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ANOREXIE MENTALE

I - EPIDEMIOLOGIE.
! Ca touche les jeunes femmes entre 18 et 24 ans (surtout vers 15 et 18 ans).
! 90 % sont des femmes.
! Le nombre de nouveaux cas par an est de 15 pour 100.000 pour les femmes et 2 pour 100.000
pour les hommes (USA).
! Pour les formes légères: 10 % des jeunes filles brillantes.

II - ETUDE CLINIQUE.
! Triade symptomatique.
" Amaigrissement.
# Souvent spectaculaire, qui dépasse souvent de 25% du poids initial (jusqu'à 50
% du poids initial).
# A la première consultation, la perte de poids est déjà très importante.
# La jeune fille a un corps très efflanqué et osseux.
# Les réserves graisseuses ont disparu.
# Les joues sont creuses.
# Les yeux sont enfoncés dans les orbites.
# Il y a aussi une fonte musculaire.
# Les membres ont l'aspect de baguettes de tambour.
# La jeune femme porte des vêtements amples.
# Il y a parfois des œdèmes de carence.
# Les cheveux sont secs et ternes.
# Les extrémités sont pales, cyanosées, froides, moites.
# La tension artérielle est basse.
# Le pouls est ralenti.
# Hypertricose: les poils du corps ont beaucoup poussé.
# Constipation fréquente.
# La patiente a une méconnaissance de l'amaigrissement et une absence totale
d'inquiétude sur leur état de santé.
# Elles sont ravies d'être maigres.
# A la base, elles ont un trouble important de la perception de leur corps.
# Elles vérifient tout en permanence.
# Elles se pèsent après chaque repas.
# Il y a parfois des dysmorphophobies.
" Anorexie.
# C'est une conduite active de restriction alimentaire.
# Cette restriction alimentaire est une véritable lutte contre la faim.
# Elles ont un intérêt démesuré pour tout ce qui a trait à la nourriture.
# Le repas commence par un tri des aliments, puis un grignotage par portion
infinie, mâchonnement interminable, un rejet clandestin des aliments.
# Il y a souvent une consommation de coupe faim, d'anorexigènes.
# Après un repas, il y a des vomissements prolongés.
# Souvent il y a une prise de laxatifs et de diurétiques.
# Potomanie: ingestion de beaucoup d'eau par jour (plus de 10 litres d'eau par
jour).
# Mérycisme: le fait de ruminer ses aliments. Cela traduit des troubles psychiques
majeurs.
" Aménorrhée.
# Cela survient toujours à un moment de l'évolution.
# Quelquefois dés le début de l'anorexie.
# Aménorrhée primaire: chez une jeune femme qui n'a jamais eu ses règles.
# Aménorrhée secondaire: chez une jeune femme qui a eu ses règles.
# Arrêt de 3 mois chez les règles régulières.
# Arrêt de 6 mois chez les règles irrégulières.
! Autres signes.
" Absence de troubles mentaux majeurs.
# Pas de troubles psychotiques.
# Pas de phobie alimentaire.
" Vie relationnelle.
# Elle va maintenir une relation de dépendance et d'attachement aux êtres
investis.
# Ensuite elle va essayer de nier ses liens par une attitude d'auto suffisance.
# Ensuite elle va reprendre un lien avec des êtres investis mais sur un mode
manipulatoire et quasiment sado masochiste.
# Si elle noue une relation amoureuse et si elle sent qu'elle s'investit dans cette
relation, elle va casser cette relation.
" Sexualité.
# Elle est massivement refoulée et totalement désinvestie.
# Il n'y a aucun désir sexuel, aucun désir de masturbation.
# Si une activité sexuelle existe, elle se fait sans plaisir.
# Le comportement de séduction est fréquent.
" Fonctionnement intellectuel.
# Il est généralement excellent.
# Les résultats scolaires sont excellents.
# Il y a un refuge dans l'intellectualisme pur.
# Il y a une boulimie intellectuelle.
# Quand la conduite anorexique s'estompe, il y a des difficultés de concentration.
" L'humeur.
# L'humeur n'est jamais au premier plan du tableau.
# On observe certains mouvements dépressifs quand elles se mettent à faire des
accès boulimiques ou quand elles abandonnent leur anorexie.
" Caractéristiques familiales.
# Les mères sont des personnes dominantes, rigides, tyranniques, peu
chaleureuses et souvent des femmes dépressives.
# Les pères sont souvent effacés, soumis, incapables de faire preuve d'autorité.
! Eléments cliniques et évolution.
" Phase de début.
# Elle est souvent réactionnelle à un événement ou à un changement dans un
mode de vie: changement de lycée, de domicile ou dans la famille.
# Remarques sur l'aspect corporel de l'entourage.
# L'anorexique va toujours prétexter un régime alimentaire.
# Parfois il y a des éléments dépressifs.
" Deuxième phase.
# Phase "optimiste".
# Les parents sont rassurés par rapport au discourt logique de leur fille.
# Les parents se font involontairement complices de leur fille.
# La maigreur de la jeune fille va renforcer le sentiment de contrôle de soi même
et des autres.
" Troisième phase.
# Souvent les parents ont une activité frénétique.
# Il y a parfois des troubles dépressifs et des moments d'angoisse.
# Parfois il y a des conduites boulimiques.
# Cette phase peut durer plus longtemps avec parfois des périodes d'amélioration.
# Sinon cela peut amener à une cachexie (stade terminal).

