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MODULE : COURS DE POLITIQUE ET SYSTEME DE SANTE

Cible : IDE/TL/ASG
Facilitateur : M. TEYANLON TSENO THIBAUT

OBJECTIFS DU COURS

A la fin du module, l’étudiant doit être capable de :


1. Définir : Politique de santé, Système de santé, Stratégie.
2. Décrire l’évolution des Soins de Santé au Cameroun de l’Indépendance à nos jours.
3. Expliquer la structure et le fonctionnement du nouveau système de santé au Cameroun.
4. Décrire la Stratégie Sectorielle de Santé au Cameroun
5. Définir le système de District de santé
6. Décrire le processus de viabilisation du District de santé

CONTENU
1. Evolution de la politique nationale de santé au Cameroun
- La période coloniale ou l’apogée de la stratégie d’Eugène Jamot
- La période post indépendance ou phase des expérimentations
- La période post Alma Ata : les soins de santé primaires
- La réorientation des Soins de Santé Primaires
2. Le système de district de santé
3. Le service de santé du District
4. La Stratégie Sectorielle de Santé au Cameroun 2001-2015

CHAPITRE 1 : QUELQUES DEFINITIONS

a) POLITIQUE DE SANTE : c’est un ensemble de lignes directrices ou d’orientations


définissant, dans le contexte de la politique générale du pays, les stratégies et les actions
prioritaires à entreprendre au niveau national pour assurer le maintien, et l’amélioration de
l’état de santé des individus, des groupes et des communautés.

b) STRATEGIE : c’est une orientation qui définit la manière selon laquelle des directives
politiques seront rendues concrètes pour donner lieu à des plans et programmes. C’est le
comment de la politique sanitaire.

c) SYSTEME DE SANTE : c’est un ensemble d’éléments interdépendants (structures,


services, facteurs économiques, sociaux et culturels) requis à différents niveaux pour
satisfaire les besoins de santé des individus, des familles et des communautés.
Il est aussi un ensemble d’éléments et de leurs interactions qui, dans le système politico-
administratif et culturel (médecine traditionnelle) concourent au maintien, à l’amélioration et à
la restauration de la santé des individus et des groupes.

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CHAPITRE 2 : EVOLUTION DE LA POLITIQUE NATIONALE DE SANTE AU
CAMEROUN

Quatre étapes majeures ont marqué jusqu’ici l’évolution de la politique sanitaire au Cameroun.

1. La période coloniale ou l’apogée d’Eugène Jamot


Elle se caractérise par :
(i) L’exercice d’une médecine mobile initiée par le Docteur Eugène Jamot dans le
Cameroun Oriental avec des équipes mobiles bien équipées à l’effet de traquer la
maladie du sommeil (trypanosomiase) au sein et avec l’aide de la communauté, de
dépister et de soigner les malades, d’assainir le réservoir du parasite, de bloquer et de
soigner sur place les malades contagieux affaiblis qui ne peuvent atteindre le
dispensaire, de réduire les risques de propagation de la maladie vers les communautés
saines ;
(ii) La gratuité des soins médicaux aux administrateurs coloniaux, militaires, religieux et
accessoirement aux colonisés ;
(iii) L’extension (après la 1ère guerre mondiale) du réseau sanitaire vers les zones rurales ;
(iv) La formation médicale (Dakar) et para médicale (Ayos) ;
(v) La mise sur pied des programmes verticaux mobiles de lutte contre les endémies
locales (trypanosomiase, paludisme).

2. La période post indépendance ou phase des expérimentations


Cette période marque le passage de la phase de conceptualisation à celle d’expérimentation
d’idées parfois novatrices. Elle se distingue des précédentes par :
(i) L’extension de la couverture des soins à un réseau des hôpitaux et de centres ruraux ;
(ii) Le développement des ressources humaines pour la santé par la formation des
personnels : création d’institutions notamment le Centre Universitaire des Sciences
de la Santé (CUSS) en 1969 ;
(iii) L’intensification de la lutte contre les endémo-épidémies et de recherche ;
(iv) La gratuité des soins malgré leur paiement exigé par les textes en vigueur.

L’expérimentation s’est faite principalement à travers les Zones de Démonstration des Actions
de Santé Publique (D.A.S.P.) ou l’avènement de l’approche « services » de santé de base.
Afin de compléter voire remplacer les équipes mobiles de lutte contre les grandes endémies et
suite à l’échec de la lutte verticale contre le paludisme, le Cameroun (avec l’appui de l’OMS et
l’UNICEF) a mis en place une stratégie des services de santé de base à travers des Zones de
Démonstration des Actions de Santé Publique ou Zones D.A.S.P. avec pour :
- Objectif général : expérimenter des approches de santé communautaire, susceptibles
d’assurer aux populations des soins de santé techniquement valables et en harmonie avec
leurs réalités locales.
- Objectifs spécifiques :
A court terme

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- Adapter et intégrer les méthodes et techniques de la santé communautaire dans une zone
avant leur généralisation ;
- Former le personnel aux méthodes adaptées.
A long terme :
- Réaliser progressivement la couverture sanitaire des populations par la santé
communautaire et éradiquer les endémo-épidémies.
- Stratégie : mise en place, compte tenu de la diversité géographique du pays, d’une zone
d’expérimentation dans chacune des principales régions écologiques.
Ainsi quatre zones ont été choisies :
- Zone 1 : le département du Nyong et Kellé, zone de forêt équatoriale avec pour
caractéristique un climat humide ;
- Zone 2 : tempérée de transition, le Haut Nkam
- Zone 3 : l’arrondissement de Guider dans le Nord, région de savane pure à climat sec ;
- Zone 4 : les départements de Momo, Mezam et Bui, zone des hauts plateaux, à climat
tropical, tempéré et de transition. La particularité ici est qu’il s’agit d’une zone anglophone,
différentes des autres, car de culture sanitaire anglaise.

Activités principales :
- La participation des collectivités aux activités de santé grâce à la création des comités
villageois de santé ;
- L’intégration des activités sanitaires au niveau des comités villageois de santé ;
- La mise en place d’un système de pharmacies et laboratoires ruraux, etc.
- La zone de Bamenda a été largement utilisée par le Centre Universitaire des Sciences de la
Santé, pour les stages de santé communautaire des étudiants.
L’évaluation des zones D.A.S.P. en 1975 soulève les observations suivantes :
• Points positifs :
a. Les activités sanitaires à assise communautaire suscitent une forte demande
sociale en matière de santé ;
b. Les communautés sont prêtes à participer à un degré, au financement et à
l’organisation de quelques activités sanitaires ;
c. Les communautés sont également disposées à organiser, puis créer des
pharmacies villageoises ;
• Points négatifs :
a. Les équipes mobiles coûtent cher, sans résultats probants sur l’amélioration de
l’état de santé des populations. Les infirmiers itinérants sont suffisamment
formés dans les méthodes d’animation ;
b. La verticalité du programme sans coordination avec les autres activités du
Ministère de la santé et des autres secteurs.
En réalité, les zones D.A.S.P. n’ont pas décollé de leur phase pilote et d’expérimentation.

