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UE : PSYCHOLOGIE ET SVT

ECUE : TROUBLES ALIMENTAIRES ET DEVELOPPEMENT PSYCHOLOGIQUE DE L’ENFANT

FILIERE : CES CANTINES SCOLAIRES

CREE PAR KOUDOU OPADOU, PROFESSEUR DES UNIVERSITES

INTRODUCTION

I FACTEURS DU DÉVELOPPEMENT PSYCHOLOGIQUE ET ALIMENTATION

1. HÉRÉDITÉ

2. ENVIRONNEMENT / MILIEU

3. INTERACTION HÉRÉDITÉ - MILIEU

II COMPORTEMENTS ALIMENTAIRES DE L’ENFANT

1. INTERACTIONS PARENT - ENFANT

2. NEOPHOBIE ALIMENTAIRE : LE REFUS DES ALIMENTS NOUVEAU

4. MALNUTRITION DU JEUNE ENFANT

5. OBÉSITÉ INFANTILE

6. DEFICITS EN MICRONUTRIMENTS : LA FAMINE CACHEE (HIDDEN HUNGER)

III TROUBLES ALIMENTAIRES CHEZ L’ENFANT

1. ANOREXIE DU NOURRISSON

2. AVERSION ALIMENTAIRE

3. ENFANT « PETIT MANGEUR »

4. TROUBLES ALIMENTAIRES POST-TRAUMATIQUES

III CAUSES DES TROUBLES ALIMENTAIRES

IV CONSEQUENCES DES TROUBLES ALIMENTAIRES

V TROUBLES ALIMENTAIRES DE L’ENFANCE ET PSYCHOPATHOLOGIE MATERNELLE

CONCLUSION

BIBLIOGRAPHIE
INTRODUCTION

L’alimentation est un événement important dans la vie du nourrisson et du jeune enfant. Elle
représente le centre de l’attention pour les parents et les autres donneurs de soins, ainsi qu’une
source d’interaction sociale par la communication verbale et non verbale. L’expérience alimentaire
apporte non seulement une valeur nutritive, mais aussi des occasions d’apprentissage. Elle affecte la
croissance et la santé physique des enfants ainsi que leur développement psychosocial et affectif. La
relation alimentaire subit l’influence de la culture, de l’état de santé et du tempérament. Les
conduites alimentaires du bébé qui vont naître, peuvent être influencées par la nutrition de sa mère
durant sa grossesse. Du nourrisson au petit enfant, la survenue de troubles alimentaires n’est pas
rare. Les troubles du comportement alimentaire sont des désordres complexes, principalement
caractérisés par des habitudes alimentaires anormales, une crainte intense de prendre du poids et
une grande préoccupation par rapport à l’image corporelle. En l’absence de déterminisme organique,
leur apparition reflète le plus souvent des difficultés interactives précoces dans la dyade mère-enfant.
Leur mode d’expression peut être extrêmement varié et marquer de manière parfois durable chaque
étape de la croissance de l’enfant. L’histoire de la science du développement humain est celle de
l’évolution des conceptions concernant l’influence relative de l’hérédité et du milieu. Il s’agit d’étudier
l’effet de ces deux (02) grands groupes de facteurs puis leur interaction. Les troubles des conduites
alimentaires impliquent une perturbation de l’alimentation ou du comportement lié à l’alimentation,
et comprennent généralement : les modifications du régime alimentaire ou de la manière de
s’alimenter et les mesures prises par la personne pour éviter que la nourriture ne soit absorbée (par
exemple, en se faisant vomir ou en prenant un laxatif).

Pour qu’un comportement alimentaire inhabituel soit considéré comme un trouble, il doit se
poursuivre pendant un certain temps et nuire de manière significative à la santé physique de la
personne et/ou à sa capacité de fonctionner à l’école ou au travail ou affecter négativement les
interactions de la personne avec autrui. Les troubles des conduites alimentaires comprennent :
l’anorexie nerveuse, le trouble d’évitement/de restriction de la consommation alimentaire, le trouble
hyperphagie boulimique, la boulimie mentale, le Pica, le trouble de rumination.

Pour l’anorexie commune précoce ou anorexie d’opposition, le bébé est généralement vif, gai, joueur,
éveillé. Sa seule perturbation comportementale est le refus actif de nourriture. Les repas sont
souvent devenus une véritable épreuve pour les parents mais aussi pour l'enfant. La littérature
scientifique met en lumière que la psychopathologie de la mère peut constituer un facteur de risque
important dans le développement de l’enfant, par rapport à l’apparition, dans les premières années
de vie, de troubles du comportement et émotifs. Les auteurs comme Benoît (2000) ; Chatoor (1996)
soutiennent que les interconnexions entre la qualité du système de la relation de soins et l’apparition
précoce de troubles alimentaires qui, dans les cas les plus graves, sont à l’origine du syndrome de
retard de croissance non organique.

