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- L’OMD est defini par la constatation d’un epaississement retinien et/ou d’exsudats lipidiques au
pole posterieur..
- L’oedème maculaire diabétique (OMD) est la principale cause de baisse de vision chez les patients
diabétiques dans les pays développés.
- Il atteindrait 5 % de la population diabétique.
- La physiopathologie de l’OMD est multifactorielle et imparfaitement connue.
Aspects cliniques
Symptô mes
- L’oedème maculaire survient souvent de fac¸on insidieuse. Une baisse de vision dans le cadre d’un
OMD peut être ressentie par le patient mais elle est rarement un motif de consultation.
- L’œdème entraîne souvent un syndrome maculaire peu franc.
- Des métamorphopsies ou une micropsie, un trouble de la vision des couleurs avec parfois la
sensation de couleurs « délavées », une baisse de la perception des contrastes, la présence d’un
scotome central relatif sont parfois perçus par le patient.
Facteurs de risque
- De grandes études épidémiologiques ont mis en évidence les facteurs augmentant le risque de
survenue d’OMD:
le mauvais contrô le glycémique : l’incidence de l’oedème diabétique augmente avec la sévérité de
la rétinopathie diabétique (RD) et une hémoglobine glyquée élevée ;
l’hypertension artérielle ;
la dyslipidémie (surtout l’hypercholestérolémie) ;
l’anémie ;
la néphropathie (mircroalbuminurie et albuminurie), l’apnée du sommeil, la grossesse et le
traitement par glitazones sont des facteurs de risque plus discutés.
- En outre, l’incidence de l’OMD augmente avec :
l’â ge ; l’OMD est rare avant 40 ans ;
la durée du diabète supérieure à cinq ans ;
le type de diabète, le diabète de type 1 étant plus à risque, avec une incidence de 30 % au bout de
25 ans de diabète ;
le traitement par insuline chez les diabétiques de type 2
- Facteurs mecaniques :
traction vitreomaculaire ; membrane epiretinienne
- La rétine est constamment traversée par les flux liquidiens. Ces flux sont régis par la loi de
Starling : d’une part les liquides se déplacent selon le gradient de pression oncotique du secteur
vitréorétinien vers la choroïde, d’autre part du milieu intravasculaire vers le milieu extravasculaire
selon le gradient de pression hydrostatique.
- La rétine conserve son épaisseur et sa transparence grâ ce aux barrières hématorétiniennes qui
régulent ces flux en maintenant constants ces gradients et empêchent la rétention de fluide dans le
tissu rétinien.
- La pathogenie de l’OMD est complexe et fait intervenir de nombreux mecanismes intriques.
- L’hyperglycemie chronique est le principal facteur a l’origine de l’OMD.
- En situation d’hyperglycemie chronique, quatre voies biochimiques principales sont activees :
la cascade des polyols ;
la voie des produits avances de la glycation ;
la voie de la proteine kinase C ;
la voie des hexosamines
- Ces voies augmentent le stress oxydatif, l’inflammation, l’hypoxie et la dysfonction vasculaire.
- Il en resulte l’activation de differents facteurs de croissance et cytokines, tels que le vascular
endothelial growth factor (VEGF ), les angiopoietines, le tumor necrosis factor (TNF), les
interleukines (IL), les metalloproteinases matricielles (MMP) qui contribuent a la rupture de la
barriere hematoretinienne (BHR) interne et a l’OMD.
- La rupture de la BHR interne est le mecanisme principal a l’origine de l’OMD.
- Son bon fonctionnement repose sur l’integrite structurelle et fonctionnelle des différents éléments
qui la composent, mais dépend aussi des interactions dynamiques entre cellules endotheliales,
cellules gliales et tissu neuronal au sein du complexe neurovasculaire
Dysfonctionnement de la barriere hemato-retinienne interne
- La BHR interne controle les echanges de metabolites et de dechets entre la lumiere des capillaires
et des vaisseaux retiniens, et la neuroretine.
- Elle est principalement constituee par les systemes de jonction serree entre les cellules
endotheliales adjacentes.
- L’alteration de la BHR interne survient precocement au cours du diabete
- Elle est caracterisee par une perte de pericytes, un epaississement de la membrane basale des
capillaires retiniens et une diminution du nombre des cellules endotheliales
- Ces lesions tissulaires sont la consequence des differentes modifications biochimiques induites par
l’hyperglycemie chronique
- Il en resulte une hyperpermeabilite diffuse qui contribue a l’aggravation de la RD.
- Les mecanismes responsables de cette hyperpermeabilite sont multiples :
L’action du VEGF sur les proteines des jonctions serrees des cellules endotheliales retinienne
Des taux eleves de cytokines inflammatoires ont ete retrouves dans le vitre ou l’humeur aqueuse
de patients atteints d’OMD, notamment d’IL-6, IL-8 et de chemokine ligand 2, Elle jouerait un role
majeur dans la rupture de la BHR interne.