3. La période post Alma Ata : les Soins de Santé Primaires


En 1978, à Alma Ata en U. R. S. S., l’Assemblée Mondiale de la Santé, constatant les inégalités
flagrantes sur le plan sanitaire entre les pays et même à l’intérieur des Etats se fixe un objectif

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social : (Santé pour tous en l’an 2000) SPT/2000. Ainsi la communauté internationale a adopté
l’approche Soins de Santé Primaires.

3.1. Définition des Soins de Santé Primaires (SSP)

Les SSP sont des soins essentiels, complets, c’est-à-dire intégrant les aspects curatifs,
préventifs, promotionnels, réadaptatifs :
• Ils sont scientifiquement valables et utilisent des techniques simples ;
• Ils sont universellement accessibles à tous les individus du point de vue économique,
géographique, culturel et disponibles à tout moment ;
• Ils sont basés sur la participation active des populations dans un esprit d’auto-
détermination et d’auto-responsabilité.

3.2. Les composantes des SSP

- L’éducation pour la santé ;


- Promotion des bonnes conditions alimentaires et nutritionnelles
- Approvisionnement en eau potable et assainissement du milieu ;
- La santé maternelle et infantile y compris la planification familiale ;
- La vaccination contre les grandes maladies infectieuses (PEV) ;
- La lutte (prévention et contrôle) contre les grandes endémies locales ;
- Le diagnostic et le traitement des maladies y compris les lésions traumatiques ;
- La fourniture en médicaments essentiels y compris la pharmacopée traditionnelle.

3.3. Les Principes philosophiques des SSP

- Tout être à droit à la santé, ce qui implique tout individu a droit aux soins de santé que requiert son
état ;
- Tout être humain a un droit vis-à-vis de la santé : ceci implique l’obligation de participation aux
actions de santé qui lui sont destinées ; tout homme doit être le promoteur de sa santé et celle de son
entourage ;
- La santé est un volet de développement, ce qui signifie que l’action sanitaire doit être intégrée dans
le processus du développement communautaire
En 1982, le Cameroun adopte la mise en œuvre des SSP avec comme :
• Objectif général : amener d’ici à l’an 2000, tous les peuples à un niveau de santé, leur
permettant de mener une vie socialement et économiquement productive.
• Objectifs spécifiques :
- Offrir à tous les camerounais des soins essentiels fondés sur des méthodes et des techniques
pratiques, scientifiquement valables et socialement acceptables,
- Rendre les soins de santé universellement accessibles à tous les individus et à toutes les
familles de la communauté, avec leur pleine participation ;
- Fournir des soins de santé à un coût que la communauté et le pays peuvent assurer à tous
les stades de leur développement dans un esprit d’auto-responsabilité et d’auto-
détermination.

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• Stratégie : promotion des villages-santé et des cases-santé. L’organisation d’un village-
santé comporte au moins les éléments suivants :
- Un comité de santé
- Un comité de gestion
- Une pharmacie du village
- Un ou plusieurs agents de santé communautaire (ASC)
- Des matrones du village ; etc.
• Principales activités
- Les villages sont constitués en villages-santé et les cases-santé sont construites par les
communautés villageoises ;
- Le Ministère de la Santé Publique, les coopérations bi et multilatérales, assurent une
formation de courte durée (de quelques jours à quelques semaines) des agents de santé
communautaire et des accoucheuses traditionnelles ;
- Les agents de santé communautaire ont pour rôle de promouvoir l’éducation sanitaire, la
sensibilisation des villageois aux soins de santé élémentaires et de traiter quelques maladies
bénignes en s’inspirant des guides thérapeutiques pratiques ;
- Les accoucheuses traditionnelles, à qui il a été donné des trousses élémentaires, ont pour
mission d’assurer les accouchements dans les conditions d’hygiène minimales.
En 1988, une évaluation de ce modèle révèle de nombreuses carences à savoir :
• Les problèmes liés à la qualité des soins ;
- L’absence de continuité des soins due au défaut du système de référence/contre référence
entre cases-santé et centres de santé ;
- La non intégration des soins, car les agents de santé du village se consacre plus aux soins
curatifs qu’aux autres activités ;
- La légèreté du contenu des soins : la formation de quelques semaines des agents de santé
est insuffisante.
• Les problèmes liés aux communautés :
- La faible acceptabilité de l’approche par la population qui réclame la conversion des cases-
santé en centres de santé voire hôpitaux ;
- L’inefficacité de l’approche bénévolat a entraîné les ASC à privilégier les prestations
lucratives, notamment la vente des médicaments ;
- La non-viabilité du système, car le volume de travail de l’ASC du village n’est pas
compatible avec un statut de volontaire à temps partiel ;
- L’inexistence dans les statuts des ASC des dispositions relatives à leur promotion sociale.
• Les problèmes liés à l’interface communauté/service de santé
- La communauté et les professionnels de santé laissent la gestion des problèmes de santé à
l’agent de santé du village. Le manque d’appui de ces agents par le système de santé officiel,
a décrédibilisé leurs initiatives auprès des populations.
Ces derniers croient d’ailleurs à tort, faire carrière dans le système de santé officiel.
• Les problèmes liés à l’organisation des services :
- Mauvaise coordination des activités sur le terrain ;
- L’absence de régularisation de la mise en œuvre ;
- Supervision insuffisante.

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Pour pallier cette situation, les autorités sanitaires optent pour la réforme du système national
de santé sous l’appellation de « Réorientation des Soins de Santé Primaires ». En fait, il ne
s’agit pas d’un programme mais plutôt d’une réorientation de notre système national de santé
vers l’objectif social « Santé Pour Tous ».

