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Syndromes thalassémiques
M. de Montalembert

Les syndromes thalassémiques sont un groupe très hétérogène de maladies génétiques, de transmission
autosomique récessive, caractérisées par l’insuffisance de production d’une chaîne de globine : chaînes a
pour les a-thalassémies, chaînes b pour les b-thalassémies. C’est le déséquilibre du ratio a/non a qui
génère la maladie, car les chaînes célibataires altèrent la membrane érythrocytaire, ce qui provoque une
hémolyse, et accélèrent l’apoptose. La sévérité clinique et biologique de l’anémie est très variable selon la
profondeur du déséquilibre du ratio chaînes a/chaînes non a. Les thalassémies a sont plus fréquentes en
Asie. La délétion d’un ou de deux gènes a est asymptomatique ; elle est évoquée devant une microcytose
sans carence en fer ni b-thalassémie. La délétion de trois gènes a entraîne une hémoglobinose H, où la
production d’hémoglobine est généralement de 6 à 10 g/dl. La délétion de quatre gènes a est létale. Les
b-thalassémies sont très fréquentes dans le Bassin méditerranéen et en Asie. Les b-thalassémies
hétérozygotes sont évoquées devant une élévation du taux d’hémoglobine A 2 . Elles sont
asymptomatiques mais justifient un conseil génétique avant une conception. Les b-thalassémies
homozygotes peuvent être intermédiaires (la production d’hémoglobine est généralement de 6 à 10 g/dl)
ou majeures, et exiger dans ce dernier cas des transfusions mensuelles. Le pronostic des thalassémies
majeures a été spectaculairement amélioré par la mise au point de régimes transfusionnels réguliers et la
mise à disposition d’une chélation efficace du fer.
© 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Thalassémie ; Anémie ; Érythroblastose ; Apoptose ; Surcharge en fer ;


Greffe de progéniteurs hématopoïétiques ; Thérapie génique

Plan ■ Physiopathologie
¶ Introduction 1
des thalassémies
¶ Physiopathologie des thalassémies 1 Les syndromes thalassémiques sont la conséquence d’une
¶ Syndromes a-thalassémiques 2 insuffisance de la synthèse d’une ou plusieurs chaînes de
Épidémiologie 2 globine. Selon la chaîne insuffisamment synthétisée, on distin-
Manifestations cliniques et biologiques 2 gue les a-, b-, d-, db-, cdb-thalassémies. De multiples défauts
¶ Syndromes b-thalassémiques 3
moléculaires sont en cause et aboutissent à déséquilibrer le ratio
Épidémiologie 3
entre les chaînes a et b, normalement autour de 1,00 ± 0,1 chez
Manifestations cliniques et biologiques 3 l’adulte. Ce sont, en fait, les chaînes « célibataires », non
appariées, qui provoquent la physiopathologie de la maladie, et
¶ Hétérozygoties composites E/b-thalassémies 7 la sévérité clinique des syndromes thalassémiques est corrélée au
Épidémiologie 7
degré du déséquilibre du ratio a/non a [2] . Ainsi, chez les
Physiopathologie 7
patients atteints de forme sévère de b-thalassémie, on a montré
Manifestations cliniques et biologiques 7
des agrégats de chaînes a déposés sur la membrane squelettique
Traitement 7
érythrocytaire. Ces agrégats induisent des anomalies de l’hydra-
¶ b-thalassémies intermédiaires de transmission dominante 7 tation et de la déformabilité cellulaire, avec rigidification des
globules rouges. Leur plasticité n’étant plus suffisante pour
circuler dans les microvaisseaux et franchir les sinus du système
réticuloendothélial, les globules rouges sont hémolysés. Les
chaînes de globine en excès altèrent aussi la membrane érythro-
cytaire et génèrent des radicaux libres de l’oxygène. Les mem-
branes érythrocytaires expriment anormalement la phosphatidyl
■ Introduction sérine, ce qui favorise leur élimination par les macrophages.
En plus de l’hémolyse périphérique, l’anémie est aussi
Les thalassémies sont parmi les maladies génétiques les plus expliquée dans la b-thalassémie par une érythropoïèse ineffi-
fréquentes dans le monde : on estime à 1,67 % la prévalence cace, conséquence d’une apoptose accélérée [1, 2]. Le nombre des
des a- et b-thalassémies hétérozygotes [1]. précurseurs érythroïdes est multiplié par 5 à 6 chez les patients

Hématologie 1
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thalassémiques, et le nombre des cellules apoptotiques par 15. Les a-thalassémies les plus fréquentes n’altèrent qu’un gène a
L’augmentation de l’apoptose serait moins marquée dans les et ne sont responsables d’aucune manifestation : ce sont les a+ -
a-thalassémies. thalassémies hétérozygotes (- a/a a), dites a-thalassémies de type
L’inflation érythroïde dans les espaces médullaires est respon- 2 ou silencieuses. Biologiquement, il existe à la période néona-
sable des déformations osseuses caractéristiques des syndromes tale un taux très modérément augmenté (1 à 2 %) d’hémoglo-
thalassémiques. bine Bart’s (Hb Bart’s, tétramère c4). L’hémogramme est normal
L’importance des phénomènes est en fait variable selon le dans 50 % des cas ; ou peut montrer une hypochromie et une
génotype. Les syndromes thalassémiques sont ainsi caractérisés microcytose modérées. Le diagnostic peut être fait par biologie
par des anémies hémolytiques de présentation clinique très moléculaire.
variable. Ils se transmettent le plus souvent sur un mode L’inactivation de deux gènes a est responsable des différentes
autosomique récessif. formes d’a-thalassémies de type 1. Il peut s’agir de deux gènes
a en cis sur le même chromosome (- -/a a, a 0 -thalassémie
hétérozygote), ou en trans sur chaque chromosome (- a/- a, a+ -
■ Syndromes a-thalassémiques thalassémie homozygote). L’a0-thalassémie hétérozygote est
fréquente chez les Asiatiques et les Méditerranéens et quasi
Les défauts moléculaires en cause étant détaillés ailleurs, nous
absente chez les sujets noirs africains ou antillais, qui ont
rappelons seulement ici que les a-thalassémies sont le plus
fréquemment des formes a + . Il n’y a pas de conséquence
souvent la conséquence de la délétion d’un ou plusieurs gènes a.
clinique. Biologiquement, les nouveau-nés ont un taux plus
élevé d’Hb Bart’s (5 à 10 %). À l’âge adulte, l’hémogramme
Épidémiologie révèle une microcytose (70 ± 5 fl), une hypochromie, un taux
Les a-thalassémies sont particulièrement fréquentes en Asie normal ou un peu bas d’hémoglobine A2 (HbA2) et un taux
du Sud-Est et en Chine. Leur prévalence est de 3 à 5 % à Hong normal d’hémoglobine F (HbF). Le diagnostic peut être
Kong et peut atteindre 30 à 40 % en Thaïlande et au Laos [3, 4]. confirmé par l’étude de la synthèse des chaînes in vitro, ou par
Elles sont aussi fréquentes en Afrique, surtout équatoriale, l’étude du génome a en biologie moléculaire.
moins présentes en Afrique du Nord et australe (fréquences La délétion de trois gènes a sur le chromosome 16 est
géniques observées entre 0,06 et 0,41) [5]. responsable d’une hémoglobinose H dite délétionnelle (- -/- a).
C’est la forme la plus fréquente d’hémoglobinose H. Les chaînes
non-a en excès s’apparient, sous forme d’Hb Bart’s à la nais-
Manifestations cliniques et biologiques sance et de tétramères b4 (hémoglobine H) au fur et à mesure
Il existe chez le sujet normal deux gènes a (a1 et a2) sur que les chaînes b se substituent aux chaînes c. Cette affection
chaque chromosome 16, donc quatre gènes a fonctionnels. Il atteint surtout les patients orientaux ou méditerranéens,
existe donc quatre tableaux selon l’inactivation d’un, deux, trois exceptionnellement les sujets noirs, africains ou antillais.
ou quatre gènes a (Tableau 1). Les anomalies géniques impli- Plus rarement, l’hémoglobinose H est causée par la délétion
quant a2 sont plus sévères que celles impliquant a1, car le gène de deux gènes de l’a-globine d’un chromosome 16 associée à
a2 produit deux à trois fois plus d’acide ribonucléique (ARN) une anomalie a + sur l’autre (mutation, insertion ou petite
messager a-globine que le gène a2. délétion). Les formes non délétionnelles sont habituellement

