elle-même dépendante de la pression
artérielle, et la pression interstitielle dépend entre autres de la
PIO. On peut en conclure que l’augmentation de la pression arté- Figure 9. Exemple de circulation opticociliaire après occlusion vei-
rielle [38] et la diminution de la PIO concourent potentiellement neuse.
toutes deux à aggraver l’œdème maculaire.

ischémiques mais encore vivantes peuvent initier un processus


Occlusion capillaire menant à l’angiogenèse. Parmi les facteurs de croissance impli-
qués, il y a le vascular endothelial growth factor (VEGF) [40] et
La non-perfusion correspond à l’arrêt de la perfusion capillaire l’érythropoïétine [41] . Des facteurs modulant l’angiogenèse comme
d’une surface plus ou moins étendue de la rétine. Il est fréquent les angiopoïétines 1 et 2 jouent également un rôle crucial.
d’observer une non-perfusion angiographique des territoires les Au début de leur croissance, les néovaisseaux sont très sensibles
plus périphériques des OVR, ce qui n’a le plus souvent pas de aux stimuli néovasculaires : la diminution de la concentration
conséquence. En revanche, l’extension de cette non-perfusion de ceux-ci entraîne rapidement la régression des néovaisseaux
vers la rétine postérieure a des conséquences dévastatrices pour jeunes. En revanche, lors de la maturation des néovaisseaux,
la fonction visuelle, car elle survient généralement sur une vaste la sensibilité de ceux-ci aux facteurs de croissance est moindre.
étendue, et de plus il s’agit d’un processus irréversible. Il est donc La photocoagulation panrétinienne (PPR) qui éradique les cel-
d’usage de séparer les OVR en formes bien perfusées/non isché- lules responsables de la synthèse des facteurs de croissance, et les
miques d’une part, et non perfusées/ischémiques d’autre part. injections intravitréennes d’anti-VEGF qui bloquent les molécules
Son mécanisme est incertain. La non-perfusion est associée à stimulatrices de l’angiogenèse, sont donc plus efficaces aux stades
une chute globale du flux sanguin, affectant donc également initiaux de la néovascularisation.
la macula, ce qui explique sa corrélation à l’acuité visuelle.
L’hypertonie oculaire et l’HTA ne semblent pas jouer de rôle
direct [8] . La non-perfusion, une fois installée, est irréversible : la Dilatations veineuses : collatérales
restauration d’une perméabilité de la veine centrale n’est pas sui- et macroanévrysmes
vie d’une reperfusion des capillaires [39] , pour des raisons encore
mal comprises. La survenue d’une non-perfusion est plus fré- Si l’obstacle veineux persiste suffisamment longtemps, une cir-
quente chez les sujets âgés et chez les diabétiques. culation collatérale peut apparaître sous la forme d’une boucle
La non-perfusion va affecter électivement la rétine interne ; veineuse (Fig. 9). Ce phénomène est distinct de l’angiogenèse en
les photorécepteurs ne sont pas affectés par la non-perfusion. ce sens qu’il ne crée pas un nouveau trajet vasculaire, mais élargit
La présence d’une ischémie sévère de la rétine est le facteur de un trajet vasculaire préexistant. Cette circulation collatérale per-
risque majeur de la prolifération néovasculaire, car les cellules met de faire un diagnostic rétrospectif d’occlusion veineuse. Cette

EMC - Ophtalmologie 7
21-240-E-15  Occlusions veineuses rétiniennes

collatéralisation peut être accompagnée d’une dilatation localisée n’a en effet pas une histoire linéaire comme la rétinopathie diabé-
sous la forme d’un macroanévrysme si l’occlusion persiste plus tique). De plus, les patients peuvent être vus à des stades variables.
d’un an ; ce dernier peut à lui seul être responsable d’un œdème La présence d’une occlusion ciliorétinienne ou d’une opacifica-
maculaire. Ce macroanévrysme peut être unique ou multiple. Ils tion périveineuse oriente vers une occlusion très récente (quelques
sont au mieux détectés par l’angiographie au vert d’indocyanine jours). La présence d’un œdème maculaire indique une occlusion
(ICG) [42] ; l’OCT et l’examen du fond d’œil sont également contri- durant depuis quelques semaines. La présence d’une circulation
butifs. collatérale suggère une ancienneté de quelques mois.