II COMPORTEMENTS ALIMENTAIRES DE L’ENFANT

1. INTERACTIONS PARENT - ENFANT

Les comportements alimentaires des enfants (du sevrage à l'adolescence) engagent fortement les
interactions parent-enfant. Le déjeuner et le dîner familial peuvent souvent être source de conflit
entre l'enfant qui ne veut pas manger et ses parents qui veulent le forcer ou l'inciter à manger des
aliments que l’enfant n’aime pas. De tels conflits sont transitoires et normaux. Toutefois, lorsque les
enfants sont forcés à manger contre leur gré, ils peuvent vomir, s'étrangler, renforcer leur
comportement de refus. De tels conflits, peuvent mener à des problèmes de conduites alimentaires
et des problèmes de malnutrition à long terme.

2. NEOPHOBIE ALIMENTAIRE : LE REFUS DES ALIMENTS NOUVEAUX

Jusqu'à l'âge de six (06) ou sept (07) ans, il est normal qu’un enfant fasse preuve de néophobie
alimentaire quand des aliments nouveaux lui sont présentés. En 2015, des études expérimentales sur
la Néophobie alimentaire ont montré que les parents flexibles vis-à-vis de la nourriture de leur enfant
(ni trop restrictifs, ni trop indulgents…) arrivent aux meilleurs résultats.. ;. leurs enfants souffrent
moins souvent de problèmes d'obésité ou de surpoids quelques années plus tard.

2. MALNUTRITION DU JEUNE ENFANT

Les types de malnutrition les plus fréquents chez l'enfant sont le surpoids et l'obésité, ou à l'inverse,
l'insuffisance de l'apport calorique (macronutriments). Dans les deux cas, on observe des
déséquilibres et insuffisances d'apport de micronutriments (fer, zinc, vitamines, …), ceci est appelé
parfois la famine cachée (hidden hunger). Ces troubles de la malnutrition ont des incidences sur le
développement psychologique des enfants.

3. OBÉSITÉ INFANTILE

L’obésité et le surpoids touchent les enfants de plus en plus jeunes. L'Organisation mondiale de la
Santé (OMS) estimait, en 2014, que « la prévalence du surpoids et de l’obésité infantile chez les
enfants d’âge préscolaire est supérieure de 30 %. Si la tendance actuelle se poursuit, le nombre de
nourrissons et de jeunes enfants en surpoids atteindra 70 millions à l’horizon 2025 » (Commission sur
les moyens de mettre fin à l’obésité de l'enfant de l'OMS en 2014). Aussi dans son rapport de 2016, la
Commission sur les moyens de mettre fin à l'obésité de l'OMS a estimé qu'au moins 41 millions
d'enfant de moins de cinq ans souffrent de surpoids ou d'obésité actuellement dans le monde.

Pour Gueniche (1998) l’obésité infantile est « la plupart du temps un signe de souffrance psychique ».
Sa traduction par une voie comportementale problématique fragilise l’interaction mère-enfant.

4. DEFICITS EN MICRONUTRIMENTS : LA FAMINE CACHEE (HIDDEN HUNGER)

Les déficits en micronutriments affectent beaucoup d’enfants dans le monde. Les carences en
micronutriments (surtout fer, zinc, vitamines A et D) et acides gras essentiels sont très fréquentes. Les
populations obèses sont les plus touchées par ces déficits en micronutriments en raison d'une faible
consommation de fruits et légumes diversifiés. On note des conséquences de ces déficiences en
micronutriments sur le développement cognitif et santé mentale de l'enfant.

III TROUBLES ALIMENTAIRES CHEZ L’ENFANT

Le lieu et les circonstances du repas, la relation existant entre la personne qui nourrit ou assiste au
repas et l’enfant, les personnes qui mangent avec l’enfant, le moment du repas, ou encore tout
simplement ce qui est présenté à l’enfant comme aliments et comment sont des éléments essentiels
de l’alimentation. Ces éléments influencent la façon dont l’enfant se nourrit et dont il perçoit le
moment du repas. De plus, se nourrir nécessite plusieurs compétences spécifiques comme la
coordination succion-déglutition-respiration, des aptitudes sensorielles, et un développement
psychomoteur adéquat.

