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De la compréhension à la remédiation
Cyrielle Richard
De Boeck Supérieur
5 allée de la 2e Division Blindée
75015 Paris
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www.deboecksuperieur.com
Dépôt légal :
Bibliothèque royale de Belgique : 2018/13647/021
Bibliothèque nationale, Paris : janvier 2018
ISBN : 978-2-35327-447-5
Sommaire
Introduction
Déficience intellectuelle et handicap,
de qui est-il question ? ...............................................................1
III
Déficiences intellectuelles
Conclusion
Complémentarité entre la neuropsychologie et les TCC,
de la remédiation des troubles à l’auto-détermination .......254
IV
Introduction
Déficience intellectuelle
et handicap, de qui est-il
question ?
Nous ne pouvons débuter ce livre sans effectuer un bref rappel des termino-
logies concernant les personnes déficientes intellectuelles.
Le vocabulaire employé pour désigner une personne est important, car il
révèle le regard que la communauté porte sur ses membres. Il nous renseigne
également sur sa capacité à intégrer, à protéger ou à exclure les plus faibles.
Par conséquent, il est nécessaire de rappeler l’origine et l’évolution des termes
handicap et déficiences intellectuelles, ainsi que l’évolution des diagnostics et
des prises en charge.
Le terme handicap vient de l’anglais hand in cap. Ce terme est d’abord
employé dans le domaine des échanges et du troc des biens matériels. Il apparaît
ensuite dans le domaine des jeux, principalement lors des courses hippiques.
Il s’agissait d’appliquer un désavantage (rajout de poids, d’obstacles sur le
parcours…) au meilleur cheval afin de le mettre au même niveau que ses
concurrents. Cet exemple fait ressortir l’un des caractères essentiels de la notion
de handicap : la comparaison avec d’autres individus ou avec une norme.
Le terme s’est étendu du domaine sportif au domaine de la santé au
e
xx siècle.
Le handicap regroupe plusieurs aspects1 : la déficience, les limitations
d’activités et les restrictions de participation :
− la déficience correspond à toute perte de substance ou altération d’une
fonction ou d’une structure psychologique, physiologique ou anatomique ;
1
Déficiences intellectuelles
2 Schalock, R.L., Borthwick-Duffy, S.A., Bradley, V.J., Buntinx, W.H.E., Coulter, D.L., Craig,
E.M., Gomez, S.C., Lachapelle, Y., Luckasson, R., Reeve, A., Shogren, K.A., Snell, M.E.,
Spreat, S., Tassé, M.J., Thompson, J.R., Verdugo-Alonso, M.A., Wehmeyer, M.L., & Yeager,
M.H. (2010). Intellectual Disability: Definition, Classification, and Systems of Supports
(Eleventh edition).Washington, D.C.: AAIDD.
3 UNAPEI (2013). Déficience intellectuelle et handicap mental repéré à https://informations.
handicap.fr/art-handicap-mental-73-3110.php
4 R41.8 [V62.89] Fonctionnement intellectuel limite. (2003). Dans American Psychiatric
Association, DSM-IV-TR : manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (4e éd.
rév. traduit par J.-D. Guelfi et M.-A. Crocq). (p. 852). Paris, France : Masson.
2
Introduction
1. La neuropsychologie
La neuropsychologie s’appuie sur deux postulats.
Le premier expose que les symptômes observables sont le reflet d’at-
teintes neurologiques. Les réponses hors normes du patient aux tests
3
Déficiences intellectuelles
8 Detterman, D. K. (1979). Memory in the mentally retarded. Dans N. R. Ellis (dir.), Hand-
book of Mental Deficiency (p. 727-760). Hillsdale, NJ: Erlbaum.
9 Zeaman, D., & House, B. J. (1963). The role of attention in retardate discrimination learn-
ing. Dans N. R. Ellis (dir.), Handbook of mental deficiency (pp. 159-223). New York, NY:
McGraw-Hill.
10 Newman, J. D. & Harris, J. C. (2009). The Scientific Contributions of Paul D. MacLean
(1913–2007). Journal of Nervous & Mental Disease, 197(1), 3-5.
4
Introduction
11 Ploog, D. W. (2003). The place of the Triune Brain in psychiatry, Physiology & Behavior,
79(3), 487-493.
12 Luria, A. R. (1985). Les fonctions corticales supérieures de l’homme, Paris : Presses Universi-
taires de France, Psychologie d’aujourd’hui.
13 Scnider, A. (2008). Neurologie du comportement, La dimension neurologique de la neuro-
psychologie, Paris : Elsevier Masson.
5
Déficiences intellectuelles
Nous ne pourrons pas détailler toutes les fonctions régies par ces cortex
et aires. Nous évoquerons brièvement les structures cérébrales permettant la
régulation entre les cognitions, les émotions et les actions.
L’attribution de fonctions spécifiques à chaque partie du cerveau est une
tâche complexe. Il s’avère que des atteintes situées dans des zones différentes
peuvent produire des troubles équivalents. Ainsi, des troubles comportemen-
taux semblables sont observés dans le cas de dysfonctionnements du lobe
frontal, du cervelet et des ganglions de la base.
Chacun des deux hémisphères a sa spécialisation. L’hémisphère gauche est
associé aux compétences langagières. Des lésions au niveau de l’hémisphère
gauche sont responsables d’aphasies, d’apraxies idéomotices et idéatoires,
d’agnosies et de troubles de la latéralité ou en lien avec les apprentissages.
Les capacités à s’orienter dans l’espace, la perception holistique de l’en-
vironnement et des pairs, la reconnaissance des visages et des affects, la
reconnaissance des formes complexes font partie des spécificités de l’hémis-
phère droit.
Le thalamus joue le rôle de filtre entre les informations sensorielles et
le cortex cérébral (aire pariétale et aire frontale notamment) ainsi que le
système limbique. Le thalamus est relié au lobe frontal et joue un rôle dans
la régulation de la mémoire de travail.
Un dysfonctionnement précoce du thalamus ainsi que de ses connexions
avec le cortex cérébral peut être responsable des troubles moteurs et des
troubles de la régulation des comportements observés chez les personnes
ayant un trouble du spectre de l’autisme (TSA)14.
L’hypothalamus est connecté aux structures limbiques et au cortex
orbitofrontal. Il représente une interface entre les structures contrôlant les
réponses émotionnelles. Il joue également un rôle dans le contrôle des besoins
fondamentaux (notamment la faim).
L’hippocampe intervient dans la cognition spatiale, la flexibilité et le
stockage des informations à long terme15. Le volume de l’hippocampe des
personnes avec un TSA est généralement plus important que celui des per-
sonnes ordinaires.
Le lobe frontal comporte à la fois des aires impliquées dans la motricité
(gyrus central et cortex prémoteur) ainsi que dans la régulation des com-
portements (le cortex préfrontal). Le lobe frontal est connecté avec les lobes
temporaux, pariétaux et occipitaux, de sorte qu’il reçoit des informations
ayant transitées et ayant été travaillées par ces derniers. Le cortex préfrontal
6
Introduction
7
Déficiences intellectuelles
8
Introduction
3. L’attention
Le terme « attention » renvoie à un ensemble d’activités cognitives. Le rôle prin-
cipal de l’attention est de fixer l’esprit sur des objets déterminés et d’empêcher
que celui-ci soit envahi par des pensées involontaires ou qu’il soit submergé
par des informations non pertinentes. Van Zomeren et Brouwer25 divisent
les processus attentionnels en deux dimensions : l’intensité et la sélectivité :
− la première comprend l’alerte tonique, la vigilance et l’attention
soutenue. L’alerte tonique correspond à l’éveil de l’organisme aux sti-
mulations de l’environnement. Elle peut se maintenir sur des périodes
de temps variables. La vigilance et l’attention soutenue sont les capacités
permettant de maintenir un niveau d’activité sur le long terme ;
− la seconde regroupe l’attention focalisée, l’attention divisée et l’atten-
tion alternée.
L’attention focalisée (aussi nommée attention sélective) désigne la capacité
à fixer son esprit sur un stimulus ou sur une activité, sans tenir compte des
distracteurs présents dans l’environnement. Les capacités de traitement et de
stockage du système central étant limitées, une sélection des informations est
essentielle. Lorsqu’un nouvel événement survient dans l’environnement, l’at-
tention s’oriente vers lui de manière spontanée et automatique. Ce phénomène
est nommé : « réflexe d’orientation ». La focalisation intervient après ce réflexe
d’orientation pour débuter un traitement cognitif de l’information perçue.
L’attention divisée (aussi nommée attention partagée) permet de mener
plusieurs activités en même temps.
L’attention alternée est l’aptitude à fixer l’attention sur un point précis et
à changer rapidement de foyer attentionnel. Le « superviseur attentionnel26 »
contrôle le degré d’attention attribué aux événements et sélectionne les actions
à mettre en place en conséquence. Le déploiement des ressources attention-
nelles par le superviseur attentionnel se fait en fonction du type d’activités
dans lesquelles l’individu est engagé et la complexité des comportements à
fournir.
L’attention conjointe27 n’est pas une composante de l’attention à propre-
ment parler. Le terme « attention conjointe » désigne la capacité à partager
avec autrui un événement ou un objet, en attirant son attention vers celui-ci.
Elle est la précurseure d’activités cognitives complexes comme la mentalisation
25 Van Zomeren, A.H. & Brouwer, W.H. (1994). Clinical neuropsychology of attention. New
York: Oxford University Press.
26 Norman, D.A, Shallice, T. (1986). Attention to action: willed and automatic control of
behaviour, Dans Davidson, R. J., Schwartz, G. E., and Shapiro, D., (dir.). Consciousness and
Self-Regulation: Advances in Research and Theory. New-York: Plenum Press.
27 Gerardin-Collet, V. & Ribon C. (2000). Autisme, perspectives actuelles. Paris : L’Harmattan,
le forum – IRTS de Lorraine
9
Déficiences intellectuelles
28 Rommelse, N. N. J., Geurts, H. M., Franke, B., Buitelaar, J. K., Hartman, C. A. (2011). A
review on cognitive and brain endophenotypes that may be common in autism spectrum
disorder and attention-Deficit/hyperactivity disorder and facilitate the search for pleio-
tropic genes. Neuroscience & Biobehavioral Reviews, 35(6), 1363-1396.
29 Moffitt, T. E., Arseneault, L., Belsky, D., Dickson, N., Hancox, R. J., Harrington, H., Houts,
R., Poulton, R., Roberts, B. W., Ross, S., Sears, M. R., Thomson, W. M. & Caspi, A. (2011).
A gradient of childhood self-control predicts health, wealth, and public safety. Proceedings
of the National Academy of Sciences of the United States of America, 108(7), 2693–2698.
30 Baddeley, A. D. (1986). Working memory. Oxford: Oxford University Press.
10
Introduction
31 Kerns, K. A., Eso, K., & Thomson, J. (1999). Investigation of a direct intervention for
improving attention in young children with ADHD. Developmental Neuropsychology,
16(2), 273–295.
32 Zeaman, D. & House, B. J. (1963). The role of attention in retardate discrimination learn-
ing. Dans N. R. Ellis (Dir.), Handbook of Mental Deficiency. New York: McGraw-Hill.
33 Deutsch, C. K., Dube, W. V. & McIlvane, W. J. (2008). Attention deficits, attention-deficit
hyperactivity disorder, and intellectual disabilities. Developmental Disabilities Research
Reviews, 14, 285-292.
34 Seynhaeve, I. & Nader-Grosbois, N. (2005). Trajectoires développementales et particulari-
tés dysfonctionnelles de trois enfants à trisomie 21 en période sensori-motirce. Revue
francophone de la déficience intellectuelle, 16 (1), p 137-59
35 Ekstein, S., Glick, B., Weill, M., Kay, B., & Berger, I. (2011). Down syndrome and attention-
deficit/hyperactivity disorder (ADHD). Journal of Child Neurology, 26(10), 1290–1295.
36 Leyfer, O. T., Woodruff-Borden, J., Klein-Tasman, B. P., Fricke, J. S., & Mervis, C. B.
(2006). Prevalence of psychiatric disorders in 4 to 16-year-olds with Williams syndrome.
American Journal of Medical Genetics Part B, Neuropsychiatric Genetics, 141B(6),
615–622.
37 Little, K., Riby, D. M., Janes, E., Clark, F., Fleck, R., & Rodgers, J. (2013). Heterogeneity of
social approach behaviour in Williams syndrome: The role of response inhibition. Research
in Developmental Disabilities, 34(3), 959–967.
38 Breckenridge, K., Braddick, O., Anker, S., Woodhouse, M., & Atkinson, J. (2013). Attention
in Williams syndrome and Down’s syndrome: Performance on the new early childhood
attention battery. British Journal of Developmental Psychology, 31(2), 257–269.
11
Déficiences intellectuelles
39 Richler, J., Huerta, M., Bishop, S. L., & Lord, C. (2010). Developmental trajectories of
restricted and repetitive behaviors and interests in children with autism spectrum disor-
ders. Development and Psychopathology, 22(1), 55–69.
40 Baddeley, A. D. (1986). Working memory. Oxford: Oxford University Press.
41 Nettelbeck, T., & Burns, N. R. (2010). Processing speed, working memory and reasoning
ability from childhood to old age. Personality and Individual Differences, 48(4), 379–384.
42 Steele, S., Minshew, N. J., Luna, B., & Sweeney, J. A. (2007). Spatial working memory defi-
cits in autism. Journal of Autism and Developmental Disorders, 37(4), 605–612.
43 Rhodes, S. M., Riby, D. M., Fraser, E., & Campbell, L. E. (2011). The extent of working
memory deficits associated with Williams syndrome: Exploration of verbal and spatial
domains and executively controlled processes. Brain and Cognition, 77(2), 208–214.
44 Schapiro, M. B., Murphy, D. G. M., Hagerman, R. J., Azari, N. P., Alexander, G. E., Mieze-
jeski, C. M., et al. (1995). Adult fragile X syndrome: Neuropsychology, brain anatomy, and
metabolism. American Journal of Medical Genetics, 60(6), 480–493.
45 Lanfranchi, S., Cornoldi, C., & Vianello, R. (2004). Verbal and visuospatial working
memory deficits in children with Down syndrome. American Journal of Mental Retarda-
tion, 109(6), 456–466.
46 Ikkai, A., & Curtis, C. E. (2011). Common neural mechanisms supporting spatial working
memory, attention and motor intention. Neuropsychologia, 49(6), 1428–1434.
12
Introduction
47 Schuchardt, K., Gebhardt, M. & Mäehler, C. (2010). Working memory functions in chil-
dren with different degrees of intellectual disability, Journal of Intelectual Disability
Research, 54(4), 346-353.
48 Daneman, M. & Carpenter, P. (1980). Individual differencies in working memory and
reading. Journal of Verbal Learning and Verbal Behavior, 19, 450-466.
49 Büchel, F.P. & Büchel, P. (1995). Découvrez vos capacités, rEalisez vos possibilités, pLani-
fiez votre démarche, soyez créatiFs. DELF : Un programme d’apprentissage pour adoles-
cents et adultes. Russin, Suisse : Centre d’Education Cognitive.
13
Déficiences intellectuelles
14
Introduction
Ce modèle offre des clés de compréhension pour les troubles des appren-
tissages. Ainsi, face aux personnes ayant des déficits intellectuels, il est
primordial de ne pas multiplier les informations afin de ne pas surcharger
la mémoire de travail. Il est important de permettre aux personnes d’allier
savoirs théoriques et applications pratiques afin de renforcer la mémorisation
au niveau déclaratif et procédural.
La mémoire à court terme est impactée chez la plupart des personnes
déficientes intellectuelles. Les difficultés se situent principalement au niveau
du rappel des informations auditives. Ces déficits seraient davantage liés à
des troubles du traitement et de la récupération des informations qu’à des
difficultés au niveau de l’encodage51.
Ces limitations entraînent des difficultés à élaborer des stratégies
d’apprentissage52.
Ces capacités seraient particulièrement fragilisées chez les personnes triso-
miques 21 et porteuses du syndrome de l’X fragile. A contrario, elles seraient
efficientes chez les personnes ayant le syndrome de Williams53.
Contrairement aux personnes tout-venant, l’empan de mémoire n’aug-
mente pas avec l’âge.
En dehors des troubles fonctionnels, l’absence de stratégies d’apprentissage
ou l’utilisation de méthodes inadéquates d’apprentissage et de récupération
des informations stockées contribuent aux faibles capacités mnésiques.
Ainsi, les personnes déficientes intellectuelles ne parviennent que diffi-
cilement à identifier et organiser le matériel à mémoriser ou à initier des
stratégies d’apprentissage (comme la récapitulation subvocale ou le classement
des informations en fonction d’un dénominateur commun). Ensuite, les défi-
cits langagiers (troubles de l’articulation, par exemple) rendent la restitution
des informations malaisée ce qui, s’ils sont associés à un déclin rapide des
traces laissées par les éléments encodés, perturbe le maintien de ceux-ci.
Comblain54 a proposé une tâche consistant à répéter des « non-mots ».
Cet exercice a pour avantage de pouvoir être proposé aux personnes ayant
une efficience intellectuelle très faible. Les résultats du test démontrent que
les capacités de mémorisation à court terme des personnes trisomiques 21,
comme des personnes ordinaires, sont soumises à des contraintes équivalentes.
51 McDade, H. L. & Adler, S. (1980). Down’s syndrome and short-term memory: a storage or
retrieval deficit. American Journal of Mental Deficiency, 84, 561-567
52 Borkowski, J. & Day, I. (1987). Cognition in special children: Comparative approaches to
retardation, learning disabilities and giftedness. Nordwood, NJ: Ablex.
53 Pennington, B. F. & Bennetto, L. (1998). Toward a neuropsychology of Mental retardation.
Dans Burack J. A., Hodapp R. M. & Zigler E. (dir.), Handbook of mental retardation.
(pp. 80-114). Cambridge: Cambridge University Press
54 Comblain, A. (1999). The relevance of a nonword repetition task to assess individuals with
Down’s syndrome phonological short-term memory. Down Syndrome Research and prac-
tice, 6(2), 76-84
15
Déficiences intellectuelles
55 Vicari, S., Brissolara, D., Carlesimo, G., Pezzini, G. & Volterra, V. (1996). Memory abilities
in children with Williams syndrome, Cortex, 32, 503-514
56 Howlin, P. & Yule, W. (1990). Taxonomy of major disorders in childhood. Dans
M. Lewis & S. M. Miller (dir.), Handbook of developmental psychopathology (pp. 371-383).
New-York: Plenum.
57 Pennington, B. F. & Bennetto, L. (1998). Toward a neuropsychology of mental retardation.
Dans J. A. Burack, R. M. Hodapp & E. Zigler (dir.). Handbook of mental retardation
(pp. 80-114). Cambridge: Cambridge University Press.
58 Vallar, G. & Papagno, C. (1993). Preserved vocabulary acquisition in Down’s syndrome:
The role of phonological short-term memory. Cortex, 29, 467-483
16
Introduction
59 Witton, J, Padmashri, R., Zinyuk, L. E., Popov, V. I., Kraev, I., Line S.J. et al. (2015).
Hippocampal circuit dysfunction in the Tc1 mouse model of Down syndrome. Nature
Neuroscience, 18, 1291–1298
60 Agostini, G., Mancini, J., Chabrol, B., Villeneuve, N., Milh, M., George, F., Maurel, B.
& Girard, N. (2010). Troubles du langage chez les enfants porteurs d’anomalies morpholo-
giques de l’hippocampe. Archives de Pédiatrie, 17(7), 1008-1016.
17
Déficiences intellectuelles
61 Moleux, M., Seigneuric, A. & Ehrlich, M-F. (1998). Mémoire phonologique, mémoire de
travail et compréhension de l’écrit chez des adolescents présentant une déficience intellec-
tuelle. Dans F. P. Büchel, J-L. Paour, Y. Courbois & U. Scharnhorst (dir.). Attention, mémoire,
apprentissage. Études sur le retard mental (pp. 77-96). Lucerne/CH : Ed. SZH-SPC.
62 Vicari, S., Brizzolara, D., Carlesimo, G. A., Pezzini, G. & Volterra, V. (1996). Memory
Abilities in Children with Williams Syndrome. Cortex, 32(3), 503-514.
18
Introduction
63 Steele, A., Karmiloff-Smith, A., Cornish, K. & Scerif, G. (2017). The multiple subfunctions
of attention: Differential developmental gateways to literacy and numeracy. Child Develop-
ment, 83 (6), 2028-2041
64 Gomes, L., & Livesey, D. (2008). Exploring the link between impulsivity and peer relations
in 5 – and 6-year-old children. Child: Care, Health and Development, 34(6), 763–770.
65 Meyer, S. E., Carlson, G. A., Wiggs, E. A., Martinez, P. E., Ronsaville, D. S., Klimes-Dougan,
B., et al. (2004). A prospective study of the association among impaired executive function-
ing, childhood attentional problems, and the development of bipolar disorder. Develop-
ment and Psychopathology, 16(2), 461–476
66 Einfeld, S. L., Piccinin, A. M., Mackinnon, A., Hofer, S. M., Taffe, J., Gray, K. M., et al.
(2006). Psychopathology in young people with intellectual disability. Journal of the Ameri-
can Medical Association, 296(16), 1981–1989.
67 Santrock, J. W. (2011). Life span development (13th ed.). New York: McGraw-Hill.
68 Nader-Grosbois, N. & Vieillevoye, S. (2012). Variability of self-regulatory strategies in
children with intellectual disability and typically developing children in pretend play situ-
ations. Journal of Intellectual Disability Research, 56(2), 140-156.
19
Déficiences intellectuelles
Des déficits dans ces domaines sont responsables des difficultés à intera-
gir avec les pairs69. Il existe donc des connexions étroites entre troubles des
fonctions exécutives et troubles du comportement70.
Les travaux de Danielsson, Henry, Messer et Ronnberg71 montrent que les
enfants déficients intellectuels ont des compétences inférieures à celles des
enfants neurotypiques sur le plan exécutif. Les enfants déficients rencontrent
des difficultés dans le traitement et la compréhension des informations
(notamment en situation d’échanges sociaux). Ils montrent également des
incapacités dans la résolution de problèmes72.
Les fonctions exécutives jouent un rôle important dans plusieurs com-
portements adaptatifs tels que les capacités à communiquer, prendre soin
de soi, faire preuve de self control, etc. Par conséquent, les troubles exécutifs
sont connectés avec les difficultés dans les interactions avec les paires73 et les
troubles du comportement74.
La flexibilité correspond à la capacité à changer de stratégie en fonction
des contingences de l’environnement. Les déficits au niveau de la flexibilité
sont régulièrement observés chez les personnes ayant un TSA et les personnes
ayant des troubles envahissant du développement75. Le manque de flexibi-
lité entraîne des difficultés dans la reconnaissance des états émotionnels76 et
favorise les manifestations comportementales inadaptées.
L’inhibition est la capacité à résister aux interférences ainsi qu’aux impul-
sions et comportements inappropriés.
69 Reeder, C., Newton, E., Frangou, S., & Wykes, T. (2004). Which executive skills should
target to affect social functioning and symptom change? A study of a cognitive remediation
therapy program. Schizophrenia Bulletin, 30(1), 87-100.
70 Volman, I., Roelofs, K., Koch, S., Verhagen, L. & Toni, Y. (2011). Anterior Prefrontal Cor-
tex Inhibition Impairs Control over Social Emotional Actions. Current Biology, 21(20),
1776-1790.
71 Danielsson, H., Henry, L., Messer, D. & Ronnberg, J. (2012). Strengths and weaknesses in
executive functioning in children with intellectual disability. Research in Developmental
Disabilities, 33, 600-607.
72 Van Nieuwenwenhuijzen, M. & Vriens, A. (2012). Social cognitive skills and social infor-
mation processing in children with mild to borderline intellectual disabilities. Research in
Developmental Disabilities, 33(2), 426-434.
73 Reeder, C., Newton, E., Frangou, S., & Wykes, T. (2004). Which executive skills should
target to affect social functioning and symptom change? A study of a cognitive remediation
therapy program. Schizophrenia Bulletin, 30(1), 87-100.
74 Volman, I., Roelofs, K., Koch, S., Verhagen, L. & Toni, Y. (2011). Anterior Prefrontal Cor-
tex Inhibition Impairs Control over Social Emotional Actions. Current Biology, 21(20),
1776-1790.
75 Kenworthy, L., Yerys, B. E., Gutermuth Anthony, L., Wallace, G. L. (2008). Understanding
Executive Control in Autism Spectrum Disorders in the Lab and in the Real World. Neuro-
psychology Review, 18(4), 320-338.
76 Nelson, T. O. & Narens, L. (1990). Metamemory: A theoretical framework and new
findings. Dans G. H. Bower (dir.), The psychology of learning and motivation (Vol. 26,
pp. 125–173). New York: Academic Press.
20
Introduction
6. Atteintes neuropsychologiques
et troubles du comportement
Longtemps les troubles du comportement ont fait partie des critères diagnos-
tics de la déficience intellectuelle78.
Actuellement, les troubles comportementaux sont considérés comme étant
une réponse à un environnement inapproprié ou incompréhensible.
Greenspan défend l’idée d’une l’intelligence tripartite contenant l’intel-
ligence conceptuelle, sociale et pratique79. De même, le comportement
adaptatif peut être conçu comme recouvrant une multitude de dimensions.
77 Willner, P. (2006). Readiness for Cognitive Therapy in People with Intellectual Disabilities.
Journal of Applied Research in Intellectual Disabilities, 19(1), 5–16.
78 Arias, B., Verdugo, M. A., Navas, P. & Gomez, L. E. (2013). Factor structure of the
construct of adaptive behavior in children with and without intellectual disability, Interna-
tional Journal of Clinical and Health Psychology, 13, 155-166.
79 Greenspan, S. (2006). Functional concepts in mental retardation: Finding the natural
essence of an artificial category, Exceptionality, 14, 205-224.
21
Déficiences intellectuelles
Il s’agit des domaines conceptuels, sociaux, pratiques ainsi que les compé-
tences motrices.
