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Notions de droit européen

Aurélie Bruyère
Pascaline Goffin

Droit européen
20232024
Introduction
L’Union européenne est un processus en cours depuis plus de 70 ans. Il s’agit d’une entité
complexe, dont la définition ne va pas de soi.

Ni vraiment une organisation internationale classique, ni vraiment un Etat fédéral, l’Union


européenne répond à des règles de fonctionnement spécifiques et forme un modèle
unique. Les pays qui la composent, appelés Etats membres, restent souverains ; mais ils
exercent leur souveraineté en commun dans bon nombre de domaines, pour acquérir une
influence plus importante sur la scène internationale.

Le cours de droit européen a pour objectif de rendre plus transparent le fonctionnement


de l’Union européenne, en décrivant les principales institutions qui la constituent et le
type de politiques qu’elle met en œuvre.

Au fil des années, l’Union européenne a beaucoup influencé les normes de droit belge,
notamment en matière fiscale, sociale, commerciale, et comptable1.

Objet du cours

Le droit européen :

 Droit (objectif) = ensemble des règles de conduite qui visent à régir les relations
entre les hommes vivant en société et qui sont sanctionnées par l’autorité
publique.
Il existe deux grandes branches dans le droit objectif :
- Le droit privé : ensemble des dispositions qui régissent les rapports des particuliers entre eux
(ex : le droit des obligations et des contrats ; le droit des assurances)
- Le droit public : ensemble des règles qui d’une part ont trait à l’organisation de l’Etat et qui
d’autre part régissent les rapports entre l’Etat et le citoyen (ex : le droit pénal ; le droit
administratif ; le droit fiscal)

 Européen = relevant de l’Union européenne.

Pour comprendre le droit européen, objet de ce cours, il est nécessaire de posséder


certaines notions de droit public interne, de saisir comment fonctionne un État et
comment il interagit avec les autres États (droit international public). Alors seulement,

1
Voir par exemple, la directive 2013/34/UE qui énonce, en ses articles 4 à 6, les principes généraux de la
comptabilité.
2

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nous pourrons nous pencher sur les relations entre États (membres) au sein de l’Union
européenne. Telle est la raison d’être de la présente introduction.

I. DROIT PUBLIC INTERNE


L’État

À la base de tout État, il y a un Souverain qui détient le pouvoir.

La souveraineté signifie que « l’État jouit de l’indépendance par rapport aux autres États.
Il ne peut être forcé à faire partie d’une organisation quelconque, ni à effectuer quelque
chose contre son gré. Un État souverain exerce ses compétences sans devoir en référer à
quiconque. Il jouit de l’exclusivité des compétences sur son territoire »2.

On parle d’ailleurs du pouvoir souverain (ou pouvoir du souverain) pour désigner ce pouvoir
« premier », « vierge », celui détenu en propre et qui n’est pas limité par des engagements
antérieurs.

Mais ce pouvoir devra être délégué selon des règles spécifiques définies par le Souverain
et contrôlées (directement ou indirectement) par lui.

Dans nos sociétés modernes,


 le souverain = le peuple (expression « souveraineté nationale ») > DÉMOCRATIE3
 « le » délégué = l’État
 les règles de délégation et d’exercice du pouvoir = la Constitution.

L’État est donc un instrument juridique au service du peuple souverain ; c’est la structure
de l’appareil qui exerce le pouvoir.
Remarque : si l’État et son pouvoir émanent d’un souverain (le peuple), il côtoie d’autres États qui
répondent à la même définition. Dans les relations internationales, on parle souvent d’« États
souverains » même si, à l’intérieur, on constate que l’État n’est qu’un délégué.

La Constitution

La Constitution est l’acte juridique majeur du Souverain par lequel il crée l’État et le
façonne à sa guise. Des Institutions (ou organes) sont mises en place, chargées d’exercer
des portions de pouvoirs, des compétences.

2
F. DEHOUSSE, Droit international public.
3
Voir notamment l’article 33 de la Constitution « Tous les pouvoirs émanent de la Nation ».
3

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Remarque : le mot « souverain » est parfois associé au Roi > héritage historique (pré-révolution)
qui a persisté dans les usages de la Cour. Pourtant le Roi n’est qu’un organe de l’État, un délégué
qui n’exerce que les compétences que la Constitution lui attribue.

Une Constitution a essentiellement 2 fonctions :

1. Organiser le pouvoir en déterminant la structure de l’État et en réglant son


fonctionnement.
Voy. : la Table des matières de la Constitution belge
Ex. : « La Belgique est un État fédéral qui se compose des communautés et des régions » (art. 1er
Const.) ; l’article 2 qui énumère les trois communautés ; l’article 3 qui consacre l’existence de trois
régions.