Tableau 1.
Principaux syndromes a-thalassémiques : relation entre le génotype et le phénotype.
Nombre de gènes Dénomination Dénomination Retentissement clinique Biologie Répartition
délétés génotypique phénotypique
1 - a/a a a-thalassémie de type 2 « Silencieuse » Nouveau-né : 1 à 2 % Hb Bart’s
(c4)
Adulte : HbA1 : 98 % ; HbA2 :
2%
Hémogramme normal

2 - -/a a a-thalassémie de Mineur Nouveau-né : 5 à 10 % Hb Asie, Méditerranée


a0-hétérozygote type 1 hétérozygote Bart’s (c4)
(cis) Adulte : HbA1 : 98 % ; HbA2 :
1-2 % Microcytose (70 ± 5 fl) ;
hypochromie
-a/-a a-thalassémie de Absent ou mineur Afrique, Antilles
a+- homozygote type 1 homozygote
(trans)

3 Hémoglobinose H a-thalassémie majeure Très variable en fonction Nouveau-né : Hb Bart’s (c4) Asie du Sud-Est, Chine,
délétionnelle de la nature génétique 10 à 30 % ; HbH (b4) 10 à 30 % Moyen-Orient,
- -/- a de la maladie Adulte : HbH (b4) ; 1 à 30 % ; Méditerranée
Anémie hémolytique HbA1 : 70 % ; HbA2 : 3 à 6 % Afrique, Antilles : rare
microcytaire hypochrome

Hémoglobine H Atteinte clinique sévère


non délétionnelle
Par exemple :
- -/aConstant Spring

4 - -/- - Hydrops foetalis Mort in utero ou à la période Hb Bart (c4) 80 à 90 % Cause de 25 % environ
néonatale HbH (b4) ≈10 % des décès périnatals dans
le Sud-Est asiatique
Hb Portland ≈10 %

