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Psychopathologie I
Cours 7
L’énurésie
Critères diagnostiques
1- Mictions répétées au lit ou dans les vêtements, qu’elles soient involontaires ou délibérées.
2- Le comportement est cliniquement significatif, comme en témoigne soit une fréquence de 2 fois
par semaine pendant au moins 3 mois consécutifs, soit la présence d’une détresse cliniquement
significative ou d’une altération du fonctionnement social, scolaire (professionnel) ou dans d’autres
domaines importants.
3- L’enfant a un âge chronologique d’au moins 5 ans (ou un niveau de développement
équivalent).
4- Le comportement n’est pas imputable aux effets physiologiques d’une substance (p. ex.
diurétiques, antipsychotiques) ni à une autre affection médicale (p. ex. diabète, épilepsie).
Prévalence
La prévalence de l’énurésie se situe autour de 5-10 % chez les enfants de 5 ans, 3-5 % parmi ceux
de 10 ans, et autour de 1 % parmi les sujets âgés de 15 ans et plus.
Troubles associés
Dans l’énurésie nocturne, la miction survient parfois pendant une phase de mouvements oculaires
rapides (REM) et l’enfant peut se rappeler un rêve qui impliquait l’acte d’uriner. Dans l’énurésie
diurne, l’enfant reporte la miction jusqu’à ce que l’incontinence survienne ; la rétention est parfois
liée à une réticence à aller aux toilettes du fait d’une anxiété sociale ou de l’absorption dans les
activités scolaires ou ludiques. L’énurésie survient le plus souvent en début d’après-midi les jours
d’école et peut parfois être associée à des symptômes de comportement perturbateur.
Comorbidité
Bien que la plupart des enfants atteints d’énurésie n’aient pas de trouble mental coexistant, la
prévalence de symptômes comportementaux concomitants est plus élevée chez les enfants atteints
d’énurésie que chez les enfants sans énurésie. Des retards de développement impliquant la parole, le
langage, les apprentissages et les habilités motrices existent aussi chez une partie des enfants
atteints d’énurésie. Une encoprésie, un somnambulisme, des terreurs nocturnes peuvent survenir.
Les infections des voies urinaires sont plus fréquentes chez les enfants atteints d’énurésie, en
particulier chez ceux qui ont le type diurne, que chez les enfants continents.
Développement et évolution
Deux types évolutifs d’énurésie sont décrits : un type « primaire », dans lequel le sujet n’a jamais
acquis la continence urinaire, et un type « secondaire », dans lequel la perturbation apparaît après
une période de continence urinaire acquise. La comorbidité avec d’autres troubles mentaux est
identique pour les deux types. Par définition, l’énurésie primaire commence à l’âge de 5 ans. Le
plus souvent, l’énurésie secondaire s’installe entre 5 et 8 ans mais elle peut survenir à n’importe
quel moment. Après l’âge de 5 ans, le taux de rémission spontanée est compris entre 5 et 10 % par
an. La plupart des enfants ayant le trouble deviennent continents à l’adolescence mais le trouble
persiste à l’âge adulte dans environ 1 % des cas.
L’énurésie diurne est rare après l’âge de 9 ans. Bien que l’incontinence diurne occasionnelle ne soit
pas rare dans la moyenne enfance, sa fréquence est nettement plus élevée chez ceux qui souffrent
également d’une énurésie nocturne persistante. Lorsque l’énurésie persiste à la in de l’enfance et à
l’adolescence, la fréquence de l’incontinence peut augmenter, alors que la continence dans la petite
enfance est associée à la diminution de la fréquence des nuits mouillées.
Étiologie
L’encoprésie
Critères diagnostiques
A.Émissions fécales répétées dans des endroits inappropriés (p. ex. dans les vêtements
ou sur le sol), qu’elles soient involontaires ou délibérées.
B. Le comportement survient au moins une fois par mois pendant au moins 3 mois.
C. L’enfant a un âge chronologique d’au moins 4 ans (ou un niveau de développement équivalent).
D. Le comportement n’est pas imputable aux effets physiologiques d’une substance (p. ex. laxatifs)
ni à une autre affection médicale, si ce n’est par un mécanisme entraînant une constipation.
2 formes d’encoprésie :
1- Avec constipation et incontinence par débordement : La constipation est évidente à
l’examen clinique ou à l’anamnèse. Les selles liées à une incontinence par débordement ont pour
caractéristique d’être (mais pas toujours) mal moulées et les fuites peuvent être rares comme
continues, survenant la plupart du temps pendant la journée et rarement au cours du sommeil.
Seules de petites quantités de selles sont émises aux toilettes, et l’incontinence disparaît après
traitement de la constipation.