Nodules cotonneux
 Occlusion de la veine centrale La topographie des nodules cotonneux dépend de leur cause.
de la rétine : présentation clinique Ceux situés dans les arcades temporales sont généralement la
conséquence d’une dilatation veineuse, déformant les axones et
Signes cliniques interrompant le flux axonal. À l’inverse de ceux situés en dehors
des arcades temporales, notamment dans l’espace interpapilloma-
Facteurs déclencheurs et signes fonctionnels culaire, qui sont le témoin d’une ischémie étendue de la rétine.
Le ou les facteurs déclenchant une OVR restent inconnus. Les
signes d’appel des OVR sont variables. Une baisse brutale et sévère Œdème papillaire
de l’acuité visuelle peut être retrouvée, le patient pouvant même L’œdème papillaire peut être absent ou au contraire être au pre-
indiquer sa survenue à la minute près. Certains de ces patients mier plan du tableau clinique. Il peut même s’étendre de façon
signalent en outre des baisses d’acuité visuelle intermittentes centrifuge et aller jusqu’à englober la macula, causant alors une
(type amaurose transitoire), probablement dues à des chutes inter- chute d’acuité visuelle « illégitime ». L’œdème papillaire peut être
mittentes de la perfusion rétinienne. L’apparition d’un œdème associé à un dépôt d’exsudats secs parfois très à distance de la
maculaire se traduit par une baisse d’acuité visuelle progressive, papille. Ils peuvent même former une étoile maculaire.
souvent plus marquée le matin au réveil et pouvant s’estomper
dans la journée [38] .
D’une manière générale, il importe de quantifier la vision, Formes avec bas débit rétinien
même et surtout si celle-ci est basse (inférieure à compte les Certaines OVCR se présentent sous la forme d’une baisse bru-
doigts). En effet, le niveau de l’acuité visuelle est un bon reflet tale de la vision. Le fond d’œil montre souvent des anomalies
de la gravité clinique : un patient n’ayant qu’une vision réduite minimes, faisant douter du diagnostic d’OVCR. C’est dans ces cas
aux mouvements de la main est très suspect d’une forme à haut qu’il faut rechercher des signes de BPV, lié à une ischémie aiguë
risque de glaucome néovasculaire. de la rétine par bas débit [35, 36] . L’analyse des clichés en lumière
bleue, ou mieux l’OCT peut être utile pour mettre en évidence
Examen du segment antérieur cet aspect. L’intérêt de reconnaître cette présentation tient au fait
que ces patients présentent une évolution particulière. Les risques
L’œil est blanc et calme. Il importe de rechercher, avant toute
essentiels de cette forme sont en effet une atrophie maculaire (le
dilatation et à fort grossissement au biomicroscope, une dilatation
BPV évoluant vers l’atrophie des cellules ischémiques) (Fig. 8) et
capillaire ou une rubéose irienne débutante. En particulier, un
un œdème papillaire (éventuellement diffusant à la macula). Ces
signe simple à rechercher est la présence d’une circulation visible
formes peuvent être associées à l’occlusion d’une artère cilioréti-
dans la collerette irienne, traduisant une vasodilatation des vais-
nienne. Elle est souvent au premier plan du tableau clinique, sous
seaux iriens qui peut précéder une néovascularisation avérée. Au
la forme d’une plage de rétine blanche centrée par une artère [43] .
moindre doute sur une dilatation capillaire irienne et/ou en cas
Cette occlusion peut même égarer le diagnostic, et c’est la consta-
d’hypertonie oculaire, l’angle iridocornéen doit être examiné. La
tation de quelques fines hémorragies périveineuses périphériques,
tension oculaire doit être mesurée aux deux yeux (recherche d’un
d’une dilatation veineuse modérée (intérêt de la comparaison avec
glaucome chronique). Il est courant de constater que la tension
l’autre œil) et éventuellement d’une opacification périveineuse
oculaire d’un œil atteint d’OVCR est plus basse (typiquement de
(intérêt de l’OCT à haute résolution) en dehors du territoire atteint
1 à 5 mmHg) que celle de l’œil adelphe.
par l’occlusion ciliorétinienne qui redresse le diagnostic.
La forme la plus grave de ce type d’OVCR est représentée par la
Examen du fond d’œil forme dite « occlusion combinée de l’artère et de la veine centrale
L’examen du fond d’œil permet de faire le diagnostic d’OVR, de la rétine ». Elle se manifeste par une baisse brutale de l’acuité
de déterminer la cause de la baisse d’acuité visuelle et d’estimer visuelle, la vision étant réduite aux mouvements de la main. Les
l’ancienneté de l’occlusion. Le tableau ophtalmoscopique peut vaisseaux iriens sont souvent dilatés d’emblée. Le tableau au fond
être très varié. À la base, il y a toujours une dilatation veineuse et d’œil associe un aspect d’occlusion artérielle avec un épaississe-
des hémorragies rétiniennes dans le territoire occlus, ces hémor- ment blanc de la macula (avec parfois une tache rouge cerise), des
ragies étant essentiellement à disposition périveineuse. Dans le veines dilatées, des hémorragies, ainsi que des nodules cotonneux
cas des OVCR, ces hémorragies vont jusqu’à la périphérie. Cette disposés de façon arciforme autour de la papille. En angiogra-
disposition périveineuse et/ou la présence d’hémorragies péri- phie, il y a un ralentissement circulatoire artériel extrême et par
phériques peuvent aider au diagnostic dans les cas incertains. l’absence de perfusion de la région maculaire. Cette absence de
L’examen de l’œil adelphe est un temps essentiel du diagnostic perfusion dans la macula est liée à la compression des capillaires
différentiel (cf. infra). La constatation d’une pathologie vasculaire par l’œdème ischémique lui-même. Le pronostic visuel de cette
controlatérale doit faire douter du diagnostic d’OVCR, celle-ci forme est très sombre.
étant exceptionnellement bilatérale simultanément.
Examens complémentaires
Formes cliniques Imagerie
L’intensité des signes est extrêmement variable, allant de la Dans la majorité des cas, aucun examen complémentaire n’est
dilatation veineuse minime avec des hémorragies punctiformes indispensable au diagnostic d’OVR.
à une tortuosité extrême associée à des flaques hémorragiques
rétiniennes étendues. De nombreux signes peuvent s’associer au Photographies du fond d’œil
tableau de base de l’occlusion veineuse : œdème papillaire, œdème Des clichés couleur et/ou anérythre panoramiques permettent
maculaire, nodules cotonneux, hémorragie intravitréenne plus ou de documenter l’épisode, ainsi que les hémorragies. Les clichés
moins importante, blanc périveinulaire. Diverses formes cliniques en lumière bleue permettront de visualiser les zones de blanc
peuvent se succéder chez le même patient (l’occlusion veineuse périveinulaire.