Pour le Diagnostic and Statistical Manual 5 (DSM-5), [Manuel Diagnostic et Statistique des Troubles
Mentaux Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux] les troubles évitants ou
restrictifs de l’alimentation (plus connu sous son acronyme anglais ARFID pour Avoidant and
Restrictive Food Intake Disorder) un trouble de l’alimentation ou de l’ingestion d’aliments se
manifeste par une incapacité persistante à atteindre les besoins nutritionnels et/ou énergétiques
appropriés, et qui n’est pas due à une pathologie organique concomitante. Pour Chatoor (1996), les
troubles alimentaires rencontrés dans les consultations de nutrition pédiatrique: l’anorexie du
nourrisson, l’aversion alimentaire, l’enfant « petit mangeur» et les troubles alimentaires post-
traumatiques

1. ANOREXIE DU NOURRISSON

L’anorexie du nourrisson se manifeste entre 6 mois et 3 ans, avec un pic entre 9 et 18 mois. Ces bébés
semblent ne jamais avoir faim, et ne mangent pas ou peu. Leur comportement alimentaire est très
dépendant de l’environnement. Les parents développent souvent de nombreuses stratégies pour
faire manger l’enfant : diversion, distraction, forçage, négociation, chantage, punition…

2. AVERSION ALIMENTAIRE

Dans certains cas, les troubles alimentaires sont plutôt dépendant des aliments présentés. Il y a des
aliments dits «copains» qui sont consommés sans difficultés, et tous les autres qui sont
systématiquement rejetés. On peut observer des troubles sensoriels associés, comme refuser de
toucher certaines textures, alimentaires ou non, avec les mains mais aussi avec les pieds (marcher
dans le sable ou l’herbe par exemple).

3. ENFANT «PETIT MANGEUR»

Certains enfants ne sont pas sélectifs et mangent de tout, mais les quantités consommées sont
particulièrement restreintes. Dans la majorité des cas, leur croissance n’est pas influencée car ils
grossissent et grandissent normalement, bien qu’ils soient en général plus minces que les enfants du
même âge.

4. TROUBLES ALIMENTAIRES POST-TRAUMATIQUES

Contrairement aux autres Troubles de Comportement Alimentaire (TCA), l’apparition Troubles


Alimentaires Post-Traumatiques est très brutale. Cela survient après un événement traumatisant pour
la sphère ORL ou le tractus digestif comme un épisode de « fausse-route » (l’enfant avale de travers et
suffoque), ou un simple vomissement, mais aussi après certains actes médicaux comme la pose d’une
sonde nasogastrique ou une intubation.

IV CAUSES DES TROUBLES ALIMENTAIRES


Les troubles alimentaires peuvent être causés par la déficience d’un organe. Ils peuvent aussi survenir
chez des enfants qui n’ont aucun problème de santé, qui sont a priori tout à fait capables de manger,
mais qui présentent des difficultés à se nourrir (qu’on qualifie parfois d’origine « comportementale »).
Dans certaines situations les troubles alimentaires sont d’origine multifactorielle.

L’UNESCO identifie deux (02) causes : les causes immédiates et les causes fondamentales. Pour les
causes immédiates, il s’agit de la ration diététique inadéquate et les maladies infectieuses. Quant aux
causes fondamentales nous avons : la faiblesse des ressources naturelles, environnement culturel,
manque d’eau, interdits alimentaires de la femme enceinte concernant surtout les aliments riches en
protéines, la privation d’œuf à l’enfant, les habitudes de puériculture (purger un enfant, mettre
l’enfant à la diète en cas de diarrhée).

V CONSEQUENCES DES TROUBLES ALIMENTAIRES

Du point de vue des conséquences, on observe que la mauvaise nutrition résulte d’un apport non
équilibré en substance nutritive. Cette malnutrition porte atteinte aux capacités corporelles et
physiques et à la longue, met la santé en danger. La conséquence la plus frappante est une
atténuation de l’activité corporelle. La forme grave se présente sous deux formes :

- le marasme (état de faim latent continue),

- le kwashiorkor (maladie provoquée par le manque de protéines).

L’apparition simultanée d’une mauvaise nutrition et de maladies infectieuses entraînent des troubles
complexes du métabolisme de base : manque d’appétit, perte de protéines suivie de fièvre.

Les macronutriments (aliments dont nous avons besoin en quantité) fournissent des matériaux pour
la formation de nouvelles cellules et l’énergie nécessaire aux réactions chimiques qui sont la base
moléculaire des activités.

Les micronutriments (composés d’éléments chimiques appelés vitamines) participent aux réactions
chimiques comme catalyseurs.

