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PROGRAMMES DE LUTTE CONTRE

LA MALNUTRITION
PROTEINO-CALORIQUE (PLMC)

I. Objectifs du PLMC :

a. Objectifs généraux :

 Contribuer à la baisse de la mortalité et la morbidité infanto


juvénile.
 Promouvoir un bon développement somatique et psychomoteur de
l’enfant.

b. Objectifs opérationnels :

 Suivre régulièrement le développement et la croissance


pondérale des enfants de moins de 2 ans en milieu urbain et en
milieu rural.
 Dépister et réhabiliter les enfants malnutris.
 Prendre en charge les enfants de 0 à 11 mois pour la
prévention systématique du rachitisme par la vitamine D.
 Promouvoir l’allaitement maternel.
 Promouvoir la surveillance de la croissance.

POPULATION CIBLE :

Enfants de 0 à 11 mois.
Enfants de 12 à 23 mois.
Enfants de 2 ans à 4 ans.
II. La malnutrition proteino-calorique :

1. définition :

La malnutrition proteino- énergétique est caractérisée par l’association d’une


insuffisance énergétique de la ration alimentaire et d’une carence en protéines.
Elle revêt plusieurs formes :
 le marasme dû à une insuffisance énergétique globale.
 La forme oedémateuse ou kwashiorkor due surtout à une insuffisance en
protides.

2. causes :

En fait l’étiologie est beaucoup plus complexe, d’autres facteurs interviennent


tels que les carences en vitamines, en oligo-éléments.
La part de ces différents éléments dans la survenue de la malnutrition est mal
connue.

Les facteurs favorisants :

 Alimentation de l’enfant :
L’absence d’allaitement maternel, le sevrage précoce ou brutal.
La mauvaise conduite de l’allaitement artificiel, de la diversification
alimentaire et de l’alimentation pendant les maladies de l’enfant.

 Facteurs obstétricaux :
Faible poids de naissance.
Grossesse nombreuse et peu espacée.
Pathologie de la grossesse.
Infections fréquentes, en particulier diarrhée, IRA (infections
respiratoires aigues), rougeole, coqueluche, tuberculose.
Vaccination non complète ou non faite.
Mauvaises conditions d’hygiène.

 Connaissances erronées en matière d’alimentation : mères peu ou pas


informées sur les besoins alimentaires de l’enfant.

 Revenu familial faible.


3. signes cliniques :

Pour faciliter le diagnostic clinique de la malnutrition, on peut garder la classification en


marasme et en kwashiorkor.

Marasme Kwashiorkor
(insuffisance énergétique
globale de la ration
alimentaire. (carence en protéine)

- Peut s’installer dès les - Fréquent dans les mois qui


premiers mois de la vie. suivent le sevrage.
- Amaigrissement très net - Déficit pondéral variable,
caractérisé par : Peut être masqué par les
 Fonte des masses musculaires oedèmes (rétention d’eau)
 Saillie des côtes et des
os des membres.
 Visage maigre, ride,
Yeux enfoncés dans les
Orbites, aspect de petit
Vieux.
- La peau est amincie et
Paraît trop vaste en raison
de l’amaigrissement.

- Pas de lésion cutanée. - Lésions cutanées fréquentes


 Peau sèche, craquelée
 Zones dépigmentées
 Décollement épidermique
 Phlyctènes dans les formes
graves.

- Comportement : - Comportement :
Enfant fatigué mais regard Enfant craintif, replié sur lui-même sans
Vif s’intéresse à ce qui intérêt pour ce qui l’entoure.
Se passe autour de lui.

La classification en marasme et kwashiorkor peut aider le personnel de santé à faire le


diagnostic clinique mais en réalité il est fort discuté et ses formes graves ne sont pas les
plus fréquemment rencontrées.
D’autres signes cliniques peuvent s’observer :

 trouble du comportement alimentaire à type d’anorexie.


 Troubles digestifs, diarrhée, déshydratation, vomissements.
 Des signes infectieux.