8 EMC - Ophtalmologie
Occlusions veineuses rétiniennes  21-240-E-15

Tomographie par cohérence optique dynamique peut être utile si elle met en évidence un flux veineux
L’examen en OCT peut être utile pour le diagnostic, et sur- pulsatile.
tout pour l’évaluation objective et le suivi de l’œdème maculaire, La sténose carotidienne doit être évoquée devant la présence
ainsi que la détection de l’opacification périveinulaire. À la phase d’hémorragies profondes (rondes) relativement peu nombreuses,
initiale, l’OCT maculaire peut être normal ou montrer un épais- sans topographie périveineuse, sans œdème papillaire. Les artères
sissement maculaire. Un gonflement rétinien lié à la présence sont souvent grêles et de diamètre irrégulier. Une hypotonie
de logettes cystoïdes et/ou d’hémorragies est souvent présent. Le oculaire est fréquente. La présence d’un œdème papillaire, de
BPV apparaît comme une hyperréflectivité au sein des couches collatérales sur la tête du nerf optique et/ou d’hémorragies super-
plexiforme externe et nucléaire interne (Fig. 8). La ligne des pho- ficielles en flaques est un argument fort pour l’OVCR ; la sténose
torécepteurs est intacte. Le diagnostic d’OVCR avec BPV peut carotidienne ne se traduit en pratique jamais par le grand tableau
donc être fait uniquement sur les clichés OCT et ne nécessite hémorragique avec un gros œdème maculaire, et ne donne pas de
pas d’angiographie à la fluorescéine. En cas d’ischémie sévère, collatérales.
un œdème maculaire peut survenir, affectant principalement la Les fistules artérioveineuses carotidocaverneuses peuvent aug-
couche nucléaire externe. Dans les œdèmes maculaires chro- menter la pression veineuse orbitaire et ainsi entraîner un tableau
niques, l’OCT pourra visualiser une rupture de la continuité des similaire à celui des OVCR, mais la présence d’un chémosis
segments externes, voire une dégénérescence kystique. Dans cer- et/ou de céphalées permet habituellement d’évoquer ce diagnos-
tains cas, un macroanévrysme sera détecté. tic. L’OVCR est exceptionnellement révélatrice d’une telle fistule ;
celle-ci est le plus souvent déjà connue.
Angiographie La rétinopathie diabétique préproliférante peut donner une
En mode dynamique, elle peut mettre en évidence la présence dilatation veineuse modérée de l’ensemble des veines rétiniennes
d’un flux veinulaire pulsatile assez spécifique des OVR (cf. supra), avec des hémorragies, un œdème maculaire, des nodules coton-
ce qui peut aider au diagnostic dans les formes incertaines. Dans neux. Mais le tableau est bilatéral, plus ou moins symétrique.
les formes avec bas débit, on pourra constater un remplissage La dilatation veineuse est typiquement irrégulière (veines dites
pulsatile des artères si l’on voit le patient suffisamment tôt. Le moniliformes).
temps moyen entre le début du remplissage de l’artère centrale Une inflammation oculaire peut ne se manifester que par
de la rétine et la fin du remplissage veineux est de 14 secondes ; quelques engainements périveineux éventuellement sous la forme
un allongement de ce temps peut être observé dans les formes d’un rétrécissement localisé d’une veine, éventuellement de
avec bas débit rétinien. Les zones œdémateuses montrent des l’autre œil, d’où l’intérêt d’un examen de celui-ci.
capillaires dilatés laissant diffuser la fluorescéine, indiquant une Au cours d’une OVCR, l’œdème maculaire peut avoir plu-
rupture de la BHR. Celles-ci peuvent concerner la macula, la sieurs origines. Un œdème papillaire peut être au premier plan
papille ou être plus diffuses. Les zones de non-perfusion réti- du tableau clinique. C’est alors l’examen de la périphérie qui
nienne peuvent être cartographiées. Selon l’extension des zones peut mettre en évidence la présence d’hémorragies à distance de
de non-perfusion, on distingue les formes bien perfusées des l’œdème papillaire. Une non-perfusion peut entraîner aussi un
formes non perfusées. Le seuil à partir duquel on définit une forme épaississement maculaire par œdème intracellulaire. Un macroa-
« non perfusée » varie d’un auteur à l’autre. La topographie de la névrysme, même à distance de la macula, peut être à l’origine d’un
non-perfusion est variable : elle peut être périphérique sur 360◦ , œdème maculaire.
seulement temporale ou limitée au pôle postérieur.
L’angiographie ICG présente un intérêt qui est sans doute plus
important que l’angiographie à la fluorescéine. En effet, bien que
l’angiographie au vert d’indocyanine ne permette pas de distin-
“ Point fort
guer les capillaires, il ne diffuse pas dans la rétine et permet une
meilleure visualisation des vaisseaux rétiniens, des collatérales et Certains signes sont extrêmement évocateurs d’OVR et
surtout les macroanévrysmes (cf. infra). En principe, les collaté- doivent être particulièrement recherchés en cas de doute
rales sont visibles en angiographie ICG, mais pas les néovaisseaux. diagnostique :
• une circulation collatérale ;
Bilan général • des hémorragies dans les bulles d’œdème ;
Il se limite en général à la mesure de la pression artérielle, la • des hémorragies prédominant autour des veines ;
recherche d’un glaucome et d’un diabète. L’intérêt d’un bilan • des signes de blanc périveinulaire ;
systématique plus approfondi (en particulier la recherche d’une • sur l’angiographie : un flux veinulaire pulsatile ou une
anomalie de l’hémostase ou d’une hyperhomocystéinémie) est diffusion de fluorescéine dans les courbures veineuses.
plus discutable, révélant très exceptionnellement une pathologie
sous-jacente en l’absence d’autre signe d’appel. Des cas d’OVCR
ont été signalés au cours de différentes affections (infection par
le VIH, maladie d’Osler, thrombophlébites cérébrales, leucémies,
traitement par interféron alpha, etc.), mais l’OVCR est rarement
Évolution, complications et surveillance
révélatrice de ces maladies et son éventuel lien causal est difficile clinique des occlusions de la veine centrale
à établir. de la rétine
Les OVR sont des maladies le plus souvent chroniques,
Diagnostic différentiel d’évolution imprévisible, pouvant aboutir à la perte de la vision ou
au contraire à une récupération ad integrum [3] . Les complications
La rétinopathie hypertensive est bilatérale, avec un œdème
sont essentiellement liées d’une part au degré de ralentissement
papillaire et des hémorragies péripapillaires au premier plan, et
circulatoire s’il y en a un, et d’autre part à l’étendue du remo-
souvent une exsudation sous-rétinienne très marquée. Dans le
delage microvasculaire (occlusions capillaires, macroanévrysmes,
doute (dans le cas par exemple d’une rétinopathie hypertensive
œdème maculaire). La complication la plus grave des OVCR
très asymétrique), la prise de la tension artérielle (d’ailleurs systé-
est représentée par la survenue d’une non-perfusion étendue,
matique au cours de toute OVCR), permet de faire le diagnostic. La
pouvant entraîner la cécité du globe atteint par glaucome néovas-
présence d’hémorragies disséminées au fond d’œil sans dilatation
culaire. L’autre principale complication, moins sévère mais plus
veineuse doit aussi faire discuter les diagnostics de rétinopathie
fréquente, est l’œdème maculaire.
de Valsalva, d’anémie sévère, de rétinopathie du VIH.
Une OVCR avec bas débit aigu peut être confondue avec
une occlusion de l’artère centrale de la rétine ou une occlusion
Non-perfusion étendue
isolée de l’artère ciliorétinienne. La découverte d’hémorragies Le risque de développer une non-perfusion étendue est maxi-
périphériques oriente le diagnostic vers l’OVCR. L’angiographie mal pendant les premiers mois d’évolution. Sur le plan clinique,

