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Précis

d'ophtalmologie
clinique
2e édition
Chapitre

16
Pathologie vasculaire
rétinienne
Rétinopathie diabétique (RD) 308
Occlusions veineuses de la rétine 315
Occlusions artérielles de la rétine 318
Syndrome d'ischémie oculaire 322
Rétinopathie hypertensive 322
Rétinopathie drépanocytaire 323
Rétinopathie des prématurés 325
Macroanévrisme artériel rétinien 328
Télangiectasies rétiniennes primitives 329
Maladie de Eales 332
Rétinopathie des radiations 332
Rétinopathie de Purtscher 333
Rétinopathie hémorragique idiopathique bénigne 333
Rétinopathie de Valsalva 333
Lipémie rétinienne 334
Maladie de Takayasu 334
Rétinopathie de haute altitude 334
Rétinopathie des maladies hématologiques 335

Précis d’ophtalmologie clinique, 2e édition


© 2012, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
308 Pathologie vasculaire rétinienne

Rétinopathie diabétique 2. Modifications hématologiques qui


prédisposent à un flux sanguin
(RD) capillaire diminué :
• Déformation des érythrocytes et
Facteurs de risque formation de rouleaux.
1. Diabète de type 1. • Activation et déformabilité réduite
2. Durée du diabète – le plus des globules blancs.
important. • Augmentation de l'adhérence et
3. Contrôle métabolique médiocre – de l'agrégation des plaquettes.
moins important que la durée • Augmentation de la viscosité du
d'évolution. plasma.
4. Grossesse – parfois associée à une 3. Occlusion et hypoxie rétinienne qui
progression rapide de la RD. peut entraîner (Fig. 16.2) :
5. Hypertension artérielle – doit a. Shunts artérioveineux – anomalies
être rigoureusement contrôlée microvasculaires intrarétiniennes
(< 140/80 mmHg). (AMIR).
6. Néphropathie – si sévère, associée b. Néovascularisation – au niveau
à une aggravation de la RD. de la rétine et du nerf optique
7. Autres – obésité, hyperlipidémie et (rétinopathie proliférante), et
anémie. parfois rubéose irienne.
4. Extravasation (Fig. 16.3)
• L'extravasation capillaire étendue
Pathogénie entraîne un œdème rétinien
diffus.
La RD est une microangiopathie qui • La fuite locale au niveau des
se caractérise par des occlusions microanévrismes donne lieu à un
(Fig. 16.1) et des phénomènes de fuite. œdème rétinien localisé et à la
1. Capillaropathie – dégénérescence formation d'exsudats secs.
et perte des péricytes, prolifération
des cellules endothéliales,
épaississement de la membrane
Shunts AV
basale et occlusion.
ole

Facteur de croissance
Veinu
Artéri

vasculaire
Rétine hypoxique
le

Occlusion
Diffusion
1. Épaississement de la
membrane basale
2. Cellule endothéliale
endommagée
3. Hématocytes modifiés Rubéose irienne
4. Augmentation de
l’adhésivité plaquettaire Rétinopathie proliférante
Pertes de péricytes

Fig. 16.1 Pathogénie de l'occlusion Fig. 16.2 Conséquences de l'occlusion


microvasculaire microvasculaire
Rétinopathie diabétique (RD) 309

Hémorragies dans la couche


MLI des fibres optiques
Perméabilité vasculaire augmentée
CFN
CCG
CPI
CNI

Œdème
CPE Exsudats secs Logettes cystoïdes

CNE Hémorragies
R et CPR ponctiformes
EP
MB
Œdème rétinien

Fig. 16.4 Localisation des lésions


Exsudats secs dans la RDNP
CCG : couche des cellules
Fig. 16.3 Conséquences des fuites ganglionnaires ; CFN : couche des
fibres nerveuses ; CPR : couche des
Rétinopathie diabétique photorécepteurs ; CNE : couche nucléaire
externe ; CNI : couche nucléaire interne ;
non proliférante CPE : couche plexiforme externe ;
Diagnostic (Fig. 16.4) CPI : couche plexiforme interne ;
EP : épithélium pigmentaire ;
1. Microanévrismes MB : membrane de Bruch ; MLI :
a. Signes – de petits points rouges, membrane limitante interne ; R : rétine.
initialement en temporal de la
fovéa, sont les premiers signes
de RD (Fig. 16.5).
b. AF – points hyperfluorescents
suivis d'une hyperfluorescence
diffuse.
2. Exsudats secs
a. Signes – lésions jaunes, cireuses,
souvent disposées en amas et/
ou en couronne au pôle postérieur
(Fig. 16.6).
b. AF – hypofluorescence due au
blocage de la fluorescence Fig. 16.5 RDNP minime
choroïdienne d'arrière-plan.
3. Hémorragies rétiniennes
a. Hémorragies intrarétiniennes –
aspect de « tache ponctiforme »
(Fig. 16.7).
b. Hémorragies en flammèches – le
long de la couche de FNR.
4. Œdème maculaire
a. Signes – épaississement rétinien
au niveau de la macula.
b. AF – hyperfluorescence tardive.
c. OCT – épaississement rétinien.
Fig. 16.6 RDNP modérée
310 Pathologie vasculaire rétinienne

