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Cours de santé publique aux étudiants TAM3

COURS DE SANTE PUBLIQUE AUX ETUDIANTS TAM 3

PLAN DU COURS
1- LE SYSTEME DE SANTE AU CAMEROUN
2- LA STRATEGIE SECTORIELLE DE LA SANT : les
enjeux, les programmes
3- SANTE COMMUNAUTAIRE ET PROMOTION DE LA
SANTE
4- PROGRAMMES PRIORITAIRES DE SANTE AU
CAMEROUN : programme nationaux de lutte, programme
élargie de vaccination
5- COMMUNICATION POUR LE CHANGEMENT DE
COMPORTEMENT
6- NUTRITION ET SANTE PUBLIQUE
7- ROLE DU LABORATOIRE DANS LA SURVEILLANCE
DES MALADIES A POTENTIEL EPIDEMIQUE ET EN
SITUATION D’EPIDEMIE

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CHAPITRE I : LE SYSTEME DE SANTE AU CAMEROUN

1- Organisation des services de santé au Cameroun

La Déclaration Nationale de la Mise en Œuvre de la Réorientation


des Soins de Santé Primaires (1993), puis une modification de
l'organigramme du Ministère de la santé à la suite du décret n°95/040
du 7 mars 1995, définissent la réorganisation du système en trois
niveaux : central, intermédiaire et périphérique. Chaque niveau
dispose de trois types de structures : les structures de gestion
institutionnelle du Ministère de la santé, les formations sanitaires et
les structures de représentation des populations.

Tableau 1 : La pyramide sanitaire du Cameroun

Structures
Niveaux Compétences Structures de soins
administratives
Direction
Hôpitaux généraux
politique,
Services de référence, centre
Central élaboration de
centraux hospitalier et
la politique et
universitaire
des stratégies
Appui
Délégations
Intermédiaire technique aux Hôpitaux régionaux
régionales
districts et

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programmes
Hôpitaux de
Districts de Mise en œuvre districts, centres
Périphérique santé / aires de des médicaux
santé programmes d'arrondissement
centres de santé

Le niveau central élabore les politiques, les normes et les


stratégies nationales ; il conçoit et propose au gouvernement les textes
réglementaires, et il coordonne, contrôle et ventile les ressources vers
les niveaux opérationnels. Le niveau central est représenté par le
ministère de la santé avec ses cinq directions, la direction de la santé
communautaire, la direction de la médecine hospitalière, la direction
de la pharmacie, la direction des ressources humaines, la direction des
ressources financières ; et ses deux divisions, la division de la
coopération, la division des études et de la planification. Les
formations sanitaires à ce niveau sont : les hôpitaux généraux de
Yaoundé et de Douala, l'hôpital Central de Yaoundé, l'hôpital
hospitalo-universitaire de Yaoundé, l'hôpital Laquintinie de Douala.
Ces hôpitaux servent de référence aux hôpitaux régionaux.

Le niveau intermédiaire est représenté par les 10 délégations


régionales de la santé publique (DRSP). Chacune suit les délimitations
et la dénomination de sa région administrative. Elles ont pour rôle la
traduction en programmes de la politique élaborée au niveau central.
Toutes les directions du niveau central sont représentées par les

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services Régionaux correspondants. La région est dotée d'un comité


de gestion Régional (COGERRO) composé des cadres de la santé, des
représentants de la population et de l'administration et qui gère le
Fonds spécial de solidarité pour la santé de la Région (FSRS). Ce
fonds est alimenté par des subventions et des aides, par les
participations des districts de santé ainsi que par les bénéfices de la
vente des médicaments essentiels par le Fond Régional pour la
Promotion de la Santé (FRPS) dont la mission est l'approvisionnement
des formations sanitaires en médicaments essentiels. Les membres du
FSRS sont élus par les Comités de santé du district (COSADI). Les
Comités de santé du district sont composés de professionnels de santé
du district, de représentants de chaque aire de santé du district ainsi
que d'élus locaux ; pour l'instant ils restent embryonnaires. Le délégué
Régional de la santé, pour sa part, se trouve sous l'autorité du
Gouverneur de la régional administrative, région sanitaire et région
administrative coïncidant.

Le district de santé constitue le niveau périphérique ou


opérationnel. Le service de santé du district est dirigé "par une équipe
multidisciplinaire supervisée par un médecin de santé publique"/
Administrateur de santé Publique qui "coordonne et supervise toutes
les activités de santé de district, y compris celles des tradipraticiens et
du secteur privé moderne". Le district de santé est desservi par un
hôpital de référence (Hôpital de district). Il est chargé d'élaborer un
Plan d'action sanitaire, d'assurer son suivi, et de superviser les aires de
santé. Le système de santé de district dispose de deux niveaux
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d'établissements de soins : l'hôpital de district, hôpital de première


référence, et les centres de santé. Un comité de gestion veille
notamment à l'utilisation des fonds dit de "recettes affectées",
c'est-à-dire ceux provenant de la vente de médicaments et de la
facturation de toutes les prestations sanitaires ; ces recettes sont
réparties entre la motivation du personnel, le fonds de solidarité
régional, la caisse de supervision du district, et le Trésor public.

Le district de santé est lui-même subdivisé en aires de santé ;


l'aire de santé est constituée par un village ou un ensemble de villages
avec une population totale de 5.000 à 10.000 habitants, avec un
territoire bien défini, et desservie par un centre de santé qui a la
responsabilité des activités de santé. Chaque centre de santé met à la
disposition des populations le "paquet minimum d'activités" en
stratégies fixe et avancée : la réforme propose un renforcement de la
capacité technique des centres de santé (personnels qualifiés, matériels
techniques et logistiques adéquats) ; le personnel des centres doit alors
non seulement proposer le "paquet minimum d'activités" au centre
pour la population centrale de l'aire de santé (stratégie fixe) mais
également se rendre dans les villages éloignés du centre pour proposer
certaines activités, surtout préventives (stratégie avancée). Les
malades dont les problèmes n'ont pu trouver de solution au niveau du
centre de santé sont théoriquement référés à l'hôpital de district. Ces
formations sanitaires sont appelées "centres de santé intégrés" (CSI),
la notion de poste de santé villageois étant abandonnée, et sont censés
être dirigées par un infirmier diplômé d'État. Chaque village désigne
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deux représentants au sein du comité de santé de l'aire de santé ; ce


comité élit en son sein un comité de gestion qui participe à la gestion
du centre de santé au côté de l'équipe des professionnels de la santé.
Chaque comité de santé de l'aire désigne à son tour deux personnes
qui représenteront l'aire de santé au sein du comité de santé de district.

Au niveau périphérique, subsistent des structures de soins qui ne


peuvent être rangées ni dans la catégorie des CSI, ni dans celle des
hôpitaux de district. C'est le cas notamment des centres médicaux
d'arrondissement (CMA), nouvelle appellation des hôpitaux des
arrondissements administratifs, et qui sont les premières formations
sanitaires qui bénéficient des services d'un médecin, avant l'hôpital de
district. Avant la réforme, chaque unité administrative pouvait être
desservie par un hôpital d'arrondissement, et pendant la période de
mise en œuvre des SSP selon les directives d'Alma Ata (1980-1988),
plusieurs structures de ce type ont été construites pour améliorer
l'accessibilité géographique aux structures de soins ; la crise
économique a contraint le ministère de la santé d'arrêter la
construction de ces centres devenus CMA. Avec la réforme, certains
de ces établissements sont devenus hôpitaux de district, d'autres
devaient disparaître, la réforme ne prévoyant pas un autre niveau de
soins dans les districts de santé. Or, ces établissements, outre leurs
fonctions sanitaires, jouaient un rôle politique important ; les hôpitaux
d'arrondissement étaient la manifestation de la présence de l'État, et
surtout de l'importance que celui-ci accordait à un arrondissement
donné ; et les populations jugeaient de l'intérêt que leur portait un
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candidat aux élections par les dons qu'il pouvait faire à ce centre
médical. Des compromis ont été nécessaires, et un troisième niveau de
soins (entre le CSI et l'hôpital de district) a été créé dans certains
districts : les centres médicaux d'arrondissement.

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CHAPITRE II : LA STRATEGIE SECTORIELLE DE LA


SANTE : les enjeux, les programmes

NOMENCLATURE DE LA STRATEGIE SECTORIELLE DE


SANTE 2016-2027
a) Introduction
La Stratégie Sectorielle de Santé (SSS) 2001-2015, cadre
d’orientation de l’action gouvernementale en matière de santé, est
arrivée à échéance en 2015. Une évaluation de son contenu et de sa
mise en œuvre a guidé l’élaboration d’une nouvelle SSS qui couvrira
la période 2016-2027.Cette nouvelle stratégie s’aligne sur le
Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE) et sur
les Objectifs de Développement Durable (ODD). Le processus
d’évaluation de la stratégie 2001-2015 échoue et l’élaboration de la
nouvelle stratégie a été participatif
b) Évaluation quantitative
Le processus d’élaboration de la nouvelle stratégie a été amorcé par
l’évaluation de la SSS 2001-2015. L’analyse du niveau d’atteinte des
objectifs fixés de la SSS échoué a révélé que les efforts consentis par
le Gouvernement et ses partenaires nationaux et internationaux ont,
d’une manière générale, amélioré la santé des populations. A titre
illustratif, dans le domaine de la lutte contre la maladie, le taux
d’années de vie corrigées de l’incapacité (AVCI ou DALY) qui est un
indicateur évaluant le poids de la maladie a globalement baissé de
23,5% entre 2000 et 2013. Cette réduction concerne principalement
les maladies transmissibles. Par exemple, la prévalence du VIH/SIDA
est passée de 5,5% à 4,3 % entre 2004 et 2011, et le taux de mortalité
spécifique du paludisme en milieu hospitalier de 43% à 22,4% entre
2008 et 2013. De même, la mortalité infanto-juvénile a connu une
réduction significative de 28%, passant de 144 à 103 décès d’enfants

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de moins de 5 ans pour 1000 naissances vivantes entre 2004 et 2014.


Concernant la promotion de la santé, la réalisation majeure est la
réduction de plus de 50% des cas de sous-alimentation sur l’ensemble
du territoire national entre2001 et 2014.
c) Évaluation qualitative
A l’issue de l’évaluation qualitative, les points forts et les points
faibles de la stratégie 2001-2015 ont été classés et analysés suivant
leur nature.
POINTS FORTS
Les points forts concernent particulièrement les domaines suivants
:
Offre en infrastructures, ressources humaines, médicaments,
financement et recherche opérationnelle
. Offre en infrastructures : Les points forts suivants ont été relevés :
(i) l’engagement fort de l’Etat pour la construction des formations
sanitaires de proximité et surtout des hôpitaux de référence
dans toutes les régions ;
(ii) l’existence des normes en équipements ;
(iii) la disponibilité des dossiers techniques de réhabilitation des
formations sanitaires faisant ressortir les possibilités
séquentielles de mise en œuvre des travaux à réaliser (plan de
développement architectural et technique des hôpitaux de
districts sur financement interne ordinaire) ;
(iv) la disponibilité des techniciens capables d’élaborer des plans
architecturaux ainsi que des plans d’aménagement selon les
normes ;
(iv) l’existence d’une stratégie partenariale permettant de renforcer
l’implication du privé dans l’offre de service ;
(v) l’existence d’un réseau dense d’instituts de formation ; et
(vi) la subvention par l’Etat des formations sanitaires privées et des
établissements privés de formation des personnels de la santé
POINTS FAIBLES

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Les faiblesses observées portent pour l’essentiel sur les aspects


suivants :
Législation, réglementation et politique, Budget/dépenses, Gestion
(planification, direction, contrôle et suivi-évaluation), disponibilité des
infrastructures et des équipements de base, et certains aspects relatifs à
la recherche opérationnelle en santé. Législation, réglementation et
engagement politique : Le nombre des Partenaires Techniques et
Financiers (PTF) qui ont travaillé dans une approche sectorielle est
resté constant (deux partenaires seulement, AFD et GIZ/KfW,
œuvrent dans ce sens depuis 2011), dénotant ainsi d’un engagement
politique insuffisant pour la mise en place du SWAp.
De plus, en raison de l’absence d’un code de santé publique et des
vides juridiques constatés, il n’a pas été possible de mieux encadrer
les acteurs dans le secteur santé.
Enfin, l’impact des déterminants de la santé n’a pas été analysé
avec la même rigueur que celui de la prévention et de la prise en
charge des maladies dites prioritaires. L’engagement politique de haut
niveau est aussi insuffisant au regard du pourcentage de financement
de l’État alloué au secteur de la santé. La Déclaration d’Abuja
préconise l’allocation d’une proportion de 15% du budget de l’État à
ce secteur.
Les outils actuels ne permettent pas de disposer de toute
l’information sur les financements alloués à la santé dans les autres
administrations œuvrant dans le secteur ; toutefois, la proportion du
budget national alloué au Ministère de la santé oscillerait ces dernières
années autour de 7%. Budget/dépenses : L’existence de multiples
régimes de financement de la santé (28 dénombrés en 2013) témoigne
de l’absence d’une approche intégrée et d’une coordination
insuffisante dans la gestion des financements.

