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TRACLI-2970; No. of Pages 5 ARTICLE IN PRESS


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Transfusion Clinique et Biologique xxx (2017) xxx–xxx

Article original

Prise en charge thérapeutique des patients atteints de bêta-thalassémie


majeure dans un service de pédiatrie du sud tunisien : à propos de 26 cas
Management of patients with major beta thalassemia in a paediatric department in the south of
Tunisia: About 26 cases
I. Maaloul a,∗ , O. Laaroussi b , I. Jedidi b , L. Sfaihi a , S. Kmiha a , T. Kamoun a ,
H. Aloulou a , M. Hachicha a
a Service de pédiatrie générale, CHU Hédi Chaker, route El Ain km 0,5, 3029 Sfax, Tunisie
b Laboratoire d’hématologie, CHU Habib Bourguiba, Sfax, Tunisie

Résumé
But de l’étude. – Évaluer la prise en charge des patients atteints de bêta-thalassémie majeure et préciser les différentes complications.
Patients et méthodes. – Une étude rétrospective, colligeant 26 cas de bêta-thalassémie majeure pris en charge dans le service de pédiatrie de l’hôpital
Hédi Chaker de Sfax durant une période de 25 ans allant du 1er janvier 1990 au 31 décembre 2014.
Résultats. – L’âge moyen de début de transfusion était de 11,5 mois par des culots globulaires phénotypés mais non déleucocytés. Vingt-trois patients
ont bénéficié d’une chélation. Avant 2001, tous les patients recevaient le déféroxamine, une mauvaise observance de ce traitement a été notée dans
66 % des cas. Il a été remplacé par le dérfériprone à partir de 2006 et par déférasirox à partir de 2009. Une association de 2 ou 3 chélateurs était néces-
saire pour 4 patients. Une splénectomie totale a été réalisée chez 10 patients devant un hypersplénisme. La greffe de moelle osseuse a été réalisée chez
un seul patient à l’âge de 9 ans, elle s’est soldée par un rejet chronique. Plusieurs complications ont été observées : endocriniennes (19 cas), immuni-
taires (9 cas) lithiase biliaire (5 cas), cardiaques (4 cas), ostéo-articulaires (3 cas), infectieuses (3 cas) et thromboemboliques : et thromboemboliques
(2 cas) 2 cas. Des effets indésirables secondaires au traitement chélateur ont été enregistrés dans 12 cas. Quatre patients sont décédés.
Conclusion. – L’amélioration de la prise en charge thérapeutique des enfants ␤-thalassémiques nécessiterait une observance du régime transfusionnel
et du traitement chélateur. La greffe de moelle osseuse géno-identique reste la seule thérapie curative, qu’il faut promouvoir dans notre pays.
© 2017 Publié par Elsevier Masson SAS.
Mots clés : ␤-thalassémie majeure ; Maladie de Cooley ; Surcharge en fer ; Chélateur de fer ; Transfusion

Abstract
Aim. – Our objectives were to assess the management of patients with major thalassemia and identify the various complications and monitoring
means.
Patients and methods. – A retrospective study was conducted on 26 ␤-thalassemic patients in the department of paediatrics, Hédi Chaker hospital,
Sfax, Tunisia during a period of 25 years (from 1 January 1990 to 31 December 2014).
Results. – The mean age of the beginning of transfusion was 11.5 months. That was with phenotyped red blood cells but not leukodepleted blood.
Twenty-three patients received chelation. Before 2001, all patients received deferoxamine, poor adherence to this treatment was observed in 66% of
cases. It was replaced by deferiprone since 2006 and deferasirox since 2009. A combination of 2 or 3 chelators was indicated for four patients. A total
splenectomy was performed in 10 cases patients; it was due to hypersplenism. The bone marrow transplant was performed for one patient at the age
of 9 year but it was rejected. Many complications were detected: endocrine complications (19 cases), immune complications (9 cases), gallbladder
stones (5 cases), cardiac complications (4 cases), osteoporosis (3 cases), infectious complications (3 cases) and thromboembolic complications (2
cases). We noted some side effects related to chelation therapy in twelve cases. Four patients were dead.
Conclusion. – Improving the medical care of homozygous ␤-thalassemic children requires adherence to transfusion regimen and chelation therapy.
Bone marrow transplantation remains the only possible curative therapy, which must be promoted in our country.
© 2017 Published by Elsevier Masson SAS.
Keywords: ␤-Thalassemia major; Cooley disease; Iron overload; Iron chelator; Transfusion

∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : maaloul.ines@hotmail.fr (I. Maaloul).

https://doi.org/10.1016/j.tracli.2017.11.002
1246-7820/© 2017 Publié par Elsevier Masson SAS.

Pour citer cet article : Maaloul I, et al. Prise en charge thérapeutique des patients atteints de bêta-thalassémie majeure dans un service de
pédiatrie du sud tunisien : à propos de 26 cas. Transfusion Clinique et Biologique (2017), https://doi.org/10.1016/j.tracli.2017.11.002
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1. Introduction Au moment du diagnostic, tous les patients avaient un taux


d’hémoglobine inférieur à 8 g/dL.
La bêta-thalassémie majeure (␤TM) est définie par l’absence L’EPHb a permis de confirmer le diagnostic en mettant en
de synthèse des chaînes ␤ de globine, causée par une muta- évidence un taux d’Hb F élevé variant entre 53,4 % et 99 % avec
tion génétique dans le gène codant pour les chaînes bêta de une moyenne de 88,1 %.
l’hémoglobine. Les personnes atteintes de ␤TM ont besoin d’une La biologie moléculaire était réalisée chez onze patients
transfusion sanguine régulière pour survivre [1]. (42,3 %). Les mutations les plus rencontrées étaient la mutation
En Tunisie, la bêta-thalassémie représente l’hémoglobinop- ␤-thalassémique IVS(1 110) homozygote retrouvée dans 5 cas
athie la plus fréquente avec une distribution géographique bien et la mutation thalassémique codon 39 homozygote retrouvée
déterminée. La fréquence moyenne du trait thalassémique est chez 5 patients.
estimée à 2,21 % [2]. L’âge moyen de début de transfusions était de 11,5 mois puis
La ␤TM pose un problème de prise en charge. En effet, elle périodiquement toutes les 3 à 4 semaines par des culots glo-
est coûteuse et contraignante pour le malade et sa famille, en bulaires (CG) phénotypés. Les caractéristiques biologiques et
plus du coût social qu’elle engendre. Elle est à l’origine de plu- moléculaires de nos patients sont représentées dans le Tableau 1.
sieurs complications qui peuvent être liées soit à la maladie telle Le nombre de transfusion moyen annuel était de 11. Les
que l’hémochromatose ou liées au traitement (chélateur de fer, chiffres moyens d’Hb pré- et post-transfusionnel étaient respec-
splénectomie). tivement de 7,5 g/dL et 10,7 g/dL.
Les objectifs de cette étude étaient d’ évaluer la prise en cha- L’index transfusionnel annuel moyen était de 228 mL/kg/an
rge des patients atteints de bêta-thalassémie majeure et de pré- avec des extrêmes de 43 mL/kg/an et 527 mL/kg/an.
ciser les différentes complications. Le traitement chélateur a été indiqué dans tous les cas mais
seulement 23 patients (88,5 %) ont bénéficié de ce traitement.
2. Patients et méthodes L’âge moyen de début de la chélation était de 2 ans avec des
extrêmes de 1 an et 4 ans soit en moyenne 14 mois après la
Notre travail consiste en une analyse rétrospective de 26 dos- première transfusion.
siers de patients atteints de ␤TM, diagnostiqués et pris en charge La chélation était débutée après une moyenne de 20 transfu-
dans le service de pédiatrie de l’hôpital Hédi Chaker de Sfax sions avec des extrêmes de 10 et 36 transfusions. Le taux moyen
durant une période de 25 ans allant du 1er janvier 1990 au de ferritinémie, au début de la chélation, était de 1619 ng/mL