III - RELATIONS AVEC LA BOULIMIE.


! La moitié des anorexiques ont des crises de boulimie avec des vomissements provoqués après.
! Certaines anorexiques vont devenir boulimiques.

IV - FORMES CLINIQUES.
! Anorexie mentale du garçon.
" 10 % des cas.
" Survient généralement chez l'adolescent.
" Cela va entraîner un retard de développement statural et pubertaire.
" Il y a beaucoup de formes précoces (12 - 13 ans).
" Elle succède souvent à une obésité.
" Les parents sont pathologiques, c'est plus caractéristique que chez la jeune fille.
" Perte de la libido et de toute érection.
" Evolution vers la schizophrénie (parfois).
" Cela s'associe souvent à des conduites pathologiques: alcoolisme, toxicomanie,
délinquance.
" Les anorexiques n'ont pas l'esprit brillant des jeunes filles.
! Anorexie pré pubère.
" Assez fréquente.
" Retard de croissance très sévère.
" Souvent il y a des troubles de la personnalité avec une connotation dépressive.
" Il y a des carences affectives très importantes. La relation parents / enfant est
pathologique.
" Il y a un pourcentage plus important de garçons.
" Souvent il y a des antécédents de troubles alimentaires dans la première enfance.
" Il y a une perte de poids très importante et très rapide.
" Souvent il y a un état dépressif.
" Le pronostic est souvent grave.
! Formes tardives d'anorexies.
" Début bien après l'adolescence.
" Si l'on cherche, on trouve toujours un épisode anorexique discret au moment de
l'adolescence.
" Eléments déclenchants: souvent au moment du mariage ou de la naissance du premier
enfant.
" Fréquence importante de troubles dépressifs.
" Avec l'âge, les formes deviennent chroniques.
" Le traitement est extrêmement difficile.

V - DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL.
! Patrologies pouvant simuler une anorexie mentale.
" Tumeurs cérébrales (situées sur les centres de la faim).
" Maladies digestives.
" Hyperthyroïdie.
" Tuberculose.
" Bilan biologique au départ.
# Voir s'il y a une cause organique.
# Bilan du retentissement.
! Avec les affections psychiatriques.
" Phobies alimentaires.
" Délires à thèmes alimentaires (ex: délire d'empoisonnement).
" Certaines dépressions.

VI - COMPLICATIONS SOMATIQUES.
! Biologiques.
" Souvent une anémie.
" Souvent une courbe d'hyperglycémie plate. La glycémie n'augmente pas beaucoup
malgré l'absorption de sucre.
" Hypoglycémie permanente (quelqu'un de dénutri).
" Hypoprotidémie.
" Parfois un cholestérol élevé.
" Souvent il y a une hypokaliémie due à l'usage de laxatifs et de diurétiques.
" Dilution importante dans les examens en cas de potomanie (boire 10 à 15 litres d'eau
par jour).
" Insuffisance thyroïdienne et des glandes surrénales.
" Inactivité ovarienne.
! Physique.
" Altération dentaire très sévère et parfois irréversible.
" Difficultés à la reprise du poids en cas de dénutrition très importante.