d) Cadre stratégique du secteur de la santé

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Au regard des résultats de l’évaluation de la mise en œuvre de la


SSS 2001-2015 et des analyses faites lors de la description de l’état
des lieux du secteur santé, la SSS 2016-2027 s’est fixée une
nouvelle vision qui est en cohérence avec les priorités nationales et
internationales, les enjeux et les défis majeurs du secteur. La vision
de la SSS 2016-2027 est la suivante: « Le Cameroun, pays où
l’accès universel aux services de santé de qualité est assuré pour
toutes les couches sociales à l’horizon 2035, avec la pleine
participation des communautés». . En ce qui concerne la promotion
de la santé, il s’agira, de : «Amener la population à adopter les
comportements sains et favorables à la santé d’ici 2027». À cet
effet, quatre objectifs spécifiques ont été identifiés :
(i)Renforcer les capacités institutionnelles, communautaires, et la
coordination dans le domaine de la promotion de la santé
dans 80% des DS;
(ii) Améliorer le cadre de vie des populations dans au moins 70%
des districts de santé d’ici 2027 ;
(iii) Renforcer les aptitudes favorables à la santé des individus et
des communautés dans au moins 75 % des districts de santé
d’ici 2027 ;
(iv) D’ici 2027 amener 25 % de familles à adopter les
pratiques familiales essentielles notamment la Planification
Familiale.

Dans le domaine de la prévention de la maladie, il sera


question dans cette composante de réduire d’ici 2027 la
proportion des personnes présentant les facteurs de risque des
maladies évitables au Cameroun.
En ce qui concerne la prise en charge des cas, l’objectif
stratégique est de : « Réduire la létalité hospitalière et
communautaire des maladies prioritaires transmissibles, non-
transmissibles, ainsi que la mortalité maternelle et infanto-
juvénile ».
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S’agissant du renforcement du système de santé : l’objectif


global de cet axe stratégique est d’ « accroitre les capacités
institutionnelles dans 80% des districts pour un accès durable
et équitable des populations aux soins et services de santé».
Dans le domaine de la gouvernance et du pilotage stratégique
: l’objectif global ici consistera à «Augmenter la performance
du système de santé à tous les niveaux».

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CHAPITRE III : SANTE COMMUNAUTAIRE ET


PROMOTION DE LA SANTE
3-1 LA PROMOTION DE LA SANTE
Définition de la promotion de la santé

La Charte d’Ottawa pour la promotion de la santé définit la


promotion de la santé « un processus qui confère aux populations le
moyen d’assurer un plus grand contrôle sur leur propre santé et
d’améliorer celle-ci ». (OMS 1986)

Afin de mieux comprendre cette définition, il est important de


comprendre les caractéristiques et les valeurs qui guident la pratique
en promotion de la santé.

Il existe d’autres définitions Par exemple, celle du American Journal


of Health Promotion (AJHP) :« La promotion de la santé est une
science et un art qui aide les gens à changer leurs modes de vie pour
qu’ils puissent se diriger vers un état de santé optimale. Celle-ci est
définie comme un équilibre entre la santé physique émotionnelle,
sociale et intellectuelle
Caractéristiques et valeurs de la promotion de la santé

Pour mieux comprendre la définition de la promotion de la santé


selon la charte d’Ottawa, il convient de comprendre les
caractéristiques et les valeurs qui guident la promotion de la santé.

 Caractéristiques :

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La promotion de la santé comprend plusieurs caractéristiques qui


assurent la santé et le bien-être de l’individu et les collectivités.

 Une approche holistique face à la santé;


 Une approche participative
 Une concentration sur les déterminants de la santé tels les
aspects sociaux, comportementaux, économiques et
environnementaux sur lesquels la santé et la maladie sont basés;
 Concentration sur les forces et avantages au lieu de s’occuper
uniquement des problèmes et déficits;
 l’utilisation de multiples stratégies complémentaires afin de
promouvoir la santé au niveau de l’individu et de la collectivité.

 Une vue holistique de la santé

La définition de la promotion de la santé provient de l’Organisation


mondiale de la santé : « un processus d’optimisation, tout au long de
l’existence, du bien-être physique, social et psychique, au-delà de
l’absence de la maladie ou d’infirmité. » (OMS 2001). Cette définition
décrit la santé comme « une ressource pour la vie journalière ». La
promotion de la santé envisage la santé comme un concept positif qui
va au delà de la capacité physique et incorpore les ressources sociales
et personnelles. (OMS 1984)
 Un aperçu des approches participatives

Dans la mesure du possible, les promoteurs de la santé adressent les


questions de santé avec leurs clients et non pour eux. L’utilisation des
approches participatives aide les gens à prendre le contrôle des
conditions affectant leur santé. C’est le facteur le plus important d’une
pratique en promotion de la santé.
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 Un aperçu des déterminants de la santé

Les déterminants de la santé englobent une gamme de facteurs


sociaux, économiques et environnementaux qui déterminent le statut
de la santé de l’individu ou de la population. La combinaison de ces
facteurs crée des conditions qui déterminent le statut de santé au
niveau de l’individu et de la collectivité. Ces facteurs sont multiples
et inter reliés. Ce sont :

 le revenu et le statut social;


 les réseaux de soutien social;
 l'éducation et l'alphabétisme;
 l'emploi et les conditions de travail;
 les environnements sociaux;
 les environnements physiques;
 les habitudes de santé et la capacité d'adaptation personnelle;
 le développement de la petite enfance;
 le patrimoine biologique et génétique;
 les services de santé;
 le sexe et la culture ;
 le mode de vie pratiqué par les individus tels les comportements
reliés à la santé (par exemple le tabagisme, nutrition et l’activité
physique); et
 les facteurs tels le revenu, l’éducation, l’emploi et les conditions
de travail et les environnements sociaux et physiques.

 Composantes des forces et avantages de la promotion de la


santé

Autant que possible, une pratique en promotion de la santé est


composée de facteurs positifs qui promouvoient la santé de l’individu
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et de la collectivité. Les leaders communautaires, les programmes et


services qui existent déjà, les réseaux sociaux établis, ou les
organismes et évènements dans la collectivité qui rassemblent les
gens, sont des exemples de ces forces et avantages.
L’attention aux forces et avantages est la plus importante des valeurs
qui différencie la promotion de la santé des autres approches telles la
prévention des maladies et la santé de la population. Ces deux autres
approches portent leur attention sur l’élimination des problèmes, des
méfaits et déficits de la santé ce qui contribuent à la maladie et
résultent en une mauvaise santé.

 L’utilisation de multiples stratégies complémentaires

Les promoteurs de la santé utilisent de multiples stratégies qui visent


les individus, les familles, les groupes communautaires et les
populations en général. (p. ex. un quartier/village, une aire de santé
un arrondissent, un district de santé, un département, une région ou
une nation).
La Charte d’Ottawa pour la promotion de la santé encourage
l’utilisation de multiples stratégies en identifiant cinq domaines
propices à la promotion de la santé :

 l’élaboration de politiques publiques saines;


 la création de milieux favorables;(logement décents, espace
verts, terrain de sport, l’hygiène et l’assainissement etc.)
 le renforcement de l’action communautaire;
 l’acquisition des aptitudes personnelles;
 la réorientation des services de la santé.
Ces domaines sont d’importance primordiale dans le développement
des paramètres d’une pratique en promotion de la santé de longue
durée.

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Valeurs

Les valeurs de la promotion de la santé permettent aux personnes de


prendre contrôle de leur propre santé ces valeurs sont :
 Avoir plein pouvoir;
 Justice sociale et équité;
 Inclusion;
 Respect.
 Le plein pouvoir : C’est un processus par lequel le client prend
contrôle de ses décisions et actions face à sa santé (Nutbeam,
1998). La littérature indique que plus l’individu détient le
contrôle face aux facteurs contributeurs et décisions qui influent
sur sa santé, plus il atteindra un niveau de santé optimale.
 La justice sociale et l’équité: La littérature indique que la
pauvreté et l’inégalité salariale sont les plus grandes causes ou
déterminants du statut de santé. En d’autres termes, les
personnes avec un revenu moins élevé ont plus de chance de
mourir à un jeune âge et de souffrir de plus de maladies que des
personnes avec un revenu plus élevé et ce indépendamment de
son âge, sexe, race ou place de résidence. La pratique de la
promotion de la santé garde un rapport étroit avec la justice
sociale afin d’assurer une accessibilité universelle à la
nourriture, le revenu, l’emploi, l’abri, l’éducation et autres
facteurs nécessaires au maintien d’une bonne santé.
 L’inclusion : afin d’assurer l’accès universel aux ressources
nécessaires pour le maintien d’une bonne santé et des prises de
décisions affectant la santé, on se doit de travailler avec les
groupes marginalisés de la collectivité qui font face à des
obstacles à une bonne santé. (MSM, Travailleurs de sexe,
PVVS, drogués, Les Pygmées, les Bororo, les émigrés, les
déplacés etc.)

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 Le respect : Le respect des variétés de points de vue différents,


aux cultures et aux perspectives sur la santé et le bien-être.
Stratégies et domaines d’intervention

 Stratégies

La Charte d’Ottawa pour la promotion de la santé a changé la


façon dont les promoteurs de la santé travaillent ; les sept stratégies
sont utilisées pour couvrir les domaines d’intervention de la
promotion de la santé. Ce sont des stratégies complémentaires :

 la communication pour la santé :

c’est l’utilisation des techniques de communication et des

technologies qui influencent, positivement, les individus, les

populations et les organisations afin de promouvoir des conditions

optimales pour la santé humaine et environnementale ;

Réfléchissez aux messages de santé auxquels vous faites face


quotidiennement :
Une grosse plaque publicitaire encourageant le sommeil la
moustiquaire imprégnée
un article de journal parlant de la consommation de 5-10
portions de fruits ou de légumes par jour
Un dépliant encourageant la potabilisation de l’eau à domicile
un spot télévisé décrivant les bienfaits du planning familial.
Une affiche parlant du port du préservatif masculin ou féminin
Un spot radio parlant du traitement de diarrhée avec orasel - zinc

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SMS parlant des méfaits de la cigarette


Une annonce à la radio parlant du retrait des monothérapies
antipaludiques
Tout ceci illustre la communication en santé. C’est-à-dire, l'utilisation
des techniques de l’information et de la communication afin
d'influencer, de manière positive, les individus la population et les
organismes ayant comme but la promotion des conditions favorisant la
santé humaine et environnementale.

Étapes du développement de campagnes de communication en


santé

Activités de communication en santé sont souvent intégrées dans


une campagne plus complète de communication, une tentative
d'informer, de persuader ou de motiver un changement du
comportement d'une population cible un processus de douze étapes est
suggéré afin de développer des campagnes de communication en
santé :
Première étape: Développez un plan qui permet l’organisation
du processus de développement de campagne comprenant le
temps, l'argent, d’autres ressources, le rassemblement et
l'interprétation des données et la prise de décision.

Deuxième étape: Révision de votre stratégie en promotion de la


santé– Cette étape implique la définition et/ou la confirmation du
but de votre campagne de communication de santé, y compris le
développement d’objectifs mesurables de
la campagne.

Troisième étape: Analyse de votre population cible–


Rassemblez les informations sur la démographie, le
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comportement et la psychographie (par exemple, les valeurs et


croyances) de la population choisie afin de créer un profil de
celle-ci. Cette étape implique également l’exploration des
caractéristiques de votre population cible afin de déterminer si
elle peut être divisée ou divisée en groupes plus petits et plus
homogènes.(segmentation de la population cible).

Quatrième étape: Développement d’un inventaire des


ressources en Communication la liste devrait inclure les
ressources existantes (par exemple, les médias, les porte-parole
de la communauté) dans votre communauté ou organisation et
l'évaluation des forces, des faiblesses et des possibilités de
communiquer votre message avec l’aide de ces ressources.

