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ECOLE AFRICAINE DES METIERS DE L 'ARCHITECTURE ET DE

L'URBANISME

(EAMAU)

ETABLISSEMENT INTER ETATS D'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE


RECHERCHE

FILIERE: GESTION URBAINE

CLASSE: 2 è ANNEE DE LICENCE,

3è SEMESTRE, 2è partie

SOCIOLOGIE DES DYNAMIQUES URBAINES ET SOCIALES

APEDJINOU A. K. Zacharie

Psychopédagogue, Sociopolitologue.

Tel (+228)90399921/99454901

Email: xevifr@yahoo.fr

Novembre- Décembre 2015


OBJECTIFS PEDAGOGIQUES DE CETTE UE
A la fin de cet enseignement l' étudiant doit être capable de :

- définir et d’expliquer les caractéristiques scientifiques du fait social,

- de maîtriser les méthodes spécifiques d’analyse en sociologie urbaine -


connaître ses propres caractéristiques individuelles et celles des autres pour
l'amélioration des relations familiales , professionnelles et interpersonnelles.
CONTENU DE L'UE :
- Sociologie Urbaine de l'Ecole de Chicago.
- Sociologie des organisations professionnelles et des entreprises urbaines et
l'insertion socioprofessionnelle des diplômés.
- Résolution des crises et des conflits en famille et au sein des organisations
professionnelles.

BIBLIOGRAPHIE

Amblart et al.(2005), Les nouvelles approches sociologiques des organisations,


Conservatoire National des Arts et Métiers, 3è édition augmentée.
Yves Grafmeyer (1995), Sociologie Urbaine, Nathan.

Remy, J. ( 1990), "La ville cosmopolite et la coexistence interethnique" dans


A.Bastenier et F. Dassetti (éds). Immigration et nouveaux pluralismes. Une
confrontation de sociétés. Bruxelles, Université de Boeck.
Montoussé M. et Renouard G., (1992), 100 Fiches pour comprendre la sociologie,
Paris, Breal, Rosny.
Etienne J., et al. (1995), Dictionnaire de Sociologie, Paris, Hatier

- Le Best-seller mondial de Pierre DACO (1973), Les prodigieuses victoires de la


psychologie appliquée dans la résolution des crises et des conflits en famille et au
sein des organisations professionnelles, Marabout, Belgique.
- Douglas Stone et al., (1999), Comment mener les discussions difficiles entre
employeurs et employés, éditions Seuil-
Le Best-seller de Dale Carnegie (1981 ) « Comment se faire des amis et les
influencer positivement»,New York.
INTRODUCTION A LA SOCIOLOGIE URBAINE

La Sociologie urbaine est une sociologie spéciale qui s'occupe d'une part de l'étude
des rapports entre le développement social, économique et technologique dans une
société, d'autre part le développement social, d'autre part le développement/
l'évolution de l'espace et le comportement des individus dans les unités d'espace.
Les unités d'espace sont par exemple les régions, les agglomérations, les villes, les
quartiers ou les maisons/immeubles. Souvent ce sont des grandes villes avec une
population supérieure à 100.000 habitants qui font l'objet d'étude.

Par conséquent, les études sociologiques urbaines prennent en compte par exemple
la ville, le quartier, les individus tout comme les rapports qui les lient. Plus l'unité
d'espace est grande par exemple dans le cas d'une analyse empirique de toute une
ville, et/ ou plus le degré d'urbanisme d'une société est élevé, plus la ville fait l'objet
d'une analyse sociologique. Le développement des villes peut être décrit comme un
processus qui a différentes phases. Par l'immigration et les taux de natalité élevés, la
population des augmente. La ville s'étend à ses périphéries et devient une ville
région: le centre ville (la ville avec ses limites administratives) et les agglomérations.

Au sein de la ville s'opère une réorganisation de l'espace. Au centre ville se


concentrent le commerce et l'administration, puis les sites de production et les
habitants. Compte tenu de l'augmentation sans cesse croissante du prix du terrain et
le manque de possibilité d'expansion, la production est souvent déplacée à la
périphérie de la ville. Le lieu d'habitation de la population se trouve aussi dans
maintenant dans les zones reculées du centre ville. Les nouveaux grands sites
d'habitation naissent à la limite des villes. Les installations commerciales et les
services de prestation, de même que les organisations bureaucratiques
caractérisées par leur relations de pouvoir, suivent les nouveaux quartiers à la limite
des villes et à la périphérie. On assiste alors à la formation des centres secondaires
dans les quartiers qui remplissent les fonctions des centres ville et sont en
concurrence avec eux. Dans ces cas les périphéries voient aussi leur population
s'accroître pendant que celle du centre ville diminue. Durant cette phase, on peut
observer deux modifications au niveau des habitations des centres ville:
premièrement des mesures souvent communales pour l'assainissement des vielles
constructions, après suit sa revalorisation par les investisseurs privés par exemple la
rénovation des maisons et appartements à louer et leur location par les ménages à
fort revenu mensuel. Ce dernier aspect est favorisé par l'accroissement des
ménages de célibataire, d'une personne et des personnes non mariées mais qui
vivent ensemble. C'est ainsi que plus de la moitié des ménages des grandes villes
sont des ménages à une seule personne.

Ce cours comporte deux grandes partie:

-la première partie est consacrée à la sociologie urbaine de l'école de Chicago et

-la deuxième partie aborde la sociologie des organisations bureacratique et


professionnelles.

PREMIERE PARTIE: SOCIOLOGIE URBAINE DE

L'ECOLE DE CHICAGO

SOMMAIRE

1-Introduction

2- Démographie de la ville de Chicago

3- Les émeutes de 1886 et 1919

4-Histoire de l'Ecole de Chicago

5- Contributions de l'Ecole de Chicago

5-1- L' Ecole de Chicago et sa Sociologie Urbaine

5-1-1- Les sociologues de Chicago et leurs points de vue positifs sur l'immigration

5-1-1-1-Thomas et Znaniecki étudient l'immigration à travers la théorie de


l'organisation et de la désorganisation spatiale

5-1-1-2- L'Ecole de Chicago et sa vision optimiste de l'immigration


5-1-2 -Robert Park et le concept d'aire naturelle

5-1-3- L'étude de la criminalité illustre bien l'écologie urbaine de l'Ecole de Chicago

5-1-3-1- La criminalité

5-1-3-2 -La délinquance juvénile

5-2- L'Ecole de Chicago est sa sociologie qualitative

5-2-1- L 'utilisation des documents personnels est une des caractéristiques


principales de l'Ecole de Chicago

5-2-2 -Le travail de terrain est également à la base de la recherche empirique


caractéristique de l'Ecole de Chicago.

5-2-2-1- Le mythe de l'Observation Participante

5-3-Même si l'Ecole de Chicago à ses spécificités, elle subit l'influence quantitativiste,


par l'utilisation des statistiques

6- Mots ou concepts clés de la Sociologie Urbaine


1-INTRODUCTION

L'Ecole de Chicago est un courant de pensée sociologique états-unien. Il est apparu


au début du XXe siècle dans le département de Sociologie de l'Université de
Chicago. Ce département créé en 1892 est par ailleurs le premier département de
Sociologie du monde.

Son fondateur Small le dirigea jusqu'en 1924. Il voit la Sociologie comme une
discipline spécifique centrée sur l'étude des formes concrètes de la vie sociale. Il
crée une revue American Journal of Sociology, rassemble des fonds, organise des
enseignement. Cet effort aboutira vers 1913 à faire du département de Chicago, le
plus important centre d'enseignement et de recherche du pays en Sociologie-
anthropologie.

2- DEMOGRAPHIE DE LA VILLE DE CHICAGO

La démographie urbaine de la ville de Chicago se présente comme suit:

1837: 4170 habitants

1840: 5000 habitants

1890: 1.1 millions d'habitants

1930: 3.4 millions

1950: 3.6 millions

1990: 2.7 millions

2000: 2.89 millions

2005: 2.84 millions

Cette croissance démographique très rapide jusqu'en 1950 s'explique par l'afflux
massif de migrants ruraux et d'immigrants étrangers.