2 Hématologie
Syndromes thalassémiques ¶ 13-006-D-17

caractérisées par des symptômes plus importants et par une


anémie plus profonde, pouvant nécessiter des transfusions. Par
exemple, les sujets qui ont à la fois une a-thalassémie de type
1 et une hétérozygotie de type Constant Spring (mutation
“ Point fort
intéressant le gène a2) sont atteints d’une forme grave d’hémo- Les a-thalassémies sont surtout fréquentes en Asie. On les
globinose H, en raison d’une rigidité particulière de la mem- évoque devant une microcytose non expliquée par une
brane érythrocytaire.
carence en fer et une b-thalassémie, avec ou sans anémie.
Des formes particulières d’hémoglobinose H ont été décrites
Quand un ou deux gènes a sont absents, l’électrophorèse
chez des patients d’Europe du Nord ayant un retard mental.
Baptisés alpha-thalassemia retardation (ATR), ces syndromes sont de l’hémoglobine est normale et le diagnostic ne peut être
liés à une délétion télomérique étendue du bras court du affirmé que dans un laboratoire spécialisé, par biologie
chromosome 16 (ATR-16) ou à des mutations au locus q13.3 du moléculaire. Ces tableaux n’ont généralement pas de
chromosome X (ATR-X) [6, 7]. conséquences cliniques. Quand trois gènes a sont
L’expression clinique de l’hémoglobinose H est très variable absents, l’électrophorèse de l’hémoglobine montre de
en fonction du génotype responsable [8]. Certains patients sont l’hémoglobine H et il existe une anémie de gravité
quasiment asymptomatiques. D’autres expriment le tableau variable.
d’une anémie hémolytique modérée (pâleur, ictère, hépatosplé-
nomégalie, modifications squelettiques modérées). Dans une
minorité de cas, enfin, il existe une anémie plus sévère,
responsable de modifications osseuses thalassémiques marquées Manifestations cliniques et biologiques
et requérant des transfusions répétées.
Biologiquement, il existe une anémie hémolytique microcytaire β-thalassémie hétérozygote
hypochrome d’intensité variable (6 à 10 g/dl). Les hématies
incubées 1 heure à 37 °C en présence de bleu de crésyl brillant à Les sujets porteurs d’une b-thalassémie hétérozygote sont bien
1 % prennent un aspect muriforme : elles sont ponctuées de portants. Ils n’ont pas de signes cliniques d’anémie ; exception-
petits précipités en motte, les corps de Heinz, qui sont formés de nellement, une splénomégalie discrète est constatée. Biologi-
tétramères b. L’électrophorèse montre la présence de 1 % à 30 % quement, le taux d’hémoglobine est normal ou peu diminué
d’HbH et de 10 % à 30 % d’hémoglobine Bart’s à la naissance. (10 à 13 g/dl), la réticulocytose est normale ou peu élevée, le
Les patients atteints d’hémoglobinose H peuvent être consi- frottis sanguin montre une hypochromie, une anisocytose et
dérés comme des « thalassémiques intermédiaires », car ils ont une poïkilocytose. Les signes biologiques sont : l’augmentation
une production résiduelle spontanée d’hémoglobine et des du nombre des globules rouges sans augmentation de la masse
besoins transfusionnels faibles ou occasionnels. Une supplé- globulaire (pseudopolyglobulie), la microcytose et l’hypochro-
mentation régulière en acide folique est nécessaire. Les lithiases mie, l’élévation de l’HbA2 (> 3,3 %) sur l’électrophorèse. L’HbF
biliaires sont fréquentes. Une aggravation de l’anémie peut être est normale ou discrètement augmentée. Les mesures d’HbA2
secondaire à une infection aiguë ou à la prise de médicaments requièrent une analyse par chromatographie liquide de haute
oxydants (les mêmes que ceux qui induisent une hémolyse en performance (CLHP). Il est classique de considérer que l’éléva-
cas de déficit en glucose-6-phosphate déshydrogénase [G6PD]). tion de l’HbA2 peut être masquée par une carence en fer sévère
Une aggravation des besoins transfusionnels traduit parfois un et qu’une électrophorèse de l’hémoglobine n’est interprétable
hypersplénisme, qu’une splénectomie peut réduire. La splénec- que si les stocks martiaux sont normaux.
tomie augmente en revanche, chez ces patients, le risque de Aucune précaution ou traitement particulier n’est à envisager
complications thromboemboliques. chez les sujets porteurs d’un trait thalassémique. La seule
La délétion de quatre gènes a (- -/- -) est surtout rencontrée démarche utile est l’enquête familiale, afin d’identifier les
en Asie du Sud-Est, où prévaut la mutation sud-est asiatique (-- couples dont les deux membres seraient porteurs d’une
SEA), qui ampute la totalité des gènes a. Elle peut aussi être b-thalassémie hétérozygote et de leur proposer un conseil
secondaire à d’autres grandes délétions, présentes en Méditerra- génétique.
née [9] . Elle est inconnue en Afrique. Les fœtus a 0 -thalas- Rarement, une anémie peut être constatée chez certains sujets
sémiques homozygotes survivent au-delà du 5e mois de gros- qui associent une b-thalassémie hétérozygote à une triplication
sesse grâce à la présence en petites quantités d’hémoglobines des gènes a, ou à une sphérocytose héréditaire. Exceptionnelle-
embryonnaires, mais décèdent le plus souvent avant le terme de ment, chez certaines femmes, l’anémie s’aggrave au cours de la
la grossesse ou juste après la naissance dans un tableau d’ana- grossesse.
sarque fœtoplacentaire (Bart’s hydrops foetalis). Ce tableau peut
rendre compte de 25 % des décès périnatals dans certaines
régions d’Asie du Sud-Est [10]. Des observations comportant des
survies prolongées ont été rapportées après diagnostic prénatal,
lorsque les enfants atteints ont pu bénéficier de transfusions in
utero, avant le développement d’une souffrance neurologi-
“ Point fort
que [9]. En pratique quotidienne, cette affection grave pose Le diagnostic d’une b-thalassémie hétérozygote est posé
surtout le problème de sa prévention, qui repose sur la détec- devant une élévation du taux d’hémoglobine A 2 à
tion en routine des sujets hétérozygotes pour des mutations l’électrophorèse de l’hémoglobine. Celle-ci doit être
impliquant la totalité du génome a, et sur le recours au dia-
demandée en cas de microcytose sans carence en fer. Elle
gnostic prénatal pour les couples à risque [9].
n’a aucune conséquence clinique mais engage à effectuer
une électrophorèse de l’hémoglobine chez le conjoint en
■ Syndromes β-thalassémiques vue d’un conseil génétique.

Épidémiologie
On a recensé plus de 200 mutations, de distribution géogra-
β-thalassémie homozygote
phique déterminée, à l’origine de syndromes b-thalassémiques
(des délétions sont plus rarement retrouvées). Initialement On classe les b-thalassémies homozygotes selon que la
décrite dans les populations du Bassin méditerranéen, la synthèse des chaînes b est supprimée (forme b0) ou seulement
b-thalassémie est aussi très répandue dans tout le Moyen- diminuée (b+).
Orient, le sud et l’est de l’Asie, l’Afrique de l’Ouest et les C’est la profondeur de l’anémie et l’importance des besoins
Antilles. La b-thalassémie est rare dans les populations originai- transfusionnels qui permettent de classer les thalassémies en
res du nord de l’Europe. formes majeurs (maladie de Cooley) ou intermédiaires. Cette

Hématologie 3
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Une bradymétacarpie et une bradyphalangie sont possibles. La