Cinquième étape: Choisir les objectifs de la communication–


Identifiez les changements fondamentaux que vous misez suite à
vos activités de communication (par exemple, conscientiser les
jeunes sur l’abstinence sexuel avant le mariage).
Sixième étape: Choisir les voies et véhicules de
communication– Les voies sont les moyens par lesquels un
message est envoyé (par exemple, radio, télévision, les crieurs,
les lieux de culte, l'Internet, les journaux, causerie éducative).
Les véhicules sont des manières spécifiques de fournir des
messages par les voies (par exemple, spot, microprogramme,
annonces, reportage, etc.)
Septième étape: Combiner et établir un ordre aux activités de
communication– Les voies et les véhicules choisis dans l’étape
précédente doivent être combinés et organisés selon l’échéancier
de la campagne.

Huitième étape: Développer le message– Le message principal


communiqué par la campagne doit être choisi soigneusement.
Neuvième étape: Développer une identité de projet– Créez une
identité qui communiquera clairement votre image et votre lien

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avec votre population cible, c’est-à-dire le but de votre


campagne et pourquoi elle est important.
Dixième étape: Développer le matériel– Explorez les
caractéristiques pour chaque véhicule désiré. Choisissez les
fournisseurs et la gestion du processus de production.
Onzième étape: Implémenter la campagne – Le matériel
nécessaire au programme doit être disponible en quantité
suffisante. Les plans doivent être en place, et les représentants
des différentes voies doivent être au courant de leur rôle.
Douzième étape: Évaluation de votre campagne – Rassemblez
et interprétez l'information sur la planification, l'exécution et les
résultats de la campagne afin d'identifier les aspects efficaces de
la campagne ainsi que les secteurs où une amélioration est
nécessaire

 l’éducation de la santé :
C’est la création consciente d’opportunités pour un apprentissage qui
améliore les connaissances de la santé et le développement
d’habiletés qui encouragent la santé chez l’individu et la collectivité ;

L’éducation en santé se rapporte à des occasions pour apprendre par


une certaine forme de voie de communication afin d’améliorer la
compréhension de la santé, y compris améliorer les connaissances ou
développer des habiletés saines de vie pour l'individu et la
communauté. On pourrait conclure qu'il y a un certain
chevauchement entre l'éducation en santé et la communication en
santé. En fait, des campagnes de communication en santé sont souvent
conçues dans le but explicite d'instruire des individus et des
communautés sur des problématiques particulières à la santé.

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Cependant, il y a quelques distinctions importantes entre les deux


stratégies:

 Groupe d’entraide (Self Help)


L’entraide est un "processus par lequel les gens qui partagent des
expériences, des situations ou des problèmes communs peuvent
s'offrir une perspective unique qui n'est pas disponible pour ceux qui
n'ont pas partagé ces expériences. » Un groupe d’entraide, où les
membres se réunissent afin de partager leurs sentiments et réflexions
au sujet de leurs expériences partagées (telles que faire face à une
problématique de santé, la perte d’un être cher, ou le besoin de trouver
un emploi, les parents d’enfants drépanocytaires, les diabétiques,
PVVIH, les malades de cancer etc.), est le milieu principal pour
faciliter le processus d’entraide.
Les groupes d’entraide comblent un certain nombre d’objectifs pour
leurs membres :
Le support social
Le partage d’information
La formation d’une identité commune
La transformation et l’épanouissement personnel (par ex. surmonter
une
dépendance)
La prise en charge et le plaidoyer collectif (par exemple, plaidoyer
afin d’adresser un problème de santé partagé par les membres du
groupe) les groupes d’entraide peuvent être établis pour des
personnes partageant une gamme de soucis de santé.

 Changement organisationnel :

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Pensez au temps que vous et votre famille dépensez dans un milieu


particulier,tel que l’école, l’université, le lieu de travail, un centre
commercial, un centre sportif ou une formation sanitaire. Le
changement organisationnel est le processus par lequel on travaille
dans ces milieux afin de créer des environnements de support qui
facilitent les choix sains. L'exemple suivant illustre les manières dont
le changement organisationnel peut aider à établir des environnements
de support.
Comme beaucoup d'organismes qui pensent à améliorer la
performance de leur entreprise
LES STRATEGIES
Le développement de la promotion de la santé passe par la maîtrise
des stratégies ci-dessous qu’il convient d’examiner en ce qui concerne
le Cameroun:
La Communication pour le Changement de Comportement:
Des programmes de différents secteurs de développement
mènent des activités de communication pour le changement de
comportement à travers la communication de masse et la
communication interpersonnelle. Des messages de promotion de
santé sont diffusés dans divers milieux notamment dans les centres de
santé à l’occasion des consultations prénatales ou préscolaires avec les
femmes enceintes, dans les écoles à travers certains cours, dans les
lieux de culte et au sein de certains groupes organisés dans les
communautés. Cependant, ces actions connaissent des insuffisances
faute de normes et standards ainsi que le suivi-évaluation.
La Mobilisation sociale: Les organisations communautaires sont
souvent impliquées dans les actions de santé. Cependant elles ne
bénéficient pas suffisamment de l’information, de compétences, de
motivation et de ressources nécessaires d’une part, et d’autre part le
partenariat entre ces organisations et les différents programmes et

Une compilation de M. KEMETIA Lambert Doctorant en santé publique Page 23


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secteurs, est sporadique et non coordonné. En outre, la visibilité des


actions des organisations communautaires est faible.
Le plaidoyer: Les décideurs à tous les niveaux sont approchés par les
programmes de tous les secteurs de développement pour solliciter leur
adhésion, implication ou engagement dans les activités de santé.
Cependant ce plaidoyer est mené sans véritable coordination, de
manière sporadique et parcellaire. Les techniques de plaidoyer ne sont
pas suffisamment maîtrisées par les initiateurs. Ainsi, l’adhésion,
l’engagement, l’implication et la contribution des décideurs ne sont
généralement pas à la hauteur des attentes.
Le marketing social: Des activités promotionnelles sont menées par
différents secteurs, avec l’appui des partenaires; et des institutions
assurent la formation en marketing social. Pour l’importation des
produits de santé et de réhabilitation, les acteurs du marketing social
bénéficient des exonérations fiscales, mais la gamme de ces produits
reste limitée, et leur liste n’est pas définitivement établie. Aussi
certains produits comme ceux destinés aux personnes vulnérables tels
les handicapés physiques ne bénéficient pas toujours de ces
exonérations fiscales.
Bien qu’embryonnaire, le réseau de distribution communautaire est
déjà mis en place, en plus du réseau commercial. Une seule institution
opère à l’échelle nationale dans le marketing social. En outre, la
concurrence déloyale des réseaux commerciaux dessert les objectifs
de cette stratégie. Les prix de cession des produits ne sont pas
toujours respectés. Le système de suivi-évaluation n’est pas encore
tout à fait en place. La mobilisation des ressources locales pour le
marketing social reste insuffisante.
La négociation: Très peu de programmes et institutions prennent en
compte le renforcement des capacités en négociation. Toutefois, des
résistances dans différentes communautés ont été efficacement gérées
pour l’utilisation de certains services sociaux et de santé.
Une compilation de M. KEMETIA Lambert Doctorant en santé publique Page 24
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La médiation: La formation en techniques de médiation est limitée à


quelques institutions spécialisées. Cependant, des compromis sont
parfois obtenus pour ramener des protagonistes à la raison par rapport
à leur santé.
Renforcement des capacités: Le processus pour le renforcement des
communautés est lent à mettre en place. En effet, le renforcement des
capacités des communautés à identifier leurs problèmes, établir leurs
priorités, mobiliser les ressources, mettre en œuvre, suivre et évaluer
leurs initiatives de santé ne se fait pas au rythme correspondant aux
attentes.
LES DOMAINES DE PROMOTION DE LA SANTE
Les domaines retenus dans le cadre de l’analyse situationnelle de la
promotion de la santé sont (a) l’élaboration des politiques favorables à
la santé, (b) la création d’environnements favorables à la santé, (c) la
réorientation des services de santé, (d) le renforcement de l’action
communautaire, (e) le développement des compétences individuelles
(life skills).
 Elaboration des politiques publiques favorables à la santé
Le concept de ‘’promotion de la santé’’ a pris corps dans la stratégie
sectorielle de santé et s’est matérialisé en 2002 par la création d’une
Direction de la Promotion de la Santé au sein du Ministère de la Santé
Publique. Cette dernière, ainsi que d’autres secteurs de
développement prennent des mesures politiques en faveur de la
promotion de la santé. Mais, le concept de ‘’promotion de la santé’’
n’est pas encore intégré dans les divers secteurs de développement.
La coordination nationale des interventions de promotion de la santé
est insuffisante du fait de l’absence d’un cadre formel de concertation
des différents acteurs à tous les niveaux. De plus, à ce jour le
Cameroun ne dispose pas encore d’un plan général pour la conduite
des actions de promotion de la santé. Sur le plan juridique, des lois
ont été adoptées sur certains aspects du développement - comme le
programme national de gouvernance, la lutte contre la corruption,
Une compilation de M. KEMETIA Lambert Doctorant en santé publique Page 25
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l’injustice sociale, etc.- mais la plupart de ces textes juridiques sont


insuffisamment appliqués.
 Création d’environnements favorables à la santé
Des lois ont été adoptées sur certains aspects en vue de créer des
environnements favorables à la santé. Bien que rares, des initiatives
de création d’environnement favorables pour lutter contre les
nuisances physiques (air, bruit, pollution du milieu et de l’eau),
sociales et psychologiques (surpopulation, isolement, changements
rapides et échanges sociaux) sont menées.
Au Cameroun, la diversité climatique et écologique favorise l’éclosion
des grandes endémies tropicales (paludisme, schistosomiase, choléra,
méningite) ainsi que les malnutritions liées au déficit de la production
agricole. L’instabilité de l’écosystème due à la déforestation, la
pollution, l’industrialisation anarchique, la surexploitation des sols, la
destruction de la faune, favorise l’émergence de certaines maladies
(asthme, cancer, etc. accentuant la pauvreté).
La fragilité de la situation économique et financière entraîne la
faiblesse des revenus des ménages, le chômage, l’insécurité sociale et
la féminisation de la pauvreté, les inégalités sociales et une
insuffisance des ressources allouées à la santé par rapport aux besoins
et inférieur à la norme de l’OMS.
 Réorientation des services de santé
Le Ministère de la Santé a ’adopté l’approche sectorielle (Sector Wide
Approach - SWAp) comme stratégie générale d’intervention. le
système de soins du Cameroun souffre d’une insuffisance en quantité
et en qualité de ressources humaines, des ressources matérielles et
d’infrastructures sanitaires. On note une faible fréquentation des
services formels de soins, une faible participation communautaire
ainsi qu’une faible concertation entre les actions des secteurs
apparentés, du secteur privé et du secteur public.

Une compilation de M. KEMETIA Lambert Doctorant en santé publique Page 26


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La culture de la recherche opérationnelle est embryonnaire. Les


études menées dans le domaine de la santé ne prennent pas toujours
en compte les indicateurs permettant de mesurer les apports de la
promotion de la santé. Du reste, les résultats de ces études sont
insuffisamment exploités et diffusés.
Le personnel des divers secteurs impliqué dans les activités de
promotion de la santé est insuffisant, peu formé et inégalement
réparti sur l’ensemble du pays. La mobilisation des ressources
financières en faveur de la promotion de la santé est insuffisante et
non coordonnée.
 Renforcement de l’action communautaire
Des organisations communautaires sont souvent impliquées dans les
actions de santé et leurs initiatives connaissent des succès relatifs à
l’échelle locale. Toutefois, elles dépendent encore trop souvent des
appuis extérieurs. Ces organisations ne bénéficient pas suffisamment
de formation l’information, de supervision, des compétences,
motivation et de ressources nécessaires d’une part; et d’autre part le
partenariat entre ces organisations et les différents programmes et
secteurs, est sporadique et non coordonné, entraînant ainsi une
visibilité insuffisante de leurs actions.
Le processus pour renforcement des capacités des communautés est
lent à mettre en place. En effet, le renforcement des capacités des
communautés à identifier leurs problèmes, établir leurs priorités,
mobiliser les ressources, mettre en œuvre, suivre et évaluer leurs
initiatives de santé ne se fait pas au rythme correspondant aux attentes.
En outre, les professionnels de la santé encouragent très peu le
processus d’autonomisation des communautés.