EMC - Ophtalmologie 9
21-240-E-15  Occlusions veineuses rétiniennes

la survenue d’une non-perfusion étendue se traduit presque tou- d’ischémie rétinienne aiguë associant à des degrés divers : occlu-
jours par une vision basse (rarement plus du décompte des doigts). sion de l’artère ciliorétinienne, BPV, occlusion artérioveineuse
Au fond d’œil, elle peut se présenter sous des formes variables combinée. Les veines paraissent sombres, les artères dilatées,
(aspect grêle des vaisseaux, hémorragies massives, nodules coton- un pouls artériel spontané est souvent visible. En angiographie,
neux disséminés). À l’angiographie, il existe de vastes zones de on retrouve un ralentissement circulatoire majeur avec un rem-
non-perfusion capillaire. Les hémorragies rétiniennes empêchent plissage artériel pulsatile, sans diffusion de produit au niveau
souvent d’objectiver la non-perfusion. Si le pronostic visuel est maculaire. L’OCT est plus sensible que les photographies du fond
le plus souvent d’ores et déjà compromis, il existe un risque sup- d’œil pour détecter le BPV. En cas de forme sévère, un épaississe-
plémentaire : les douleurs et le délabrement anatomique induit ment maculaire peut survenir. Le diagnostic de ce stade peut donc
par la néovascularisation du segment antérieur. La néovasculari- être fait uniquement sur les clichés OCT. Le ralentissement circu-
sation irienne est le plus souvent précédée d’une vasodilatation latoire n’étant que transitoire, les conditions hémodynamiques
irienne, qui peut être détectée dans l’iris par la constatation se rétablissent le plus souvent. Le BPV laisse comme séquelle
d’une circulation dans la collerette ou dans les vaisseaux radiaires ; une atrophie de la couche nucléaire interne bien visible en OCT
les capillaires du bord pupillaire peuvent également être dilatés. (Fig. 8). À un stade ultérieur peut apparaître un œdème papillaire.
Les stimuli vasodilatateurs (c’est-à-dire les facteurs proangiogé- Au fond d’œil, on note l’existence d’un œdème papillaire hémor-
niques) entraînent une augmentation de la pression de perfusion ragique débordant plus ou moins sur l’aire maculaire et donnant
irienne, expliquant ces anomalies [44] . L’intérêt de la détection de un aspect asymétrique prédominant en nasal sur l’OCT. Des exsu-
cette reperfusion de la collerette est qu’elle permet un diagnostic dats stellaires peuvent être présents si l’œdème papillaire a duré
très précoce du risque de développement d’une néovascularisa- plusieurs semaines. On note aux temps tardifs de l’angiographie
tion irienne. Elle n’est cependant pas un signe de rubéose en une diffusion papillaire. Le pronostic visuel de cette forme est lié
elle-même. L’apparition d’une rubéose à proprement parler est à l’importance de l’atrophie de la couche nucléaire interne ainsi
caractérisée par un fin chevelu capillaire sur le pourtour pupillaire qu’à l’altération de la couche des photorécepteurs en rapport avec
ou à la surface du stroma, qui est facilement distinguée d’une vaso- la propagation maculaire de l’œdème papillaire.
dilatation irienne. Celle-ci doit également être recherchée dans
l’angle iridocornéen, et ce au moindre signe de vasodilatation Description du type B
irienne constatée à la lampe à fente. Cette forme touche une population plus âgée, vers 60–65 ans,
avec une prédominance masculine et une HTA fréquemment
Œdème maculaire associée. Le stade précoce est peu ou pas symptomatique, carac-
L’autre risque essentiel des occlusions veineuses est la surve- térisé par la présence au fond d’œil de dilatations veineuses
nue d’un œdème maculaire. En pratique, l’œdème maculaire est le d’aggravation progressive sans ou avec peu d’hémorragies. À un
plus souvent présent lors du premier examen du patient. L’œdème stade plus tardif, les patients décrivent le plus souvent une baisse
maculaire est modulé par des facteurs hémodynamiques, comme d’acuité visuelle progressive constatée fréquemment au réveil le
le montrent les importantes variations nycthémérales de son matin. Le fond d’œil met en évidence de nombreuses hémorra-
épaisseur. L’œdème maculaire a en effet tendance à être plus gies, un œdème maculaire. En angiographie, il existe une diffusion
important le matin au réveil, d’où un flou visuel matinal. La maculaire prédominante. Les signes de remodelage vasculaire
présence d’un niveau hématique au sein des bulles est caracté- sont variables, en rapport avec la durée d’obstruction. À l’OCT,
ristique des œdèmes maculaires des OVR. Un œdème papillaire l’œdème maculaire est symétrique. Le pronostic visuel est lié au
peut diffuser latéralement et ainsi être la cause d’un épaississe- degré d’altération de la rétine externe et notamment à la couche
ment maculaire, alors même que l’angiographie ne montrera pas des photorécepteurs, en rapport avec l’œdème maculaire chro-
de diffusion maculaire. L’œdème maculaire est au mieux détecté nique.
par l’OCT, qui permet d’avoir une évaluation quantitative de
l’épaisseur maculaire, ainsi qu’une analyse de la structure intra-
rétinienne. En cas d’œdème maculaire chronique (supérieur à un Surveillance
an), il importe de rechercher la présence de macroanévrysmes, Le rythme de surveillance d’une OVCR est fonction de la durée
qui peuvent éventuellement être observés à distance de la des symptômes, de l’acuité visuelle au moment de l’examen initial
macula. et du traitement effectué. En pratique, en l’absence de traitement
il faut dans les premiers mois surveiller l’apparition d’une néovas-
Intégration des différentes formes cliniques cularisation. Celle-ci est étroitement corrélée à l’acuité visuelle :
le risque de développement d’une rubéose irienne est minime si
dans une nouvelle classification l’acuité visuelle est supérieure à 3/10. Par ailleurs, une rubéose a
d’autant plus de risques de se déclarer que l’occlusion est récente.
La classification la plus couramment utilisée sépare les formes
En pratique, en présence d’une occlusion veineuse symptoma-
perfusées des formes non perfusées, en se fondant principalement
tique depuis moins de 15 jours, avec acuité visuelle inférieure à
sur l’étendue des zones de non-perfusion capillaire en angiogra-
1/10, il est licite de revoir le patient tous les mois pendant trois à
phie à la fluorescéine. Cependant, des formes initialement bien
quatre mois, ou jusqu’à la remontée de l’acuité visuelle au-delà de
perfusées peuvent se transformer en formes non perfusées dans
5/10. Au-delà d’un an d’évolution, on peut se contenter de revoir
9 à 33 % des cas [7, 45, 46] , rendant ainsi cette classification d’un
le patient une ou deux fois par an, sauf en cas de nouvelle baisse
intérêt relatif. De plus, elle ne permet pas de décrire tous les
d’acuité visuelle.
tableaux cliniques possibles dans le cadre des OVCR, notamment
Il faut moduler ce schéma en fonction de la gravité potentielle :
les formes avec occlusion de l’artère ciliorétinienne associée et
il faut surveiller de manière beaucoup plus stricte (tous les huit
celles avec BPV. Nous proposons une classification prenant en
jours) un patient ayant une vision à VBLM sur une OVCR depuis
compte l’ensemble des formes cliniques, distinguant : le type A
huit jours avec de nombreux nodules cotonneux. La surveillance
en rapport avec une OVCR aiguë responsable d’un bas débit arté-
doit également être plus rigoureuse chez le diabétique.
riel, compliquée éventuellement d’un œdème papillaire, et le
Ce qui compte pour la prise en charge du patient n’est pas tel-
type B en rapport avec une obstruction chronique, éventuelle-
lement l’étendue de la non-perfusion, dont la signification n’est
ment compliquée d’un œdème maculaire.
pas toujours claire, mais plutôt le retentissement de l’ischémie,
c’est-à-dire l’acuité visuelle et la néovascularisation. En pratique,
Description du type A si l’on connaît les signes précurseurs de la rubéose irienne,
Cette forme se rencontre plus volontiers chez des patients une surveillance clinique est suffisante pour prévenir le glau-
plus jeunes, vers l’âge de 45 ans, sans prédominance de sexe. Le come néovasculaire. Au total, l’angiographie à la fluorescéine
glaucome chronique est retrouvé plus fréquemment. Au stade n’est pas indispensable au diagnostic ni à la surveillance dans la
précoce, la baisse d’acuité visuelle survient de manière brutale grande majorité des cas. Elle est intéressante en cas d’incertitude
et est d’importance variable. Au fond d’œil, on note des signes sur la présence de néovaisseaux prérétiniens ou prépapillaires,