2. Garantir aux citoyens des droits et des libertés qui valent dans leurs rapports avec
l’État.
Voy. : le Titre II de la Constitution belge
Ex. : « Les Belges sont égaux devant la loi » (art. 10, al. 2 Const.) ; « L'égalité des femmes et des
hommes est garantie » (art. 10, al. 3 Const.) ; « La jouissance des droits et libertés reconnus aux
Belges doit être assurée sans discrimination » (art. 11 Const.) ; « La liberté individuelle est garantie.
Nul ne peut être poursuivi que dans les cas prévus par la loi, et dans la forme qu'elle prescrit. Hors
le cas de flagrant délit, nul ne peut être arrêté qu'en vertu de l'ordonnance motivée du juge, qui doit
être signifiée au moment de l'arrestation, ou au plus tard dans les vingt-quatre heures » (art. 12
Const.) ; « Nulle peine ne peut être établie ni appliquée qu'en vertu de la loi » (art. 14 Const.) ; « La
peine de mort est abolie » (art. 14bis Const.) ; « Le domicile est inviolable; aucune visite domiciliaire
ne peut avoir lieu que dans les cas prévus par la loi et dans la forme qu'elle prescrit » (art. 15
Const.) ; « Chacun a droit au respect de sa vie privée et familiale, sauf dans les cas et conditions fixés
par la loi » (art. 22 Const.) ; « La presse est libre; la censure ne pourra jamais être établie » (art. 25
Const.) ; « Les Belges ont le droit de s'assembler paisiblement et sans armes, en se conformant aux
lois qui peuvent régler l'exercice de ce droit, sans néanmoins le soumettre à une autorisation
préalable » (art. 26 Const.) ; « Les Belges ont le droit de s'associer; ce droit ne peut être soumis à
aucune mesure préventive » (art. 27 Const.) ; « Le secret des lettres est inviolable » (art. 29 Const.).

Un texte juridique qui remplit ces deux fonctions, qui possède un tel contenu est considéré
comme une Constitution au sens matériel. C’est donc le contenu de la norme qui lui
donne cette qualité.

Les règles de droit déposées dans un texte intitulé « Constitution » ou « Charte


fondamentale » = Constitution au sens formel. C’est donc la forme de la norme qui lui
donne cette qualité.

Le plus souvent, Constitution au sens matériel et au sens formel coïncident (ex : article 10
et 11 de la Constitution), autrement dit une Constitution est à la fois matérielle (cfr.
contenu) et formelle (cfr. appellation) mais pas toujours (infra) (ex : article 118bis de la
Constitution qui est une norme constitutionnelle au sens formel mais non au sens
matériel) (ex : avant 2014, aucune norme de la Constitution ne mentionnait les partis
politiques, alors que ceux-ci exercent un rôle fondamental dans le fonctionnement d’un
État démocratique).

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La Constitution est LA norme supérieure : elle est au sommet de la hiérarchie des
normes. Cela signifie que tous les actes juridiques d’exercice de la souveraineté par l’État
doivent être conformes à la Constitution, la respecter. Cette conformité des règles de droit
à la Constitution est contrôlée essentiellement par la Cour constitutionnelle qui peut
sanctionner les règles « anticonstitutionnelles » (les écarter ou les annuler).

La Constitution est dite « rigide », dans ce sens que sa modification est soumise à une
procédure très lourde (Voy. Titre VIII Const. et l’article 195 Const.).

Les compétences matérielles de l’État

De quoi un État doit-il s’occuper ? Que prend-il en charge ?

L’État a vocation à régir tous les aspects de la vie sociale.

Certaines des compétences de l’État sont plus ou moins incontournables dans l’espace et
le temps : perception de l’impôt (fiscalité – budget), levée des troupes (défense ou guerre),
maintien de l’ordre à l’intérieur du Pays (affaires intérieures), acte de rendre la justice,
conduite des relations extérieures avec d’autres États notamment par la diplomatie
(affaires étrangères).

D’autres compétences sont apparues rapidement pour compléter les premières, dites
« d’autorité » : des compétences de type social (sécurité sociale, législation sur travail,
protection des enfants, des handicapés) ; de type économique (protection de la
concurrence, des consommateurs, contrôle des prix) ; de type culturel (enseignement,
médias, sports) ; de protection du bien commun (patrimoine culturel, aménagement du
territoire, environnement).