Une leucostase accrue (adhesion de leucocytes a la paroi endotheliale des capillaires retiniens) est
observee des les stades tres precoces de la RD, les monocytes actives se differencient en
macrophages, qui secretent VEGF et cytokines inflammatoires
L’hypoxie joue egalement un role dans la rupture de la BHR par l’intermediaire de l’hypoxia-
inducible factor 1 (HIF-1), principal regulateur de l’homeostasie en oxygene
La perte des pericytes, observee precocement au cours de la RD, concourt a la rupture de la BHR
interne
Enfin, la diminution d’epaisseur du glycocalyx des cellules endotheliales au cours du diabete, ainsi
que l’epaississement de la membrane basale des cellules endotheliales favoriseraient egalement
l’augmentation de la permeabilite vasculaire
OCT :
- Objectivant : un epaississement de la retine maculaire qui se manifeste sous la forme d’une
augmentation de l’hyporeflectivite des couches externes de la retine. Il peut s’y associer des
exsudats, des logettes cystoides ainsi qu’un decollement sereux retinien (DSR) et analyse
l’interface VM
- En pratique clinique, on peut considerer qu’une retine est epaissie lorsque l’epaisseur
centromaculaire (1 000 μ centraux de la grille ETDRS) est superieure a 250 μ pour le time- (TD-
OCT) et environ 300–350 μ pour (SD- OCT)
- l’interruption de la ligne élipsoïde (jonction des segments externes et internes des
photorécepteurs), la présence de kystes liquidiens intrarétiniens et la diminution de tissu rétinien
seraient de mauvais pronostic
Angiographie à la fluorescéine
- L’angiographie à la fluorescéine (AF) permet de caractériser l’OMD.
- En effet, elle permet de classer l’OMD en trois catégories selon la classification de la Société
francophone du diabète de 1996
l’OMD focal est associé en AF à des microanévrismes à l’origine d’une diffusion de fluorescéine
localisée Ce type d’OMD répond bien au traitement laser ;
l’OMD diffus est associé à une diffusion généralisée du lit capillaire de l’aire maculaire. Il est
souvent cystoïde, Ce type d’OMD est souvent réfractaire au traitement laser qui n’améliore la
vision que dans 14,5 % des cas
enfin, l’OMD ischémique est caractérisé par la disparition de la trame capillaire fovéolaire : la
vision dans ce cas est effondrée (souvent non chiffrable) et aucun traitement n’est efficace.
Angio- oct et
- L’OCTA apporte aujourd’hui une visualisation precise de l’architecture capillaire dans les
pathologies retiniennes maculaires, constituant un outil diagnostique et de suivi supplementaire
Echographie :
- L’echographie permet d’analyser l’etat retinien et l’interface vitreomaculaire en cas de cataracte
dense ou d’hemorragie du vitre
Formes cliniques :
OMD et grossesse :
- La survenue d’un OMD pendant la grossesse est peu frequente et generalement concomitante
d’une aggravation importante de la retinopathie diabetique, evoluant vers une forme proliferante
- incidence : 6 % des femmes enceintes diabetiques, 10 % des femmes enceintes diabetiques avec
une retinopathie en debut de grossesse et 60 % des femmes enceintes diabetiques avec une
retinopathie diabetique proliferante durant la grossesse
- En cas de retinopathie diabetique non proliferante severe ou plus grave survenant au cours de la
grossesse, il faut realiser immediatement et rapidement une photocoagulation panretinienne (sauf
eventuellement en toute fin de grossesse), meme s’il existe un oedeme maculaire.
- L’amelioration en post-partum d’un OMD survenu pendant la grossesse est la regle et Il ne faut
donc pas traiter l’OMD pendant la grossesse et patienter jusqu’au post-partum.
- Dans les cas de persistance de l’OM en post-partum, avec une amelioration progressive et une
acuite visuelle peu abaissee, on pourra attendre quelques mois supplementaires avant d’envisager
alors un traitement
- En cas de persistant en post- partum sans tendance a l’amelioration, la prise en charge sera
habituelle (injections d’anti- VEGF, etc.). L’allaitement sera alors plutot deconseille
OMD et chirurgie de la cataracte
Physiopathologiques
- La physiopathogenie de l’OM postoperatoire apparait multifactorielle.
- Les facteurs etiologiques suspectes incluent l’inflammation, les mecanismes de traction vitreenne
et l’hypotonie
- Parmi ceux- ci, le mecanisme principal semble être une inflammation du segment anterieur
induite par la chirurgie resultant en une liberation de mediateurs inflammatoires endogenes,
diffusent a travers le vitre vers la retine, augmentent la permeabilite vasculaire et alterent les
capillaires perifoveolaires, resultant en une accumulation de fluide intraretinien.
- En cas d’OMD préopératoire, le traitement de l’OMD avant chirurgie de la cataracte sera
privilegie et la chirurgie pratiquee apres disparition de l’oedeme maculaire.
- L’equilibre glycemique et tensionnel doit idealement etre obtenu avant phacoemulsification (PKE).