4. La réorientation des Soins de Santé Primaires


La réforme du secteur santé au Cameroun se situe dans le cadre d’une approche de la région
africaine qui tient compte des similitudes des systèmes sanitaires globalement en déclin.
Pour faire face à cette situation, les Etats africains organisent certaines rencontres au cours
desquelles ils développent des stratégies concertées :
- La 35ème session du comité régional de l’OMS à Lusaka (1985) :
La structure du système de santé est modifiée dans le sens de la correction des problèmes
d’ordre structurel nés de la mise en œuvre des SSP.
LE SYSTEME NATIONAL DE SANTE
1. DESCRIPTION DU SYSTEME
Le système national de santé au Cameroun répond au scénario africain en trois phases pour la
mise en œuvre des soins de santé primaires. Les trois phases peuvent être représentées par une
pyramide à trois niveaux ; dont chacun dispose des éléments qui concourent à la mise en œuvre
de la politique nationale de santé :
- A la base de la pyramide sanitaire on retrouve le niveau périphérique du système avec ses
districts de santé qui jouent le rôle d’unités opérationnelles ; chacun des districts est
subdivisé en aires de santé.
- Au centre du triangle, le niveau intermédiaire avec ses 10 Délégations Régionales de la
Santé Publique qui acquièrent des technologies pour la mise en œuvre et transforment les
stratégies de la politique nationale de santé en programmes techniques devant s’appliquer
au niveau des districts de santé.
- Au sommet de la pyramide le niveau central, constitué des services et autres structures
centrales du Ministère de la Santé Publique, qui élabore les stratégies de la politique en
matière de santé, que définit le Chef de l’Etat.
A chaque niveau du triangle correspondent des structures de dialogue. C’est ainsi qu’au niveau
du District l’on retrouve les comités de santé du district (COSADI), émanation des comités de
santé des aires de santé (COSA) ; aux niveaux intermédiaire et central, il y a respectivement le
Fonds Spécial pour la Promotion de la Santé (FSPS), émanation des COSADI et le Conseil
National de la Santé, de l’Hygiène et des Affaires Sociales créé par décret N° 76-450 du 08
octobre 1976.
Comme à chaque niveau, l’on retrouve les Structures de Dialogue (SDD) correspondantes.
C’est ainsi que le secteur santé s’articule lui-même en trois sous-secteurs :
- un sous-secteur public ;
- un sous-secteur privé ;
- Un sous-secteur de la médecine traditionnelle.
o Il est à noter que le sous-secteur public comprend également des structures sanitaires sous
tutelle d’autres Départements Ministériels à l’instar du Ministère de la Défense, du
Ministère de l’Emploi, du Travail et de la Prévoyance Sociale avec la Caisse Nationale de
la Prévoyance Sociale (CNPS), du Ministère de l’Education Nationale etc.

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o Le sous-secteur privé regroupe des structures sanitaires privées à but non lucratif
(confessions religieuses, associations et diverses organisations non gouvernementales) et
celles à but lucratif.
Le sous-secteur de la médecine traditionnelle : d’importants efforts sont réalisés en vue de
l’intégration de ce sous-secteur dans le système de santé national.
On peut citer pour preuve :
 La création des Centres de Recherches sur les plantes médicinales :
- l’Institut de Recherche Médicale et d’Etudes des Plantes Médicinales (IMPM)
- Plantes du Cameroun (Plantecam).
 La création d’un service en charge de la médecine traditionnelle dans la Direction de
l’Organisation des soins et de la Technologie sanitaire du Ministère de la Santé
Publique, chargé d’assurer la promotion et l’intégration de la médecine traditionnelle
dans le système national de santé. Sous l’impulsion de ladite direction, le plan
stratégique d’intégration de la médecine traditionnelle est en cours de validation et la
loi portant sur l’organisation de l’exercice de la médecine est en cours d’élaboration.
En résumé, on a :
a) LE NIVEAU CENTRAL :
- Ministère de la Santé
- Hôpitaux généraux, centraux
- Centre Hospitalier et Universitaire
- Les Grandes Ecoles
Rôle : concevoir les politiques et les traduire en plans d’actions.
Ce niveau est STRATEGIQUE

b) LE NIVEAU INTERMEDIAIRE :
- Délégation provinciale de la santé
- Hôpital provincial avec ses spécialistes
- Les Ecoles de Formation
Rôle : Transformer les plans d’actions en programme et en assurer le suivi et la
supervision.
Ce niveau est TECHNIQUE
.
c) LE NIVEAU PERIPHERIQUE :
– C’est le district de santé, c’est l’unité de base du système où les actions s’organisent, se
programment, se mènent, se supervisent et s’évaluent. Centre des activités, il est la base de
la pyramide sanitaire.
– Le district santé dispose de :
- service de santé de district
- Hôpital de district
- Des centres médicaux d’arrondissement.
Il se subdivise en Aires de Santé qui ont chacune un centre de santé responsable.
Ce niveau est dit OPERATIONNEL.
Cette nouvelle structure organisationnelle à trois phases a été baptisée :

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Tableau 1 : Les différents niveaux du secteur santé
Niveau Structures Conséquence Structures de Structures de
administratives soins dialogue
Elaboration Hôpitaux Conseils
des concepts, généraux de d’administration ou
Central MSP de la politique référence, CHU, Comités de gestion
et stratégies Hôpitaux
Coordination, centraux et
Régulation assimilés
Appui Hôpitaux Fonds spéciaux
Intermédiaire DRSP technique au Régionaux et régionaux pour la
DS assimilés, promotion de la
Polycliniques santé
Service de Mise en œuvre Hôpitaux de COSADI/COGEDI/
Santé de des District, COGEHD
Périphérique District programmes cliniques, COSA/COGE
CMA, Centres
de santé (CS) et
CSI
Source : Cadre conceptuel du D/S viable (MSP)

NIVEAU CENTRAL:
(élabore les politiques sanitaires,assure la
coordination et la régulation)
MINSANTE; HG, CHU, HC et assimilés; COGE,
conseil d'administration

NIVEAU INTERMEDIAIRE:
(constitue un appui technique aux District de
Santé)
M. THIBAUT TSENO TEYANLON DRSP; hôpitaux régionaux et assimilés;Fond Page 8
spéciaux pour la promotion de la santé
Schéma de la pyramide sanitaire au Cameroun

Le niveau périphérique comprend 143 services de santé de district et 1689 Centres de santé.
2. MISSIONS DES DIFFERENTS NIVEAU DE LA PYRAMIDE SANITAIRE
2.1. NIVEAU CENTRAL
C’est le niveau où sont conçus les objectifs et les options stratégiques en matière de santé. Le
niveau central veille également à :
- La mobilisation et l’utilisation des ressources
- L’acquisition des technologies traditionnelles et/ou modernes ;
- L’amélioration de la gestion.
La structure de Dialogue du niveau central est le conseil national de santé, de l’hygiène et des
Affaires Sociales remplacé de nos jours par le conseil d’administration. Elle est sensée
promouvoir la concertation entre les structures centrales du MSP, la CNPS ou autre organisme
de sécurité sociale, les communautés à travers leurs représentants au Fonds Spécial Provincial
pour la Promotion de la Santé (FSPS) et les autres secteurs gouvernementaux.
Le Conseil National de la Santé, de l’Hygiène et des Affaires sociales qui est la structure de
dialogue suprême est placée au niveau des Services du Premier Ministre. Elle réunit en son
sein des personnalités politiques (notamment les membres du gouvernement des ministères
sociaux), des universitaires, des associations ou partenaires au développement ayant une action
dans le domaine de la santé et du social, et deux représentants communautaires de chaque fonds
spécial provincial pour la promotion de la Santé.