déminéralisation osseuse peut être responsable de scoliose, de
cyphose, voire de compression médullaire [12, 13].
Signes hématologiques. L’hémogramme révèle une anémie
profonde, inférieure à 7 g/dl, microcytaire (volume globulaire
moyen [VGM] entre 60 et 65 fl), hypochrome (teneur moyenne
en hémoglobine inférieure à 26 pg). La réticulocytose est voisine
de 100 10 9 /l, moins élevée que ne le voudrait le degré de
l’anémie. L’examen du frottis sanguin montre aussi une aniso-
cytose, une poïkilocytose, des ponctuations basophiles fréquen-
tes, une érythroblastose majeure. L’examen de la moelle n’est
pas nécessaire au diagnostic ; il montrerait la forte érythroblas-
tose avec des érythroblastes d’aspect dysmorphique du fait du
défaut d’hémoglobinisation (érythroblastes polychromatophiles
II). Les macrophages médullaires sont surchargés en fer.
L’étude de l’hémoglobine permet le diagnostic ; le pourcen-
tage d’HbF est constamment très augmenté pour l’âge (50 % à
98 %) ; il persiste (b+ ) de l’HbA (5% à 45 %), ou non (b0) ; le
pourcentage d’HbA2 est souvent bas dans les formes b0, élevé
dans les formes b+. La bilirubine non conjuguée est augmentée
du fait de l’hémolyse chronique. Le contenu en fer de l’orga-
nisme est toujours augmenté et le bilan de fer positif, même en
Figure 1. Hyperplasie des os plats de la face chez un enfant
l’absence de transfusion, du fait de l’hyperabsorption intestinale
thalassémique.
du fer secondaire à la dysérythropoïèse.
Évolution en l’absence de traitement. L’anémie sévère se
complique d’insuffisance cardiaque ; l’hépatosplénomégalie se
distinction ne peut être faite qu’après quelques mois de vie, majore, un retard de croissance s’installe ; le décès survient
lorsque la synthèse de l’HbF ne peut plus masquer l’anomalie de avant l’adolescence [14].
synthèse de l’HbA. Traitement. Les transfusions mensuelles et la chélation du fer
ont transformé le pronostic de la b-thalassémie majeure. Une
Thalassémie majeure (maladie de Cooley)
revue générale italienne a montré en 2004 que 68 % des
Signes cliniques en l’absence de traitement. Les signes patients nés après 1970 avaient dépassé l’âge de 35 ans [14].
cliniques apparaissent chez le nourrisson [11]. La pâleur est Depuis la première greffe de moelle intrafamiliale en 1981, les
constante, associée rarement à un ictère conjonctival. L’asthénie enfants disposant d’un donneur intrafamilial human leukocyte
dépend du degré de l’anémie. antigen (HLA) compatible peuvent être guéris ; pour les patients
Une hépatosplénomégalie s’installe progressivement dans les plus âgés, le pronostic de la greffe est moins bon et le traite-
premiers mois de la vie ; elle peut acquérir un volume considé- ment conventionnel par transfusion-chélation généralement
rable et déformer l’abdomen. L’hypertrophie splénique s’accen- préférable.
tue avec le temps, du fait de l’érythropoïèse inefficace, de Transfusion sanguine. Chez l’enfant, le diagnostic de thalassé-
l’érythrophagocytose et parfois, chez les patients plus âgés, mie majeure impose la surveillance régulière de l’état clinique
d’une hypertension portale. La volumineuse splénomégalie a et du taux d’hémoglobine. Quand celui-ci atteint des valeurs
plusieurs conséquences néfastes : une gêne abdominale, une incompatibles avec une activité normale, les transfusions
inflation plasmatique et une destruction exagérée des hématies deviennent nécessaires, ce qui définit le caractère majeur de la
aggravant l’anémie. L’hypersplénisme peut être responsable thalassémie. La grande majorité des patients souffrant de
d’une leucopénie et d’une thrombopénie. thalassémie majeure doivent être transfusés dès la première
Les anomalies morphologiques dépendent du degré de année de vie. Dans certaines formes modérées, la première
l’anémie, puisqu’elles sont la conséquence de l’inflation transfusion est parfois différée de quelques années [15]. L’obser-
érythroïde. L’hyperplasie des os plats de la face confère aux vation de la réponse clinique et hématologique aux premières
enfants un aspect asiatique (Fig. 1) : les os malaires sont élargis, transfusions permet de déterminer l’importance des besoins
la base du nez est aplatie, il existe un hypertélorisme, une transfusionnels [16]. L’adéquation des apports aux besoins doit
protrusion du maxillaire supérieur. Le crâne peut prendre un être régulièrement réévaluée. On estime que le maintien en
aspect en « tour », avec des bosses dans les régions frontales et permanence d’un taux d’Hb supérieur à 10 g dl–1 avant 15 ans,
occipitales. Des anomalies de l’implantation dentaire sont 8 à 9 g dl–1 après cet âge, permet la poursuite des activités
fréquentes, entraînant des troubles de l’articulé dentaire [11]. Le scolaires, ludiques ou professionnelles normales et empêche
retentissement psychologique de ces déformations peut être l’apparition de l’hyperplasie érythroïde responsable des défor-
important. Les fractures pathologiques ne sont pas exception- mations morphologiques. Ce seuil est respecté en général grâce
nelles, mais toutefois moins fréquentes que ne le laisserait à l’apport de 15 ml kg–1 de concentrés érythrocytaires toutes les
prévoir l’importance de l’ostéopénie. Des arthralgies sont très 3 semaines, ou de 20 ml kg–1 toutes les 4 semaines. Les risques
fréquentes chez les adolescents et les adultes. Les articulations immunologiques, infectieux et métaboliques (surcharge en fer)
les plus touchées sont les chevilles, puis les genoux et les ont conduit à ne pas rechercher de valeur plus élevée pour les
hanches. Chez l’adulte, l’ostéoporose est responsable de dou- taux d’Hb, contrairement à ce qu’avaient proposé naguère les
leurs osseuses atteignant électivement le rachis [12, 13]. partisans de stratégies « supertransfusionnelles ».
Signes radiologiques. Les espaces médullaires sont élargis et Le produit transfusé en routine est un concentré érythrocy-
les corticales amincies. L’ostéoporose est généralisée, de degré taire phénotypé Rh-Kell. En France, la déleucocytation des
variable. Les travées osseuses restantes paraissent épaissies, la produits sanguins est systématique.
spongieuse prend un aspect réticulé assez caractéristique sur Les taux d’Hb pré- et post-transfusionnels doivent être
l’ensemble des os des mains et des pieds. L’épaississement du confrontés aux quantités transfusées. La consommation men-
diploé débute sur l’os frontal, puis s’étend aux autres os de la suelle et annuelle doit être calculée. Une consommation
voûte du crâne, tout en respectant l’écaille occipitale inférieure, annuelle de concentrés érythrocytaires de l’ordre de 150-
pauvre en moelle. Des réactions d’ossification perpendiculaires 200 ml kg–1 maintient normalement le taux d’Hb moyen au
à la base interne réalisent l’aspect en « poil de brosse ». Les voisinage de 12 g l–1. Au-delà, il faut rechercher la cause de
extrémités costales sont élargies. Les os longs peuvent avoir un l’inefficacité transfusionnelle. Elle est liée le plus souvent à un
aspect massif et mal modelé : les bras sont raccourcis avec hypersplénisme, qui conduit habituellement à pratiquer une
diminution de l’abduction. Les corps vertébraux sont élargis. splénectomie. L’apparition d’un autoanticorps antiérythrocytaire