31 décembre 2014. avec des extrêmes de 921 ng/mL et 2200 ng/mL.
Les données épidémiologiques, cliniques, biologiques, thé- Trois molécules étaient utilisées pour la chélation : défé-
® ®
rapeutiques et évolutives ont été recueillies à partir des dossiers roxamine (Desféral ), défériprone (Ferriprox ) et déférasirox
®
médicaux et des carnets de suivi. (Exjade ).
Chez tous nos patients, on a noté : les données épidémio- ®
Le Desféral a été prescrit initialement chez 12 patients.
logiques, les circonstances de découverte de la maladie, la Cependant, une mauvaise observance thérapeutique était notée
symptomatologie clinique (retard staturo-pondéral, dysmorphie dans 66 % des cas. Les effets secondaires observés chez nos
faciale. . .), les données hématologiques et l’électrophorèse de patients étaient essentiellement : une douleur locale au point
l’hémoglobine. d’injection chez 6 patients et des réactions allergiques de type
Le protocole de la prise en charge thérapeutique était basé prurit dans 2 cas.
essentiellement sur les transfusions mensuelles et la chélation du ®
Le Ferriprox a été prescrit depuis 2006 par voie orale à la
fer. L’efficacité des transfusions a été évaluée par l’hémoglobine dose de 75 mg/kg/j chez 3 patients. La ferritinémie moyenne
pré- et post-transfusionnelle, par le rythme des transfusions et ®
sous Ferriprox a passé de 2500 ng/mL à 1900 ng/mL.
par le calcul de l’index annuel de transfusion. Pour la splénec- ®
La tolérance au Ferriprox était globalement bonne ; des
tomie, l’âge du patient et l’indication de la splénectomie ont été
troubles digestifs à type nausées et douleur épigastrique ont été
enregistrés.
notés chez un seul patient.
Les différentes complications liées à la maladie et les effets ®
indésirables des thérapeutiques utilisées ont été repérés. La ferritinémie moyenne sous Ferriprox a passé de
2500 ng/mL à 1900 ng/mL.
3. Résultats À partir de 2009, le déférasirox a été prescrit chez 17 patients
(65,3 %) par voie orale à la dose de 20 à 40 mg/kg/j en une
®
Nos patients se répartissaient en 17 garçons et 9 filles, soit un seule prise. La ferritinémie moyenne sous Exjade a passé de
sex-ratio de 1,9. La majorité de nos patients (65,5 %) étaient issus 1750 ng/mL avant le début du traitement à 1300 ng/mL après
de mariage consanguin. L’âge moyen au moment du diagnostic traitement chélateur.
était de 11 mois (extrêmes : 3 mois–40 mois) et l’ incidence Les principaux effets secondaires notés étaient une cytolyse
était de 1 à 2 nouveau cas par an (Fig. 1). Le retentissement hépatique modérée dans 2 cas et un rash cutané dans 1 cas.
clinique de l’anémie s’est traduit par une pâleur chez 80,6 % Quatre patients ont nécessité l’association de chélateurs dont
des patients, une splénomégalie chez 38,5 %, une dysmorphie 1 a nécessité l’association de 3 chélateurs (Fig. 2).
faciale chez 23 % des patients et un retard de croissance chez La surveillance de la surcharge en fer était basée essentiel-
15,4 %. lement sur le dosage trimestriel de la ferritinémie chez tous les

Pour citer cet article : Maaloul I, et al. Prise en charge thérapeutique des patients atteints de bêta-thalassémie majeure dans un service de
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Fig. 1. Évolution du nombre de patients par année.