2.2. NIVEAU INTERMEDIAIRE


Ce niveau sélectionne et adapte les techniques que requiert la mise en œuvre de la politique
nationale de santé (basée sur le paquet minimum de santé qui constitue les éléments des soins
de santé primaires), et canalise l’expertise technique vers les Districts de Santé.
Il faut noter que les prestations des services / soins de santé nécessitent des technologies qui
doivent être constamment disponibles, appropriées et acceptables économiquement et
culturellement.
La Délégation régionale de la santé Publique est chargée d’une mission permanente et générale
d’information, de coordination technique de toutes les structures sanitaires, de synthèse et de

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gestion administrative de l’ensemble du personnel et des structures de la région relevant du
Ministère chargée de la santé.
La structure de dialogue du niveau régional est le fonds spécial régional pour la promotion de
la santé, communément appelé Fonds. Les principales missions du Fonds sont :
i) Créer un cadre de dialogue entre les différents partenaires du secteur santé y compris les
communautés et les bénéficiaires des services et soins de santé ;
ii) Servir d’interface entre les communautés et bénéficiaires des services et soins de santé d’une
part et les intervenants du secteur santé d’autre part ;
iii) Assister le secteur santé dans l’élaboration et la mise en œuvre des stratégies et mécanisme
de financement de la santé ;
iv) Développer/promouvoir la solidarité entre les communautés bénéficiaires des services et
soins de santé ;
v) Constituer à l’amélioration de la qualité des différents types de soins ;
vi) Responsabiliser les populations vis-à-vis de sa propre santé en l’amenant à prendre de plus
en plus une part active dans le processus de prise de décision en matière de santé.

2.3. NIVEAU PERIPHERIQUE


C’est l’échelon opérationnel du système national de santé. C’est à ce niveau que s’opère
obligatoirement l’intégration des ressources pour rendre effective l’action sanitaire directe dont
la mise en œuvre consiste à mener un certain nombre d’activités dans le but d’offrir aux
communautés, aux ménages et aux individus des prestations de qualité. Ces activités
concernent :
 Les responsables au niveau du district ;
 Le service de santé de district ;
 L’hôpital de district ;
 La santé publique dont les activités sont menées par les formations sanitaires de base
implantées au niveau des aires de santé ;
 Les secteurs apparentés ;
 Les initiatives communautaires.
- La conférence Inter-régionale de l’OMS à Harare (août 1987) qui recommande
fermement l’adoption du système de santé de district décentralisé comme moyen d’atteindre
les objectifs de santé pour tous en l’an 2000 ;
- Le sommet des Chefs d’Etats de l’OUA (juillet 1987) qui adopte la « déclaration sur la
santé, pierre angulaire du développement », soumise par le bureau régional de l’OMS ;
- La conférence de Bamako (septembre1987) qui, à travers « l’initiative de Bamako », se
fixe pour principaux objectifs de revitaliser le système de santé en mettant l’accent sur la
santé maternelle et infantile, instaure le recouvrement des coûts sur les médicaments
essentiels dans les formations sanitaires publiques, renforce la participation
communautaire, instaure le partenariat entre l’Etat et la Communauté caractérisé par le
co-financement et la co-gestion.
Une nouvelle forme de participation communautaire qui se veut responsable à travers des
structures de dialogue telles que le comité de santé (COSA), le comité de gestion (COGE) et
un personnel nouveau issu de la communauté chargé d’assurer entre autres activités la vente

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des médicaments au centre de santé : Le Commis : celui-ci aura une rémunération fixe assurée
par la communauté grâce au recouvrement des coûts.
Au Cameroun, les réformes sont élaborées et rendues publiques en 1989 mais officiellement
adoptées en 1992 à travers la déclaration de politique sectorielle de santé et, en 1993, la
déclaration de la mise en œuvre de la « Réorientation des Soins de Santé Primaires ». Dans
ce concept (définition des caractères spécifiques d’un projet par rapport à un objectif), les
principes ci-après cités constituent les éléments de base ; il s’agit de :
 La participation de la communauté dans le but de son auto-responsabilisation vis-à-vis de
ses problèmes de santé ;
 La mise en évidence du lien étroit entre le développement et la santé ;
 Le respect des Droits de l’Homme, comme celui d’être informé et celui de l’intégrité de
l’individu y compris son libre arbitre.
Dans le cadre de cette réforme :
- Le centre de Santé est appelé à jouer le rôle d’interface entre la communauté et les services
de santé et à servir de cadre de dispensation des soins intégrés, continus et globaux ;
- Le co-financement des activités des SSP se fait à travers :
- Le financement non communautaire :
La solidarité nationale (budget de l’Etat)
Paiement pour les prestations ;
Achat des médicaments essentiels ;
Investissement humain ;
Dons, legs, etc.
- Le succès de la mise en œuvre des SSP repose sur la supervision et le Système d’Information
Sanitaire.
4.2. Le District de Santé
Définition : Selon le décret 95/013 du 7 février 1995 portant organisation des services de santé
de base en Districts de santé, « le District de Santé constitue une entité socio-économique
assurant des prestations de soins de bonne qualité, accessibles à tous avec la pleine participation
des bénéficiaires.
C’est une entité géographique ayant une population (70 000 à 120 000 habitants), des services
administratifs et techniques et dotée d’un ensemble de structures sanitaires constituant la base
du système de santé dont le rôle est d’assurer la planification, la mise en œuvre, la supervision
et l’évaluation des activités au niveau local.
C’est l’unité de base du système de santé. Le District de santé assure une triple fonction de
gestion qui illustre son autonomie relative par rapport aux échelons supérieurs, il s’agit de la
fonction de :
- Gestion du développement : au niveau du district s’élabore : la planification des activités
de santé publique et de développement (collaboration multisectorielle).
- Gestion opérationnelle : le district assure le monitoring (suivi), la supervision et
l’évaluation des activités planifiées. Il concilie les décisions du niveau central avec celles
de la base.
- Gestion administrative : le district assure la gestion locale des ressources humaines,
matérielles et financières.