Le comportement est influencé par les structures du tronc cérébral. Les
lobes frontaux sont « connectés » aux autres régions cérébrales notamment
l’hippocampe et l’amygdale qui jouent un rôle essentiel dans la reconnaissance
des émotions.
Le lobe frontal est impliqué dans plusieurs processus cognitifs (essentielle-
ment la planification, le langage et le mouvement volontaire). Il connaît une
croissance rapide pendant les deux premières années de la vie et continue de
se développer jusqu’à l’âge adulte. Les fonctions régulatrices ne commencent
leur développement qu’entre quatre et sept ans (période préopératoire de
Piaget) et atteignent leur niveau adulte vers l’adolescence.
Le cortex préfrontal sous-tend les capacités cognitives les plus élaborées,
comme les fonctions exécutives. Une atteinte des lobes préfrontaux peut
entraîner des troubles de la personnalité et des fonctions mentales, une dis-
tractibilité accrue, un comportement de persévération, de désinhibition ou
d’apathie et d’autres troubles de la planification.
Ledoux relie le contrôle des émotions pathologiques à l’influence du cortex
préfrontal sur l’amygdale80.
La région orbito-frontale du cortex préfrontal joue un rôle déterminant
dans la perception de ce qui est bon ou mauvais, de ce qui est conforme aux
repères sociaux de ce qui ne l’est pas. Cette aire est connectée à l’amygdale
ainsi qu’à la région cingulaire antérieure. La zone dorso-latérale du cortex
préfrontal se distingue des autres structures cérébrales par le fait qu’elle peut
être « directement modulée par le système de récompense en jeu au cours
d’épreuves81 […] plus la récompense en jeu est importante, plus l’activité du
cortex préfrontal dorso-latéral est importante ».
Les systèmes de récompenses influencent également le maintien ou le
relâchement de l’attention. Cette affirmation est particulièrement importante.
En effet, elle pose la base neurologique sur laquelle s’appuient les prises en
charge comportementales basées sur le conditionnement opérant.
Les troubles du comportement peuvent avoir des causes et conséquences
différentes. Une étude réalisée par Carr, Horner et Turnbull82 révèle que les
troubles du comportement peuvent avoir pour but d’éviter certaines tâches
ou situations déplaisantes, d’attirer l’attention, d’obtenir un bénéfice, de per-
mettre une stimulation sensorielle. Il peut s’agir d’une combinaison de ces
22
Introduction
23
Déficiences intellectuelles
24
Introduction
25
Déficiences intellectuelles
26
Introduction
27
Déficiences intellectuelles
94 Skuse, D. H. (2000). Behavioural phenotypes: What do they teach us? Archives of Disease
in Childhood, 82, 222-225.
95 O’Brien, G. (1991). Behavioural measurement in mental handicap: A guide to existing sche-
dules. Oxford: Society for the Study of Behavioural Phenotypes.
96 Bax, M., Dennis, J., MacKain, K., O’Brien, G., Udwin, O., Yule, W. (1995). The Behavioural
Phenotypes Interview. London: Community Paediatric Research Unit, Chelsea and West-
minster Hospital.
97 Matson, J. L., Coe, D. A., Gardner, W. I., Sovner, R. (1990). Diagnostic Assessment for Seve-
rely Handicapped (DASH) Scale (User Manual). Baton Rouge, LA: Louisiana State
University.
98 Krug, D. A., Arick, J., Almond, P. (1980). Behavior checklist for identifying severly handi-
capped individuals with high levels of autistic behavior, Journal of Child Psychology and
Psychiatry, 21, 221-229.
28
Introduction
8. Double diagnostic
La notion de double diagnostic est répandue dans les pays anglo-saxons depuis
déjà une vingtaine d’années. Elle émerge en France.
La question d’éventuels troubles psychiatriques n’est abordée que lorsque les
personnes déficientes intellectuelles présentent des troubles du comportement
importants. Ces derniers sont traités comme des troubles psychopathologiques
à part entière. La prise de traitements au long court (généralement des neuro-
leptiques) et les hospitalisations récurrentes en milieu spécialisé renforcent la
conviction que les conduites inadaptées seraient des troubles psychiatriques.
Ceci entretient un cercle vicieux.
Les comportements défis sont davantage à considérer comme des causes
et/ou des conséquences de troubles neuropsychologiques et/ou psychiatriques.
Emerson99 propose de concevoir les troubles du comportement soit comme
des manifestations atypiques des troubles psychiatriques, soit comme des
caractéristiques secondaires. Enfin, il envisage une troisième hypothèse selon
laquelle les troubles psychiques seraient un facteur de maintien des troubles du
comportement dans le sens où ceux-ci se pérenniseraient selon les principes
du conditionnement opérant.
La National Association for the Dually Diagnosed (NADD)100 œuvre pour
l’identification et la reconnaissance des troubles psychiatriques chez les per-
sonnes déficientes intellectuelles dans le but que celles-ci bénéficient d’un
traitement adéquat.
Les limitations neuropsychologiques sont connectées avec les troubles
psychiatriques.
Par exemple, les variations pathologiques de l’humeur et les troubles
anxieux101 peuvent être reliés avec des déficits attentionnels et motivationnels,
ainsi qu’avec des capacités réduites concernant la mémoire et la planification.
L’objectif de notre ouvrage sera de présenter les manifestations spéci-
fiques des psychopathologies chez les personnes présentant une déficience
intellectuelle.
Nous présenterons également l’apport des thérapies comportementales
et cognitives dans la compréhension et la prise en charge des affections
psychiatriques.
29
Déficiences intellectuelles
9. Remédiation cognitive
Depuis trois décennies, la remédiation des troubles neuropsychologiques
et psychiatriques des personnes en situation de handicap connaît un essor
important. Toutefois, s’il existe de nombreux outils, ceux-ci sont surtout
connus et employés dans les pays Anglosaxons, en Suisse et en Belgique.
En France, il n’existe que deux centres de remédiation cognitive. Le
premier se situe à Lyon et est relié à l’Association francophone de remé-
diation cognitive ainsi qu’à l’équipe EDR-psy (étiopathogénie, diagnostic et
remédiation cognitive en psychiatrie) du Centre hospitalier Le Vinatier. Le
second, le Centre Ressource, Remédiation cognitive, Réhabilitation psycho-
logique est basé à Paris. Ces deux organismes se sont d’abord orientés vers la
prise en charge des personnes schizophrènes. L’application de la remédiation
cognitive pour les personnes déficientes intellectuelles est émergente. Si de
nombreuses associations de personnes en situation de handicap, de parents
et de professionnels œuvrent pour que l’image du handicap et les prises en
charge évoluent, les réponses apportées par les institutions de soins ne sont
pas suffisantes.
En France, le réseau Déficience regroupe les centres de référence dédiés
aux déficiences intellectuelles. Les Centres Ressources Autisme sont dédiés
au dépistage, à l’évaluation et à la prise en charge des personnes ayant
un TSA.
30
Introduction
31
Chapitre 1 1
Rappel historique
1 Winzer, M. (1993). The history of special education. Washington, DC: Gallaudet Free Press
2 L. Brisson (2008). Platon – Œuvres complètes. Paris : Flammarion, p. 277
3 Metzler, I. (2016). Fools and Idiots? Intellectual Disability in the Middle Ages. Manchester:
Manchester University Press. p 72.
4 Scheerenberger, R. (1983). A history of mental retardation. Baltimore: Paul H. Brookes.
5 Morad, M., Nasri, Y., Merrick, J. (2001). Islam and the Person with Intellectual Disability.
Journal of Religion, Disability & Health, 5(2-3), 65-71
Chapitre 1 – Rappel historique
6 Metzler, I. (2016). Fools and Idiots? Intellectual Disability in the Middle Ages. Manchester:
Manchester University Press. p 111.
7 Lambert, J-L., (1995). Introduction à l’arriération mentale (2nde édition). Bruxelles : Pierre
Mardaga, Editeur, Psychologie et Sciences Humaines, p 9.
8 Woolfson, R. C. (1984). Historical perspective on Mental Retardation. American journal of
mental deficiency, 89(3), 231-235.
9 Korpes, J.L, (1988). Notes d’histoire. Lausanne : Les cahiers de L’EESP, éditions EESP p. 32
10 Kanner, L. (1964) A history of the care and study of the mentally retarded. Springfiled, IL:
Charles C. Thomas.
33
Déficiences intellectuelles
34
Chapitre 1 – Rappel historique
14 Lambert, J-L., (1995). Introduction à l’arriération mentale (2de édition). Bruxelles : Pierre
Mardaga, Editeur, Psychologie et Sciences Humaines, p11.
15 Assemblée Générale des Nations Unies. (1971).Déclaration des droits du déficient mental
(A/RES/2856 (XXVI)). New York, articles 1 et 4. Repéré à http://daccess-dds-ny.un.org/
doc/RESOLUTION/GEN/NR0/330/26/IMG/NR033026.pdf?OpenElement
16 Assemblée Générale des Nations Unies. (1975).Déclaration des droits des personnes handi-
capées (A/RES/3447 (XXX)). New York, articles 1, 3 et 9. Repéré à http://daccess-dds-ny.
un.org/doc/RESOLUTION/GEN/NR0/003/40/IMG/NR000340.pdf?OpenElement
35
Déficiences intellectuelles
36
Chapitre 1 – Rappel historique
37
Déficiences intellectuelles
38
Chapitre 1 – Rappel historique
26 Caplan, H. L., Cogill, S. R., Alexandra, H., Robson, K. M., Katz, R., Kumar, R. (1989).
Maternal depression and the emotional development of the child. The British Journal of
Psychiatry. 1989, 154 (6). pp. 818-822
27 Cox, A. D., Puckering, C., Pound, A., Mills, M. (1987). The impact of maternal depression
in young children, The journal of child psychology and psychiatry, 28 (6), 917-928
28 Gelfand, D. M. & Teti, D. M., (1990). The effects of maternal depression on children. Clinical
Psychology Review. 10(3), 329-353
39
Chapitre 2 2
Aspects du développement
affectif et social
1 Zajonc, R. (1980). Feeling and thinking: Preferences need no inferences, American Psycho-
logist, 35, 151-175.
2 Ledoux, J. (2005). Le cerveau des émotions, Paris : Odile Jacob.
Chapitre 2 – Aspects du développement affectif et social
Les personnes ayant des atteintes du lobe frontal montrent des tendances
à la persévération, aussi bien sur les plans comportementaux qu’émotionnels.
Tout l’enjeu de la thérapie et de la remédiation cognitive est de permettre au
cortex préfrontal de reprendre le contrôle sur l’amygdale.
Le développement affectif et social des personnes déficientes intellectuelles
est soumis à plusieurs facteurs :
− Tout d’abord, les troubles neuropsychologiques et biologiques ont un
impact direct sur le développement de l’enfant. Certains comportements
prosociaux font partie des phénotypes comportementaux spécifiques
des syndromes (par exemple : le syndrome de Williams). Les déficits
au niveau des interactions font partie des symptômes des TSA ;
− Le genre joue également un rôle dans le développement et l’expression
des affects. Ainsi, les filles ayant un TSA montrent des déficits moins
importants que leurs homologues masculins pour les compétences
sociales et communicatives3 ;
− Ensuite, l’environnement familial apporte, ou non, les bases nécessaires
pour une construction sereine.
41
Déficiences intellectuelles
5 Bowlby, J. (2002). Attachement et perte. Volume 1, l’attachement, Puf, le fil rouge, Paris.
6 Cicchetti, D. & Serafica, F. C. (1981) Interplay among behavioral systems: illustrations
from the study of attachment, affiliation, and wariness in young-children with Downs-
syndrome. Developmental Psychology, 17,36–49.
7 Schuengel, C. & Janssen, C. G. C. (2006) People with mentalretardation and psychopatho-
logy: stress, affect regulation andattachment. A review. International Review of Research in
Mental Retardation, 32, 229–260.
42
Chapitre 2 – Aspects du développement affectif et social
43
Déficiences intellectuelles
44
Chapitre 2 – Aspects du développement affectif et social
45
Déficiences intellectuelles
15 Lehalle, H., Aris, C., Buelga, S. & Musitu, G. (2014). Développement socio-cognitif et juge-
ment moral : de Kohlberg à la recherche des déterminants de la différenciation du dévelop-
pement moral, Adolescences, 1, 289-314
16 Simpson, E.L. (1974). Moral development research. Human Development, 17, 81–106.
17 Warneken, F. & Tomasello, M. (2013). Parental Presence and Encouragement Do Not
Influence Helping in Young Children, Infancy, 18(3), 345-368.
18 Warneken, F., & Tomasello, M. (2014). Extrinsic rewards undermine altruistic tendencies
in 20-month-olds, Motivation Science, 1(S), 43-48.
19 Hoffman, M.L. (2000). Empathy and moral development: Implications for caring and justice,
Cambridge, UK: Cambridge University Press.
20 Gibbs, J.C. (2003). Moral development and reality – beyond the theories of Kohlberg and
Hoffman, London: Sage.
46
Chapitre 2 – Aspects du développement affectif et social
21 Sparrow, S., Balla, D. & Cicchetti, D. V. (1984). Vineland Adaptative Behavior Scales
(expanded form). Circles Pines, MN: American Guidance Service.
22 Gargiulo, R.M. (1984). Cognitive style and moral judgement in mentally handicapped and
non-handicapped children of equal mental age. British Journal of Developmental Psycho-
logy, 2, 83–89.
23 Sigman, M., Ungerer, J.A. and Russell, A. (1983). Moral judgment in relation to behavioral
and cognitive disorders in adolescents. Journal of Abnormal Child Psychology, 11,
503–511.
24 Desquelles, A. (2005). Le handicap en milieu carcéral en France, Quelles différences avec la
situation en population générale ?, Population, 1(60), 71-98.
25 Hayes, S., Shackell, P., Mottram, P. & Lancaster, R. (2007). The prevalence of intellec-
tual disability in a major UK prison. British Journal of Learning Disabilities, 35,
162–167.
26 Merotte, L., Schiza, G. & Thomas, P. (2014). Les femmes incarcérées pour violence
sexuelle dans le Nord-Pas-de-Calais. Données sociodémographiques et caractéristiques
psychopathologiques, Annales Médico-psychologiques, revue psychiatrique, 172(6),
432-436.
47
Déficiences intellectuelles
48
Chapitre 2 – Aspects du développement affectif et social
49
Déficiences intellectuelles
50
Chapitre 2 – Aspects du développement affectif et social
37 Attwood, T. (2007). The Complete Guide to Asperger’s Syndrome. London: Jessica Kingsley
Publishers.
38 Wing, L. (1981). Sex ratios in early childhood autism and related conditions. Psychiatry
Research, 5, 129-137.
39 Carter, A.S., Black, D.O., Tewani, S., Connolly, C.E., Kadlec, M.B. & Tager-Flusberg,
H. (2007). Sex differences in toddlers with autism spectrum disorders. Journal of Autism
Developmental Disorders, 37, 86-97.
40 Baron-Cohen, S. & Wheelwright, S. (2003). The friendship questionnaire: an investigation
of adults with asperger syndrome or high-functioning autism, and normal sex differences.
Journal of Autism Developmental Disorders, 33, 509-517.
41 Van Baar, A. L., van Wassernaer, A. G., Briët, J. M., Dekker, F. W. & Kok, J. H. (2005). Very
preterm birth is associated with disabilities in multiple developmental domains, Journal of
Pediatric Psychology, 30, 247-255.
42 Hack, M., Breslau, N., Aram, D., Weissman, B., Klein, N. & Borawski-Clark, E. (1992). The
Effect of Very Low Birth Weight and Social Risk on Neurocognitive Abilities at School Age,
Journal of Developmental & Behavioral Pediatrics, 13(6), 412-420.
51
Déficiences intellectuelles
52
Chapitre 2 – Aspects du développement affectif et social
48 Yeates K. O., Bigler E. D., Dennis M., Gerhardt C. A., Rubin K. H., Stancin T., Taylor
H. G. & Vannatta K. (2007). Social outcomes in childhood brain disorder: A heuristic inte-
gration of social neuroscience and developmental psychology, Psycyhological Bulletin, 133,
535-556.
49 Ledoux J. (2005). Le cerveau des émotions, Paris : Odile Jacob.
50 Santos A., Rosset D. & Deruelle C. (2009). Human versus non-human face processing:
Evidence from Williams syndrome, Journal of Autism and Developmental Disorders,
39(11), 1552-1559.
51 Plesa-Skwerer D., Faja S., Schofield C., Verbalis A. & Tager-Flusberg H. (2006). Perceiving
Facial and Vocal Expressions of Emotion in Individuals With Williams Syndrome. Ameri-
can Journal on Mental Retardation, 111(1), 15-26.
53
Déficiences intellectuelles
52 Caton S. & Chapman M. (2016). The use of social media and people with intellectual disa-
bility: A systematic review and thematic analysis, Journal of Intellectual & Developmental
Disability, 41(2), 125-139.
53 Holmes K. M. & O’Loughlin N. (2014). The experiences of people with learning disabilities
on social nerworking sites, British Journal of Learning Disabilities, 42(1), 1-5
54
Chapitre 3 3
Aspects du développement
cognitif
55
Déficiences intellectuelles
les trois premières années de vie. Après cet âge, l’activité de l’hémisphère
gauche devient prédominante2.
Le métabolisme le plus élevé est d’abord observé dans le cortex sensori-
moteur, puis le cortex occipital. Les régions frontales sont particulièrement
stimulées dans la deuxième année de vie. Les régions frontales jouent un rôle
déterminant dans le développement. Leur maturation au cours de l’enfance
et de l’adolescence correspond à l’augmentation et à l’enrichissement des
fonctions exécutives et des grandes fonctions cognitives.
Les lobes frontaux se développent en trois temps. La première période
se déroule de la naissance à deux ans. Le deuxième entre sept et neuf ans.
Durant cette période, la capacité à résister aux distracteurs, à contrôler ses
impulsions, les capacités à organiser ses actions, à effectuer des recherches
et à tester des hypothèses émergent. Le début de l’adolescence correspond
à la maturation de la fluidité verbale, la flexibilité et de la planification. La
dernière phase se situe à la fin de l’adolescence et au début de l’âge adulte.
L’efficience des régions préfrontales dépend de la qualité des informations
qu’elles reçoivent des autres régions cérébrales.
Le cerveau se développe et se modifie au cours de la vie. Ainsi, la subs-
tance blanche augmente de façon linéaire avec l’avancée en âge. La matière
grise connaît de plus grandes variations au cours du développement. Son
volume dans le cortex préfrontal progresse jusqu’à connaître un pic à l’en-
trée dans l’adolescence (aux alentours de 11 ans) avant de décroître. Un
phénomène similaire s’observe dans le lobe temporal, mais le pic est plus
tardif (16 ans).
La région dorso-latérale du cortex préfrontal connaît la maturation la plus
lente. Cette partie du cerveau, impliquée dans le contrôle des impulsions,
n’atteint le stade adulte qu’à la vingtaine.
Les évolutions neurologiques et les manifestations comportementales pro-
gressent conjointement, l’une influençant l’autre.
Des différences dans le développement du cerveau des personnes ordinaires
et des personnes déficientes intellectuelles s’observent. Ainsi, les personnes
ayant un TSA ont une amygdale plus large à la naissance que leurs pairs
neurotypiques. Cependant, alors que l’amygdale des enfants ordinaires voit
son volume augmenter entre la grande enfance et la fin de l’adolescence, celle
des personnes autistes demeure stable3.
2 Chiron C. & Jambaqué I. (2001). Cerebral maturation and functionnal imaging, in Jamba-
qué I., Lassonde M. & Dulac O. (dir.), Neuropsychology of Childhood Epilepsy (p. 75-84).
New York: Kluver Academic/Plenum Publishers.
3 Schuman C. M., Hamstra J., Goodlin-Jones B. L., Lotspeich I. J., Kwon H., Buonocore
M. H., Lammers C. R., Reiss A. L. & Amaral D. G. (2004). The amygdala is enlarged in
children but not adolescent with autism: The hippocampus is enlarged in all ages, Journal
of Neuroscience, 24, 6392-6401.
56
Chapitre 3 – Aspects du développement cognitif
57
Déficiences intellectuelles
12 Göttle M., Prudente C. N., Fu R., Sutcliffe D., Pang H., Cooper D., Veledar E., Glass J. D.,
Gearing M, Visser J. E. & Jinnah H. A. (2014). Loss of dopamine phenotype among mid-
brain neurons in Lesch – Nyhan disease, Annals of Neurology, 76(1), 95-107.
13 Baumeister A. A. & Sevin J. A. (1990). Pharmacologic control of aberrant behavior in the
mentally retarded: toward a more rational approach, Neuroscience and Biobehavioral
Reviews, 14, 253-262.
14 Tordjman S., Anderson G. M., Bitbol M., Brailly-Tabard S., Perez-Diaz F., Graignic R.,
Carlier M., Schmidt G., Rolland A-C., Bonnot O., Trabado S., Roubertoux P. & Bronsard
G. (2009). Pain Reactivity and Plasma β-Endorphin in Children and Adolescents with
Autistic Disorder, PLoS ONE, 4(8): e5289. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0005289
15 Golse, B. (2001). Le développement affectif et intellectual de l’enfant (troisième édition).
Paris : Masson.
58
Chapitre 3 – Aspects du développement cognitif
59
Déficiences intellectuelles
Actuellement, le modèle de Piaget est critiqué : les âges d’apparition des stades
étant remis en cause. Certaines capacités cognitives apparaissent plus précocement
ou plus tardivement que ce que Piaget suggérait. Enfin, il est possible d’enseigner
à l’enfant certaines compétences qui, selon Piaget, auraient dû apparaître à un
stade plus avancé que celui auquel correspond son âge chronologique16.
Cependant, les théories de Piaget demeurent des références pour les pro-
fessionnels travaillant dans la prise en charge des handicaps. Elles sont à la
base de plusieurs programmes de remédiation, notamment les « Ateliers de
raisonnement logique » et le programme TEACCH.
3. Développement piagétien
dans le cas des déficiences intellectuelles
Le développement des personnes déficientes intellectuelles soulève plusieurs
questions. Deux propositions ont fait l’objet d’un débat. Les personnes défi-
cientes intellectuelles suivent-elles les mêmes stades de développement que
les personnes ordinaires (mais avec des lenteurs et des fixations) ou bien
ont-elles un développement spécifique ?
Inhelder17 propose une approche développementale de la déficience
intellectuelle. Elle relie les déficits à des fixations au niveau des stades du
développement piagétiens. Ainsi, la déficience profonde correspond à une
fixation au stade sensorimoteur, la sévère au début de la période préopéra-
toire, la moyenne à la fin de la période préopératoire et la légère au stade
des opérations concrètes18.
Des données récentes semblent, au contraire, indiquer que les personnes
déficientes intellectuelles se développent en suivant leur propre voie. Il exis-
terait des retards de développement, mais pas de stagnation19.
Les études comparant les personnes déficientes intellectuelles avec des
personnes ordinaires ayant un âge mental équivalent démontrent qu’il existe
des similitudes. Par exemple, les deux groupes montrent des scores semblables
aux épreuves évaluant l’administrateur central et la mémoire de travail20.
16 Santrock, J. W. (2011). Life span development (13th ed.). New York: McGraw-Hill.
17 Inhelder B. (1968). The diagnosis of reasoning in the mentally retarded, Day, New Tork.
18 Woodward M. (1979). Piaget’s theory and the study of mental retardation. Dans Ellis N. R.
(dir.), Handbook of mental deficiency, psychological theory and research, (pp. 169-196).
McGraw-Hill, New York.
19 Cornish, K., Cole, V., Longhi, E., Karmiloff-Smith, A., & Scerif, G. (2013). Mapping develop-
mental trajectories of attention and working memory in fragile X syndrome: Developmental
freeze or developmental change? Development and Psychopathology, 25(2), 365–376.
20 Van der Molen M. J., van Luit J. E. H., Jongmans M. J. & van der Molen M. W. (2007).
Verbal working memory in children with mild intellectual disabilities. Journal of Intellec-
tual Disabilities Research, 51, 162-169.
60
Chapitre 3 – Aspects du développement cognitif
Toutefois, des différences sont repérables entre les deux groupes. Ainsi, à
âge mental égal, les personnes en situation de handicap ont des compétences
moindres que leurs pairs ordinaires pour des épreuves reposant sur la boucle
phonologique21 et les capacités de stockage des informations à court terme22.
Les déficits de la boucle phonologique sont présents, quel que soit le niveau
de déficience.
Selon l’importance et la nature des lésions cérébrales et selon l’importance
des déficiences intellectuelles et physiques, les personnes s’adaptent à leur
environnement et évoluent à leur manière, même si leur répertoire compor-
temental est limité.
Si des déficiences massives existent depuis la naissance, les expériences de
vie ont été limitées. Les personnes se retrouvent dans une situation de relative
déprivation sensorielle, soit parce que les organes des sens ne sont pas ou
peu fonctionnels, soit parce que le cerveau ne peut traiter les informations et
les associer. Le retard de développement se manifeste sur tous les plans. Par
exemple, les personnes trisomiques 21 sont hypotoniques, ce qui va retarder la
progression psychomotrice et avoir des retentissements au niveau de la parole.
Les nourrissons présentant une déficience intellectuelle régulent diffici-
lement leur vigilance. Les interactions s’établissent plus lentement et plus
difficilement. Les productions vocales sont plus tardives et les manifestations
émotionnelles sont peu adaptées.
Les personnes déficientes intellectuelles disposent d’un potentiel de
développement. Pendant l’enfance, les connexions entre les différentes aires
cérébrales et le développement neuronal maximisent les effets des interven-
tions neuropsychologiques et éducatives23. Le rôle de l’environnement est
prépondérant dans le développement des structures neuronales. Par ailleurs,
certaines fonctions cognitives évoluent au cours du développement. Ainsi,
l’attention et ses composantes progressent en parallèle de la maturation du
cortex préfrontal24. De même, l’entraînement de l’attention chez les jeunes
enfants a un impact positif sur la croissance du cortex préfrontal25. Un groupe
21 Van der Molen M. J., van Luit J. E. H., Jongmans M. J. & van der Molen M. W. (2007).
Verbal working memory in children with mild intellectual disabilities. Journal of Intellec-
tual Disabilities Research, 51, 162-169.