4. Les indicateurs anthropométriques et normes de référence :

En plus des signes cliniques de malnutrition, nous disposons d’indicateurs qui permettent
d’affiner le diagnostic des problèmes nutritionnels.

a) Le poids :
L’analyse du poids par rapport à l’âge permet de classer l’insuffisance pondérale en :
modérée ou grave selon le degré de déficit pondéral par rapport au poids moyen selon
l’âge.
*insuffisance pondérale modérée : le poids se situe entre 80 et 60% du poids moyen pour
l’âge de l’enfant.
*insuffisance pondérale grave : le poids pour l’âge se situe en dessous de 60% du poids
moyen pour l’âge.

b) La taille :
La mesure de la taille et l’analyse du rapport taille par rapport à l’âge permet de faire le
diagnostic de retard de croissance caractérisée par un déficit de la taille par rapport à la taille
moyenne.
c) Rapport poids/taille :
Dans le groupe d’enfants ayant une insuffisance pondérale,ce rapport permet de distinguer
ceux qui présentent un amaigrissement nécessitent une prise en charge immédiate de ceux
qui présentent un retard de croissance.

5. Complications :
a. Immédiates :
Si la malnutrition est précoce et grave, elle augmente la mortalité infantile en aggravant les
infections.
b. Lointaines :
On peut noter un mauvais développement somatique : la taille de l’enfant reste souvent
inférieure à la normale, spécialement dans la malnutrition chronique et un retard de
développement psychomoteur et mental,il semble que ces enfants gardent des séquelles à
long terme qui peuvent expliquer certains retards scolaires.

6. prévention :

Seule une surveillance systématique et régulière de la croissance de l’enfant permet de


prévenir les conséquences graves de la malnutrition.
La prévention de la malnutrition proteino-calorique demande une action conjointe de tous les
secteurs intéressés. Elle se fait surtout par la surveillance régulière de la croissance des
enfants par l’éducation nutritionnelle et par une agriculture plus diversifiée au niveau de
chaque famille comme de toute la communauté.

7. régime à haute valeur énergétique :

Le régime à haute valeur énergétique préconisé par un comité d’experts de l’OMS pour
réalimenter les malnutris a pour but d’apporter des protéines et des calories. Il se compose
de lait, sucre, farine.
 Quantité d’ingrédients nécessaires par jour :
1 litre de lait frais ou 100g de lait en poudre (20c-à-s à raser)
45 ml d’huile végétal cru (6c-à-s)
75g de sucre (6c-à-s à raser)
100g de farine de sevrage ou de farine torréfiée (10c-à-s à raser)
 Préparation :
Avec le lait frais :
Délayer la farine dans une petite quantité de lait jusqu’à obtention d’un mélange
homogène.
Verser le reste de lait tout en remuant puis faire cuire le mélange pendant 10 à 15
minutes.
Ajouter l’huile et le sucre et bien mélanger la préparation.
Avec le lait en poudre :
Mélanger le lait en poudre, l’huile et le sucre et malaxer jusqu’à obtention d’une pâte
homogène.
Délayer la farine dans un demi-litre d’eau en procédant comme pour la préparation avec le
lait frais.
La faire cuire pendant 5 à 10minutes.
Verser la bouillie de cette farine sur la pâte préparée à base de lait en poudre, de sucre
et d’huile en mélangeant énergétiquement.
Verser dans une bouteille d’un litre et compléter avec de l’eau bouillie jusqu’à obtention
d’un litre
Bien mélanger.

 Quantité à donner :
1 verre à thé standard par kg de poids par jour
Exemple : 1 enfant de 6 kgs 500 recevra 7 verres de mélange par jour.

 Conservation :
Il est nécessaire de conserver cette préparation au réfrigérateur pendant une durée
maximale de 24 heures car elle s’altère rapidement.Si la famille n’en possède pas,
préparer le régime toutes les 6 heures à 12 heures en fractionnant les quantités
d’ingrédients.