10 EMC - Ophtalmologie
Occlusions veineuses rétiniennes  21-240-E-15

ou de suspicion de non-perfusion maculaire. L’examen de l’iris de drainage de la veine occluse. Les OBVR touchent plus fréquem-
avant dilatation a une importance au moins aussi grande que ment la veine temporale supérieure [11] . Elles sont fréquemment
l’angiographie à la fluorescéine pour décider ou non de réaliser très hémorragiques, allant jusqu’à masquer la veine occluse. La
une panphotocoagulation choriorétinienne. distinction est parfois malaisée entre OBVR et OVHR, en raison
De plus en plus, un traitement intravitréen est proposé d’emblée de la complexité de l’anatomie vasculaire dans la papille. Il faut
au patient présentant un œdème maculaire. S’il s’agit d’un trai- rechercher le croisement artérioveineux jusque dans la papille.
tement de type anti-VEGF en injections mensuelles ; il n’est pas Un cas particulier est représenté par l’OBVR survenant sur une
nécessairement utile de surveiller le patient entre deux injections, excavation papillaire chez le glaucomateux [49] .
car le risque de rubéose irienne est très faible sous anti-VEGF. En
revanche, dès l’arrêt des injections, il faut reprendre la surveillance
à la recherche de signes de rubéose irienne. Les corticoïdes, par
Examens complémentaires
contre, ne modifient pas le risque de néovascularisation et donc Aucun examen complémentaire n’est indispensable au diag-
nécessitent de poursuivre la surveillance de l’iris. nostic d’OBVR. Tout tableau hémorragique sectoriel respectant
La guérison peut survenir par la reperfusion de la veine centrale l’anatomie des territoires veineux est en principe une occlusion
et/ou par l’installation d’une circulation collatérale. Ces collaté- veineuse, même si la veine n’est pas visible sous l’hémorragie.
rales peuvent être évidentes si elles sont à la surface de la papille Des photographies anérythres ou couleur seront pratiquées. Un
(Fig. 9). OCT permettra de quantifier un éventuel œdème maculaire ou de
dépister une atrophie maculaire. L’angiographie, si elle est prati-
quée, permet d’identifier le site de l’occlusion, d’apprécier le degré
Pronostic visuel final de perfusion capillaire et de rechercher la présence d’une rupture
Au début de l’affection, il faut être prudent en ce qui concerne de la BHR. Tous ces signes sont cependant mis en évidence par
le pronostic visuel. Il y a une certaine dichotomie du pronostic l’analyse soigneuse du fond d’œil. En ce qui concerne le bilan,
entre la vision des mouvements de la main et celle du décompte une hypertension artérielle, une HTA et un diabète doivent être
des doigts : les visions très basses (VBLM) dès l’examen initial ont recherchés. Tout comme pour les OVCR, il ne paraît pas utile de
peu de chances de récupérer. Le pronostic visuel final des OVCR pousser plus loin le bilan général [10] .
est plus facile à établir après trois mois d’évolution. Schématique-
ment, les patients ayant plus de 5/10 après trois mois ont une Diagnostic différentiel
bonne chance (environ deux sur trois) de conserver cette vision.
Entre ces deux valeurs, l’acuité reste stable, s’améliore, ou dimi- Les OBVR à la phase aiguë peuvent être confondues avec
nue dans des proportions équivalentes. Chez le diabétique, l’OVR une occlusion par périphlébite rétinienne, par exemple due à
peut évoluer plus sévèrement ; il y a en effet une plus grande fré- la maladie de Behçet ou à une sarcoïdose, qui peuvent survenir
quence d’œdème maculaire et de néovascularisation. L’incidence en l’absence d’inflammation manifeste du segment antérieur. La
annuelle des récidives controlatérales d’une OVCR est évaluée à présence d’un engainement autour de la veine occluse ou situé
1 % [7] . ailleurs au fond d’œil, ainsi que dans l’autre œil fera impérative-
ment rechercher une uvéite sous-jacente. D’une façon générale,
devant toute OBVR il faut identifier le croisement artériovei-
 Occlusion de branche veineuse neux causal ; si aucun croisement n’est a priori responsable de
l’occlusion, il faut soupçonner une périphlébite. En pratique,
rétinienne la question d’une périphlébite se pose essentiellement chez des
sujets jeunes. Dans le doute, une angiographie à la fluorescéine
La conception classique de la pathogénie des OBVR attribue est très utile, en mettant en évidence un segment inflammatoire
un rôle causal à la compression de la veine par une artère arté- d’une autre veine, voire dans l’autre œil. À la phase de séquelles,
rioscléreuse. Une autre hypothèse consiste en une modification les remaniements capillaires peuvent faire hésiter avec des télan-
progressive du trajet de l’artère, qui entraîne avec elle la veine giectasies maculaires.
par l’intermédiaire de l’adventice commune, la veine déformée
finissant par s’obstruer [47] . Cependant, les résultats décevants de
l’adventicectomie chirurgicale [48] vont à l’encontre de ces hypo- Évolution, complications et surveillance
thèses. Une autre hypothèse pourrait être que l’OBVR est due Pour les OBVR, l’absence de risque évolutif vers un glaucome
à un engainement fibreux par extension locale d’une fibrose néovasculaire fait que la surveillance peut se contenter d’être
périartérielle (artériolosclérose). Les trois hypothèses ne sont pas trimestrielle jusqu’à stabilisation du tableau du fond d’œil. Les
exclusives les unes des autres. principales complications sont, tout comme les OVCR, l’œdème
L’on n’a pas déterminé à l’heure actuelle si les OBVR et OVCR maculaire et la non-perfusion capillaire.
sont des affections distinctes, cependant il existe quelques diffé- L’œdème maculaire est la principale cause de baisse d’acuité
rences fondamentales, dont l’âge de survenue (plus âgé dans les visuelle des OBVR. L’œdème maculaire peut déborder de ses fron-
OBVR) et la possibilité de BPV dans les OVCR. De plus, il est pos- tières naturelles, et ainsi entraîner une baisse d’acuité visuelle
sible d’observer la survenue de BPV dans les OVHR alors que cela « illégitime » (cf. supra), tout comme lorsque l’œdème papillaire
n’a pas été rapporté au cours des OBVR. Enfin, en cas de bilatérali- des OVCR s’étend vers la macula. La particularité des œdèmes
sation d’une OVR, elle se fait presque toujours sur le même mode maculaires des OBVR est la présence fréquente de remaniements
(soit OBVR, soit OVCR). microvasculaires extensifs et d’exsudats secs. Ceci est le cas en
Les OBVR et les OVHR sont généralement moins graves que les particulier lorsque se sont formés des « macroanévrysmes », véri-
OVCR, car épargnant la plus grande partie de la rétine. De plus, tables ectasies capillaires pouvant aller jusqu’à plus de 400 ␮m
le territoire à partir duquel des collatérales peuvent se développer de diamètre [42] . Il importe donc devant un œdème maculaire
est plus important. Enfin, la macula est toujours située sur une des d’une OBVR de savoir rechercher ces macroanévrysmes au sein des
frontières de l’occlusion et donc un sauvetage partiel de la macula couronnes d’exsudats. Une angiographie au vert d’indocyanine
est le plus souvent possible. peut alors être utile pour identifier l’origine de l’exsudation. La
deuxième cause de malvoyance après OBVR est la non-perfusion.
Clinique À la phase aiguë, celle-ci se traduit par une majoration de l’œdème
maculaire et des hémorragies, des nodules cotonneux, des plages
Les OBVR se manifestent par une baisse d’acuité visuelle généra- blanches d’ischémie rétinienne bordées par les artères saines. Plus
lement progressive. Certaines OBVR ne concernant pas la macula tard, apparaît une atrophie rétinienne caractérisée par la présence
sont de découverte fortuite. Au fond d’œil, les signes des OBVR de quelques hémorragies profondes, rondes et un aspect grisé de
sont les mêmes que pour les OVCR, à la différence près que les la rétine dû à l’absence de perfusion des capillaires. Des vais-
hémorragies et les dilatations veineuses sont limitées au territoire seaux blancs, déshabités, peuvent traverser la zone d’atrophie.