2- Sans constipation ni incontinence par débordement : Il n’y a pas de constipation à
l’examen clinique ni à l’anamnèse. Les selles sont généralement de forme et de consistance
normales, et la souillure est intermittente. Les selles peuvent être déposées dans un emplacement
bien en vue. Cela est associé, en général, à l’existence d’un trouble oppositionnel avec provocation
ou d’un trouble des conduites, ou peut résulter d’une masturbation anale. Le fait de se souiller en
l’absence de constipation semble être moins fréquent qu’en présence d’une constipation.
L’enfant atteint d’encoprésie se sent souvent honteux et peut vouloir éviter les situations qui
pourraient être potentiellement embarrassantes (p. ex. colonie de vacances ou école). Le degré de
perturbation est fonction de l’effet de l’encoprésie sur l’estime de soi de l’enfant, du degré
d’ostracisme social manifesté par ses camarades, et de l’induction de réactions de colère, de
punitions et du rejet de la part des personnes s’occupant de lui. Le barbouillage avec les selles peut
être délibéré ou accidentel, résultant d’une tentative de l’enfant pour nettoyer ou camoufler les
selles émises involontairement.
Lorsque l’incontinence est clairement délibérée, des caractéristiques du trouble oppositionnel avec
provocation ou celles du trouble des conduites peuvent être présentes. De nombreux enfants ayant
une encoprésie et une constipation chronique sont aussi énurétiques et peuvent présenter un reflux
vésico-urétéral associé, ainsi que des infections chroniques des voies urinaires qui peuvent
disparaître après traitement de la constipation.
Comorbidité
L’encoprésie peut s’accompagner d’infections urinaires, et cette comorbidité est plus fréquente chez
les sujets féminins.
Prévalence
On estime qu’environ 1 % des enfants de 5 ans sont atteints d’encoprésie et que le trouble touche
davantage les sujets de sexe masculin que ceux de sexe féminin.
Développement et évolution
On ne fait pas le diagnostic d’encoprésie avant l’âge de 4 ans (ou, pour les enfants ayant un retard
du développement, avant un âge mental de 4 ans). Un apprentissage de la propreté insuffisant et
incohérent, des stress psychosociaux (p. ex. entrée à l’école ou naissance d’un frère ou d’une sœur)
peuvent être des facteurs prédisposant. Deux types évolutifs sont décrits : un type « primaire », dans
lequel le sujet n’a jamais acquis la continence fécale, et un type « secondaire », dans lequel la
perturbation apparaît après une période où la continence fécale est acquise. L’encoprésie peut durer
pendant des années, avec des exacerbations intermittentes.
Étiologie
Facteurs psychologiques. La défécation douloureuse peut entraîner une constipation et des
comportements de rétention qui favorisent l’apparition d’une encoprésie.
Sémiologie
Le trouble oppositionnel (plus exactement trouble oppositionnel avec provocation se caractérise par
des comportements de défi, de la désobéissance et une tendance à la provocation. L'enfant refuse
systématiquement de faire ce qu'on lui dit. D'autres symptômes peuvent faire partie du tableau :
- une tendance à toujours argumenter et à contester ce que disent les adultes
- une violation de règles mineures (par ex. : rentrer à l’heure, faire ses devoirs)
- une tendance à se mettre en colère
- une susceptibilité exagérée
- une attitude rancunière et vindicative
- un rejet de la responsabilité sur autrui
- une tendance à s'impliquer dans les bagarres
- le mensonge.
Les symptômes sont d'une gravité telle qu'ils interfèrent dans le bon fonctionnement à la maison,
dans les situations sociales ou à l'école. Il ne s’agit donc pas des simples comportements
d'opposition occasionnels que l’on peut noter chez nombre d'enfants.
Le trouble est généralement rapporté par les parents et les enseignants de façon assez
fiable.
La persistance et la fréquence de ces comportements doivent être utilisées pour distinguer un
comportement qui est dans les limites de la normale d’un comportement
symptomatique. Pour les enfants âgés de moins de 5 ans, le comportement doit survenir la plupart
des jours durant une période minimale de 6 mois. Pour les sujets âgés de 5 ans et plus, le
comportement doit survenir au moins une fois par semaine durant une période minimale de 6 mois.
La perturbation du comportement est associée à une détresse de l’enfant et l’adolescent ou d’autrui
dans son entourage social proche (p. ex. famille, groupe de pairs, collègues de travail) ou a entraîné
une altération cliniquement significative du fonctionnement social et scolaire.
Évaluation de la sévérité
Léger : Les symptômes sont confinés à seulement un cadre (p. ex. à la maison, à
l’école, avec les pairs).
Moyen : Certains symptômes sont présents dans au moins deux cadres.
Grave : Certains symptômes sont présents dans trois cadres ou plus.