 Indication :
Ce régime est surtout préconisé chez les enfants malnutris présentant une anorexie
sévère dont l’état clinique est préoccupant et chez les enfants qui ne répondent pas bien
à la réhabilitation à base de farine Actamine 5 et d’alimentation diversifiée et enrichie.

8. rôle de l’infirmier dans la prise en charge des enfants malnutris :

a) conduite à tenir devant un enfant à risque :


 suivi intensif de la croissance avec une pesée tous les 15 jours ou tous les mois
pendant 2 mois.
 Etablir un dialogue véritable avec la mère pour essayer de comprendre les
raisons nutritionnelles, socio-économiques ou psychoaffectives à l’origine des
troubles nutritionnels.
 Conseil éducatif individualisé et adapté aux causes détectées et aux conditions
de la vie de la famille.
 En cas de stagnation ou d’aggravation de l’état nutritionnel, référer à
consultation médicale et commencer la réhabilitation nutritionnelle.

b) Conduite à tenir devant un enfant mal nourri :


o Devant les stratégies fixes :
Il faut réhabiliter :
*Tous les enfants ayant des signes cliniques de malnutrition (kwashiorkor, marasme)
*Tous les enfants se situant dans les zones rouges du diagramme de MAIGREUR.
*Les enfants à risque quand leurs états s’aggravent où restent stationnaires malgré les
conseils éducatifs et les suivis intensifs de 2 mois.

o Dans les stratégies mobiles :


Il faut réhabiliter
*Tous les enfants présentant des signes cliniques de malnutrition (marasme
kwashiorkor)
*Tous les enfants dont le rapport poids/âge se situent en dessous du chemin de la
santé.
*Tous les enfants dont le périmètre brachial est inférieur à 13.5 cm.
*Tous les enfants à risque quand leurs états s’aggravent où restent stationnaires
malgré les conseils éducatifs et les soins intensifs de 2 mois.
ENFANT NECESSITANT REHABILITATION
NUTRITIONNELLE

Dans toutes les _Enfant ayant des signes cliniques de malnutrition


stratégies (marasme, kwashiorkor)
_Enfant dont la courbe de pesée évoque une malnutrition
quelque soit le couloir de croissance ou il se trouve.
__Enfant à risque quand leurs états nutritionnels
s’aggravent où restent stationnaires malgré les conseils
éducatifs et les suivis intensifs

Dans les stratégies fixes. __Enfant se situant dans les zones rouges du diagramme de
MAIGREUR.

Dans les stratégies __Enfant dont le rapport poids /âge se situe en dessous du


mobiles. chemin de la santé.
__Enfant dont le périmètre brachial est inférieur à 13.5 cm.

c) Conduite de la réhabilitation nutritionnelle :


La prévention et le traitement de la malnutrition proteino calorique doivent assurer
simultanément une ration énergétique suffisante et un apport protéique adéquat.

*Malnutritions proteino caloriques graves :


Elles doivent être traitées en milieu hospitalier pour une raison ou une autre, on peut
tenter de réalimenter l’enfant dans la formation qui le reçoit sous surveillance médicale.
Il faut faire venir l’enfant à la formation sanitaire aussi souvent que possible jusqu’à
percevoir une amélioration.
*principes de base :

 Traitement de toute pathologie associée (diarrhée, infection…)