EMC - Ophtalmologie 11
21-240-E-15  Occlusions veineuses rétiniennes

Une noévascularisation prérétinienne peut survenir, mais jamais


de glaucome néovasculaire. Les néovaisseaux sont habituellement
d’évolution lente. Les risques consécutifs à une prolifération fibro-
“ Point fort
vasculaire (hémorragie, décollement tractionnel) sont fonction de
l’état du vitré. Un décollement maculaire tractionnel peut surve- • On peut donc légitimement proposer de ne réaliser la
nir, qu’il faudra opérer s’il menace la macula. Une surveillance à PPR qu’en cas d’apparition de signes précoces de rubéose
long terme (par exemple un examen tous les six mois) est donc irienne, à condition de les rechercher systématiquement
nécessaire chez ces patients. et attentivement, avant dilatation, au fort grossissement
L’évolution d’une OBVR vers le glaucome néovasculaire est en du biomicroscope. En cas de doute, l’examen de l’angle
pratique inexistante. À la phase de séquelles, le croisement arté- iridocornéen est utile.
rioveineux causal montre souvent une occlusion complète au site • Au cours des OBVR, l’apparition d’une néovasculari-
de l’occlusion veineuse, dont la paroi s’est opacifiée et qui est
recouvert d’une circulation collatérale. S’il est survenu un œdème sation doit faire envisager une photocoagulation dans
maculaire chronique, on peut observer une prolifération pigmen- le territoire occlus. La non-perfusion dans le territoire
taire centrale. de l’occlusion n’est pas une indication formelle à elle
seule : cette indication dépend de la présence ou non
d’un décollement postérieur du vitré, puisqu’un vitré
 Traitements des occlusions complètement décollé met théoriquement à l’abri d’une
hémorragie intravitréenne. Cela dit, il vaut mieux avoir le
veineuses rétiniennes laser d’indication plutôt large, car un voile néovasculaire
Traitement des complications peut non seulement saigner, ce qui est un moindre mal,
mais aussi se rétracter et à terme menacer la macula. Faire
Complications néovasculaires le traitement par laser permet d’espacer la surveillance.
S’il existe un début de rubéose irienne, la photocoagulation doit
être réalisée rapidement car la progression de la néovascularisation
irienne est souvent rapide, le glaucome néovasculaire pouvant étude randomisée multicentrique [52] bien que son effet soit géné-
s’installer en quelques jours. En pratique, il est tout à fait justi- ralement modeste. Elle est indiquée pour les œdèmes maculaires
fié, et même nécessaire, de réaliser la PPR en une seule séance. persistant plusieurs mois après l’épisode aigu (au moins trois
Si les milieux sont clairs, la PPR est effectuée en parallèle d’une mois), retentissant de manière significative sur l’acuité visuelle
injection d’anti-VEGF, associée au traitement hypotonisant. S’il (inférieure ou égale à 5/10), et surtout après résorption des hémor-
persiste une hypertonie résiduelle malgré une PPR bien conduite, ragies rétiniennes dans la région maculaire. Bien sûr, l’OCT doit
on se tournera vers les traitements du type cyclodestruction (laser montrer une augmentation significative de l’épaisseur maculaire.
diode transscléral de préférence à une cryoapplication). Une valve Un éventuel retraitement peut être proposé au bout de trois mois.
de dérivation ou une trabéculectomie avec ou sans inhibiteurs Au cours des OVCR, le laser n’a pas d’action significative sur
de la prolifération fibroblastique peut être proposée s’il persiste l’acuité visuelle [53] .
une vision utile. En cas de globe douloureux et non voyant, une
injection rétrobulbaire de xylocaïne-alcool est effectuée. En cas Injections intravitréennes
d’hypertonie non douloureuse sur globe non voyant, il semble
préférable de s’abstenir. Elles constituent le traitement de référence de l’OM post OVR.
L’indication de la PPR est moins claire en cas de non-perfusion Trois molécules ont à ce jour l’autorisation de mise sur le marché
angiographique sans néovascularisation. En effet, la Central Vein (AMM) en France dans cette indication lorsque l’acuité visuelle
Occlusion Study n’a pas montré de bénéfice à faire la PPR est inférieure à 6/10 : le ranibizumab, l’implant biodégradable de
avant l’apparition d’une néovascularisation [50] . Il est d’autant plus dexaméthasone et l’aflibercept.
nécessaire de bien peser une indication de PPR que le champ visuel Corticothérapie intravitréenne. Son mode d’action reste
périphérique peut être altéré par le laser, ce qui peut être mal vécu incertain. Son action pourrait aussi passer par une stabilisation de
chez des patients qui ont déjà perdu leur champ visuel central. la BHR via une inhibition de la voie de l’acide arachidonique ou
Enfin, peut se poser le problème d’un complément de PPR en du VEGF [54] . Une diminution du diamètre veineux est constatée
cas de rubéose persistante. Cela peut être dû au fait que le pôle chez la plupart des patients traités, suggérant un effet vasocons-
postérieur est le plus souvent non traité, alors qu’il contient une tricteur [55] . L’efficacité des corticoïdes a été démontrée par deux
grande concentration de cellules ischémiques. En pratique, en cas principales études. Dans les OVCR, l’étude SCORE [56] , évaluant
de rubéose non contrôlée après une PPR qui semble raisonna- l’efficacité de l’acétonide de triamcinolone a montré à un an
blement complète, un quinconce de tout le pôle postérieur est un gain d’acuité de 15 lettres ou plus chez 26 % des patients.
indiqué. L’étude GENEVA [57] , étudiant l’efficacité des dispositifs implan-
tables biodégradables de dexaméthasone, a retrouvé à six mois un
Œdème maculaire gain d’acuité visuelle de 15 lettres ou plus chez 18 % des patients.
L’œdème maculaire des OVR n’est pas une urgence thérapeu- L’efficacité des corticoïdes est rapide, maximale vers le deuxième
tique. Il est souvent bien toléré plusieurs semaines ou mois, et mois mais transitoire. Le résultat final dépend essentiellement de
peut régresser spontanément, d’où la possibilité de temporiser l’acuité visuelle initiale : meilleure est l’acuité initiale, meilleur est
quelques semaines ou mois avant de proposer un traitement inva- le gain visuel. Il est rare que les patients ayant compté les doigts
sif. récupèrent plus d’un à deux dixièmes, ce qui peut tout de même
être très favorablement ressenti par le patient [58, 59] .
Photocoagulation maculaire L’effet indésirable le plus fréquent est l’hypertonie oculaire,
Dans les OBVR, l’œdème peut être focal, c’est-à-dire lié à habituellement bien contrôlée par le traitement médical. Enfin,
des anomalies microvasculaires (type macroanévrysmes veineux), une cataracte précoce peut apparaître, nécessitant éventuellement
ou diffus. Dans le premier cas, la photocoagulation directe des un traitement chirurgical.
macroanévrysmes peut être effectuée. Il faut utiliser des intensi- Injections intravitréennes d’anti-VEGF. Trois molécules ont
tés modérées et surtout un petit diamètre d’impact. Il importe été testées, le ranibizumab, le bévacizumab et l’aflibercept. Bien
en effet de ne pas léser ni la fovéa, ni l’épithélium pigmentaire qu’ayant montré son efficacité sur la diminution de l’épaisseur
sous-jacent. La photocoagulation peut être guidée par une angio- rétinienne et sur l’amélioration de l’acuité visuelle, le bévacizu-
graphie au vert d’indocyanine. Un retraitement après quelques mab n’a pas d’AMM dans cette indication [60] . Il peut cependant
mois peut éventuellement être nécessaire [51] . être utilisé en cas de rubéose irienne pour arrêter rapidement la
Pour les œdèmes diffus, la photocoagulation sectorielle en quin- progression de la néovascularisation au niveau du segment anté-
conce de l’œdème maculaire a montré son efficacité dans une rieur. L’efficacité du ranibizumab dans les OVCR a été évaluée