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Cette décentralisation de la gestion permet une prise de décisions plus efficaces, rapide et mieux
adaptée.
Le service de santé de district a pour rôle :
 L’élaboration, l’exécution et le suivi des plans d’actions sanitaires du district ;
 La supervision des aires de santé.
Il est dirigé par un chef de service de santé de district. Ce dernier anime une équipe composé
du :
- Médecin-chef de l’hôpital de district ;
- Chef bureau santé (chef BS)
- Chef bureau des affaires administratives et financières.
RQ : L’hôpital de district est l’hôpital de référence pour les centres de santé du district.
Critères pour les aires de santé :
- Population suffisante (7000 à12 000 habitants) ;
- Existence ou prévoyance d’une formation sanitaire publique ou privée ;
- Respect des limites traditionnelles et administratives des villages ;
- Accessibilité géographique facile par rapport au centre de santé (5 km à 15 km en zone
rurale et 2 km en zone urbaine)
4.3. Le centre de santé intégré :
C’est une structure de santé locale qui constitue le premier point de contact entre les populations
et le service de santé (zone d’interface) chargée de dispenser à la fois des soins promotionnels,
préventifs, curatifs et réadaptatifs avec la participation active d’une communauté représentée
par les structures de dialogue dans le cadre d’un partenariat avec l’Etat. Le centre de santé est
considéré comme le nœud vital du District de Santé.
a) Principes des soins :
Le centre de santé intégré prodigue des soins :
INTEGRES : des soins qui s’occupent à la fois des aspects promotionnels, préventifs,
curatifs et réadaptatifs. C’est ce principe qui a donné l’appellation « CENTRE DE
SANTE INTEGRE ».
GLOBAUX : des soins qui tiennent compte dans leur prestation de l’homme dans son
entité biologique, psychologique et sociale ; des soins qui tiennent compte de l’homme
et de son environnement.
CONTINUS : des soins qui assurent la prise en charge du malade du début à la fin d’un
épisode de maladie. Des soins qui disposent d’un système de suivi et de récupération
des malades (cas chroniques et de la vaccination).
DEFINIS : des soins dispensés à une population dont le nombre, le milieu et les aspects
socio-culturels sont bien connus du prestataire.
RATIONNELS : des soins basés sur des preuves scientifiques et dont la pratique est
rendue systématique par des ordinogrammes qui limitent les errements.
Le centre de santé mène des activités en stratégies fixe et avancée pour assurer la couverture
sanitaire de l’aire de santé qu’il dessert.
b) Le paquet minimum d’activités :
C’est un ensemble minimal de soins de santé à mener au niveau d’une structure sanitaire. Bien
menées, ils devraient contribuer à améliorer l’état de santé des populations concernées.
Ce sont :

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 Les soins promotionnels :
 Approvisionnement en eau,
 Hygiène et assainissement,
 Communication pour le changement de comportement,
 Les soins curatifs
 Les consultations des maladies chroniques :
 Lèpre,
 Tuberculose,
 Diabète,
 Hypertension artérielle.
 La santé maternelle et infantile :
 Consultation pour nourrisson,
 Consultation préscolaire,
 Vaccination et lutte contre les maladies diarrhéiques (LMD)
 Consultation prénatale (CPN)
 Consultation de planification familiale.
 Assurer la logistique
 Approvisionnements en médicaments essentiels
 Système d’information sanitaire (SIS)
 Gestion des ressources humaines et financières
 Participation communautaire
 La référence des cas vers l’hôpital de district.
N.B : On utilise la stratégie fixe pour la population habitant dans un rayon de 5 km ou qui se
situe à une heure de marche du centre de santé ; la population située en deçà de cette distance
reçoit les soins en stratégie avancée.
c) Les médicaments essentiels
Ce sont des médicaments d’efficacité éprouvée, présentés sous forme de générique, c’est-à-dire
sous leur dénomination commune internationale (DCI), reconnus capables de traiter 80 % des
affections d’une communauté. Ils sont d’un coût abordable et vendus en détail pour la quantité
nécessaire et utile en vue du traitement d’un épisode de maladie.

CHAPITRE 3 : LES COMITES DE SANTE ET GESTION

Les comités de Santé de l’aire et les Comités de Santé de District sont des organes au sein
desquels se manifeste le partenariat prôné entre l’Etat et les communautés.

1. LE COMITES DE SANTE DE L’AIRE (COSA) :


1.1. Définition :
C’est l’organe de dialogue entre le personnel de santé et les communautés.
1.2. Composition :
L’assemblée générale du COSA est composée ainsi qu’il suit :
o Le ou les conseillers municipaux de l’aire ;

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o Le médecin chef du CMA ou l’infirmier chef du CSI ;
o Un infirmier ou aide-soignant de l’équipe de santé de l’aire désigné par ses pairs ;
o Deux (2) représentants des associations et des organisations non gouvernementales
ayant conclu des protocoles d’accord avec le Ministère en charge de la santé publique ;
o Un (1) représentant par œuvre Médicale à but non lucratif exerçant dans l’aire ;
o Un (1) représentant du secteur privé à but lucratif intervenant dans l’aire ;;
o Des représentants d’autres administrations implantés dans l’aire et impliqués dans les
activités sanitaires ou apparentés à la santé;
o Deux (2) représentants élus de chaque village / quartier dont un est une femme et / ou
un jeune.
Toutefois, il faudra éviter des conflits inutiles en cherchant à imposer à un village/quartier des
élections si celui-ci a déjà une sous structure en matière de Santé. Dans ce cas inviter le
village/quartier à élire (ou désigner) ses membres devant siéger au comité de Santé de l’aire.
1.3. Missions :
o Assister le ou les formations sanitaires dans la recherche des solutions aux problèmes de
santé ;
o Contribuer à l’amélioration de la qualité des prestations de santé et la promotion des
activités de santé et communautaires ;
o Assurer mobilisation sociale des populations pour l’action sanitaire ;
o Mobiliser les ressources nécessaires au financement des activités de santé.