Tableau 1
Caractéristiques biologiques et moléculaires des patients.

Taux d’Hb au moment du Hb F Hb A Hb A2 Étude génétique : résultat de biologie moléculaire


diagnostic (g/dL)

Patient 1 7,5 90 10 – Homozygote pour la mutation de bêta-thalassémique IVS(1 110)


Patient 2 6 90 10 – Homozygote pour la mutation de bêta-thalassémique IVS(1 110)
Patient 3 5 89,4 2,8 4,3 Homozygote pour la mutation bêta-thalassémique codon 39
Patient 4 6,2 97 – 3 Non faite
Patient 5 5,9 95,5 – 4,5 Non faite
Patient 6 3 98,2 – 1,2 Homozygote pour la mutation bêta-thalassémique codon 39
Patient 7 6,8 74 23 2,6 Non faite
Patient 8 4,8 53,4 42,5 2,3 Homozygote pour la mutation bêta-thalassémique codon 39
Patient 9 5,3 – – – Homozygote pour la mutation bêta-thalassémique codon 39
Patient 10 6 74,3 23,1 2,6 Homozygote pour la mutation de bêta-thalassémique IVS(1 110)
Patient 11 5,4 99 – 1 Homozygote pour la mutation de bêta-thalassémique IVS(1 1)
Patient 12 6,8 97,7 1,7 0,6 Non faite
Patient 13 5,5 82,8 15,6 1,6 Homozygote pour la mutation bêta-thalassémique codon 39
Patient 14 6,9 70,5 27,5 2,2 Non faite
Patient 15 6 98,5 – 1,5 Non faite
Patient 16 6 98,6 – 1,4 Non faite
Patient 17 5,1 93 4,1 2,9 Non faite
Patient 18 4,9 98 Non faite
Patient 19 5,9 95 – 3 Non faite
Patient 20 5,5 96 1 3 Homozygote pour la mutation de bêta-thalassémique IVS (1 110)
Patient 21 6 85 10 5 Non faite
Patient 22 2,8 98,3 1,7 Non faite
Patient 23 7 89 Non faite
Patient 24 6,5 85,3 11 3,7 Homozygote pour la mutation de bêta-thalassémique IVS(1 110)
Patient 25 7,1 99 – 1 Non faite
Patient 26 7 92,5 4,6 2,9 Non faite

patients ; et sur la pratique de l’IRM T2* qui a été réalisée chez ficié, en préopératoire, d’une vaccination anti-pneumocoque et
2 patients, âgés respectivement de 10 et 14 ans. Elle a montré en postopératoire d’une antibiothérapie prophylactique.
une surcharge cardiaque sévère chez un patient avec T2* à 8 ms. La greffe de moelle osseuse a été réalisée pour 1 seul patient,
La splénectomie a été réalisée chez 10 patients (38,5 %), l’âge cette greffe a été rejetée un an après.
moyen de nos patients était de 5 ans et 2 mois avec des extrêmes Plusieurs complications ont été enregistrées chez nos
de 17 mois et 8 ans. Tous les patients splénectomisés ont béné- patients. Elles étaient secondaires soit aux transfusions

Pour citer cet article : Maaloul I, et al. Prise en charge thérapeutique des patients atteints de bêta-thalassémie majeure dans un service de
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En Tunisie, la fréquence du trait thalassémique est estimée à