12 EMC - Ophtalmologie
Occlusions veineuses rétiniennes  21-240-E-15

dans l’étude CRUISE [61, 62] . À six mois, il existait un gain d’acuité ralentissement circulatoire. Accélérer le flux sanguin, par le biais
visuelle de 15 lettres ou plus chez 47 % des patients après injec- d’un abaissement de l’hématocrite, permettrait donc d’améliorer
tion mensuelle. Il existe une bonne tolérance locale. L’efficacité l’oxygénation rétinienne, d’autant plus que le plasma sanguin
est également rapide mais transitoire. L’efficacité de l’aflibercept possède par lui-même de bonnes capacités de transport d’oxygène.
dans l’œdème maculaire post-OVCR a été étudiée, retrouvant là L’hémodilution améliorerait également la rhéologie en diminuant
encore un bénéfice visuel appréciable avec à six mois un gain l’agrégabilité érythrocytaire. En pratique, l’hémodilution a pour
d’acuité visuelle de 15 lettres ou plus chez 60,2 % des patients but d’abaisser l’hématocrite vers 33 à 38 % en soustrayant une cer-
traités par injection mensuelle d’aflibercept versus 22,1 % dans taine quantité de sang compensée par la perfusion isovolémique
le groupe placebo, avec un gain moyen de 18 lettres. de solutés de remplissage ou de plasma autologue.
Il n’existe pas de consensus concernant la rapidité de mise en L’efficacité de ce traitement reste controversée. Les résultats des
œuvre du traitement de l’œdème maculaire post-OVCR ni du études publiées sont en effet contradictoires. Certains auteurs rap-
choix du traitement. Cependant, leur meilleure sécurité d’emploi, portent des améliorations d’acuité visuelle dans le groupe traité
et leurs propriétés antiangiogéniques rendent les anti-VEGF plus par rapport à un groupe contrôle [70, 71] , d’autres ne retrouvent
séduisants comme traitement des formes récentes. aucune différence ; certains rapportent même une aggravation [72] .
Le problème essentiel des quelques études publiées est la variabi-
lité des indications et des protocoles. De plus, il est clairement
Traitement des facteurs de risque établi que l’hémodilution peut aggraver l’état des patients ayant
L’HTA influence probablement l’intensité de l’œdème macu- une non-perfusion périphérique.
laire, et il faut donc insister pour que la tension artérielle soit le En l’état actuel des connaissances, il semble que l’hémodilution
mieux contrôlée possible chez ces patients. La PIO doit être traitée doit être réservée à des patients atteints d’OVCR très récentes
si elle est anormalement élevée, mais il ne faut pas la diminuer si (moins de trois semaines) avec un œdème maculaire et une péri-
elle est normale. En effet, l’augmentation de la PIO augmente le phérie rétinienne bien perfusée, ayant un hématocrite supérieur
flux veineux. Il paraît dès lors que diminuer la PIO d’un patient à 35 % et en respectant les nombreuses contre-indications (insuf-
atteint d’OVR risque de diminuer encore le flux veineux. Un cas fisance cardiaque, insuffisance coronarienne, HTA mal contrôlée,
particulier est représenté par les occlusions de type A vues pré- traitement ␤-bloquant, diabète, infection en cours, âge supérieur
cocement ; les patients peuvent présenter des facteurs aggravants à 75 ans).
du bas débit, comme une hypotension artérielle, une hypertonie
oculaire, une anémie ; dans ce cas particulier, il sera important de
les rechercher et de les traiter.
“ Points essentiels
Traitement chirurgical des occlusions
veineuses rétiniennes • Les occlusions veineuses rétiniennes comprennent les
occlusions de la veine centrale de la rétine (OVCR), les
L’hypothèse de la présence d’un thrombus à l’origine des OVCR hémiocclusions veineuses et les occlusions de branche vei-
sous-tend l’utilisation des thrombolytiques. L’administration de
neuse rétinienne (OBVR).
fibrinolytiques par voie générale exposant à des risques de
• Les OVCR et les hémiocclusions surviennent plus fré-
complications hémorragiques et notamment cérébrales est donc
actuellement abandonnée. Certains auteurs ont proposé des doses quemment chez les hommes, avec une médiane vers
plus faibles [63] et/ou une administration locale dont les résultats 55 ans, et sont associées à l’hypertension artérielle et au
restent à confirmer. glaucome. Les OBVR partagent un terrain similaire, avec
Des anastomoses choriorétiniennes ont été proposées [64, 65] un âge médian vers 60 ans, mais sans prédominance de
mais semblent abandonnées en raison du faible taux de succès sexe. Certaines familles ont une incidence élevée d’OVR.
et du taux élevé de complication. • La pathogénie des OVR reste obscure, la nature de
Le principe de la neurotomie radiaire est de sectionner l’anneau l’obstacle circulatoire restant indéterminée. L’association
scléral pour « libérer » la veine de la compression artérielle. En des OVR à une anomalie de la coagulation n’est toujours
postopératoire, une anastomose choriorétinienne est souvent
pas définitivement établie.
visible au niveau de la cicatrice de l’incision sur le bord de la
• La présentation clinique de la maladie est variable. Il
papille [66] . L’évaluation clinique de ce traitement est gênée par
l’action bénéfique de la vitrectomie seule qui n’est pas négligeable. s’agit le plus souvent d’une baisse rapide de l’acuité visuelle
De même, l’adventicectomie, visant à séparer l’artère de la veine unilatérale, avec un œil blanc et calme. Les formes sévères
au croisement artérioveineux [67] est actuellement abandonnée. Il peuvent survenir brutalement et réduire la vision à une
semble que la vitrectomie seule puisse aboutir aux mêmes résul- perception lumineuse ; au contraire, certaines formes sont
tats [68] . asymptomatiques.
• L’évolution de la maladie se déroule sur plusieurs mois,
Traitements médicamenteux autres avec parfois la survenue d’aggravation, transitoire ou
permanente. La survenue d’une non-perfusion capillaire
que stéroïdes étendue est la complication la plus grave, car définitive et
Aucun traitement médicamenteux n’est connu pour être effi- en outre porteuse du risque de glaucome néovasculaire.
cace à la phase aiguë des OVR. Les antiagrégants plaquettaires, • La complication la plus fréquente est l’œdème macu-
dont l’aspirine, n’ont jamais fait la preuve de leur efficacité (ni laire.
en traitement curatif, ni pour protéger l’œil adelphe). En ce qui • En l’absence de compréhension de la cause de la mala-
concerne la troxérutine (Veinamitol® ), les données favorables die, le traitement est symptomatique en attendant une
d’une étude pilote [69] n’ont pas été confirmées par la suite. La
éventuelle guérison, soit par reperfusion de la veine,
correction d’un taux élevé d’homocystéine sanguine peut se faire
soit par développement d’une circulation collatérale. Les
très simplement par une supplémentation alimentaire ou médi-
camenteuse en folates. Mais son intérêt et même son innocuité injections intravitréennes de corticoïdes ou d’anti-VEGF
sont très controversés. peuvent améliorer transitoirement la vision, de même que
la photocoagulation maculaire dans certains cas.
• Les traitements chirurgicaux n’ont pas fait la preuve de
Hémodilution leur efficacité.
L’hémodilution repose sur l’hypothèse que la souffrance • Les séquelles visuelles, parfois sévères, sont fréquentes.
rétinienne provient d’une ischémie liée entre autres au

