Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
L'URBANISME
(EAMAU)
3è SEMESTRE, 2è partie
APEDJINOU A. K. Zacharie
Psychopédagogue, Sociopolitologue.
Tel (+228)90399921/99454901
Email: xevifr@yahoo.fr
BIBLIOGRAPHIE
La Sociologie urbaine est une sociologie spéciale qui s'occupe d'une part de l'étude
des rapports entre le développement social, économique et technologique dans une
société, d'autre part le développement social, d'autre part le développement/
l'évolution de l'espace et le comportement des individus dans les unités d'espace.
Les unités d'espace sont par exemple les régions, les agglomérations, les villes, les
quartiers ou les maisons/immeubles. Souvent ce sont des grandes villes avec une
population supérieure à 100.000 habitants qui font l'objet d'étude.
Par conséquent, les études sociologiques urbaines prennent en compte par exemple
la ville, le quartier, les individus tout comme les rapports qui les lient. Plus l'unité
d'espace est grande par exemple dans le cas d'une analyse empirique de toute une
ville, et/ ou plus le degré d'urbanisme d'une société est élevé, plus la ville fait l'objet
d'une analyse sociologique. Le développement des villes peut être décrit comme un
processus qui a différentes phases. Par l'immigration et les taux de natalité élevés, la
population des augmente. La ville s'étend à ses périphéries et devient une ville
région: le centre ville (la ville avec ses limites administratives) et les agglomérations.
L'ECOLE DE CHICAGO
SOMMAIRE
1-Introduction
5-1-1- Les sociologues de Chicago et leurs points de vue positifs sur l'immigration
5-1-3-1- La criminalité
Son fondateur Small le dirigea jusqu'en 1924. Il voit la Sociologie comme une
discipline spécifique centrée sur l'étude des formes concrètes de la vie sociale. Il
crée une revue American Journal of Sociology, rassemble des fonds, organise des
enseignement. Cet effort aboutira vers 1913 à faire du département de Chicago, le
plus important centre d'enseignement et de recherche du pays en Sociologie-
anthropologie.
Cette croissance démographique très rapide jusqu'en 1950 s'explique par l'afflux
massif de migrants ruraux et d'immigrants étrangers.
En 1886 et 1919, la ville est victime d'émeutes violentes qui traduisent un malaise
social. Les sociologues décident d'intervenir pour régler ces problèmes. Pour y
parvenir, ils cherchent à se placer au cœur de la vie des populations déracinées, afin
de mieux comprendre leur rapport à la société. Ils s'attachent à l'occupation de
l'espace, à la déviance, aux règles propres à une corporation ou à une bande.
Désormais le monde urbain est considéré comme une jungle.
Small et son équipe ont la vision d'une société dominée par le darwinisme social ou
le libéralisme de Spencer, compensée par la conviction de pouvoir contribuer
activement à l'amélioration du bien-être social (réformisme). Pour eux, le savoir doit
être utile à l'action sociale. Leur recherche évolue aussi vers ce qui se nomme
l'interactionnisme symbolique soutenant que la sociologie s'intéressent à la
conception que l'individu se fait du monde social. Ils privilégient l'observation directe
et le point de vue de l'acteur.
Après les années 1940, arrive une deuxième génération de chercheurs. Ils se
consacrent plus à l'étude des institutions et des milieux professionnels. Bien que ces
sociologues aient utilisé de nombreuses méthodes quantitatives et qualitatives,
historiques et bibliographiques, ils sont reconnu pour avoir introduit, en sociologie,
une nouvelle méthode d'investigation, largement inspirée des méthodes
ethnologiques, qu'est l'observation participante. Celle-ci leur permet alors de
comprendre le sens que les acteurs sociaux donnent aux situations qu'ils vivent. Les
principaux représentants de cette seconde Ecole sont notamment Erving Goffman,
Howard Becker, Anselm Strauss et Freidson. Everett Hughes apparaît lui comme un
maillon intermédiaire entre ces deux écoles.
Simmel
Georg Simmel est, avec Max Weber, une des figures les plus importantes de la
sociologie allemande classique. Dans Métropoles et Mentalités (1903), Simmel
cherche à caractériser l'influence de la ville sur la psychologie collective. Il veut
mettre en exergue l'émergence d'un acteur social, l'individu. C'est par une approche
socio-psychologique que Simmel cherche à comprendre comment la métropole,
composée de groupes sociaux diversifiés, influe sur le développement de l'individu.