22 Schuchardt K., Gebhardt M. & Mäehler C. (2010). Working memory functions in children
with different degrees of intellectual disability, Journal of Intelectual Disability Research,
54(4), 346-353.
23 Wass, S., Scerif, G., & Johnson, M. H. (2012). Training attentional control and working
memory – Is younger, better? Developmental Review, 32(4), 360–387.
24 Toga, A. W., Thompson, P. M., & Sowell, E. R. (2006). Mapping brain maturation. Trends
in Neurosciences, 29(3), 148–159.
25 Rueda, M. R., Rothbart, M. K., McCandliss, B. D., Saccomanno, L., & Posner, M. I. (2005).
Training, maturation, and genetic influences on the development of executive attention.
Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, 102(41),
14931–14936.
61
Déficiences intellectuelles
26 Rueda, M. R., Checa, P., & Combita, L. (2012). Enhanced efficiency of the executive atten-
tion network after training in preschool children: Immediate changes and effects after two
months. Developmental Cognitive Neuroscience, 25, 192–204.
27 Dalla Piazza S. & Godfroid B. (2004). La personne polyhandicapée, son évaluation et son
suivi, Bruxelles : de Boeck.
62
Chapitre 3 – Aspects du développement cognitif
63
Déficiences intellectuelles
64
Chapitre 3 – Aspects du développement cognitif
65
Chapitre 4 4
Intelligence
et quotient intellectuel
1. Définitions
L’intelligence a fait l’objet de nombreuses définitions. L’American Association
on Intellectual and Developmental Disabilities (AAIDD) définit l’intelligence
comme étant une capacité mentale incluant la planification, la résolution
de problèmes, la pensée abstraite, la compréhension des idées complexes,
la capacité à apprendre rapidement et à apprendre à partir de l’expérience1.
Par conséquent, la déficience intellectuelle pourrait être définie comme étant
l’incapacité de comprendre une information nouvelle, d’apprendre et d’appli-
quer de nouvelles compétences.
Il existe de nombreuses théories sur le développement cognitif et intel-
lectuel de l’individu.
Le profil de l’intelligence selon Luria2 est composé de trois processus
s’influençant les uns les autres : la planification/organisation des conduites,
le codage/stockage de l’information ainsi que le maintien de l’attention. La
notion de connaissances culturelles n’intervient pas dans ce modèle.
Jagannath Prasad Das3 s’est basé sur les théories de Luria pour modéliser
le fonctionnement neurologique. Il a divisé l’intelligence en quatre processus
interreliés :
− La planification, qui est la capacité à prendre des décisions pour
résoudre des problèmes et réaliser des actions. Cela implique de pouvoir
se fixer des buts, anticiper les conséquences et pouvoir réfléchir a
1 https://aaidd.org/
2 Luria, A. R. (1966). Human brain and psychological processes. New York: Harper and Row
3 Das, J. P. (2002). A better look at intelligence. Current Directions. Psychological Science,
11(1), 28-33.
Chapitre 4 – Intelligence et quotient intellectuel
67
Déficiences intellectuelles
68
Chapitre 4 – Intelligence et quotient intellectuel
7 Turner L. (1998) Relation off attributional beliefs to memory strategy use in children and
adolescents with mental retardation. American Journal of Mental Retardation, 103, 162-172
8 Gardner H. (2004). Les intelligences multiples. La théorie qui bouleverse nos idées reçues.
Paris : Retz
69
Déficiences intellectuelles
9 Hussen S. S. (2010). Effect of using the activities of multiple intelligences to learn some
basic skills in kata and level of harmonic behavior of the mentally Handicapped, Procedia
Social and Behavioral Sciences, 5, 1950-1955.
70
Chapitre 5 5
Évaluer l’intelligence
71
Déficiences intellectuelles
2. Quelques échelles
En 1905, Binet et Simon conceptualisent leur échelle pour déterminer si les enfants
sont éducables ou non. En 1929, Lashley émet plusieurs hypothèses à partir de
ses études sur les rats. Tout d’abord, l’intelligence n’est pas liée à une structure
spécifique du cerveau. Ensuite, chaque dysfonctionnement neurologique impacte
de manière spécifique les performances de l’individu. Par conséquent, les défi-
ciences intellectuelles sont liées à des anomalies réduisant l’efficacité du cerveau.
En 1947, Halstead développe une batterie neuropsychologique afin de
mesurer une forme d’intelligence « biologique » (biological intelligence). L’intel-
ligence biologique se distingue de l’intelligence généralement mesurée par les
tests de QI dans le sens où elle est indépendante des apprentissages scolaires et
sociaux. Le lobe frontal est conçu comme le siège de l’intelligence biologique.
Sa batterie, composée de tests de performances tactiles et catégoriques
(Category and Tactual Performance Tests), comporte des exercices de réso-
lution de problèmes. La batterie est sensible aux déficits cérébraux généraux.
Toutefois, elle ne permet pas de différencier les troubles issus de syndromes
ou de lésions cérébrales spécifiques. Enfin, il n’existe qu’une faible corréla-
tion entre les résultats obtenus à la Category and Tactual Performance Tests
et ceux obtenus aux tests d’intelligence classiques. Cependant, la batterie de
Halstead permet de mesurer l’intelligence fluide.
Parue en 1948, la Leiter International Performance Scale3 permet d’évaluer
l’efficience intellectuelle des enfants de deux à dix-huit ans. Le test est non
verbal, ce qui permet d’évaluer les jeunes n’ayant pas accès à la parole, sans que
leurs performances soient influencées par leur niveau d’étude ou socio-culturel.
De plus, le test mesure des fonctions neuropsychologiques telles que l’attention,
la vitesse de traitement de l’information et la mémoire. Actuellement, le Leiter
est à sa troisième version. Ce test est surtout distribué en Amérique du Nord.
L’échelle de Brunet-Lézine4 demeure une référence pour l’évaluation des
très jeunes enfants. Elle offre une vue d’ensemble sur leur développement
et leur progression. Cette échelle permet de mesurer quatre domaines : psy-
chomoteur, cognitif, langagier et social. Elle permet de déterminer un âge de
développement global.
72
Chapitre 5 – Évaluer l’intelligence
73
Déficiences intellectuelles
3. Le LPAD
Le Learning Potential Assessment Device (LPAD) a été conçu par Feuerstein
afin de rendre compte des capacités manifestes et masquées des personnes13.
L’échelle est reliée à deux concepts forts de la philosophie de Feuerstein sur la
remédiation cognitive : la modifiabilité cognitive et l’expérience de médiation.
Elle est également connectée à la carte cognitive qui offre des clés de compré-
hension des déficiences et des fonctions cognitives. Le LPAD permet d’identifier
les processus d’apprentissage, les fonctions et les opérations cognitives. Ces
évaluations se font à travers des exercices variés stimulant l’intelligence fluide,
l’attention, la motricité, la planification, le raisonnement, la pensée abstraite,
l’orientation visuo-spatiale, la motricité, etc. En cela, le LPAD peut être conçu
comme une alternative aux tests d’efficience intellectuelle classiques14.
74
Chapitre 5 – Évaluer l’intelligence
15 Hessels M. G. P. & Hessels-Schlatter C. (2010). L’apport des tests d’apprentissage dans l’éva-
luation des capacités intellectuelles des élèves avec difficultés scolaires. Dans M. G. P. Hessels
& C. Hessenls-Schlatter (dir.) (2010). Évaluation et intervention auprès d’élèves en difficultés
(p5-35). Bern : Peter Lang
75
Déficiences intellectuelles
16 Janicki M.P. & Dalton A.J.(2000). Prevalence of dementia and impact on intellectual disa-
bility services. Mental Retardation, 38, 276–288
17 Hodapp R. M., Leckman J. F., Dykens E. M., Sparrow S. S., Zelinsky D. G. & Ort S. I. (1992).
K-Abc Profiles in Children With Fragile X Syndrome, Down Syndrome, and Nonspecific
Mental Retardation, American Journal of Mental Retardation, 97(1), 39-46.
18 Burack J. A., Shulman C., Katsir F., Schaap T., Brennan J. M., Iarocci G., Wilansky P., Amir
N. (1999). Cognitive and behavioural development of Israeli males with X fragile and
Down Syndrome, International Journal of Behavioural Development, 23(2), 519-53.1
19 Howlin P. & Yule W. (1990). Taxonomy of major disorders in childhood. Dans
M. Lewis & S. M. Miller (dir.), Handbook of developmental psychopathology (pp. 371-383).
New-York: Plenum.
20 Eaves L. C. & Ho H. H. (2008). Young Adult Outcome of Autism Spectrum Disorders,
Journal of Autism and Developmental Disorders, 38(4), 739-747
76
Chapitre 5 – Évaluer l’intelligence
21 Eaves L. C. & Ho H. H. (1996). Brief report: Stability and change in cognitive and behavio-
ral characteristics of autism through childhood, Journal of Autism and Developmental
Disorders, 26(5), 557-569.
77
Chapitre 6 6
1. Évaluations neuropsychologiques :
considération générale
L’examen neuropsychologique analyse la personne et ses troubles dans leur
intégralité.
Avant toutes évaluations, le neuropsychologue évalue le mode d’installation
des troubles, la coexistence de signes neurologiques, la présence d’éventuels
troubles sensoriels, ainsi que le niveau culturel. L’évaluation de la latéralité
est également primordiale. En effet, elle permet de déterminer l’hémisphère
« dominant ».
L’examen neuropsychologique apprécie les points suivants :
− Les capacités de raisonnement, de jugement et d’abstraction ;
− Les capacités d’expression (entre autres, l’expression verbale et la déno-
mination) et de compréhension langagières ;
− La fluidité ;
− Les praxies (constructives, bucco-faciales, idéomotrices) ;
− Les fonctions visuognosiques et visuospatiales ;
− La mémoire ;
− Les fonctions exécutives ;
− L’attention.
L’évaluation des personnes déficientes intellectuelles, quel que soit leur âge,
doit prendre en compte plusieurs dimensions. Elle devra à la fois mesurer
l’efficience intellectuelle, les compétences motrices et communicatives ainsi
Chapitre 6 – Évaluer les troubles chez les personnes déficientes intellectuelles
2. Batteries neuropsychologiques
Il existe une grande variété de batteries neuropsychologiques. Malheureuse-
ment, la plupart des batteries scientifiquement validées ayant fait l’objet du
plus d’études ont été conceptualisées par des auteurs anglo-saxons et n’ont
pas toujours été traduites en français. D’autres ont fait l’objet d’une adaptation
suisse ou canadienne. Il manque alors les normes pour la France.
La batterie la plus complète et commentée est la Batterie neuropsycho-
logique Halstead-Reitan1 (Halstead-Reitan Neuropsychological Test Battery).
Elle permet d’évaluer la mémoire, la résolution de problèmes, le jugement,
l’abstraction, la conceptualisation (subtest des catégories), la planification,
la coordination motrice (subtests de performance tactile, d’oscillation digitale),
la flexibilité mentale, la pensée hypothéticodéductive, la vigilance, 1’attention
et la concentration, 1’audition non verbale, le rythme et la coordination oreille/
œil/main (subtests Seashore de rythme et de perception de sons langagiers),
le balayage visuel, la coordination ainsi que la vitesse motrice (subtest de
traçage de pistes). Des tests auxiliaires complètent les six épreuves principales.
La batterie peut être proposée aux adolescents et aux adultes. Il existe une
version pour les enfants de neuf à quatorze ans et une pour les enfants d’âge
scolaire (à partir de cinq ans).
79
Déficiences intellectuelles
2 Hom J. (2003). Forensic Neuropsychology: are we there yet?, Archieves of Clinical Neuro-
psychology, 18(8), 827-845.
3 Korkman M., Kirk U. & Kemp S. (2012). NEPSY-II, Bilan Neuropsychologique de l’enfant,
seconde édition, Paris : ECPA.
4 Billard C. (2002). BREV : Batterie rapide d’évaluation des fonctions cognitives. Isbergues :
Orthoédition.
80
Chapitre 6 – Évaluer les troubles chez les personnes déficientes intellectuelles
5 Brickenkamp R., Zillmer E. (1998). D2, test of attention. Seattle: Hogrefe & Huber
Publishers.
6 Wechsler D. (2011). WAIS-IV échelle d’intelligence de Wechsler pour adultes (4e édition).
Paris : ECPA .
7 Reed, T.R., & Jensen, A.R. (1993). Choice reaction time and visual pathway nerve conduc-
tion velocity both correlate with intelligence but appear not to correlate with each other:
Implications for information processing. Intelligence, 17, 191-203.
8 Adrien J-L., Roux S., Couturier G., Malvy J., Guerin P., Debuly S., Lelord G. & Barthelemy
C. (2001). Toward a new functional assessment of autistic dysfunction in children with deve-
lopmental disorders: The Behaviour Function Interventory (BFI), Autism, 5(3), 249-264.
9 Croteau P., Loranger M., Laporte P. (2002). Fonctionnement cognitif et neuropsychologie
clinique des enfants atteints de déficience mentale cérébrale : aspects cognitifs et neuropsy-
chologiques cliniques. Motricité cérébrale, 23(4), 175-187.
81
Déficiences intellectuelles
4. Évaluation de la mémoire
Nous aborderons ici les tests permettant de mesurer les déficits chez des
personnes d’âge et de profil variés, ou bien les tests ayant été conceptualisés
pour évaluer une dimension spécifique de la mémoire. Ces tests peuvent être
inclus dans un protocole pour diagnostiquer une démence ou pour détecter
des troubles survenant à la suite d’un accident (par exemple, après un trau-
matisme crânien).
La Rivermead Behavioural Memory Test13 (RBMT) est une batterie com-
prenant quatorze subtests tous composés de tâches écologiques. Elle permet
d’évaluer la mémoire et les capacités d’apprentissage via des exercices repo-
sant sur les rappels immédiats et différés, l’orientation, la planification et
la mémoire prospective ainsi que la mémoire rétrospective. Il existe deux
autres versions. L’une permettant de détecter les déficits légers (RBMT-E)14
et l’autre offrant la possibilité aux personnes à mobilité réduite de compléter
10 Bayley N. (1969). Bayley Scales of Infant Development, New York, NY: Psychological Corp.
11 Conners C. K. (2004). Conners’ Continuous Performance Test II, Toronton, ON: Multi-
Health Systems.
12 Manly T., Robertson I. H., Anderson V., Mimmo-Smith I. (2004). TEA-Ch, Test d’Évalua-
tion de l’Attention chez l’enfant, Paris : ECPA.
13 Wilson B.A., Cockburn J., Baddeley A.D. (1993). The Rivermead Behavioral Memory Test.
Bury St Edmunds: Thames Valley test Company. Traduction française : RBMT, Paris :
ECPA.
14 Wilson B.A., Clare L., Baddeley A.D. et al. (1999). The Rivermead Behavioral Memory Test
– Extended version (RBMT-E). Bury St Edmunds: Thames Valley test Company.
82
Chapitre 6 – Évaluer les troubles chez les personnes déficientes intellectuelles
les épreuves15. Elle peut être proposée à des personnes ayant des fonctions
cognitives réduites, notamment à des patients cérébrolésés.
Il existe de nombreux tests permettant d’évaluer la mémoire de travail
dont la California Verbal Learning Test16 et sa version pour enfant17 permet
de mesurer la mémoire et l’apprentissage verbal.
Le Rey Auditory Verbal Learning Test18 (RAVLT) permet d’évaluer la
mémoire auditive à court terme, les capacités à encoder, stocker et récupé-
rer les informations verbales, les stratégies d’apprentissage, la sensibilité aux
interférences, ainsi que la présence de confabulation et de confusion. Cette
épreuve est couramment employée pour évaluer les personnes ayant des défi-
cits neuropsychologiques consécutives à des atteintes cérébrales.
15 Clare L., Wilson B.A., Amslie H. et al. (2000). Adapting the Rivermead Behavioral Memory
Test Extended version (RBMT-E) for people with restricted mobility. British Journal of
Clinical Psychology, 39: 363-69.
16 Delis D. C., Kramer, J. H., Kaplan E. & Ober, B.A. (2000). The California Verbal Learning
Test (2nd edition). Toronto: The Psychological Corporation Harcourt Brace Jovanovich
Inc. San Antonio, TX: The Psychological Corporation.
17 Delis D. C., Kramer, J. H., Kaplan E. & Ober, B.A. (1994). CVLT-C: California Verbal Lear-
ning Test for Children, Toronto: The Psychological Corporation Harcourt Brace Jovano-
vich Inc.
18 Schmidt, M. (1996). Rey Auditory and Verbal Learning Test: A handbook. Los Angeles, CA:
Western Psychological Services.
19 Beery K. E., Beery N. A. & Buktenica N. A. (2010). The Beery-Buktenica Developmental Test
of Visual-Motor Integration, Sixth Edition. San Antonio, TX: Pearson.
83
Déficiences intellectuelles
20 Dubois B, Slachevsky A, Litvan I, Pillon B. (2000). The FAB: a Frontal Assessment Battery
at bedside. Neurology, 55: 1621–26.
21 Godefroid O. & Groupe de Réflexion pour l’Évaluation des Fonctions Exécutives (2008).
Fonctions exécutives et pathologies neurologiques et psychiatriques, évaluation en pratique
clinique. Marseille : Solal
22 Burgess P. W, Shallice T. (1997). The Hayling and Brixton tests. UK: Thames Valley test
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23 Stroop, J. R. (1935) Studies of interference in serial verbal reactions. Journal of Experimen-
tal Psychology, 18.
24 Cammock T. & Cairns E. (1979). Concurrent validity of a children’s version of the Stroop
Color-Word Test : the Fruit Distraction Test, Percept Motor Skills, 49(2), 611-616.
25 Sedo, M. A. (2004) The “Five Digit Test”: a color-free, non-reading alternative to the
Stroop. International Neuropsychological Society Liaison Committee Newsletter, 13, 6-7.
26 Nelson H. E. (1976). A Modified Card Sorting Test Sensitive to Frontal Lobe Defects. Cor-
tex, 12(4): 313-24.
27 Wilson B. A., Alderman N., Burgess P. W., Emslie H., Evans J. J. (1996). Behavioural Assess-
ment of the Dysexecutive Syndrome, Bury St Edmunds: Thames Valley Test Company.
84
Chapitre 6 – Évaluer les troubles chez les personnes déficientes intellectuelles
28 Shallice T. & Burgess P. (1991). Deficits in strategy application after frontal lobe damage in
man, Brain, 114, 727-741.
29 Shallice T. & Burgess P. W. (1991). Deficits in strategy application following frontal lobe
damage in man, Brain, 114(2), 727-741.
30 Ellis D. (1986). Sensory Impairments in Mentally Handicapped People, Croom Helm,
London.
85
Déficiences intellectuelles
31 Beaudet J., Jacques L., Simard B. & Tremblay G. (2001). Évaluation de la personne présen-
tant une déficience intellectuelle sévère ou profonde, Québec : Centre de réadaptation
La Myriade, Joliette.
32 Gardner J., Murphy J. & Crawford N. (1983). The Skills Analysis Model, British Institute of
Mental Handicap, Kidderminster.
33 Lord C. & Rutter M. (1994). Autism and pervasive developmental disorders. In Rutter M.,
Taylor E. & Herson L. (Eds), Child and adolescent psychiatry, modern approaches (pp. 569-
593). London, UK: Blackwell.
34 Lord C., Rutter M., Goode S., Heemsberger J., Jordan H., Mawhood L. et al. (1989). Autism
diagnostic observation schedule: a standardized observation of communicative and social
behavior. Journal of Autism and Developmental Disorders, 19, 185-212.
35 Sparrow S., Balla D. & Cicchetti D. V. (1984). Vineland Adaptative Behavior Scales
(expanded form). Circles Pines, MN: American Guidance Service.
86
Chapitre 6 – Évaluer les troubles chez les personnes déficientes intellectuelles
87
Déficiences intellectuelles
40 Bruinicks R.H., Woodcock R.W., Weatherman R.F., et al (eds). (1984). Development and
Standardization of the Scales of Independent Behavior. Scarborough, ON: Nelson Canada.
41 Gresham F. M., Watson T. S., Skinner C. H. (2001). Functional Behavioral Assessment:
Principles, Procedures, and Future Directions. School Psychology Review, 30 (2), 156-172.
42 Matson, J.L. (1995). The Diagnostic Assessment for the Severely Handicapped revised
(DASH-II). Baton Rouge, LA: Disability Consultants, LLC.
43 Matson J. L. & Vollmer T. R. (1995). User’s Guide: Questions About Behavioral Function
(QABF). Scientific Publishers, Inc., Baton Rouge, LA.
44 Willaye E. & Magerotte G. (2008). Chapitre 4, Impact : un outil pour la compréhension, In
Willaye E. & Magerotte G. (Eds). Évaluation et Intervention auprès des comportements-
défis, Déficience intellectuelle et/ou autisme, DeBoeck, questions de personne, série TED :
Bruxelles, pp.115-152.
88
Chapitre 6 – Évaluer les troubles chez les personnes déficientes intellectuelles
45 Stone, V. E., Baron-Cohen, S., & Knight, R. T. (1998). Frontal lobe contributions to theory
of mind. Journal of Cognitive Neuroscience, 10(5), 640-656.
89
Déficiences intellectuelles
Il peut donc être proposé à des personnes ayant une intelligence limite ou
une déficience légère, vivant en milieu ordinaire dans lequel elles ont accès
à des interactions sociales complexes (par exemple, se rendre de manière
autonome à des fêtes ou dans des boutiques).
Il en va de même pour the Cambridge Behavior Scale. Cette échelle permet
au participant d’évaluer lui-même ses capacités à comprendre les états cogni-
tifs et émotionnels de ses interlocuteurs. Elle permet d’établir un quotient
d’empathie. Seulement, les exemples d’interactions sociales proposées ne cor-
respondent pas au quotidien de personnes déficientes vivant en milieu protégé.
Les tâches d’interprétation du regard de Baron-Cohen46 peuvent être
proposées à des personnes vivant dans tous les lieux de vies (qu’elles soient
indépendantes ou protégées). Il est demandé au participant de définir un état
émotionnel à partir de photographies de regards.
Plusieurs questionnaires permettent d’évaluer la théorie de l’esprit et l’em-
pathie. Nous citons notamment le questionnaire de Mehrabian et Epstein qui
permet la mesure de l’empathie émotionnelle47.
L’Empathy Quotient de Baron-Cohen a été élaboré spécifiquement pour
évaluer les capacités d’empathie. Il peut être appliqué aux personnes ayant le
syndrome d’Asperger. Cependant, la plupart des échelles mesurant l’empathie
évaluent en réalité les croyances de l’individu dans ses propres capacités48.
L’Échelle d’évaluation de la communication sociale précoce49 (ECSP) offre
la possibilité d’évaluer des enfants de moins de trois ans dans leur rapport
avec les objets et les personnes les entourant. Le test comporte 108 items
et mesure les compétences des enfants dans les domaines des interactions
sociales, l’attention conjointe et la régulation des comportements. Au cours
de la passation, les enfants sont laissés libres d’initier, maintenir ou répondre
à la communication. En fonction des comportements des enfants, le clinicien
détermine son âge ou son niveau de développement. La ECSP propose quatre
niveaux de développement, chacun correspondant à une tranche d’âge (niveau
simple, niveau complexe, niveau conventionnel gestuel et verbal ainsi que
niveau symbolique). Cette échelle pourrait être un outil précieux pour le repé-
rage précoce des enfants avec un TSA, mais elle manque de standardisation.
46 Baron-Cohen S., Wheelwright S., Hill J., Raste Y. & Plumb I. (2001). The «Reading the
Mind in the Eyes» Test revised version: a study with normal adults, and adults with Asper-
ger syndrome or high-functioning autism, Journal of Child Psychology and Psychiatry,
42(2), 241-251.
47 Mehrabian A. & Epstein N. (1972). A measure of emotional empathy, Journal of Persona-
lity, 40(4), 525-543.
48 Baron-Cohen, S. & Wheel Wright, S. (2004). The Empathy Quotient: An investigation of
adults with Asperger Syndrome or high functioning autism, and normal sex differences.
Journal of Autism, 34(2), 163-175.
49 Guidetti, M. & Tourette, C. (1992). Un outil original pour l’évaluation des compétences
communicatives chez le jeune enfant : Les ECS. Revue Européenne de psychologie appliquée,
3(42), 185-192
90
Chapitre 6 – Évaluer les troubles chez les personnes déficientes intellectuelles
50 Etchepare A., Merceron K., Amieva H., Cady F., Roux S., Prouteaux A. et al. (2014). Éva-
luer la cognition sociale chez l’adulte : validation préliminaire du Protocole d’évaluation de
la cognition sociale de Bordeaux (PECS-B), Revue de Neuropsychologie, 2(6), 138-149.
91
Déficiences intellectuelles
92
Chapitre 6 – Évaluer les troubles chez les personnes déficientes intellectuelles
93
Chapitre 7 7
1 Pinto D., Delaby E., Merico D., Barbosa M., Merikangas A., Klei L. et al. (2014) Conver-
gence of Genes and Cellular Pathways Dysregulated in Autism Spectrum Disorders, Ame-
rican Journal of Human Genetics, 94(5), 677-694
2 Stressman H. A. F., Xiong B., Coe B. P., Wang T., Hoekzema K., Fenckova M. et al. (2017)
Targeted sequencing identifies 91 neurodevelopmental-disorder risk genes with autism
and developmental-disability biases, Nature Genetics, 49, 515-526.