VII - EVOLUTION.
! Guérison.
" C'est très difficile d'affirmer la guérison d'une anorexique.
" C'est un processus très long, rarement inférieur à 4 ans.
" Ne pas seulement considérer la triade anorexique mais il faut aussi considérer aussi le
fonctionnement mental de l'anorexique.
! Mort.
" Entre 6 et 10 % de décès.
" C'est dû à la dénutrition.
" Parfois elle est due à un suicide (forme évoluant vers la boulimie).
" C'est aussi dû au syndrome de Mendelson: les personnes qui se vomissent dans les
bronches.
! Rechutes.
" Très fréquemment chez les anorexiques (supérieur à 50 % des cas).
" Traitement de plus en plus difficile avec les rechutes.
" Beaucoup de rechutes = anorexie chronique.
" Appauvrissement de la vie affective et de la vie relationnelle, professionnelle de
l'anorexique chronique.
" Souvent il y a des épisodes dépressifs qui apparaissent.
" Parfois il y a des phobies.
" Les anorexiques arrivent à dissimuler leurs phobies, les difficultés familiales au monde
extérieur.

VIII - ELEMENTS DE PRONOSTIC.


! Bon pronostic.
" Déclenchement au début de l'adolescence.
" Existence d'un facteur déclenchant.
" Manifestation de type hystérique.
" Etat de souffrance dépressif.
" Relations sexuelles satisfaisantes dans le passé.
" Reconnaissance de la faim.
" Troubles modérés du transit intestinal.
" Absence d'antécédents familiaux psychiatriques.
" Bonne coopération des parents compréhensifs.
" Fratrie peu nombreuse.
" Bonne insertion sociale.
! Mauvais pronostic.
" Déclenchement en fin d'adolescence ou après.
" Absence d'élément déclenchant.
" Hospitalisations répétées suite aux rechutes.
" Fluctuation pondérale.
" Conduite boulimique.
" Manifestations de type obsessionnelles.
" Déni massif de la faim.
" Déni de la maladie.
" Difficultés sexuelles importantes.
" Apragmatisme.
" Constipation permanente.
" Préoccupations hypochondriaques ou dysmorphophobiques.
" Conflit conjugal des parents.
" Dépression des parents aggravée par l'anorexie de leur fille.
" Rejet de la maladie par les parents.
" Fratrie nombreuse.
" Mauvaise insertion sociale.

IX - TRAITEMENT.
! Principes généraux.
" Considérer globalement la conduite anorexique et l'ensemble de la personnalité
notamment les conflits familiaux et individuels.
" Toujours prendre en compte l'environnement familial parce qu'il a un rôle pathogène
pour en faire un allié thérapeutique.
" Le premier contact avec le médecin est capital.
! Hospitalisation (pour des anorexiques sévères).
" Signes imposants l'hospitalisation.
# Amaigrissement important et rapide.
# Epuisement physique souligné par la patiente elle même.
# Tension artérielle diastolique inférieure à 5.
# Tension artérielle systolique inférieure à 9.
# Bradycardie inférieure à 50 par minute.
# Hypothermie.
# Troubles de la conscience et de la vigilance.
# Apathie, prostration.
" La réalimentation.
# Indispensable et urgente.
# Par des repas normaux (per os).
# Il faut une réalimentation très progressive avec une diététicienne.
# Perfusions ou sondes gastriques si elle refuse de s'alimenter.
" Abord de troubles de la personnalité et des facteurs familiaux de dysfonctionnement.
# Etablir un contrat de ;poids qui sera négocié entre la patiente, ses parents et
l'équipe soignante.
# La patiente est totalement isolée pendant le contrat de poids.
# Parfois des coups de téléphone.
# Tout seuil de poids franchi donnera un acquis à la patiente: coup de téléphone,
visite de la famille.
# Pesée une fois par semaine.
# Le contrat accepté doit demeuré invariable ce qui va éviter les conflits entre la
patiente et l'équipe soignante.
# La patiente pourra sortir quand elle aura atteinte un certain poids.
# L'équipe doit nouer une relation vivante, personnalisée avec la patiente.
# La durée de l'hospitalisation dure de trois à six mois en moyenne.
! Le traitement ambulatoire.
" Psychothérapie.
# Tous les types de psychothérapies.
# Les psychothérapies les plus efficaces sont les psychothérapies de soutien.
# La psychanalyse est une indication difficile chez l'anorexique.
" Chimiothérapie.
# Antidépresseurs aux moments de dépression avec une certaine réticence.
" Approche nutritionnelle et diététique.
# Ne pas prescrire de mesures alimentaires trop strictes.
" Thérapies de groupes.
# Ne pas en faire avec des anorexiques car cela passe mal.

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