Cette nouvelle population de divise en quartiers raciaux, mais rapidement des


problèmes sociaux apparaissent: conflits raciaux, ghettos, misère, prostitution et
délinquance juvénile.
3- LES EMEUTES DE 1886 ET 1919

En 1886 et 1919, la ville est victime d'émeutes violentes qui traduisent un malaise
social. Les sociologues décident d'intervenir pour régler ces problèmes. Pour y
parvenir, ils cherchent à se placer au cœur de la vie des populations déracinées, afin
de mieux comprendre leur rapport à la société. Ils s'attachent à l'occupation de
l'espace, à la déviance, aux règles propres à une corporation ou à une bande.
Désormais le monde urbain est considéré comme une jungle.

A l'époque, la sociologie est influencée par des auteurs comme Darwin,


Spencer, Simmel, Tarde.

Small et son équipe ont la vision d'une société dominée par le darwinisme social ou
le libéralisme de Spencer, compensée par la conviction de pouvoir contribuer
activement à l'amélioration du bien-être social (réformisme). Pour eux, le savoir doit
être utile à l'action sociale. Leur recherche évolue aussi vers ce qui se nomme
l'interactionnisme symbolique soutenant que la sociologie s'intéressent à la
conception que l'individu se fait du monde social. Ils privilégient l'observation directe
et le point de vue de l'acteur.

4- HISTOIRE DE L'ECOLE DE CHICAGO

La première Ecole de Chicago

La première Ecole de Chicago s'attachait à étudier les relations interethniques et la


délinquance dans les grandes villes aux Etats Unis. Celles-ci apparaissent alors
comme une sorte de laboratoire social qui permet d'étudier les nombreuses
transformations des milieux urbains. Chicago accueille de nombreux immigrants de
l'étranger ainsi que du sud des Etats-Unis. Les représentants de cette première école
sont notamment William I. Thomas et Robert E. Park.

La deuxième Ecole de Chicago

Après les années 1940, arrive une deuxième génération de chercheurs. Ils se
consacrent plus à l'étude des institutions et des milieux professionnels. Bien que ces
sociologues aient utilisé de nombreuses méthodes quantitatives et qualitatives,
historiques et bibliographiques, ils sont reconnu pour avoir introduit, en sociologie,
une nouvelle méthode d'investigation, largement inspirée des méthodes
ethnologiques, qu'est l'observation participante. Celle-ci leur permet alors de
comprendre le sens que les acteurs sociaux donnent aux situations qu'ils vivent. Les
principaux représentants de cette seconde Ecole sont notamment Erving Goffman,
Howard Becker, Anselm Strauss et Freidson. Everett Hughes apparaît lui comme un
maillon intermédiaire entre ces deux écoles.

LES PRECURSEURS DE L'ECOLE DE CHICAGO

Simmel

Georg Simmel est, avec Max Weber, une des figures les plus importantes de la
sociologie allemande classique. Dans Métropoles et Mentalités (1903), Simmel
cherche à caractériser l'influence de la ville sur la psychologie collective. Il veut
mettre en exergue l'émergence d'un acteur social, l'individu. C'est par une approche
socio-psychologique que Simmel cherche à comprendre comment la métropole,
composée de groupes sociaux diversifiés, influe sur le développement de l'individu.
Dans la métropole, l'individu, le sujet, peut s'affirmer en dehors des appartenances
traditionnelles en raison de son autonomie, de sa singularité. Il bénéficie de la
tension entre un mode de vie individuel et une mode de vie universel; il est dégagé
des appartenances. D'autres part, le citadin se trouve placé dans un milieu où il est
soumis à des stimulations diverses et excessives. Ces stimulations créent des
tensions qui le conduisent à adopter une "attitude blasée" qui est une attitude de repli
sur soi. Cette approche est reprise par Louis Wirth de l'Ecole de Chicago.

Wirth

Louis Wirth (1897-1957) est un élève de Thomas, Park et Burgess; il consacre sa


thèse au ghetto juif de Chicago (1925) et publie en 1938 au article: "le phénomène
urbain comme mode de vie" dans lequel il s'efforce de personnaliser le citadin. Il
affirme que la culture urbaine se vit dans une certaine promiscuité. La diversité se
trouve dans l'accessibilité à la ville; elle est portée de main de nombreuses
personnes mais par des voies différentes. La ville peut aussi produire un éclatement
du sujet lorsque celui-ci se socialise sur un mode segmentaire parce qu'il appartient
à de nombreux groupes. C'est son unité propre qui en souffre. La communication
doit alors s'effectuer par médiation, par délégation.
LISTE NON EXHAUSTIVE DES SOCIOLOGUES DE L'ECOLE DE CHICAGO

Nels Anderson

Herbert Blumer

Ernest Burgess

Erving Goffman

Everett C. Hugues

Robert E. Park

Roderick D. Mackenzie

Albion Small

Anselm Strauss

William I. Thomas

William L. Warner

Louis Wirth

Florian Znaniecki

5 -CONTRIBUTIONS DE L'ECOLE DE CHICAGO

La sociologie de l'Ecole de Chicago a été fertile, elle a fortement contribué à l'étude


des villes (sociologie urbaine, urbanisme et études sur les migrations) à l'étude de la
déviance (criminologie), à l'étude du travail et des métiers ainsi que de la culture et
de l'art.

5-1 L'Ecole de Chicago et sa Sociologie Urbaine

La ville de Chicago a connu une urbanisation extrêment rapide qui s'opérait de fond
de déracinements multiples, d'extrêmes hétérogénéité sociale et culturelle, de
déstabilisation permanente des activités, des statuts sociaux et des mentalités. Les
vagues successives de migrants transforment la ville, en même temps qu'ils s'y
adaptent en aménageant leur espace propre. L'instabilité de l'équilibre urbain est
l'illustration de la "désorganisation" que vivent certains groupes. La ville est un mode
de vie "éclaté": impersonnalité et superficialité des contacts; la montée de
l'individualisme mène à une différenciation sociale accrue. Chicago devint aussi le
lieu emblématique de la confrontation des origines et de cultures, ainsi que le
symbole même de la délinquance et de la criminalité organisée. Pour les sociologues
de son université, elle représentait un terrain d'observation privilégié ou, mieux
encore, pour reprendre le mot de Park, un véritable "laboratoire social".

5-1-1 Les sociologues de Chicago et leurs points de vues positifs sur


l'immigration

5-1-1-1 Thomas et Znaniecki étudient l'immigration à travers la théorie de


l'organisation et de la réorganisation

Thomas et Znaniecki ont fortement contribué à rejeter le réductionnisme biologique


en montrant que le comportement des immigrants n'était pas lié à un problème de
race, c'est-à-dire à un problème physiologique, mais était directement lié aux
problèmes sociaux intervenus dans leur vie quotidienne. Ils affirment ainsi :"la
variable réelle est l'individu, pas la race". Leur objectif est de comprendre le
comportement humain, ce qui se démarque complètement des travailleurs sociaux,
appelé aussi " do-gooders", qui travaillaient alors sur ces questions à des fins
moralistes. Cela va projeter la sociologie de l'Ecole de Chicago dans une nouvelle
ère nouvelle, moderne.

The polish peasant in Europe and America

The polish peasant in Europe and America a été publié en 1918. Thomas décide
de faire une étude sur l'immigration et l'intégration en suivant un groupe d'immigrants
en étudiant leur vie dans leur pays d'origine jusqu'a leur arrivée sur le sol américain.
Il choisit de prendre le peuple Polonais, à cause de la grande richesse des
documents existants à leur propos.

L'ouvrage est composé de quatre parties distinctes:

- l'organisation du groupe primaire: étude de la famille polonaise traditionnelle avec


ses habitudes sociales. Ils entendent par organisation, l'ensemble des conventions
attitudes et valeurs collectives qui l'emportent sur les intérêts individuels d'un groupe
social.

-la désorganisation et la réorganisation en Pologne: l'individu n'est plus fondu au sein


d'une famille élargie: il prend de plus en plus d'importance de lui-même et la famille
se rétrécie approchant ainsi le modèle de famille moderne contemporaine, déclin de
l'influence des règles sociales sur les individus, valorisation des pratiques
individuelles. Il y a désorganisation quand les attitudes individuelles ne peuvent
trouver satisfaction dans les institutions jugées périmées, du groupe primaire. La
désorganisation sociale est la conséquence d'un changement rapide (changements
technologiques majeurs, catastrophes naturelles, crises économiques ou politiques),
d'une densification de la population urbaine ou d'une désertification.

L'organisation et la désorganisation en Amérique: Alors que le mariage reposait


traditionnellement sur le respect en Pologne, avant la désorganisation, le mariage
repose désormais sur l'amour au Etats-Unis.