Chapitre 7 – Les troubles du spectre de l’autisme
2. Rappel historique
En 1911, Bleuler emploie le terme « autisme » pour définir le repli consécu-
tif à la perturbation de la relation entre monde interne et monde externe
qu’il observe chez les patients schizophréniques. Bleuler perçoit l’autisme
comme une conséquence de la dissociation dans la schizophrénie : le rapport
du patient avec la réalité est fortement perturbé, ce qui entraîne un repli sur
soi, une indifférence et une imperméabilité par rapport au monde. Le terme
« autisme » chez Bleuler ne désigne pas une entité psychopathologique à pro-
prement parler, mais des symptômes observables.
En 1943, Léo Kanner, pédopsychiatre à l’hôpital John Hopkins de Bal-
timore, publie un article sur l’observation de onze enfants. Il crée l’entité
psychopathologique « autisme infantile ».
Kanner, lui, distingue plusieurs critères généraux :
− Un isolement, qualifié d’autistique, marqué par l’incapacité de l’enfant
à communiquer et à établir des relations normales avec les personnes
et à réagir normalement aux situations. Il s’agit là d’un trouble
pathognomonique ;
− Une altération du développement de la communication verbale et non
verbale ;
− Un besoin impérieux d’immuabilité et une résistance au changement
ayant pour conséquence des activités répétitives et stéréotypées ainsi
que des comportements ritualisés ;
− Un âge d’apparition du trouble situé après deux années au moins de
développement normal.
3 cf http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/Plan_autisme_2008-2010.pdf
95
Déficiences intellectuelles
96
Chapitre 7 – Les troubles du spectre de l’autisme
4 Rutter M., Bailey A., Bolton P. & LeCouteur A. (1993). Autism: syndrome definition and
possible genetic mechanisms, Dans R. Plomin & G. E. McClean (dir.), Nature, nurture et
psychology (pp.268-284). Washington DC: American Psychological Association
97
Déficiences intellectuelles
cas pour les vrais jumeaux contre presque 0 % pour les faux jumeaux5.
D’autres résultats émettent l’hypothèse d’un dysfonctionnement hérédi-
taire plus général, qui toucherait la sphère cognitivo-linguistique. En effet,
il apparaît que les frères et sœurs jumeaux d’autistes sont souvent atteints
de troubles au niveau cognitif, social et du langage (environ 82 % chez les
jumeaux monozygotes et 10 % chez les dizygotes).
Kanner estimait que le cerveau des autistes avait une taille plus importante
que celui des personnes ordinaires. Les études morphométriques récentes
tendent à valider cette hypothèse. L’hippocampe des autistes serait effecti-
vement plus large et certains autistes présentent une macrocéphalie. Celle-ci
serait explicable par une croissance importante6 du cerveau survenant au tout
début du développement. D’où le fait qu’environ 10 % des autistes présentent
des compétences dans la norme, voire au-dessus de la norme dans certains
domaines (îlots de compétences)7.
Kanner avait émis l’hypothèse que l’environnement familial participait
à l’émergence et à l’expression des troubles. Il avait dessiné un profil de
parents d’enfants autistes et avait employé le premier l’expression de « emo-
tional refrigeration » désignant des parents « froids » et investissant peu leur
enfant. Cependant, Kanner n’incriminait pas complètement la seule éduca-
tion apportée à l’enfant comme cause de l’autisme et reconnaissait que ces
mêmes parents pouvaient avoir d’autres enfants non autistes. De plus, des
comportements parentaux similaires peuvent être observés dans des familles
non concernées par l’autisme.
Il convient de rappeler qu’aucune recherche scientifique n’a pu établir
une véritable relation entre le comportement des parents et la détection d’un
TSA chez leur enfant.
Le nombre de personnes ayant un TSA a augmenté ces deux dernières
décennies (chiffres aux Étaits-Unis : 1 sur 10 000 en 2004 ; 1 sur 68 en 20148).
Nous pouvons nous interroger si cette augmentation est liée à de meilleures
connaissances du TSA et à de meilleurs diagnostics ou bien si elle est liée au
fait que les critères du TSA sont tellement vastes qu’il est possible d’y inclure
un plus grand nombre de personnes.
5 Folstein S. & Rutter M. (1978). A twin study of individuals with infantile autism, Dans
M. Rutter & E. Schopler (1978). Autism: A reappraisal of Concepts and Treatment (pp.219-
242) New York: Plenum Press.
6 Courchesne E., Redcay E., Kennedy D.P. (2004), The autistic brain: birth through adul-
thood, Current Opinion Neurology, 17, 489-496.
7 Heaton P, Wallace G.L. (2004). Annotation: the savant syndrome, Journal of Child Psycho-
logy Psychiatry, 45(5), 899-911.
8 Référence pour le nombre de TSA en augmentation : communication de Spire-OH K.,
McIntire J.(2014) Research to practice, Advocacy for ASD (Autism Spectrum Disorder),
NADD International Congress/Exhibition 2014
98
Chapitre 7 – Les troubles du spectre de l’autisme
4. Autisme et vaccins
À la fin des années 1990, un article paraît dans The Lancet évoquant un lien
possible entre la survenue d’un TSA et la vaccination. L’article a été rédigé par
un gastroentérologue, le Dr Wakefield9. Il décrit l’apparition d’un nouveau
trouble envahissant du développement, nommé regressive autism-enterocolitis
syndrome, qu’il relie au vaccin contre la rougeole, la rubéole et les oreillons.
Bien que les faiblesses de l’étude menée par Dr Wakefiled aient été relevées
(faible échantillon de patients, absence de groupe contrôle, absence de données
statistiquement fiables) et ses nombreux conflits d’intérêts aient été démontrés,
l’idée que les TSA puissent découler directement de la vaccination se répand.
Plusieurs études ont remis en cause les conclusions de Wakefiled. En
199910, soit un an après la parution de l’article incriminé, l’équipe du Pro-
fesseur Taylor publie une étude menée sur près de 500 participants. Tous ont
été vaccinés au même âge. Aucun symptôme évocateur des TSA et aucune
régression sur les plans développementaux ou comportementaux ne se mani-
festent dans les mois suivants la vaccination.
En 2003, une étude portant sur l’émergence des troubles du spectre
autistique aux États-Unis, en Suède et au Danemark paraît. L’étude cherche
à évaluer un possible lien entre la composition des vaccins contre la rougeole,
la rubéole et les oreillons et l’apparition de TSA. Les auteurs concluent à
l’absence de liens entre le vaccin et le trouble envahissant du développement.
En effet, le diagnostic de TSA avait connu une expansion dans les trois pays
au cours des décennies 1980 et 1990. Cependant, les vaccins employés dans ces
trois états n’ont pas la même composition et aucun lien ne peut être établi11.
Malgré l’absence de preuves en faveur de la théorie de Wakefiled et les
excuses présentées par The Lancet pour avoir permis la publication de l’article
sans avoir contrôlé la rigueur et la validité scientifique, l’article a relancé une
méfiance des familles envers les vaccins12.
9 Wakefiled A. J., Murch S. H., Anthony A., Linnell J., Casson D. M., Malik M., Berelowitz
M., Dhillon A. P., Thomson M. A., Harvey P., Valentine A., Davies S. E., Walker-Smith
J. A. (1998) Ileal-lymphoid-nodular hyperplasia, non-specific colitis, and pervasive deve-
lopmental disorder in children, The Lancet, 351, 637-341
10 Taylor B., Miller E., Farrington P., Petropoulos M-C., Favot-Mayaud I. & Li J. (1999)
Autism and measles, mumps, and rubella vaccine: no epidemiological evidence for a causal
association. The Lancet, 353 (9159), 2026-2029
11 Stehr-Green P., Tull P., Stellfeld M., Mortenson P-B., Simpson D. (2003). Autism and
thimerosal-containing vaccines: Lack of consistent evidence for an association. American
Journal of Preventive Medecine. 25(2), 101-106.
12 Flaherty D. K. (2011). The Vaccine-Autism Connection: A Public Health Crisis Caused by
Unethical Medical Practices and Fraudulent Science, Annals of Pharmacotherapy, 45(10),
1302-1304.
99
Déficiences intellectuelles
5. Considérations actuelles
Bien que la pose du diagnostic de TSA ne soit possible qu’à partir de l’âge
de trois ans, les manifestations peuvent être repérées avant cet âge. Elles sont
notamment caractérisées par des perturbations des interactions sociales, de
la communication verbale et non verbale et du comportement.
Avant 3 ans, il convient de distinguer le TSA des déficiences d’ordre
sensoriel et mental, d’un trouble spécifique du langage et de carences affec-
tives sévères. Les personnes TSA et déficientes intellectuelles se distinguent
d’avantage lorsque les enfants sont plus âgés ou arrivent à un niveau de
développement plus élevé.
La déficience intellectuelle est présente chez environ 70 % des personnes
autistes. 20 % auraient une intelligence dans la norme et 10 % une intelligence
supérieure13.
Les résultats aux tests d’intelligence montrent des disparités dans les
compétences intellectuelles : les performances dans les tâches verbales, concep-
tuelles et abstraites sont bien inférieures à celles dans les tâches visuo-spatiales.
Chez les Asperger, le résultat obtenu aux épreuves verbales est généralement
supérieur à celui des épreuves performances.
Cependant, il ne faut jamais oublier que l’intelligence telle qu’elle est
évaluée par les tests ne rend pas toujours compte de l’intelligence mise en
œuvre dans la vie courante et que des performances élevées peuvent coexister
avec l’incapacité de les mettre en œuvre dans la vie quotidienne.
Les autistes peuvent avoir des talents spécifiques, notamment dans les
domaines de la mécanique, de la musique, des arts graphiques ou du calcul.
On parle alors d’« îlots de compétences ». Cependant ces capacités ne sont pas
toujours fonctionnelles. Par exemple, une personne avec un TSA peut être
capable de mémoriser toutes les routes départementales de France, mais être
incapable d’utiliser ces connaissances sur le plan pratique.
100
Chapitre 7 – Les troubles du spectre de l’autisme
14 Baron Cohen S. (1998). La cécité mentale. Un essai sur l’autisme et la théorie de l’esprit,
Grenoble : Presse Universitaires de Grenoble.
101
Déficiences intellectuelles
8. Intolérance au changement
Kanner décrit le besoin impérieux d’immuabilité chez les personnes TSA. Ainsi,
elles montrent une forte résistance au moindre changement de l’environnement
habituel. La plus petite modification, le déplacement d’un objet ou le change-
ment d’une routine peut entraîner des réactions brutales ou un repli accentué.
15 Ben-Sasson A., Hen L., Fluss R., Cermak S. A., Engel-Yeger B., Gal E. (2008). A meta-
analysis of sensory modulation symptoms in individuals with autism spectrum disorders.
Journal of Autism and Developmental Disorders, 39, 1–11
102
Chapitre 7 – Les troubles du spectre de l’autisme
103
Déficiences intellectuelles
104
Chapitre 7 – Les troubles du spectre de l’autisme
20 Grove N. & Walker M. (1990). The Makaton Vocabulary: Using manual signs and graphic
symbols to develop interpersonal communication, Augmentative and Alternative Commu-
nication, 6(1), 15-28
21 Charlop-Christy M. H., Carpenter M., Le L., LeBlanc L. A. & Kellet K. (2002) Using the
picture exchange communication system (PECS) with children with autism: assessment of
PECS acquisition, speech, social-communicative behavior, and problem behavior, Journal
of Applied Behavior Analysis, 35(3), 213-231
22 Wainer A. L. & Ingersoll B. R. (2011) The use of innovative computer technology for tea-
ching social communication to individuals with autism spectrum disorders, Research in
Autism Spectrum Disorders, 5(1), 96-107
23 Lelord G., Barthelemy C. (2003). ECAR, Echelle D’Évaluation des Comportements Autis-
tiques, version révisée, Paris : ECPA.
105
Déficiences intellectuelles
106
Chapitre 8 8
Les deux premiers groupes d’intervention ciblent les éléments repérés lors
de l’analyse fonctionnelle.
Le développement des nouvelles capacités s’opère à travers des
programmes tels que l’ABA, TEACCH ou celui de Denver que nous
détaillerons.
1. A.B.A
Cette méthode a été mise au point par Lovaas et son équipe de l’université
de Californie à Los Angeles, en 1987, après presque 30 ans de recherche.
Ce programme est nommé Applied Behavioral Analysis (ABA). Il a été
popularisé grâce au livre de C. Maurice Let me hear your voice ; A family’s
107
Déficiences intellectuelles
triumph over Autism1, qui retrace le parcours d’une famille avec deux enfants
porteur de TSA.
Le programme repose sur plusieurs constatations :
− Les enfants avec un TSA sont capables d’apprendre, mais ils ne traitent
pas les informations comme les personnes neurotypiques. Par consé-
quent, ils ont besoin de méthodes d’apprentissages spécifiques ;
− Les comportements des enfants sont « appris » et maintenus sur la base
du conditionnement opérant de Skinner. La modification des compor-
tements problèmes doit reposer sur les mêmes principes ;
− Les personnes autistes ne parviennent pas à « décoder » les situations
sociales et donc à adapter leur comportement en fonction. Chaque
comportement approprié doit donc être enseigné aux enfants ;
− Les capacités d’adaptation des personnes ayant un TSA sont personnelles
et atypiques. Par conséquent, il convient d’adapter l’environnement en
fonction des compétences et des déficits des personnes afin de le rendre
plus structuré et sécurisant pour elle.
L’objectif est d’enseigner aux enfants les compétences qui vont leur per-
mettre de mener une vie autonome. Ce sont d’abord les concepts les plus
simples qui sont enseignés, puis le thérapeute se base sur les progrès et
les capacités des enfants pour développer de nouvelles compétences plus
complexes.
Le programme ABA repose sur plusieurs techniques :
− Apprentissage par essais distincts multiples (décomposer la compétence
à acquérir en plusieurs étapes ; enseigner chaque étape jusqu’à sa maî-
trise parfaite, répéter la pratique sur une période de temps précise avec
une aide extérieure qui sera progressivement estompée) ;
− Les renforcements ;
− Les jeux avec les pairs.
Le programme de Lovaas est intensif. Il se déroule en moyenne sur
40 heures par semaines pendant au moins deux ans. Le travail se fait dans le
lieu de vie des personnes avec un TSA en collaboration avec les parents ou
les personnes qui s’occupent de l’enfant.
Les premières séances portent sur la réduction des troubles du compor-
tement et sur l’apprentissage de comportements adaptés. Selon Lovaas, les
conduites inadéquates sont apprises et elles ne pourront être modifiées que
dans un environnement protégé, lors d’entraînements réguliers. La famille
doit alors changer l’environnement des enfants (en le rendant plus sécurisant
1 Maurice C. (1994). Let me hear your voice; A family’s triumph over Autism. New York, NY:
Ballantine Books.
108
Chapitre 8 – Les prises en charge spécifiques pour les personnes avec un TSA
109
Déficiences intellectuelles
110
Chapitre 8 – Les prises en charge spécifiques pour les personnes avec un TSA
2 Leaf R. & McEachin J. (2008). Autisme et ABA : une pédagogie du progrès, Paris : Pearson
éducation
111
Déficiences intellectuelles
2. Méthode TEACCH
Le Treatment and Education of Autistic and Related Communication-
handicaped Children a été créé dans les années 1970 par Schopler et son
équipe de l’université de Caroline du Nord.
La méthode TEACCH repose sur des interventions éducatives et vise à
améliorer les comportements sociaux des enfants et à faciliter leurs appren-
tissages préscolaires et scolaires. Le but est de permettre la généralisation des
compétences des enfants dans les activités de la vie quotidienne.
La méthode TEACCH suit l’idée qu’il existe une « Culture de l’Autisme »,
c’est-à-dire que les personnes TSA suivent une manière de pensée qui leur
est propre.
112
Chapitre 8 – Les prises en charge spécifiques pour les personnes avec un TSA
Pour être efficace, le programme tient compte des points forts et faibles
des patients. Il comporte :
− L’évaluation complète des comportements et du développement des
participants ;
− La définition d’objectifs à court, moyen et long terme ;
− L’élaboration d’un emploi du temps dans un cadre très structuré ;
− Les parents sont également formés au programme TEACCH, car il leur
est demandé de reproduire les différents exercices du programme à la
maison avec leurs enfants (en dehors des séances).
La méthode va donc s’appuyer sur des outils concrets (par exemple, un
emploi du temps visuel pour que la personne repère facilement les activités
qu’elle fera) et sur des supports visuels pour renforcer la communication
verbale et les rapports sociaux. Les enfants sont alors pris en charge par
un thérapeute avec lequel ils travaillent sur les domaines ciblés par les éva-
luations (alimentation, propreté, sociabilisassions…). Les séances peuvent
se dérouler dans l’institution qui reçoit les enfants, à la maison, à l’école…
Les parents sont également formés au programme TEACCH, car il leur
est demandé de reproduire les différents exercices du programme à la
maison avec leurs enfants en dehors des séances. Le but est de permettre
la généralisation des compétences des participants dans les activités de la
vie quotidienne.
Les méthodes pour diminuer les troubles du comportement reposent sur
le conditionnement opérant. Les comportements appropriés sont encouragés
par l’attribution de renforçateurs.
113
Déficiences intellectuelles
Les enfants sont tout d’abord évalués à l’aide d’échelles telles que l’ADI ou
le Vineland. Ces premières évaluations permettent de déterminer les capacités
des jeunes TSA et les points à travailler.
La prise en charge est supervisée par deux thérapeutes et comporte des
séances avec les enfants (quatre heures par jour, cinq jours par semaine
pendant deux ans) ainsi que des sessions avec les parents (plusieurs séances
par mois pendant la durée du programme).
La famille a un rôle central dans la prise en charge. Elle fournit les infor-
mations concernant les enfants (anamnèse, habitudes de vie, développement
de l’enfant, etc.) et poursuit les exercices initiés par les thérapeutes à domicile.
Pour cela, les parents sont formés au programme et supervisés.
L’ESDM utilise des techniques basées sur le conditionnement opérant.
Il emploie également d’autres outils comportementaux tels que le shapping
(diviser un objectif principal en sous-objectifs qui seront progressivement
appliqués) et le chaining (après avoir divisé un comportement complexe en
plusieurs comportements simples, le thérapeute encourage l’apprentissage
de chacun des éléments décomposés. Le renforcement successif entraînant,
in fine, l’apprentissage du comportement souhaité. En d’autres termes : ren-
forcer un comportement A afin que celui-ci encourage l’apparition d’un
comportement B, qui sera renforcé afin qu’un comportement C survienne
et ainsi de suite jusqu’à ce que le comportement complexe Z soit maîtrisé).
L’ESDM emploie les échanges interpersonnels, des activités concrètes, des
matériaux issus de l’environnement quotidien, et fait également appel à la
communication verbale et non verbale. L’intervenant privilégie des échanges
positifs avec les participants. Des suivis avec des pédiatres et des orthopho-
nistes complètent la prise en charge.
Les enfants bénéficiant du programme ESDM voient leurs compétences
cognitives s’améliorer. De même, leurs scores aux tests d’intelligence pro-
gressent, tout comme les comportements adaptatifs ainsi que les capacités
de communication.
4. La thérapie d’échange
et de développement (TED)
Cette méthode a été mise au point dans les années 1980 par Lelord et son
équipe du CHU de Tours. Elle a ensuite été reprise par d’autres spécialistes
de l’autisme comme Adrien.
Cette méthode est basée sur l’idée que les personnes TSA souffrent prin-
cipalement de troubles perceptivo-moteurs et que, par conséquent, elles ne
parviennent pas à traiter les informations et leur environnement comme le
feraient les personnes ordinaires. Par exemple, une hypersensibilité auditive
114
Chapitre 8 – Les prises en charge spécifiques pour les personnes avec un TSA
peut provoquer chez les jeunes TSA des angoisses face à des bruits en appa-
rence anodins. Ces mêmes personnes avec un TSA peuvent s’appuyer sur cette
hypersensibilité pour devenir hypercompétent dans le domaine de la musique.
Le but de la thérapie sera donc la prise en charge des fonctions psycho-
physiologiques défaillantes (comme l’attention visuelle et auditive, la
perception, la régulation) et d’encourager les capacités d’échange et de com-
munication des personnes ayant un TSA.
Pour que la prise en charge soit optimale, le soignant doit rester toujours
calme et l’environnement de travail doit être structuré et sécurisant.
La sociabilité est encouragée par des imitations, des échanges libres et
réciproques de mimiques, de gestes…
Le travail se fait à l’aide de jouets, sélectionnés pour leurs capacités à
répondre aux objectifs thérapeutiques (par exemple, pour travailler avec les
enfants sur la motricité fine, des gros cubes à encastrer les uns dans les autres
sont utilisés et non des Lego).
Les activités sont choisies en fonction du niveau de développement et des
intérêts des participants. Par exemple, pour travailler les capacités attention-
nelles, le thérapeute utilisera des objets appréciés par ses patients.
Ajoutons que ce n’est pas la performance qui est visée, mais la participation
des enfants à la réalisation de l’activité.
Comme pour la méthode A.B.A, le thérapeute alterne entre travail et acti-
vités ludiques, exercices faciles et plus complexes. Les renforçateurs tiennent
également une grande place.
115
Déficiences intellectuelles
7 Motiwala S. S., Gupta S., Lilly M. B., Ungar W. J. & Coyte P. C. (2006). The Cost-Effectiveness
of Expanding Intensive Behavioural Intervention to All Autistic Children in Ontario, Health-
care Policy/Politique de Santé, 1(2), 135-151.
116
Chapitre 8 – Les prises en charge spécifiques pour les personnes avec un TSA
l’IBI s’avère efficace pour les très jeunes enfants. Il semble que ses effets positifs
soient surtout observés chez des enfants de moins de sept ans8.
L’IBI est principalement utilisé en Amérique du Nord et plus spécifique-
ment au Canada. Les études portant sur le programme montrent des résultats
contrastés. Ainsi, les facteurs pouvant influencer positivement l’intervention et
ses effets sont l’efficience intellectuelle, la durée du traitement et son intensité,
l’environnement familial, l’âge de l’enfant, son fonctionnement adaptatif, ainsi
que ses compétences ou déficits sur le plan neuropsychologique9. Cependant,
ces critères ne permettent pas de prédire le maintien des progrès obtenus au
cours des sessions d’IBI après un an de prise en charge10.
8 Granpeesheh D., Dixon D. R., Tarbox J., Kaplan A. M. & Wilke A. E. (2009). The effects of
age and treatment intensity on behavioral intervention outcomes for children with autism
spectrum disorders, Research in Autism Spectrum Disorders, 3, 1014-1022.
9 Perry A., Cummings A., Geier J. D., Freeman N. L., Hughes S., LaRose L., Managan T.,
Reitzel J. A. & Williams J. (2008). Effectiveness of intensive behavioral intervention in a
large community-based program, Research in Autism Spectrum Disorders, 2, 621-642.
10 Ben-Itzchak E., Lahat E., Burgin E. & Zachor A. D. (2008). Cognitive, behavior and inter-
vention in young children with autism, Research in Developmental Disabilities, 29,
447-458.
11 Greenspan S. I. & Wieder S. (1997). Developmental Patterns and Outcomes in Infants and
Children with Disorders in Relating and Communicating: A Chart Review of 200 Cases of
Children with Autistic Spectrum Diagnoses, The Journal of Developmental and Learning
Disorders, 1(1), 87-141
12 Greenspan, S. I., DeGangi, G. A., & Wieder, S. (2001). The functional emotional assessment
scale (FEAS) for infancy and early childhood: Clinical & research applications. Bethesda,
MD: Interdisciplinary Council on Developmental and Learning Disorders.
117
Déficiences intellectuelles
également compte des interactions entre l’enfant et les adultes l’entourant dans
des domaines variés. La capacité des adultes à accompagner le développement
de l’enfant est mesurée.
Le programme comporte les éléments suivants :
− Des sessions groupales réunissant les parents ;
− Établissement d’un planning de séances de remédiation dédiées à
chaque enfant. Les séances sont personnalisées et tiennent compte des
caractéristiques bio-psycho-sociales de chacun ;
− Sélection d’objectifs ciblant les aspects développementaux ;
− Sessions de conseils et d’évaluations pour les parents au cours de la
mise en place de la remédiation pour leur enfant.
Au cours des séances de remédiation à domicile, les parents sont invités
à filmer leurs interventions et leurs interactions avec l’enfant. Les films sont
ensuite visionnés et commentés lors des sessions avec le thérapeute supervisant
le programme. Les équipes éducatives des écoles accueillant les enfants sont
également invitées à participer aux sessions de RDI.
La stimulation se fait essentiellement par le jeu. Le but n’est pas que les
adultes compensent les faiblesses de l’enfant, mais qu’ils lui montrent, de
façon ludique, comment interagir et résoudre ses difficultés par lui-même.
Le RDI suit les principaux troubles sociaux présentés par les personnes
TSA : l’attention conjointe, l’entrée en relation et le maintien de celle-ci, la
communication et le jeu réciproque, la construction de liens logiques entre
événements, émotions et cognitions, la régulation émotionnelle, la résolution
de problèmes (demande d’aide et affirmation de soi), la représentation et la
création de concepts et leur utilisation de manière fonctionnelle.
Concernant ce dernier point, le programme propose des jeux stimulant
les capacités langagières, les capacités visuo-spatiales, les représentations sym-
boliques et la flexibilité.
13 Prizant B. M., Wetherby A. M., Rubin E. & Laurent A. C. (2003). The SCERTS Model.
A transactional, family-centred approach to enhancing communication and socioemotio-
nal abilities of children with autism spectrum disroder, Infants and Young Children, 16,
296-316.
118
Chapitre 8 – Les prises en charge spécifiques pour les personnes avec un TSA
119
Déficiences intellectuelles
15 Vitiello, B., & Stoff, D.M. (1997). Subtypes of aggression and their relevance to child psy-
chiatry. Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry, 36, 307-315.