2. COMITE DE GESTION (COGE)


C’est l’organe d’exécution des résolutions de l’Assemblée Générale et de suivi de la mise en
œuvre des activités dans l’aire de santé
En d’autres termes, le COGE est l’organe de gestion du COSA. Il exécute toutes les activités
planifiées par le COSA auquel il rend compte. Il s’intéresse presque de manière quotidienne à
la vie du CMA ou du CSI.
Il est composé de :
- Trois (3) membres communautaires issus du COSA dont un est élu président ;
- Deux (2) membres du personnel de santé.
NB : Le président du COSA ne peut en aucun cas faire partie du COGE.
- Deux (2) membres communautaires de chaque COSA,
- Un (1) conseiller Municipal
- Le président du COGE, représentent l’aire au niveau du Comité de Santé de District
(COSADI).

3. LE COMITE DE SANTE DU DISTRICT (COSADI)

3.1. Définition :
C’est l’Assemblée Générale au niveau du District. Il est l’organe de délibération et de
mobilisation des communautés en matière de santé. A ce titre, il doit faire partie des organes de
délibération de la commune ou de leur regroupement.
3.2. Composition :
L’assemblée générale du COSADI est composée ainsi qu’il suit :

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o Le ou les maires des communes du District
o Deux conseillers municipaux par commune concernée
o Le Chef Service Santé de District ;
o Le Médecin chef de L’hôpital de District ;
o Le surveillant général de l’hôpital de district
o Le responsable en charge de la planification, du suivi et de l’évaluation du district ;
o Le responsable sanitaire de chaque aire ;
o Deux représentants communautaires de chaque COSA ;
o Un représentant par œuvre médicale à but non lucratif intervenant dans le District ;
o Un représentant du secteur privé à but lucratif, implantés au sein du district et intervenant
dans le domaine de la santé ;
o Un représentant des associations et des organisations non gouvernementales liées au
Ministère chargé de la santé par des protocoles d’accord ;
o Un représentant par secteur apparenté
o Un représentant des Tradi - praticiens
Un mandat perdu par un conseiller Municipal ou à la base par un représentant communautaire
entraîne automatiquement sa déchéance au niveau du COSADI et son remplacement.
3.3. Missions :
o Concourir à l’identification des interventions prioritaires en matière de santé
o Participer à l’élaboration du plan d’action sanitaire du district ;
o statuer sur les conflits non réglés par le Comité de Gestion du District ;
o Sensibiliser, Informer et mobiliser les populations pour qu’elles soient impliquées dans
les activités préventives et promotionnelles ;
o Sanctionner l’action du Comité de Gestion du District ;
o Mobiliser les ressources nécessaires au financement des activités du District de santé ;

4. COMITE DE GESTION (COGEDI)


Le COSADI dispose d’un organe d’exécution des résolutions et du suivi de la mise en œuvre
des activités dans le District qui est le Comité de Gestion du District (COGEDI). Le COGEDI
joue également le rôle de Comité de Gestion de l’hôpital de District.
Le COGEDI est composé de :
- Le ou les maires des communes couvertes par le District de santé ;
- Quatre autres membres communautaires issus du COSADI ;
- Le chef de service santé de District ;
- Le médecin chef de l’hôpital de district ;
- Le responsable en charge des affaires générales au niveau du service de santé du
District ;
- Un responsable sanitaire d’une aire de santé désigné par ses pairs.
- Un personnel de l’hôpital de district élu par ses pairs
- Deux membres communautaires du COSADI, dont un est maire, représentent le District
au Niveau du Fond Spécial Régional pour la Promotion de la Santé.

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CHAPITRE 4 : LE SERVICE DE SANTE DE DISTRICT (SSD)

1. Définition
C’est l’organe de coordination des structures de santé implantées dans le District. Il veille à la
viabilisation de ces dernières et sert de relais entre elles et les services déconcentrés de l’Etat
d’une part et les collectivités territoriales décentralisées d’autre part.
Le SSD coordonne également les activités planifiées et de gestion administrative du District en
collaboration avec les autres structures dans les domaines du Personnel, des Finances de
l’Equipement, de l’Approvisionnement, des Médicaments, de la Logistique, de la construction
et de la Maintenance.
2. Missions :
Assurer :
o La planification de l’ensemble des activités du secteur de la santé dans le District ;
o L’organisation, la mise en œuvre et le suivi des programmes de lutte contre la maladie ;
o L’organisation de la supervision des activités des services de santé et des formations
sanitaires publiques et privées, ainsi que du système de référence contre référence ;
o Le suivi et l’évaluation des activités de tous les intervenants du secteur santé de son
ressort et l’établissement des rapports périodiques d’activités ;
o La surveillance épidémiologique du District de santé ;
o Le suivi de l’approvisionnement des formations sanitaires en produits pharmaceutiques,
réactifs et dispositifs médicaux, et le suivi de leur gestion ;
o L’exécution et le suivi des projets d’investissement ;
o La collecte, l’analyse et l’exploitation des informations sanitaires ;
o La maintenance des équipements biomédicaux ;
o La gestion du personnel ;
o La mobilisation des ressources et des acteurs en faveur de la santé.
L’Equipe de Supervision :
Pour bien mener ses missions, le service de santé de district a besoin d’une équipe de
supervision dont le rôle est d’encadrer les structures sanitaires et de dialogue.
Cette équipe généralement restreinte est composée de personnes faisant partie :
- Du service de santé de District ;
- De l’hôpital de district : l’intérêt ici est d’assurer la bonne connaissance du district par le
personnel de cette structure et de faciliter la référence - contre référence ;
Toute autre personne peut en fonction de ses compétences faire partie de l’équipe de
supervision. Cette équipe de supervision est animée par le chef de service de santé de District,
responsable de la supervision. Le service de santé de District assure la supervision
administrative au niveau de l’hôpital de District et participe à l’organisation de la supervision
technique.
3. Le processus de viabilisation des Districts de Santé
La Déclaration de Politique Sectorielle de Santé (1992) fait du district de santé l’unité
opérationnelle de la mise en œuvre des soins de santé primaires.
Pour mettre en œuvre cette politique, le Gouvernement a élaboré et adopté en 2001 la stratégie
sectorielle de santé 2001 – 2010 qui préconise la viabilisation du district de santé à travers un
processus fort de décentralisation.