 Développement des compétences individuelles


Malgré la présence de quelques cadres formés dans la gestion des
programmes de Promotion de la santé dans divers secteurs, le
Une compilation de M. KEMETIA Lambert Doctorant en santé publique Page 27
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renforcement des compétences dans ce domaine reste encore limité.


Dans le cadre de leurs activités, des programmes de différents secteurs
de développement mènent des activités de renforcement de
compétences individuelles (Life skills) mais elles sont insuffisantes.
Quelques institutions spécialisées dispensent aussi des enseignements
en techniques de négociation, de médiation et de plaidoyer.
Au niveau de la coordination nationale de la promotion de la santé, un
renforcement des capacités des acteurs a commencé depuis novembre
2006, et se poursuit pour être étendu à tous les niveaux de la
pyramide sanitaire. Il vise les divers aspects de la Promotion de la
santé (recherche opérationnelle, planification, méthodes et techniques
de formation, élaboration des messages et supports, techniques de
communication, supervision, renforcement du partenariat, monitoring
et l’évaluation, etc.
Mise en œuvre
La promotion de la santé se fera quant à elle à travers trois (03)
classes d’intervention :
 communication intégrée en faveur des programmes de santé ;
 santé, nutrition et environnement ;
 prévention primaire de la malnutrition et des maladies non
transmissibles.

Les interventions relatives à la classe santé, nutrition et


environnement seront orientées pour optimiser la lutte contre la
maladie, notamment en ce qui concerne :

(a)l’hygiène du milieu et corporelle (lutte anti vectorielle, hygiène


des aliments, hygiène des mains et corporelle et amélioration du
cadre de vie environnemental en zones urbaine et rurale : habitat,

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déchets ménagers, construction/utilisation des latrines


aménagées, etc.) ;

(b) la sécurité sanitaire des aliments (promotion du contrôle de


qualité des aliments, promotion des normes, promotion des
bonnes pratiques de fabrication/préparation et conservation,
protection de la santé du consommateur, etc.).

3-2 LA SANTE COMMUNAUTAIRE

SANTE
C’est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne
consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité.
C'est une notion relative, ressentie par chaque individu. Aucune
mesure réelle ne peut mesurer la santé, puisque la santé est le fait de
satisfaire tous ses besoins (affectifs, nutritionnels, relationnels,
sanitaires...).
SANTE COMMUNAUTAIRE
C’est un domaine de la santé publique qui implique une réelle
participation de la communauté à l’amélioration de sa santé : réflexion
sur les besoins, les priorités ; mise en place, gestion et évaluation des
activités.
On parle de santé communautaire quand les membres d’une
collectivité, géographique ou sociale, réfléchissent en commun sur
leurs problèmes de santé, expriment des besoins prioritaires et
participent activement à la mise en place et au déroulement des
activités les plus aptes à répondre à ces priorités.

Une action de santé sera dite communautaire lorsqu’elle concerne une


communauté qui reprend à son compte la problématique engagée, que
celle-ci émane d’experts ou non, internes ou externes à la
communauté.

Une compilation de M. KEMETIA Lambert Doctorant en santé publique Page 29


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Les démarches communautaires en santé tentent donc de comprendre


les problèmes de santé d’une zone géographique donnée avec
l’ensemble des acteurs concernés, à savoir ceux qui travaillent (les
professionnels), ceux qui militent (les élus, les associations) et ceux
qui vivent (les habitants) dans ladite zone.
COMMUNAUTÉ
C’est un groupe d’individus qui vivent ensemble dans des conditions
spécifiques d’organisation et de cohésion sociales. Ces individus sont
liés à des degrés variables par des caractéristiques politiques,
économiques, sociales et culturelles communes ainsi que par des
intérêts et des aspirations communs, y compris en matière de santé.
Les communautés sont de taille et de profils socio-économiques
extrêmement variés, allant de groupes d’exploitations rurales isolées à
des villages, des villes et des districts urbains plus structurés.

PARTICIPATION COMMUNAUTAIRE

C’est un processus dans lequel les individus et les familles, d’une part
prennent en charge leur propre santé et leur propre bien-être comme
ceux de la communauté d’autre part développent leur capacité de
concourir à leur propre développement comme à celui de la
communauté.

ENGAGEMENT POLITIQUE
C’est la volonté exprimée par le gouvernement qui doit accompagner
la mise en place d’un cadre juridique, l’allocation et la mobilisation
des ressources nécessaires à la mise en œuvre de la Politique
Nationale de la Santé.
COGESTION
C’est le système par lequel les représentants élus des bénéficiaires
participent aux décisions de celui-ci, sans être nécessairement
prestataires.

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COFINANCEMENT
C’est un mécanisme qui vise à rendre les bénéficiaires responsables de
la viabilité financière et opérationnelle des actions de Santé menées
dans leur communauté.

PROMOTION DE LA SANTÉ
C’est la maîtrise de la santé par les individus et la mise à leur
disposition de moyens pour l'améliorer. Ce concept est une des bases
de la santé publique, une ligne de conduite qui guide les politiques de
santé et sociales, lesquelles doivent toujours rester centrées sur
l'individu.
PRÉVENTION

C’est l'ensemble des actes et des mesures qui sont mis en place afin de
réduire l'apparition des risques liés aux maladies ou à certains
comportements qui s'avèrent néfastes sur la santé.
La prévention a une visée de protection et d'alerte devant un
comportement dangereux (fumer, manger trop gras, la sédentarité...).

AGENT DE SANTÉ COMMUNAUTAIRE (ASC)


C’est un homme ou une femme appartenant à une communauté, choisi
(e), soutenu (e) par celle-ci, et formé (e) pour s’occuper de ses
problèmes de santé sous la supervision des services de santé.
AGENT DE SANTÉ COMMUNAUTAIRE POLYVALENT
C’est un ASC formé et capable de mettre en œuvre les interventions
de plusieurs programmes de Santé au sein d’une même communauté.
AIDE SOIGNANT OPTION SANTÉ COMMUNAUTAIRE
OU ASSISTANT DE SANTÉ COMMUNAUTAIRE
C’est un personnel technique de santé qui assure la coordination et la
supervision des activités de santé communautaire dans l’aire de santé
où il exerce.
STRUCTURES DE DIALOGUE
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Ce sont des cadres de concertation entre les bénéficiaires et les


professionnels de santé pour le fonctionnement des structures de santé
d’une part et pour l’organisation de la mise en œuvre des prestations
de santé au profit de la communauté d’autre part.
L’AIRE DE SANTÉ
C’est un regroupement d’un ou de plusieurs villages/quartiers ayant
une cohésion socioculturelle. Elle a comme formation sanitaire un
Centre Médical d’Arrondissement (CMA) / Centre de Santé Intégré
(CSI), avec ou sans Centres de Soins Ambulatoires (CSA).
Les limites des aires de santé doivent respecter les limites de leur
commune d’appartenance.
La taille de la population au niveau de l’Aire de Santé est de :
 5000 à 10 000 habitants en zone rurale
 10 000 à 30000 habitants en zone urbaine ;
LE DISTRICT DE SANTÉ
C’est le niveau opérationnel du système national de santé où s’opère
obligatoirement l’intégration des ressources et des actions pour rendre
efficace, efficient et effectif les initiatives sanitaires directes dont la
mise en œuvre consiste à mener un certain nombre d’activités dans le
but d’offrir aux communautés, aux ménages et aux individus des
prestations de qualité.
Son territoire suit les limites administratives et/ou communales du
territoire national en conformité avec les critères de viabilisation.
Un District de Santé est subdivisé en plusieurs aires de santé.
Les critères de viabilisation sont :
 l’accessibilité physique des populations aux structures de
prestation de soins (fixes et mobiles).
 la taille de la population à desservir qui est de :
 50 000 à 100 000 habitants en Zone rurale ;
 100 000 à 300 000 en zone urbaine.
 La capacité technique de l'Equipe Cadre du District.

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SOINS AMBULATOIRES
C’est un paquet des soins techniques dispensés par un personnel de la
santé qui ne nécessite pas une infrastructure fixe.
PAQUET DES SERVICES COMMUNAUTAIRES
C’est une ou plusieurs prestations sanitaires menées au niveau
communautaire par un Agent de Santé Communautaire (ASC) sous
l’égide de la communauté elle-même.
ORGANISATION DE LA SOCIETE
CIVILE/ORGANISATION A BASE COMMUNAUTAIRE
La société civile est l'ensemble des acteurs, des associations; des
organisations, des mouvements, des lobbies, des groupes d'intérêts,
des think tanks, etc., plus ou moins formels, qui ont un caractère non
gouvernemental et non lucratif. Elle constitue une forme d'auto-
organisation de la société en initiatives citoyennes en dehors du cadre
étatique ou commercial. Ses objectifs sont fondés sur l'intérêt général
ou collectif dans des domaines variés : sociopolitique, solidaire,
humanitaire, éthique, juridique, environnemental, scientifique,
culturel, etc.
DECENTRALISATION
La décentralisation est une politique de transfert des attributions de
l'Etat vers des collectivités territoriales ou des institutions publiques
pour qu'elles disposent d'un pouvoir juridique et d'une autonomie
financière. Le transfert de ces attributions, qui restent néanmoins sous
la surveillance de l'Etat, permet à ce dernier de décharger ses
administrations centrales et de confier les responsabilités au niveau le
plus adapté. Elle rapproche le processus de décision des citoyens,
favorisant l'émergence d'une démocratie de proximité.
INTERVENTIONS SOUS DIRECTIVES
COMMUNAUTAIRES
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Une ou plusieurs prestations sanitaires menées au niveau


communautaire et sous l’égide de la communauté elle-même.

Une compilation de M. KEMETIA Lambert Doctorant en santé publique Page 34


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CHAPITRE IV : COMMUNICATION POUR LE


CHANGEMENT DE COMPORTEMENT
Confère cours CCC de la 2ème à la 6ème partie

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CHAPITRE 6 : NUTRITION ET SANTE PUBLIQUE

a) Ration alimentaire des différents groupes d’individus.


Sous unité 3 : La ration alimentaire et les types de besoins de
l’organisme

1. Définition :
La ration alimentaire est la quantité d’aliments indispensable,
quantitativement et qualitativement pour couvrir les besoins de
l’organisme pendant 24h.

Cette ration peut être répartie en 3 repas principaux minimum: petit


déjeuner, déjeuner, dîner

2. Types de besoins :

A- Besoin quantitatif et énergétique :

La ration alimentaire doit couvrir les besoins énergétiques de telle


sorte que le bilan recettes- dépenses soit équilibré.

Ces besoins énergétiques sont couverts par les apports de lipides,


glucides et protéines. Ils se mesurent en Kilocalorie (Kcal). Les
glucides doivent représenter 50% à 60% de cet apport en énergie. Les

Une compilation de M. KEMETIA Lambert Doctorant en santé publique Page 36


Cours de santé publique aux étudiants TAM3

lipides 20 à 25% et les protides 12 à 15%.

Les facteurs qui affectent les besoins énergétiques de l’homme


sont :

- Le métabolisme de base : c’est la dépense d’énergie due au


déroulement des transformations vitales pour l’organisme au repos. Il
varie avec le poids, la taille, l’âge ou le sexe

- Le type d’activité : c’est la dépense importante après le métabolisme


de base. La dépense calorique horaire d’une personne de 70kg durant
le sommeil est 65kcal Par exemple pendant la nage, cette dépense est
de 500kcal

- La température ambiante influe sur les besoins énergétiques. Ils sont


plus élevés quand la température baisse

- l’état physiologique. Pendant la grossesse et l’allaitement, les


besoins augmentent

- l’état pathologique (VIH, diabétique, etc.)

- l’altitude

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Les besoins énergétiques journaliers varient en fonction de l’âge (voir


le tableau qui suit)

Tableau 1: Les besoins énergétiques journaliers selon l’âge

Ages Besoins énergétiques


Enfant de moins de 3 ans 1500 Kcal/j
De 4 à 6 ans 1700 Kcal/j
De 6 à 10ans 2100 Kcal/j
De 13 à 15 ans (garçons) 3000 Kcal/j
De 13 à 15 ans (Filles) 2600 Kcal/j
De 16 à 20 ans (garçons) 3000 Kcal/j
De 16 à 20 ans (filles) 2600 Kcal/j
Adultes (hommes) 2700 Kcal/j
Adultes (femmes) 2400 Kcal/j
Vieillards (hommes) 2100 Kcal/j
Vieillards (femmes) 2100 Kcal/j
Femmes enceinte 2800 Kcal/j
Femmes allaitantes 3000 Kcal/j

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B- Besoins qualitatifs :

Au point de vue qualitatif, le régime alimentaire doit être équilibré et


satisfaire les besoins nutritionnels suivants :

- Les besoins de construction :

Ce sont des besoins assurés majoritairement par les protéines. Ils sont
nécessaires pour édifier les tissus de l’organisme, on les appelle aussi
aliments plastiques. Ils servent à bâtir les cellules, les membranes
cellulaires, les tissus, le squelette, les enzymes et certaines hormones.