 Réalimentation en utilisant les mélanges : lait, huile, sucre, lait écrémé : 3 volumes,
sucre : 1 volume, huile : 1 volume.
 Pour la reconstitution, il faut utiliser un volume du mélange + 4 volumes d’eau.
 La valeur énergétique du mélange reconstitué est de 100kcal /100ml.
 Essayer de réalimenter l’enfant à la cuillère et faire boire à volonté.
 Maintenir l’allaitement maternel si l’enfant est au sein car le lait maternel est
l’aliment idéal, il apporte des repas fréquents, de faible volume et isotonique au
plasma.
 Bien couvrir l’enfant pour éviter les pertes d’énergie, l’enfant doit être en
permanence au contact de sa mère.
 Donner des repas très fréquents, toutes les 2 heures et même toutes les heures
pour luter contre l’hypoglycémie car les réserves en glucogène hépatique sont
pratiquement nulles.
 Donner des repas de petites quantités.
 Etre patient car on observe souvent une anorexie qui complique le traitement mais
qui va disparaître progressivement.
 Recourir à la sonde naso-gastrique si les conditions de son utilisation sont
requises ; matériel disponible et personnel maîtrisant la technique.
 Si l’état de l’enfant s’améliore, on peut passer à une alimentation à base de lait ou
de plats familiaux selon l’âge de l’enfant.

*Malnutrition modérée :
Elle sera traitée en fonction de l’âge de l’enfant et des disponibilités alimentaires de
la famille.
*principes de base :
Il faut :
 Traiter toute pathologie associée (diarrhée, infection…)
 Prescrire un régime équilibré riche en énergie, en protéines et en calcium.
 Donner 8 repas en moyenne par jour.
 Présenter la nourriture à l’enfant à plusieurs reprises sans jamais le forcer à
manger (risque de vomissements).
 Augmenter progressivement la ration énergétique et protéique en s’adaptant à
l’état clinique et à l’appétit de l’enfant. Il est inutile de prescrire des fortifiants
ou des stimulants de l’appétit qui sont inutiles et constituent une perte d’argent.

Ce régime peut être couvert par :


 L’allaitement maternel (ou artificiel).
 Une farine torréfiée enrichie de pois chiche, d’huile végétal et de sucre.
 Une alimentation diversifiée apportant légumes, fruits, protéines, lipides
(voir chapitre : alimentation diversifiée)
 Exemples de régime :
Avant 4 mois
- Si l’enfant est nourri au sein, rechercher :
 s’il n a pas de problèmes d’allaitement : seins
ombiliqués, crevasses qui peuvent entraver la conduite de l’allaitement.
 Conseiller de bien couvrir les enfants, surtout la nuit,
faire dormir l’enfant avec sa mère et encourager les tétées durant la nuit.
Si ces mesures ne suffisent pas pour faire redémarrer la croissance, il faudra envisager
l’allaitement mixte en utilisant de préférence un produit lacté pour enfant- entre 90 et
100cc de lait par repas à donner au verre ou à la cuillère à raison de 2 à 3 repas lactés/jour,
tout en essayant de maintenir l’allaitement maternel.
(Si la famille a des problèmes financiers), on peut envisager une supplémentation avec le
mélange lait- sucre- huile.
A partir de 3 mois, on peut introduire les bouillies à 2 aliments : mélange d’une farine et d’un
aliment riche en protéines additionné à un peu d’huile et de sucre ;
- On peut proposer le riz comme céréale de base (la farine de blé sera introduite plus
tardivement car sa fraction protéique (le gluten) peut être mal tolérée si elle est donnée
trop tôt ;
- La fraction protéique peut être obtenue à partir du lait, d’œufs, de blanc de poulet ou de
poisson frais.
1 à 2 bouillies en plus de l’allaitement maternel permettent de redresser la courbe de poids.
- Si l’enfant est sous allaitement artificiel :
 Rechercher la cause de l’arrêt de l’allaitement au sein ; si l’arrêt est récent, vérifier si la
mère dispose encore de lait et remettre l’enfant au sein et supplémenter comme dans le
1er cas.
 Si la maman n’a plus de lait, il faut se renseigner sur la façon dont sont préparés les
biberons, la stérilisation, la dilution, le lait utilisé…, les quantités que reçoit l’enfant ;
corriger si nécessaire et supplémenter comme dans le 1 er cas(bouillies à partir de 3 mois).
Après 4 mois (voir cours de puériculture).
A cet âge l’enfant en plus du sein a normalement besoin d’une supplémentation en protéines et en
énergie.
- Enfant au sein : supplémentation par des bouillies enrichies,
une alimentation diversifiée préparée spécialement pour l’enfant à partir de légumes, de
protéines (viandes, poisson, poulet) ou prélevé du plat familial sous réserve de diminuer
l’assaisonnement et de servir l’enfant à part en veillant à lui donner une quantité suffisante
(environ 150 à 200g par repas)
- Enfant sevré : on préconise le même schéma de
réhabilitation en remplaçant les 3 tétées au sein par 3 prises de lait artificiel (poudre de lait
reconstituée, lait de vache, liquide donné au verre ou à la cuillère).
Le régime à base de lait, sucre et huile peut être utilisé :
 En cas d’anorexie importante.
 En cas d’absence de réponse à la réhabilitation à base de supplémentation lactée,
bouillie et alimentation diversifiée.