b
Fig. 16.7 RDNP sévère

Prise en charge
1. Rétinopathie diabétique non
proliférante (RDNP) minime à
modérée – pas de traitement et
contrôle annuel.
2. RDNP sévère – évaluer un œdème
maculaire cliniquement significatif.
Fig. 16.8 Maculopathie focale
Maculopathie diabétique
Diagnostic b. AF – non-perfusion capillaire au
1. Focale niveau de la fovéa (Fig. 16.10b).
a. Signes – épaississement rétinien 4. Définition de l'œdème maculaire
bien circonscrit associé à des cliniquement significatif (OMCS –
exsudats secs en couronne Fig. 16.11) :
(Fig. 16.8a). • Œdème rétinien au sein des
b. AF – hyperfluorescence focale et 500 µm du centre de la fovéa
tardive due à l'extravasation et à (Fig. 16.11a).
une bonne perfusion maculaire • Exsudats secs au sein des
(Fig. 16.8b). 500 µm du centre de la fovéa,
2. Diffuse en cas d'association à un
a. Signes – épaississement rétinien épaississement rétinien (qui peut
diffus, qui peut être associé à un être en dehors des 500 µm –
OMC (Fig. 16.9a). Fig. 16.11b).
b. AF – hyperfluorescence diffuse et • Œdème rétinien d'une surface
tardive (Fig. 16.9b). égale ou supérieure à une papille
3. Ischémique (1500 µm), dont une partie
a. Signes – des signes de quelconque se trouve à moins
rétinopathie préproliférante peuvent d'un diamètre papillaire du centre
être présents (Fig. 16.10a). de la fovéa (Fig. 16.11c).
Rétinopathie diabétique (RD) 311

a a

b b

Fig. 16.9 Maculopathie diffuse Fig. 16.10 Maculopathie ischémique


3. Traitement en grille
• Dans les zones d'épaississement
Photocoagulation au laser argon rétinien diffus à plus de 500 µm
1. Indications – tous les yeux avec du centre de la fovéa et plus de
un OMCS doivent être traités, 500 µm du bord temporal de la
indépendamment du degré d'acuité papille.
visuelle, car ce traitement réduit le • La taille du spot est de 100 µm
risque de cécité de 50 %. et le temps d'exposition de 0,10 s,
2. Traitement focal donnant une brûlure d'intensité
• Sur les microanévrismes et les très légère.
lésions microvasculaires au centre 4. Résultats – 70 % conservent
des couronnes d'exsudats secs une acuité visuelle stable, 15 %
situés à 500–3000 µm du centre présentent une amélioration, et 15 %
de la fovéa. se dégradent ultérieurement.
• La taille du spot est 5. Facteurs oculaires pronostiques
de 50–100 µm et le temps négatifs
d'exposition de 0,10 s, avec • Exsudats secs affectant le centre
une puissance suffisante de la fovéa.
pour provoquer un léger • Œdème maculaire diffus.
blanchissement ou un • OMC.
assombrissement des • Maculopathie mixte exsudative et
microanévrismes. ischémique.
312 Pathologie vasculaire rétinienne

a b

Fovéa

Fig. 16.11 OMCS

6. Facteurs systémiques pronostiques de la rétine externe et de la


négatifs choriocapillaire.
• Hypertension mal contrôlée. 3. Vitrectomie par la pars plana – pour
• Néphropathie. œdème maculaire associé à une
• Taux élevés d'hémoglobine traction tangentielle par une hyaloïde
glycosylée. postérieure épaissie et tendue.
4. Injection intravitréenne d'acétonide
Autres formes de traitement de triamcinolone – pour un œdème
1. Laser Nd : YAG à basse énergie maculaire diffus qui ne répond pas
(532 nm) – laser en lumière verte au laser conventionnel.
dans lequel l'énergie employée est 5. Anti-VEGF – pour OMC.
la plus faible, capable de produire 6. Atorvastatine orale – dans le
une brûlure à peine visible. diabète de type 2 avec dyslipidémie,
2. Laser diode infraliminaire micropulse réduit les exsudats secs et la
(810 nm) – brûlures appliquées migration lipidique sous-fovéolaire
sur l'EP sans atteinte significative des yeux avec OMCS.
Rétinopathie diabétique (RD) 313

Rétinopathie diabétique Diagnostic (Fig. 16.14)


préproliférante (RDPP) 1. Nodules cotonneux
a. Signes – petites lésions
Définition superficielles blanchâtres,
La RDNP qui présente des signes duveteuses.
d'atteinte proliférante imminente est b. AF – hypofluorescence focale
appelée RDPP. Les signes cliniques fréquemment associée à une
(Fig. 16.12) reflètent une ischémie réti- exclusion des capillaires adjacents.
nienne progressive, vue en AF comme
des zones hypofluorescentes étendues
représentant une non-perfusion capil-
laire (exclusion – Fig. 16.13).