2,21 [1] et la ␤TM représente le un tiers des hémoglobinopathies
dans notre pays [4]. Elle a une distribution géographique parti-
culière, en effet, d’après une étude faite par Fattoum et al. [2],
la ␤-thalassémie est plus fréquente dans les régions ou il y’a un
fort potentiel de mariages consanguins : 36,12 % au Nord-ouest,
27,36 % au Centre-Ouest, 22,38 % au Nord et 4,56 % au Sud.
Dans notre série, la consanguinité était retrouvée dans 65,5 %
des cas.
Le traitement de la ␤TM se basait essentiellement sur les
transfusions régulières et la chélation du fer [5,6]. Le principal
objectif de la transfusion est de corriger l’anémie et de freiner
l’érythropoïèse inefficace par un régime transfusionnel adapté
pour assurer à la fois une croissance staturo-pondérale et une
vie normale [5]. Le but est de maintenir en permanence un taux
d’Hb > 9–10 g/dL chez l’enfant [5,6].
Le traitement transfusionnel est initié rapidement, après une
Fig. 2. Variation de la ferritinémie en fonction du temps et des molécules utili- courte période d’observation permettant de vérifier la récidive
sées chez un patient qui a présenté une surcharge martiale sévère. d’une anémie chronique sévère (Hb < 8 g/dL) et/ou sympto-
matique (retard de croissance, déformations osseuses). Ce
Tableau 2 temps d’observation est primordial pour différencier les formes
Les différentes complications notées chez les patients thalassémiques. majeures et intermédiaires.
Complications Nombre En France, la déleucocytation des produits sanguins est sys-
tématique [7]. Dans notre série, tous les patients recevaient du
Secondaires aux transfusions
sang phénotypé et seulement 8 patients recevaient du sang déleu-
Liées à l’hémochromatose
Complications cardiaques 4 cocyté. L’indication du sang déleucocyté était posée devant une
Retard staturo-pondéral 9 allo-immunisation leuco-plaquettaire avec détection d’anticorps
Hypogonadisme et retard pubertaire 8 anti-HLA.
Diabète 2 Les patients doivent recevoir un apport de 15 mL/kg de
Complications infectieuses 3
concentrés érythrocytaires toutes les 3 semaines, ou de 20 mL/kg
Immunitaires
Allo-immunisation leuco-plaquettaire 5 toutes les 4 semaines [8].
Allo-immunisation érythrocytaire 2 Le taux d’Hb pré-transfusionnelle doit être maintenu entre
Auto-immunisation et allo-immunisation 1 9 g/dL et 10 g/dL afin de prévenir les troubles de la croissance,
Auto-immunisation 1 les déformations osseuses, ainsi que l’hépatosplénomégalie et
Secondaires à la splénectomie
de diminuer l’hyperabsorption digestive du fer associé à la dys-
Complications thromboembolique 2
Secondaires à la chélations érythropoïèse, tout en sachant qu’un chiffre de 8 g/dL à 9 g/dL
Complications du déféroxamine 8 serait suffisant une fois la puberté est achevée et ces patients
Complications du défériprone 1 auront une activité normale et une bonne qualité de vie [9,10].
Complications du déférasirox 3 Dans notre série, le taux d’Hb pré-transfusionnelle moyen
Liées à la maladie
était de 7,5 g/dL avec des extrêmes de 3,8 g/dL et 9,3 g/dL. Ce
Ostéoporose 2
Ostéoporose + fracture 1 taux insuffisant est sûrement dû à la mauvaise observance du
Lithiase biliaire 5 régime transfusionnel.
L’Hb post-transfusionnelle doit être comprise entre 13 et
14 g/dL [10]. Dans notre série, ce taux était de 10,7 g/dL avec des
extrêmes de 5,7 et 13,2 g/dL ce qui se rapproche de la série tuni-
(surcharge martiale, immunologiques), soit au traitement ché-
sienne Romdhane et al. qui ont rapporté un taux d’hémoglobine
lateur, soit à la maladie elle-même (Tableau 2).
post-transfusionnelle moyenne de 11,68 g/dL [3].
Quatre patients sont décédés, la cause du décès était secon-
Une consommation annuelle de concentrés érythrocytaires de
daire à l’atteinte cardiaque dans 3 cas.
l’ordre de 150–200 mL/kg maintient normalement le taux d’Hb
moyen au voisinage de 12 g/dL. Une consommation supérieure
4. Discussion à 200 mL/kg/an, doit faire rechercher la cause de l’inefficacité
transfusionnelle, souvent due à un hypersplénisme. Dans notre
La ␤TM, ou anémie de Cooley, fait partie des hémoglobi- série, l’index transfusionnel moyen était de 228 mL/kg/an alors
nopathies les plus fréquentes en Tunisie où elle constitue un qu’il était de 311,02 mL/kg/an dans la série tunisienne de Romd-
véritable problème de santé publique en raison de sa sévérité hane et al. [3].
clinique et des conditions socio-économiques du pays. Son inci- L’apparition d’une allo-immunisation anti-érythrocytaire
dence est d’environ 50 nouveaux cas par an [2,3]. peut survenir au cours de l’évolution et se traduit par une