 Schéma de réhabilitation :
Enfant mal nourri modéré.
- A partir de 3 mois
6 à 8 repas = allaitement maternel+ bouillie à 2 aliments

- De 4 mois à un an
Réhabilitation à base de lait maternel, d’Actamine enrichie et d’une alimentation diversifiée.

Au réveil Une tétée

10h Une bouillie d’Actamine en augmentant progressivement les quantités selon la tolérance,
l’appétit et l’âge de l’enfant.
Le jour 100g d’eau+ 4 à 5 c.à.s. d’act. Enrichie de sucre et
D’huile 6e- 7e jour 200 g d’eau+ 6 c.à.s.d’act.

12h Repas complet


soupe de légumes+ viande ou poisson ou poulet ou œuf
préparé spécialement pour l’enfant soit soupe de
légumineuses
conseiller à la mère de donner à l’enfant 1 œuf 2 fois par
semaine.
Dessert : fruit ou fromage ou yaourt.

14 h Une tétée

16 h Une tétée+ biscuits écrasés.


18 h Une bouillie d’act.5 enrichie d’huile et de sucre.

20 h Une bouillie d’Actamine enrichie ou soupe de riz, de céréale


(tchicha, semoule) additionnée de beurre et de sucre et de
Lait.
Dessert : fruit ou fromage ou yaourt.

Au Une tétée
coucher

Maintenir l’allaitement maternel à la demande et faire téter l’enfant


la nuit

- Au-delà de 1 an :

Petit déjeuner 250g de lait


Pain, beurre ou huile, confiture ou miel
10h Collation
250g de lait+ pain ou biscuit
Déjeuner Repas complet
Viande ou poisson ou poulet (70à100g) ou
1 œuf à raison de 2 à 3 fois /semaine
Légumes variés
Dessert : fruit ou yaourt
goûter Goûter
Lait 250g
Pain+ beurre ou huile
Dîner Une soupe de céréales (semoule, pâtes,
D’chicha) ou soupe de riz enrichie de sucre
, d’huile ou d’une noisette de beurre
Fromage et ou fruit.

Avant le coucher donner 1 verre de lait ou 1 fruit

 Surveillance de l’enfant réhabilité :


La durée de la réhabilitation peut varier entre 1 à 4 mois en fonction de
l’état de santé et de nutrition de l’enfant. Durant cette période une
surveillance est primordiale.

 Organisation du suivi :
Le suivi est une étape importante dans la prise en charge de l’enfant en
réhabilitation.
Il consiste essentiellement en une surveillance :
*De l’évolution de la croissance de l’enfant sur la courbe de croissance et
sur la fiche de surveillance du rapport poids/ taille.
*Des causes déterminantes ou associées à la malnutrition.
*Du régime adopté pour la réhabilitation, l’enfant mal nourri devra être
pesé et surveillé régulièrement et plus fréquemment jusqu’à ce qu’il quitte
les zones de malnutrition.
*Le rythme de pesée, de contrôle dépend des stratégies et de
l’éloignement de l’enfant à la formation sanitaire.