L' histoire de vie d'un immigrant: Wladeck

L'intégration et l'assimilation vue par Thomas

La distinction entre désorganisation individuelle et sociale

Toutes les manifestations de la déviance ne sont pas toujours le signe d'une


désorganisation sociale: il peut aussi s'agir de déviance individuelle. Thomas et
Znaniecki distinguent la désorganisation individuelle (aussi appelé démoralisation) et
la désorganisation sociale. Selon Thomas, il n' y a pas de lien direct entre les deux.
La pathologie individuelle n'est pas un indicateur de désorganisation sociale. S'il y a
un processus de réorganisation sociale, un individu peu demeurer inadapté, en
retrait de ce phénomène social collectif. C'est vrai surtout des individus de la
seconde génération qui se trouvent touchés par la délinquance, l'alcoolisme, le
vagabondage et le crime . Si ce processus de réorganisation est difficilement suivi
par l'individu c'est parce qu'il exige de se défaire des liens anciens pour en inventer
de nouveaux.

L'adaptation n'est pas un simple mimétisme mais un métissage actif


La réorganisation prend une forme mixte et passe par la constitution d'une société
américano-polonaise, c'est-à-dire qui ne soit ni tout à fait polonaise, ni tout à fait
américaine, mais qui constitue la promesse d'une assimilation des générations
futures. C'est pourquoi il faut favoriser les formes sociales mixtes et provisoires,
encourager les institutions qui nouent un lien de continuité avec le passé:
associations, fêtes, scolarisation bilingue. Thomas insistait pour que les immigrants
continuent de lire et parler dans leur langue pour favoriser la transition vers
l'assimilation.

Thomas considère que l'assimilation est à la fois souhaitable et inévitable. Elle


requiert la construction d'une mémoire commune entre le natif et le migrant passant
par l'apprentissage d'une nouvelle langue, d'une nouvelle culture, d'une nouvelle
histoire à l'école publique. Il recommande aussi que les Américains se familiarisent
avec les cultures des pays dont ils accueillent les ressortissants. Pour Thomas
l'assimilation est surtout un processus psychologique. Il néglige l'aspect politique de
la question et les conditions de vie économique de l'immigrant. L'assimilation sera
accomplie quand l'immigrant portera le même intérêt aux mêmes objets que
l'Américain d'origine. on retrouve beaucoup la notion de désorganisation dans le
patrimoine de l'Ecole de Chicago.

C'est un concept majeur dans l'étude de la grande ville américaine et qui implique de
nombreux changements sociaux.

5-1-1-2 L'Ecole de Chicago, dans son ensemble, a développé une vision


optimiste de l'immigration

Le cycle des relations ethniques chez Park: une vision positive de


l'immigration par assimilation

En 1921, en décrivant le processus de désorganisation-réorganisation qui jalonne les


interactions entre les groupes sociaux autochtones et immigrants, Park distingue
quatre étapes, chacune représentant un progrès par rapport à la précédente:

- la rivalité est la forme d'interaction la plus élémentaire, elle est universelle et


fondamentale. Elle se caractérise par l'absence de contact social entre les individus .
Cette étape va entraîner une nouvelle division du travail et réduire les relations
sociales à une coexistence basée sur les rapports économiques.
- la deuxième étape est le conflit: qui est inévitable lorsqu'on met en présence des
populations différentes. Le conflit manifeste est une prise de conscience, parles
individus, de la rivalité à laquelle ils sont soumis. "D'une façon générale, on peut dire
que la rivalité détermine la position d'un individu dans la communauté; le conflit lui
assigne une place dans la société."

- la troisième étape est l'adoption, Park le définit comme pouvant "être considérée
telle une conversion religieuse, comme une sorte de mutation". L'adaptation est un
phénomène social, qui concerne la culture en général, les habitudes sociales et le
technique, véhiculées par un groupe. Pendant cette phase, il y a coexistence entre
des groupes qui demeurent des rivaux potentiels mais qui acceptent leurs
différences.

- l'étape ultime après l'adaptation est selon Park l'assimilation, au cours de laquelle
les différences entre les groupes se sont estompées et leurs valeurs respectives
mélangées. L'assimilation est un phénomène de groupe, dans lequel les
organisations de défense de la culture immigrée par exemple, ou les journaux en
langues étrangères vont jouer un rôle déterminant. Park rejette l'hypothèse
communément admise à l'époque selon laquelle l'unité nationale exige une
homogénéité ethnique.

Robert Park et le concept de l'aire naturelle

L'aire naturelle est un secteur (quartier) de la ville parce qu'il "naît sans dessein
préalable et remplit une fonction spécifique dans l'ensemble urbain; c'est une
aire naturelle parce qu'elle a une histoire naturelle" La constitution ce ces
secteurs apparaissent à Park spontanés, sous l'action de mouvements qui lui
semblent naturels.

Ces aires trient et filtrent les populations en fonction d'appartenances culturelles,


sociales ou d'un statut. Il y a dans Chicago de nombreux secteurs particuliers comme
Bohoemian, quartier spécifiquement masculin, le ghetto juif constitué de population
venant d'Europe de l'Est; Blackbelt, Chinatown, Little Italia,etc. Il y a une extrême
diversité de ces regroupements en terme d'appartenance. Certains quartiers sont
réservés aux riches, d'autres aux divorcés, aux gens du Troisième âge, etc. La
ségrégation spatiale est donc hautement raffinée. Mais cette composition des aires
culturelles n'est pas homogène; elle s'établit en fonction de complémentarités
sociales ce qui inclut, dans les zones des regroupements avec des éléments
étrangers.

Robert Park cherche à repérer la mobilité sociale à travers la mobilité spatiale. Il


s'aperçoit que les mœurs résidentielles sont très mobiles et que les déménagements
s'effectuent du centre vers la périphérie.

5-1-3 L'étude de la criminalité illustre bien l'écologie urbaine de l'écologie


urbaine d l'Ecole de Chicago

la sociologie de l'Ecole de Chicago est légitimement célèbre pour ses études sur la
criminalité, la déviance et la délinquance juvénile, qui sont des questions liées
étroitement aux notions et concepts que nous venons de voir et qui constituent à
elles seules un champ dont nous allons maintenant examiner quelques unes des
œuvres principales.

5-1-3-1 La criminalité

L'étude des gangs de Chicago par Frédéric Thrasher

Selon les estimations de Frédéric Thrasher, les gangs de Chicago en 1927


représenteraient 25000 adolescents et jeunes hommes. Cette population se
regroupe dans la zone comprise entre le centre ville (the loop) avec tous ses bureaux
et commerces et la zone résidentielle des classes moyennes puis aisées. Il affirme
que ainsi que les gangs occupent "la ceinture de pauvreté", là où l'habitat est
détérioré, où la population change sans cesse; ou tout est désorganisé. Le gang est
alors un réponse à la désorganisation sociale. Les créations des gangs se font par la
création de clubs regroupant des jeunes hommes qui vont ensuite devenir des
délinquants et occuper une partie du territoire qu'ils vont s'approprier. Ce sont des
groupes très instables: leurs leaders changent, de nouveaux groupes apparaissent et
disparaissent . Il y a plusieurs types de gangs: un gang peut chercher à se faire
reconnaître une existence légitime au sein de la communauté, à la manière d'un
club, ou au contraire de former une société secrète. Enfin, Thrasher insiste sur une
autre caractéristique du gang. Il est selon lui la manifestation de conflits culturels
entre les communautés d'immigrants entre elles d'une part, et entre les valeurs d'une
société américaine peu attentive à leurs problèmes et qui leur reste étrangère,
d'autre part. Traiter le problème de la criminalité consistera donc à construire, dans
un monde moral et économique, un avenir et une motivation au délinquant, à
stimuler son imagination d'adolescent et à faire naître chez lui des ambitions.

L'étude du crime organisé vu par John Landesco

En 1924, la guerre des gangs fait rage à Chicago et l'Illinois Association for Criminal
Justice décide de lancer une vaste enquête sur la criminalité. John Landesco publie
un rapport en 1929, Organized crime in Chicago, dans lequel il veut démontrer qu'il
existe entre le crime organisé et l'organisation de la ville. Selon lui, "de même
manière que le bon citoyen, le gangster est un produit de son environnement. Le bon
citoyen a été élevé dans une atmosphère de respect et d'obéissance à la loi. Le
gangster a fréquenté un quartier où la loi est au contraire enfreinte constamment."