- Les besoins énergétiques :

Ils sont assurés essentiellement par les glucides (1 g de glucide libère


4Kcal) et par les lipides ( 1 g de lipide libère 9Kcal). Ils sont
nécessaires pour l’accomplissement des différentes activités de
l’organisme.

- Les besoins de protection :


Ils sont assurés par les vitamines et oligo-éléments qui catalysent les
réactions qui ont lieu dans l’organisme.

Une alimentation équilibrée doit comporter les aliments devant


couvrir les différents besoins de l’organisme. (Monter un Travail
Dirigé sur le calcul d’un repas équilibré)

Exemple de repas équilibré :

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- Eau
- Fruit (ananas) qui apporte les vitamines et les fibres
- Manioc qui apporte les glucides
- Tomate qui apporte les sels minéraux et les fibres
- Poisson qui apporte les protéines
- Arachide qui apporte les protéines et les lipides.

3. Besoins nutritionnels des groupes vulnérables:

Les besoins nutritionnels de certains groupes augmentent en fonction


de leur état. Les groupes particulièrement vulnérables à la malnutrition
sont : les femmes enceintes, les femmes allaitantes, les nourrissons et
les personnes âgées

3.1. Besoins durant la grossesse et l’allaitement

3.1.1 Besoins durant la grossesse :

Une compilation de M. KEMETIA Lambert Doctorant en santé publique Page 40


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Pendant la grossesse, la femme prend du poids et par conséquent, il y


a accroissement des besoins nutritionnels d’environ 25% dus à
l’augmentation du métabolisme de base. Cela correspond à environ
285 extra kcal/jour

Les facteurs qui influencent ses besoins nutritionnels sont :


- Développement et croissance du fœtus,
- Gain des tissus constitués par le développement de l’utérus et du
fœtus
- Accumulation des réserves énergétiques qui devraient être utilisé
pour l’allaitement,
- Etat nutritionnel de la mère au moment de la conception.

Pendant la grossesse, les besoins en fer et acide folique sont fortement


accrus et l’alimentation seule ne peut pas les couvrir. Pour cela, la
Supplémentation en fer/acide folique est nécessaire pendant cette
période.

Ainsi la femme enceinte doit prendre le fer/acide folique selon le


tableau suivant :

Groupe Fer/Acide folique


cible (FAF) Durée du traitement
Femmes fer: 60mg/jour  Pendant 6 mois durant la
enceintes Acide folique: grossesse

Une compilation de M. KEMETIA Lambert Doctorant en santé publique Page 41


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Groupe Fer/Acide folique


cible (FAF) Durée du traitement
400mg/jour  Trois mois après
l’accouchement

Le gain de poids pendant la grossesse pour une femme bien nourrie est
le suivant :

1. Premier trimestre : 1 à 2 kg par mois


2. Deuxième et troisième trimestre : 1,5 à 2 kg par mois

3.1.2 Gestion nutritionnelle de quelques complications de la


grossesse :

Les nausées et vomissements :

En cas des nausées du petit matin, il faut prendre des aliments secs
riches en glucide. Au cours de la journée, on conseille les petits repas
fréquents. Les aliments avec assaisonnement excessif sont
déconseillés. Les comprimés de fer/acide folique se prennent pendant
les repas pour éviter les nausées. Aussi, la femme enceinte doit éviter
de se lever brusquement. Il est aussi conseillé de prendre des fortes
doses de vitamines du groupe B.

La constipation :

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Il est conseillé la consommation des fruits et légumes car riches en


fibres, la prise adéquate des liquides. Aussi, il faut avoir une habitude
régulière d’élimination, de sommeil, de récréation et d’exercice
physique.

3.2 Besoins durant l’allaitement :

Pendant l’allaitement, les besoins nutritionnels sont augmentés à cause


des facteurs que sont :

- les pertes sanguines survenues pendant l’accouchement,

- la production du lait : la femme allaitante produit 700 à 900ml de


lait par jour.

Pour cela, elle a des besoins énergétiques supplémentaires estimés à


500 kcal/jour. Il lui faut aussi un apport complémentaire en fer/acide
folique selon le tableau suivant.

Groupe cible FAF Durée du traitement


Femmes Fer: 60 mg/jour
allaitantes Acide folique:  Trois mois après
400mg/jour l’accouchement

3.3 Besoins nutritionnels du nourrisson :


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Les facteurs qui déterminent la croissance du nourrisson sont liés :

- aux caractéristiques génétiques

- au régime de la mère

- aux adéquations de l'alimentation de l'enfant au cours de sa 1ère


année de vie.

Il faut donc:

- Adapter le régime alimentaire de l'enfant selon l'âge

- Faire prendre à l'enfant de bonnes habitudes alimentaires

- Assurer un apport suffisant de tous les nutriments pour promouvoir


une bonne croissance et un développement harmonieux

La croissance et le développement de l'enfant sont extrêmement


rapides pendant la vie intra-utérine et pendant les 1ères années de la
vie. On peut s'en rendre compte par :( faire des exercices pratiques)

a) L'apparition des dents : L'âge de l’apparition des dents varie d'un


enfant à l'autre entre 4 et 5 mois

b) L'immaturité du tube digestif et de la fonction rénale : Pendant les 3


premiers mois, il lui faut du lait pour les raisons suivantes :

Une compilation de M. KEMETIA Lambert Doctorant en santé publique Page 44


Cours de santé publique aux étudiants TAM3

- La salivation est inexistante, mais le nourrisson possède des


enzymes adéquates pour digérer les protéines émulsifiées du lait.

- L'amidon, les lipides, les protéines des autres aliments sont toujours
peu tolérés jusqu'au moment où la production des enzymes digestives
se fera (entre 4 et 6 mois)

- Le geste volontaire de la déglutition ne se met en place qu'à partir de


3 mois

- Le rein reste immature avant 6 semaines

La 1ère année de la vie est la période où l'enfant est plus vulnérable en


carence nutritionnelle :

- Une carence pour un nutriment donné retentit de façon sérieuse sur


la santé du nourrisson

- Les réserves faites pendant la vie foetale seront utilisées pendant les
3 premiers mois de la vie.

3.4 Les besoins nutritionnels des enfants :

Pour un enfant d'un an :

- Les besoins énergétiques sont plus élevés chez l'enfant que chez
l'adulte par rapport au poids corporel. Son métabolisme de base est

Une compilation de M. KEMETIA Lambert Doctorant en santé publique Page 45


Cours de santé publique aux étudiants TAM3

aussi élevé

- Les besoins en protéines sont aussi élevés à cause de la croissance.


Il faut éviter les excès de protéines ou les régimes hyper protidiques
qui peuvent provoquer une déshydratation ou une fièvre persistante.

- Les besoins en lipides sont également importants. Les lipides sont


nécessaires pour les vitamines liposolubles et les acides gras
essentiels.

- Les vitamines sont aussi importantes pour l’enfant. Un enfant, né à


terme d'une mère nourrie de façon adéquate durant la grossesse, a fait
des réserves de vitamines B2, B6 et vitamine A qui seront épuisées
vers l’âge de 4 mois. En plus de ces vitamines, il faut aussi apporter
La vitamine C et la vitamine D.

- Les minéraux sont indispensables à l’enfant. Le calcium est bien


distribué dans le lait maternel. Quant au fer, l’enfant né à terme a une
bonne réserve en fer et qui peut persister jusqu'à 4 mois

- Cas particuliers :

Les jumeaux et Les prématurés ont des besoins particuliers. Il faut


leur donner un supplément de fer afin de prévenir une anémie
ferriprive et veiller à une bonne alimentation pendant les premières
années de vie.

3.5 Besoins des enfants d’ages préscolaires (3 à 5 ans):

Une compilation de M. KEMETIA Lambert Doctorant en santé publique Page 46


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L'alimentation de l'enfant est fonction de son appétit, ce qui permet


d’évaluer la quantité d’aliments à ingérer. L'appétit de l'enfant varie
d'un repas à l'autre et d'un jour à l'autre. On ne doit pas forcer un
enfant en bonne santé à manger lorsqu'il n'à pas faim. Il faut insister
auprès des parents à donner une alimentation variée et équilibrée,
composée des aliments de construction, des aliments énergétiques, et
des aliments de protection.

Les préférences et les adhésions alimentaires ne doivent pas être


discuté en présence de l'enfant car lorsqu'il découvre que son refus de
manger devient un centre d'intérêt pour les parents, il saisit l'occasion
pour en faire un chantage.

Il faut accorder une grande attention à l'hygiène buccale de l'enfant.


Les restes d'aliments riches en glucide se logent entre les dents et
constituent un milieu favorable à la croissance des bactéries qui
produisent des substances acides capables d'enlever l'émail dentaire. Il
faut donc brosser les dents après chaque repas. Il est recommandé
d'éviter les biscuits et les friandises.

3.6 Besoins des enfants d’âges scolaires et des adolescents :

Pour ce groupe d'âge, le modèle est le même que celui de l'adulte. Il


est important de s'assurer que le grand appétit des adolescents soit
satisfait par des repas substantiels et équilibrés. La prise de fer est à
surveiller chez les adolescents.

Une compilation de M. KEMETIA Lambert Doctorant en santé publique Page 47


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3.7 Alimentation des vieillards :

Les obstacles à l'alimentation chez les vieillards sont les suivants :

 La dentition souvent insuffisante qui pose un problème de


mastication. La perte des dents impose des habitudes alimentaires
inadéquates pour les besoins nutritionnels.
 La solitude n’encourage pas une bonne alimentation: les vieux
vivent souvent seuls
 L’apathie chez les vieux entraîne une perte d'intérêt pour la
nourriture surtout pour ceux qui vivent seuls.
 Les infirmités physiques rendent la recherche de la nourriture
difficile voir impossible

 Les vieux s'accrochent souvent aux anciennes habitudes


alimentaires acquises depuis plusieurs années et refusent d'avoir de
nouvelles idées.

Une approche affectueuse et sympathique est souvent nécessaire pour


aborder les vieux et les amener à une alimentation plus équilibrée.
Quand l'appétit du vieillard décroît, une prise d'au moins 500ml de lait
par jour est recommandée.

Les autres besoins sont :


Une compilation de M. KEMETIA Lambert Doctorant en santé publique Page 48
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- Besoins en eau : On observe chez les vieux, une diminution de


la quantité d’eau dans l’organisme de 0.3l/année et cela jusqu’à
l’âge de 70 ans, d’où un besoin en eau de 2.5l/J.
- Besoin en énergie : L’hyper catabolisme lié aux états
pathologiques et au stress nécessite des apports énergétiques
supplémentaires, d’où des besoins énergétiques plus accrus
estimés a 2000kcal / chez l’homme et1800 kcal chez la femme..
- Besoins en protéines : Ces besoins sont équivalents à ceux de
l’adulte
- Besoins en lipides : Ces besoins sont identiques à ceux de
l’adulte
- Besoins en vitamine : Le risque de carence en vitamines est
élevé chez les sujets âgés. Il faut donc varier les apports
alimentaires et faire une Supplémentation, si nécessaire.
- Besoin en minéraux et oligo éléments : Un apport vitamino-
calcique doit être de règle chez les personnes âgées. En plus, un
supplément en zinc est nécessaire. Il faut éviter les excès.
b) Les méthodes d’évaluation de l’état nutritionnel des
populations

1.1 Unité d’enseignement 3 : Evaluation de l’état nutritionnel


1.2 1. Introduction :
L’état nutritionnel peut s’évaluer en utilisant diverses méthodes tant
au niveau individuel qu’au communautaire : On peut ainsi avoir
recours aux méthodes suivantes :

Une compilation de M. KEMETIA Lambert Doctorant en santé publique Page 49


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1. Méthodes cliniques
2. Méthodes anthropométriques
3. Méthodes biochimique/biologiques
4. Méthodes alimentaires.