Au niveau des stratégies fixes:

Une pesée hebdomadaire dans le premier mois, bimensuelle ensuite. L’infirmier de SMI devra
bien mettre en évidence les fiches de surveillance de croissance des enfants en cours de
réhabilitation afin d’identifier les absents et de procéder à des visites à domicile
systématiques.

Au niveau des stratégies mobiles:

L’enfant doit être vu lors de chaque passage, avant son départ l’infirmier itinérant doit
consulter le cahier des mal nourris et identifier tous les enfants qu’il doit surveiller avec une
liste de ceux qu’il doit contrôler en priorité, il doit consacrer beaucoup plus de temps à la mère
pour prodiguer les conseils nutritionnels adéquats et répondre à tous ces interrogatoires.

La qualité du dialogue instauré avec la mère conditionne la réussite de la réhabilitation.

Conduite à tenir en cas d’échec de la réhabilitation :


Il arrive que les enfants ne prennent pas suffisamment de poids, ou bien que le gain de poids
initial ne se maintienne pas en pareil cas, il faudra vérifier un certain nombre de points :
 Les problèmes d’alimentation :
L’enfant ne reçoit pas suffisamment : il faudra revoir le schéma de réhabilitation
nutritionnelle préconisée à la mère, vérifier si cette dernière nourrit son enfant suivant les
conditions qui lui sont données.
*Les prises alimentaires sont trop peu nombreuses (augmenter le nombre des repas)
*L’enfant refuse les aliments (le manque d’appétit peut se rencontrer chez les enfants
dénutris, on peut surmonter cette petite difficulté en les alimentant à une petite cuillère à
intervalle rapproché durant les 2 ou 3 premiers jours de la réalimentation)
*Augmenter les quantités d’aliments à donner à l’enfant au fur et à mesure du
rétablissement de son appétit ,si par la suite l’enfant n’éprouve toujours pas une affection
concomitante non diagnostiquée est probablement présente. Ceux qui nécessitent la
référence à la consultation médicale.

 Les pathologies associées non diagnostiquées :


Une infection comme la tuberculose, une otite de l’oreille moyenne, une amygdalite ou une
infection urinaire peuvent ne pas être diagnostiqués et empêcher la guérison.
L’absence de récupération de l’enfant après réhabilitation nécessite :
- Vérifier le régime alimentaire de l’enfant.
- Rechercher une cause sous-jacente (infection).
- Référer à la consultation médicale.

III. Rôle de l’infirmier dans la prévention du rachitisme :

Le rachitisme est une maladie qui atteint essentiellement les enfants au cours des
deux premières années de leur existence.
Le rachitisme infantile est défini comme une maladie du métabolisme du calcium et
du phosphore atténuant les enfants et les nourrissons qui reçoivent un apport
insuffisant de vitamine D2.
L’hypocalcémie observée est due d’une part à la diminution de l’absorption
intestinale du calcium (régime pauvre en lait et dérivé).
Le rachitisme est une maladie du métabolisme phosphocalcique en rapport avec une
carence en vitamine D.
La prévention du rachitisme consiste en :
- L’administration systématique du stérogyl 15.
- L’éducation nutritionnelle.

1 . L’administration de la vitamine D2 :

Elle se fait systématiquement à raison de 2 ampoules. La première prise à la naissance


ou pendant les jours qui suivent en même temps que la vaccination par le BCG.
La 2 ème prise est donnée à 6 mois d’intervalle. Chaque ampoule est dosée à 600.000
UI. En réalité 200.000 UI à chaque prise suffisent à couvrir les besoins de l’enfant.
Au niveau des stratégies fixes:

La prévention du rachitisme se fait au niveau des dispensaires, centres de santé


urbains et ruraux de base. Les enfants vus tardivement recevront également une
ampoule de vitamine D2, répétée à 6 mois d’intervalle. Il est inutile et dangereux de
dépasser les doses préconisées.
Pour cela l’infirmier doit : vérifier auparavant le carnet de soin si l’enfant n’a pas déjà
reçu de vitamine D2.
Toujours noter la prise de vitamine D sur la fiche de croissance et sur la carte de
vaccination - croissance. Il est impérieux que la vitamine D2 soit administrée par
l’infirmière, celle-ci doit s’assurer que l’enfant a bien avalé sa dose.