5-1-3-2 La délinquance juvénile

La délinquance doit être considérée en relation à son contexte dans l'histoire


de vie d'un individu

Dans The Jack roller" a delinquent boy's own story", Clifford Shaw étudie la situation
d'un jeune délinquant qu'il suit depuis qu'il a 16ans. L'histoire de vie est un nouveau
dispositif de recherche dans le domaine de la criminologie. Shaw insiste pour les
histoires de vie soient vérifiées, croisées avec d'autres données, familiales,
historiques, médicales, psychologiques, scolaires bien que la "validité et la valeur
d'un document personnel ne dépendent pas de son objectivité ou de sa véracité", ce
qui importe n'est pas la description objective mais précisément les attitudes
personnelles. Il faut entrer dans le monde social du délinquant. C'est pourquoi le récit
doit à la 1ère personne, ne soit pas "traduit" par le langage du chercheur pour garder
l'objectivité du récit.

La délinquance juvénile et le tissu urbain

Shaw et Mac Kay, écrivent, Juvenile Delinquency and Urban Areas en 1942 où ils
proposent d'établir une écologie de la délinquance et du crime: Ils étendent la
recherche à d'autres grandes villes (Philadelphie, Boston, Cleveland, Cincinnati,
Richmond). Shaw et Mac Kay montrent que le développement des villes américaines
s'est manifesté par la création de zones d'habitat très différenciées. La criminalité est
associée à la structure physique de la ville: le taux de délinquance est élevé partout
où l'ordre social est désorganisé. Le fait d'habiter certaines partie de la ville est un
indicateur ou pronostic de la délinquance. Ils affirment qu'il n' y a pas de relation de
cause à effet entre un fort taux d'immigrés et un fort taux de criminalité: "les
délinquants ne le sont pas parce qu'ils sont fils d'immigrés ou parce qu'ils sont Noirs,
mais pour d'autres raisons qui tiennent à la situation dans laquelle ils vivent". Pour
comprendre et analyser les phénomènes de délinquance et de criminalité, il faut
prendre en compte 03 types de facteurs: le statut économique, la mobilité de la
population entraînent l'inefficacité des structures communautaires, ce qui entraîne un
affaiblissement du contrôle social, favorisant l'apparition de la criminalité.

L'Ecole de Chicago et sa sociologie qualitative

Morris Janowitz, dans son ouvrage consacré à l'œuvre de Thomas, affirmait que "s'il
a existé une école de Chicago, elle a été caractérisée par une approche empirique
qui se propose d'étudier la société dans son ensemble". Cette conception de la
recherche va évidemment induire des techniques particulières de recherche sur le
terrain, qui seront regroupés l'expression de "sociologie qualitative". Il faut, en
premier lieu, préciser qu'il y a eu peu de réflexions méthodologiques dans la plupart
des monographies de l'Ecole de Chicago. C'est surtout Park, qui a été journaliste de
1891 à 1898 qui a introduit l'idée de pouvoir utiliser les méthodes de l'ethnographie
pour l'étude des rapports sociaux urbains.

5-2-1 L'utilisation des documents personnels est une des caractéristiques


principales de l'Ecole de Chicago

Thomas et Znaniecki, pionniers de la sociologie comme "une forme de


journalisme supérieur"

La première utilisation de documents personnels dans une étude sociologique fut


celle de Thomas et Znaniecki, dans Le Paysan polonais. Sur le plan méthodologique,
il y a une rupture avec les traditions antérieures: on passe pour la 1ère fois de façon
"officielle" de la sociologie en bibliothèque à la recherche sur le terrain. Ce n'est pas
un hasard si cet ouvrage ouvre l'époque de ce que l'on désigne l'Ecole de Chicago
(Cf. The Polish peasant in Europe and America)
Prendre le point de vue subjectif des individus pour atteindre une objectivité
plus scientifique

Appliquant un des principes de l'interactionnisme, Thomas et Znaniecki décident de


prendre en compte le point de vue subjectif des individus tout en produisant une
sociologie scientifique, capable de distinguer et de construire théoriquement des
types sociaux. Thomas veut adopter une démarche détachée, non émotionnelle,
scientifique, objective des phénomènes sociaux qu'il étudie. Utilisation de lettres et
d'histoires de vie dans le but d'objectiver les conditions de vie et les attitudes des
personnes observées, en les étudiant en fonction de la définition de la situation
auxquelles elles correspondent. Exemple: comportement incompréhensible des
polonais aux USA : tantôt ils acceptent passivement l'autorité, tantôt ils considèrent
que la liberté offerte par les USA doit être sans limite. Pour comprendre ces
comportements au premier abord incompréhensibles il faut pouvoir connaître la
signification subjective que les personnes apportent à la situation. Ainsi le
changement social sera compris comme le résultat d'une interaction permanente
entre la conscience individuelle et la réalité sociale objective.

Une multitude de sources documentaires

C'est un aspect mal connu de l'Ecole de Chicago que d'avoir été une sociologie
fondée sur des sources documentaires. Park constitue un véritable fonds
documentaire sur la ville. Véritable banque de données élaborée, augmentée, mise à
jour qui sera utilisée par tous les étudiants voulant travailler sur la ville.

Les Lettres: Innovation méthodologique. Annonce passée dans les journaux


polonais en Amérique pour lire les lettres reçues de Pologne. Beaucoup de
publications (regroupées en 50 thèmes différents). Pour chaque thème il y a une
introduction théorique et des commentaires disséminées dans les notes.

L'Histoire de Vie : Technique qui permet de pénétrer et de comprendre de l'intérieur


le monde des acteurs. Wladeck Wisniewski (recruté par annonce), considéré comme
représentatif de l'immigré polonais d'origine paysanne, écrit son autobiographie dont
la véracité fut vérifiée grâce aux lettres échangées avec sa famille restée en
Pologne.
Comme la plupart des recherches de l'Ecole de Chicago, combinaison de l'utilisation
de documents personnels avec d'autres méthodes de recueil de données, sources
documentaires plus classiques au regard de l'histoire et du journalisme d'enquête:
quotidiens , archives des églises, des institutions du travail social, minutes des
procès. L'innovation de Thomas et Znaniecki, en matière méthodologique, s'arrête
là: pas d'utilisation d'interviews ou d'observation. En accord avec sa conception
"naturaliste" de la sociologie, Thomas considérait que l'interview était une
manipulation de l'interrogé par l'enquêteur, cependant, notons qu'il acceptait de
recueillir les témoignages d'informateurs comme les travailleurs sociaux.

5-2-2 Le travail de terrain et la recherche empirique caractéristique de l'Ecole


de Chicago

Participer pour observer

Quand on fait référence à l'Ecole de Chicago on pense tout de suite à son innovation
méthodologique qui s'approche le plus de la sociologie qualitative: l'observation
participante. Il n'est pas étonnant qu'on retrouve chez les sociologues de Chicago la
posture méthodologique d'obédience interactionniste qui prend en effet toujours
appui sur les diverses formes d'observation participante. Patricia et Peter Adler
distinguent 03 grandes catégories de position de recherche de terrain:

-rôle "périphérique": le chercheur est en contact étroit et prolongé avec les membres
du groupe mais ne participe pas (soit en raison de croyances épistémologiques, soit
parce que moralement il s'interdit de participer aux actions délinquantes, ou parce
que ses propres caractéristiques démographiques ou socioculturelles l'en
empêchent).

-rôle"actif": le chercheur prend un rôle plus central dans l'activité étudiée.


Participation active, prend des responsabilités, se conduit avec les membres du
groupe comme un collègue.

- rôle de membre complètement "immergé": le chercheur a le même statut, partage


les mêmes vues et les mêmes sentiments, poursuit les mêmes buts, fait l'expérience
de émotions.
L'observation participante est en réalité très peu utilisée

Il est abusif d'employer le terme d'observation participante pour le simple fait d'aller
sur le terrain. Park insistait pour que le scientifique observe mais ne participe pas, il
recommandait une attitude détachée. Position qui peut paraître surprenante si on
considère que l'Ecole de Chicago a été le modèle théorique et méthodologique de
l'observation participante. Park réagissait ainsi en réaction au courant dominant
précédant dans la sociologie à Chicago (1915-1950), deux (02) après 1940 ont
employé l'observation participante "complète" rôle à temps plein dans la
communauté étudiée), six (06) ont impliqué le chercheur dans un temps partiel, les
autres (2/3) n'ont pas utilisé la moindre technique d'observation. En fait , Ecole de
Chicago a réalisé peu d'enquête directement sur le terrain, surtout matériaux
biographiques (récits d'individus). Il est sans doute souhaitable de rectifier le mythe
selon lequel l'Ecole de Chicago serait le modèle de l'observation participante. Ecole
de Chicago est le berceau d'une variété d'approches empiriques, en particulier dans
la sociologie urbaine pratique, inaugure l'enquête directe auprès d'individus.