- Chez les patients diabetiques, un traitement peroperatoire peut etre propose en association a la
chirurgie de la cataracte si le patient présente un OMD preoperatoire traite ou en cours de
traitement.
- L’association de collyres anti- inflammatoires non steroidiens (AINS) a la dexamethasone en
postoperatoire semble diminuer l’apparition d’un OMD.
- Chez les patients diabetiques n’ayant pas d’OMD preoperatoire, une IVT d’anti- VEGF ou de
corticoides preventive n’est pas recommandee systematiquement
OMD et PPR :
- En l’absence d’OM preexistant, la PPR induit habituellement un epaississement retinien modere,
avec peu de retentissement, et le plus souvent transitoire. (Moins de 20 % des patients ont un
trouble visuel qui persiste au dela de 3 a 4 mois)
- En l’absence d’OM preexistant, un trouble visuel qui s’installe en cours de PPR regresse
spontanement en 3 a 4 mois dans plus de 80 % des cas.
- En cas d’OM associe, le risque de majoration de l’OM apres PPR incite à différer sa réalisation de
quelques semaines lorsqu’elle n’est pas urgente (RD preproliferante ou proliferante minime) afin
de controler l’OM au prealable.
- En cas d’indication urgente de PPR, l’injection intravitreenne conjointe d’agents
pharmacologiques est indiquee en presence d’un OM associe
Traitement :
Traitement préventif :
- L’équilibre glycémique du diabète avec des objectifs d’hémoglobine glyquée inférieure ou égale à
6,5 % permet de réduire le risque d’apparition de la maladie chez les diabétiques de type 1 de
presque 30 % et celui de sa progression de plus de 50 %
- Le contrô le glycémique permet des résultats équivalents chez les diabétiques de type 2, avec un
risque de complications microvasculaires et de progression de la RD diminué de 20 à 25 % à dix
ans
- Une amélioration de la tension artérielle systolique de 10 mmHg et la diastolique de 5 mmHg
réduit le risque d’apparition et de progression de la RD de 35 % environ après sept ans
- la prise en charge des autres facteurs de risque cardiovasculaires, comme le sédentarisme,
l’hyperlipidémie et le tabac, diminue encore le risque de progression de la RD
Traitement par laser :
- Le laser reste le traitement de premiere intention des oedemes focaux extracentraux, cliniquement
significatifs, c’est- a- dire constituant une menace pour la fonction visuelle.
- Le laser n’est plus le traitement de premiere intention des OM touchant le centre
- En cas d’OMD central, le laser est un traitement qui doit etre differe et mis en oeuvre pour traiter
l’oedeme residuel persistant apres un traitement par injections intravitreennes.
Injections intravitréennes de corticoïdes : hors AMM sauf pour l’ozurdex
- Les traitements par IVT d’acetonide de triamcinolone, d’implant de dexamethasone et d’acetonide
de fluocinolone sont efficaces pour traiter l’OMD.
- Leur effet benefique est limite par leurs effets secondaires.
- Le taux d’effets secondaires varie selon le corticoide utilise : il est plus eleve avec la triamcinolone
et l’acetonide de fluocinolone qu’avec la dexamethasone.
- Avec l’apparition de l’implant de dexamethasone, l’acetonide de triamcinolone n’est plus indique
pour traiter l’OMD.
- La duree de l’efficacite de l’implant de dexamethasone est de l’ordre de 3 a 4 mois.
- L’implant de dexamethasone est indique dans l’OMD associe a une baisse visuelle, de premiere
intention chez les patients pseudophaques et chez les patients pour lesquels un traitement non
corticoide ne convient pas, et de deuxieme intention chez les patients insuffisamment repondeurs
a un traitement non corticoide.
Injections intravitréennes d’anti-VEGF
- 40 a 60 % des yeux traites par anti- VEGF gagnent 2 lignes d’acuite visuelle ou plus, et 25 a 30 %
gagnent 3 lignes d’acuite visuelle ou plus.
- Les yeux traites par anti- VEGF perdent deux a trois fois moins d’acuite visuelle que ceux traites
par laser.
- Pour obtenir ces gains visuels, le traitement initial doit etre intensif avec un nombre moyen
d’injections compris entre sept et neuf durant la premiere annee de traitement.
Le ranibizumab (Lucentis®) a obtenu une AMM dans cette indication.
- C’est un fragment d’anticorps monoclonal recombinant humanisé qui se lie à toutes les isoformes
du VEGF
- Injection 0. 5 mg
- Le bévacizumab (Avastin®) est un anticorps monoclonal recombinant humanisé entier, qui se lie
à toutes les isoformes du VEGF
- Aflibercept 2 mg, AMM
- Le schema d’administration consistait en une phase d’induction avec 3 IVT mensuelles suivies
d’une phase de suivi mensuelle (avec injection a la demande ou PRN) ou une injection systematque
espaces selon un intervalle (treat and extend)
Vitrectomie :
- L’OMD tractionnel, c’est- a- dire associe a une traction vitreomaculaire, est la seule forme clinique
pour laquelle la chirurgie est indiquee de premiere intention