Dans la métropole, l'individu, le sujet, peut s'affirmer en dehors des appartenances
traditionnelles en raison de son autonomie, de sa singularité. Il bénéficie de la
tension entre un mode de vie individuel et une mode de vie universel; il est dégagé
des appartenances. D'autres part, le citadin se trouve placé dans un milieu où il est
soumis à des stimulations diverses et excessives. Ces stimulations créent des
tensions qui le conduisent à adopter une "attitude blasée" qui est une attitude de repli
sur soi. Cette approche est reprise par Louis Wirth de l'Ecole de Chicago.
Wirth
Nels Anderson
Herbert Blumer
Ernest Burgess
Erving Goffman
Everett C. Hugues
Robert E. Park
Roderick D. Mackenzie
Albion Small
Anselm Strauss
William I. Thomas
William L. Warner
Louis Wirth
Florian Znaniecki
La ville de Chicago a connu une urbanisation extrêment rapide qui s'opérait de fond
de déracinements multiples, d'extrêmes hétérogénéité sociale et culturelle, de
déstabilisation permanente des activités, des statuts sociaux et des mentalités. Les
vagues successives de migrants transforment la ville, en même temps qu'ils s'y
adaptent en aménageant leur espace propre. L'instabilité de l'équilibre urbain est
l'illustration de la "désorganisation" que vivent certains groupes. La ville est un mode
de vie "éclaté": impersonnalité et superficialité des contacts; la montée de
l'individualisme mène à une différenciation sociale accrue. Chicago devint aussi le
lieu emblématique de la confrontation des origines et de cultures, ainsi que le
symbole même de la délinquance et de la criminalité organisée. Pour les sociologues
de son université, elle représentait un terrain d'observation privilégié ou, mieux
encore, pour reprendre le mot de Park, un véritable "laboratoire social".
The polish peasant in Europe and America a été publié en 1918. Thomas décide
de faire une étude sur l'immigration et l'intégration en suivant un groupe d'immigrants
en étudiant leur vie dans leur pays d'origine jusqu'a leur arrivée sur le sol américain.
Il choisit de prendre le peuple Polonais, à cause de la grande richesse des
documents existants à leur propos.
C'est un concept majeur dans l'étude de la grande ville américaine et qui implique de
nombreux changements sociaux.
- la troisième étape est l'adoption, Park le définit comme pouvant "être considérée
telle une conversion religieuse, comme une sorte de mutation". L'adaptation est un
phénomène social, qui concerne la culture en général, les habitudes sociales et le
technique, véhiculées par un groupe. Pendant cette phase, il y a coexistence entre
des groupes qui demeurent des rivaux potentiels mais qui acceptent leurs
différences.
- l'étape ultime après l'adaptation est selon Park l'assimilation, au cours de laquelle
les différences entre les groupes se sont estompées et leurs valeurs respectives
mélangées. L'assimilation est un phénomène de groupe, dans lequel les
organisations de défense de la culture immigrée par exemple, ou les journaux en
langues étrangères vont jouer un rôle déterminant. Park rejette l'hypothèse
communément admise à l'époque selon laquelle l'unité nationale exige une
homogénéité ethnique.
L'aire naturelle est un secteur (quartier) de la ville parce qu'il "naît sans dessein
préalable et remplit une fonction spécifique dans l'ensemble urbain; c'est une
aire naturelle parce qu'elle a une histoire naturelle" La constitution ce ces
secteurs apparaissent à Park spontanés, sous l'action de mouvements qui lui
semblent naturels.
la sociologie de l'Ecole de Chicago est légitimement célèbre pour ses études sur la
criminalité, la déviance et la délinquance juvénile, qui sont des questions liées
étroitement aux notions et concepts que nous venons de voir et qui constituent à
elles seules un champ dont nous allons maintenant examiner quelques unes des
œuvres principales.
5-1-3-1 La criminalité
En 1924, la guerre des gangs fait rage à Chicago et l'Illinois Association for Criminal
Justice décide de lancer une vaste enquête sur la criminalité. John Landesco publie
un rapport en 1929, Organized crime in Chicago, dans lequel il veut démontrer qu'il
existe entre le crime organisé et l'organisation de la ville. Selon lui, "de même
manière que le bon citoyen, le gangster est un produit de son environnement. Le bon
citoyen a été élevé dans une atmosphère de respect et d'obéissance à la loi. Le
gangster a fréquenté un quartier où la loi est au contraire enfreinte constamment."