L’utilisation des méthodes varie en fonction de l’état de carence que


l’on veut apprécier :

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1.3 1.4 Proté 1.6 V 1.7 Io 1.8 F 1.9 Zi


ine/ i de er n
1.5 Ener t c
gie A
1.10 Cliniques 1.11 ++ 1.12 + 1.13 + 1.14 + 1.15 -
+
1.16 Biologiques 1.17 + 1.18 + 1.19 + 1.20 + 1.21 +
+ + + +
+ +
1.22 Alimentaires 1.23 ++ 1.24 + 1.25 + 1.26 + 1.27 +
+ + +
1.28 Histologique 1.29 1.30 + 1.31 1.32 1.33
s
1.34 Anthropomét 1.35 ++++ 1.36 - 1.37 + 1.38 -- 1.39 +
riques - +
1.40
1.41 2. Evaluation du statut nutritionnel des enfants :
Elle se fait en général par l’utilisation des mesures anthropométriques
pour bâtir des index ou des rapports qui vont être comparés à des
références ou à des normes. Ces mesures sont basées pour la plupart
sur le poids, la taille, l’âge, et le périmètre brachial.

2.1 Anthropométrie chez le nourrisson et l’enfant :

Une compilation de M. KEMETIA Lambert Doctorant en santé publique Page 51


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2.1.1 : Mesures anthropométriques et interprétation :

Chez l’enfant les rapports poids/taille, poids/âge et taille/âge sont les


plus couramment utilisés. A ces rapports, on associe parfois les signes
cliniques comme les œdèmes et la maigreur pour interpréter le statut
nutritionnel.

Chacun de ces trois indicateurs peut être exprimé en termes d’unités


d’écart-type (z-score) par rapport à la médiane d’une population de
référence définie par l’OMS. Ces indicateurs de l’état nutritionnel
s’utilisent aussi bien au niveau individuel que communautaire

L’indice Poids pour Age (P/A) mesure l’insuffisance pondérale qui


est le résultat d’une malnutrition aigue :

- P/A< 2 Z-score signifie une insuffisance pondérale


modérée
- P/A< 3 z-score signifie une insuffisance pondérale sévère

L’indice Taille pour Age (T/A) mesure le retard de croissance qui


est le reflet d’une malnutrition chronique due à une combinaison
d’absence de nutrition appropriée pendant une longue période et/ou
d’une maladie :

- T/A< 2 Z-score signifie un retard de croissance modérée


- T/A< 3 z-score signifie un retard de croissance sévère.

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L’indice Poids pour Taille (P/T) mesure l’émaciation qui est la


résultante d’une déficience nutritionnelle récente ou d’un mauvais état
de santé (malnutrition aigue):

- P/T< 2 Z-score signifie une émaciation modérée


- P/A< 3 z-score signifie une émaciation sévère

2.1.2 Utilisation des écarts types pour apprécier l’état nutritionnel


à travers la courbe de croissance ou la table Poids/Age :

Il s’agit en fait de la surveillance de la croissance qui est


l’appréciation continue de l’état nutritionnel d’un enfant ou des
enfants dans une communauté. Cette surveillance a un aspect préventif
et un aspect curatif :

 Préventif parce qu’elle permet de déterminer à temps toute


altération de la croissance (arrêt, ralentissement, etc.) et d’y
remédier avant que la malnutrition ne s’installe. C’est la
première fonction de la surveillance de la croissance.
 Curatif parce qu’elle permet d’apprécier si les mesures
prises/proposées en cas de malnutrition améliore l’état de
l’enfant. C’est aussi un outil qui aide à dépister d’autres
problèmes de santé et qu’il faut prendre en charge

Pour faire la surveillance de la croissance, il faut :

 déterminer l’âge de l’enfant

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 prendre le poids à l’aide d’un pèse-bébé (+/- 50g) ou d’une


balance électronique pour double pesée (+/- 5-10g).²
 construire la courbe de croissance à partir de ces deux données
pour déterminer l’état nutritionnel (Poids/âge)

Si l’enfant est vu pour la première fois :

- inscrire le mois de naissance dans la première case des


âges (abscisse) et remplir les 12 premiers mois, puis
- porter le poids de naissance sur la ligne correspondante (en
faisant une croix)

Aux séances suivantes : lorsque vous avez le poids de l’enfant et le


mois de la pesée :

- identifier la colonne correspondant à ce mois,


- identifier le poids de l’enfant sur les rangs ;
- marquer d’une croix le milieu de la case qui est
l’intersection entre le mois de la pesée et le poids obtenu
- joindre cette croix avec la précédente pour construire une
courbe

2.1.3 Evaluation de l’état nutritionnel des enfants dans une


communauté en utilisant la courbe de croissance :

Une compilation de M. KEMETIA Lambert Doctorant en santé publique Page 54


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Il faut pointer le poids de chaque enfant pesé en mettant une croix


sur la courbe. A la fin de ²la séance de pesage, il faut d’abord compter
le nombre total de croix sur la courbe et ce nombre correspond au
nombre d’enfants ayant participé à l’étude (N). Ensuite, on compte les
croix qui sont sous la courbe et ceci correspond au nombre d’enfants
malnutris (n). Enfin, on calcule la prévalence (en %) des enfants
malnutris dans la communauté en appliquant la formule suivante :
n/N x 100.

2.1.4 Utilisation du périmètre brachial pour apprécier l’état


nutritionnel (au niveau individuel et communautaire) des enfants
de 6-59 mois :

2.1.4.1 Mesure du Périmètre Brachial (PB) :

Le PB permet de calculer la circonférence musculaire brachiale, qui


reflète la masse maigre. La mesure est effectuée à mi-distance de la
ligne acromion-alécrane (voir schéma). Il faut :

 Repérer le milieu du bras de l’enfant, et


 Prendre le tour du bras gauche
 Lire la graduation au millimètre

Mesure du périmètre brachial (PB)

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2.1.4.2 Classification de l’état nutritionnel selon le PB :

En fonction des mesures du PB, l’état nutritionnel peut se classer


selon le tableau ci-dessous :

PB Classification Nombre de cas Prévalence


en (enquête
cm communautair
e)

<12. Dénutrition N1 (N1/N1+N2+N3)*1


5 00

12.5- Risque de N2 (N2/N1+N2+N3)*1


13.5 malnutrition/dénutriti 00
on

> 14 Normal N3 (N3/N1+N2+N3)*1


00

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2.1.5 Evaluation de l’état nutritionnel en utilisant plusieurs


indicateurs :

On peut associer l’utilisation des mesures anthropométriques et des


signe cliniques en même temps pour évaluer l’état nutritionnel, ainsi
les cas suivants peuvent se présenter :

- Enfant bien nourri : P/T > 80% et/ou Absence


d’oedèmes bilatéraux et/ou PB > 13,5 cm
- Malnutrition modérée : P/T compris entre 70 et 80% ;
Présence ou absence d’oedèmes bilatéraux ; PB compris
entre 11 et 13,5 cm.
- Malnutrition sévère : P/T< 70% ; Présence ou absence
d’oedèmes bilatéraux ; PB < 11 cm.

2.2 Evaluation de l’état nutritionnel en fonction des signes


cliniques :

Les signes cliniques sont utilisés pour évaluer l’état nutritionnel dans
les formes graves de malnutrition que sont le kwashiorkor et le
marasme. (Voir tableau)

Kwashiorkor Marasme

Retard de croissance Peu ou pas Très importante

Perte de poids Peu ou pas Très importante

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Diarrhée Variable Variable

Œdèmes Importants Pas ou peu

Graisses sous cutanées Bien conservées Disparaissent

Peau et phanères Très altérés Normaux

Foie Hépatomégalie, infiltration Normal


graisseuse

Comportement Anorexie, Apathie Appétit,


psychologique Nervosité

Protéines plasmatiques Taux abaissé Normaux


et albumines

2.3 Evaluation de l’état nutritionnel par les méthodes


alimentaires :

Elle est basée sur la consommation alimentaire des 24 dernières


heures précédent l’enquête ou l’étude. Ainsi, l’appréciation de la
pratique de l’allaitement maternel exclusif chez les enfants de 0-6
mois s’est fait grâce au questionnaire suivant (voir tableau ci-
dessous) :

Questions

1. l’enfant _________ a-t-il déjà pris le sein Oui

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Non

2. Après l’accouchement, l’avez-vous mis au sein Oui


immédiatement? Non

3. l’enfant ________ prend-il encore le sein Oui


Non
Depuis hier à la même heure, l’enfant ___________ a-t-il Oui
pris le sein? Non

Le lait maternel Oui


Non
De l’eau simple ou minérale Oui
Non
Du lait artificiel (lait d’animaux frais, lait condensé, lait en Oui
poudre) Non

Aliments pour enfant de fabrication industrielle Oui


Non
La SRO/TRO Oui
Non
Autre liquides Oui
Non
Café, thé, tisane, boisson sucrée, jus de fruit Oui
Non
Aliments semi solides Oui
Non
Aliments solides (plat familial) Oui

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Non

Après la réponse à toutes ces questions, il est possible de dire si


l’allaitement maternel est exclusif ou pas chez l’enfant de moins de 6
mois.

Pour les enfants de plus 6 mois, il faut faire un rappel sur les
principaux repas. Ce rappel permettra d’apprécier le profil qualitatif
des repas, la fréquence des principaux repas, la consommation de
certains aliments tels que les fruits, les aliments d’origine animale,
l’huile, etc.

3. Anthropométrie chez l’adulte et interprétation :

L’évaluation de l’état nutritionnel de l’adulte se fait en utilisant deux


données essentielles: le poids et la taille et cela pour calculer l’Index
de Masse Corporelle (IMC) ou Index de Quételet. Le tour de taille est
aussi utilisé quelque fois.

3.1 Calcul de l’Indice de Masse Corporelle (IMC) et


interprétation :

La formule suivante est utilisée par calculer l’IMC: IMC = Poids en


Kg / (taille) ² en mètre.

Une compilation de M. KEMETIA Lambert Doctorant en santé publique Page 60


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L’état nutritionnel est classifié ainsi qu’il suit selon la valeur de


l’IMC :

IMC (kg/m2) Etat nutritionnel


≤ 16 Dénutrition type III
16-16,9 Dénutrition
(sévère) type II
17-18,49 Dénutrition
(modérée) type I (légère)
18,5-24,9 Normal
25-29,9 Surcharge pondérale
30-34,9 Obésité type I (légère)
35-39,9 Obésité type II (modérée)
≥ 40 Obésité type III (sévère)

3.2 Tour de taille :

C’est la circonférence minimale de la taille à mi distance entre la crête


iliaque et les cotes. Il est le reflet de la distribution de la graisse
abdominale. Le tour de taille est mesuré à l’aide d’un mètre ruban. Sa
valeur normale est de 100-102 cm chez l’homme et de 88-90 cm chez
la femme. Lorsque sa valeur est élevée, c’est un signe d’excèdent de
graisses dans l’organisme. Il est associé à un risque de survenue
d’accident cardio-vasculaire et de diabète.

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Cours de santé publique aux étudiants TAM3

4. Evaluation de l’état nutritionnel par les méthodes biologiques :

En plus des signes cliniques et des mesures anthropométriques, il


existe plusieurs marqueurs biologiques d’état nutritionnel chez la
personne adulte. Ces marqueurs sont illustrés dans le tableau suivant :

Marqueurs valeurs Observation

Albuminémie 30-50 g/l <30g/l : dénutrition protéique


sévère

Transthyrétine 250-350 Marqueur sensible de la


mg/l malnutrition protéino énergétique.
Il identifie les fluctuations rapides
de l’état nutritionnel

Rétinol binding 45-70 mg/l Une concentration normale signe


protéine une alimentation équilibrée en
vitamine A, en tryptophane et en
Zinc

Une compilation de M. KEMETIA Lambert Doctorant en santé publique Page 62


Cours de santé publique aux étudiants TAM3

1.42
1.43 5. Evaluation du statut en vitamine A :
Lorsque les apports alimentaires d’un individu ne sont pas suffisants
pour couvrir ses besoins, il court le risque d’être carencé en vitamine
A. La carence s’installe progressivement avec d’abord l’épuisement
des réserves hépatiques puis la diminution du rétinol sanguin circulant
et enfin l’apparition des manifestations oculaires à degré divers.

Le statut en vitamine A peut s’évaluer en utilisant diverses méthodes:

- Cliniques (examens cliniques),


- Biochimiques (dosage du rétinol),
- Histologiques (examen de cellules oculaires) ou
- Alimentaire (HKI/Food Frequency Method).

