Vous êtes sur la page 1sur 20

MODULE : SOCIOLOGIE DE LA SANTE

Enseignante : M. TEYANLON TSENO THIBAUT


IIe Partie : LA SOCIOLOGIE DE LA SANTE

INTRODUCTION GENERALE
Les Hommes ont, de tout temps et en tout lieu, fait face à la maladie. De l’utérus au
tumulus, la maladie est l’une des réalités existentielles qui les accompagne.

Par nature et par définition, l’homme est un être vivant, un être en proie à un certain nombre de
processus biologiques et physiques parmi lesquels la naissance, la croissance, la maturité, la
dégénérescence, le vieillissement, la fatigue, la maladie, la mort. (Mbonji Edjenguèlè, 2009 : 9).

Lutter contre la maladie, qu’elle soit bénigne ou grave, fait ainsi partie des activités permanentes
des Hommes car elle constitue un des problèmes majeur qui perturbe leur existence. Pour
Ludovic Lado :

La santé est un bien humain universel à la fois précieux et fragile, si fragile qu’elle fait presque
partout l’objet d’une attention et de soins particuliers. D’ailleurs la plupart des rituels de
salutations qui meublent les rencontres humaines au quotidien consistent pour l’essentiel à
s’enquérir de l’état de santé les uns des autres. » (2010 : 15).

Dans les pays en voie de développement, comme le Cameroun, cette réalité est plus
prégnante ; ceci à cause de la pauvreté d’une masse importante de la population et du système de
santé lui-même malade et partiellement incapable de répondre aux besoins d’une part importante
de la population.

Face à cette situation, la quête du bien-être est ardu pour un grand nombre de
Camerounais, pas toujours à même de se soigner ou de prendre en charge la santé des membres
de leur famille. Par exemple, on note par rapport aux normes de l’Organisation mondiale de la
santé (OMS), que la couverture de la population en personnel médical ne cesse de se dégrader en
dépit des efforts de recrutement déployés par le gouvernement. Le ratio professionnel de
santé/population est de 0,63 pour 1000 habitants au Cameroun contre 2,3 pour 1000 selon les
normes internationales (INS1, 2010). Seul moins de 10% seulement de la population bénéficie
d’une assurance maladie. Cette situation favorise la mobilisation d’un ensemble d’itinéraires
thérapeutiques qui ne se résument pas aux seuls recours reconnus par l’État et l’OMS. Elle y
intègre d’autres types de recours : religieux, médecines dites alternatives, etc. La maladie est un
« phénomène total », pour reprendre l’expression de Marcel Mauss2. Elle est au carrefour de

1
Institut National de la Statistique. Les étudiants sont encouragés à consulter le site de l’INS (http://www.statistics-cameroon.org).
2
http://classiques.uqac.ca/classiques/mauss_marcel/socio_et_anthropo/0_introduction/intro_socio_et_anthropo.pdf

1
plusieurs disciplines. Mieux encore, elle n’intéresse pas seulement le biomédical. C’est le
bienfondé de ce cours de Sociologie de la Santé (SS). En effet, il met un accent sur les éléments
sociaux qui touchent à la santé.

L’Objectif général du cours est de questionner la place ou l’importance de la SS dans le


champ de la santé. Pourquoi le professionnel de santé (l’infirmier, l’aide – soignant ou le
médecin) doit-il faire appel à la sociologie, science du social par excellence, dans la lecture et la
compréhension des questions de santé. Mieux encore, comment la sociologie peut-elle aider le
professionnel à atteindre ses objectifs : comprendre le malade, soulager sa souffrance, guérir la
maladie ou encore accompagner la personne malade vers sa fin de vie. C’est en tant que faits
sociaux constitutifs de la réalité du monde social que les maladies intéressent les sociologues.

Pour ce qui est des objectifs spécifiques, il est question de :


- Analyser les déterminants (perceptions/représentations) de la maladie ;
- S’imprégner des logiques et des différents recours thérapeutiques ;
- Analyser les relations soignants-soignés ;
- Mettre en exergue la collaboration entre les professionnels et les profanes ;
- Analyser les enjeux autour de la santé ;
- entre autres.
Ceci en fonction du public d'étudiants cible : futurs infirmiers, futurs médecins, techniciens, etc.

2
CHAPITRE 1 : APPROCHE CONCEPTUELLE ET QUESTIONS PRELIMINAIRES

Ce chapitre, ambitionne de poser les bases de notre cours. Il est question de définir les concepts
opératoires et d’analyser, sommairement, quelques questions préliminaires indispensables à la
compréhension de l’enseignement.

1.1. La sociologie
1.1.1. Définitions
Pour Auguste Comte : « la sociologie est l’étude scientifique de l’organisation des sociétés
humaines. » Elle peut aussi être définit comme l'étude des relations, actions et représentations
sociales par lesquelles se constituent les sociétés. Pour les sociologues, les explications des
phénomènes sociaux sont à chercher dans la société : le social explique le social (Règle
essentielle de Durkheim). « Toutes les fois que, pour expliquer un fait social on se référera à des
motivations individuelles, on pourra être assuré que l'explication est fausse ».

Cela introduit une distinction radicale de l'objet de la psychologie et de celui de la sociologie.


Les sentiments individuels s’expliquent par la constitution de la société et non l’inverse. Les
sentiments et pensées individuelles sont souvent au contraire forgés par la société. Il y a toute
une éducation, un contexte, des modèles qui font qu’on pense de telle ou telle façon. Le social
explique le Social

1.1.2. Champ d’étude


La sociologie permet :
- d’analyser les représentations du monde social,
- de repérer comment les événements et les individus ou groupes d’individus se situent
dans le monde social.
En effet, dans chaque situation sociale, le comportement de l’individu est différent ; il y a
multiplicité des rôles, comme notamment lorsqu’il évolue dans le système de santé la réalité
sociale influe sur son comportement. La sociologie s’intéresse et étudie la mise en jeu du
milieu. L’apprentissage du monde social s’exerce au travers de toute une série d’expériences
dites de socialisation.