16 Machaliceka W., O’Reillya M. F., Beretvasa N., Sigafoosb J. & Lancionic G. E. (2007).
A review of interventions to reduce challenging behavior in school settings for students
with autism spectrum disorders, Research in Autism Spectrum Disorders, 1(3), 229–246
120
Chapitre 8 – Les prises en charge spécifiques pour les personnes avec un TSA
9. Remédiation cognitive
La Cognitive Remédiation Therapy17 (CRT) est un programme axé autour de
la stimulation des fonctions exécutives (flexibilité cognitive, mémoire et plani-
fication). Chacun des modules comporte des séries d’exercices. Le thérapeute
lit les consignes au participant. À l’issue de chaque séance, le participant est
invité à réfléchir à la manière dont il pourrait transposer les éléments travaillés
dans sa vie quotidienne.
La CRT vise la réinsertion sociale et professionnelle des patients. Classique-
ment, la CRT est mise en place pendant trois mois à raison de trois séances
hebdomadaires d’une heure.
Bien que conçu à l’origine pour des patients schizophrènes, ce programme
a été également utilisé avec quelques patients Asperger pour encourager la
tolérance au changement, la mémoire à court terme et les capacités à s’adapter
à l’environnement18. Le programme a également été présenté à des personnes
ayant des troubles du comportement alimentaires et des traits autistiques19.
Pour ce groupe de patients, seuls les exercices stimulant la flexibilité mentale
ont été proposés. Les auteurs concluent à une amélioration des troubles neu-
ropsychologiques et des conduites alimentaires.
Cette méthode thérapeutique reste cependant à l’état de recherche et n’a
pas encore été testée sur un panel suffisamment étendu de patients TSA.
Toutefois, le programme CRT ne peut être utilisé qu’avec des personnes ayant
un minimum de connaissances scolaires
17 Delahunty A., Reeder C., Wykes T., Morice R. & Newton E. (2009). Cognitive Remediation
Therapy. Paris: Edition M.F.
18 Weiner L., Bruckmann J., Bizet E., (2010). “Cognitive remediation therapy of working
memory and executive deficits in Asperger syndrome: preliminary results from single case
studies””, cité par Amado I. & Todd A. (2012). Cognitive remediation therapy (CRT): un
programme de remediation cognitive pour la schizophrénie et les troubles des fonctions
exécutives en pathologie mentale, EMC- Psychiatrie, 9 (2), 1-9.
19 Tchanturia K., Larsson E. & Adamson J. (2016). How anorexia nervosa patients with high
and low autistic traits respond to group Cognitive Remediation Therapy, BMC Psychiatry,
16, 334, https://doi.org/10.1186/s12888-016-1044-x
121
Déficiences intellectuelles
20 Klingberg T., Forssberg H. & Westerberg H. (2002). Increased Brain Activity in Frontal and
Parietal Cortex Underlies the Development of Visuospatial Working Memory Capacity
during Childhood, Journal of Cognitive Neuroscience, 14(1), 1-10.
21 Robertson B. L. (2011). The Adaptation and Application of Mindfulness-Based Psychothe-
rapeutic Practices for Individuals with Intellectual Disabilities, Dans R. J. Fletcher (dir.),
Psychotherapy for Individuals with Intellectual Disability (pp. 91-106). New York: NADD
Press.
122
Chapitre 8 – Les prises en charge spécifiques pour les personnes avec un TSA
22 Singh N. N., Wahler R. G., Adkins A. D., Myers R. E., The Mindfulness Research Group
(2003) Soles of the Feet: a mindfulness-based self-control intervention for aggression by an
individual with mild mental retardation and mental illness, Research in Developmental
Disabilities, 24 (3), 158-169
23 Prout, H.T. & Nowak-Drabik, K.M. (2003) Psychotherapy with persons who have mental
retardation: An evaluation of effectiveness. American Journal on Mental Retardation. 108,
2, 82-93.
123
Déficiences intellectuelles
Tout d’abord, le programme est présenté sous une forme bimodale (emploi
de supports visuels tels que des pictogrammes en complément des paroles
du thérapeute). Ce prélude favorise le traitement visuel et auditif-verbal de
l’information de présentation des informations verbalement et à l’aide de
supports visuels de façon simultanée. Chaque session débute24 par un résumé
de la séance précédente. Les participants et le thérapeute discutent sur les
éléments déclencheurs de stress. Les membres du groupe réalisent ensuite
un exercice de pleine conscience guidé par l’animateur, assisté par le co-ani-
mateur (qui soutient au besoin les participants tout au long de la séance). À
la fin de l’exercice, les participants sont invités à s’exprimer, à tour de rôle,
sur ce qu’ils ont vécu de leur expérience personnelle (pensées, émotions,
sensations physiques). Un retour sur les exercices pratiqués durant la semaine
précédente permet à chaque participant de s’exprimer sur sa propre expérience
de la méditation. Un nouvel exercice de méditation est ensuite proposé au
groupe. Il est suivi par une période d’échanges sur l’exercice de méditation.
La séance s’achève sur des exercices de détente musculaire.
L’animateur prescrit les exercices à entreprendre durant la semaine à
l’aide de supports visuels. Le contenu des exercices est adapté en fonction
des capacités de chaque personne. Le thérapeute a recours au modeling afin de
promouvoir des attitudes appropriées. Chaque personne est accompagnée au
quotidien par un tiers aidant qui supervise la mise en pratique des exercices
pratiqués lors des sessions. L’aide apportée est progressivement estompée afin
d’encourager l’autonomie.
Un exercice de mindfulness pouvant être proposé aux personnes déficientes
intellectuelles est nommé « Méditation de la tête aux pieds ». Cet exercice
a été proposé à des adultes déficients intellectuels auteurs d’agressions. Le
principe de l’exercice est de rediriger l’attention qu’ils portaient à leur colère
à un objet neutre, à savoir la plante de leurs pieds et les points de contact de
celle-ci avec le sol. En redirigeant l’attention, la tension émotionnelle baisse
et les participants réfléchissent et n’agissent plus impulsivement25.
Le mindfulness peut également être proposé aux personnes souffrant de
stress post-traumatique.
Robertson26 détaille la thérapie d’un homme ayant une déficience moyenne
(QI évalué à 48) et ne s’exprimant pas par la parole. Celui-ci a été orienté vers
24 Pahnke J., Lundgren T., Hursti T. & Hirvikoski T. (2014) Outcomes of an acceptance and
commitment therapy-based skills training group for students with high-functioning autism
spectrum disorder: A quasi-experimental pilot study. Autism, 18(8), 953-964.
25 Singh N. N., Lancioni G., Winton A., Adkins A., Singh J. & Singh A. (2007). Mindfulness
Training Assists Individuals with Moderate Mental Retardation to Maintain Their Com-
munity Placements, Behavior Modification, 31(6), 8000-814.
26 Robertson B. L. (2011). The Adaptation and Application of Mindfulness-Based Psychothera-
peutic Practices for Individuals with Intellectual Disabilities, Dans R. J. Fletcher (dir.), Psycho-
therapy for Individuals with Intellectual Disability (pp. 91-106). New York: NADD Press.
124
Chapitre 8 – Les prises en charge spécifiques pour les personnes avec un TSA
125
Chapitre 9 9
Trisomie 21
1. Hypothèses concernant
le chromosome surnuméraire
Dans 90 % des cas, il s’agit d’une distribution chromosomique erronée. Cette
erreur se produirait avant la fertilisation et serait donc présente dès la forma-
tion du spermatozoïde ou de l’ovule. La probabilité d’absence de disjonction
des chromosomes s’accroît avec l’âge (risque est évalué à 1 sur 15 000 en
dessous de 30 ans et à 1 sur 130 entre 40 et 44 ans)1. Dans 10 % des cas,
l’erreur chromosomique est liée soit à un mosaïcisme, soit à une transloca-
tion. Il est question de mosaïcisme quand le corps comporte une partie de
ses cellules avec 3 chromosomes 21 et l’autre partie avec 2 chromosomes 21.
Cette distribution se déroule après la fertilisation.
Les personnes présentent des caractéristiques physiques moins marquées et
elles ont généralement un niveau intellectuel efficient ou légèrement déficient.
La translocation est évoquée lorsqu’il y a une partie ou la totalité d’un
chromosome qui est attachée à une partie ou à la totalité d’un autre.
1 Erickson J.D. (1978). Down syndrome, paternal age, maternal age and birth order, Annals
of Human Genetics, 41(3), 289–298.
Chapitre 9 – Trisomie 21
2 Wisniewski K. E. (1990) Down syndrome children often have brain with maturation delay,
retardation of growth, and cortical dysgenesis. American Journal of Medical Genetics (sup-
plement 7), 274-281.
3 Schmidt-Sidor B., Wisniewski K. E., Shepard T. H., Sersen E. A. (1990) Brain growth in
Down syndrome subjects 15 to 22 weeks of gestational age and birth to 60 months, Clinical
Neuropathology, 9(4), 181-190
4 Rondal J-A., Perera J. (2006) Down Syndrome: Neurobehavioural Specificity, Chivhester,
Royaume Uni: Wiley
5 Rondal J-A., Perera J. (2006). Down Syndrome: Neurobehavioural Specificity. Chivhester,
Royaume Uni: Wiley
6 Pinter J. D., Eliez S., Schmitt J. E., Capone G. T. & Reiss A. L. (2001). Neuroanatomy of
Down’s syndrome: A high-resolution MRI study. American Journal of Psychiatry, 158,
1659-1665.
127
Déficiences intellectuelles
128
Chapitre 9 – Trisomie 21
129
Déficiences intellectuelles
130
Chapitre 10 10
Autres syndromes
découlant d’anomalies
chromosomiques
1. Le syndrome de Prader-Willi
Le syndrome de Prader-Willi fut décrit pour la première fois en 1956 par Prader,
Willi et Labhart. Ce syndrome survient à la suite d’une délétion du chromosome
15 paternel ou d’une disomie uniparentale1 (c’est-à-dire que la mère fournirait
deux chromosomes 15 au lieu d’un seul), ou suite à une mutation.
Le syndrome de Prader-Willi est un trouble neurodéveloppemental surve-
nant avec une égale fréquence dans les deux sexes. Les personnes présentant
ce syndrome sont de petite taille, ont un fonctionnement moteur, intellectuel
et émotionnel altéré et souffrent d’hyperphagie2. Elles présentent également
de petites mains et pieds ainsi que des visages dysmorphiques. Des anomalies
orthopédiques, telles que des scolioses, sont également observées. Les troubles
du sommeil sont également fréquents. Chez les hommes, une cryptorchi-
die (soit l’absence de descente d’un ou des deux testicules dans le scrotum)
est repérée. Les nourrissons atteints par le syndrome sont hypotoniques et
souffrent de troubles de l’oralité. L’obésité et l’avancée en âge s’accompagnent
de troubles cardiaques ainsi que des maladies liées au diabète et au cholestérol3.
1 Nicholls R. D., Saitoh S. & Horsthemke B. (1998). Imprinting in Prader-Willi and Angel-
man syndromes, Trends in Genetics, 14, 194-200.
2 Greenswag, L. R. (1987), Adults with PRADER-WILLI SYNDROME: a survey of 232 cases,
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3 Schrander-Stumpel, C. Th.R.M., Curfs, L. M.G., Sastrowijoto, P., Cassidy, S. B., Schrander,
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Déficiences intellectuelles
4 Holsen L. M., Zarcone J. R., Brooks W. M., Butler M. G., Thompson T. I., Ahluwalia J. S.,
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5 Lukoshe A., van Dijk S. E., van den Bosch G. E., van der Lugt A., White T. & Hokken-
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abnormal pituitary morphology in children with Prader-Willi syndrome, Journal of Neuro-
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6 Shriki-Tal L., Avrahamy H., Pollak Y., Gross-Tsur V., Genstil L., Hirsch H. J. & Benarroch
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7 Roof E., Stone W., MacLean W., Feurer I. D., Thompson T. & Butler M. G. (2000). Intel-
lectual characteristics of Prader-Willi syndrome: comparison of genetic subtypes, Journal
of Intellectual Disability Research, 44(1), 25-30.
132
Chapitre 10 – Autres syndromes découlant d’anomalies chromosomiques
2. Le syndrome d’Angelman
Tout comme le syndrome de Prader-Willi, le syndrome d’Angelman résulte
d’une anomalie au niveau du chromosome 15. Bien que la même région de
ce chromosome soit impliquée dans les deux syndromes (15q11-q13), les
personnes atteintes par le syndrome d’Angelman souffrent de troubles plus
invalidants.
La délétion survient dans la majorité des cas sur le chromosome 15 mater-
10
nel . Il en résulte des retards psychomoteurs, une hypotonie, une absence de
langage, une microcéphalie, une macrostomie, une hypoplasie maxillaire, un
prognathisme, un strabisme, une ataxie ainsi que des troubles neurologiques
tels que des crises d’épilepsie11.
En raison de la physionomie particulière des personnes atteintes par le
syndrome d’Angelman, ce syndrome a également été syndrome du pantin
hilare (happy puppet syndrome)12.
Les symptômes apparaissent dans les 6 premiers mois de la vie. Des retards
staturo-pondéraux en lien avec des troubles de l’oralité sont observés chez les
nourrissons. Les reflux gastro-œsophagiens sont fréquents.
133
Déficiences intellectuelles
Le déficit intellectuel est sévère. L’absence de langage ainsi que les troubles
visuels, attentionnels et cognitifs sont fortement corrélés13.
Le phénotype comportemental comprend une hyperexcitabilité, des com-
portements pro-sociaux, une démarche « en pantin », des éclats de rire avec
battements des mains, une hyperactivité sans agressivité, une attention réduite,
des troubles du sommeil.
Les troubles du comportement peuvent être remédiés grâce aux techniques
issues du conditionnement opérant. Ces dernières, associées à des traitements
pharmacologiques, montrent des résultats positifs, notamment dans le trai-
tement des troubles du sommeil14. Le programme comportemental inclut la
tenue d’un agenda du sommeil ainsi que des modifications dans l’environ-
nement et les relations parents-enfants au moment du coucher. Les objectifs
sont de réduire au maximum les sentiments de détresse ressentis par les
parents et les enfants et de remédier au fait que le lit soit devenu un « objet
phobique » pour la personne ayant le syndrome d’Angelman. L’apprentis-
sage de techniques de relaxation, la mise en place de renforcements positifs
et l’information des proches sur les troubles du sommeil ainsi que l’inter-
prétation des signes en lien avec les troubles favorisent la décroissance des
comportements défis et l’augmentation du temps de repos.
3. Le syndrome de Rett
Le syndrome fut d’abord observé par A. Rett puis par Hagberg et ses colla-
borateurs15. Cette pathologie touche principalement les femmes.
Le syndrome de Rett est lié à une mutation du chromosome X. Celle-ci
survient accidentellement sur le chromosome X du spermatozoïde fécondant
l’ovocyte de la mère. Cette mutation peut apparaître de novo ou bien être
« héritée » d’un des deux parents qui présenterait un mosaïsme. Le gène res-
ponsable des troubles serait le MECP2 situé sur le site Xq2816.
13 Micheletti S., Palestra F., Martelli P., Accorsi A., Galli J., Giordano L., Trebeschi V. & Fazzi
E. (2016). Neurodevelopmental profile in Angelman syndrome: more than low intelligence
quotient, Italian Journal of Pediatrics, 42, 91, doi: 10.1186/s13052-016-0301-4.
14 Allen K. D., Kuhn B. R., DeHaai K. A. & Wallace D. P. (2013). Evaluation of a behavioral
treatment package to reduce sleep problems in children with Angelman Syndrome,
Research in Developmental Disabilities, 34(1), 676-686.
15 Hagberg B., Aicardi J., Dias K. & Ramos O. (1983). A progressive syndrome of autism,
dementia, ataxia, and loss of purposeful hand use in girls: Rett’s syndrome: Report of 35
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16 Amir R. E., Van den Veyver I. B., Wan M., Tran C. Q., Francke U. & Zoghbi H. Y. (1999).
Rett syndrome is caused by mutations in X-linked MECP2, encoding methyl-CpG-binding
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134
Chapitre 10 – Autres syndromes découlant d’anomalies chromosomiques
17 Cass H., Reilly S., Owen L., Wisbeach A., Weekes L., Slonims V., Wigram T. & Charman
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18 Dunn H. G., Stoessl A. J., Ho H. H., MacLeod P. M., Poskitt K. J., Doudet D. J., Schulzer M.,
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19 Pfleiderer B., Ohrmann P., Suslow T., Wolgast M., Gerlach A. L., Heindel W. & Michael
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20 Naidu S., Kaufmann W. E., Abrams M. T., Pearlson G. D., Lanham D. C., Fredericksen
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22 Lubs H. A. (1969). A marker X chromosome. American Journal of Human Genetics, 21,
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23 Hagerman R. J. (1999) Fragile X Syndrome. Dans R. J. Hagerman (dir.). Neurodevelopmen-
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136
Chapitre 10 – Autres syndromes découlant d’anomalies chromosomiques
24 Jacquemont S., Hagerman R. J., Leehey M., Grigsby J., Zhang L., Brunberg J. A., Greco C.,
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26 Hagerman R. J. (1999) Fragile X Syndrome. Dans R. J. Hagerman (dir.). Neurodevelopmen-
tal Disorders: Diagnosis and Treatment (pp. 61-132). New York, NY: Oxford University
Press
137
Déficiences intellectuelles
27 Baumgardner T. L., Reiss A. L., Freund L. S. & Abrams M. T. (1995). Specification of the
Neurobehavioral Phenotype in Males with Fragile X Syndrome, Pediatrics, 95(5),
744-752.
138
Chapitre 10 – Autres syndromes découlant d’anomalies chromosomiques
l’autisme chez les personnes avec un syndrome de l’X fragile reste important
(environ 15 %)28.
5. Le syndrome de Williams
Le syndrome de Williams fut décrit pour la première fois en 1961 par le
Dr Williams29 et en 1962 par une équipe allemande composée de Beuren,
Apitz et Harmjanz30. Williams, Beuren et leurs collègues s’intéressaient à la
présence élevée de calcium dans le sang des patients. La pathologie porta le
nom de syndrome d’hypercalcémie infantile avant d’être renommée syndrome
de Williams (ou syndrome de Williams-Beuren).
Le syndrome de Williams est causé par une microdélétion de 1 500 000 paires
de base du locus q11.23 du chromosome 7.
L’apparition du syndrome de Williams chez des enfants peut survenir
sans que leurs parents en soient porteurs. De même, la naissance d’un enfant
avec un syndrome de Williams n’aurait aucune valeur prédictive quant à la
survenue du syndrome chez un autre membre de la fratrie.
Les personnes porteuses du syndrome de Williams présentent de nom-
breuses atteintes physiologiques : anomalies cardiovasculaires, hyperlaxité des
articulations, hypotonie, des troubles digestifs et éliminatoires.
Concernant les troubles cardiaques, le syndrome de Williams s’accompagne
d’une sténose aortique supravalvaire, d’une sténose des vaisseaux sanguins,
d’une artériosclérose ou d’une hypertension.
Le syndrome de Williams est reconnaissable à des caractéristiques faciales :
un grand front, des joues pleines, une grande bouche avec une lèvre inférieure
éversée, une pointe du nez bulbeuse, des cernes pleins et une hypoplasie malaire.
Le syndrome de Williams entraîne des troubles sensoriels. Les personnes
peuvent présenter une ésotropie (convergence des yeux vers l’intérieur) et
une hyperopie peut perturber la vision. Le syndrome de Williams peut aussi
s’accompagner d’une hyperacousie. Les personnes manifestent des réactions de
peur ou d’angoisse face à des sons quelconques. À l’âge adulte, une désensibi-
lisation est possible et les environnements sonores peuvent être mieux tolérés.
À la naissance, les nourrissons avec un syndrome de Williams ont un poids
et une taille inférieurs à la norme. Des retards au niveau de l’acquisition du
langage et de la motricité sont observés. Cependant, une fois le langage acquis,
28 Feinsteine C. & Reiss A. L. (1998). Autism: The point of view from fragile X studies. Journal
of Autism and Developmental Disorders, 28, 393-405
29 Williams J. C., barrett-Boyes B.G. & Lowe J. B. (1961). Supravalvular aortic tenosis. Circu-
lation, 24, 1311-1318.
30 Beuren A. J., Apitz J. & Harmjanz D. (1962). Supravalvular aortic stenosis in association
with mental retardation and a certain facial appearance. Circulation, 26, 1235-1240.
139
Déficiences intellectuelles
6. Syndrome de Smith-Magenis
Le syndrome de Smith Magenis résulte d’une délétion d’une portion du
chromosome 17 (il s’agit de la région dénommée 17p11.2). Cette anomalie
n’est pas héréditaire. Ainsi, la présence d’un enfant porteur du syndrome ne
31 Tager-Flusberg H., Boshart J. & Baron-Cohen S. (1998). Reading the windows to the soul:
Evidence of domain-specific sparing in Williams syndrome. Journal of Cognitive Neuros-
cience, 10, 631-639
140
Chapitre 10 – Autres syndromes découlant d’anomalies chromosomiques
32 Zori R. T., Lupski J. R., Heju Z., Greenberg F., Killian J. M., Gray B. A. et al (1993). Clinical,
cytogenetic, and molecular evidence for an infant with Smith-Magenis syndrome born
from a mother having a mosaic 17p11.2p12 deletion. American Journal of Medical Genetics,
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33 Greenberg F., Lewis R. A., Potocki L., Glaze D., Parke J., Killian J., Murphy M. A., et al
(1996). Multi-disciplinary clinical study of Smith-Magenis syndrome: A possible
contiguous-gene syndrome associated with del(17)(p11.2). American Journal of Human
Genetics, 49, 1207-1218
34 Finucane B. M., Jaeger E. R., Kurtz M. B., Weinsteine M. & Scott C. I. (1993). Eye abnor-
malities in the Smith-Magenis contiguous gene deletion syndrome. American Journal of
Medical Genetics, 45, 443-446.
35 Greenberg F., Lewis R. A., Potocki L., Glaze D., Parke J., Killian J., Murphy M. A., et al
(1996). Multi-disciplinary clinical study of Smith-Magenis syndrome: A possible conti-
guous-gene syndrome associated with del(17)(p11.2). American Journal of Human Gene-
tics, 49, 1207-1218
141
Déficiences intellectuelles
36 Smith A. C., Dykens E. & Greenberg F. (1998). Sleep disturbance in Smith-Magenis syn-
drome. American Journal of Medical Genetics, 81, 186-191
37 Greenberg F., Guzetta V., De Oca-Luna R. M., Magenis R. E., Smith A. C. M., Richter S. F.
et al (1991). Molecular analysis of the Smith-Magenis syndrome: A possible
contiguous-gene syndrome associated with del(17)(p11.2). American Journal of Human
Genetics, 49, 1207-1218.
142
Chapitre 10 – Autres syndromes découlant d’anomalies chromosomiques
38 Dykens E. M., Finucane B. M. & Gayley C. (1997). Brief report: Cognitive and behavioral
profiles in persons with Smith-Magenis Syndrome. Journal of Autism and Developmental
Disorders, 27, 203-211.
39 Osório A., Cruz R., Sampaio A., Garayzábal E., Carracedo A., Fernández-Prieto M. (2012).
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40 Dykens E. M., Finucane B. M. & Gayley C. (1997). Brief report: Cognitive and behavioral
profiles in persons with Smith-Magenis Syndrome. Journal of Autism and Developmental
Disorders, 27, 203-211.
143
Déficiences intellectuelles
7. Syndrome de DiGeorge
ou syndrome de délétion 22q
Le syndrome de DiGeorge correspond à une anomalie chromosomique.
Le chromosome 22 subit une délétion sur l’une de ces parties.
Bien que le syndrome ait été décrit dès les années 1950 (une première fois
par le Dr Sedlackova, puis par le Dr DiGeorge), la délétion ne fut repérée qu’au
cours des décennies 1980-1990. Le syndrome est également nommé Syndrome
de délétion 22q11.2, en référence à la partie impactée du chromosome 22.
La pluralité des symptômes observés fait que le syndrome a connu plu-
sieurs dénominations. Des signes sont communs tandis que d’autres ne se
manifestent que chez certains patients.
Le syndrome de délétion 22q11.2 soulève encore de nombreuses inter-
rogations. Le nombre et l’ampleur des symptômes ne semblent ni dépendre
de la position ni de la taille de la délétion sur le chromosome. Ainsi, lors
d’expériences sur les rongeurs pendant lesquelles les chercheurs recréent la
délétion, il est observé que seule une partie des souris présente des symptômes
visibles41. Par ailleurs, certains patients présentent les signes cliniques typiques
du syndrome sans que la délétion au niveau du chromosome 22 soit détectée
par les tests standards. Les questions relatives à la présence d’autres sites de
délétion, de mécanismes génétiques, d’interactions avec d’autres facteurs ou
d’autres syndromes ayant un impact négatif sur le développement ou d’un
mosaïsme restent ouvertes42.
La délétion apparaît de novo dans la majorité des cas. Toutefois, il semble
que 10 % des personnes aient « hérité » de cette délétion de l’un de leurs
parents (celui-ci pouvant porter cette délétion sans en montrer de signes
cliniques). Dans tous les cas, il apparaît que la délétion survient avant la
conception, probablement pendant la gamétogenèse, soit dans la formation
de l’ovule ou des spermatozoïdes43.
Les personnes porteuses du syndrome ont des caractéristiques physiques
similaires. Elles ont des fentes palpébrales étroites, de petites oreilles, un nez
proéminent avec pointe bulbeuse, une petite bouche, des mâchoires étroites,
un hypertélorisme. Les individus peuvent aussi présenter une fente palatine
ainsi qu’une luette bifide. Ils souffrent également d’une insuffisance vélopha-
ryngienne responsable de troubles de l’oralité et respiratoires.
144
Chapitre 10 – Autres syndromes découlant d’anomalies chromosomiques
44 Gerdes M., Solot C., Wang P. P., McDonald-McGinn D. M. & Zackai E. H. (2001). Taking
advantage of early diagnosis: Preschool children with the 22q11.2 deletion. Genetics in
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145
Déficiences intellectuelles
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48 Chow E. W. C., Zipursky R. B., Mikulis D. J. & Bassett A. S. (2002). Structural brain abnor-
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49 Eliez S., Blasey C. M., Schmitt E. J., White C. D., Hu D. &Reiss A. L. (2001). Velocardiofa-
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to schizophrenia? American Journal of Psychiatry, 158, 447-453.