Au fondement de ce mythe de l'observation participante à Chicago réside peut-être


une confusion dans les termes. On parle tantôt de sociologie qualitative, de
sociologie descriptive, d'ethnographie. L'ethnographie est considérée comme un
terme équivalent à l'approche naturaliste, qui chercherait à mettre en avant des
significations (pas que recherches des causes). L'expression d'observation
participante relèvent de la sociologie qualitative. L'observation participante est un
dispositif particulier de recherche au sein de l'ethnographie; mais elle implique que le
chercheur joue un rôle pour comprendre de l'intérieur leur vision du monde et de la
rationalité de leurs actions. Progressivement l'observation participante en est venue
à désigner un style de recherches qualitatives sur le terrain, et non une technique
particulière.

5-3 Même si l'Ecole de Chicago a ses spécificités, elle subit l'influence


quantitativiste, par l'utilisation des statistiques

Il faut attendre pratiquement la fin des années 1950 pour voir apparaître, à l'instar de
la sociologie quantitative qui a très vite produit des réflexions méthodologiques
sophistiquées, des débats sur les méthodologies de type qualitatif en usage dans la
sociologie. La suprématie de l'Ecole de Chicago prit fin avec la rébellion de 1935 au
sein de la société américaine de Sociologie où il y a eu une utilisation grandissante
des techniques de recherche quantitative. Ces techniques de quantification étaient
déjà présentes à Chicago. James Field y enseignait les statistiques dès 1908 ( dans
le département d'économie politique et Small encourageait les étudiants à y aller). En
1927, Field meurt et est remplacé par W. Ogburn qui quitte son poste de Columbia.
Ogburn était favorable aux histoires de vie mais pour lui elles étaient utiles pour
constituer des hypothèses qu'il s'agissait de tester statistiquement. Burgess en 1928
suit son cours. La tendance majoritaire dans la sociologie de Chicago demeurait
certes les études qualitatives de terrain et les études de cas mais les statistiques ne
faisaient pas seulement l'objet d'un enseignement, elles étaient mises en œuvre
dans des enquêtes sur l'abstention aux élections par exemple ou dans les
recensements. Emploi par Burgess de statistiques simples. En 1927 , il rapproche
les statistiques et les études de cas: "Les méthodes des statistiques et l'étude de cas
n'entrent pas en conflit entre elles; elles sont en fait mutuellement complémentaires.
Les comparaisons statistiques et les corrélations peuvent souvent suggérer des
pistes pour la recherche faite à l'aide de l'étude de cas, et les matériaux
documentaires, en mettant au jour des processus sociaux, mettront inévitablement
sur la voie d'indicateurs statistiques plus adéquats. Cependant, si l'on veut que la
statistique et l'étude de cas apportent chacune leur pleine contribution en tant
qu'outils de recherche sociologique, il faut leur garantir une égale reconnaissance et
fournir l'occasion à chacune des 02 méthodes de perfectionner sa technique propre.
Par ailleurs, l'interaction des 02 méthodes sera incontestablement féconde".

6-Mots clés ou concepts clés utilisés en Sociologie Urbaine

Socialisation: ensemble des mécanismes par lesquelles les individus font


l'apprentissage des rapports sociaux entre les hommes, et assimilent les normes, les
valeurs et les croyances d'une société ou d'une société ou d'une collectivité.

Interactionnisme symbolique: cette notion est due à Hebert Blumer (années


30). Elle part de l'idée que les individus ne subissent pas les faits sociaux, mais qu'ils
les produisent par leur interaction.

Observation participante: elle consiste pour un enquêteur à s'impliquer dans le


groupe qu'il étudie pour comprendre sa vie de "l'intérieur".
Darwinisme sociale: pour Darwin, la domination des élites est le principe de la
sélection naturelle qu'il applique à la nature des rapports sociaux. Repris par
Spencer, le Darwinisme Social permet de décrire le comportement des individus en
société.

Fonctionnalisme: ensemble des courants anthropologiques et sociologiques qui


considèrent le système social comme une totalité unifiée dont tous les éléments
(division du travail, institutions, idéologies) sont nécessaires à son bon
fonctionnement. Ces courants insistent sur l'intégration et tiennent pour secondaire
les conflits et les dysfonctionnements.

Ethnométhodologie: démarche sociologique développée aux Etats-Unis à partir


des années 60, proche de l'interactionnisme symbolique, centrant son intérêt sur le
savoir et les capacités de chacun des membres de la société.

Ecologie urbaine: comme dans le milieu naturel, l'individu s'adapte à la ville qu'il
modifie à son tour. Cette communauté humaine se caractérise par des équilibres et
des déséquilibres entre les groupes en concurrence. Les sociologues tentent
d'expliquer ainsi la perpétuelle recomposition à laquelle est soumise la ville de
Chicago.

Désorganisation sociale: c'est le déracinement , le déclin des valeurs collectives


sur l'individu; conséquence de changements rapides dans l'environnement
économique et social. Selon Thomas, la désorganisation est aggravée par les
migrations.

L'éclatement social: c'est un phénomène urbain désorganisation selon lequel


l'individu est influencé par les différentes de son milieu d'accueil. Il appartient alors à
ces différentes cultures et n'est plus sous le coup de la tradition. Ces différentes
cultures entraînent chez lui un éclatement de l'individu. Dans une situation
d'éclatement il y a un déplacement d'une ville d'un pays vers la ville d'un autre pays.
L'éclatement non contrôlé conduit à la déviance.

Les attitudes du citadin moderne : Ce sont des attitudes de repli sur soi, de
l'égoïsme, de l'individualisme. Il est un calculateur minutieux de ses dépenses.
Tout se déroule dans sa tête ou son psychisme. Les contacts humains sont marqués
par la superficialité dans les grandes villes. Dans la grande ville l'individu essaye de
conserver son autonomie sa façon propre d'être face à toutes les stimulations
(stress) auxquelles il est exposé. Ces stimulations conduisent l'individu à avoir une
attitude blasée (attitude d'indifférence). Face aux évènements l'individu devient
insensible. Ceci est dû au fait que l'individu a vécu plusieurs fois le même
phénomène. Quand les stimulations atteignent le paroxysme cela entraîne chez le
citadin une attitude de repli sur soi et une aversion vis a-à-vis du voisin qu'il voit
depuis plusieurs années. Toute la vie de l'individu en ville n'est pas exposée au vu et
au su de tout monde comme c'est cas dans un village ou une zone rurale.

L'économie monétaire nivelle la vie urbaine et les relations urbaines : En ville, on


vous juge en fonction de votre avoir, de votre revenu (maison, véhicule, profession...)
DEUXIEME PARTIE:

LES NOUVELLES APPROCHES SOCIOLOGIQUES


DES ORGANISATIONS

Etude de l'Ouvrage collectif: « Les nouvelles approches sociologiques des


organisations » de Amblard, Bernoux, Herreros et Livian.