Ainsi, les apports du régime alimentaire ont une influence sur la maturation du squelette.

VI TROUBLES ALIMENTAIRES DE L’ENFANCE ET PSYCHOPATHOLOGIE MATERNELLE

Les troubles alimentaires de la première enfance sont relativement fréquents, ils se présentent dans
environ 25-35% de la population infantile (Benoit, 2000; Chatoor, 1996; Lindberg, Bohlin, Hagekull et
al., 1996; Marchi, Cohen, 1990). Les problèmes les plus sérieux apparaissent cependant lorsque la
difficulté d’établir des modèles (pattern) réguliers d’alimentation et le refus de la nourriture (food
refusal) s’associent à un déficit – voir à un arrêt – de la croissance (failure to thrive ou growth
stunting). Les données épidémiologiques indiquent que, pour environ 50-58% des enfants dans ce
cas, on ne peut identifier de causes organiques à l’origine du trouble alimentaire de l’enfant. C’est
pourquoi ce cadre clinique est défini comme syndrome de difficulté de croissance non organique (non
organic failure to thrive), (American Psychiatric Association, 1994). Dans les dix dernières années,
l’impact de la psychopathologie maternelle sur le développement de l’enfant et sur la qualité de
l’interaction mère-enfant a été au centre de l’attention de cliniciens et chercheurs. Il a été observé
que les enfants, dont les parents souffrent d’une psychopathologie, qu’elle soit légère ou sévère,
présentent – en âge pré-scolaire et scolaire – des problèmes à différents degrés de gravité, tels que le
dérèglement émotif, les troubles de l’alimentation et du sommeil, les troubles somatiques, les
symptômes dépressifs, et enfin, les difficultés d’apprentissage (Carlson, Sroufe, 1995; Cicchetti, Toth,
1998; Goodman, Gotlib, 1999).

En outre, certaines recherches effectuées sur des échantillons d’enfants au syndrome de retard de
croissance non organique, ont relevé chez leurs mères un taux élevé de troubles affectifs et de la
personnalité, en plus de troubles psychiques comme l’angoisse, les épisodes de panique et de phobie
sociale. Ces mères présentent souvent peu de relations avec l’environnement familial et extra-
familial, et avec le réseau de support social, allant parfois jusqu’aux cadres plus complexes et sévères
du retrait et de l’isolement (Polan, Kaplan, Kessler et al., 1991; Woolston, 1983). Aussi chez des mères
présentant une psychopathologie alimentaire (anorexie nerveuse, boulimie nerveuse, autres troubles
alimentaires non spécifiés), il a été remarqué également l’installation précoce de troubles
alimentaires chez leurs enfants et la présence d’interactions conflictuelles dans les échanges
alimentaires.

CONCLUSION

Les Troubles du Comportement Alimentaire (TCA) peuvent être transitoires ou durables engendrant
même un risque vital, en particulier pour l’anorexie mentale. Les traitements de ces troubles sont
effectués en collaboration par exemple avec le médecin traitant, le psychiatre, le pédiatre, le
diététicien, le psychologue. Ils comprennent généralement des aspects psychothérapeutiques,
éducatifs (comportementaux), diététiques et médicaux. Les traitements mobilisent souvent
l’entourage, la famille…. Les TCA sont différents pour chaque enfant, d’origines multifactorielles et
complexes. Ils nécessitent une évaluation complète, un suivi attentif et régulier, et une prise en
charge multidisciplinaire. Il est important de noter que certains comportements alimentaires sont
normaux dans les stades du développement de l’enfant et ne sont pas pathologiques à moins qu’ils
ne s’inscrivent dans la durée. Par exemple, aux alentours de l’âge de 02 ans, on parle de «néophobies
alimentaires». L’enfant rechigne à goûter de nouveaux aliments. Il préfère manger que ce qu’il
connaît. Par ailleurs, les enfants en âge scolaire trient la nourriture ; ils n’ont souvent pas d’attirance
pour les légumes, encore moins s’ils sont verts. Ils ne sont pas pour autant considérés comme des
enfants présentant des TCA.

BIBLIOGRAPHIE

Les ouvrages à consulter :

1. KOUDOU Opadou & SEKA Yapi Arsène Thierry (2021). La psychologie de l’éducation dans la
formation des enseignants. Abidjan: PUA, LEPPE.

2. KOUDOU Opadou & SEKA Yapi Arsène Thierry (2021). Encadrement de l’enfant et de
l’adolescent en scolarisation. Abidjan: PUA, LEPPE.

3. Manuel Diagnostic et Statistique des Troubles Mentaux. Texte révisé (DSM-IV-R)

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