1.1.3. Les paradigmes.


Les deux paradigmes qui dominent la sociologie sont : le paradigme déterministe et le
paradigme interactionniste. Un paradigme est une représentation du monde, une manière de
voir les choses, un modèle cohérent de vision du monde qui repose sur une base définie
(matrice disciplinaire, modèle théorique ou courant de pensée).
3
Comme son adjectif la qualifie, la perspective déterministe accorde une importance majeure
aux déterminants structurels de l’action sociale visant par-là à souligner les forces intégratrices
de la société sur l’homme. Emile Durkheim, qui reste un auteur représentatif de cette tendance,
évoque la notion de « socialisation ». Ce paradigme « enferme » l’homme dans un schéma quasi
mécaniciste et donc dénué de toutes ses dimensions culturelles. Ce courant prétend, entre autre,
que les instances sociales collectives préexistent aux individus et représentent autant de « moules
» dans lesquels ceux-ci viennent se fondre.

Le paradigme interactionniste : Ici, on donne à l’homme et aux hommes la préséance dans la


construction et le développement des sociétés, de leur société. Les sociétés ne sont plus conçues
comme des structures ou des systèmes mais sont le produit de l’action sociale. Cette action
sociale est elle-même le produit, la résultante des rapports sociaux comme de l’action culturelle
des hommes. Cette option rend ainsi à l’Homme sa nature proprement humaine, riche et créative
mais aussi complexe et conflictuelle.

1.2. La santé
Au centre des différentes formes d’analyse et d’interprétation de la dimension sociale de la santé
se trouve le questionnement philosophique et éthique de la santé. Qu’est-ce que la santé ? Pour
l’OMS, « La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas
seulement en une absence de maladie ou d'infirmité. »3 Une autre définition de la santé que
proposent les manuels de soins infirmiers ou d’éducation à la santé est celle de l’homme conçu
comme un être bio-psycho-social. Ainsi, la santé est à considérer comme une norme définie par
la société. Il est donc question de pouvoir, d’autorité, d’égalités, d’inégalités et de distribution.
Cette norme qu’est la santé est évolutive et fait évoluer la société dans laquelle elle s’inscrit. La
sociologie permet donc, et entre autre, de distinguer la maladie de la santé, etc.
1.3. La sociologie de la santé
C'est en 1951 que le sociologue Talcott Parsons publia un texte (The Social System) qui donna le
coup d'envoi à la réflexion sociologique sur la maladie. Avant lui, on ne faisait guère plus que
des corrélations entre des variables sociales et des variables biologiques, en se basant
uniquement sur ce que les médecins en disaient et sans tenir compte de ce qui est au fond une
évidence: quelqu'un est perçu comme malade uniquement quand il se dit malade ou se
comporte à la façon d'un malade (selon les normes sociales). Un des défis lancés à la
sociologie était donc de comprendre les raisons de ce hiatus potentiel entre l'« être » et le

3
« Préambule à la Constitution de l'Organisation mondiale de la Santé, tel qu'adopté par la Conférence internationale sur la Santé,
New York, 19-22 juin 1946; signé le 22 juillet 1946 par les représentants de 61 Etats. 1946; (Actes officiels de l'Organisation
mondiale de la Santé, n°. 2, p. 100) et entré en vigueur le 7 avril 1948. » La définition n'a pas été modifiée depuis
1946.http://www.who.int/about/definition/fr/print.html

4
« faire », entre l'expérience de la maladie et la conduite de malade. Pourquoi certains groupes se
comportent-ils différemment devant les mêmes symptômes ? Pourquoi certains individus se
déclarent-ils malades et d'autres pas ? Pourquoi l'un consulte et non pas l'autre ? Comment les
gens s'y prennent-ils, et avec l'aide de qui, pour choisir (ou pour refuser de voir) un thérapeute ?
Comment réagissent-ils à ses ordres ? Etc.

Dans chaque situation sociale, le comportement de l’individu ou du groupe varie et diffère selon
qu’il évolue dans une situation ou une autre, un système et un autre, comme notamment lorsqu’il
évolue dans le système de santé. La santé, de manière générique, peut être saisie comme un
domaine de la vie quotidienne et de l’organisation sociale. Le système de santé, les structures
sanitaires et sociales et les institutions qui les identifient sont à considérer comme des «
entreprises » de socialisation. La sociologie s’applique alors à expliquer les comportements de
l’individu déterminés par les normes de ce système ; ou bien à décrire l’interaction entre
l’individu et le système menant au développement de l’un comme de l’autre. La sociologie
analyse les facteurs favorisants des comportements ou des interprétations différentes du monde
social ; comme par exemple, l’étude des déterminants sociaux et culturels qui conditionnent la
consommation des soins et les comportements dans l’utilisation du système de santé. Il y en a
d’autres.

1.4. Pourquoi la sociologie de la santé ?


Comme nous venons de le souligner ci-dessus, l’importance qu'on accorde aux facteurs sociaux
(la société, l’environnement) relatifs à la santé et aux problèmes qui s'y rapportent est
grandissante depuis plusieurs années. L'ensemble des recherches sur les déterminants sociaux de
la santé a fait ressortir la complexité des facteurs qui interviennent dans la santé des populations.
Une foule de recherches en sciences sociales soulignent la pertinence des questions telles que les
raisons pour lesquelles certaines personnes jouissent d'une meilleure santé que d'autres, les
facteurs qui contribuent à améliorer la santé d'une population donnée ou encore le choix de
telle itinéraire thérapeutique, plutôt qu’un autre. La SS vise à promouvoir les échanges
critiques concernant les dimensions sociales de la santé.

La sociologie offre un regard différent, complémentaire tendant et tentant de circonscrire cette


réalité complexe qu’est la santé. La santé, de manière générique, peut être saisie comme un
domaine de la vie quotidienne et de l’organisation sociale. Le système de santé, les structures
sanitaires et sociales et les institutions qui les identifient sont à considérer comme des «
entreprises » de socialisation.