SOMMAIRE :

I-Biographie des auteurs


II-Objectifs de l’ouvrage
III-Thèses des 04 auteurs de l'ouvrage
IV-Le résumé de 05 chapitres de l’ouvrage

I – BIOGRAPHIE DES AUTEURS

Henri Amblard est psychologue praticien et docteur en sociologie. Il a été


responsable de formation à BSN, professeur et responsable du Département
ressources humaines à l'École supérieure de commerce de Lyon, puis consultant à
APSO sur les questions du changement organisationnel. Il est aujourd’hui,
professeur honoraire de l’Institut d’administration des entreprises de l’université
Jean-Moulin Lyon III et est impliqué et membre du CA d’une ONG engagée dans le
développement entre le Nord et le Sud. Il a notamment écrit, Management des
ressources humaines(collaboration avec Abramovici N.B., Livian Y-F, Poirson P.et
Roussillon S., éditions Eyrolles Paris, 1989, 239p)

Philippe Bernoux est sociologue, docteur d'État, directeur de recherche au CNRS,


fondateur du Groupe lyonnais de sociologie industrielle. Il a mené de nombreuses
recherches dans les entreprises, sur leur création, leur organisation, l'effet des
nouvelles technologies... Il est auteur notamment de : La Sociologie des
organisations (Seuil, 5ème édition 2002) ; La Sociologie des entreprises (Seuil,
2ndeédition 1999) ;
Sociologie du changement dans les entreprises et les organisations (Seuil 2004,
307p)

Gilles Herreros est maître de conférence en sociologie à la faculté d’anthropologie


et de sociologie de l’université Lumière Lyon II et membre du Centre de recherche et
d’études anthropologiques. Il est responsable d’un master professionnel intitulé «
Sociologie et Développement des Organisations » (cf. lien ci-dessous)
http://www.univ-lyon2.fr/NMAA510_245/0/fiche___formation/; Il a notamment publié :
Pour une sociologie de l’intervention (Ramonville-Saint-Agne Erès, collection
Sociologie clinique, 2002, 219p)

Yves-Frédéric Livian est diplômé de l'IEP Paris, docteur en sociologie. Il est


actuellement professeur de sciences de gestion à l'IAE de l'université Jean-Moulin
Lyon III, après avoir été consultant et cadre dans une grande entreprise. Il est
enseignant et chercheur en organisation et gestion des ressources humaines. Il a
publié de nombreux ouvrages. Sa bibliographie comprend notamment : Management
comparé (Economia, collection Gestion poche, 2004, 111p) ;
Organisation : théories et pratiques (Dunod, collection Gestion Sup, 1998, 240p) ;
Introduction à l'analyse des organisations
(Economia, collection Gestion poche, 1995 (retirage 2003), 112p) ;
Comment mener une réorganisation : la conduite du changement dans l'entreprise
(Dunod, collection Dunod Entreprise Gestion Sociale, 1978, 154p)

II – OBJECTIFS DE L’OUVRAGE
Les auteurs se fixent dans cette ouvrage trois objectifs.
Premièrement, rendre compréhensible auprès de la population des managers et
gestionnaires, le fond, le contenu constitué des différents apports de
la sociologie. Les auteurs pensent en effet que ceci est un problème aujourd’hui,
tant, par exemple, certains souffrent d’une forme aridité assez relevée.
Cet objectif constitue globalement le contenu des trois premiers chapitres.
Le deuxième objectif – situé dans le quatrième chapitre - est d’élaborer une
méthodologie d’analyse et d’intervention de nature sociologique. Cette méthodologie
qui doit être suffisamment souple et simple pour pouvoir être utilisée par des
managers de tout horizon et compatible avec les leviers qui sont les leurs, doit aussi
à l’inverse être suffisamment dense pour prendre en compte l’ensemble des
dimensions de la problématique du changement.
Le troisième objectif est d’identifier les nouveaux horizons de la sociologie, c'est-à-
dire les nouveaux axes de recherches rendus nécessaires par l’évolution de notre
société et les dernières études (non qualifiées encore d’école), qui peuvent
être susceptibles de fonder et d’alimenter le corpus de la nouvelle sociologie. C’est le
dernier chapitre.
Les leviers utilisés
Disons le tout de suite, ce qui est remarquable dans cet ouvrage, c’est la sensation
que l’on a d’être dans un roman policier (tout au moins dans les trois premiers
chapitres, les deux suivants se prêtant plus difficilement à cet exercice du fait de leur
contenu même).
L’apothéose est sans doute le passage où les auteurs racontent l’histoire de la
coquille Saint Jacques de la baie de Saint Brieux et c’est en tout point remarquable
quand on considère la difficulté des concepts manipulés (point de passage obligé,
investissement de formes,...). On peut citer aussi cette recherche, cette « traque » de
la logique de coopération (pour quelle raison les acteurs cherchent-ils aussi à
coopérer ?), où les passages dans les thèses de Bourdieu, Raynaud, Boltanski, ...
sont explorés comme les hypothèses que Hercule Poirot étudie scrupuleusement
avant de déduire que la vérité sur cette question est encore ailleurs.
Les exemples cités sont nombreux : les techniciens de maintenance
de « Altadis », le projet Aramis, la controverse Pasteur, les coquilles Saint Jacques...
Les auteurs ont manifestement eu le souci d’alterner apports théoriques puissants et
exemples frappants.

Cette qualité de l’écriture apporte bien plus – étrangement – que les études de cas.
Encore une preuve de l’enjeu fondamental de savoir écrire et raconter.
III – THESES DES 04 AUTEURS DE L'OUVRAGE

La thèse principale est que les différentes écoles sociologiques retracées dans les
chapitres 1, 2 et 3, sont compatibles.
Chaque fin de chapitre est l’objet d’une comparaison minutieuse des concepts et
des définitions. C’est une idée forte car les auteurs des écrits cités en référence,
réfutent plus ou moins eux-mêmes cette idée d’intégration. Soit ils ne citent pas – le
plus souvent - leurs confrères, soit en certaines occasions, ils remettent en cause
directement les écrits de leurs concurrents. Les quatre auteurs remarquant tout juste
une évolution récente de cette situation, où les «coopérations » semblent aller de
l’avant.
Dans cet ouvrage, les quatre auteurs défendent l’indéfendable, réconcilient
l’inconciliable et montrent que ces théories « ne sont pas si rivales que cela ».
Cette thèse est importante sur le plan théorique d’une part, mais aussi et surtout sur
le plan pratique. « La fragmentation théorique nuit à la crédibilité de la sociologie de
l’entreprise » (p. 192). Il est clair que tant qu’un ensemble n’est pas accordé, il est
illusoire – selon les auteurs – de croire qu’il va être facile néanmoins de l’utiliser en
entreprise. Et ce pour deux raisons :
-mobilisation d’idées contraires, qu’un gestionnaire ne manquera pas de pointer

-impossibilité de rédiger une méthodologie d’analyse et d’intervention pertinente,


complète et cohérente.

IV – LE RESUME DE 05 CHAPITRES DE L’OUVRAGE

CHAPITRE 1 : LES FONDEMENTS DE LA SOCIOLOGIE


Les quatre auteurs dans ce chapitre se proposent de parcourir le corpus classique
de la sociologie, d’une part parce qu’il constitue un acquis fondamental et toujours
vrai et d’autre part, parce les autres chapitres s’appuieront toujours sur les concepts
exposés dans celui-ci.
1.1 L’approche par la contingence :
L’école de la contingence cherche à rendre compte de la manière dont se structure
les organisations. On parle de contingence au sens où le poids des contraintes
retenues (technologiques, marché, système institutionnel) rendrait contingent les
structures de l’organisation. Ce courant théorique est né en 1965 des travaux d’un
économiste britannique, J. Woodward qui a comparé les organisations d’entreprises
dans un environnement institutionnel stable et appartenant à la même région. Il a
conclu que ces structures étaient liées à la technologie et au marché. Aujourd’hui, ce
type d’approche est largement vulgarisé par Henry Mintzberg, qui ajoute cependant
que la structure est certes liée à l’environnement mais qu’elle dépend aussi des buts
des dirigeants.
Mintzberg a élaboré une typologie d’entreprises en 6 configurations », chacune se
structurant (sauf une) autour d’un des 5 pôles que l’on trouve : Le sommet
stratégique, la technostructure, la ligne hiérarchique, le centre opérationnel, le
support logistique .
Le 1er modèle est appelé « Configuration Entrepreneuriale » : Il caractérise les
entreprises naissantes où le pôle structurant est celui du sommet stratégique. C’est
autour de la direction que s’exercent la prise de décision, la coordination et le
contrôle.
La formulation de la stratégie est réalisée par le leader.
Dans le 2nd modèle, le pôle dominant est la technostructure qui recherche
l’optimisation des processus. Cette configuration « Bureaucratique» est adaptée à
un environnement stable et simple.
La 3ème configuration est celle où la force structurante se situe sur la ligne
hiérarchique: c’est l’organisation en divisions, où les différentes lignes sont
évaluées en général sur leur performance financière. Le contexte favorable à ce type
d’organisation est celui d’un marché diversifié. La formulation de la stratégie est
délicate, car à la stratégie de « groupe » s’ajoutent les stratégies propres des
Business Units.
La force dominante peut se situer aussi dans le centre opérationnel
c’est le 4ème modèle, celui de l’organisation professionnelle, marquée par une
autonomie, un savoir faire et expertise prononcée.
Le 5ème modèle fait émerger l’innovation qui fait se regrouper les experts en
équipes pluridisciplinaires travaillant avec les managers et où le rôle du
support est clé.
Le contexte est celui d’un environnement complexe et dynamique, combinant
technologies de pointe et changements fréquents de produits. C’est
l’organisation innovatrice
.
Un 6ème modèle apparaît lorsque la force est structurée autour d’une
enveloppe appelée
« culture» ou « identité». C’est le cas de McDonald, IBM, Toyota, qui abritent
cependant dans un second plan, l’un des 5 modèles exposés ci-dessus. La
dynamique de
la coordination est fondée sur un ensemble de normes et de croyances qui
remplacent par les régulations issues d’un des cinq pôles.