4 Hématologie
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est possible et peut aussi se traduire par une majoration des être interrompu et le taux de polynucléaires neutrophiles
besoins transfusionnels. L’allo-immunisation antiérythrocytaire surveillé plus fréquemment. D’autre part, de nombreuses
est une complication relativement rare depuis l’utilisation études plaident pour un effet cardioprotecteur de la déféri-
systématique de produits phénotypés en Rh-Kell, puisque la prone, qui serait supérieur à celui de la déféroxamine. Une
majorité des anticorps rencontrés autrefois apparaissaient dans étude a comparé les modifications du T2* cardiaque chez des
ces systèmes. patients b-thalassémiques après 1 an d’administration rando-
Traitement de la surcharge en fer. Un concentré érythrocytaire misée soit de défériprone à la dose de 92 mg/kg/j, soit de
de 280 ml apporte environ 200 mg de fer. L’organisme ne déféroxamine à la dose de 43 mg/kg/j [22] . Le T2* et la
dispose pas de moyens naturels d’évacuation de ce fer, qui se fraction d’éjection ventriculaire gauche ont augmenté signi-
dépose d’abord dans le foie et la rate, puis dans les glandes ficativement (p = 0,02 et 0,003 respectivement) dans le
endocrines et le cœur. Dans les pays développés, la surcharge en groupe défériprone versus le groupe déféroxamine. Une étude
fer est désormais la première cause des complications et de la rétrospective a été menée chez plus de 500 patients italiens
mortalité chez les patients thalassémiques. traités par défériprone ou déféroxamine. À la fin de la période
d’observation de 9 ans, 52 évènements cardiaques, dont dix
• Quantification du degré de surcharge en fer. Parmi les
décès, ont été observés dans le groupe déféroxamine, versus
différentes méthodes d’évaluation de la surcharge en fer, la
aucun événement (létal ou non) dans le groupe déféri-
mesure de la ferritine sérique est la plus simple et la plus
prone [23]. Enfin, de nombreuses équipes utilisent des traite-
utilisée. L’interprétation de son taux doit tenir compte de
ments combinés (défériprone quotidien plus déféroxamine 2
l’état hépatique (augmentation en cas de cytolyse importante) à 6 nuits/semaine), avec pour hypothèse un effet shuttle entre
et d’un possible état inflammatoire ou infectieux. On a ces deux molécules : la défériprone, plus petite et lipophile,
montré qu’une maladie cardiaque pouvait se constituer entre mieux dans les cellules et la déféroxamine excrète
quand la ferritinémie était régulièrement supérieure à efficacement le fer dans les urines [24]. Un autre chélateur oral
2 500 ng/ml [17]. L’étude du fer non lié à la transferrine (non- a été commercialisé en 2007 en France, le déférasirox
transferrin bound iron, NTBI) et du fer plasmatique libre (labile (Exjade®). Il a pour avantages majeurs une administration
plasma iron, LPI), qui sont les formes toxiques du fer pour les orale quotidienne unique, l’absence de toxicité hématologi-
tissus, serait très intéressante mais leur dosage est réservé à que, et surtout une efficacité chélatrice comparable à celle de
des laboratoires de recherche. La mesure du fer intrahépatique la déféroxamine, ceci ayant été montré par une série d’études
par ponction-biopsie est précise mais invasive. Ceci explique comparatives méthodologiquement irréprochables [25]. Les
l’intérêt porté aux méthodes de quantification du fer dans le études sur la fonction cardiaque sont prometteuses. La seule
foie et le cœur par résonance magnétique. On peut mainte- réserve vis-à-vis de ce chélateur oral est l’incertitude sur la
nant évaluer en routine, dans les nombreux centres disposant tolérance rénale au long cours. Près d’un tiers des patients
d’appareils d’imagerie par résonance magnétique (IRM)-1,5 T, traités ont une élévation dose-dépendante de la créatininé-
la quantité de fer intramyocardique par la mesure du temps mie, qui reste toutefois le plus souvent dans les limites de la
de relaxation T2* [18-20]. La valeur seuil du T2* en dessous de normale. Le mécanisme de la toxicité rénale est à l’étude.
laquelle on diagnostique une surcharge en fer myocardique L’introduction d’un traitement par déférasirox impose une
est de 20 ms. Une étude menée chez 109 patients thalassé- surveillance hebdomadaire de la clairance de la créatinine au
miques italiens a montré que tous ceux qui avaient une cours du premier mois, puis mensuelle. Les autres effets
dysfonction ventriculaire avaient un T2* myocardique indésirables les plus fréquents sont des symptômes digestifs
inférieur à 20 ms [21]. Fait important à souligner, les degrés de (nausées, vomissements, douleurs abdominales) dans environ
surcharge hépatique et cardiaque ne sont pas constamment 10 % des cas et des rashes cutanés dans 8 % des cas, qui
corrélés entre eux. régressent en règle. La posologie recommandée est de 10 à
• Chélateurs du fer. La déféroxamine (Desféral®) a été long- 30 mg/kg/j, en règle 20 mg/kg/j, à adapter en fonction de
temps le seul chélateur du fer disponible. Il a été utilisé à l’importance de la surcharge en fer préexistante et des apports
partir de 1975 sous forme intramusculaire, à partir de transfusionnels. Enfin, tous les chélateurs (déféroxamine,
défériprone, déférasirox) nécessitent une surveillance annuelle
1980 sous forme d’injections sous-cutanées sur 8-10 heures (à
des fonctions auditives et visuelles.
la dose moyenne de 40 mg/kg/j). L’histoire de la thalassémie
Splénectomie. Le développement d’un hypersplénisme est
est étroitement liée à celle de la déféroxamine et le pronostic
pratiquement constant dans la thalassémie majeure. Il apparaît
a longtemps dépendu presque uniquement de la régularité
en règle vers 6-8 ans, parfois plus tard chez des patients soumis
avec laquelle les patients ont supporté de poursuivre ce
d’emblée à des apports transfusionnels élevés [15] . Dans la
traitement extrêmement contraignant. Un chélateur oral, la
grande majorité des cas, un hypersplénisme est évoqué devant
défériprone (anciennement dénommé L1 ), est disponible
une augmentation des besoins transfusionnels d’année en
depuis le début des années 1990 et commercialisé sous le année, avec parfois constatation d’une leucopénie ou d’une
nom de Ferriprox®. Les premières études cliniques n’étant pas thrombopénie. On estime actuellement qu’une consommation
comparatives, les données initiales d’efficacité ont été annuelle supérieure à 200 ml kg–1 de concentrés érythrocytaires
considérées en France comme insuffisantes, alors que les pour maintenir un taux d’hémoglobine moyen proche de
données de toxicité mettaient en évidence un risque rare 12 g dl–1 doit faire évoquer un hypersplénisme et conduire à
mais réel d’agranulocytose. C’est pourquoi la défériprone ne une splénectomie. La vaccination antipneumococcique et la
dispose que d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) prise biquotidienne de phénoxyméthylpénicilline (Oracilline®)
restreinte « au traitement de la surcharge en fer chez les sont nécessaires. Le risque thromboembolique est majoré chez
patients qui présentent une thalassémie majeure et pour les patients splénectomisés.
lesquels un traitement par la déféroxamine est contre- Supplémentation en acide folique. Elle est systématique (5 mg/j).
indiqué ou inadapté ». Avec 15 ans environ de recul, des Pronostic de la thalassémie chez les patients traités par
éléments ont pu être précisés ou mis en évidence. D’abord, transfusion et chélation.
les risques de neutropénie (polynucléaires neutrophiles Atteinte cardiaque. Les traitements modernes ont totalement
< 1,5 109/l) et d’agranulocytose (polynucléaires neutrophiles transformé le pronostic de la b-thalassémie : 68 % des patients
< 0,5 109/l) ont été chiffrés à respectivement 2,5 et 0,5 cas italiens nés après 1970 ont atteint l’âge de 35 ans [14]. Il existe
pour 100 patients-années. Ces observations ont conduit à trois grandes cohortes de patients qui permettent d’établir la
recommander formellement que le traitement fasse l’objet prévalence des complications : l’une de 342 patients aux États-
d’une surveillance hebdomadaire du nombre de polynucléai- Unis [26], l’autre de 539 patients à Chypre [27], la dernière de
res neutrophiles. Le traitement doit être interrompu si les 1 073 patients italiens [14]. La principale cause de décès reste
neutrophiles sont < 1,5 109/l. De même, si un patient traité l’atteinte cardiaque par hémochromatose, responsable respecti-
par la défériprone développe une infection, le traitement doit vement de 53 % et 67 % des décès dans les cohortes chypriote