5
Pour la SS il est question de sortir la santé de son « enferment » en faisant d’elle un « fait social
total » (Marcel Mauss, Don et contre don). Elle ne relève pas seulement du biomédical. Elle est
aussi culturelle, économique, psychologique, etc. Il n’est pas question pour la SS de se
substituer à la médecine encore moins de la disqualifier, mais, bien plus, de l’accompagner.
Il s’agit d’une collaboration, visant à renforcer le travail des professionnels, d’une part, et
d’établir un dialogue entre la SS et celles médicales, d’autre part.

CHAPITRE 2: LE MALADE ET « SA » MALADIE

Comme nous l’avons souligné plus haut (1er chapitre), nous assistons de nos jours à un intérêt
croissant accordé par les sciences sociales aux questions relatives à la santé et à la maladie. Cette
réalité représente en soi un grand tournant ainsi qu’un acquis considérable. Car, en effet, pour la
sociologie, parler de la santé et de la maladie au même titre que le médecin, mieux encore au
même titre que les professionnels, il y a environ un demi-siècle, était presque de l’ordre de
l’inconcevable. Désormais, des disciplines, comme l’anthropologie et la sociologie, ne cessent de
s’affirmer, affichant leur volonté de s’impliquer davantage dans la pratique sociale contribuant
ainsi à la compréhension et à la résolution des problèmes auxquels se heurtent les populations.
Un champ de recherches et d’investigations consacré à la construction sociale de la maladie et de
la santé a vu le jour. Malgré sa relation avec la médecine, un tel champ la déborde. Car, être
malade ou en bonne santé ce n’est pas seulement un état biologique mais c’est aussi une réalité
psychologique et sociale (voir la définition de l’OMS, 1er chapitre).

2.1. Définition de la maladie : de la définition « objective » à la définition « subjective »


La notion de maladie est plus complexe qu'il n'y paraît. La maladie est une catégorie de la nature,
mais c'est aussi une construction sociale. Dans la langue française, il n’existe qu’un seul terme
« maladie », pour caractériser les divers aspects d’un même objet. Or, à partir d’emprunts faits à
la langue anglaise, il est possible d’en conceptualiser la complexité. La sociologie de la santé qui
puisse dans l’anthropologie médicale propose de distinguer trois réalités distinctes sous les
différents termes désignant la maladie en anglais :

- Les altérations biologiques (disease),

- Le vécu subjectif du malade (illness), et

- Le processus de socialisation des épisodes pathologiques (sickness).

6
Ce détour par la langue anglaise et l’anthropologie, présente l’avantage de faire émerger les
divers aspects de la maladie : biologique, médical, psychologique, social, culturel. Cela s’avère
particulièrement précieux pour opérer la distinction entre « l’état de maladie » (qui relève de la
sphère sociale) et la maladie tout court (qui dépend de la sphère médicale). La perspective
constructiviste en sociologie des sciences montre que chaque connaissance scientifique reflète
aussi des croyances et des valeurs sociales. Un diagnostic se «construit dans l'interaction du
patient et du médecin, et de leurs représentations respectives de la pathologie, témoignant d'un
moment historique et d'un contexte social donnés. » Robin - Quach (2009). Globalement, la
définition de la maladie varie en fonction de trois dimensions : le biologique, l’individuel et le
social. Nous pouvons renvoyer le biologique à la définition objective et l’individuel et la
social4 à la définition subjective.

2.1.1. Définition objective


Pour Lalande, « est objectif ce qui est valable pour tous les esprits et non pas seulement pour tel
ou tel individu ». Il existe en effet des réalités objectives. Il serait par exemple difficile pour un
être humain, normalement constitué (c’est-à-dire en possession de tous ses sens), de ne pas être à
même d’établir le distinguo entre un homme et une femme ou encore entre une voiture et un
vélo. Ces réalités sont donc objectives.

Pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS), par exemple, le paludisme est une maladie
infectieuse potentiellement mortelle due à plusieurs espèces de parasites appartenant au genre
plasmodium. Le parasite est transmis à l’homme par la piqûre de moustiques infectés. Ces
moustiques, « vecteurs » du paludisme, appartiennent tous au genre Anophèles5. Il est donc
possible pour tout homme formé de déterminer objectivement les causes, les modes de
transmission, les symptômes, le cycle du parasite, les moyens de prévention ou encore le
traitements du paludisme.

Le terme disease renvoie à la définition médicale de la maladie, c’est la maladie telle qu’elle est
appréhendée par le savoir médical. Cette définition est fondée sur une connaissance objective des
symptômes physiques du patient. Elle est la conséquence logique d’un diagnostic, d’un ensemble
d’analyses biomédicales. Elle est objective, c’est-à-dire valable pour « tous les esprits » et non
pas seulement pour tel ou tel individu.

4
Le social, en sociologie, renvoie au global ; il est holiste donc objectif. Ici le social renvoie au subjectif parce qu’il s’écarte du biologique.

5
http://www.pasteur.fr/fr/institut-pasteur/presse/fiches-info

7
2.1.2. Définition subjective
Le concept subjectif renvoie à ce qui est individuel, valable pour un seul sujet. La définition
subjective de la maladie s’écarte donc de celle objective. Ici, ce qui importe c’est moins les
résultats objectifs des analyses biomédicales que la définition ou la redéfinition que la personne
malade ou son entourage donne à la maladie. La définition objective peut, par exemple, établir
que la personne malade souffre de VIH-Sida, mais dans un processus de dénie de la maladie, de
construction de « sa » maladie, la personne malade ou son entourage parvienne à établir qu’elle
souffre d’une autre pathologie ou alors est victime d’un sort. Le processus de construction ou de
redéfinition de la maladie va progressivement s’éloigner de la définition objective : la pathologie
en soi. Nous sommes ici dans le illness.

La notion illness a une signification plus extensive. Il est possible d’en distinguer deux sens, à
partir du point de vue de deux auteurs. Selon Eisenberg (1977), illness désigne la maladie telle
qu’elle est éprouvée et perçue par les malades eux-mêmes ; alors que pour Fabrega (1977; 1978),
illness concerne les comportements socioculturels liés à la maladie dans une société donnée. Le
point commun de ces deux définitions, est de se situer en dehors du champ biomédical, du
côté de la subjectivité des malades, de leur discours et de leur expérience de l’affection.