Dans The Jack roller" a delinquent boy's own story", Clifford Shaw étudie la situation
d'un jeune délinquant qu'il suit depuis qu'il a 16ans. L'histoire de vie est un nouveau
dispositif de recherche dans le domaine de la criminologie. Shaw insiste pour les
histoires de vie soient vérifiées, croisées avec d'autres données, familiales,
historiques, médicales, psychologiques, scolaires bien que la "validité et la valeur
d'un document personnel ne dépendent pas de son objectivité ou de sa véracité", ce
qui importe n'est pas la description objective mais précisément les attitudes
personnelles. Il faut entrer dans le monde social du délinquant. C'est pourquoi le récit
doit à la 1ère personne, ne soit pas "traduit" par le langage du chercheur pour garder
l'objectivité du récit.
Shaw et Mac Kay, écrivent, Juvenile Delinquency and Urban Areas en 1942 où ils
proposent d'établir une écologie de la délinquance et du crime: Ils étendent la
recherche à d'autres grandes villes (Philadelphie, Boston, Cleveland, Cincinnati,
Richmond). Shaw et Mac Kay montrent que le développement des villes américaines
s'est manifesté par la création de zones d'habitat très différenciées. La criminalité est
associée à la structure physique de la ville: le taux de délinquance est élevé partout
où l'ordre social est désorganisé. Le fait d'habiter certaines partie de la ville est un
indicateur ou pronostic de la délinquance. Ils affirment qu'il n' y a pas de relation de
cause à effet entre un fort taux d'immigrés et un fort taux de criminalité: "les
délinquants ne le sont pas parce qu'ils sont fils d'immigrés ou parce qu'ils sont Noirs,
mais pour d'autres raisons qui tiennent à la situation dans laquelle ils vivent". Pour
comprendre et analyser les phénomènes de délinquance et de criminalité, il faut
prendre en compte 03 types de facteurs: le statut économique, la mobilité de la
population entraînent l'inefficacité des structures communautaires, ce qui entraîne un
affaiblissement du contrôle social, favorisant l'apparition de la criminalité.
Morris Janowitz, dans son ouvrage consacré à l'œuvre de Thomas, affirmait que "s'il
a existé une école de Chicago, elle a été caractérisée par une approche empirique
qui se propose d'étudier la société dans son ensemble". Cette conception de la
recherche va évidemment induire des techniques particulières de recherche sur le
terrain, qui seront regroupés l'expression de "sociologie qualitative". Il faut, en
premier lieu, préciser qu'il y a eu peu de réflexions méthodologiques dans la plupart
des monographies de l'Ecole de Chicago. C'est surtout Park, qui a été journaliste de
1891 à 1898 qui a introduit l'idée de pouvoir utiliser les méthodes de l'ethnographie
pour l'étude des rapports sociaux urbains.
C'est un aspect mal connu de l'Ecole de Chicago que d'avoir été une sociologie
fondée sur des sources documentaires. Park constitue un véritable fonds
documentaire sur la ville. Véritable banque de données élaborée, augmentée, mise à
jour qui sera utilisée par tous les étudiants voulant travailler sur la ville.
Quand on fait référence à l'Ecole de Chicago on pense tout de suite à son innovation
méthodologique qui s'approche le plus de la sociologie qualitative: l'observation
participante. Il n'est pas étonnant qu'on retrouve chez les sociologues de Chicago la
posture méthodologique d'obédience interactionniste qui prend en effet toujours
appui sur les diverses formes d'observation participante. Patricia et Peter Adler
distinguent 03 grandes catégories de position de recherche de terrain:
-rôle "périphérique": le chercheur est en contact étroit et prolongé avec les membres
du groupe mais ne participe pas (soit en raison de croyances épistémologiques, soit
parce que moralement il s'interdit de participer aux actions délinquantes, ou parce
que ses propres caractéristiques démographiques ou socioculturelles l'en
empêchent).