Hématologie 5
13-006-D-17 ¶ Syndromes thalassémiques

et italienne. Les lésions histologiques rapportées à l’hémosidé- L’expérience la plus importante est celle de l’équipe de Pesaro
rose sont des dépôts de fer dans les cellules myocardiques, en Italie. L’étude de plus de 200 transplantations médullaires
notamment ventriculaires, et dans les voies de conduction. Des chez des enfants thalassémiques âgés de moins de 16 ans a
lésions de fibrose existent à un stade plus avancé. Les signes permis à Lucarelli et al. de relever trois facteurs pronostiques :
cliniques et électriques de l’atteinte cardiaque (hypertrophie l’existence d’une fibrose portale, la présence d’une hépatoméga-
ventriculaire gauche, épanchement péricardique, troubles du lie et l’inadéquation de la chélation sont des facteurs péjoratifs
rythme et/ou de la conduction, insuffisance cardiaque conges- significativement associés à une diminution des pourcentages de
tive) sont présents à un stade tardif de la surcharge en fer. C’est survie et de survie sans maladie. Les probabilités de survie, de
dire l’intérêt de la dépister précocement par imagerie T2*, à un survie sans maladie et de récurrence sont respectivement de
stade où l’intensification de la chélation peut permettre une 94 %, 94 %, et 0 % dans le groupe ne présentant aucun de ces
amélioration de la fonction cardiaque. Vingt-trois pour cent des facteurs de risque [35]. Ces très bons résultats ont fait discuter la
patients américains âgés de plus de 25 ans nécessitent un transplantation médullaire chez des patients présentant des
traitement tonicardiaque. Ces chiffres reflètent l’extrême conditions initiales moins favorables. Les probabilités de survie
difficulté pour les patients d’appliquer correctement le traite- à 5 ans sont clairement moins bonnes chez des patients âgés de
ment par déféroxamine, seul traitement disponible jusqu’à ces moins de 17 ans associant les trois facteurs de risque, mais
toutes dernières années. Les patients italiens dont le taux de diffèrent selon que le conditionnement a comporté plus ou
ferritine était supérieur à 2 500 ng/ml avaient un risque de moins de 200 mg/kg de ciclosporine (57 % et 74 % respective-
défaillance cardiaque multiplié par 11,3 (intervalle de confiance ment). Dans cette même catégorie de patients, le pourcentage
à 95 % : 5,25-24,2). de rejets varie selon que les patients ont reçu plus ou moins de
Atteintes hépatique et endocrinienne. Les autres complications de 100 transfusions de globules rouges (53 % et 24 % respective-
la surcharge en fer sont l’atteinte hépatique (cirrhose clinique ment) [36] . La même équipe a réalisé des greffes de moelle
chez 6 % des malades américains âgés de plus de 25 ans, allogénique chez des patients âgés de 17 à 35 ans et rapporte
cirrhose histologiquement prouvée chez 15 % d’entre eux) et les des pourcentages de survie, de survie sans rejet et de rejet
endocrinopathies : hypothyroïdie chez 17 % des patients respectivement de 66 %, 62 %, et 4 % [37]. Enfin, des greffes de
américains âgés de plus de 25 ans, hypoparathyroïdie, diabète moelle ont également été réalisées à partir de donneurs HLA-
et hypogonadisme hypogonadotrope chez respectivement 9 %, compatibles non familiaux. Dans une série de 68 patients
21 %, 62 % d’entre eux. Aucune anomalie endocrinienne n’a thalassémiques, les pourcentages de survie et survie sans
été retrouvée chez les patients américains âgés de moins de maladie ont été respectivement de 79,3 et 65,8 % [38]. Les sangs
15 ans. Dans cette série, 11 grossesses sont survenues chez huit de cordon ombilical sont une autre source possible de cellules
des 101 femmes âgées de plus de 18 ans. Sept bébés bien souches hématopoïétiques. Les greffes de sang de cordon
portants sont nés ; il y a eu deux fausses couches spontanées et peuvent être apparentées [38], avec des résultats superposables à
deux interruptions de grossesse. Dans la série italienne, les ceux observés à partir de la moelle, ou non apparentées, avec
prévalences de l’hypothyroïdie, du diabète et de l’hypogona- un ou deux sangs de cordons [39]. La mortalité et le risque de
disme hypogonadotrope sont respectivement de 10,8 %, 6,4 % maladie du greffon contre l’hôte [40] sont tels que la greffe non
et 54,7 %. apparentée n’est pas recommandée en routine aujourd’hui.
Ostéoporose. Une complication devenue plus fréquente avec Diagnostic prénatal. Il est réalisable dès 10 semaines de
l’allongement de l’espérance de vie est l’ostéoporose [28]. Son grossesse, à partir d’un prélèvement de villosités choriales, à
explication est sans doute multifactorielle : hyperplasie condition que les deux mutations en cause aient été préalable-
érythroïde, surcharge en fer, endocrinopathies, voire prédispo- ment identifiées chez le cas index et/ou les parents. Sinon, une
sition génétique. Différentes molécules de la famille des étude de ségrégation des marqueurs acide désoxyribonucléique
biphosphonates sont à l’étude [29]. (ADN) du gène b-globine peut être réalisée par méthode indi-
Complications thromboemboliques. Les complications throm- recte si une étude de l’ADN a pu être faite préalablement chez
boemboliques ont une prévalence accrue chez les patients le patient index ou ses parents, voire ses germains, et a permis
thalassémiques [14], particulièrement s’ils ont été splénectomisés. d’identifier le chromosome 11 porteur de la copie altérée du
Un taux élevé de facteurs de coagulation et l’externalisation de gène et celui porteur d’une copie normale [41].
la phosphatidyl sérine sur la membrane du globule rouge Thérapie génique. Elle représente évidemment un grand
peuvent contribuer à ce risque [30]. espoir pour des patients atteints de formes sévères qui
Infections virales post-transfusionnelles. Les patients thalassémi- n’auraient pas de donneur HLA-compatible. Elle nécessite
ques sont une des populations les plus exposées au risque de l’obtention d’une méthode de transfert génique dans des
contamination virale post-transfusionnelle. Un travail mené en cellules souches hématopoïétiques aboutissant à un taux
1990 auprès de 305 patients thalassémiques majeurs français, d’expression du gène b-globine suffisant, tissu-spécifique et
italiens et belges chiffrait la prévalence des anticorps anti-virus stable. Les lentivirus, rendus non réplicatifs, ont l’avantage de
de l’immunodéficience humaine (VIH) à 0,7 % (patients pouvoir être intégrés même dans des cellules quiescentes. Ils
contaminés avant le dépistage systématique chez les donneurs), peuvent être enrichis de séquences dites « insulatrices » visant à
anti-human T-cell lymphoma virus (HTLV) I à 0,7 %, antivirus de empêcher l’activation en cis de gènes avoisinant le site d’inté-
l’hépatite C (VHC) à 34,1 %, anticytomégalovirus (CMV) à gration. Des travaux initiaux prometteurs chez la souris [42, 43]
69,5 %. Neuf patients étaient porteurs de l’antigène HBs [31]. Un ont conduit à la mise en place d’un essai clinique chez l’adulte,
problème majeur rencontré dans la population thalassémique coordonné à l’hôpital Saint-Louis à Paris.
adulte est donc l’infection par le VHC, qui associe sa toxicité
b-thalassémie intermédiaire
hépatique propre à celle de l’hémochromatose. La détection
systématique du génome de l’hépatite C dans les dons de sang Signes cliniques et biologiques. C’est l’importance de
a considérablement réduit le risque de contamination transfu- l’anémie et des besoins transfusionnels qui amène à différencier
sionnelle (il était de l’ordre d’une contamination pour 6,5 mil- les malades thalassémiques homozygotes majeurs et intermé-
lions de dons de sang en France au début des années 2000). Les diaires. Les patients atteints de thalassémie intermédiaire ont
protocoles thérapeutiques actuels utilisent l’interféron a ou une production résiduelle d’hémoglobine de l’ordre de
l’interféron pégylé (PEG) seul [32], ou associé à la ribavirine [33, 6-11 g dl-1 ne requérant pas de transfusions mensuelles. La
34] . Les taux de négativation virale soutenue obtenus sont
sévérité de l’expression clinique résulte de la conjonction d’au
comparables à ceux de la population générale, mais l’utilisation moins trois facteurs, la mutation b-thalassémique en cause, le
de ribavirine entraîne une augmentation de 30 % à 40 % des nombre de gènes a, le taux de production de chaînes c capables
besoins transfusionnels. de s’apparier avec les chaînes a, éléments qui seront donc tous
Transplantation médullaire. Du fait de la lourdeur de la pris en compte pour tenter de prédire la gravité clinique de
maladie chez l’adulte, une greffe de moelle, même compte tenu l’affection [44] . Cette prédiction doit rester toutefois très
de son risque de morbidité et de mortalité, doit légitimement prudente, et seule l’observation des besoins transfusionnels
être proposée aux patients qui ont un donneur HLA compatible. permet de distinguer une thalassémie intermédiaire d’une forme