50 Swillen A., Vogels A., Devriendt K. &Fryns J. P. (2000). Chromosome 22q11 deletion syn-
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51 Shprintzen R. J., Goldberg R. B., Young D., and Wolford L. (1981). The velo-cardio-facial
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52 Kok L. L. & Solman R. T. (1995). Velocardiofacial syndrome: Learning difficulties and
intervention. Journal of Medical Genetics, 32, 612-618.
146
Chapitre 10 – Autres syndromes découlant d’anomalies chromosomiques
8. Le syndrome de Turner
Le syndrome de Turner fait partie des pathologies causées par des anomalies
au niveau du chromosome sexuel X.
Les premières descriptions du syndrome ont été faites par O. Ulrich en
1930, puis H. Turner en 1938. Turner évoque un syndrome d’infantilisme
sexuel accompagné d’une petite stature, d’un cubitus valgus ainsi que d’un
cou à l’aspect palmé58.
En 1959, Ford et son équipe identifient la cause génétique du syndrome
de Turner : l’absence d’un chromosome X59. Cette absence découlerait d’une
erreur au moment de la division des cellules reproductrices. Cette anomalie se
produit de façon aléatoire. Le Syndrome de Turner peut également survenir
53 Swillen A., Vogels A., Devriendt K. &Fryns J. P. (2000). Chromosome 22q11 deletion syn-
drome: Update and review of the clinical features, cognitive-behavioral spectrum, and
psychiatric complications. American Journal of Medical Genetics, 97, 128-135.
54 Goldberg R., Motzkin B., Marion R., Scambler P. J. &Shprintzen R. J. (1993). Velo-cardio-
facial syndrome: A review of 120 patients. American Journal of Medical Genetics, 45,
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55 Murphy K. C., Jones L. A. &Owen M. J. (1999) High rates of schizophrenia in adults with
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56 Gothelf D., Frisch A., Munitz H., Rockah R., Laufer N., Mozes T. Hermesh H., Weizman
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59 Ford C. E., Jones K. W., Polani P. E., de Almeida J. C. & Briggs J. H. (1959). A sex-chromo-
some syndrome anomaly in a case of gonadal dysgenesis (Turner syndrome). The Lancet,
1, 711-713.
147
Déficiences intellectuelles
chez des femmes ayant deux chromosomes X, mais dont l’un est fortement
altéré.
Le gène responsable de la survenue du syndrome n’a pas encore été iden-
tifié. Il est toutefois possible qu’il s’agisse du gène SHOX placé à l’extrémité
du chromosome X. Ce gène est impliqué dans le développement du squelette
et la croissance des os (principalement ceux des bras et des jambes)60.
Sur le plan physique, à la naissance, les femmes ont un retard staturo-pondéral,
un œdème présent sur le dos de la main et du pied et la présence de plis de peau
au niveau de la nuque. Les autres caractéristiques physiques sont une mâchoire
avec une petite mandibule, des oreilles décollées, des cheveux positionnés très bas
au niveau de la nuque, un pli épicanthique, un palais arqué, un torse large avec
un espace important entre les deux tétons, ainsi que des ongles hyperconvexes.
Le syndrome de Turner peut également être associé à des troubles car-
diaques (notamment des anomalies telles que la dilatation ou la coarctation de
l’aorte qui est un rétrécissement de celle-ci dans sa portion descendante) ainsi
que de l’hypertension61. Des troubles sensoriels peuvent aussi être observés
chez certaines personnes.
Cependant, toutes ces malformations ne sont pas systématiquement
repérées chez les personnes porteuses du syndrome de Turner. Il existe des
formes mosaïques pour lesquelles les anomalies propres au syndrome sont
quasi-absentes62.
La maturation sexuelle ne survient pas à l’entrée dans l’adolescence. Le
niveau bas d’œstrogènes entraîne le non-développement de la poitrine, une
aménorrhée ainsi qu’une infertilité. Toutefois, pour environ 10 % des personnes
porteuses du syndrome, une puberté survient, mais l’insuffisance ovarienne fait
qu’une stérilité s’installe après quelques cycles menstruels. Pour ces quelques
femmes et pour celles ayant recours au don d’ovocyte ou à une assistance médi-
cale à la procréation, une grossesse est physiologiquement possible. Cependant,
le risque de la survenue de complications pendant la grossesse, mettant en péril
aussi bien la vie de la mère que celle du fœtus, est important63.
Les atteintes aux niveaux développemental, social et émotionnel varient
d’un individu à l’autre. Les femmes atteintes du syndrome de Turner présentent
60 Clement-Jones M., Shiller S., Rao E., Blaschke R. J., Zuniga A., Zeller R., Robson S. C.,
Binder G., Glass I., Strachan T., Lindsay S. & Rappold G. A. (2000). The short stature
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148
Chapitre 10 – Autres syndromes découlant d’anomalies chromosomiques
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149
Déficiences intellectuelles
9. La neurofibromatose de type 1
La neurofibromatose survient après que le gène NF1 (situé sur le chromo-
some 11) ait subi une mutation. Il en résulte une croissance et une
différenciation anormale des cellules et des tissus des systèmes nerveux cen-
traux et périphériques. La neurofibromatose s’accompagne de nombreuses
manifestations cliniques : la peau comporte des tâches, voire des nodules, et
des nodules de Lisch sont observables à la surface de l’iris.
Sur le plan neuropsychologique, les personnes porteuses de la neurofibro-
matose de type 1 présentent des troubles de la mémoire à court terme et de
la mémoire auditive. Les informations verbales sont correctement encodées
tandis que les informations non verbales ne parviennent pas à être stockées.
Les troubles des apprentissages sont relevés chez presque la moitié des
personnes. Des troubles au niveau des interactions sociales, ainsi que des
comportements auto- et hétéro-agressifs sont observés71. Les déficits lan-
gagiers sont modérés. Toutefois, des troubles au niveau de la construction
et de l’expression (articulation) sont repérés. Les D2ficits de l’intégration
visuospatiale sont fréquents.
70 MacCauley E., Kay T., Ito J. & Treder R. (1987). The Turner Syndrome: Cognitive Deficits,
Affective Discrimination, and Behavior Problems, Child Development, 58(2), 464-473.
71 Dalla Piazza S. & Dan B. (2001). Handicaps et déficiences de l’enfant, Bruxelles : De Boeck,
Questions de personnes.
150
Chapitre 11 11
151
Déficiences intellectuelles
2. Impacts de l’épilepsie
Les enfants épileptiques présentent des retards de développement, notam-
ment lorsque l’épilepsie survient durant le stade sensorimoteur. La survenue
de crises récurrentes en bas âge constitue le principal facteur de risque de
l’apparition d’une déficience intellectuelle (même si le développement avait
été normal jusque-là). Un seul épisode de status epilepticus (crise convulsive
d’une durée supérieure à 30 minutes) survenant avant l’âge d’un an peut
engendrer des séquelles cognitives qui se manifestent environ trois mois après
la convulsion. Les convulsions fébriles survenant dans la petite enfance (avant
21 mois) peuvent également entraîner des déficits. Cependant, ce retard intel-
lectuel ne s’observe pas systématiquement.
Les facteurs qui risquent d’avoir un effet néfaste sur le développement
cognitif, psychologique et social de l’enfant sont : une apparition précoce de
l’épilepsie, un faible contrôle des crises, la présence de plusieurs types de
crises, la polypharmacologie et la présence de lésions ou de malformations
du système nerveux central.
3 Chiron C. & Jambaqué I. (2001). Cerebral maturation and functionnal imaging. Dans
I. Jambaqué, M. Lassonde & O. Dulac (dir.), Neuropsychology of Childhood Epilepsy
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152
Chapitre 11 – Déficiences liées à l’épilepsie
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5 Stefanatos G. (2011). Changing Perspectives on Landau-Kleffner Syndrome, The Clinical
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153
Déficiences intellectuelles
154
Chapitre 11 – Déficiences liées à l’épilepsie
155
Chapitre 12 12
Déficiences intellectuelles
liées à des causes multiples
1. Hydrocéphalie
L’hydrocéphalie est causée par un excès de liquide cérébro-spinal. Bien que
l’hydrocéphalie ne soit pas une entité pathologique, elle est au carrefour de
plusieurs troubles cognitifs.
Deux types d’hydrocéphalie sont distingués : la première est dite
« non-communicante » en raison d’un obstacle observable sur la filière
ventriculaire, la seconde est nommée « communicante », car il n’y a pas
d’obstacle observable.
L’hydrocéphalie peut être aiguë (apparition brutale avec des symptômes
d’hypertension intracrânienne) ou bien chronique (l’apparition est progres-
sive et le patient présente des troubles moteurs, sphinctériens ainsi que des
symptômes démentiels). L’hydrocéphalie a des répercussions sur le cerveau en
cours de développement. Elle entraîne des malformations et réduit le volume
de matière grise et de substance blanche.
Des malformations du système nerveux central et des défauts du tube
neural (notamment lié au spina-bifida) sont à l’origine l’hydrocéphalie.
Une sténose aqueducale peut également être observée chez les personnes
hydrocéphales. De même, chez les grands prématurés, des hémorra-
gies intra-ventriculaires peuvent entraîner une hydrocéphalie. Enfin, la
malformation de Dandy-Walker comprend l’hydrocéphalie parmi ses
symptômes.
L’hydrocéphalie peut également survenir après la naissance, soit pendant
l’enfance, soit à l’âge adulte.
Les symptômes cognitifs sont hétérogènes et leur sévérité varie d’un indi-
vidu à l’autre. L’environnement a une influence positive ou négative sur
Chapitre 12 – Déficiences intellectuelles liées à des causes multiples
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Déficiences intellectuelles
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158
Chapitre 12 – Déficiences intellectuelles liées à des causes multiples
159
Déficiences intellectuelles
3. Maladie de Lesch-Nyhan
La maladie de Lesch-Nyhan est une maladie rare liée à l’accumulation d’acide
urique dans le sang. Le sang s’agglutine en cristaux dans diverses partie du
corps (entre autres, des calculs rénaux). Il s’agit d’une maladie récessive liée
au chromosome X et, plus précisément, à une mutation du gène HPRT-1
survenant sur la région q26-q27 du chromosome. Il en résulte une déficience
de l’enzyme hypoxanthine-guanine phosphoribosyltransferase (HGRT). Cette
enzyme est présente dans toutes les cellules et plus particulièrement celles du
cerveau (notamment des ganglions de la base). Le déficit en HGRT entraîne
une production excessive d’acide urique. Cette surproduction d’acide urique
13 Dobyns W. B., Andermann E., Andermann F., Czapansky-Beilman D., Dubeau F., Dulac
O., Guerrini R., Hirsch B., Ledbetter D. H., Lee N. S., Motte J., Pinard J-M., Radtke R. A.,
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15 Piccione M., Serra G., Consiglio V., Di Fiore A., Cavani S., Grasso M., Malacarne M., Pier-
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holoprosencephaly, American Journal of medical genetics, 158A(6), 1427-1433.
160
Chapitre 12 – Déficiences intellectuelles liées à des causes multiples
entraîne des troubles moteurs, des retards de croissance, une anémie ainsi
que les symptômes de la goutte16.
Il a été observé que certaines personnes présentent une déficience en
HGRT, une hyperuricémie ainsi que des troubles neurologiques, sans pour
autant montrer les signes comportementaux ou moteurs propres au syndrome
de Lesch-Nyhan. Cette présentation partielle du syndrome fait que ces per-
sonnes sont porteuses de variantes du syndrome de Lesch-Nyhan.
Des anomalies concernant le développement moteur apparaissent dans les
premiers mois de vie : perte d’équilibre et de tonus, mouvements inadaptés, etc.
L’efficience intellectuelle oscille entre une détérioration légère à moyenne.
Les principaux symptômes sont les comportements auto-agressifs. Ces
troubles sont suffisamment importants et spécifiques pour que Nyhan les
qualifie de « phénotypes comportementaux »17. Les personnes porteuses
du syndrome se mutilent les mains (y compris les doigts), la bouche et
les mucosités buccales. Elles peuvent également frapper leur tête ou leurs
membres contre des surfaces rigides, s’arracher les ongles, frapper leurs yeux
ou être sujettes aux vomissements psychogènes18. Les troubles anxieux, la
tendance à la coprolalie et l’hétéroagressivité sont d’autres signes pouvant se
manifester dans le syndrome de Lesch-Nyhan. Les troubles du mouvement
et les automutilations seraient liés à des anomalies dans la régulation de
la dopamine19.
L’avancée en âge et la maturation font que l’individu peut développer des
stratégies pour réguler ses troubles du comportement. Les comportements
d’automutilation sont maximisés par les troubles psychopathologiques. Ces
derniers devront donc être pris en charge en priorité. La chirurgie dentaire20,
l’utilisation de casques protecteurs ou d’outils de contention font partie des
méthodes employées pour prévenir les automutilations21.
La prise en charge comportementale montre de bons résultats face aux
comportements d’automutilation22. Les techniques d’extinction consistant à
16 Page T. & Nyhan W. L. (1989). The spectrum of HPRT deficiency: An update, Advances in
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17 Nyhan W. (1972). Behavioural phenotypes in organic genetic disease. Presidential address
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21 Ball T. S., Datta P. C., Rios M. & Constantine C. (1985), Flexible arm splints in the control
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161
Déficiences intellectuelles
4. Causes prénatales
La toxoplasmose est une infection causée par un protozoaire. Inoffensive
pour l’adulte, elle provoque une inflammation de la rétine, une calcifica-
tion cérébrale, un accroissement du tonus musculaire ainsi que des troubles
neurologiques.
La rubéole, contractée au cours de la grossesse, provoque des troubles
sensoriels (notamment de l’audition et de la vue), des troubles de la croissance
et des lésions osseuses.
Une incompatibilité des rhésus sanguins entre une mère à rhésus négatif
et un enfant à rhésus positif entraîne chez le fœtus des lésions neurologiques
(entre autres, au niveau des ganglions de la base).
Les maladies liées aux cytomégalovirus (herpès, varicelle, zona, virus
Epstein-Barr, etc.), ainsi que les maladies sexuellement transmissibles telles
que la chlamydia, la syphilis ou le VIH/SIDA entraînent des troubles neuro-
logiques, des handicaps sensoriels et une mortalité néonatale.
La malnutrition pendant la grossesse peut être responsable d’un retard de
croissance in utero et d’un faible poids de naissance. Elle a un impact sur le
risque de mort néonatale, des troubles neurologiques ainsi que des troubles
cognitifs et des apprentissages23.
5. Spina bifida
Le spina bifida correspond à une ouverture dorsale (postérieure) des
vertèbres associée à une atteinte plus ou moins prononcée de la moelle
épinière. L’étiologie du spina bifida est multiple. La déficience en acide
folique pendant la grossesse apparaît comme un des facteurs responsables
du spina bifida.
Le spina bifida peut être repéré avant ou juste après la naissance. Il entraîne
presque systématiquement des troubles moteurs, sphinctériens, ainsi que des
anomalies orthopédiques. Plus la lésion est située à un point élevé de la moelle,
23 Abu-Saad, K. & Fraser, D. (2010). Maternal nutrition and birth outcomes. Epidemiologic
Reviews, 32, pp. 5-25
162
Chapitre 12 – Déficiences intellectuelles liées à des causes multiples
plus les déficits seront importants24. Ainsi, une lésion à un point élevé entraîne
des malformations cérébrales importantes et conduit à une efficience intel-
lectuelle restreinte.
Les enfants avec un spina bifida au niveau lombaire et sacré montrent des
performances langagières efficientes. Par contre, ils ont des capacités percep-
tives et motrices limitées25.
Les enfants ayant un spina bifida ont des capacités de compréhension et
d’expression langagière hétérogènes. Ils peuvent comprendre et employer
des mots seuls sans être capables de les reconnaître lorsqu’ils sont parmi un
groupe de mots, de les utiliser dans des phrases ou de comprendre un texte
lu26. De même, ils montrent des compétences faibles en mathématiques et
en écriture. Ainsi, les jeunes enfants échouent à comprendre les concepts de
correspondance ou à utiliser le comptage manuel. Ce déficit est directement
lié aux troubles moteurs et perceptifs qui limitent le jeune enfant dans la
découverte de son environnement et ses premières expérimentations. Par
la suite, les capacités de l’enfant à retenir et résoudre des problèmes sont
perturbées par les troubles de la mémoire de travail27.
Au niveau neuropsychologique, la mémoire de travail, l’attention, les fonc-
tions exécutives sont touchées. Toutefois, les déficits varient d’un individu à
l’autre et peuvent même varier chez une même personne. Ensuite, les fonc-
tions cognitives étant connectées entre elles et dépendantes des compétences
psychomotrices, l’atteinte de l’un de ces éléments rejaillira sur l’ensemble.
Ainsi, les enfants ayant des atteintes au niveau du cervelet ont des capacités
perceptives limitées. Ils possèdent également des capacités de mémoire de
travail restreintes. Leur possibilité à prédire les conséquences de leurs actes sur
l’environnement sera moindre. En conséquence, ils auront des scores faibles
aux épreuves de discriminations visuelles ou de motricité avec des contraintes
temporelles28. Les enfants ayant un spina-bifida peuvent également présenter
un trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité.
La mortalité parmi les personnes ayant un spina bifida reste importante.
Les principales causes de décès sont les troubles cardiaques, rénaux, les
24 Fletcher J. M., Copeland K., Frederick J. A., Blaser S. E., Kramer L. A., Northrup H. et al.
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166
Chapitre 12 – Déficiences intellectuelles liées à des causes multiples
167
Déficiences intellectuelles
8. Négligences et maltraitances
Les comportements maltraitants ont été divisés en quatre catégories par
Trocmé44 et ses collègues. Ces catégories sont les négligences (non-reconnais-
sance et absence de réponse aux besoins de l’enfant), les violences physiques
et sexuelles ainsi que la violence psychologique.
Le retard de croissance d’origine non organique fait partie des consé-
quences de la maltraitance. Dans ce cas, un arrêt de croissance survient sans
qu’aucune cause organique ne soit trouvée. Le développement intellectuel est
amoindri chez les enfants victimes de maltraitances45. Ces enfants montrent
également des troubles du langage expressif.
Les mauvais traitements n’entraînent pas systématiquement des déficits
de l’efficience intellectuelle. Par contre, ils ont des répercussions sur le déve-
loppement affectif, moteur et neuropsychologique. Les enfants ayant vécu
des maltraitances physiques et des négligences sans atteintes physiques ont
une dextérité manuelle amoindrie comparativement à celle des enfants ne
partageant pas leur vécu traumatique. Les enfants maltraités montrent une
attention amoindrie. Il existe cependant des différences entre les enfants vic-
times de négligences et ceux ayant subi des abus physiques. Les premiers ont
des capacités faibles en attention auditive et visuelle tandis que les seconds
ont des capacités d’attention visuelle dans la norme46.
44 Trocmé N. M., MacLaurin B. J., Fallon B. A., Daciuk J. F., Billingsley D. A., Tourigny M.,
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Chapitre 13 13
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177
Déficiences intellectuelles
Hurley20. Selon ces auteurs, les symptômes se manifestent d’une façon par-
ticulière du fait des déficits développementaux et cognitifs. Par conséquent,
les troubles de l’humeur peuvent ne pas être repérés ou alors être confondus
avec des troubles du comportement21.
20 Sovner R. & Hurley A. (1983) Do the mentally retarded suffer from affective illness? Archives
of General Psychiatry 40, 61–7.
21 Tsiouris, J. A., Mann, R., Patti, P. J. and Sturmey, P. (2003), Challenging behaviours should
not be considered as depressive equivalents in individuals with intellectual disability. Jour-
nal of Intellectual Disability Research, 47, 14–21
22 Charlot L., Fox S., Silka V. R., Hurley A., Lowry M. A. & Pary R. (2007) Mood disorders,
Dans R. Fletcher, E. Loschen, C. Stavrakaki & M. First M. (dir.) Diagnostic Manual-
Intellectual Disability: A Clinical Guide for Diagnosis of Mental Disorders in Persons with
Intellectual Disability (DM-ID), New York: NADD press. (pp.170-173), New York: NADD
press.
178
Chapitre 13 – Aspects psychopathologiques et double diagnostic
179
Déficiences intellectuelles
Les troubles dépressifs sont plus importants chez les personnes déficientes
intellectuelles âgées23. La dépression au long cours entraîne des déficits cogni-
tifs chez les personnes ordinaires24. Ce phénomène s’observe également chez
les personnes déficientes intellectuelles. Des épisodes dépressifs chroniques
entraînent une augmentation des troubles cognitifs et comportementaux25.
La dépression peut également annoncer l’entrée dans une démence sénile26.
À âge égal, la dépression est davantage répandue chez les personnes triso-
miques 21 que chez les autres personnes déficientes intellectuelles27.
Les causes de la dépression sont les mêmes que celles des personnes ordi-
naires âgées : l’isolement social, la perte d’activité et de repères à la fin de la
vie professionnelle, la perte des habitudes de vie.
23 Devanand D. P., Nobler M. S., Singer T., Kiersky J. E., Turrett N., Roose S. P. & Sockeim
H. A. (1994). Is dysthymia a different disorder in ederly, American Journal of Psychiatry,
151, 1592-1599.
24 Gorwood P., Corruble E., Falissard B., Goodwin G. M., Med F. (2008)., Toxic Effects of
Depression on Brain Function: Impairment of Delayed Recall and the Cumulative Length
of Depressive Disorder in a Large Sample of Depressed Outpatients, The American Journal
of Psychiatry, 165(6), 731-739.
25 Harper D. C. & Wadsworth J. S. (1990). Dementia and depression in elders with mental
retardation. A pilot study, Research in Developemntal Disabilities, 11(1), 1977-1980.
26 Gurland B. (1997). Epidemiology of psychiatric disorders in ederly compared with younger
adults with learning disabilities, British Journal of Psychiatry, 170, 375-380.
27 Burt D. B., Loveland K. A. & Lewis K. (1992). Depression and the onset of dementia in
adults with mental retardation syndrome, American Journal of Mental Deficiency, 96,
502-511.
180
Chapitre 13 – Aspects psychopathologiques et double diagnostic
181
Chapitre 14 14
Le trouble obsessionnel
compulsif
2. Rappels théoriques
Le TOC1 s’articule autour de quatre points majeurs : l’obsession, la compul-
sion, l’anxiété et l’évitement.
Selon Mowrer2, le comportement obsessionnel est acquis dans un premier
temps par conditionnement classique et, dans un second temps, il est ren-
forcé et maintenu par un conditionnement opérant. Le rituel mis en place
par le patient vise à faire diminuer l’anxiété. Les obsessions sont causées
par des interprétations erronées surestimant l’importance des pensées, des
images mentales et des impulsions antisociales. Les interprétations de l’indi-
vidu sur ses pensées sont reliées à des schémas de danger, de responsabilité,
de culpabilité et d’infériorité. Ils sont des « grilles de lecture » selon lesquelles
le patient traite automatiquement les informations et d’où découlent les
rituels.
Mac Fall et Wollersheim3 estiment que les conduites obsessionnelles se
développent en deux temps. Dans un premier temps, le sujet perçoit un stimu-
lus auquel il associe la possibilité de la survenue d’un événement désagréable.
La surestimation du risque est basée sur des croyances personnelles. Il existe
quatre types de croyances obsessionnelles. Le premier est que les pensées
peuvent être source de malheurs. Le deuxième regroupe les pensées de per-
fection et de responsabilité. Le troisième concerne les fantasmes de culpabilité.
Le dernier s’axe autour de la pensée que les rituels permettraient de baisser
l’anxiété. Dans un second temps, le patient sous-estime sa capacité à gérer
sa peur. Il conserve un doute et éprouve un sentiment de perte de contrôle
qui contribue à l’émergence et au maintien des rituels et des ruminations
obsédantes.
183
Déficiences intellectuelles
compulsifs sans lien logique avec ce qui les préoccupe réellement. Par exemple,
le lavage compulsif des mains est traditionnellement associé à la pensée obsé-
dante d’être contaminé par des germes. Or, cela signifie avoir connaissance
de l’existence de germes, pouvoir être capable de se représenter le contact
avec ces germes comme étant potentiellement dommageable et de pouvoir
se représenter les conséquences d’une contamination. Enfin, il faut pouvoir
concevoir le lavage des mains comme étant un moyen de protection contre
la contamination. Les personnes déficientes intellectuelles peuvent être inca-
pables de mentaliser de tels liens de cause à effet. Elles peuvent avoir recours
au lavage des mains, car elles perçoivent que cet acte à un effet apaisant, sans
pour autant relier leurs gestes à une peur de la contamination. De même, elles
peuvent se laver les mains pour lutter contre la pensée obsédante et angois-
sante d’avoir mal fermé leur porte et d’être dévalisées. Ainsi, une obsession
qui déclencherait logiquement des compulsions de vérification aboutit à un
comportement de lavage.
La présence d’un handicap sensoriel peut également freiner la pose du
diagnostic approprié. En effet, une malvoyance peut limiter la mise en place
de compulsions de vérifications ou de nettoyage. De même, il sera difficile
pour un observateur extérieur de différencier des touchers répétitifs propres
à rassurer une personne malvoyante, des compulsions de vérifications ou
de répétition. Une personne malentendante ne pourra exprimer ses pensées
obsédantes que par le langage des signes.
Un défaut de compréhension des normes sociales peut également conduire
les personnes déficientes intellectuelles à ne pas comprendre en quoi leurs
compulsions peuvent perturber leurs proches. Ainsi, elles peuvent poser
les mêmes questions inlassablement sans percevoir l’agacement que celles-
ci provoquent. De même, elles peuvent se montrer agressives si elles sont
interrompues dans leurs rituels.
De plus, la fatigabilité importante des personnes déficientes intellectuelle
fait qu’elles ne peuvent pas consacrer autant de temps à leurs compulsions
que les personnes ordinaires.