Enfin, le terme sickness appréhende la maladie en tant que « processus par lequel des signes
biologiques ou comportementaux inquiétants sont reconnus comme symptômes avec des
conséquences socialement significative ». Dans ce sens, la maladie - sickness résulte de la
socialisation de la maladie - disease et illness à la fois ; processus dépendant essentiellement de
la société et de la culture d’appartenance du médecin et du malade. En définitive, sickness se
rapporte au statut social du malade, au malade comme « personnage social ».

2.1.3. Apports et risques des définitions objective et subjective de la maladie


Il importe cependant de souligner que la distinction terminologique ne doit pas induire des effets
pervers. En effet, elle ne doit pas sous-entendre qu’au sociologue revient automatiquement l’état
de maladie (sickness), et qu’au médecin revient exclusivement la maladie - disease. En effet, s’il
s’agit bien à travers les trois termes de désenclaver la seule perspective médicale de l’analyse de
la maladie, il ne s’agit pas non plus de se centrer uniquement sur le vécu de la personne malade
ou sur la seule étude de sa place dans la société, en faisant abstraction du reste. Insister sur un tel
découpage présente le danger de négliger l’objet dans sa globalité6. À vouloir ainsi séparer les
différentes facettes de la maladie, on risque de se limiter à de simples allers et retours d’une

6
Comme nous l’avons souligné plus haut, la maladie est un « phénomène total », pour reprendre l’expression de Marcel Mauss.

8
perspective à l’autre - celle des sciences biomédicales et des sciences sociales - totalement
improductifs.

Les deux disciplines peuvent tout à fait focaliser leur attention sur le même objet « maladie », ce
qui les distingue, c’est leur façon de l’éclairer : la médecine interprète la maladie à partir du
biologique et la sociologie à partir du social. Toutefois, cette différence de points de vue n’exclut
nullement une approche sociologique de la maladie en tant que réalité objective disease.
Dépasser ce fractionnement et ce cloisonnement se justifie d’autant plus que, dans la réalité, les
différents aspects de la maladie sont fortement entremêlés, voire indissociables. En conséquence,
s’il est tout à fait utile de retenir dans un premier temps cette triade terminologique afin de mettre
en évidence la pluralité de l’objet, il n’est pas pertinent de procéder de la sorte dès lors qu’il
s’agit de passer à l’analyse de celui-ci. Ces exigences en matière de recherche semblent bien
rejoindre la démarche en soins infirmiers qui, dans la pratique, insiste sur une prise en charge
“globale” du malade. (Confer, Florence DOUGUET, In Objectif Soins, janvier 2000, n° 82).

2.2. Définition de la maladie et choix des itinéraires thérapeutiques


Nous entendons par itinéraires thérapeutiques les parcours que suivent les malades ainsi que
leurs familles et les choix thérapeutiques qui en découlent7. Le choix d’un ou de plusieurs
itinéraires thérapeutiques est déterminé par la définition de la maladie par le malade ou son
entourage.

L'hypothèse principale est que les individus ne choisissent pas au hasard leur itinéraire
thérapeutique, mais ce choix dépend de variables tant relatives aux individus, à leur culture, à la
maladie et à l'environnement économique du milieu où ils vivent. Ainsi, on observe la
mobilisation de plusieurs pratiques médicinales simultanément ; Les caractéristiques
démographiques des individus et / ou de leur milieu de vie ainsi que celles des maladies
déterminent le choix des soins médicaux ; des variables d'ordre économique influencent les choix
thérapeutiques que font les individus ; l'appréciation que font les individus de l'efficacité des
soins détermine le choix thérapeutique pour lequel ils optent.

2.3. Le rôle de la famille et de l’entourage


Les personnes malades sont par principe des personnes fragiles qui ont besoin d’être prises en
charge par la société. L’expression « prise en charge » largement utilisé dans le champ médical
et hospitalier montre à suffisance que la personne malade est une personne fragile, limitée qui a
donc besoin d’être « prise en charge », c’est-à-dire soutenue, épaulée.
7
Anne Marcellini, Jean-Philippe Turpin, Yannick Rolland et Sébastien Ruffié, « Itinéraires thérapeutiques dans la société
contemporaine », Corps et culture [En ligne], Numéro 5 | 2000, mis en ligne le 25 février 2005, Consulté le 11 mai 2015. URL :
http://corpsetculture.revues.org/710

9
Prendre en charge une personne malade revient à dire qu’on est, le temps de sa maladie,
responsable de son état. Si elles ne sont pas dépourvues de raison et si elles gardent leur dignité
d’être humain et libre, il reste cependant qu’elles sont fragilisées par leur état de santé. Certaines
sont souvent même atteintes de troubles psychologiques. La famille a donc un rôle essentiel, voir
crucial à jouer dans la définition de la maladie. Si la personne malade est dans un état qui ne lui
permet pas de se prendre en charge (cas d’une hospitalisation par exemple), la famille va être au
cœur du « dispositif ». « La » maladie de la personne malade sera aussi « sa » maladie. C’est
donc elle qui va la définir. Elle pourra ainsi suivre les professionnels (les médecins et les
infirmiers) ou alors se faire sa propre religion de la pathologie de leur malade.

En outre, si la maladie fonctionne comme un signifiant social, c’est-à-dire une sorte de signal
d'alarme ou une remise en question d'une situation sociale explosive, le traitement constitue alors
une tentative qui vise à supprimer ce désordre social, à réconcilier la personne malade avec son
entourage et à mettre fin à cette tension. Par conséquent, l'entourage de la personne malade est
impliqué et mobilisé dans la procédure de la cure.

Pour certaines pathologies, quand un membre de la famille devient malade, cela engendre chez
les autres membres de la famille des sentiments de crainte, honte, culpabilité, amertume,
abattement, et une coupure d'avec le milieu social: entourage familiers, connaissances, relations,
collègues de travail. Souvent, la maladie est niée ou présentée comme une péripétie mineure : «
ça va aller, juste qu’il n’est pas allez à l’hôpital à temps », etc. Ou, au contraire, il arrive que la
maladie, par son caractère obsédant, devienne le seul sujet de conversation encore abordé dans la
famille; les proches se font mutuellement des reproches; les frères et sœurs de la personne
malade se sentent délaissés; les époux se chamaillent, allant parfois jusqu'à se séparer et
entraînant famille et belle-famille dans les disputes et les accusations réciproques.