6 Hématologie
Syndromes thalassémiques ¶ 13-006-D-17

majeure. Sous l’influence combinée de ces différents paramètres,


et sans doute d’autres non encore identifiés, l’expression
clinique d’une thalassémie intermédiaire va de l’absence de “ Points forts
manifestation clinique jusqu’à une dépendance transfusionnelle.
Le plus souvent, le tableau est celui d’une anémie hémolytique • Le diagnostic est évoqué devant une anémie, une
modérée (pâleur, hépatosplénomégalie), pouvant s’aggraver lors microcytose, un taux d’HbF entre 50 % et 98 %. C’est la
d’une infection, une érythroblastopénie, une grossesse, un sévérité de l’anémie et l’importance des besoins
hypersplénisme, une carence en folates. Comme les patients ne transfusionnels qui amènent à classer une b-thalassémie
sont pas transfusés régulièrement, certains d’entre eux peuvent homozygote comme intermédiaire (besoins
manifester les complications osseuses de l’hyperplasie médul- transfusionnels intermittents) ou majeure (besoins
laire. Il peut s’agir de remodelage osseux, voire de l’apparition transfusionnels mensuels).
d’une tumeur hématopoïétique extramédullaire. Des cas de • Le pronostic de la b-thalassémie homozygote a été
compression médullaire ont été décrits. Leur traitement peut spectaculairement amélioré par les transfusions
associer la radiothérapie, la chirurgie, l’hydroxyurée, selon des mensuelles et la chélation du fer. Des chélateurs oraux
stratégies encore mal codifiées [45]. L’inflation érythroïde est sont maintenant disponibles.
aussi responsable d’une hyperabsorption intestinale du fer, si
bien qu’une hémochromatose est parfois décrite chez des
patients n’ayant jamais été transfusés. Des ulcères de jambe, des
lithiases, des thromboses sont aussi rapportés chez des patients ■ Hétérozygoties composites
adultes.
Traitement. Le traitement est discuté cas par cas. Une E/β-thalassémies
transfusion ponctuelle est nécessaire en cas d’aggravation de
l’anémie chronique. Certains patients peuvent nécessiter des Épidémiologie
transfusions régulières, souvent dans ce cas tous les 3 mois,
L’hémoglobine E est l’hémoglobine anormale la plus fré-
quand l’anémie chronique retentit sur le niveau d’activité, la quemment rencontrée dans le Sud-Est asiatique. La prévalence
scolarité, le développement staturopondéral, le modelage de l’HbE est maximale aux frontières de la Thaïlande, du Laos et
osseux. L’apparition de besoins transfusionnels peut traduire la du Cambodge, où près de 50 % de la population est porteuse
constitution d’un hypersplénisme qui sera traité par une du gène de l’HbE [52]. Du fait de la fréquence des mutations
splénectomie. Une supplémentation en acide folique est utile b-thalassémiques en Asie du Sud-Est, l’hétérozygotie composite
(5 mg/j). E/b-thalassémie, qui est tout à fait caractéristique de cette région
Plusieurs études plaident pour l’efficacité de molécules du monde, n’est pas rare.
réactivatrices de la synthèse d’HbF comme alternative à la
transfusion sanguine chez les patients atteints de thalassémies Physiopathologie
intermédiaires. L’objectif en augmentant la synthèse des chaînes
c chez les patients thalassémiques est d’améliorer le rapport La mutation E est de type thalassémique et réduit la quantité
entre les chaînes a et non-a, puisque ce sont les chaînes a de chaînes bE synthétisées. Les patients E/b-thalassémiques ont
donc deux allèles thalassémiques, mais la sévérité de l’anémie
« célibataires » qui génèrent les altérations membranaires
est très variable. Comme pour les b-thalassémies, on décrit les
responsables de l’hémolyse et de l’induction de l’apoptose.
E/b0-thalassémies et les E/b+-thalassémies. L’association à une
Les résultats observés dans les différentes études sont difficiles a-thalassémie, l’activité des gènes c sont autant d’autres facteurs
à interpréter car il ne s’agit pas d’études randomisées, du fait de contribuant à la diversité de l’expression clinique et biologique.
l’extrême variabilité phénotypique des tableaux, et de l’absence
de recommandation consensuelle de transfusion. Plusieurs
familles de médicaments ont été utilisées :
Manifestations cliniques et biologiques
• la 5-azacytidine et son dérivé : la décitabine, agent déméthy- Les signes cliniques sont très variables, allant d’un tableau de
lant qui serait dépourvu de la cytotoxicité de la 5-azacy- thalassémie intermédiaire à celui d’une thalassémie majeure. Les
tidine : les essais sont en cours [46] ; patients présentent donc à des degrés variables une anémie, un