Rapprochez : les attributions des différents ministres.

Le Fédéralisme

Un État peut être organisé de différentes manières.

1. État centralisé > la Constitution confie des compétences à des organes qui ne sont
rattachés qu’à une seule et même entité : l’État, le pouvoir central. La totalité du
pouvoir est exercée par l’autorité centrale. Il peut y avoir de nombreux organes mais
ils sont tous rattachés à l’État au singulier (ex. : ministres, Parlement, Roi).

2. État décentralisé > l’État n’est plus seul : il y a d’autres entités « à côté » (ou plutôt
« en dessous ») de lui qui sont organisées par la Constitution et qui exercent une part
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du pouvoir souverain (ex. en Belgique : Communes et Provinces ; voy. la table des
matières de la Constitution). L’Etat va donc confier l’exercice de certaines fonctions à
une structure administrative spéciale, dotée à la fois d’une personnalité juridique
propre et d’une autonomie de gestion.

Ces autorités décentralisées jouissent d’une certaine autonomie mais celle-ci est limitée.
L’État (autorité centrale) garde la « mainmise » : c’est lui qui décide de leurs compétences,
de leurs structures et qui peut en changer par de simples lois. De plus, l’État exerce sur les
entités décentralisées une tutelle, c’est-à-dire un contrôle > l’État même décentralisé
reste unitaire. Donc, l’Etat délègue certaines compétences mais garde le contrôle via la
tutelle.

3. État fédéral > C’est la modalité qui offre le plus grand degré d’autonomie à une entité
non souveraine. L’Etat fédéral reste un seul et même Etat, dans lequel les compétences
sont réparties entre l’autorité fédérale (l’Etat), et les entités fédérées qui disposent
d’une large autonomie et de compétences propres (ex : les Régions, les communautés,
les Länders en Allemagne, etc).
Ainsi, la Belgique est un Etat fédéral. Les compétences sont réparties entre l’autorité
fédérale, et les entités fédérées. Par exemple, la justice est confiée à l’Etat fédéral. Les
décisions relatives à l’organisation des cours et tribunaux sont prises par l’autorité
fédérale et s’appliquent sur l’ensemble du territoire. Par contre, d’autres matières sont
confiées intégralement aux entités fédérées. Par exemple, la matière de
l’enseignement est confiée aux communautés. La communauté française a donc pu
décider de modifier les congés scolaires intégralement, sans que l’autorité fédérale
n’interviennent dans le processus de décision et sans que ces règles aient un impact
en Flandre.

On parle de fédéralisme face à l’organisation d’un État composé : un État fédéral et


des « États membres ». Un État fédéral est un État dans lequel les compétences sont
partagées entre plusieurs niveaux de pouvoirs : une entité fédérale (l’État) et des
entités fédérées relativement autonomes (ex : les Régions et Communautés belges, les
Länder allemands, …)

La définition n’est pas évidente car chaque système fédéral est singulier, original,
différent.

Ce qu’on peut affirmer c’est que le fédéralisme est


 tantôt centripète : plusieurs Etats indépendants s’associent et deviennent les entités
fédérées d’un nouvel Etat souverain, créé en quelque sorte au dessus d’eux et perdent
à cette occasion leur propre souveraineté (ex. : USA, qui sont nés de la fusion de 13
États indépendants et souverains qui ont décidé de mettre en commun l’exercice de
certaines compétences confiées à une nouvelle structure : la Fédération. À côté des

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Constitutions de chaque État membre des USA, naît une nouvelle Constitution
fédérale) ;
 tantôt centrifuge qui est le fruit d’un mouvement inverse : un Etat jusqu’alors unitaire
devient fédéral pour satisfaire aux revendications d’autonomie de certaines
populations nationales, comme en Belgique (État unitaire à l’origine qui se dissocie,
éclate au bénéfice de nouvelles entités fédérées avec qui il coexiste : in casu 3
Communautés et 3 Régions, avec lesquelles l’État fédéral partage « ses »
compétences).

Remarque sur la différence entre la décentralisation en Belgique et le fédéralisme belge :


les entités fédérées belges ont beaucoup plus d’autonomie que les autorités décentralisées
qui restent largement subordonnées au pouvoir central (tutelle notamment). Dans le
fédéralisme, ce pouvoir central est partagé entre l’État fédéral, les Communautés et les
Régions qui sont avec lui sur un pied d’égalité (pas de tutelle) > l’État perd son caractère
unitaire.