Prévalence
Avant l’âge de 12 ans, les garçons présentent ce tableau environ deux fois plus souvent que les
filles; cette différence s'atténue à l'adolescence. Le taux de prévalence est très variable selon les
études ; il varie entre 2% et 16%.
Troubles associés
Le trouble oppositionnel peut parfois être une complication d’un déficit de l'attention
avec hyperactivité. Cependant la réciproque n'est pas vraie : le trouble d'opposition ne
prédispose pas au déficit de l'attention avec hyperactivité. Bien que les enfants opposants puissent
devenir très turbulents et se désintéresser du travail scolaire, ils n’en sont pas moins capables de
rester tranquilles et de se concentrer pendant de longues périodes s'ils le désirent.
Étiologie
Facteurs tempéramentaux. Les facteurs tempéramentaux liés à des problèmes de régulation
émotionnelle (p. ex. niveaux élevés de réactivité émotionnelle, faible tolérance à la frustration) sont
prédictifs du trouble.
Facteurs environnementaux. Les pratiques éducatives dures, contradictoires ou négligentes sont
fréquentes dans les familles des enfants et adolescents présentant un trouble oppositionnel avec
provocation, et ces pratiques parentales jouent un rôle important dans plusieurs théories
étiologiques du trouble.
Facteurs génétiques et physiologiques. Plusieurs marqueurs neurobiologiques (p. ex. plus faible
réactivité de la fréquence cardiaque et de la conductance cutanée, réactivité basale réduite du
cortisol, anomalies dans le cortex préfrontal et l’amygdale) ont été associés avec le trouble
oppositionnel avec provocation. Toutefois, la grande majorité des études n’a pas séparé les enfants
ayant un trouble oppositionnel avec provocation de ceux ayant un trouble des conduites (van
Goozen et al. 2007). Ainsi, il n’est pas établi qu’il existe des marqueurs spécifiques du trouble
oppositionnel avec provocation.
Sémiologie
Les actes répréhensibles peuvent être d'ordre divers. On peut les classer en 4 grandes
catégories:
1. les délits relatifs à des biens, tels que le vol, le vandalisme ou les cambriolages ;
2. la dissimulation, la fourberie et le mensonge ;
3. le non respect des normes et des règles établies (par ex. : sortir tard le soir en dépit
de l’interdiction imposée par les parents)
4. les agressions à l’encontre de personnes ou d’animaux.
Trois comportements caractéristiques (ou plus) doivent avoir été présents au cours des 12 derniers
mois, et au moins un au cours des 6 derniers mois. La perturbation du comportement entraîne une
altération cliniquement significative du fonctionnement social, scolaire ou professionnel.
Les comportements caractéristiques se produisent habituellement dans des contextes
variés, comme à la maison, à l’école ou à l’extérieur. Les sujets atteints de trouble des
conduites ayant tendance à minimiser leurs problèmes de comportement, le clinicien
doit souvent s’informer également auprès de leurs proches. Cependant, ces derniers peuvent n’avoir
qu’une connaissance limitée des problèmes, du fait d’un manque de surveillance ou parce que
l’enfant ne leur dit pas ce qu’il fait.
Dans le trouble des conduites, on observe non seulement une agressivité réactive (comme c’est le
cas dans le trouble oppositionnel), mais également une agressivité proactive.
L'agressivité réactive constitue une réponse à une provocation (réelle ou perçue), tandis que
l'agressivité proactive consiste à recourir à la force pour arriver à ses fins (par ex. : acquérir des
biens matériels).
L’estime de soi des enfants agressifs est fragile : pour ne pas se heurter à leurs propres limitations et
être confrontés à l’échec, ils peuvent refuser de faire des efforts pour accomplir une tâche. Leur
humeur est souvent labile, avec des phases de dépression.
Par ailleurs, ils tendent à consommer tabac, alcool et drogues plus tôt et plus souvent que leurs
pairs. Ils ont aussi des comportements sexuels plus précoces et changent souvent de partenaire. Ils
ont un comportement à risque dans ce domaine (grossesse non-désirée, absence de protection contre
les maladies vénériennes).
Évaluation de la sévérité
Léger : Il n’existe que peu ou pas de problèmes de conduite dépassant en nombre ceux requis pour
le diagnostic ; de plus, les problèmes de conduite n’occasionnent que peu de mal à autrui (p. ex.
mensonge, absentéisme, reste dehors tard la nuit sans permission, non-respect d’autres règles).
Moyen : Le nombre de problèmes de conduites ainsi que leurs effets sur autrui sont intermédiaires
entre « léger » et « grave » (p. ex. voler sans affronter la victime, vandalisme).