• le butyrate et ses dérivés (inhibiteurs de la désacétylation des ictère, une hépatosplénomégalie, des modifications osseuses, un
histones qui activeraient le promoteur des gènes c) : les retard du développement pubertaire. Une série de 802 malades
résultats sont pour l’instant décevants [47] ; à l’état basal montre des taux d’hémoglobine de 2,6 à
13,3 g dl -1 , en moyenne 7,7 g dl -1[52] . L’hyperabsorption
• l’hydroxyurée qui semble, via le recrutement de progéniteurs
intestinale du fer peut entraîner une hémochromatose chez des
hématopoïétiques ayant gardé un niveau élevé de synthèse
patients non transfusés.
d’HbF, réduire de façon assez concluante les besoins transfu-
sionnels chez les patients thalassémiques intermédiaires. En
outre, la plupart des patients thalassémiques traités par Traitement
hydroxyurée rapportent un mieux-être, parfois associé à une Il est fonction de la production d’hémoglobine. Une majora-
augmentation de leur taux d’Hb, mais pas toujours, et parfois tion des besoins transfusionnels peut indiquer un hypersplé-
associé à une augmentation de leur taux d’HbF, mais de façon nisme qui sera corrigé par une splénectomie. Une supplémen-
non constante non plus. Vraisemblablement, le mieux-être tation en acide folique est utile (5 mg/j). Une amélioration de
rapporté peut être expliqué par une réduction de la perte l’érythropoïèse et une augmentation du taux d’HbF ont été
d’énergie liée à l’érythropoïèse inefficace [48-50] ; rapportées sous hydroxyurée dans une série de 13 patients [52].
• l’érythropoïétine recombinante humaine, qui stimule la
prolifération érythroïde, diminue l’apoptose et favorise la
survie des progéniteurs érythroïdes. On a montré que son ■ β-thalassémies intermédiaires
taux est insuffisamment augmenté par rapport à la sévérité de
l’anémie chez les patients thalassémiques. Rachmilewitz a
de transmission dominante
utilisé l’érythropoïétine associée à une supplémentation Les b-thalassémies de transmission autosomique dominante
martiale en 1995 chez dix malades thalassémiques intermé- sont rares. Elles sont responsables, chez des sujets hétérozygotes,
diaires. Sept patients ont augmenté leur taux d’Hb de 1,5 à d’un tableau clinique de thalassémie intermédiaire. Elles
2 g dl-1 par rapport à leur taux de base ; les transfusions ont résultent de mutations de structure qui produisent des molécu-
été arrêtées chez deux [51]. les de globine de type hyperinstable, dont la demi-vie est de

Hématologie 7
13-006-D-17 ¶ Syndromes thalassémiques

quelques minutes à quelques heures. Les anomalies moléculaires [21] Anderson LJ, Holden S, Davis B, Prescott E, Charrier CC, Bunce NH,
sous-jacentes sont très diverses et ne sont pas développées ici. et al. Cardiovascular T2-star (T2*) magnetic resonance for the early
Il peut s’agir de délétions, de petites insertions ou de mutations diagnosis of myocardial iron overload. Eur Heart J 2001;22:2171-9.
ponctuelles. Certaines d’entre elles entraînent un décalage du [22] Pennell DJ, Berdoukas V, Karagiorga M, Ladis V, Piga A, Aessopos A,
cadre de lecture. et al. Randomized controlled trial of deferiprone or deferoxamine in
La physiopathologie de ces affections associe la présence beta-thalassemia major patients with asymptomatic myocardial
d’une chaîne de globine instable, qui précipite dans les précur- siderosis. Blood 2006;107:3738-44.
seurs érythroblastiques, et un excès de chaînes a libres. [23] Borgna-Pignatti C, Cappellini MD, De Stefano P, Del Vecchio GC,
Le diagnostic repose sur le séquençage du gène b. Il doit être Forni GL, Gamberini MR, et al. Cardiac morbidity and mortality in
évoqué en particulier s’il existe un phénotype de thalassémie deferoxamine- or deferiprone-treated patients with thalassemia major.
intermédiaire chez un patient n’appartenant pas aux popula- Blood 2006;107:3733-7.
tions d’endémie. [24] Wonke B, Wright C, HoffbrandAV. Combined therapy with deferiprone
.
and deferioxamine. Br J Haematol 1998;103:361-4.
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M. de Montalembert, Praticien hospitalier (Mariane.demontal@nck.aphp.fr).


Centre de référence Maladies constitutionnelles du globule rouge et de l’érythropoïèse, service de pédiatrie générale, Hôpital Necker-Enfants Malades, 149,
rue de Sèvres, 75015 Paris, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : de Montalembert M. Syndromes thalassémiques. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Hématologie,
13-006-D-17, 2008.

Disponibles sur www.em-consulte.com


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