Selon les quatre auteurs, une des limites de la théorie de la contingence est qu’elle
ne met pas en lumière le rôle de l’acteur stratégique autrement que par le fait que les
jeux d’acteurs nuisent à l’émergence du modèle qui serait le plus approprié selon
cette théorie. Tout cela est manifeste dans son 7ème modèle «
l’arène politique» qui est présentée de manière négative.
Une autre limite selon les quatre auteurs est que chez Mintzberg l’apparition des
configurations est présentée comme une adaptation nécessaire à l’environnement. «
Or ce type d’évidence est profondément négateur de la liberté qui caractérise les
organisations et les humains». Profondément utile, cette théorie ne permet pas de
comprendre comment les acteurs peuvent être à la fois ceux qui construisent le
système et le font évoluer. C’est l’apport de l’analyse stratégique

1.2 L’analyse stratégique de Crozier et Friedberg est le socle de la sociologie en


France. On parle d’analyse stratégique en ce sens que le comportement des acteurs
dépend des objectifs clairs et conscients, des atouts qui sont à leur disposition et de
la situation donnée au moment de l’action. La capacité d’action de l’acteur repose sur
quatre postulats :
1er postulat : L’organisation est un construit: en ce sens que les acteurs ont bien
conscience des contraintes externes, mais ce sont eux qui vont construire sur le
terrain la nouvelle organisation en fonction du jeu des acteurs
2ème postulat : L’acteur est relativement libre: « l’acteur n’est jamais complètement
enfermé dans son rôle dans l’organisation ». Tout le monde peut donner une
interprétation de son rôle en mettant à profit les ambiguïtés, incohérences et
contradictions qu’il recèle.
3ème postulat : Les objectifs des organisations et des individus se recouvrent mais
pas totalement. Même dans les situations fortement mobilisatrices (sauvetage d’une
entreprise par son personnel), on observe de nombreux arrangements négociés, ne
traduisant jamais une soumission fataliste.
4èmepostulat : La rationalité limitée: Pour J.G. March et H.A. Simon, cette limitation
se fait en plusieurs sens. Il faudrait que l’acteur, pour être rationnel, ait toute
l’information au départ. L’acteur ne cherche pas l’optimisation, mais la satisfaction.
Le choix « rationnel » est toujours exercé selon un schéma simplifié, limité et
approximatif. L’acteur agit par intérêt mais il ne s’agit d’un utilitarisme primaire, visant
uniquement le pouvoir, l’argent. L’analyse stratégique reconnaît un autre enjeu : la
création, la constitution du lien social au prix d’un sacrifice relatif payé par chacun
des acteurs pour construire le groupe social. La question du pouvoir touche alors
directement à la question de l’identité. Selon les auteurs, ce concept permet de
comprendre l’orientation non utilitariste du concept de pouvoir

Les jeux d’acteurs en situation : Les zones d’incertitudes


Ce sont les incertitudes qui viennent créer les situations propices aux jeux d’acteurs.
L’exemple de l’étude du monopole des Tabacs par Crozier est frappant. Dans cette
entreprise, il n’y a qu’une forme d’incertitudes (la fiabilité des machines) : ce sont les
ateliers de maintenance – qui maîtrisent le plus cette incertitude - qui peuvent alors
développer des stratégies contre les autres acteurs.

-Le pouvoir n’existe pas dans l’absolu ; il surgit autour des zones d’incertitudes.
Quelques positions procurent cependant des ressources importantes permettant plus
particulièrement le contrôle des sources du pouvoir. C’est d’abord l’expertise, à
condition qu’elle soit pertinente pour résoudre le problème auquel on est confronté.
Ce n’est donc pas l’expertise en soi qui qu’il s’agit, mais de la compétence pertinent,
pour réparer une machine par exemple. Il en va de même pour l’information. Une
autre source concrète du pouvoir concerne les positions dans un réseau de
communication.
-Etre un relais efficace
avec l’environnement, avoir un « réseau » est non seulement utile pour l’organisation
mais donne du pouvoir. Enfin, la capacité d’action sur les règles du jeu
est importante.
-Etre capable d’édicter le(s) droit(s ) ou d’interpréter la règle dans une position
ambigüe élargit le champ d’influence. Mais comment alors les organisations
peuvent-elles tenir dans le temps ? C’est du côté du système d’action concret que les
quatre auteurs nous invitent à comprendre le passage vers un fonctionnement
collectif.
Le système d’action concret
Les auteurs citent l’exemple de cette PME qui informatise sa supply chain via un
logiciel performant et qui dans les premiers mois se heurtent à d’importantes
difficultés d’appropriation de la solution. Heureusement, les chefs d’ateliers se
confectionnent depuis longtemps des stocks clandestins pour satisfaire les besoins
des commerciaux, à l’encontre de l’organisation formelle nouvellement imposée. Cet
exemple n’est pas là pour réduire l’importance de l’organisation formelle mais pose la
question du repérage des logiques d’action que se donnent les acteurs pour
résoudre les problèmes quotidiens de l’action. Ainsi, avant l’arrivée de ce logiciel, les
chefs d’ateliers, et les vendeurs, les ouvriers professionnels et les magasiniers
avaient trouvé des moyens d’ajustement bien avant l’arrivée de l’informatique.

Leur jeu de pouvoir n’était donc pas machiavélique.


Chacun essayait de faire de son mieux, tant pour ses propres objectifs que pour le
maintien de l’entreprise et son développement. A côte de son côté pratique de
résolution de problèmes au quotidien, le système d’action concret concerne le
maintien de la structure par des mécanismes de régulation qui constituent alors
d’autres jeux. « C’est ce construit à la fois stable et souvent informel mais jamais
achevé qui permet aux acteurs d’établir dans les situations difficiles les
transactions nécessaires au maintien et à la poursuite de l’action. »
Ce qui ne dit pas, ou pas suffisamment assez, le système d’action concret de
l’analyse stratégique est la manière dont se construisent les règles. Tout un courant
sociologique s’intéresse, au-delà de l’analyse des organisations, à la production des
règles dans ces organisations.

1-3 La Régulation
La théorie sociologique de la régulation
(Reynaud 1989) répond à la question de
construction des règles, celles par lesquelles un groupe social se structure et devient
capable d’actions collectives. » A travers l’usage des postulats croziériens du
construit et de la liberté de l’acteur, J.D. Reynaud met l’accent sur la construction, en
récusant le recours à des valeurs (sauf à dire qu’elles sont elles aussi des
construits). Selon la théorie sociologique de la régulation, ces règles (dont l’ensemble
ainsi formé est appelé culture) sont le produit de la régulation conjointe, du
compromis négocié. C’est donc une culture que se créent et recréent en
permanence. « Il ne s’agit pas d’un système de valeurs, avec des contraintes qui
seraient données, elles sont le résultat des effets de la consultation et de la
négociation. » Pour autant, « se plaçant globalement dans la perspective de
l’analyse stratégique, elle a les mêmes points obscurs que celles-ci. Elle a du mal à
rendre compte de la permanence des règles et de leur continuité. Pourquoi les
acteurs créent-ils des règles ? ». Elle ne donne une réponse qu’en termes de
stratégie et de jeux. Pour les quatre auteurs,
introduire le concept d’identité, c’est permettre d’aller plus loin en montrant que les
finalités de ces stratégies ne sont pas qu’instrumentales, mais peuvent avoir comme
finalité pour un groupe de se définir lui-même.