Il est abusif d'employer le terme d'observation participante pour le simple fait d'aller
sur le terrain. Park insistait pour que le scientifique observe mais ne participe pas, il
recommandait une attitude détachée. Position qui peut paraître surprenante si on
considère que l'Ecole de Chicago a été le modèle théorique et méthodologique de
l'observation participante. Park réagissait ainsi en réaction au courant dominant
précédant dans la sociologie à Chicago (1915-1950), deux (02) après 1940 ont
employé l'observation participante "complète" rôle à temps plein dans la
communauté étudiée), six (06) ont impliqué le chercheur dans un temps partiel, les
autres (2/3) n'ont pas utilisé la moindre technique d'observation. En fait , Ecole de
Chicago a réalisé peu d'enquête directement sur le terrain, surtout matériaux
biographiques (récits d'individus). Il est sans doute souhaitable de rectifier le mythe
selon lequel l'Ecole de Chicago serait le modèle de l'observation participante. Ecole
de Chicago est le berceau d'une variété d'approches empiriques, en particulier dans
la sociologie urbaine pratique, inaugure l'enquête directe auprès d'individus.
Il faut attendre pratiquement la fin des années 1950 pour voir apparaître, à l'instar de
la sociologie quantitative qui a très vite produit des réflexions méthodologiques
sophistiquées, des débats sur les méthodologies de type qualitatif en usage dans la
sociologie. La suprématie de l'Ecole de Chicago prit fin avec la rébellion de 1935 au
sein de la société américaine de Sociologie où il y a eu une utilisation grandissante
des techniques de recherche quantitative. Ces techniques de quantification étaient
déjà présentes à Chicago. James Field y enseignait les statistiques dès 1908 ( dans
le département d'économie politique et Small encourageait les étudiants à y aller). En
1927, Field meurt et est remplacé par W. Ogburn qui quitte son poste de Columbia.
Ogburn était favorable aux histoires de vie mais pour lui elles étaient utiles pour
constituer des hypothèses qu'il s'agissait de tester statistiquement. Burgess en 1928
suit son cours. La tendance majoritaire dans la sociologie de Chicago demeurait
certes les études qualitatives de terrain et les études de cas mais les statistiques ne
faisaient pas seulement l'objet d'un enseignement, elles étaient mises en œuvre
dans des enquêtes sur l'abstention aux élections par exemple ou dans les
recensements. Emploi par Burgess de statistiques simples. En 1927 , il rapproche
les statistiques et les études de cas: "Les méthodes des statistiques et l'étude de cas
n'entrent pas en conflit entre elles; elles sont en fait mutuellement complémentaires.
Les comparaisons statistiques et les corrélations peuvent souvent suggérer des
pistes pour la recherche faite à l'aide de l'étude de cas, et les matériaux
documentaires, en mettant au jour des processus sociaux, mettront inévitablement
sur la voie d'indicateurs statistiques plus adéquats. Cependant, si l'on veut que la
statistique et l'étude de cas apportent chacune leur pleine contribution en tant
qu'outils de recherche sociologique, il faut leur garantir une égale reconnaissance et
fournir l'occasion à chacune des 02 méthodes de perfectionner sa technique propre.
Par ailleurs, l'interaction des 02 méthodes sera incontestablement féconde".
Ecologie urbaine: comme dans le milieu naturel, l'individu s'adapte à la ville qu'il
modifie à son tour. Cette communauté humaine se caractérise par des équilibres et
des déséquilibres entre les groupes en concurrence. Les sociologues tentent
d'expliquer ainsi la perpétuelle recomposition à laquelle est soumise la ville de
Chicago.
Les attitudes du citadin moderne : Ce sont des attitudes de repli sur soi, de
l'égoïsme, de l'individualisme. Il est un calculateur minutieux de ses dépenses.
Tout se déroule dans sa tête ou son psychisme. Les contacts humains sont marqués
par la superficialité dans les grandes villes. Dans la grande ville l'individu essaye de
conserver son autonomie sa façon propre d'être face à toutes les stimulations
(stress) auxquelles il est exposé. Ces stimulations conduisent l'individu à avoir une
attitude blasée (attitude d'indifférence). Face aux évènements l'individu devient
insensible. Ceci est dû au fait que l'individu a vécu plusieurs fois le même
phénomène. Quand les stimulations atteignent le paroxysme cela entraîne chez le
citadin une attitude de repli sur soi et une aversion vis a-à-vis du voisin qu'il voit
depuis plusieurs années. Toute la vie de l'individu en ville n'est pas exposée au vu et
au su de tout monde comme c'est cas dans un village ou une zone rurale.
SOMMAIRE :
II – OBJECTIFS DE L’OUVRAGE
Les auteurs se fixent dans cette ouvrage trois objectifs.