Le rôle de la famille est donc déterminant, dans le processus de définition de la pathologie. C’est
donc la famille qui va « déterminer avec précision » la pathologie. Pour les professionnels, il
importe de prendre en compte l’environnement familial du malade et de l’intégrer dans la
construction des mécanismes qui vont apporter le soulagement de la personne malade.

2.4. La médecine : de l’« autonomie » à l’« encerclement »


La médecine n’a jamais été aussi écartelée que maintenant entre la hausse de son niveau
technique et les pressions politiques et économiques qui portent sur son exercice. Le médecin,
qui s’est longtemps senti autonome, dans sa relation avec son malade, dans les décisions qu’il
prenait, tirait de cette autonomie une part importante de son prestige, de son statut de sage, et de
l’aura quasi-sacrée de ses interventions. Il est désormais cerné par un système social complexe

10
dont il devient un rouage soumis à des pressions contradictoires. Or si sa formation technique
suit les progrès des découvertes de la biologie, sa formation en sciences sociales demeure à l’état
d’ébauche, et il est peu armé face à des défis qui sont autres que ceux que pose directement la
maladie : défis du développement, défis tenant aux changements démographiques, au
changement du statut de la femme, aux mouvements migratoires, aux fondements sociaux des
toxicomanies, de la drogue par exemple, alors que les individus et les pouvoirs publics le
sollicitent. Simultanément cependant anthropologues et sociologues se sont tournés vers les
dimensions sanitaires et médicales de leur domaine et ont réalisé nombre d’études qui concernent
au premier chef le médecin. La rencontre de la médecine et des sciences sociales est dans l’ordre
des choses, mais les habitudes et l’inertie des institutions la rendent encore trop fragile.

Mais ce n’est pas tout. On a assisté depuis quelques décennies à une transformation bien plus
fondamentale, à une prise de pouvoir sur la médecine par ceux qui détiennent des positions fortes
dans la société globale, mais qui ne font pas partie du corps médical. Il est loin le médecin tout
puissant, le réformateur social du XIXe siècle ! Le coût croissant des techniques a propulsé en
avant les économistes de la santé. Prendre une décision médicale ne relève plus seulement du
médecin et de ce qu’il juge utile à tel individu malade, mais aussi des politiques de santé, de
ceux qui les évaluent et les coordonnent, des enjeux de santé publique jugés en termes de
politique globale, nationale ou internationale. Le médecin autrefois sage que l’on jugeait capable
de faire émerger les problèmes profonds d’une personne et de lui porter secours devient un
technicien encadré par des règles professionnelles, sociales, économiques, politiques. Acteur
social, aux prises, au cœur de sa profession, avec des décisions qui ne dépendent plus de lui mais
auxquelles il doit se plier, il est parfois fort dépourvu pour comprendre et analyser ce nouvel
univers et pour s’y orienter.

Face à ce médecin dont l’univers subit un tel remaniement, le malade, malgré de fortes
différences selon les pays et dans bien des pays entre classes sociales est de plus en plus pris en
charge au-delà de la réponse immédiate à ses besoins urgents. Mais en même temps il se sent
plus solitaire, plus passif face à une machine devenue énorme et qu’il ne comprend pas. Naissent
alors des mouvements de fond, mouvements de malades, d’associations de malades et de
familles de malades. À partir de l’émergence du SIDA, c’est une véritable lutte de pouvoir qui
s’est amorcée pour déplacer le centre de gravité des décisions en matière de santé, de façon à le
faire échapper au contrôle presque exclusif par les médecins et à donner aux malades une voix,
puis un pouvoir.

11
Ces ruptures d’identité, du médecin comme du malade, ce changement de la nature et de l’objet
des soins, cette remise en cause du cadre d’insertion et de la position du malade questionnent, et
laissent souvent sans réponse. C’est là que les sciences sociales de la santé tentent d’offrir leur
contribution. Longtemps les spécialistes des sciences physiques ou naturelles ont paru plus
« sérieux « que ceux des sciences sociales qui semblaient se payer plus de mots et de théories
que d’observations et d’analyses précises. Mais cela a changé et les sciences sociales ont gagné
en crédibilité, tandis que, simultanément, il apparaissait que les réalités de la société et de la
culture avaient une « dureté », une prégnance aussi grande que celle de la nature, en particulier
lorsque la maladie et la société se télescopaient. Confer Jean Benoist « La Médecine entre
techniques, société et culture: pourquoi des sciences sociales de la santé ».
La définition d'une bonne politique de santé, objectif de toute nation soucieuse du
développement de ses ressources humaines passe par une maîtrise des facteurs agissant sur les
composantes des ressources humaines. Au Cameroun, comme dans d'autres pays africains, il
existe une multitude de pratiques médicales ; les analyses anthropologiques ont largement
contribué à la question des choix thérapeutiques qui permettent d'envisager le malade comme un
individu placé « dans un contexte de pluralisme médical» et de tenter d'appréhender la logique
de ses décisions face aux alternatives qui se présentent à lui. Cette approche des itinéraires
thérapeutiques a souvent été fondée sur l'analyse du choix entre médecine traditionnelle et
biomédecine. Dans ces conditions, les individus, considérés comme dotés d'une rationalité leur
permettant d'exercer des choix entre les divers types de prestation sanitaire, selon des critères
d'ordre démographique, anthropologique et culturel, économique et subjectif, se trouvent en
situation de pluralisme médical.