1-4 Identité et culture

L’identité au travail :Une manière d’aborder concrètement la construction des


règles est de mettre l’accent sur les dimensions affectives, sur les positions
idéologiques des acteurs et sur les modes particuliers de calcul des possibilités de
gain et de perte.
Sainsaulieu repère alors quelques situations particulières, quelques modèles
d’identité au travail. Ces situations sont fondées sur trois éléments : l’expérience
quotidienne du travail et l’inégalité des rapports vécus face au savoir, à l’influence et
à la capacité d’action sur les règles, les expériences comme la formation et la
mobilité professionnelle, enfin, les grands changements techniques vécus dans
l’organisation permettant aussi de véritables apprentissages.
Le 1er modèle d’identité au travail est la fusion où l’on joue le groupe comme une
unité dans laquelle on se fonde, car il n’y a guère d’autres ressources que le collectif
. En revanche, lorsque les situations de travail permettent un accès aux positions
stratégiques, de type de celles des ouvriers qualifiés, on est devant un modèle
marqué par la négociation et l’acceptation des différences.
Les relations interpersonnelles sont riches et caractérisés par l’acceptation du
débat entre majorité et minorité. L’autorité imposée est refusée, mais les leaders qui
facilitent les relations dans le groupe sont reconnus.

Un 3ème modèle, celui des affinités, apparaît dans les situations de mobilité
professionnelle, où l’évolution individuelle a engendré une la perte d’appartenance
au groupe de travail. C’est le cas des ingénieurs et des cadres : Les valeurs de
promotion par le travail et de réussite personnelle se concrétisent en stratégies
autour de la carrière.
Un dernier modèle, celui du retrait se retrouve dans les situations où l’expérience
du pouvoir est tellement sporadique qu’elle ne permet qu’un faible investissement
dans les relations personnelles au travail : Le travail n’est pas une valeur mais une
nécessité économique.
La variable pertinente de ces modèles est celle de l’accès au pouvoir. « Approcher
l’identité à propos du pouvoir permet de réfuter l’accusation d’utilitarisme dans la lutte
pour le pouvoir et donc de mieux comprendre les raisons des stratégies. Bon nombre
de comportements ne sont pas directement tournés vers une stratégie de pouvoir
utilisant les opportunités de situations qui sont offertes. C’est même quasiment
l’inverse qui semble correspondre au réel et ces comportements ont des aspects de
gratuité au pouvoir et plus généralement à l’organisation » (Bernoux 1985).
Selon les quatre auteurs, le groupe agit pour se prouver à lui-même qu’il existe, pour
se faire reconnaître par les autres et pas seulement pour conquérir du pouvoir vis-à-
vis des autres. Même si « l’organisation est le royaume des relations de pouvoir, de
l’influence, du marchandage et du calcul » (Crozier et Friedberg 1997), l’action sert
aussi et autant aux groupes à se structurer à travers de la conquête de l’influence
des autres :
Le fait même d’entrer dans le jeu de la négociation, d’être reconnu comme
partenaire, est aussi important que le contenu des négociations elles-mêmes.
La culture
L’observation montre, en face de ce mouvement permanent de construction-
déconstruction bien mis en lumière par l’analyse stratégique, une certaine stabilité
des construits et des capacités d’action collective.
Le concept de culture a l’ambition de rendre compte de cette stabilité, de ses sources
et de sa permanence. Le concept de culture comporte beaucoup d’ambiguïtés. A un
extrême d’une échelle, on appellera culturalisme (Bourdon et Bourricaud 1983), le
système de valeurs d’une société constituant un ensemble original et cohérent
caractérisé par certaines valeurs dominantes formant un ensemble. A l’autre extrême
de la pensée de la culture, sous son aspect micro, on assimilera la culture au
système de règles régissant les relations dans des groupes, dont les entreprises.
Culture serait pris alors au sens que M. Crozier et E. Friedberg (1977) donnent au
système d’action concret, ensemble de régulations des relations. Michel Liu (1981) a
inventé le concept de « micro culture d’atelier » pour rendre compte de ces
différences à l’intérieur d’une même entreprise.

Dans cet ouvrage, c’est cette approche qui sera retenue par les auteurs.
Schein précise cette définition en ajoutant que la culture « est enseignée aux
nouveaux membres comme la manière correcte de penser et d’agir face à ses
problèmes » (1985) .
Cette définition présente la culture comme un construit. Cette définition élimine
l’aspect culturaliste, culture donnée une fois pour toute.

Les cultures nationales


Les auteurs rapportent que l’examen des entreprises comparables de pays
différents, voire du même pays, montre que des solutions apportées à des problèmes
identiques ne sont jamais les mêmes. La genèse de la culture se comprend à travers
les analyses comparatives entre cultures nationales, d’une part, cultures de métier,
de l’autre.
L’ouvrage de Maurice, Sellier et Silvestre (1982) a eu un grand retentissement parce
que à partir de la comparaison systématique menée entre la France et l’Allemagne,
il a renversé la thèse d’un modèle unique ou de modèles similaires de
développement dans les pays industrialisés. Les trois auteurs sont ainsi parvenus à
un triple sous-système nommé rapport qui compose le modèle national :
le rapport éducatif, c'est-à-dire la formation des travailleurs, les hiérarchies et les
qualifications, la mobilité,
le rapport organisationnel: les structures d’emploi, les rapports dans le travail, la
hiérarchie et l’encadrement, et le rapport industriel: les rémunérations, le
syndicalisme, les modes de conflits et de négociations.
De son côté, Philippe d’Iribarne (1989) a tenté de bâtir une autre approche des
cultures nationales en comparant des établissements semblables de la même
entreprise dans trois pays : France, Etats-Unis et Pays Bas. En référence à des
auteurs anciens (par exemple Montesquieu, L’Esprit des lois), il a cru les trouver. En
France, la primauté est attribuée à la logique de l’honneur: il faut avant tout tenir son
rang. Les Etats-Unis sont hantés par l’image du contrat. Les relations aux Pays-Bas
sont modelées par la conciliation et la recherche de consensualité.

Les cultures de travail


L’activité de travail est aussi
une autre source d’élaboration des cultures.

Les cultures de métier se constituent dans les communautés


professionnelles, à partir des expériences cumulées de capacités stratégiques
venant de
-la culture sociale antérieure
(origine rurale ou citadine)
qui trouve ses propres modes d’expression sur les lieux de travail
-les caractéristiques du travail à travers ses symboles (l’eau, le feu, la mécanique)

-L’organisation technique de la production (chaîne ou process)

1-5 La situation stratégique dans les relations aux pouvoirs


Le système des relations au travail (système de salaire, de promotion, de formation,
syndicalisme) . Cet ensemble de variables permet de reconstituer ce qui pour un
groupe social exerçant un métier particulier correspondrait à une culture.
CONCLUSION

La recherche classique sur la ville a surtout traité des thèmes majeurs comme le
processus de formation des villes et de l'urbanisme, l'analyse des randonnées et la
répartition des groupes de population dans les quartiers de la ville. C'était
principalement des analyses des faits au niveau macro, par exemple la répartition
des taux de criminalité, les taux de suicide, la répartition d'une minorité ou les
partisans d'une couche sociale sur les quartiers de la ville qui ont été décrit et
expliqué par les caractéristiques des quartiers.

Des études sur les effets des changements démographiques sur les villes par
exemple l'accroissement des ménages de jeunes célibataires ou des personnes
âgées font partie de ce type d'analyse macro. Les deux ont d'influence sur les lieux
d'habitation et les infrastructures mise à la disposition de ce groupe (écoles,
magasins, les installations de loisir). D'autres problèmes sont les conséquences des
NTIC sur les lieux d'habitation, la situation des lieux de travail et le trafic routier
(circulation) dans la ville. Un dernier domaine de l'étude macro est l'étude
comparative des villes. Il s'agit ici de la régularité dans la structure des villes et leur
développement en étapes, il s'agit aussi des disparités régionales dans un pays qui
ont pour cause le changement structurel de l'économie, il y a aussi la question
relative aux causes du déclin et de la montée des villes, tout comme la hiérarchie
nationale et internationale des villes. Contrairement aux études macro, les études
micro ou individuel s'occupent de l'analyse du comportement des populations de vie
des minorités ethniques et leur intégration sociale, les études sur le voisinage dans
les villes, les conditions de vie dans les agglomérations tout comme le réseau social
et les élites dans une communauté. Dans de telles études micro par exemple, la
répartition inégale des populations de la ville dans les quartiers est expliquée par
l'inégalité sociale (revenu) et le mode de vie.

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