Premièrement, rendre compréhensible auprès de la population des managers et
gestionnaires, le fond, le contenu constitué des différents apports de
la sociologie. Les auteurs pensent en effet que ceci est un problème aujourd’hui,
tant, par exemple, certains souffrent d’une forme aridité assez relevée.
Cet objectif constitue globalement le contenu des trois premiers chapitres.
Le deuxième objectif – situé dans le quatrième chapitre - est d’élaborer une
méthodologie d’analyse et d’intervention de nature sociologique. Cette méthodologie
qui doit être suffisamment souple et simple pour pouvoir être utilisée par des
managers de tout horizon et compatible avec les leviers qui sont les leurs, doit aussi
à l’inverse être suffisamment dense pour prendre en compte l’ensemble des
dimensions de la problématique du changement.
Le troisième objectif est d’identifier les nouveaux horizons de la sociologie, c'est-à-
dire les nouveaux axes de recherches rendus nécessaires par l’évolution de notre
société et les dernières études (non qualifiées encore d’école), qui peuvent
être susceptibles de fonder et d’alimenter le corpus de la nouvelle sociologie. C’est le
dernier chapitre.
Les leviers utilisés
Disons le tout de suite, ce qui est remarquable dans cet ouvrage, c’est la sensation
que l’on a d’être dans un roman policier (tout au moins dans les trois premiers
chapitres, les deux suivants se prêtant plus difficilement à cet exercice du fait de leur
contenu même).
L’apothéose est sans doute le passage où les auteurs racontent l’histoire de la
coquille Saint Jacques de la baie de Saint Brieux et c’est en tout point remarquable
quand on considère la difficulté des concepts manipulés (point de passage obligé,
investissement de formes,...). On peut citer aussi cette recherche, cette « traque » de
la logique de coopération (pour quelle raison les acteurs cherchent-ils aussi à
coopérer ?), où les passages dans les thèses de Bourdieu, Raynaud, Boltanski, ...
sont explorés comme les hypothèses que Hercule Poirot étudie scrupuleusement
avant de déduire que la vérité sur cette question est encore ailleurs.
Les exemples cités sont nombreux : les techniciens de maintenance
de « Altadis », le projet Aramis, la controverse Pasteur, les coquilles Saint Jacques...
Les auteurs ont manifestement eu le souci d’alterner apports théoriques puissants et
exemples frappants.
Cette qualité de l’écriture apporte bien plus – étrangement – que les études de cas.
Encore une preuve de l’enjeu fondamental de savoir écrire et raconter.
III – THESES DES 04 AUTEURS DE L'OUVRAGE
La thèse principale est que les différentes écoles sociologiques retracées dans les
chapitres 1, 2 et 3, sont compatibles.
Chaque fin de chapitre est l’objet d’une comparaison minutieuse des concepts et
des définitions. C’est une idée forte car les auteurs des écrits cités en référence,
réfutent plus ou moins eux-mêmes cette idée d’intégration. Soit ils ne citent pas – le
plus souvent - leurs confrères, soit en certaines occasions, ils remettent en cause
directement les écrits de leurs concurrents. Les quatre auteurs remarquant tout juste
une évolution récente de cette situation, où les «coopérations » semblent aller de
l’avant.
Dans cet ouvrage, les quatre auteurs défendent l’indéfendable, réconcilient
l’inconciliable et montrent que ces théories « ne sont pas si rivales que cela ».
Cette thèse est importante sur le plan théorique d’une part, mais aussi et surtout sur
le plan pratique. « La fragmentation théorique nuit à la crédibilité de la sociologie de
l’entreprise » (p. 192). Il est clair que tant qu’un ensemble n’est pas accordé, il est
illusoire – selon les auteurs – de croire qu’il va être facile néanmoins de l’utiliser en
entreprise. Et ce pour deux raisons :
-mobilisation d’idées contraires, qu’un gestionnaire ne manquera pas de pointer
Selon les quatre auteurs, une des limites de la théorie de la contingence est qu’elle
ne met pas en lumière le rôle de l’acteur stratégique autrement que par le fait que les
jeux d’acteurs nuisent à l’émergence du modèle qui serait le plus approprié selon
cette théorie. Tout cela est manifeste dans son 7ème modèle «
l’arène politique» qui est présentée de manière négative.