La Séparation des pouvoirs

L’idée de base est que quiconque possède du pouvoir est tenté d’en abuser > on
fractionne, on limite ces portions de pouvoirs et chaque titulaire d’un pouvoir est contrôlé
par les autres > organes indépendants les uns des autres, autonomes pour s’organiser, et
titulaires de certaines compétences à eux (desquelles ils ne peuvent pas sortir).
 « Il faut que le pouvoir arrête le pouvoir ».

Nous avons vu les différentes compétences d’un État (fonctions ou compétences


matérielles). Mais il faut définir comment ces compétences sont exercées et par qui.

Pour répondre à ces questions, on peut s’en référer au principe de la séparation des
pouvoirs. Autrement dit, différents organes créés par la Constitution vont se voir
attribuer des prérogatives pour agir sur les plans législatifs, exécutifs et judiciaires.

En synthèse, le pouvoir législatif consiste à faire les lois et à contrôler le pouvoir


exécutif ; le pouvoir exécutif consiste à exécuter les lois et diriger le pays ; quant au
pouvoir judiciaire, il implique de statuer sur les litiges et de rendre la justice.

Le principe de séparation des pouvoirs est très ancien (Montesquieu) et vise à éviter la
tyrannie > organes indépendants les uns des autres, autonomes pour s’organiser, et
titulaires de certaines compétences (desquelles ils ne peuvent pas sortir).

Certes, ce principe est relatif chez nous notamment parce que certains organes sont
titulaires de plusieurs pouvoirs (ex : le Gouvernement qui exécute mais qui peut faire des
projets de loi, soumis au parlement) ; certains organes participent à d’autres pouvoirs que
celui qu’ils incarnent principalement (relations entre eux). Et puis ce principe ne rend pas
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compte de toute la réalité des institutions belges : la Cour constitutionnelle, le Conseil
d’État, le Conseil supérieur de la justice, les autorités décentralisées n’apparaissent pas
dans notre tableau.

Pourtant, outre qu’il présente des vertus didactiques, le principe de séparation des
pouvoirs domine le droit constitutionnel belge : chaque pouvoir doit respecter ses
propres compétences en n’empiétant pas sur celles d’un autre.

Pouvoir législatif Pouvoir exécutif Pouvoir


judiciaire
Fédéral Législateur fédéral  Roi  Cours et
 Roi  Gouvernement Tribunaux
 Chambre des fédéral
représentants
 Sénat (parfois)
 lois fédérales  arrêtés royaux  Jugements et
et règlements arrêts
Communautés Législateur  Gouvernements
et Régions communautaire communautaires
ou régional ou régionaux
 Parlements
communautaires ou
régionaux
 Gouvernements
communautaires ou
régionaux
 décrets ou  arrêtés du
ordonnances Gouvernement
(Bruxelles) … et règlements

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II. RELATIONS INTERNATIONALES

Le Droit international public

Avant d’entrer dans le vif du sujet des relations entre États au sein de l’Union européenne,
il convient de replacer ces rapports dans leur contexte plus général : celui des relations
d’État à État, autrement dit des relations internationales.

Les relations internationales sont inévitables : les États se côtoient (ne fût-ce que
géographiquement) et, qu’ils le veuillent ou non, ils doivent composer avec les autres, en
tenir compte et souvent entrer en relation avec eux. Ces relations peuvent être pacifiques
ou violentes mais elles sont souvent complexes car les intérêts des États ne vont pas tous
dans le même sens : tous les États ne sont pas égaux, qu’on pense à des États grands ou
petits, très peuplés ou non, prospères ou en voie de développement, au climat favorable
ou aride, animé par telle ou telle valeur (la religion, la domination, le partage).

Dans les relations internationales, les États agissent traditionnellement par la voie
diplomatique (qui utilise la séduction et la négociation), par la guerre (qui utilise la force),
et par le droit qui porte ici le nom de droit international public (ou droit des gens). Cette
branche du droit régit en effet les relations entre les sujets de droit international, à
savoir les « États souverains » et certaines organisations internationales.

Les Traités

Définition
Pour nouer des rapports en droit international, les États concluent généralement des
traités (internationaux ou conventions internationales), qui s’apparentent à une sorte de
contrat entre États. Plus rigoureusement, le traité est « un accord international, imputable
à deux ou plusieurs sujets de droit international, par lequel les parties sont liées et qui
doit être exécuté de bonne foi »4.