5.1 Signes cliniques :

Les méthodes cliniques reposent sur l’examen ophtalmologique car


l’œil est l’organe le plus affecté en cas de carence en vitamine A. Ses
manifestations oculaires sont cependant tardives alors même que le
risque de mortalité et de morbidité a déjà élevé.

Le tableau suivant donne un aperçu des types de signes cliniques et


leurs caractéristiques en cas de carence en vitamine A.

Tableau de signes cliniques de la carence en vitamine A et


caractéristiques
Une compilation de M. KEMETIA Lambert Doctorant en santé publique Page 63
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Type Caractéristiques

Héméralopie (XN) On voit mal dans la nuit (l’enfant tombe


sur tout ce qui est devant lui). Pour aller
se coucher, on doit lui tenir la main

Xéros conjonctivale (X1A) Sécheresse, épaississement et


plissement de la conjonctive évidents

Tache de Bitot (X1B) Lésion de la conjonctive généralement


du côté temporal

Xéros cornéen (X2) Sécheresse de la cornée comme de la


conjonctive.

Ulcération/Kératomalacie
cornéenne (< 1/3 de la
surface de la cornée) (X3A)
Liquéfaction et destruction partielle
Ulcération/Kératomalacie
(X3A) ou totale (X3B) de la cornée
cornéenne (>1/3 de la surface
de la cornée) (X3B)

Taie (XS)

Fond d’œil xérophtalmique

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(XF)

5.2. Indicateurs biologiques :


Les deux méthodes biochimiques les plus couramment utilisées dans
les études de santé publique sont la recherche du rétinol sérique et la
teneur du lait maternel en rétinol.

Pour chacun de ces 2 indicateurs, un seuil a été fixé pour déterminer


l’état vitaminique A.

Indicateur Déficit si ….. Cibles

Sérum rétinol ≤ 20µg/100ml Enfants 12-71 mois

Femmes en âge de
procréer

Rétinol du lait ≤1,05 µmol/l ou ≤ Femme allaitante (21


maternel 8µg/l de graisse jours après
l’accouchement)

Au niveau individuel, la classification des carences en vitamine A,


telle que définie par OMS, est présentée comme suit :

Une compilation de M. KEMETIA Lambert Doctorant en santé publique Page 65


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Taux de sérum rétinol Degré de


carence

 5 g/dl Sévère

6 – 10 g/dl Modéré

11 – 20 g/dl Légère

> 20 g/dl Normale

Au niveau communautaire, la carence en vitamine A est considérée


comme un problème de santé publique si plus de 15% des enfants
souffrent de cette carence.

5.3 : Méthode histologique :

Cette méthode consiste à prélever des cellules de la conjonctive puis à


la lecture de la lame. Les modifications des cellules conjonctivales
sont des signes de carence en vitamine A.

5.4 Méthodes alimentaires :

La méthode alimentaire, la plus connue est le Food Frequency Method


ou FFM qu’utilise l’ONG HKI au cours des enquêtes au niveau
communautaire. Elle consiste à faire un rappel de la consommation
alimentaire des 7 derniers jours, puis à calculer des scores de

Une compilation de M. KEMETIA Lambert Doctorant en santé publique Page 66


Cours de santé publique aux étudiants TAM3

consommation des aliments riches en vitamine A et enfin des scores


pondérés entre aliments d’origine animale et végétale.

- Si le seuil du score pour la consommation des aliments d’origine


animale est inférieur à 4, cela indique une consommation
insuffisante des aliments riches en vitamine A.
- Si le seuil du score pondéré « animal + végétal » est inférieur à
6, cela indique aussi une consommation insuffisante des aliments
riches en vitamine A.

6. Evaluation du statut iodé

Le statut en iode peut s’apprécier à travers des examens cliniques ou


biologiques. L’enquête alimentaire permet aussi d’avoir le niveau de
consommation du sel iodé dans les ménages.

6.1 Méthodes cliniques :

Cliniquement, la palpation est la technique la plus utilisée pour


déterminer la taille de la glande thyroïde pour détecter l’existence ou
non du goitre. Les autres signes observés en cas de carence en iode
sont : tremblement des membres, exophtalmie (yeux largement
ouverts brillants), irritabilité, hypersudation, éréthisme des vaisseaux
du cou, amaigrissement, petite taille, et arriération mentale.

Une compilation de M. KEMETIA Lambert Doctorant en santé publique Page 67


Cours de santé publique aux étudiants TAM3

La palpation permet ainsi de classer le goitre en trois catégories :

Catégorie Description

Stade 0 Goitre non palpable, non visible

Stade 1 Présence d’une masse dans le cou, qui est compatible avec
une augmentation du volume thyroïdien qui est palpable,
mais invisible, lorsque le cou se trouve en position
normale. Elle se déplace vers le haut dans le cou, lorsque
le sujet déglutit. Il peut se présenter une (des)
altérations(s) nodulaire(s) même lorsque l’augmentation
de la thyroïde n’est pas visible.

Stade 2 Gonflement dans le cou, qui est visible lorsque le cou se


trouve en position normale et qui concorde avec une
augmentation du volume thyroïdien à la palpation

Critère de classification de la gravité du goitre chez les enfants


d’âge scolaire :

Degré de Léger Modéré Sévère


sévérité

Une compilation de M. KEMETIA Lambert Doctorant en santé publique Page 68


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Taux de goitre 5-19.9% 20-29.9% >= 30%


total

La taille de la glande thyroïde peut aussi être déterminée par


échographie.

6.2 Méthodes biologiques :

Elles portent sur la détermination de l’iodurie et des hormones


thyroïdiennes. La majeure partie de l’iode absorbé est éliminée dans
l’urine ; le taux d’iode urinaire (iodurie) est donc un bon marqueur de
l’apport en iode alimentaire du jour précédent.

L’iodurie est donc utilisée au niveau d’une population pour déterminer


l’existence de la carence en iode et sa gravité.

Critères permettant d’évaluer la gravité des Troubles Dus à la


Carence en Iode (TDCI) sur la base des taux médians d’iode
urinaire :

Valeur de la médiane (μg/dl) Degré de sévérité des TDCI

Une compilation de M. KEMETIA Lambert Doctorant en santé publique Page 69


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<20 Sévères

20-49 Modérés

50-99 Légers

>= 100 Pas de carence

L’iode est essentiel à la synthèse des hormones thyroïdiennes comme


le TSH qui sont elles-mêmes nécessaires à un développement cérébral
et neurologique normal. Le taux de TSH du sérum ou du sang total
reflète directement la disponibilité d’hormones thyroïdiennes en
quantité suffisante. Il est en fait le meilleur test biologique pour
déterminer l’hypothyroïdie. Sa combinaison avec la valeur de
l’hormone T4 permet de faire une classification plus adéquate du
statut thyroïdien :

TSH (μ UI/ml) T4 (μg/dl) Statut thyroïdien

<0,4 4,5-12,5 Hyperthyroïdie sub-


clinique

4,5-12,5 Hypothyroïdie sub-


clinique
> 4,0
<4,5 Hypothyroïdie
probable

Une compilation de M. KEMETIA Lambert Doctorant en santé publique Page 70


Cours de santé publique aux étudiants TAM3

6.3 Méthode alimentaire :

Elle porte sur la disponibilité du sel iodé au niveau des ménages. Le


kit « test iode » permet de déterminer qualitativement si le sel contient
de l’iode ou pas. Cet indicateur est utilisé par le programme national
d’iodation du sel.

Les facteurs qui affectent la teneur en iode du sel sont sa conservation


dans un récipient ouvert et ou près du feu.

Au Cameroun, ces informations sont collectées dans le cadre de la


lutte contre les TDCI. La teneur du sel en iode est déterminée par
titrimétrie et se fait au niveau des producteurs et des importateurs de
sel. Les valeurs ainsi obtenues sont comparées à la norme nationale
sur l’iodation du sel. Au Cameroun, le sel à usage alimentaire doit être
iodé à 100 ppm.

7. Evaluation du statut en Zinc :

Le zinc est un micronutriment majeur qui intervient dans de


nombreuses fonctions biologiques et immunologiques. Sa carence est
considérée comme un problème de santé publique. Elle entraîne:

Une compilation de M. KEMETIA Lambert Doctorant en santé publique Page 71


Cours de santé publique aux étudiants TAM3

 un retard de croissance et un développement insuffisant du


système neurologique et comportemental notamment chez les
enfants
 une augmentation des cas d’infections de diarrhées et de
pneumonies notamment chez les enfants

Les personnes les plus à risque sont les femmes enceintes et


allaitantes, les personnes avec une alimentation pauvre ou non
équilibrée et enfin les enfants présentant la diarrhée.

Le Zinc est utilisé pour traiter la diarrhée car il réduit la fréquence et


le volume des selles. Il aide l’enfant à retrouver l’appétit. Le Zinc est
utilisé comme suit :

- enfants de moins de 6 mois : un demi comprimé de 20 MG par


jour pendant 10 jours
- enfants de 6 à 59 mois : un comprimé de 20 MG par jour
pendant 10 jours

L’évaluation du statut en zinc se fait par la détermination de la


concentration plasmatique en zinc, des apports alimentaires et
l’utilisation d’un indicateur anthropométrique (le retard de la
croissance). La valeur du seuil de concentration plasmatique de zinc
se présente comme suit :

Moment de la Seuil pour le zinc sérique (µg/dl)

Une compilation de M. KEMETIA Lambert Doctorant en santé publique Page 72


Cours de santé publique aux étudiants TAM3

journée <10 ans >= 10 ans

Et Homme et Homme Femme


femme non
statut
enceinte

Matin à jeun Pas disponible 70 74

Matin, après avoir 65 66 70


mangé

Soir, après avoir 57 59 61


mangé

Cette mesure est assez imprécise pour les pays en développement,


c’est pourquoi il est recommandé d’utiliser la prévalence de retard de
croissance comme l’indicateur approximatif car la carence en zinc
affecte la croissance linéaire. La carence en Zinc peut être évitée
grâce à une alimentation équilibrée, la consommation d’aliments
fortifiés ou la prise de suppléments de Zinc.

8. Evaluation du statut en fer :

La carence en fer est l’une des principales causes d’anémie dans les
pays en développement. Aussi, lorsque l’anémie est courante, l’on
considère que la carence en fer l’est aussi.

Une compilation de M. KEMETIA Lambert Doctorant en santé publique Page 73


Cours de santé publique aux étudiants TAM3

8.1 Méthodes biologiques :

L’évaluation du statut en fer est faite grâce à la mesure du taux


d’hémoglobine. Un taux en dessous de la norme est un indicateur de
carence en fer. (Voir tableau)

Taux d’hémoglobine et degré de sévérité de l’anémie :

Cibles Taux Degré de sévérité de


d’hémoglobine l’anémie

Enfants < 7 g/dl Sévère

7-< 11 g/dl Modérée

>= 11 g/dl Normale

Femmes enceintes < 7 g/dl Sévère

7-<11 g/dl Modérée

>= 11 g/dl Normale

Femmes non < 7 g/dl Sévère


enceintes (15-45 ans)
7-<12 g/dl Modérée

>= 12 g/dl Normale

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Hommes de plus de < 7 g/dl Sévère


18 ans
7-<13g/dl Modérée

>= 13 g/dl Normale

8.2 Méthodes cliniques :

Le signe clinique majeur de la carence en fer est la pâleur des


conjonctives. Souvent, elle est très évidente ; mais parfois il faut
savoir la rechercher en examinant les muqueuses et les conjonctives.
Les autres signes cliniques de la carence en fer sont : une légère
hypotonie

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CHAPITRE 7 : ROLE DU LABORATOIRE DANS LA