Une autre limite selon les quatre auteurs est que chez Mintzberg l’apparition des
configurations est présentée comme une adaptation nécessaire à l’environnement. «
Or ce type d’évidence est profondément négateur de la liberté qui caractérise les
organisations et les humains». Profondément utile, cette théorie ne permet pas de
comprendre comment les acteurs peuvent être à la fois ceux qui construisent le
système et le font évoluer. C’est l’apport de l’analyse stratégique
-Le pouvoir n’existe pas dans l’absolu ; il surgit autour des zones d’incertitudes.
Quelques positions procurent cependant des ressources importantes permettant plus
particulièrement le contrôle des sources du pouvoir. C’est d’abord l’expertise, à
condition qu’elle soit pertinente pour résoudre le problème auquel on est confronté.
Ce n’est donc pas l’expertise en soi qui qu’il s’agit, mais de la compétence pertinent,
pour réparer une machine par exemple. Il en va de même pour l’information. Une
autre source concrète du pouvoir concerne les positions dans un réseau de
communication.
-Etre un relais efficace
avec l’environnement, avoir un « réseau » est non seulement utile pour l’organisation
mais donne du pouvoir. Enfin, la capacité d’action sur les règles du jeu
est importante.
-Etre capable d’édicter le(s) droit(s ) ou d’interpréter la règle dans une position
ambigüe élargit le champ d’influence. Mais comment alors les organisations
peuvent-elles tenir dans le temps ? C’est du côté du système d’action concret que les
quatre auteurs nous invitent à comprendre le passage vers un fonctionnement
collectif.
Le système d’action concret
Les auteurs citent l’exemple de cette PME qui informatise sa supply chain via un
logiciel performant et qui dans les premiers mois se heurtent à d’importantes
difficultés d’appropriation de la solution. Heureusement, les chefs d’ateliers se
confectionnent depuis longtemps des stocks clandestins pour satisfaire les besoins
des commerciaux, à l’encontre de l’organisation formelle nouvellement imposée. Cet
exemple n’est pas là pour réduire l’importance de l’organisation formelle mais pose la
question du repérage des logiques d’action que se donnent les acteurs pour
résoudre les problèmes quotidiens de l’action. Ainsi, avant l’arrivée de ce logiciel, les
chefs d’ateliers, et les vendeurs, les ouvriers professionnels et les magasiniers
avaient trouvé des moyens d’ajustement bien avant l’arrivée de l’informatique.
1-3 La Régulation
La théorie sociologique de la régulation
(Reynaud 1989) répond à la question de
construction des règles, celles par lesquelles un groupe social se structure et devient
capable d’actions collectives. » A travers l’usage des postulats croziériens du
construit et de la liberté de l’acteur, J.D. Reynaud met l’accent sur la construction, en
récusant le recours à des valeurs (sauf à dire qu’elles sont elles aussi des
construits). Selon la théorie sociologique de la régulation, ces règles (dont l’ensemble
ainsi formé est appelé culture) sont le produit de la régulation conjointe, du
compromis négocié. C’est donc une culture que se créent et recréent en
permanence. « Il ne s’agit pas d’un système de valeurs, avec des contraintes qui
seraient données, elles sont le résultat des effets de la consultation et de la
négociation. » Pour autant, « se plaçant globalement dans la perspective de
l’analyse stratégique, elle a les mêmes points obscurs que celles-ci. Elle a du mal à
rendre compte de la permanence des règles et de leur continuité. Pourquoi les
acteurs créent-ils des règles ? ». Elle ne donne une réponse qu’en termes de
stratégie et de jeux. Pour les quatre auteurs,
introduire le concept d’identité, c’est permettre d’aller plus loin en montrant que les
finalités de ces stratégies ne sont pas qu’instrumentales, mais peuvent avoir comme
finalité pour un groupe de se définir lui-même.
Un 3ème modèle, celui des affinités, apparaît dans les situations de mobilité
professionnelle, où l’évolution individuelle a engendré une la perte d’appartenance
au groupe de travail. C’est le cas des ingénieurs et des cadres : Les valeurs de
promotion par le travail et de réussite personnelle se concrétisent en stratégies
autour de la carrière.
Un dernier modèle, celui du retrait se retrouve dans les situations où l’expérience
du pouvoir est tellement sporadique qu’elle ne permet qu’un faible investissement
dans les relations personnelles au travail : Le travail n’est pas une valeur mais une
nécessité économique.