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majoration des besoins transfusionnels ; cependant, la détec- Les complications cardiaques conditionnent le pronostic de
tion d’un auto-anticorps anti-érythrocytaire peut être sans effet la ␤TM, en effet, elle présente la première cause de décès chez
sur le rendement transfusionnel [11]. En effet, dans notre série, ces patients. Une chélation efficace semble être le seul moyen
une auto-immunisation a été enregistrée chez un patient avec pour éviter cette complication fatale. L’hémochromatose car-
un test de Coombs positif (TCD) de type IgG, sans augmenta- diaque pourrait être diagnostiquée précocement grâce à une
tion des besoins transfusionnels et le TCD est devenu négatif nouvelle technique d’exploration, à savoir l’imagerie par réso-
spontanément au cours de l’évolution. nance magnétique IRM T2*, réalisée dans le cadre du suivi
Le traitement chélateur représente le deuxième pilier théra- annuel à partir de l’âge de 10 ans [14]. Dans notre série, cette
peutique du traitement conventionnel. Il doit être débuté après atteinte cardiaque était la cause du décès chez 3 patients.
10 à 20 transfusions et lorsque la ferritinémie dépasse 1000 ␮g/L
[5,7], en règle après l’âge de 2 ans [5]. 5. Conclusion
Son but est de maintenir des concentrations tissulaires en fer
n’induisant pas de lésions cellulaires. En pratique, il est recom- La ␤TM est une hémoglobinopathie constitutionnelle de
mandé de maintenir des ferritinémies sous traitement chélateur transmission autosomique récessive.
inférieures ou égales à 1000 ␮g/L [5,7]. Elle constitue l’une des pathologies congénitales fréquentes
Dans la ␤TM, la surcharge martiale est principalement due en Tunisie, en raison de la fréquence des mariages consanguins.
aux transfusions itératives. En effet, chaque concentré érythro- Il s’agit d’une maladie contraignante pour le malade et le méde-
cytaire de 280 mL apporte environ 200 mg de fer pour lequel cin traitant à cause des différentes complications qui peuvent être
l’organisme ne dispose pas de moyens naturels d’élimination de liées soit à la maladie soit à différentes thérapeutiques utilisées.
ce fer, qui se dépose d’abord dans le foie et la rate, puis dans les
glandes endocrines et le cœur [5,7,8]. Déclaration de liens d’intérêts
Ainsi trois molécules ont l’AMM dans le traitement de la sur-
charge transfusionnelle des patients thalassémiques qui sont : Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
déféroxamine, défériprone et déférasirox. Les posologies des
agents chélateurs est à adapter en fonction de l’importance des Références
apports transfusionnels et l’objectif du traitement qui est la
[1] Liaska A, Petrou P, Georgakopoulos C, Diamanti R, Papaconstantinou D,
réduction de la surcharge [7].
Kanakis MG, et al. ␤-thalassemia and ocular implications: a systematic
La greffe de cellules souches hématopoïétiques (CSH) est review. BMC Ophthalmol 2016;16:102.
actuellement la seule thérapeutique curative de la maladie. Du [2] Fattoum S. Evolution of hemoglobinopathy prevention in Africa: results,
fait de la lourdeur de la maladie surtout à l’âge adulte, une problems and prospect. Mediterr J Hematol Infect Dis 2009;1:1–9.