12
CHAPITRE 3: NOTION DE GROUPES ; LES GROUPES SOCIAUX (famille, groupe de
travail, institution)

INTRODUCTION

Après les présentations des préliminaires sur la sociologie, une synthèse historique de la
discipline (précurseur de la sociologie) et un chapitre premier parlant de la socialisation, nous
évoluons logiquement dans ce chapitre vers la compréhension des mécanismes de
fonctionnement d’un groupe social. Le groupe, une notion qui a fait et continue à faire l’objet
d’une abondante littérature en sociologie est le lieu où se déploie l’action sociale. On retrouve
des expressions comme « il ne suffit pas de réunir quelques personnes dans une salle pour en
faire un groupe » ; « le groupe est différent de la somme des individus qui le compose » ; Ces
deux exemples montrent que le groupe social n’est pas une entité facile à saisir comme on
pourrait le penser à première vue. Le présent chapitre vise à faire comprendre aux étudiants, la
nature, les caractéristiques, la typologie existante, la place de celui-ci au sein de l’organisation et
les fonctions qui en découlent.

1. DEFINIITION
Selon BLOCH et AL (édition 1999; page 541) le groupe est « un ensemble de personne plus
ou moins grand admettant des frontières plus ou moins précise, stable ou perméable plus ou
moins structuré et qui se caractérise par un certain degré de cohésion affective et d’unités de
conduite des attitudes et des croyances. »

2. CARACTERISTIQUES DU GROUPE
Le groupe est :

 Une organisation des personnes entretenant des interactions et des relations sociales
structurés bien définis. Il apparait en fait comme une unité dont l’existence révèle une
interdépendance fonctionnelle.
 Les membres d’un groupe social poursuivent un même objectif, vise un même intérêt ou but
quoi qu’il y ait différenciation des rôles en fonctions des statuts, position ou place occupée
par les autres.
 Ces membres sont conscients de leurs appartenances à cette unité collective qu’est leur
groupe. Ils élaborent ou respectent ces normes, valeurs et modèles bref ils sont soumis à un
code commun.
 Le groupe est une structure ; de ce fait il présente des interactions qui en organisent la vie et
la spécifie. Il s’y dégage 3 structures à savoir :
 La structure d’autorité (la hiérarchie) : il s’agit de savoir qui prend les décisions, qui
donnent les ordres et qui doit les exécuter.
 La structure fonctionnelle (réseau de communication, mode de fonctionnement officielle).
 La structure affective telle que la sympathie (le fait de partager les peines d’une personne),
l’antipathie (c’est le fait de repousser les autres) et des empathies (comprendre une
personne afin de savoir ce qu’il faut pour cette personne ; c’est la caractéristique propre à
l’infirmer).

13
3. LA TYPOLOGIE DE GROUPE
3.1. GROUPE CLASSE SELON LEUR DEGRE DE FORMALISME, la force de
leur structure interne.
a) GROUPE FORMEL
Il se crée intentionnel ou délibérément pour s’acquitter d’une tâche spécifique (structure
d’autorité, système de statut, rôle bien défini, développé et durable dans le temps.

b) GROUPE INFORMEL
Il se créait naturellement à partir d’interaction de préférences ou des besoins des individus. Les
membres y adhèrent volontairement.

c) GROUPE DE TACHE
Les membres se préoccupe exclusivement de la tâche a accomplie. Le groupe cesse d’exister
lorsque la tâche est accomplie.

3.2. GROUPE CLASSE SELON LA NATURE DES RELATIONS


EXISTANTES ENTRE LES SUJETS ET LE GROUPE.
a) GROUPE PRIMAIRE
On peut définir le groupe primaire ou groupe « face à face » comme un ensemble de personne
qui communique entre elle pendant un temps assez long et qui sont peu nombreuses à telles point
que chacun puisse communiquer avec les autres directement non pas par l’intermédiaire d’une
personne. Les membres sont impliqués totalement et émotionnellement. Les rapports sont
intimes ; fréquent et non formels ; les relations sont de types affinitaires. Exemple : la famille, les
groupements des villageois. Les groupes primaires encore appelés « groupe restreint » présentent
les caractéristiques suivantes :

- Nombre restreint des membres tels que chacun puisse avoir une perception individualisé des
autres.

- Poursuivre en commun et de façon active les mêmes buts.

- Relation affective pouvant devenir intense entre les membres (sympathie, empathie).

- Forte interdépendance des membres et sentiments de solidarité.

- Différenciation des rôles entre les membres.

- Constitution des normes, de croyance, de signaux et de rythme propre au groupe (langage du


code du groupe).

NB : on ne rencontre pas toujours toute ces conditions à la fois dans un même groupe

b) LE GROUPE SECONDAIRE
Par opposition au groupe primaire, les groupes secondaires sont ceux dans lesquelles les
relations entre les membres sont indirectes et la conscience de l’existence des autres est vague.
Ici l’appartenance fait partir du savoir plus tôt que de l’appartenance affective quotidienne. Les
groupes secondaires sont couramment appelés organisations.

14
ANZIEU et MARTIN (1968) précisent que « le groupe secondaire encore appelé organisation
est un système sociale qui fonctionne selon les institutions (juridiques, économiques,
politique….) à l’intérieur d’un segment particulier (marché, administration, recherche
scientifique) une entreprise industrielle, un hôpital, une école, un parti politique, un mouvement
philanthropique sont des organisations » Page 40. Ils ajoutent par ailleurs que l’organisation est à
la fois.

- Un ensemble de personne qui poursuivent des buts déterminés, identique ou en


complémentaire, en droit administrative « c’est une association » .

- Un ensemble de structure qui fonctionne, qui règle les rapports des parties composantes entre
elles (service, bureau, atelier, comité) et qui détermine plus ou moins le rôle des personnes. Dans
le groupe secondaire, les rapports entre les individus sont plus formels. Dans un groupe
secondaire, il peut avoir compétition entre les membres. Exple : l’Ecole des AS.

3.3. GROUPE CLASSE SELON LA CATEGORIE

a) GROUPE D’APPARTENANCE

C’est celui dont l’individu fait parties comme membre à part entière par conséquent il est
astreint à respecter les normes de ce dernier en même temps qu’il bénéficie de son soutient.
Exemple : groupe de EAS de Ngovayang (c’est votre groupe d’appartenance) ; groupe des
musulmans, la Sète etc…

b) GROUPE DE REFERENCE

Selon SCHERIF, les groupes de référence sont les groupes auxquels l’individu se rattache
personnellement en tant que membres actuel ou auquel il aspire à se rattacher
psychologiquement. C’est le groupe auquel se réfère un individu. Exemple : le groupe d’EIDE
niveau 2.