Les risques de formuler un diagnostic de TOC faussement positif sont éga-
lement importants : des comportements d’emmagasinement d’objets peuvent
être confondus avec un TOC de collection.
184
Chapitre 14 – Le trouble obsessionnel compulsif
5 King R., Stavrakaki C. & Gedye A. (2007) Obsessive-Compulsive Disorder Dans R. Flet-
cher, E. Loschen, C. Stavrakaki & M. First M. (dir.) Diagnostic Manual-Intellectual Disabi-
lity: A Clinical Guide for Diagnosis of Mental Disorders in Persons with Intellectual
Disability (DM-ID)(pp.212-214). New York: NADD press.
185
Déficiences intellectuelles
186
Chapitre 14 – Le trouble obsessionnel compulsif
4. Abords thérapeutiques
Les techniques issues des TCC classiques peuvent être proposées aux per-
sonnes déficientes intellectuelles. Des adaptations peuvent être nécessaires
comme l’emploi de supports visuels ou l’appel à un tiers aidant.
En amont de la prise en charge, il est important de tenir compte des par-
ticularités de la personne déficiente intellectuelle.
Les personnes ayant le syndrome de Prader-Willi présentent un risque
accru de souffrir de TOC6.
De même, il sera important de distinguer les TOC des comportements
ritualisés des personnes avec un TSA7. De même, les personnes avec un TSA
peuvent développer des conduites répétitives autour de centres d’intérêts très
spécifiques. Il est alors important d’en tenir compte au moment du diagnostic
différentiel. Lorsqu’une thérapie est mise en place, il convient de cibler unique-
ment les obsessions et compulsions et non les comportements caractéristiques
du TSA8. Les TOC peuvent apparaître à un instant clef du développement ou
à une période particulière et de la journée et se résoudre spontanément9. Le
thérapeute tiendra compte des capacités et déficits neuropsychologiques de
la personne (notamment des troubles de l’attention, des troubles mnésiques
et du contrôle des impulsions).
Vera10 recommande d’utiliser des techniques d’exposition aux stimuli
anxiogènes avec prévention de la réponse. Les stimuli déclencheurs sont ana-
lysés en termes de force compulsive à déclencher le rituel. L’exposition répétée
au même stimulus entraînerait une anxiété de moins en moins intense et de
durée de plus en plus courte par habituation. Le patient doit régulièrement
s’entraîner par des exercices à domicile. Toutes les expositions et la prescrip-
tion de tâches à domicile sont établies sur un mode contractuel entre patient
et thérapeute. La thérapie cognitive est axée sur la conscience des obses-
sions et des neutralisations. La personne est exposée à ses pensées obsédantes
sans que la neutralisation soit possible, par la verbalisation de ses pensées et
6 Clarke, D. J., Boer, H., Whittington J., Holland, A., Butler, J. & Webb T. (2002). Prader-
Willi syndrome, compulsive and ritualistic behaviours: the first population-based survey,
The British Journal of Psychiatry, 180(4), 358-362.
7 Zandt, F., Prior, M. & Kyrios, M. (2007). Repetitive Behaviour in Children with High Func-
tioning Autism and Obsessive Compulsive Disorder, Journal of Autism and Developmental
Disorder, 37(2), 251-259.
8 Reaven, J. & Hepburn, S. (2003). Cognitive-behavioral treatment of obsessive compulsive
disorder in a child with Asperger syndrome, A case report. Autism, 7(2), 145-164).
9 Hollingsworth, C. E., Tanguay, P. E., Grossman, L., et al (1980). Long-term outcome of
obsessive—compulsive disorders in childhood. Journal of the American Academy of Child
and Adolescent Psychiatry, 19, 134 -144.
10 Vera L. (2004). Les troubles obsessionnels compulsifs. Dans B. Samuel-Lajeunesse, C. Mira-
bel-Sarron, L. Vera & F. Mehran (dir.). Manuel de théorie comportementale et cognitive
(pp113-24). Paris : Dunod.
187
Déficiences intellectuelles
11 Cottraux J. (2001). Les thérapies cognitives, comment agir sur nos pensées et nos émotions ?,
Paris : Retz.
188
Chapitre 14 – Le trouble obsessionnel compulsif
12 Cottraux J. (1998). Les ennemis intérieurs : Obsessions et compulsions. Paris : Odile Jacob,
p175
13 Hayes S. C. (2016). The Act in Context, The Canonical Papers of Steven C. Hayes, Oxford:
Taylor & Francis Group Ltd.
14 Brown F. & Hooper S. (2009). Acceptance and Commitment Therapy (ACT) with a lear-
ning disabled young person experiencing anxious and obsessive thoughts, Journal of Intel-
lectual Disability, 13(3), 195-201.
189
Chapitre 15 15
1. Rappel théorique
Les comportements addicts reposent sur un apprentissage par modeling,
conditionnement répondant et conditionnement opérant (les sensations
agréables induites par le produit constituent des renforçateurs positifs ;
l’échappement aux émotions déplaisantes permis par la consommation étant
un renforçateur négatif). Les biais cognitifs « sociétaux » jouent également
un rôle important.
Les attentes rationnelles et irrationnelles, associées au contexte social,
déterminent la mémorisation des effets du produit comme étant renforçante.
Il existe trois dimensions de la dépendance :
− Psychologique : le produit est utilisé pour ses effets psychotropes. Il a
une valeur « d’automédication » ;
− Comportementale : le conditionnement répondant, le contexte va déter-
miner l’envie du produit ;
− Physiologique : tempérance, abstinence.
191
Déficiences intellectuelles
2 Abbott, S. & Mcconkey, R. (2006). The barriers to social inclusion as perceived by people
with intellectual disabilities. Journal of Intellectual Disabilities, 10, 275-287.
3 Annand J. & Stavraki C. (2007) Substance-Related Disorders. Dans R. Fletcher, E. Loschen,
C. Stavrakaki & M. First M. (dir.) Diagnostic Manual-Intellectual Disability: A Clinical
Guide for Diagnosis of Mental Disorders in Persons with Intellectual Disability (DM-ID),
New York: NADD press, p 141
192
Chapitre 15 – Addictions avec substances
193
Déficiences intellectuelles
3. Abords thérapeutiques
La psychothérapie est axée, dans un premier temps sur le travail motiva-
tionnel. Il est important d’évaluer les connaissances de la personne sur sa
consommation et ses répercussions. Si la personne possède des capacités d’in-
trospection, de mémorisation et de planification limitées, l’aide d’un proche
pourra être demandée.
Il conviendra de déterminer si l’objectif à atteindre est un sevrage total ou
bien une consommation raisonnée. Il est important d’utiliser la technique du
shapping (décomposition de l’objectif principal en sous-objectif) afin de favo-
riser la motivation au changement et éviter le découragement de la personne
si elle est confrontée à un but inatteignable et donc à l’échec.
De même, au moment de la thérapie, il pourra être proposé au patient
de se fixer des mini-objectifs à remplir entre les séances. À chaque objectif
sera attribué un renforçateur positif. Le thérapeute sera attentif au fait que
le patient définit des buts réalistes et à sa portée. Les personnes déficientes
intellectuelles peuvent se fixer des objectifs soit trop bas, soit trop élevés.
Des objectifs faibles traduisent une faible estime de soi et des doutes dans
ses capacités. Ils forment également la base des prédictions autoréalisatrices.
Des objectifs élevés sont reflets d’angoisses de performance. En se fixant des
objectifs inatteignables, la personne provoque l’échec, ce qui paradoxalement
lui donne le sentiment de maîtriser l’échec.
Les objectifs rationnels fixés font l’objet d’un contrat thérapeutique
auquel souscrit le patient et dont les soignants et éducateurs sont témoins5.
La personne est invitée à réfléchir sur sa manière de s’alimenter et de boire
d’une manière générale et d’envisager des changements si besoin. La tenue
d’un carnet alimentaire sera nécessaire. Celui-ci pourra être rempli par la
personne déficiente intellectuelle seule ou en compagnie d’un soignant ou
d’un éducateur référent.
Le thérapeute réalise avec le patient une analyse fonctionnelle autour de
ses comportements addicts. L’accompagnement d’un soignant ou éducateur
référent peut être nécessaire. Le thérapeute et le patient listent les situations
déclenchant le comportement addict. Les comportements addicts des personnes
déficientes intellectuelles peuvent paraître « automatisés » (cigarettes prises à
heures fixes, alcool consommé sans émotions ou pensées identifiables, etc.).
5 Corso, D. (2010) Aide aux fumeurs et publics déficients : Développement d’un module de
mise en projet destiné aux résidents fumeurs d’une institution hébergeant des personnes
affectées par la déficience mentale. Exploration de stratégies visant à mobiliser l’équipe édu-
cative ainsi qu’à soutenir la dynamique au sein de la structure. (Mémoire présenté en vue
de l’obtention du Certificat de Tabacologie). Formation continue inter universitaire.
Bruxelles : FARES (Bruxelles).
194
Chapitre 15 – Addictions avec substances
195
Chapitre 16 16
1 Tribolet S. & Shahidi M. (2005). Nouveau précis de sémiologie des troubles psychiques, Paris,
heures de France
Chapitre 16 – Les troubles des conduites alimentaires
Surévaluation de l’apparence,
du poids et de leur contrôle
1.2. La boulimie
La boulimia nervosa comporte :
− Une absorption sur un temps limité d’une quantité de nourriture
importante ;
− Un sentiment de perte de contrôle ;
− Des comportements compensatoires inappropriés ;
− Une estime de soi influencée par le poids.
Les comportements compensatoires sont des symptômes « essentiels » à
la boulimie. En leur absence, il n’est pas question de boulimie (boulimia
nervosa), mais d’hyperphagie boulimique.
2 Fairburn C. G. (2008). Cognitive Behavior Therapy and Eating Disorders, New York:
Guilford Press, p. 21.
197
Déficiences intellectuelles
Sentiments dépressifs
Perte de contrôle
Accès boulimique
Vomissements forcés
1.3. La sitiomanie
Il s’agit d’un comportement impulsif, obligeant la personne à absorber une
quantité importante de nourriture. Ce qui distingue la boulimie de la sitioma-
nie est l’absence de considérations pour l’apparence corporelle chez ce dernier.
198
Chapitre 16 – Les troubles des conduites alimentaires
1.4. Le craving
Le craving3 est le désir ardent pour un aliment. Contrairement au boulimique,
la personne souffrant de craving ne se tournera que vers son aliment de
prédilection (la personne boulimique, au contraire, peut avaler pendant ses
crises des aliments qu’elle n’apprécie pas en temps normal).
1.5. La gloutonnerie
La gloutonnerie (ou voracité) est l’avidité à manger excessivement et avec
rapidité. L’ingestion rapide de quantités importantes ou des corps étrangers
peut provoquer des étouffements. Ce type de comportement peut s’obser-
ver dans certains syndromes démentiels. Il s’agit alors d’une libération des
pulsions instinctives par manque de contrôle au niveau des fonctions intel-
lectuelles supérieures. Ce TCA s’observe conjointement à d’autres troubles
du comportement.
Chez les personnes déficientes intellectuelles, on peut également observer
ce type de TCA.
1.6. Le pica
Le pica désigne l’ingestion de substances non nutritives. Cette absorption est
inappropriée compte tenu du niveau de développement. Le comportement
ne représente pas une pratique culturellement admise.
D’après Carter4. et al., la capacité à distinguer ce qui peut être mangé de
ce qui ne l’est pas est liée aux apprentissages sociaux. En effet, des comporte-
ments de type Pica sont permis lors de rituels culturels ou religieux dans de
nombreuses communautés du globe5. Des TCA de type Pica peuvent égale-
ment être liés à des troubles anxieux, comme c’est le cas chez des animaux
domestiques vivants confinés6.
3 Tribolet S. et Shahidi M. (2005). Nouveau précis de sémiologie des troubles psychiques, Paris,
heures de France, p231
4 Carter, S.L, Mayton, M. R & Wheeler, J.J. (2004). Pica: a review of recent assessment and
treatment procedures. Education and training in developmental disabilities, 39 (4),
346-358.
5 Hunter, J. M. (1973). Geophagy in Africa and in the United States: A culture nutrition
hypothesis. Geographical review, 63 (2), 170-195.
6 Schubnel, E. & Arpaillange, C. (2008). Principaux troubles de comportement du chat
confiné. Pratique Médicale et Chirurgicale de l’Animal de Compagnie, 43(2), 63-70
199
Déficiences intellectuelles
200
Chapitre 16 – Les troubles des conduites alimentaires
2. Rappels théoriques
Les premières prises en charge des TCA sont basées sur le conditionnement
opérant11. Le patient reçoit des renforçateurs sociaux et matériaux en réponse
au comportement qu’il manifeste en présence de la nourriture et de la prise
de poids. Selon Cotraux12, la personne boulimique montre un lieu de maîtrise
(locus of control) externe. En effet, elle se perçoit comme étant soumise à son
environnement ou à ses impulsions.
Les crises de binge eating apparaissent dans un contexte cognitif et émo-
tionnel particulier13.Ces crises atténuent pendant un court laps de temps les
émotions pénibles et permettent à la personne de se couper de ses cognitions
négatives.
Fairburn conçoit la boulimie comme un château de cartes14. Le traite-
ment de la boulimie passe par l’identification et le remplacement de la carte
maintenant le trouble. Il classe les mécanismes renforçants le TCA en cinq
catégories15 :
− La surévaluation de l’importance de la silhouette et du poids ;
− La surévaluation du contrôle sur l’alimentation ;
− Les régimes restrictifs : la personne suit des règles « diététiques » rigides.
Ces méthodes ont pour effet de restreindre les quantités et le type
d’aliments consommés ;
− Les restrictions alimentaires : la personne mange de très faibles quantités ;
− Le fait d’être en sous-poids.
Les crises sont influencées par les événements et la réactivité émotionnelle
de la personne. La personne utilise son TCA comme stratégie de coping face
aux pensées et sentiments pénibles. Ce type de fonctionnement se retrouve
chez la personne ayant un TCA de type « purge ». Les personnes déficientes
intellectuelles présentent les mêmes préoccupations autour de leur apparence
que les neurotypiques. Ces interrogations peuvent être renforcées par la prise
de poids induite par les médications.
11 Bachrach, A. J., Erwin, W. J. & Mohr, J. P. (1965). The control of eating behavior in an
anorexic by operant conditioning techniques. Dans L. P. Ullmann, L. Krasner (dir.), Case
studies in Behavior Modification, (pp 153-163). New York, Holt, Rinehart and Winston.
12 Cottraux J. (2001) Les thérapies cognitives, comment agir sur nos pensées et nos émo-
tions ?, Paris : Retz, p207
13 Cottraux J. (2001) Les thérapies cognitives, comment agir sur nos pensées et nos émo-
tions ?, Paris : Retz, p208
14 Fairburn C. G., (2008). Cognitive Behavior Therapy and Eating Disorders, New York, NY,
the Guilford Press.
15 Fairburn C. G., (2008). Cognitive Behavior Therapy and Eating Disorders, New York, NY,
the Guilford Press, p93
201
Déficiences intellectuelles
3. Un comportement compensatoire
méconnu : le rectal purging
La volonté de contrôler l’expulsion des excréments est un élément relevé
régulièrement chez les patients souffrant de TCA. Ceux-ci peuvent avoir
recours aux laxatifs ou à d’autres méthodes16. Le comportement compen-
satoire consistant à évacuer manuellement les selles (rectal purging) est peu
connu. Nous relevons des exemples dans la littérature scientifique de cas de
patients souffrant de TCA et y ayant recours : « Je pense aussi à telle patiente
boulimique chez qui les vomissements étaient une manière de shunter le
passage par l’intestin et l’anus. Ou encore, cet homme obèse chez qui la
compulsion à manger mise au premier plan se doublait d’une constipation
permanente qui l’amenait à aller chercher à mains nues un bouchon fécal
récurrent…17 »
Les patients n’abordent pas spontanément ce comportement compensatoire.
Celui-ci est parfois découvert en dehors de la prise en charge psychothérapique
à l’occasion d’une consultation somatique. Ce cas a été décrit par Guerdjikova,
O’Melia, Riffe, Palumbo et McElroy18 qui exposent le cas d’une jeune femme
boulimique utilisant le rectal purging comme méthode pour compenser les
répercussions de son hyperphagie boulimique. L’utilisation excessive du doigt
pour induire la défécation entraîne un prolapsus rectal qui nécessite deux
chirurgies correctrices en quinze mois d’intervalle.
Le rectal purging semble présent chez les personnes déficientes intellec-
tuelles atteintes d’anorexie de type binge/purge, mais aussi pour les patients
avec une boulimie, et plus particulièrement ceux qui souffrent du syndrome
chronique de l’intestin irritable, de constipation chronique et d’abus de
laxatifs19.
Ces éléments laissent supposer que le rectal purging est un comportement
présent chez les patients ayant des TCA. Il n’est découvert qu’à cause des
complications somatiques qu’il entraîne ou lorsque les patients surmontent
leur appréhension pour en parler au soignant. Si les thérapeutes questionnent
systématiquement leurs patients sur leurs recours au rectal purging aussi bien
durant la prise en charge des TCA que lorsqu’ils sont accueillis dans les
16 Mitchelle, N. & Norris, M. N. (2013). Rectal prolapse associated with anorexia nervosa:
a case report and review of the literature. Journal of Eating Disorders, 1(39), doi:
10.1186/2050-2974-1-39
17 Bon, N. (2009). Animalus horribilis. Une pulsion détestée. Le Journal des psychologues,
6 (269), 70-74.
18 Guerdjikova, A. I., O’Melia, A., Riffe, K., Palumbo, T. and McElroy, S. L. (2012), Bulimia
nervosa presenting a rectal purging and rectal prolapse: Case report and literature review.
International Journal of Eating Disorders, 45, 456–459.
19 Malik M., Stratton J. & Sweeney W. B. (1997). Rectal prolapse associated with bulimia
nervosa: report of seven cases, Diseases of the Colon & Rectum, 40(11), 1382-1385.
202
Chapitre 16 – Les troubles des conduites alimentaires
203
Déficiences intellectuelles
204
Chapitre 16 – Les troubles des conduites alimentaires
205
Déficiences intellectuelles
5. Abords thérapeutiques
Les TCC des troubles des conduites alimentaires utilisent les techniques
suivantes20 :
− Mise en place d’un contrat thérapeutique dans lequel sont notés les
objectifs (augmentation et régulation de la prise alimentaire, (ré)intro-
duction des aliments évités, modification des modalités des repas et
supression des stratégies de contrôle) ;
− Le rétablissement d’une alimentation régulée ;
− La tenue d’un carnet alimentaire ;
− L’apprentissage de la relaxation. Le but est de diminuer l’anxiété liée
au repas, aux crises d’hyperphagie et aux répercussions corporelles des
prises alimentaires ;
− La mise en place de comportements alternatifs incompatibles avec la
boulimie et des comportements compensatoires. Il peut être demandé
au patient d’effectuer une relaxation ou un travail de restructuration
cognitive entre le binge eating et les vomissements ;
− L’exposition à la prise d’aliments anxiogènes, suivie de la prévention
des accès boulimiques. L’exposition aux aliments se fait de façon pro-
gressive et, dans un premier temps, sous la surveillance du soignant.
Par la suite, le patient est invité à reproduire l’exercice d’exposition
seul, sous autocontrôle ;
− La désensibilisation ;
− La restructuration cognitive. Celle-ci est centrée sur l’identification et
l’examen des croyances erronées autour du poids, de la forme corporelle,
des besoins nutritionnels, ainsi que sur l’efficacité des comportements
compensatoires ;
− Des entraînements aux habiletés sociales. Ces derniers peuvent être
effectués aussi bien lors de séances individuelles (techniques d’affirma-
tion de soi), qu’en groupe (repas pris avec le thérapeute pour favoriser
l’apprentissage vicariant et les habilités sociales).
Les programmes de traitements de l’obésité, associant composantes dié-
tétiques et thérapies cognitives et comportementales, sont reconnus comme
étant efficaces sur le long terme. Ils combinent une modification de l’alimen-
tation, du comportement et une augmentation de l’activité physique.
20 Divac, S. M., (2004). Les troubles du comportement alimentaire : Anorexie, Boulimie, Dans
B. Samuel-Lajeunesse, C. Mirabel-Sarron, L. Vera & F. Mehran (dir). Manuel de théorie
comportementale et cognitive, (pp 167-192), Paris : Dunod
206
Chapitre 16 – Les troubles des conduites alimentaires
207
Déficiences intellectuelles
22 Piazza, C. C., Hanley, G.P., Blackley-Smith, A. B. & Kinsman, A. M (2000). Effects of search
skill training on the pica of a blind boy. Journal of developmental and physical disabilities,
12, 35-41
23 Piazza C.C., Hanley G.P., Fisher W.W. (1996). Functionnal analysis and treatment of ciga-
rette pica, Journal of applied behavior analysis, 29, 437-450
24 Goh, H.L, Iwata, B.A., Shore, B.A., Deleon, I.G., Lermand, D.C., Ulrich, S.M. & Smith, R.G.
(1995). An analysis of the reinforcing properties of hand mouthing. Journal of applied
behavior analysis, 28, 269-283
208
Chapitre 16 – Les troubles des conduites alimentaires
25 Matson, J.L., Stephens, R.M. & Smith, C. (1978). Treatment of self-injurious behaviour
with overcorrection. Journal of mental deficiency research, 22, 175-178
26 Ferreri, S. J, Tamm, L. & Wier, K.G. (2006). Using Food Aversion to Decrease Severe Pica
by a Child with Autism. Behavior modification, 30, 456-471.
209
Chapitre 17 17
1 Wink L. K., Erickson C. A., Chambers J. E., McDougle C. J. (2010) Co-morbid intellec-
tual disability and borderline personality disorder: a case series, Psychiatry 73(3),
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2 Dosen, A. (2005). Applying the developmental perspective in the psychiatric assessment
and diagnosis of persons with intellectual disability: part II--diagnosis. Journal of Intellec-
tual Disability Research, 49(Pt 1), 9-15.
3 Boyd S. E. (2013) Personality and Personality Disorder in Adults with Intellectual Disabili-
ties, Theses and Dissertations-- Psychology. Paper 30. Doi: http://uknowledge.uky.edu/
psychology_etds/30
Chapitre 17 – Les troubles de la personnalité chez les personnes déficientes intellectuelles
face aux obstacles font partis des traits relevés lors d’évaluation de la person-
nalité des personnes déficientes intellectuelles4.
Ces caractéristiques trouvent leur origine dans les expériences psychoso-
ciales marquées par des échecs répétés, des brimades, du rejet ainsi que par
le manque de perspectives d’avenir offertes aux personnes en situation de
handicap. Par conséquent, les personnes déficientes intellectuelles sont plus
à risque de développer des troubles de l’humeur et de la personnalité.
1. La personnalité borderline
1.1. Rappel des critères diagnostics
de la personnalité borderline
− Efforts effrénés pour éviter les abandons (réels ou imaginés)
− Relations instables et intenses (alternance entre fusion et rejet, idéali-
sation et dévalorisation, passion et haine, etc.)
− Perturbation de l’identité
− Impulsivité avec une potentielle mise en danger
− Gestes suicidaires ou autoagressifs répétés
− Instabilité affective
− Sentiment chronique de vide
− Colères intenses
− Idées de persécutions ou symptômes dissociatifs transitoires lors de
périodes de stress
4 Ziegler E. & Burack J. A. (1989). Personality development and the dually diagnosed person,
Research in Developmental Disabilities, 10, 225-240.
211
Déficiences intellectuelles
5 Di Nuovo S. & Buono S. (2011). Behavioral phenotypes of genetic syndromes with intellec-
tual disability: comparison of adaptive profiles, Psychiatry Research, 189(3), 440-445.
6 Lindsay W. R., Dana L. A., Dosen A., Gabriel S. R. & Young S. (2007) Personality disorders,
Dans R. Fletcher, E. Loschen, C. Stavrakaki & M. First M. (dir.) Diagnostic Manual-Intel-
lectual Disability: A Clinical Guide for Diagnosis of Mental Disorders in Persons with Intel-
lectual Disability (DM-ID)(pp.322-323), New York: NADD press.
212
Chapitre 17 – Les troubles de la personnalité chez les personnes déficientes intellectuelles
213
Déficiences intellectuelles
8 Lew M., Matta C., Tripp-Tebo C., Watts D. (2006) Dialectical Behavior Therapy (DBT) for
Individuals with Intellectual Disabilities: A Program Description. Mental Health Aspects of
Developmental Disabilities. 9(1). 1-13.
214
Chapitre 17 – Les troubles de la personnalité chez les personnes déficientes intellectuelles
9 Charlton M. & Dykstra E. J. (2011) Dialectical Behavior Therapy for Special Populations:
Treatment with Adolescents and Their Caregivers, Dans R. J. Fletcher (dir.) Psychotherapy
for Individuals with Intellectual Disability. New York: The NADD Press, p. 23
215
Déficiences intellectuelles
Je prête attention
aux changements corporels
que cela entraîne (pleurs,
palpitations, etc.)
Je prête attention
à mon émotion
216
Chapitre 17 – Les troubles de la personnalité chez les personnes déficientes intellectuelles
10 Lew M., Matta C., Tripp-Tebo C. & Watts D. (2006). Dialectical Behavior Therapy (DBT)
for Individuals with Intellectual Disabilities: A Program Description, Mental Health
Aspects of Developmental Disabilities, 9(1), 1-13.
11 Charlton M. & Dykstra E. J. (2011). Dialectical Behavior Therapy for Special Populations:
Treatment with Adolescents and Their Caregivers. Dans R. J. Fletcher (dir.) Psychotherapy
for Individuals with Intellectual Disability. New York: The NADD Press, p. 27
217
Déficiences intellectuelles
12 Sakdalan J. A., Shaw J. & Collier V. (2010). Staying in the here-and-now: A pilot study on
the use of dialectical behaviour therapy group skills training for forensic clients with intel-
lectual disability, Journal of Intellectual Disability Research, 54(6), 568-572.