greffe de moelle osseuse doit légitimement être proposée aux [3] Romdhane H, Amara H, Abdelkefi S, Souyeh N, Chakroun T, Jarrey
I, et al. Profilclinico-biologique et immunohématologique des patients
patients qui ont un donneur HLA compatible intrafamilial [7].
atteints de ß-thalassémie en Tunisie : à propos de 26 cas. Transfus Clin
L’expérience la plus importante est celle de l’équipe de Pesaro Biol 2014;21:309–13.
en Italie [12]. [4] Bejaoui M, Guirat N. Beta thalassemia major in a developing country: epi-
La probabilité de survie sans maladie après la greffe de moelle demiological, clinical and evolutionary aspects. Mediterr J Hematol Infect
osseuse HLA-identique intrafamiliale varie de 49 à 94 % en Dis 2013;5:3–8.
fonction de la présence des facteurs de risques suivants : hépa- [5] Joly P, Pondarre C, Badens C. Les bêta-thalassémies : aspects molé-
culaires, épidémiologiques, diagnostiques et cliniques. Ann Biol Clin
tomégalie, fibrose portale et chélation du fer insuffisante. 2014;72:639–68.
La transplantation devrait être réalisée à partir de l’âge de [6] Thuret I, Pondarré C. Thalassémies chez l’enfant. EMC Pédiatrie 2013
2 ans dû à la toxicité potentielle chez le nourrisson du Busul- [4-080-A-30].
fan. Chez un grand enfant ou un jeune adulte, l’importance [7] Haute autorité de santé. Syndromes thalassémiques majeurs et intermé-
diaires : protocole national de diagnostic et de soins pour une maladie rare.
et le retentissement de la surcharge en fer seront évaluées
France: HAS; 2008.
par une ponction-biopsie hépatique (PBH) afin de définir au [8] De Montalembert M. Syndromes thalassémiques. EMC Hématologie; 2008
mieux les chances de succès de la greffe [7]. La greffe de [13-006-D-17].
CSH chez notre patient s’est soldé par un échec, ceci peut [9] Rhondali O, Pouyau A, Bonnard C, Chassard D. Anaesthetic management
être dû à la surcharge importante en fer au moment de la of a child with hemoglobinopathy. Ann Fr Anesth Reanim 2013;32:193–7.
[10] Galanello R, Origa R. Beta-thalassemia. Orphanet J Rare Dis 2010;5:11–2.
greffe.
[11] De Montalembert M. Transfusion des patients atteints
Plusieurs complications endocriniennes ont été notées dans d’hémoglobinopathies. Transfus Clin Biol 2000;7:553–8.
notre série, ceci était observé aussi dans la série de Guirat et al. [12] Sabloff M, Chandy M, Wang Z, Logan BR, Ghavamzadeh A, Li CK, et al.
[13], parmi 70 patients ayant une ␤TM ; une complication endo- HLA-matched sibling bone marrow transplantation for beta-thalassemia
crinienne a été notée chez 50 patients (71,4 %). major. Blood 2011;117:1745–50.
[13] Dhouib NG, Thraya S, Ouederni M, Khaled M, Haoua A, Hassouna R,
Dans notre série, les complications immunologiques étaient
et al. Les conséquences endocriniennes de la bêta-thalassémie majeure.
dominés par la présence d’anticorps anti-HLA, ceci est due Ann Endocrinol 2014;75:332–3.
essentiellement aux transfusions par des produits non déleuco- [14] Cunningham M, Eric A, Neufeld J, Alan R, Cohen A. Complications of
cytés. ßthalassemia major in north America. Blood 2004;104:34–9.

Pour citer cet article : Maaloul I, et al. Prise en charge thérapeutique des patients atteints de bêta-thalassémie majeure dans un service de
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