4. LES FONCTIONS D’UN GROUPE


En tant que lieu par excellence où se déploie l’interaction sociale, le groupe joue un rôle
important non seulement pour ses membres, mais aussi pour les autres groupes et parfois même
pour une bonne partie de la société. Au registre de ses fonctions figure en bonne place, la
fonction comparative, normative, évaluative, et d’anticipation.

4.1. LA FONCTION COMPARATIVE


La découverte de son importance a amené HYMAN (1942) a introduit la notion de groupe
de référence. Ses travaux montrent que les groupes de référence servent de base de comparaison
pour l’auto estimation de l’individu.

Selon FESTINGER (1971), le groupe de comparaison sociale intervient chaque fois que
l’individu éprouve des difficultés à évaluer ; ou alors se trouve dans l’incertitude quant à ses
capacités et à ses opinions.

15
4.2. LA FONCTION NORMATIVE
Il s’agit du processus par lequel l’individu adhère aux normes, au model, aux valeurs d’un
groupe qui fait référence pour lui. Cette adhésion est motivée par le désir d’être accepté. Pour
cela, il cherche à régler ses attitudes sur ce qu’il perçoit être le consensus de ce groupe.

4.3. LA FONCTION DEVALUATION


Elle se rapproche à la fonction comparative qui nous a permis de constater que les individus
utilisent les groupes pour avoir eux-mêmes une image positive et pour cela ils établissent des
comparaisons intergroupes à partir des critères sur lesquels ils ont au préalable donné une
certaine valence (c’est à dire liaison). Ces critères sont contenus dans des représentations qui
permettent aux individus de s’évaluer par rapport aux autres et on constate que cette évaluation
aboutissait à un biais de favoritisme pour le groupe propre.

4.4. LA FONCTION D’ANTICIPATION


Elle permet à un individu en attente d’une issue incertaine qu’il souhaite positive pour lui de
mobiliser des cadres références qui lui fournissent des règles de conduite pour « orienter » et «
infléchir »cette issue dans le sens voulu.

CONCLUSION DU CHAPITRE :

De ce qui précède, il apparait que le groupe est incontournable dans la vie de l’homme, c’est là
où se réalise, se découvre, s’extériorise, donne un sens à sa vie …..L’illusion de penser à une vie
en dehors du groupe est vraiment irréaliste. Il appartient à ceux qui en ont la charge d’avoir
présent à l’esprit qu’il est leur obligation de savoir régner l’harmonie pour une meilleur
production des éléments le compose.

Sujet : Montrer comment le groupe est un arbre aux racines amères et aux fruits sucrés.

16
CHAPITRE 4 : DYNAMIQUE DES CONFLITS : LES LEADERS

INTRODUCTION :

Le conflit correspond à une réalité du groupe. Les relations entre les membres sont
déterminés par la confrontation de deux dynamiques : celle de l’organisation et celle du milieu et
constitue la mémoire sociale de l’organisation. Ce facteur est très important parce qu’il explique
en grande partie les obstacles à tout changement.

I- DEFINITION

Définir par le Larousse comme une « opposition d’intérêt ou d’opinion entre deux ou
plusieurs parties dont la solution peut être recherchée soit par des membres de violence, soit par
des négociations, soit par l’appel à une tierce personne ». Il se décline dans l’univers
organisationnel en fonction des natures et intensité, en conflits sociaux, conflits traditionnels et
conflit personnel.

II- TYPOLOGIE DES CONFLITS

1) Les Conflits sociaux

Généralement organisés par des structures syndicales, elles reposent sur une mobilisation
des salariés dans l’entreprise.

2) Les Conflits traditionnels

Regroupent des individus autour d’une même collectivité d’intérêt et soudent leurs
solidarités par la lutte avec une collectivité voisine. Supportés par le personnel, il comporte un
côté humain voir chaleureux en ce sens que les salariés ont le sentiment d’appartenir à un groupe
unis sûre de sa morale.

3) Les Conflits individuels

Ce sont des conflits personnels ressentit par un individu face à un autre individu à
l’occasion des relations normales de travail. Ils sont soit hiérarchiques mettant en jeu des
relations de subordonnées (conflit avec son patron) ou des supérieurs (conflit de commandement
entre subordonnée de son service), soit personnels (tiennent à l’individu sa façon d’être, d’agir,
de parler et de décider …) quel que soit la forme qu’il empreinte, tout conflit aboutit à la
négociation considérée comme son contre poids.

I- LA NEGOCIATION

Selon le Larousse (2006 ; page 690), la négociation est « l’action de négocier, de discuter les
affaires communes entre les parties en vue d’un accord. » c’est aussi un « ensemble de
discussion, de pourparlers entre des personnes, des partenaires sociaux, des représentants
qualifiés menés en vue d’aboutir à un accord sur les problèmes posés ».

17
1. Les causes
Quand il y a opposition entre deux personnes ou deux parties, on assiste le plus souvent à une
difficulté de faire le choix entre ces deux entités chacune présentant des inconvénients. Face à
cela, deux cas de figures se présentent la douceur ou la dureté.

Lorsqu’on prend le vocable « doux », le négociateur se fait apôtre de la paix ; à cet effet, il veut
éviter les conflits des personnes. Voilà pourquoi, il est prêt à toutes les concessions pour parvenir
à un accord. En plus, il cherchera toujours une solution aimable.

Par contre, le partisan de la méthode forte, le négociateur « dur » envisagera toutes les situations
(affrontement de volonté). Il adopte des positions jusqu'au-boutiste et les défend avec
détermination.

Dans l’un ou l’autre cas, l’objectif est le même : obtenir ce que l’on désire et celui de s’étendre
avec l’adversaire.

Sujet : montrer en vous appuyant de quelques exemples que la résolution d’un conflit passe
nécessairement par la négociation.