218
Chapitre 18 18
Pathologies
neuropsychologiques
en lien avec le vieillissement
chez les personnes
déficientes intellectuelles
Dans le présent chapitre, nous aborderons les troubles pouvant survenir avec
l’avancée en âge chez les personnes déficientes intellectuelles.
La longévité des personnes en situation de handicap s’est accrue. Au début
du xxe siècle, peu de personnes trisomiques dépassaient l’âge de 40 ans.
Actuellement, une personne porteuse de la trisomie 21 sur dix dépasse l’âge
de 70 ans. Leur espérance de vie demeure moindre que celle des personnes
ordinaires (notamment du fait des pathologies cardiaques auxquelles elles
sont particulièrement vulnérables).
L’avancée en âge s’accompagne de manifestations propres à chaque indi-
vidu. Elle coïncide avec l’amoindrissement de troubles du comportement
pour certains. Pour d’autres, les troubles psychologiques s’accentuent. Enfin,
l’apparition de troubles démentiels chez les personnes déficientes intellec-
tuelles apporte de nouveaux défis aux soignants.
219
Déficiences intellectuelles
Entre l’âge de 20 ans et celui de 100 ans, l’être humain perdrait 10 % de ses
neurones. Ensuite, une baisse du volume de la matière grise apparaît.
Le cerveau vieillissant « sain » et celui touché par la maladie d’Alzhei-
mer montrent certaines similitudes. Tous deux sont touchés par des plaques
séniles1. L’hippocampe, les lobes frontaux, pariétaux ainsi que la région cingu-
laire antérieure subiraient des dommages au cours du vieillissement normal.
Ces impacts restent moindres comparativement à ceux subis par ces mêmes
régions dans la maladie d’Alzheimer2.
La principale différence entre vieillissement normal et pathologique réside
dans la préservation et la qualité de la plasticité neuronale, des connexions
synaptiques et de l’arborisation dendritique3.
Un autre facteur déterminant est la consommation cérébrale en glucose
et en oxygène4.
Un modèle explicatif concernant les vieillissements normaux et patholo-
giques est celui de la réserve cognitive.
La réserve cognitive reposerait sur plusieurs éléments. Tout d’abord, des
facteurs biologiques incluant le volume cérébral, le nombre de neurones ou le
nombre de synapses5. Cette richesse anatomique aurait un effet protecteur
et permettrait de limiter l’impact négatif des plaques séniles6.
La flexibilité neuronale et la capacité à évoluer pour élaborer des stratégies
cognitives alternatives en cas de lésions seraient un autre aspect de la réserve
cognitive7.
Paradoxalement, alors qu’une réserve cognitive importante permet de
retarder l’apparition des symptômes des démences séniles, elle ne protége-
rait ni d’une détérioration accélérée une fois les symptômes déclarés ni d’un
décès prématuré du fait de la maladie.
220
Chapitre 18 – Pathologies neuropsychologiques en lien avec le vieillissement
221
Déficiences intellectuelles
9 Cooper S-A & Prasher V. P. (1998). Maladaptive behaviours and symptoms of dementia in
adults with Down’s syndrome compared with adults with intellectual disability of other
aetiologies, Journal of Intellectual Disability Research, 42(4), 293-300.
10 Jervis G. (1948). Early senile dementia in mongoloid idiocy. American Journal of Psy-
chiatry, 105, 102-106.
11 Guyonnet S., Delrieu J. & Vellas B.(2016) Alzheimer : pistes de recherche et perspectives in
Trivalle C. (2016) Gérontologie préventive, Eléments de prévention du vieillissement patho-
logique, Paris : Elsevier Masson, collection Abrégés, 3e édition, 87-106.
12 Lai F. &Williams R. S. (1989) A prospective study of Alzheimer disease in Down syndrome.
Archives of Neurology, 46, 849-853.
13 Ohr P. S. & Fagen J. W. (1991) Conditioning and long-term memory in three-mont old
infants with Down syndrome. American Journal on Mental Retardation, 96, 151-162.
222
Chapitre 18 – Pathologies neuropsychologiques en lien avec le vieillissement
tion sont semblables. Cependant, des retards sur le plan cognitif commencent
à apparaître dans la première décennie de vie. Les compétences des enfants tri-
somiques 21 dans les domaines du langage, de la phonologie et de la mémoire
auditive s’amoindrissent par rapport à celles de leurs pairs à l’âge scolaire.
Les plaques séniles sont d’abord observées sur les aires superficielles du
lobe frontal et du lobe temporal (plus précisément au niveau du cortex ento-
rhinal qui est impliqué dans la mémorisation et l’olfaction)14. Si dans un
premier temps, le cerveau tente de compenser les effets de la maladie, ses
capacités sont dépassées et les symptômes deviennent apparents et s’aggravent.
Les symptômes de la maladie d’Alzheimer chez les personnes trisomiques 21
se manifestent d’abord sur les plans émotionnels et comportementaux. Les
signes précoces se traduisent par un émoussement affectif et une perte de
la motivation. Ces éléments sont assez légers pour être confondus avec une
dépression. Par la suite, des symptômes neuropsychologiques, comme des
troubles de la planification, de la flexibilité ou de l’inhibition, apparaissent et
s’accentuent. Ces troubles exécutifs découlent de la déposition et de l’accu-
mulation précoce de plaques séniles dans le lobe frontal.
Les personnes trisomiques perdent progressivement leur capacité à effec-
tuer des tâches quotidiennes. Des signes de confusion et de désorientation
apparaissent. Des troubles de l’humeur (notamment une forte irritabilité)
s’accentuent. La coordination psychomotrice décline et une tendance à la
persévération est relevée.
L’épilepsie participe au déclin cognitif des personnes trisomiques 21. Elle
interfère dans le fonctionnement cognitif (notamment sur le plan attention-
nel). Les crises d’épilepsie entraînent une vulnérabilité et une augmentation des
dommages causés par la démence sénile. Par ailleurs, la maladie d’Alzheimer,
à un stade avancé, constitue un facteur de risque pour les crises d’épilepsie15.
Les sédatifs, les hypnotiques et les analgésiques peuvent induire des états
confusionnels, une perte de la mémoire immédiate ainsi qu’une léthargie chez
les personnes trisomiques 21 âgées.
L’emploi de neuroleptiques en réponse aux troubles du comportement
est une démarche thérapeutique répandue. Les antipsychotiques atypiques
montrent une efficacité face aux symptômes comportementaux de la maladie
d’Alzheimer16.
14 Azizeh B. Y., Head E., Ibrahim M. A., Torp R., Tenner A. J., Kim R. C., Lott I. T. & Cotman
C. W. (2000) Molecular dating of senile plaques in aged Down’s syndrome and canine
brains, Experimental Neurology, 163, 111-122.
15 Menéndez M. (2005) Down syndrome, Alzheimer’s disease and seizures, Brain and Deve-
lopment, 27(4), 246-252.
16 Lee P. E, Gill S. S, Freedman M., Bronskill S. E., Hillmer M. P., Rochon P. A. et al. (2004)
Atypical antipsychotic drugs in the treatment of behavioural and psychological symptoms
of dementia: systematic review BMJ ; 329 (7457), 75, doi: https://doi.org/10.1136/
bmj.38125.465579.55
223
Déficiences intellectuelles
17 Strydom A. & Hassiotis A. (2003) Diagnostic instruments for dementia in older people
with intellectual disability in clinical practice, Aging & Mental Health, 7(6), 431-437.
18 Deb S., Hare M., Prior L. & Bhaumik S. (2007) Dementia Screening Questionnaire for
Individuals with Intellectual Disabilities (DSQIID). British Journal of Psychiatry, 190,
440-444.
19 Agence de la santé et des services sociaux de la Montérégie. (2010) Questionnaire de repé-
rage de la démence chez les individus ayant une déficience intellectuelle. Traduction fran-
çaise du Dementia Screening Questionnaire for Individuals with Intellectual Disabilities,
(DSQIID), Shoumitro Deb, 2007, 440-444.
20 Gedye, A. (1995). Dementia Scale for Down Syndrome: The Manual. P.O. 39081, Point
Grey, Vancouver, Colombie-Brinannique, V6R 4P1.
21 Gedye, A. (1995). «Dementia Scale in Down’s syndrome» – Echelle d’évaluation de la
démence pour le syndrome de Down» version française 2000. Point Grey, Vancouver,
Colombie-Brinannique, V6R 4P1.
224
Chapitre 18 – Pathologies neuropsychologiques en lien avec le vieillissement
22 Signoret J.L., Bonvarlet M., Benoit N., Bolgert F., Eustache F., Leger J.M. (1988). Batterie
d’estimation des états démentiels ; description et validation. In Congrès de Psychiatrie et de
Neurologie de langue française, la maladie d’Alzheimer et ses limites, Paris : Masson,
265-270.
23 Jacus J. P., Martin C., Ailleret-Jean C., Courcet L., Delmotte-Tsocanakis G., Faraldi O. et al.
(2001). Vieillissement cognitif des psychotiques chroniques, La Presse Médicale, 30(25),
cahier 1, 1246-1252.
24 Freeman F. R. &Rudd S. M. (1982) Clinical features that predict potentially reversible pro-
gressive intellectual deterioration. Journal of the American Geriatrics Society, 30, 449-451.
25 Messaoudene A., Sbaï A. P. Ghillani-Dalbin M.-C., Diemert L., Sutton B. & Wechsler
L. (2003) A propos d’un cas de maladie de Waldenström révélé par un syndrome démentiel
pseudo-Alzheimer, Annales de Biologie Clinique, 61(1), 99-102.
26 Leigh H., Kramer S.I. (1984). The psychiatric manifestations of endocrine diseases.
Advance Intern Medecine, 29: 413-445
27 Brew B.J. (2004) Evidence for a change in AIDS dementia complex in the era of highly
active antiretroviral therapy and the possibility of new forms of AIDS dementia complex,
AIDS, 18(Suppl.1): S, 75-78.
225
Chapitre 19 19
La remédiation cognitive
1 Luria A.R. & Tsvetkova L.S. (1967). Les troubles de la résolution de problèmes. Paris : Gau-
thier Villars.
2 Büchel, F.P. &Büchel, P. (1995). Découvrez vos capacités, rEalisez vos possibilités, pLanifiez
votre démarche, soyez créatiFs. DELF : Un programme d’apprentissage pour adolescents et
adultes. Russin, Suisse : Centre d’Education Cognitive.
Chapitre 19 – La remédiation cognitive
3 Van Houten R., Axelrod S., Bailey J. S., Favell J. E., Foxx R. M., Iwata B. A. & Lovaas O. I.
(1988). The right to effective behavioral treatment, Journal of Applied Behavior Analysis,
21(4), 381-384
227
Déficiences intellectuelles
228
Chapitre 19 – La remédiation cognitive
5 Paour J-L., Bailleux C. & Perret P. (2009). Pour une pratique constructiviste de la remédia-
tion cognitive, Développements, 3(3), 5-14.
6 Rabiner, D. L., Murray, D. W., Skinner, A. T., & Malone, P. S. (2010). A randomized trial
of two promising computer-based interventions for students with attention difficulties.
Journal of Abnormal Child Psychology, 38(1), 131–142.
229
Déficiences intellectuelles
2. Le rôle du thérapeute
dans la remédiation cognitive
Il s’agit d’un quadruple rôle. Ceux-ci peuvent être tenus par deux profes-
sionnels distincts.
1) L’évaluation : le neuropsychologue procède à l’évaluation du participant.
À partir des résultats, il détermine ses points forts et faibles. Le pro-
gramme de remédiation cognitive et ses exercices seront administrés en
fonction des compétences à stimuler. Pour suivre l’évolution de la théra-
pie, des mesures à intervalles rapprochés sont effectuées. Le participant
7 Wass, S., Scerif, G., & Johnson, M. H. (2012). Training attentional control and working
memory – Is younger, better? Developmental Review, 32(4), 360–387.
230
Chapitre 19 – La remédiation cognitive
8 Wilson, B. A., Baddeley A., Evans J. & Shiel A. (1994) Errorless learning in the rehabilita-
tion of memory impaired people. Neuropsychological Rehabilitation: An International
Journal, 4 (3), 307-326.
9 John-Steiner V. & Mahn H. (1996). Sociocultural approaches to learning and development:
A Vygotskian framework. Educational Psychologist, 31(3-4), 191-206.
231
Déficiences intellectuelles
10 Volkmar F. R., Hoder E. L. & Cohen D. J (1985) Compliance, «Negativism» and the effect
of Treatment Structure in Autism: a naturalistic behavioral study. Journal of Child Psycho-
logy and Psychiatry, 26, 865-77
11 Burack J. A., Evans D. W., Klaiman C. & Iarocci G. (2001). The mysterious myth of atten-
tion deficits and other defect stories: Contemporary issues in the developmental approach
to mental retardation. Dans I. M. Glidden (dir.) International review of research in mental
retardation (Vol. 24, pp. 299-320). San Diego, CA: Academic Press.
12 Azouvi P., Brun V. & Pradat-Diehl P. (2006). Fonctions exécutives et rééducation. Paris:
Masson.
232
Chapitre 19 – La remédiation cognitive
La mise en place d’un tutorat entre élèves a des effets bénéfiques pour les
apprentissages et la réduction des troubles du comportement13. Ces amélio-
rations s’observent également chez les enfants avec un trouble de l’attention
avec ou sans hyperactivité.
233
Déficiences intellectuelles
21 www.cogmed.com
22 Soderqvist, S., Bergman Nutley, S., Ottersen, J., Grill, K. M., & Klingberg, T. (2012). Com-
puterized training of non-verbal reasoning and working memory in children with intellec-
tual disability. Frontiers in Human Neuroscience, 6, 271.
234
Chapitre 19 – La remédiation cognitive
3.2. Le RehaCom
Le programme RehaCom®26 a été conçu pour remédier aux déficits des
adultes cérébrolésés. Il peut être proposé à des personnes ayant des troubles
cognitifs et intellectuels légers ainsi qu’à des enfants. RehaCom® a été utilisé
pour évaluer les capacités attentionnelles de jeunes trisomiques 2127. Le pro-
gramme s’appuie sur des exercices informatiques et permet l’entraînement de
l’attention et de la concentration, de la mémoire topologique, des fonctions
exécutives au travers d’exercices de raisonnement logique, de planification
et de formation de concepts dans des situations écologiques. Le programme
propose vingt-quatre modules avec des exercices de difficultés variées s’adap-
tant aux capacités du participant à partir de ses réponses. Les performances,
le nombre d’erreurs et le temps nécessaire à la réalisation de chaque exercice
23 Bennett, S. J., Holmes, J., & Buckley, S. (2013). Computerized memory training leads to
sustained improvement in visuospatial short-term memory skills in children with Down
syndrome. American Association on Intellectual and Developmental Disabilities, 118(3),
179–192.
24 Salomone S., Fleming G. R., Shanahan J. M., Castorina M., Bramham J., O’Connell
R. G. & Robertson I. H. (2015). The effects of a Self-Alert Training (SAT) program in adults
with ADHD, Frontiers in Human Neuroscience, 9 (45), doi: 10.3389/fnhum.2015.00045
25 O’Connell R. G., Bellgrove M. A., Dockree P. M., Lau A., Fitzgerald M. & Robertson I. H.
(2008). Self-Alert training: volitional modulation of autonomic arousal improves sustained
attention. Neuropsychologia, 46, 1379–1390.
26 Schuhfried Ges G., Rehacom®. http://www.rehacom.fr/index.php/aboutrehacom
27 Abd El-Hady S. S., Adb El-Azim F. H. & Adb El-Azim Mohamed El-Talawy H. (2017).
Correlation between cognitive function, gross motor skills and health – Related quality of
life in children with Down syndrome, Egyptian Journal of Medical Human Genetics, In
Press, https://doi.org/10.1016/j.ejmhg.2017.07.006
235
Déficiences intellectuelles
236
Chapitre 19 – La remédiation cognitive
237
Déficiences intellectuelles
Le PEI comporte une carte cognitive qui permet d’analyser et d’interpréter les
performances de la personne selon sept critères (l’environnement, le langage, les
trois phases de l’acte mental, les opérations cognitives, les niveaux de complexité
et d’abstraction, le niveau d’efficacité avec lequel l’acte mental est accompli).
Il se compose d’exercices de type papier/crayon regroupés dans quatorze
cahiers correspondant chacun à des instruments (organisation de points,
orientation spatiale I et II, comparaisons, perception analytique, classification,
relations familiales, relations temporelles, progressions numériques, consignes,
syllogismes, relations transitives, représentation stencils design et illustra-
tions). Chaque instrument est dédié à la rééducation d’une fonction cognitive.
La formation est conçue à partir du niveau opératoire du participant ainsi
que de son objectif (par exemple, pouvoir suivre une formation de l’ensei-
gnement général ou occuper un emploi particulier). Les fonctions déficitaires
repérées lors de l’administration du LPAD sont travaillées. L’administration
des modules suit l’ordre chronologique des instruments.
Les sessions débutent par des explications fournies par le médiateur sur les
exercices et les objectifs de travail. Le participant est ensuite invité à résoudre
les exercices. Après cela, une phase d’échanges entre médiateur et participant
est proposée. Tout au long de l’exercice, le participant verbalise ses pensées,
ses stratégies de résolution de problèmes et recherche les méthodes les plus
efficaces. Au moment de la discussion de fin de session, le participant écoute
les stratégies alternatives proposées (soit par le médiateur, soit par des pairs
dans le cas de séances de groupe) et s’approprie la méthode lui paraissant la
plus appropriée.
La généralisation fait partie des buts poursuivis par le PEI. Le participant
est invité à déterminer, à partir des stratégies élaborées pendant l’exercice, une
règle applicable à des situations de travail ou de la vie courante. Un résumé
de la séance est ensuite effectué.
Avant de débuter le programme et à l’issue de celui-ci, le participant est
évalué à l’aide du LPAD.
La remédiation se déroule sur une longue période, le programme pouvant
représenter trois ans de formation comprenant deux à trois séances hebdo-
madaires d’une heure.
Plusieurs critiques ont été émises concernant la méthode de Feuerstein.
L’une d’elle est le fait que les améliorations reposent principalement sur la
personnalité du médiateur qui sait (ou non) stimuler et guider le participant
vers le but visé. Toutefois, de nombreux témoignages positifs à travers le
monde participent à la renommée du programme.
238
Chapitre 19 – La remédiation cognitive
35 Higele P., Hommage G. & Perry E. (1988). Ateliers de Raisonnement Logique – Exercices
progressifs pour l’apprentissage des opérations intellectuelles, livret du formateur, Nancy :
CAFOC Nancy-Metz.
36 Douet B. (2001). DDCP, Développement des Contenants de Pensée, Paris : ECPA.
239
Déficiences intellectuelles
37 Douet B. (2005). Prise en charge des déficiences et dysharmonies cognitives d’un double
point de vue cognitif et psychodynamique. Dans B. Vivicorsi & R. Collet (dir.). Handicap,
Cognition et prise en charge individuelle, Des aspects de la recherche au respect de la personne
(pp.163-177). Monts : Publications des Universités de Rouen et du Havre.
38 Douet B. (2004). La dimension thérapeutique d’une remédiation cognitive chez une enfant
sourde profonde, La psychiatrie de l’enfant, 47(2). 555-587.
39 Douet B. (2005). Prise en charge des déficiences et dysharmonies cognitives d’un double
point de vue cognitif et psychodynamique. Dans B. Vivicorsi & R. Collet (dir.). Handicap,
Cognition et prise en charge individuelle, Des aspects de la recherche au respect de la personne
(pp.163-177). Monts : Publications des Universités de Rouen et du Havre.
240
Chapitre 19 – La remédiation cognitive
7. Multistage Neuropsychological
assessment-intervention Model
Le Multistage Neuropsychological assessment-intervention Model40 (MNM)
a été conçu pour les enfants porteurs d’un trouble neuropsychologique ou
développementaux. Ce programme vise à lier évaluation et intervention
neuropsychologiques.
L’évaluation suit huit étapes :
1) Identification du problème : l’enfant est observé en situation concrète.
Ses proches ainsi que les professionnels le côtoyant (professeurs, édu-
cateurs, etc.) sont reçus en entretien pour aborder leur perception de
l’enfant et les difficultés que celui-ci peut rencontrer. Le problème
(qu’il s’agisse d’un trouble du développement, des apprentissages,
des conduites) est identifié, analysé et des pistes d’interventions sont
introduites. Le thérapeute évalue les ressources de l’environnement et
des proches de l’enfant. La décision d’une remédiation et le choix des
stratégies de réhabilitation sont pris.
2) Élaboration d’un plan d’intervention comportementale : à partir
des données recueillies lors de la première étape, un plan d’inter-
vention comportemental est établi. Celui-ci peut être réalisé par un
neuropsychologue ou bien par un professionnel de l’éducation. Les
comportements qui feront l’objet d’une prise en charge sont répertoriés.
Certains comportements ne seront sciemment pas travaillés. Ce choix
est opéré pour plusieurs raisons : la volonté de privilégier des cibles afin
de ne pas surcharger l’enfant ainsi que l’observation de l’évolution des
comportements bénéficiant de l’intervention par rapport aux compor-
tements non travaillés qui servent de « témoins ». Les outils écologiques
sont privilégiés. Le professionnel détermine le niveau scolaire atteint
par l’enfant, ses comportements en situation d’apprentissage et face à
la frustration. Les stratégies comportementales sont sélectionnées selon
les besoins et les objectifs de l’enfant (par exemple, des techniques de
self-control pour un enfant impulsif ou bien des stratégies d’organisa-
tion du travail). Les outils proposés viennent également répondre à des
objectifs pédagogiques (par exemple, enseigner à l’enfant des stratégies
de mémorisation). Un enfant plus âgé peut également être invité à
intervenir en tant que tuteur. Les outils comportementaux « classiques »
(tels que l’établissement d’un contrat thérapeutique avec un objectif
principal et des sous-objectifs ainsi qu’un temps d’intervention défini,
241
Déficiences intellectuelles
242
Chapitre 19 – La remédiation cognitive
41 Büchel F., Paour J.-L. (2005). Déficience intellectuelle : déficits et remédiation cognitive,
Enfance, 3(57), 227-240.
243
Déficiences intellectuelles
session hebdomadaire. Cette durée peut être aménagée selon l’âge et le han-
dicap des participants.
La médiation verbale joue un rôle prépondérant. En effet, à chaque étape
de travail, le participant est encouragé à formuler et expliciter ses pensées.
L’intervenant supervisant la mise en pratique du programme questionne et
relance régulièrement le participant.
Le but, in fine, n’est pas un accroissement de l’intelligence, mais une mobi-
lisation et utilisation plus efficace des processus cognitifs et métacognitifs.
Le programme a été proposé à des jeunes adultes déficients intellectuels42.
Il a montré des résultats encourageants.
Depuis 2011, DELF est devenu DELV43 et s’adresse tant aux enfants qu’aux
adultes. Le programme vise le renforcement de la métacognition et des capaci-
tés d’apprentissage via l’entraînement des fonctions exécutives. Il est composé
d’un module général et de deux modules de formation ciblant spécifiquement
la mémoire, le contrôle exécutif et les stratégies d’analyse et d’apprentissage.
Le participant doit élaborer des stratégies afin de résoudre au mieux les
problèmes posés par chaque exercice. Pour cela, il peut avoir recours à dif-
férents processus cognitifs (décomposer la tâche, résumer, encoder, répéter,
comparer, classer et apparier, intégrer des informations à d’autres connais-
sances, etc.), à des stratégies cognitives et métacognitives (planifier, contrôler
ses gestes, adapter ou changer de stratégies, gérer ses ressources attention-
nelles, employer les données stockées en mémoire à long terme…).
La centaine d’exercices composant le DELV sont constitués de textes,
d’images à décomposer, à étudier et à manipuler mentalement (illusions
d’optique, superposition ou rotation d’images, énoncés faisant appel à l’ima-
gination et la représentation mentale de séquences de mouvements, etc.).
Les énoncés comportent des instructions variées pouvant être complétées
par des informations supplémentaires pour aiguiller le participant dans son
raisonnement. À la fin de chaque exercice, il est explicitement demandé au
participant d’expliciter la stratégie qu’il a choisie, de déterminer pourquoi
celle-ci s’avérait être la plus adaptée et de réfléchir à sa transposition pour
résoudre des problèmes scolaires. Enfin, des questions sur le fonctionnement
cognitif et émotionnel de l’apprenant viennent le faire réfléchir sur sa façon de
gérer ses ressources intellectuelles dans et en dehors des situations d’appren-
tissage ainsi que de prendre conscience de ses stratégies pour résoudre ses
propres tensions internes.
42 Strasser, D., & Büchel F.P. (1998). Formation métacognitive dans un centre de formation
professionnelle pour jeunes filles présentant un handicap mental. Dans F.P. Büchel, J.L.
Paour, Y. Courbois, & U. Scharnhorst (dir.), Attention, mémoire, apprentissage. Études sur
le retard mental (pp. 141-152). Lucerne : Edition SZH/SPC.
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Chapitre 19 – La remédiation cognitive
253
Conclusion
Complémentarité entre
la neuropsychologie et les TCC,
de la remédiation des troubles
à l’auto-détermination
255
Déficiences intellectuelles
256
Conclusion
La remédiation cognitive
en vue de l’empowerment
et de la désinstitutionalisation ?
En Amérique du Nord, les années 1970 et 1980 ont vu apparaître le concept
de « normalisation ». La normalisation vise à ouvrir l’accès aux personnes
déficientes intellectuelles aux mêmes services que les personnes ordinaires4.
Bien que les actions menées depuis les années 1970 jusqu’à la loi de 2005
pour l’égalité des droits et des chances5 tentent de favoriser l’accueil des per-
sonnes en situation de handicap dans la cité, la vie en hôpital demeure une
réalité pour un nombre important de personnes déficientes intellectuelles en
Europe et en France6.
257
Déficiences intellectuelles
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