Grave : Il existe de nombreux problèmes de conduite dépassant en nombre ceux requis pour le
diagnostic ; ou bien, les problèmes de conduites occasionnent un dommage considérable à autrui (p.
ex. contraindre quelqu’un à avoir des relations sexuelles, cruauté physique, usage d’une arme, voler
en affrontant la victime, pénétrer par effraction).
Développement et évolution
Le début du trouble des conduites peut survenir dès les années de maternelle (Keenan
et al. 2011 ; Mofitt et al. 2008) mais les premiers symptômes significatifs apparaissent
habituellement pendant la période qui va du milieu de l’enfance au milieu de l’adolescence. Le
trouble oppositionnel avec provocation précède souvent l’apparition du trouble des conduites à
début pendant l’enfance (Pardini et al. 2010). Le trouble des conduites peut être diagnostiqué à
l’âge adulte ; cependant, les symptômes émergent habituellement dans l’enfance ou l’adolescence.
Le début est rare après l’âge de 16 ans. L’évolution est variable. Pour la majorité des sujets, le
trouble disparaît à l’âge adulte.
De nombreux sujets atteints de trouble des conduites, surtout quand il s’agit du type à début pendant
l’adolescence et quand les symptômes ont été peu graves et peu nombreux, parviennent à une bonne
adaptation sociale et professionnelle à l’âge adulte. En revanche, un début précoce est de pronostic
défavorable et augmente le risque d’évolution à l’âge adulte vers un comportement criminel, un
trouble des conduites et des troubles liés à l’usage d’une substance (Burke et al. 2010).
Les sujets atteints de trouble des conduites ont un risque accru de développement ultérieur, à l’âge
adulte, de troubles de l’humeur, de troubles anxieux, de trouble stress post- traumatique, de troubles
du contrôle des impulsions, de troubles psychotiques, de troubles à symptomatologie somatique et
de troubles liés à l’usage d’une substance.
Prévalence
Le taux de prévalence dans la population générale varie entre 4% et 6%, selon les études, avec une
forte majorité de garçons.
Les troubles oppositionnel et des conduites constituent le motif de consultation le plus fréquent
(entre 35% et 50%). Plutôt qu'un véritable fait de société, ces chiffres élevés reflètent probablement
la moins bonne tolérance des adultes à l'égard de ces symptômes en comparaison à d’autres moins
bruyants (par ex. : dépression).
Comorbidité
Il est fréquent que d’autres troubles soient associés aux troubles oppositionnel ou des
conduites. Le déficit de l'attention/hyperactivité peut entraîner un trouble oppositionnel, voire un
trouble des conduites. Des troubles de l'humeur sont alors généralement présents dans le tableau
clinique.
Étiologie
Facteurs tempéramentaux. Les facteurs de risque tempéramentaux comportent un tempérament
difficile peu contrôlé dans la petite enfance et un niveau d’intelligence inférieur à la moyenne,
particulièrement en ce qui concerne le QI verbal.
Facteurs environnementaux. Les facteurs de risque familiaux comportent le rejet parental et la
carence de soins, des pratiques éducatives inadéquates avec une discipline très dure, des sévices
physiques ou sexuels, un manque de surveillance, un placement précoce en institution, des
changements fréquents de nourrice ou de mode de garde, l’appartenance à une famille nombreuse,
la criminalité parentale et certains types de psychopathologie familiale (p. ex. troubles de l’usage
d’une substance). Les facteurs de risque communautaires comportent le rejet par les pairs, la
fréquentation de bandes de délinquants et l’exposition à un voisinage violent. Ces deux types de
facteurs de risque tendent à être plus fréquents et graves dans les troubles des conduites à début
pendant l’enfance (Frick et Viding 2009).
Facteurs génétiques et physiologiques. Le trouble des conduites est inluencé à la fois par des
facteurs génétiques et des facteurs environnementaux (Mofitt 2005 ; Rhee et Waldman 2002). Le
risque de trouble des conduites est accru chez les enfants dont un parent biologique ou un parent
adoptif a un trouble des conduites, ou chez ceux dont
un membre de la fratrie a lui-même un trouble des conduites. Le trouble semble également plus
fréquent chez les enfants dont les apparentés biologiques présentent une dépendance grave à
l’alcool, des troubles dépressifs ou bipolaires, une schizophrénie ou des antécédents de déicit de
l’attention/ hyperactivité ou de trouble des conduites (Mofitt et al. 2008 ; Odgers et al. 2007b).
Des différences anatomiques et fonctionnelles dans les aires cérébrales associées à la régulation et
au traitement des affects, particulièrement les connexions fronto-temporo-limbiques impliquant le
cortex préfrontal ventral et l’amygdale, ont été plus régulièrement identiiées chez les personnes
ayant un trouble des conduites que chez celles indemnes de ce trouble (Rubia 2011).