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La viabilisation du district de santé c’est tout le processus qui mène vers son autonomie. Dans
le cadre du système de santé de District, cette autonomie doit être technique, économique et
institutionnelle.
3.1. L’autonomie technique :
Elle consiste en la capacité du système de santé de District à délivrer des services/soins de
qualité au regard des préoccupations et des attentes des populations et du personnel.
3.2. L’autonomie économique :
Elle consiste en la capacité des éléments du système de santé de district de couvrir tous les
coûts, individuellement et collectivement, avec les recettes propres et les autres financements.
3.3. L’autonomie institutionnelle :
Elle consiste en la capacité des parties prenantes à manager le District de santé chacun en
fonction de son rôle. La viabilisation des districts de santé vise l’acquisition de cette triple
autonomie. Cependant les principes clés des Soins de Santé Primaires que sont la participation
communautaire, l’action intersectorielle, la sélection et la disponibilité de technologies
appropriées, l’équité et la justice sociale ne doivent pas être perdus de vue La notion d’équité
et de justice sociale implique que la viabilisation doit privilégier les populations les plus
vulnérables, notamment dans l’atteinte des objectifs économiques. Les communes et les
structures de partage du risque maladie devraient être mises à contribution pour renforcer
l’accessibilité financière des plus vulnérables aux soins de qualité.
En définitive Le district de santé viable doit être capable de résoudre la plupart de ses
problèmes, de manière satisfaisante, avec un minimum d’appui des niveaux supérieurs du
système national de santé.
En ce qui concerne le niveau de viabilisation d’un District de santé, il dépend de son niveau de
développement vers l’autonomie. On peut distinguer essentiellement trois phases dans ce
processus de viabilisation : le démarrage, la consolidation et l’autonomisation.
Toutefois, être en phase de démarrage ne signifie pas que toutes les activités le sont. Par
exemple, on peut trouver qu’une activité du district est en phase de consolidation alors que les
autres sont en phase de démarrage.
Il faut insister, une fois de plus, sur l’impact, sur la viabilisation que peuvent avoir les
contraintes majeures, socio-économiques, que sont le VIH-SIDA/Tuberculose, le paludisme,
les catastrophes humanitaires et urgences en tout genre, ainsi que le faible niveau financement
de la santé. En effet, la maîtrise ou non de ces contraintes prioritaires devrait influer sur le
niveau de développement (donc de viabilité) du district.
Les activités pour combler les écarts sont conçues dans l’optique de développement du district
de santé ; elles doivent faire l’objet d’une planification stratégique et opérationnelle. Ceci
nécessite de l’Equipe Cadre de District et des parties prenantes à la viabilisation de solides
capacités de gestion opérationnelle et de développement sanitaire.
Les activités à mener pour améliorer le niveau de viabilisation sont :
- Rendre disponibles les compétences en planification ;
- Renforcer le système de santé de district ;
- Assurer la mobilisation des ressources humaines, financières et matérielles au district de
santé ;
- Pérenniser un système d’approvisionnement du district en médicaments essentiels ;

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- Renforcer les capacités techniques et gestionnaires des personnels et autres responsables du
district de santé ;
- Assurer le suivi et évaluation du système de santé de district ;
C’est le niveau de maîtrise de l’exécution de ces six groupes d’activités qui va déterminer
L’évolution du district en matière de viabilisation.
La viabilisation du District de Santé se fait sous l’animation des responsables du district,
appuyés dans leur action par les responsables des niveaux intermédiaires et centraux. C’est ainsi
que les niveaux central et intermédiaire devront former, soutenir et accompagner les districts
de santé dans les phases de démarrage et de consolidation.
Le niveau de viabilisation peut se réaliser par des évaluations qui peuvent être directe ou
indirecte. L’évaluation indirecte est fondée sur les rapports des activités, de gestion et les
rapports d’impact (progrès réalisé) en santé communautaire. L’évaluation directe est fondée sur
l’administration d’une grille d’évaluation comportant des indicateurs prédéfinis.

CHAPITRE 5 : LA STRATEGIE SECTORIELLE 2001 – 2015 REACTUALISEE

1. Définition et généralités
La SSS 2001 – 2015 se propose de renforcer la mise en œuvre des reformes du secteur santé en
vue de traduire par les faits la « Déclaration de la politique sectorielle de santé de 1992 ».
D’après celle-ci, le système de santé, conforme au scénario africain de développement sanitaire
basé sur le système de santé du district, est organisé en 03 niveaux :
 Le niveau opérationnel qui correspond au système de santé du district ;
 Le niveau intermédiaire chargé de l’appui technique et qui correspond au niveau de la
Délégation Régionale de la Santé Publique ;
 Le niveau central chargé d’élaborer des stratégies de développement sanitaire du Cameroun.
Conformément à ce scénario, le système de santé du district a été retenu par le Cameroun
comme le niveau où doivent se dérouler les opérations de mise en œuvre des stratégies
nationales de santé.
Par ailleurs, le Cameroun à l’instar des autres états membres de l’Organisation des Nations
Unies, a souscrit à l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) en
2015.

2. Les axes stratégiques


2.1. BUT :
La SSS 2001 – 2015 a pour but de contribuer à la lutte contre la pauvreté à travers l’amélioration
de l’état socio sanitaire des populations du Cameroun.
2.2.Objectif général
Viabiliser tous les Districts de Santé pour être en mesure de contribuer à l’atteinte des OMD,
aujourd’hui on parle d’ODD.
LES 17 ODD (objectifs du développement durable)sont :
- Objectif 1 : Éliminer la pauvreté sous toutes ses formes et partout dans le monde
- Objectif 2 : Éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et
promouvoir l’agriculture durable

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- Objectif 3 : Permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à
tout âge
- Objectif 4 : Assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et
promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie
- Objectif 5 : Parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles
- Objectif 6 : Garantir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement et assurer une gestion
durable des ressources en eau
- Objectif 7 : Garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et
modernes, à un coût abordable
- Objectif 8 : Promouvoir une croissance économique soutenue, partagée et durable, le plein
emploi productif et un travail décent pour tous
- Objectif 9 : Bâtir une infrastructure résiliente, promouvoir une industrialisation durable
qui profite à tous et encourager l’innovation
- Objectif 10 : Réduire les inégalités dans les pays et d’un pays à l’autre
- Objectif 11 : Faire en sorte que les villes et les établissements humains soient ouverts à
tous, sûrs, résilients et durables
- Objectif 12 : Établir des modes de consommation et de production durables
- Objectif 13 : Prendre d’urgence des mesures pour lutter contre les changements
climatiques et leurs répercussions
- Objectif 14 : Conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les
ressources marines aux fins du développement durable
- Objectif 15 : Préserver et restaurer les écosystèmes terrestres, en veillant à les exploiter de
façon durable, gérer durablement les forêts, lutter contre la désertification, enrayer et
inverser le processus de dégradation des sols et mettre fin à l’appauvrissement de la
biodiversité
- Objectif 16 : Promouvoir l’avènement de sociétés pacifiques et ouvertes aux fins du
développement durable, assurer l’accès de tous à la justice et mettre en place, à tous les
niveaux, des institutions efficaces, responsables et ouvertes
- Objectif 17 : Renforcer les moyens de mettre en œuvre le partenariat mondial pour le
développement durable et le revitaliser
Le secteur santé est particulièrement engagé par rapport aux OMD suivants (tableau 1 ci-
dessous):
En résumé voici les OMD liés à la santé :
Tableau 1 : Les OMD liés à la Santé