SURVEILLANCE DES MALADIES A POTENTIEL
EPIDEMIQUE ET EN SITUATION D’EPIDEMIE

LA SURVEILLANCE EPIDEMIOLOGIQUE
Définition
La surveillance épidémiologique est un recueil systématique et continu des données sanitaires,
leur analyse et leur interprétation, ainsi que la diffusion des informations recueillies auprès de
ceux qui en ont besoin pour prendre les mesures nécessaires. Elle est essentielle à la
planification, la mise en œuvre et l’évaluation des interventions en santé.
Fonctions de la surveillance
Les huit fonctions de la surveillance sont :
1. Identification des cas ;
2. Notification ;
3. Analyse et interprétation des résultats ;
4. Investigation et confirmation des cas, des épidémies et des évènements sanitaires
suspectés ;
5. Préparation ;
6. Riposte ;
7. Circulation de l’information ;
8. Evaluation et amélioration du système.
Types de surveillance
Il existe plusieurs types de surveillance, selon le processus de collecte des données
(actif/passif) ou l’étendue géographique de la zone surveillée (sentinelle/exhaustive) :
- Surveillance passive : Elle consiste en la déclaration par les agents de santé des cas et
décès des maladies enregistrées dans les formations sanitaires. Les maladies concernées
sont dites à « déclaration obligatoire » ; il s’agit des maladies à potentiel épidémique
(MAPE) ou des maladies ciblées par certains programmes nationaux. Les cas sont
identifiés dans la communauté (surveillance à base communautaire) et les formations
sanitaires, en utilisant les définitions de cas. Les données sont recueillies dans les
formulaires de notification des MAPE, ainsi que les Rapport Mensuel d’Activité du PEV.
- Surveillance active : Elle consiste à effectuer des visites régulières dans les formations
sanitaires et dans la communauté pour rechercher des cas de maladies qui pourraient avoir
échappés à la surveillance passive dans les formations sanitaires. Elle requiert une
planification et une priorisation des sites incluant les tradi-praticiens et autres lieux en
dehors des hôpitaux où les malades vont rechercher les soins. Ce type de surveillance a été
développé depuis 1998 comme un élément clé de la surveillance des PFA pour
l’éradication mondiale de la poliomyélite et concerne actuellement toutes les MEV. On
distingue 3 niveaux de priorité de sites (haute, moyenne et faible) en fonction de la
probabilité d’y trouver des cas de PFA. La fréquence des visites d’un site est déterminée
par son niveau de priorité, le principe étant de visiter plus régulièrement les sites où la
probabilité de recevoir des cas de PFA est élevée.
Tableau 1 : Priorisation des sites de surveillance active et fréquence des visites

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Niveau de priorité Probabilité pour qu’un cas de PFA ou Fréquences des visites
MEV fréquente la structure sanitaire
Haute Très probable 1 fois par semaine

Moyenne Probable 1fois toutes les deux semaines

Faible Peu probable 1 fois par mois

- Surveillance exhaustive : La surveillance est dite exhaustive lorsqu’elle est menée sur
toute l’étendue du territoire national et dans, toutes les structures sanitaires et autres lieux
communautaires. C’est le cas de la surveillance des MAPE y compris la surveillance des PFA,
Rougeole, Fièvre Jaune et Tétanos Néonatal. Elle concerne aussi la surveillance de tous les
événements de santé publique.
- Surveillance sentinelle :La surveillance est dite sentinelle lorsqu’elle se fait dans des
formations sanitaires sélectionnées dans quelques régions d’un pays dans le but de
documenter de façon précise et spécifique une situation épidémiologique ou une intervention
en santé publique. Le choix des sites dépend alors souvent de leur emplacement
géographique, de la présence de certaines spécialités médicales et leur capacité à poser des
diagnostics exacts et à rédiger des rapports de données de grande qualité. Au Cameroun, la
surveillance des diarrhées à Rota virus et des méningites bactériennes pédiatriques est une
surveillance sentinelle menée au Centre Mères et Enfants (CME) de la Fondation Chantal
Biya dans le cadre du processus d’introduction des nouveaux vaccins dans le PEV.
Exemples des définitions des cas
Paralysies Flasques Aiguës (PFA)
Définition: Tout enfant de moins de 15 ans présentant une perte ou une baisse de la force
musculaire et /ou du tonus musculaire (parésie, faiblesse du membre, difficulté à la marche ou
se tenir debout, difficulté à bouger un membre, hypotonie etc.) d’installation rapide (24-72
heures) et intéressant un ou plusieurs membres y compris les traumatismes du nerf par
injection
DEFINITION D’UN CAS SUSPECT DE ROUGEOLE

DEFINITION D’un CAS suspect DE la Fièvre Jaune


Cas suspect : Toute personne présentant une forte fièvre>38°C d’apparition brutale, suivie
d’ictère dans les deux semaines (2) suivant les premiers symptômes
Tétanos Néonatal (TN)
Définition de cas suspect: Tout nouveau-né qui présente une aptitude normale à téter et à crier
pendant les deux premiers jours de la vie et qui entre le 3ème et le 28ème jour:
• ne peut pas téter normalement
• devient raide ou à des convulsions (secousses musculaires), ou les deux.
Les MEV qui font actuellement l’objet d’une surveillance cas par cas au Cameroun sont : la
poliomyélite (Paralysies Flasques Aigues- PFA), la Rougeole, la fièvre Jaune, le tétanos
néonatal (TNN), les méningites bactériennes pédiatriques, les diarrhées à rota virus et le
syndrome de rubéole congénitale.
Organisation du système de surveillance au Cameroun

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Les fiches de notification sont transmises de la base de la pyramide sanitaire (aire de santé)
vers le sommet (niveau central) selon la fréquence ci-après :
- Centre de santé District: le lundi de la semaine suivante.
- District Région: le mercredi de la semaine suivante.
- Région Niveau central : le vendredi de la semaine suivante.
En situation d’épidémie, une liste linéaire des cas est ouverte et la notification des cas devient
quotidienne.
En plus des formulaires de notification hebdomadaire, deux autres outils de synthèse sont
utilisés et transmis sur une base mensuelle : les rapports mensuels du PEV, consolidés et
analysés au niveau du GTC-PEV et les Rapports Mensuels d’Activité (RMA), compilés et
analysés par la Cellule des Informations Sanitaires (CIS). Les données figurant dans ces deux
outils doivent être concordantes.
Ces deux rapports sont transmis à chaque niveau de la pyramide sanitaire selon la périodicité
suivante :
- Centre de santé District : au plus tard le 5 du mois suivant.
- District de santé Région: au plus tard le 10 du mois suivant.
- Région Niveau central : au plus tard le 15 du mois
suivant

LES MALADIES EVITABLES PAR VACCINATION SOUS SURVEILLANCE

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Epidémies et riposte au Cameroun


a) Epidémie
Définition
C’est une augmentation inhabituelle du nombre de cas d’une maladie pendant une période
bien déterminée par rapport à l’incidence habituelle ou comparée au nombre de cas à la même
période de l’année précédente.
Seuil épidémique : C’est le nombre de cas minimum à partir duquel une épidémie est
déclarée. Chaque maladie a son seuil épidémique :
Maladie Seuil épidémique
Fièvre jaune 1 cas confirmé
Poliomyélite 1 cas confirmé
Rougeole 3 cas confirmés dans un district en l’espace de 28 jours
consécutifs (et pas nécessairement au cours du même
mois), avec des raisons plausibles de transmission entre
eux (résultats de l’investigation).
Méningite cérébro spinale Population de moins de 30 000 habitants : incidence de
(MCS) 5 cas pour 100 000 habitants au cours d’une semaine ou
dédoublement du nombre de cas au cours de 3 semaines

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consécutives
Population de 30 000 à 100 000 habitants : incidence de
10 cas pour 100 000 habitants en zone endémique
Choléra 1 cas confirmé
b) Riposte
Définition
C’est un ensemble de mesures d’urgence à mettre en œuvre en vue de circonscrire le foyer
épidémique, interrompre la chaine de transmission, et assurer une prise en charge efficace des
cas.
Pour être appropriée, la riposte aux épidémies doit être :
- Suffisamment rapide pour limiter ou empêcher l’extension de la maladie au sein de la
population.
- Suffisamment étendue pour couvrir toute la zone à risque.
- Suffisamment exhaustive pour protéger toute la population cible à risque.
Une fois l’épidémie confirmée, les mesures suivantes doivent être immédiatement prises:
1. déclarer officiellement l’épidémie (autorité sanitaire locale) ;
2. ouvrir une liste linéaire des cas (line listing) dans toutes les aires de santé et au niveau
du SSD pour permettre le suivi de l’évolution des cas et apprécier l’impact de la
riposte ;
3. investiguer urgemment l’épidémie afin d’apprécier son ampleur, son étendue, sa
gravité et les caractéristiques des cas en utilisant le canevas approprié;
4. élaborer un microplan de riposte et le soumettre à la hiérarchie simultanément avec le
rapport d’investigation ;
5. renforcer la surveillance active autour du cas, dans l’AS et le DS ;
6. assurer la prise en charge adéquate des cas ;
7. organiser une campagne de riposte de qualité et partager les résultats définitifs de la
campagne avec le niveau régional et central ;
8. évaluer la riposte ;
9. transmettre au niveau central le rapport final de l’intervention dans les deux semaines
qui suivent la campagne.
Cas spécifiques :
1- En cas d’épidémie au poliovirus sauvage, le pays doit planifier une riposte vaccinale qui
:
 démarre rapidement (au plus tard 14 jours après confirmation de l’épidémie) ;
 est déployée à grande échelle (deux millions de personnes au moins) ;
 comporte plusieurs activités de vaccination supplémentaires (AVS), avec au moins
cinq AVS planifiées dès le début de l’épidémie ;
 prévoit la mise en œuvre des trois premières AVS à des intervalles qui seront de
préférence de deux à trois semaines au maximum ;
 cible une tranche d’âge élargie, ne se limitant pas uniquement aux enfants de moins de
cinq ans, en fonction de l’analyse des résultats de l’investigation ;
 porte une attention spéciale aux populations les plus à risque (ces groupes
particulièrement vulnérables à la circulation du poliovirus doivent être identifiés et
faire l’objet de campagnes ciblées de vaccination et de mobilisation sociale ; il s’agit
notamment des groupes de population nomades, des réfugiés, des déplacés, des
minorités, en zones d’insécurité et d’accès difficiles etc.) ;
 est suivie et monitorée pour couvrir un nombre croissant d’enfants (l’activité de
vaccination doit faire l’objet d’une surveillance indépendante et doit viser à atteindre
au moins 95 % de la population ciblée)

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La stratégie principale sera le porte-à-porte ; elle sera complétée par d’autres stratégies en
fonction du contexte : vaccination dans les postes de transit(gares, marchés, frontière…)
dans les zones d’insécurité (hit and run, fire-walling, permanent health team…), les zones
d’accès difficiles, écoles, formations sanitaires. Le type de vaccin sera fonction du type de
virus responsable de l’épidémie (VPO monovalent si virus de type 2, VPO bivalent si
virus de type 1 ou 3.
2- En cas de franchissement du seuil d’élimination du Tétanos Maternel et Néonatal
(TMN)
 remplir correctement et complètement le formulaire d’investigation et le partager avec
le district, la région et le niveau central;
 assurer une prise en charge clinique adéquate du malade;
 vacciner la mère contre le Tétanos et la diphtérie;
 identifier les facteurs de risque sous-jacents dans cette communauté et y apporter une
réponse appropriée (formulaire d’investigation approfondie) ;
 organiser une riposte vaccinale ciblant les femmes en âge de procréer autour du cas (la
riposte peut être focalisée à un ou plusieurs villages) : 3 tours de vaccination, les deux
premiers tours à 4 semaines d’intervalle, et le troisième dans les 6 mois.
3- En cas d’épidémie de Rougeole :
 Suspendre la collecte des spécimens de sang ;
 faire un écouvillonnage naso-pharyngé pour isolement viral de 5 cas : les cas doivent
être prélevés dans les 5 jours qui suivent le début de l’éruption, de préférence
pour des chaînes de transmission différentes ;
 Ne pas vacciner les enfants du village où l’épidémie s’est déclenchée (un grand
nombre d’enfants sont considérés comme étant en phase d’incubation).
 Administrer la vitamine A selon le tableau ci dessous :
Age Immédiatement Jour suivant Couleur des capsules
( 2 gouttes de capsules
< 6 mois 50 000 UI 50 000 UI
bleues)
6-11 mois 100 000 UI 100 000 UI Bleue
>12 mois 200 000 UI 200 000 UI Rouge
* Si la tranche d’âge la plus touchée est inférieure à 9 mois, on peut vacciner aussi les enfants
à partir de 6 mois. Dans ce cas, s’assurer que l’enfant sera revacciné à 9 mois.
4 En cas d’épidémie de fièvre jaune :
 mener une investigation pluridisciplinaire (épidémiologique, entomologique,
laboratoire) dans les 48 heures suivant la confirmation de l’épidémie ;
 notifier l’OMS en utilisant l’outil du Règlement Sanitaire International (RSI 2005) ;
 mener la lutte antivectorielle (épidémie survenant en zone urbaine) : destruction des
gîtes larvaires dans l’environnement, utilisation des MILDA, etc.
 organiser dans les 4 semaines une campagne de vaccination de haute qualité dans la
zone géographique concernée.

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