Anomalies NC
MLI artérielles AMIR

CFN
CCG
CPI Veine en Occlusion capillaire
chapelet

CNI

CPE
Fig. 16.14 RDPP

Fig. 16.12 Lésions dans la RDPP 2. Anomalies microvasculaires


CCG : couche des cellules intrarétiniennes (AMIR)
ganglionnaires ; CFN : couche des a. Signes – lignes rouges fines
fibres nerveuses ; CNI : couche et irrégulières, qui vont des
nucléaire interne ; CPE : couche artérioles aux veinules.
plexiforme externe ; CPI : couche b. AF – hyperfluorescence focale
plexiforme interne ; MLI : membrane associée à une exclusion des
limitante interne. capillaires adjacents.
3. Altérations veineuses – dilatation,
tortuosité, formation de boucles,
aspect en enfilement de perles et
de segmentation en « chapelet de
saucisses ».
4. Altérations artérielles –
rétrécissement périphérique, aspect
en fils d'argent et oblitération.
5. Hémorragies en taches sombres –
infarctus rétiniens hémorragiques.
Prise en charge
Les patients avec RDPP doivent être
surveillés attentivement en raison du
Fig. 16.13 AF dans la RDPP risque de RDP. Le traitement laser n'est
314 Pathologie vasculaire rétinienne

généralement pas indiqué, sauf si un


suivi régulier est impossible, ou que
la vision de l'autre œil a été perdue à
cause d'une rétinopathie proliférante1.
Rétinopathie diabétique
proliférante
1. Signes
a. Néovaisseaux papillaires (NVP) –
néovascularisation au niveau de
la tête du nerf optique ou à moins
d'un diamètre papillaire de celle-ci Fig. 16.16 NVE
(Fig. 16.15).
b. Néovaisseaux extrapapillaires
(NVE) ou prérétiniens –
néovascularisation plus loin de la
papille (Fig. 16.16).
2. Traitement – 1000 à 2000
impacts disséminés à partir du
pôle postérieur afin de couvrir la
périphérie rétinienne en une ou
plusieurs séances (Fig. 16.17).
3. Signes d'involution – régression
de la néovascularisation laissant
des vaisseaux « fantômes » ou du
tissu fibreux, une diminution des Fig. 16.17 Aspect après PPR
altérations veineuses, une résorption
des hémorragies rétiniennes et une
pâleur de la papille.
Complications oculaires
diabétiques évoluées
1. Signes – hémorragie (en
rétrohyaloïde, dans le gel vitréen), DR
tractionnel (Fig. 16.18) et rubéose
irienne.
2. Indications de la vitrectomie par la
pars plana
a. Hémorragie vitréenne persistante
sévère – la vitrectomie est
envisagée dans les 3 mois chez
Fig. 16.15 NVP les diabétiques de type 1 et au
6e mois chez les types 2.
1
Cependant, en France, en raison du risque
de progression vers une RDP, une photocoa- b. DR progressif tractionnel –
gulation panrétinienne (PPR) est souvent pro- menaçant ou impliquant la
posée. (NdT) macula.
Occlusion veineuse de la rétine 315

occlusive, contraception orale et


insuffisance rénale chronique.

Occlusion des branches


veineuses de la rétine
Classification
1. OBVR majeure
• D'une branche temporale de
premier ordre au niveau de la
papille (Fig. 16.19a).
• D'une branche temporale de
Fig. 16.18 Atteinte oculaire diabétique
évoluée premier ordre à distance de
la papille mais impliquant une
c. DR combiné tractionnel et branche maculaire (Fig. 16.19b).
rhegmatogène – même si la 2. OBVR maculaire mineure –
macula n'est pas impliquée. n'impliquant qu'une branche
d. Hémorragie sous-hyaloïdienne maculaire (Fig. 16.19c).
prémaculaire – si massive et 3. OBVR périphérique – n'impliquant
persistante. pas la circulation maculaire
3. Résultats visuels de la vitrectomie – (Fig. 16.19d–f).
70 % des cas ont une amélioration
visuelle, environ 10 % ont une b
aggravation et les autres restent
inchangés.
c

Occlusions veineuses
f
de la rétine
Facteurs prédisposants
a
1. Âge – plus de 50 % des patients ont
plus de 65 ans. d
2. Hypertension artérielle – chez 64 %
des patients de plus de 50 ans et
chez 25 % des patients plus jeunes. e
3. Hyperlipidémie (cholestérol > 6,5
mmol/l) – chez 35 % des patients. Fig. 16.19 Classification de l'OBVR
4. Diabète sucré – chez environ 10 %
des plus de 50 ans. Diagnostic
5. Augmentation de la PIO – augmente 1. Signes aigus (Fig. 16.20a)
le risque d'OVCR. • Dilatation et tortuosité du
6. Moins fréquents – troubles segment veineux en amont du
myéloprolifératifs, états site de l'occlusion et atténuation
thrombophiliques, périphlébite en aval de l'occlusion.

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