N° OBJECTIFS N° CIBLES INDICATEURS


Réduction de Réduire de moitié, entre 4. Pourcentage d’enfants (de moins de 5 ans)
l’extrême 1990 et 2015, la proportion présentant une insuffisance pondérale
1 pauvreté et de la 2. de la population qui souffre 5. proportion de la population n’atteignant
faim de la faim pas le niveau minimal d’apport calorique

Réduire la Réduire de deux tiers, entre 13. Taux de mortalité des enfants de moins
mortalité des 1990 et 2015, le taux de de 5 ans
4 enfants de 5. mortalité des enfants de 14. Taux de mortalité infantile
moins de 5 ans moins de 5 ans

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15. Proportion d’enfants de 1 an vaccinés
contre la rougeole
Améliorer la Réduire de trois quarts, entre 16. Taux de mortalité maternelle
5 santé maternelle 6. 1990 et 2015, le taux de 17. Proportion d’accouchements assistés par
mortalité maternelle du personnel de santé qualifié
D’ici à 2015, avoir stoppé la 18. Taux de prévalence du VIH parmi les
propagation du VIH/SIDA et femmes enceintes âgées de 15 à 24 ans
6 7. commencé à inverser la 19. Taux d’utilisation de la contraception
tendance actuelle 20. Nombre d’enfants orphelins du SIDA

Combattre le D’ici à 2015, avoir maîtrisé 21. Taux de prévalence du paludisme et taux
VIH/SIDA, le le paludisme et d’autres de mortalité lié à cette maladie
Paludisme et grandes malades, et avoir 22. Proportion de la population vivant dans
d’autres commencé à inverser la les zones à risque qui utilise des moyens de
maladies tendance actuelle protection et des traitements efficaces contre
8. le paludisme
23. Taux de prévalence de la tuberculose et
taux de mortalité lié à cette maladie
24. Proportion de cas de tuberculose détectés
et soignés dans le cadre de traitements de
brève durée sous surveillance directe
Assurer un Réduire de moitié, d’ici à 30. Proportion de la population urbaine et
environnement 2015, le pourcentage de la rurale ayant accès à une source d’eau
durable 10. population qui n’a pas accès meilleure
de façon durable à un
approvisionnement en eau
7 de boisson salubre
Réussir, d’ici à 2020, à 31. Proportion de la population urbaine
11. améliorer sensiblement la ayant accès à un meilleur système
vie d’au moins 100 millions d’assainissement
d’habitants de taudis
Mettre en place En coopération avec 46. Proportion de la population ayant
un partenariat l’industrie pharmaceutique, durablement accès à des médicaments de
8 mondial pour le rendre les médicaments base d’un coût abordable
développement 17. essentiels disponibles et
abordables dans les pays en
développement

2.3.Objectifs spécifiques
D’ici 2015 :
- Amener 80% des 174 districts de santé existants à achever au moins la phase de
consolidation du processus de viabilisation d’un District de Santé;
- Amener 100% des structures de santé des niveaux stratégique et intermédiaire à jouer leur
rôle d’appui et d’orientation recours;
- Réduire de 1/3 la charge morbide chez les pauvres et les populations les plus vulnérables;
- Réduire de 2/3 la mortalité des enfants de moins de 5 ans;
- Réduire de ¾ la mortalité maternelle.

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Pour atteindre les objectifs ci-dessus, les interventions seront menées selon les 04 axes
stratégiques suivants :
1. Renforcement du système de santé
2. Vulgarisation de l’utilisation du paquet minimum d’activités (PMA) et du paquet
complémentaire d’activités (PCA) dans le district de santé
3. Développement d’un système d’orientation-recours opérationnel
4. Renforcement du partenariat dans le secteur

a) Renforcement du système de santé (RSS)


La mission primaire de tout système de santé est de produire des prestations de soins et services
de qualité. Pour remplir de façon pérenne cette mission, la communauté sanitaire internationale
est de plus en plus consciente de la nécessité de renforcer les structures de production de soins
en capacité de mobilisation de leurs intrants et de maîtrise de leurs processus.
Dans la SSS 2001 – 2015, le renforcement du système de santé se déroule à travers un domaine
d’intervention (Viabilisation du District), des classes, des catégories et types d’intervention.

b) Vulgarisation de l’utilisation du paquet minimum d’activités (PMA) et du


paquet complémentaire d’activités (PCA) dans le district de santé
- LE PAQUET MINIMUM D'ACTIVITES (PMA) est le minimum des activités curatives,
préventives, promotionnelles et de gestion qui doivent être effectuées de manière intégrée,
continue et globale au niveau du premier échelon de la pyramide sanitaire (CMA, CSI, CS)
compte tenu de son contexte spécifique, pour assurer la disponibilité des soins et services
de qualité à la population de sa zone de responsabilité.
RQ : En fonction de son contexte, chaque District de santé devrait, en accord avec sa DRSP,
identifier à partir du PMA de base le minimum d’activités à réaliser.
- LE PAQUET COMPLEMENTAIRE D'ACTIVITES (PCA), est le minimum des activités
complémentaires au Paquet Minimum d'activités (PMA) qui doivent être effectuées de
manière continue en appui au premier échelon par le premier niveau de référence (HD, SSD)
pour assurer la continuité des soins et services de qualité dans le District de Santé.
La vulgarisation se fera à travers la diffusion du PMA et PCA, la formation, la supervision
formative intégrée et le monitoring-évaluation en vue d’une réadaptation continue des PMA et
PCA selon l’adéquation entre l’offre, la demande et les besoins du District de Santé.
Pour ce faire, un minimum de ressources (humaines, matérielles et financières) doit être
disponible à chaque niveau de la pyramide sanitaire nationale pour son opérationnalité.

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