Au niveau des stratégies mobiles:

Quelque soit la modalité de couverture sanitaire, l’infirmier doit :


- Rechercher les jeunes enfants qui ne sont pas présentés en SMI.
- Profiter des séances de vaccination lors des rassemblements et assurer la
prophylaxie par la vitamine D2.
- Après avoir vérifié les documents (soit carnet, soit carte de vaccination) et
interrogé la mère sur une éventuelle prise de vitamine D2 par
l’enfant,l’infirmier donnera une ampoule de vitamine D2 :
 Aux enfants n’ayant jamais reçu la première prise.
 Aux enfants n’ayant pas encore reçu la 2 ème prise.

L’infirmier itinérant veillera à noter les prestations sur les documents prévus à
cet usage (carte de vaccination-croissance) et cahier de la localité.

2. L’éducation nutritionnelle :

Elle est la même au niveau de toutes les stratégies. Pour prévenir le rachitisme
conseiller à la mère :
 D’assurer une alimentation suffisamment riche en calcium,
en phosphore et en vitamine D. Exemple : viande, œuf, foie, poisson, lait et ses
dérivés.
 D’exposer les jeunes enfants à la lumière du soleil sans
interposition de vitre et de vêtement inutile.
 De développer les jeux en plein air cependant éviter les
expositions trop brutales en été.
IV. Surveillance de la croissance staturo- pondérale des enfants en SMI :

La surveillance régulière de la croissance s’adresse particulièrement aux enfants


de 0 à 2 ans c’est la période privilégiée pour l’installation des troubles
nutritionnels,elle correspond à une période riche en événement chez les
nourrissons ,sevrage,diversification alimentaire , épisodes morbides fréquents
(diarrhée, infection).
La surveillance permet :
 De s’assurer du bon développement de l’enfant.
 De dépister les problèmes nutritionnels dès le début de leur installation,
phase ou les possibilités de récupération sont très importants, le diagnostic
précoce de la malnutrition augmente considérablement les chances de
récupération de l’enfant.
 De permettre le diagnostic des épisodes morbides (infection, diarrhée qui
s’accompagne le plus souvent d’une cassure de la courbe de poids,
d’identifier les enfants à risque nécessitant une surveillance particulière ; le
risque est déterminé :
- A partir de l’interrogatoire de la mère sur la santé de l’enfant.
- Des données socio-économiques et sanitaires de la famille.
- De l’allure de la courbe de poids.

La surveillance régulière de la croissance est le seul moyen de dépister


précocement les troubles nutritionnels c’est à cette occasion que l’on sensibilisera
la mère aux problèmes de santé et de croissance de l’enfant et qu’on développera
des messages adaptés à chaque enfant.

V. Le diagramme de MAIGREUR :

 Définition et description du diagramme de maigreur :


C’est un panneau constitué de :
- Une série de colonnes verticales allant de 5 à 25 kg
Le poids est augmenté de 500 g d’une colonne à l’autre
- Un axe vertical gradué de 0 à 140 cm.
- 4 couloirs de couleurs différentes correspondant chacun à un état
nutritionnel de l’enfant.
Couloir vert : enfant normal dont le rapport poids/taille est compris entre 90 et 110%.
Couloir jaune : enfant maigre dont le rapport poids/taille est compris entre 80 et 90 %
nécessitant un contrôle régulier.
Couloir rouge clair : enfant très maigre dont le rapport poids/taille est compris entre 70
et 80% nécessitant une réhabilitation rapide.
Couloir rouge foncé : enfant extrêmement maigre dont le rapport poids/taille est
compris entre 60 et 70% et pour lequel il faut agir en extrême urgence.
L’utilisation du diagramme de maigreur doit se faire en complément de la courbe de croissance

 Principe :

Le diagramme de maigreur permet d’apprécier l’état nutritionnel de l’enfant selon le


rapport poids/taille

La lecture de ce rapport se fait directement selon la couleur où se trouve le sommet du crâne de


l’enfant.
Il pose moins de problèmes d’interprétations auprès du personnel de santé.
La connaissance de l’âge n’est pas utile.
Il peut être utilisé comme support pour informer les mères de l’état nutritionnel de leur enfant,
elles en comprennent facilement la signification.