EMC - Ophtalmologie 13
21-240-E-15  Occlusions veineuses rétiniennes

 Conclusion [16] Bhagat N, Goldberg MF, Gascon P, Bell W, Haberman J, Zarbin MA. Cen-
tral retinal vein occlusion: report of two familial cases. Eur J Ophthalmol
1999;9:181–95.
L’OVR est un accident vasculaire qui n’a pas vraiment [17] Girmens JF, Scheer S, Heron E, Sahel JA, Tournier-Lasserve E, Paques
d’équivalent dans l’organisme, d’où sa méconnaissance par M. Familial central retinal vein occlusion. Eye 2008;22:308–10.
le public et souvent par les médecins. Les OVR posent à [18] Hayreh SS, Zimmerman MB, Podhajsky P. Hematologic abnormalities
l’ophtalmologiste de nombreux problèmes de prise en charge, car associated with various types of retinal vein occlusion. Graefes Arch Clin
des pans entiers de la maladie restent à comprendre. Le ou les Exp Ophthalmol 2002;240:180–96.
facteurs déclenchant une OVR restent inconnus ; les notions géné- [19] Arsene S, Delahousse B, Regina S, Le Lez ML, Pisella PJ, Gruel Y. Increa-
rales de « terrain », de « mauvais état circulatoire » ne doivent plus sed prevalence of factor V Leiden in patients with retinal vein occlusion
être employées pour rendre compte de l’étiologie de la maladie, ces and under 60 years of age. Thromb Haemost 2005;94:101–6.
concepts étant scientifiquement peu productifs, et de plus inopé- [20] Albisinni R, Coppola A, Loffredo M, Cerbone AM, Di Minno G, Greco
rants pour expliquer une OVR survenant à l’âge de 20 ans. Les GM. Retinal vein occlusion and inherited conditions predisposing to
données de l’épidémiologie s’accordent sur une incidence élevée thrombophilia. Thromb Haemost 1998;80:702–3.
[21] Glacet-Bernard A, Bayani N, Chretien P, Cochard C, Lelong F, Coscas G.
d’HTA et de glaucome, mais divergent nettement sur l’implication
Antiphospholipid antibodies in retinal vascular occlusions. A prospective
d’autres facteurs. Le rôle des anomalies de la coagulation est lar- study of 75 patients. Arch Ophthalmol 1994;112:790–5.
gement surestimé, et sans doute très accessoire voire inexistant. [22] Chua B, Kifley A, Wong TY, Mitchell P. Homocysteine and retinal
Globalement, le pronostic visuel des OVR reste aléatoire, mais est vein occlusion: a population-based study. Am J Ophthalmol 2005;139:
un peu meilleur depuis l’avènement des traitements intravitréens. 181–2.
La mise en évidence de formes cliniques ayant une évolution [23] Boyd S, Owens D, Gin T, Bunce K, Sherafat H, Perry D, et al. Plasma
spécifique devrait permettre de mieux définir le pronostic ; la homocysteine, methylene tetrahydrofolate reductase C677T and factor II
distinction entre œdème maculaire et papillaire pourrait aussi G20210A polymorphisms, factor VIII, and VWF in central retinal vein
y contribuer. Enfin, les formes avec bas débit aigu doivent sans occlusion. Br J Ophthalmol 2001;85:1313–5.
doute bénéficier d’une prise en charge spécifique axée sur la pres- [24] Larsson J, Hultberg B, Hillarp A. Hyperhomocysteinemia and the
sion de perfusion oculaire. MTHFR C677T mutation in central retinal vein occlusion. Acta Oph-
thalmol Scand 2000;78:340–3.
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14 EMC - Ophtalmologie
Occlusions veineuses rétiniennes  21-240-E-15

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A. Pierru.
E. Héron.
J.-F. Girmens.
M. Paques (michel.paques@gmail.com).
Centre hospitalier national d’ophtalmologie des Quinze-Vingts, 28, rue de Charenton, 75012 Paris, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Pierru A, Héron E, Girmens JF, Paques M. Occlusions veineuses rétiniennes. EMC - Ophtalmologie
2015;12(3):1-15 [Article 21-240-E-15].

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Exemple d'opacification périveinulaire secondaire à une occlusion de la veine centrale de la rétine.
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Exemples d'occlusion artérielle secondaire au bas débit aigu lors d'occlusion de la veine centrale de la rétine.
a. Occlusion ciliorétinienne.
b. Occlusion combinée de l'artère et de la veine centrale de la rétine. Noter la présence d'un œdème ischémique maculaire.
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Exemple d'œdème maculaire lié à la diffusion d'un œdème papillaire vu en tomographie en cohérence optique
(OCT).
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Exemple d'œdème maculaire vu en tomographie en cohérence optique (OCT).
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Exemple de non-perfusion étendue.
a. Cliché couleur. Noter les nodules cotonneux interpapillomaculaires, ainsi que l'opacification de la rétine maculaire.
b. Angiographie à la fluorescéine. Confirmation de la présence de vastes territoires de non-perfusion par le colorant.
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Mise en évidence d'un macroanévrysme responsable d'un œdème maculaire chronique par la réalisation d'une
angiographie au vert d'indocyanine couplée à la tomographie en cohérence optique (OCT).
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Illustration de la reperfusion de la collerette irienne (flèches) au cours d'une occlusion veineuse ischémique (a à d).
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Illustration de la variété de présentation clinique des occlusions de la veine centrale de la rétine (a à c).
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Présence d'exsudats secs secondaires à l'œdème papillaire (a). Noter la disposition des exsudats en étoile maculaire (b).
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Illustration de l'intérêt des clichés en lumière bleue pour révéler la présence d'une opacification périveinulaire (a, b).
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Iconosup 20
Occlusion combinée de l'artère et de la veine centrale de la rétine vue en angiographie à la fluorescéine.
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Iconosup 21
Illustration de l'intérêt de l'angiographie au vert d'indocyanine pour le diagnostic différentiel d'avec un œdème papillaire.
a. L'angiographie à la fluorescéine ne montre qu'une diffusion.
b. L'angiographie au vert d'indocyanine permet de révéler la présence d'une circulation collatérale responsable d'un aspect de
pseudo-œdème papillaire.
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Iconosup 22
Aspect ophtalmoscopique et angiographie d'une occlusion de la veine centrale de la rétine de type non perfusé (a, b). La présence
de nodules cotonneux interpapillomaculaires est le signe essentiel de la présence d'une non-perfusion du pôle postérieur.
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Exemple de niveau hémorragique dans une bulle d'œdème maculaire, caractéristique des œdèmes maculaires des
occlusions veineuses.
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Épaississement maculaire d'origine ischémique au cours d'une occlusion de la veine centrale de la rétine (OVCR) sévère visible en
tomographie en cohérence optique (OCT).
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Exemple d'œdème maculaire.
a. Cliché en lumière verte.
b. L'angiographie à la fluorescéine montre l'accumulation de colorant au sein des bulles.
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Iconosup 26
Exemples d'occlusion de branche veineuse rétinienne. Croisement artérioveineux causal (flèches).
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Iconosup 27
Exemple d'occlusion de veine hémisphérique. L'examen à fort grossissement permet de montrer que les deux hémiveines
supérieures et inférieures (flèches) ne se rejoignent pas avant la lame criblée et qu'il n'y a pas de croisement artérioveineux
pouvant être
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Exemple de non-perfusion angiographique au cours d'une occlusion de branche veineuse rétinienne.
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Iconosup 29
Rétraction fibrovasculaire après occlusion hémisphérique (a, b).
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Iconosup 30
Effet de la photocoagulation ciblée sur un œdème maculaire postocclusion de branche veineuse rétinienne.
a. Aspect avant photocoagulation.
b. Impacts laser sur des macroanévrysmes identifiés par angiographie au vert d'indocyanine (ICG) (flèches).
c. Trois mois plus tard.
d. Un an plus tard. Noter la nette diminution de l'exsudation.
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Iconosup 31
Aspect du fond d'œil avant (a) et pendant (b) le traitement par triamcinolone intravitréenne. Noter la moindre dilatation
veineuse et la diminution du nombre des hémorragies après le traitement.
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Traitement de la rubéose irienne.
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Infosup 2
Critères de choix et modalités du traitement par injections intravitréennes de l'œdème maculaire.
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Infosup 3
Traitement des occlusions de la veine centrale de la rétine (OVCR).
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Infosup 4
Traitement des occlusions de branche veineuse rétinienne (OBVR).
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