La variable pertinente de ces modèles est celle de l’accès au pouvoir. « Approcher
l’identité à propos du pouvoir permet de réfuter l’accusation d’utilitarisme dans la lutte
pour le pouvoir et donc de mieux comprendre les raisons des stratégies. Bon nombre
de comportements ne sont pas directement tournés vers une stratégie de pouvoir
utilisant les opportunités de situations qui sont offertes. C’est même quasiment
l’inverse qui semble correspondre au réel et ces comportements ont des aspects de
gratuité au pouvoir et plus généralement à l’organisation » (Bernoux 1985).
Selon les quatre auteurs, le groupe agit pour se prouver à lui-même qu’il existe, pour
se faire reconnaître par les autres et pas seulement pour conquérir du pouvoir vis-à-
vis des autres. Même si « l’organisation est le royaume des relations de pouvoir, de
l’influence, du marchandage et du calcul » (Crozier et Friedberg 1997), l’action sert
aussi et autant aux groupes à se structurer à travers de la conquête de l’influence
des autres :
Le fait même d’entrer dans le jeu de la négociation, d’être reconnu comme
partenaire, est aussi important que le contenu des négociations elles-mêmes.
La culture
L’observation montre, en face de ce mouvement permanent de construction-
déconstruction bien mis en lumière par l’analyse stratégique, une certaine stabilité
des construits et des capacités d’action collective.
Le concept de culture a l’ambition de rendre compte de cette stabilité, de ses sources
et de sa permanence. Le concept de culture comporte beaucoup d’ambiguïtés. A un
extrême d’une échelle, on appellera culturalisme (Bourdon et Bourricaud 1983), le
système de valeurs d’une société constituant un ensemble original et cohérent
caractérisé par certaines valeurs dominantes formant un ensemble. A l’autre extrême
de la pensée de la culture, sous son aspect micro, on assimilera la culture au
système de règles régissant les relations dans des groupes, dont les entreprises.
Culture serait pris alors au sens que M. Crozier et E. Friedberg (1977) donnent au
système d’action concret, ensemble de régulations des relations. Michel Liu (1981) a
inventé le concept de « micro culture d’atelier » pour rendre compte de ces
différences à l’intérieur d’une même entreprise.
Dans cet ouvrage, c’est cette approche qui sera retenue par les auteurs.
Schein précise cette définition en ajoutant que la culture « est enseignée aux
nouveaux membres comme la manière correcte de penser et d’agir face à ses
problèmes » (1985) .
Cette définition présente la culture comme un construit. Cette définition élimine
l’aspect culturaliste, culture donnée une fois pour toute.
La recherche classique sur la ville a surtout traité des thèmes majeurs comme le
processus de formation des villes et de l'urbanisme, l'analyse des randonnées et la
répartition des groupes de population dans les quartiers de la ville. C'était
principalement des analyses des faits au niveau macro, par exemple la répartition
des taux de criminalité, les taux de suicide, la répartition d'une minorité ou les
partisans d'une couche sociale sur les quartiers de la ville qui ont été décrit et
expliqué par les caractéristiques des quartiers.
Des études sur les effets des changements démographiques sur les villes par
exemple l'accroissement des ménages de jeunes célibataires ou des personnes
âgées font partie de ce type d'analyse macro. Les deux ont d'influence sur les lieux
d'habitation et les infrastructures mise à la disposition de ce groupe (écoles,
magasins, les installations de loisir). D'autres problèmes sont les conséquences des
NTIC sur les lieux d'habitation, la situation des lieux de travail et le trafic routier
(circulation) dans la ville. Un dernier domaine de l'étude macro est l'étude
comparative des villes. Il s'agit ici de la régularité dans la structure des villes et leur
développement en étapes, il s'agit aussi des disparités régionales dans un pays qui
ont pour cause le changement structurel de l'économie, il y a aussi la question
relative aux causes du déclin et de la montée des villes, tout comme la hiérarchie
nationale et internationale des villes. Contrairement aux études macro, les études
micro ou individuel s'occupent de l'analyse du comportement des populations de vie
des minorités ethniques et leur intégration sociale, les études sur le voisinage dans
les villes, les conditions de vie dans les agglomérations tout comme le réseau social
et les élites dans une communauté. Dans de telles études micro par exemple, la
répartition inégale des populations de la ville dans les quartiers est expliquée par
l'inégalité sociale (revenu) et le mode de vie.