 Utilisation : analyse du rapport P/T :


- Emplacement du diagramme de maigreur : le diagramme de maigreur doit
être fixé au mur bien à plat. Le bas du diagramme doit toucher le sol.
I. Enfant ayant acquis la station debout :
 Peser l’enfant et noter son poids sur la fiche de surveillance
de la croissance et sur la carte vaccination- croissance.
 Repérer du doigt la colonne (verticale) correspondant à son
poids sur le diagramme de maigreur.
 Placer l’enfant pieds nus contre le graphique en lui demandant
de se mettre debout devant la colonne correspondant à son poids.
 S’assurer que les épaules de l’enfant, son dos et ses talons
soient contre le mur.
 Les plantes des pieds doivent reposer sur le sol et le milieu de
la tête doit se trouver au niveau de la colonne correspondant à son poids.
 Mettre la paume de votre main sur la tête de l’enfant et
toucher le diagramme avec votre doigt. Votre doigt va se situer selon l’état
nutritionnel de l’enfant dans l’une des quatre zones du graphique :

1. Si la tête de l’enfant se situe dans la zone


verte :

L’enfant est bien nourri :


Encourager la mère qui devrait être informée de la situation nutritionnelle de son
enfant.

2. Si la tête de l’enfant se trouve dans la zone


jaune :
Son état nutritionnel est intermédiaire, c’est un enfant à risque. Il faut
interroger la mère sur :
- La santé de l’enfant (à la recherche de diarrhée- parasitose-infection
quelconque à son début…)
- Le régime alimentaire de l’enfant, son appétit et faire suivre l’enfant
régulièrement en expliquant à la mère le régime alimentaire adapté à l’âge
de l’enfant et aux ressources familiales, référer l’enfant à la consultation
médicale si vous soupçonner une infection débutante.

3. Si la tête de l’enfant se situe dans la zone


rouge clair :

L’enfant présente une malnutrition


- Informer la mère de son état nutritionnel
- Procéder à l’interrogatoire comme pour l’enfant à risque, référer si
nécessaire l’enfant à la consultation médicale et le prendre en charge en
réhabilitation nutritionnelle en le suivant régulièrement.
4. Si la tête de l’enfant se situe dans la zone
rouge foncé :

L’enfant présente une malnutrition grave, le référer d’urgence à la consultation


médicale et assurer son suivi après la récupération.

II. Enfant n’ayant pas acquis la station debout :


 Peser l’enfant et reporter son poids sur la FSC et sur la C.V.C.
 Mesurer sa taille seulement si son poids se situe en dessous du couloir du
chemin de la santé.
 Repérer le rapport poids/taille sur le diagramme de maigreur adapté à cet
effet.
 Le rapport poids/taille de l’enfant va se situer dans l’une des 4 zones du
diagramme de maigreur.

La conduite à tenir est la même que pour le diagramme de maigreur mural.

Quelque soit l’état nutritionnel de l’enfant noter son poids sur la fiche de
croissance et la carte de vaccination – croissance.

Exemple :
Enfant mesurant 59 cm et pesant 4kg 300, repérer la ligne 59 cm sur la colonne
de la taille et placer le poids dans la colonne correspondante. Ici le poids se situe
entre 4kg280 et 4kg815 il s’agit d’un enfant à risque qui doit bénéficier d’une
surveillance intensive et de conseils adaptés à son âge, son état nutritionnel et
ses conditions de vie.

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