2. Les principales étapes de la négociation


Tout en soulignant que la négociation n’est pas toujours une affaire de conflit, notons
néanmoins qu’elle se fixe pour objectif majeur la recherche d’une meilleure solution afin que les
parties antagonistes y trouvent chacune leurs intérêts. De façon générale et conformément à
brune taux (2003 ; Page 174-175) toute négociation correspond aux étapes suivantes :

2.1. Exposé des raisons et du contexte


Il s’agit de rappeler les raisons de la négociation tout en fixant les contours et limites. Cette
étape comprend un rappel de la situation actuelle et de l’historique. Elle est aussi destinée à se
mettre d’accord sur les modalités de fonctionnement, de permettre la création d’un climat en
faveur de la communication. Une telle phase diminue le climat de tension qui caractérise le début
d’une rencontre.

2.2. Echange d’informations


Ici, il y a possibilité de connaitre le degré d’information et la situation de chacun des
partenaires. Le but de cette étape est de rectifier les malentendus. De faire établir la véracité des
informations des uns et des autres, de déceler la bonne ou la mauvaise foi des interlocuteurs.

En dépit du fait que les interprétations sont loin d’être les mêmes, cette phase ne doit pas être
vouée à la logique conflictuelle.

2.3. Exposé des points de vue


Apres les divergences, les propositions ; cette étape mesure les écarts entre les objectifs des
uns et des autres. C’est le lieu d’expressions des tensions et des enjeux d’où le discernement des
points négociables ou non négociables. Enfin il faut que chacun puisse déceler des priorités des
partenaires.

18
2.4. Equilibrage
Chacune des partis en conflit reformule ses positions en fonction des points de vue qui auront
été exprimés puis peut exposer les priorités et les points négociables.

2.5. Les concessions


Phase qualifiée de plus délicate, elle constitue pour chacune des parties de l’abandon des
positions jadis extrémistes dites importantes. Il est loisible que la logique des concessions soit
acceptée par chacune des parties.

2.6. Le dénouement
Il consiste à trouver un accord qui peut être totale ou partielle. Cela peut être soit un statuquo
mais au moins le dénouement a le mérite de bien connaitre les positions des uns et des autres et
permet de préparer une nouvelle négociation. Il peut être aussi un constat de désaccord qui
n’empêchera pas la mise en application des décisions unilatérales. Toute fois dans l’univers du
monde de travail (cas des entreprises). Nous notons également que la négociation collectives
avec les représentations des personnels, avec des organisations syndicales peut se située à
plusieurs niveaux. En effet, il peut être initié par l’employeur dans le cadre d’une rencontre
périodique prévue par des accords (révision annuelles des salaires par exemple).

II- GRANDS PRINCIPES FONDAMMENTAUX DE LA NEGOCIATION


RAISONNEE
Contrairement à la négociation des positions (exemple d’un client et d’un commerçant) où
chacun adopte une position, présente des arguments en faveur puis faire des concessions afin de
parvenir à des compromis.

La négociation raisonné a été conçue expressément pour produit des accords judicieux et
efficaces conclut à l’amiable. Encore appelle négociation sur le fond, elle se veut une méthode
d’une utilisation facile et casiuniverselle, elle repose sur 4 principes fondamentaux dont chacun
définit un des paramètres communs à toute négociation. On a ainsi par ordre de développement :

- Les hommes : conscient que les protagonistes ne sont des robots mais des hommes doués de
sensibilité, d’amour propre et de perception différente, il s’agit donc avant d’entrer dans le vif du
sujet de bien dégagé l’aspect personnel pour le traiter séparément, (il faut causer avec chaque
individu séparément ce qui permet de responsabiliser les uns et les autres.)

- Les intérêts : il est clair que la négociation classique masque les véritables enjeux de la
discussion et les compromis que l’on ne finit pas accepté ne répondent pas toujours aux besoins
initiaux des négociateurs. Hors le but de toute négociation est de servir les intérêts sus-jacents de
chacun.

- Les solutions : généralement face à un adversaire, on a l’impression d’être paralysé. Troubler


au moment de prendre une décision et l’on cherche la solution unique. Il faut balayer ces
obstacles en réservant un temps donné à la mise au point des solutions devant servir les intérêts
communs tout en harmonisant les intérêts divergents. Ainsi donc avant de conclure un accord ; il
faut « imaginer des solutions pour un bénéfice mutuel ».

- Les critères : un accord doit fonder sur un critère juste néant rien à voir avec le bon plaisir de
l’une des parties. L’on ne négocie pas selon son propre critère mais selon les critères objectifs
19
afin d’avoir une solution honorable pour tous. NB : il existe des pièges à éviter lors des
négociations ; un proverbe bien connu des milieux bantous dit ceci. « Le doigt qui extrait le
hanneton du trou ne doit pas être dur » ceci signifie qu’il y’a certaines attitudes qui au lieu
d’apaiser le climat des tensions, rechercher le compromis peuvent plus tôt envenimer les choses.
En d’autres termes, pour négocier il faut avoir des bonnes méthodes si non vous n’allez pas avoir
de bons résultats. L’on a coutume de dire que l’orgueil est un vilain compagnon. Il en est de
même de la polémique, le passage en force, la manipulation et la disqualification.

CONCLUSION

Au thème de ce qui précède, nous retenons que les relations humaines bien que régirent
par la logique rationnelle sont loin d’être exante, d’antagonistes successives, de conduire à des
catastrophes au sein des organisations. Seulement il existe des possibilités pouvant retardées à
défaut de proscrire le chaos. Parmi ces possibilités l’on a la négociation conçue et voulue
comme moyenne d’obtenir des autres ce que l’on désire, forme de communication mettant en
exergue des missions antagonistes. Certes elle n’exampte pas ses oppositions contraires de la
logique du statut quo mais un certain nombre d’attitudes est à proscrire si l’on veut atteindre
l’objectif souhaité. Elle en promeut également des comportements d’irresponsables capables de
faire évoluer les choses dans le bon sens et comme le dit un vieil adage : « il n’y a rien dans la
vie qui ne soit pas négociable ».

20

Vous aimerez peut-être aussi