Les divers types de traités


- bilatéraux (conclus par 2 sujets de droit international) ou multilatéraux (conclus
par plusieurs sujets de droit international) ;
- simples (règlement d’une question particulière une fois pour toutes ; ex. :
rectification d’une frontière) ou plus complexes (destinés à durer en établissant
des règles qui s’appliqueront à de très nombreuses reprises à l’avenir > ex. :

4
J. COMBACAU et S. SUR, Droit international public, 9ème éd., Paris, Montchrestien, 2010, p. 78 ; cité par C.
BEHRENDT et F. BOUHON, Introduction à la Théorie générale de l'État – Manuel, 2ème éd., Bruxelles, Larcier,
2011, p. 411, note 1415.
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Convention de sauvegarde des Droits de l'Homme et des Libertés fondamentales
du 4 novembre 1950)
- certains traités (institutionnels ou -cadres) ont la particularité de créer une ou
des institution(s) au sein du cadre qu’ils mettent en place (souvent sous la forme
d’une organisation internationale) ; ces traités habilitent souvent les institutions
qu’ils créent à produire elle(s)-même(s) du droit international > droit dérivé
(infra)

Procédure d’adoption des traités


Comment les traités sont-ils conclus ? En plusieurs étapes :

- Signature par le représentant de chaque État (souvent le ministre des Affaires


étrangères) qui ne marque que la fin des négociations > la forme définitive du texte
du traité > pas encore d’intention de s’engager (différence avec le contrat de droit
privé)

- Ratification : acte d’engagement des États sur la scène internationale > vis-à-vis
des autres États parties au traité, ils sont liés, obligés de respecter et mettre en
œuvre ledit traité. C’est un engagement international « horizontal ».
Rem. : il peut arriver qu’un traité signé ne soit finalement pas ratifié (infra).
En Belgique, la compétence de ratifier appartient au pouvoir exécutif (Roi ou
Gouvernement des Communautés ou des Régions ; art. 167 Const.).
Au niveau fédéral, le Roi signe un arrêté royal contresigné par les ministres de la Justice et
des Affaires étrangères (instrument de ratification), qui est envoyé au Gouvernement de
son cocontractant (ou à l’organe dépositaire du traité s’il est multilatéral).

- Assentiment : pour déployer ses effets dans l’ordre juridique interne, le traité doit
encore recevoir l’assentiment d’une assemblée démocratiquement élue > acte du
pouvoir législatif (fédéral ou éventuellement fédéré). En pratique, il s’agira d’une
loi (d’un décret ou d’une ordonnance) dite « d’assentiment ». À partir de là, les
États peuvent mettre en œuvre le traité, l’exécuter sur le territoire national et
remplir ainsi leurs obligations découlant du traité. C’est un engagement interne
« vertical ».

- Dénonciation : opération inverse de la ratification qui consiste pour un État à se


retirer, à mettre fin à ses obligations internationales découlant du traité. Le plus
souvent, le traité lui-même prévoit selon quelles modalités, à quelles conditions la
dénonciation peut avoir lieu ; mais l’État qui y recourt doit être attentif car il va
continuer à coexister avec ses « ex-partenaires » qui risquent de ne plus lui faire
confiance > délicat.

Effet direct des traités


Les États qui ont ratifié un traité sont liés par lui vis-à-vis des autres États parties au traité
> c’est la logique même du droit international. Mais sont-ils aussi liés vis-à-vis de leurs
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citoyens ? Autrement dit, des individus ou des entreprises (personnes morales)
particulières pourraient-ils (elles) directement se prévaloir de ce que dit le traité ?

Cette question revient à se demander si les traités de droit international ont un effet
direct (ou sont directement applicables).

Exemple : art. 6 CEDH « Droit à un procès équitable » dispose « Toute personne a droit à ce que sa cause
soit entendue équitablement, publiquement et dans un délai raisonnable, par un tribunal indépendant et
impartial, établi par la loi, qui décidera, soit des contestations sur ses droits et obligations de caractère
civil, soit du bien-fondé de toute accusation en matière pénale dirigée contre elle ». Obligation faite aux
Etats qui doivent organiser leur droit procédural interne, de manière à respecter cet article 6. Si ce n’est
pas le cas, si un citoyen se sent lésé parce qu’il n’a pas été entendu ou qu’il a été jugé par une instance
officieuse et arbitraire, peut-il se prévaloir directement de l’article 6 devant son juge et exiger qu’on
l’applique ? Peut-il tirer des droits, des avantages, des arguments à partir de textes internationaux qui
concernent au premier chef les Etats ?
Voir D'ARGENT, P., Jurisprudence belge relative au droit international public (2008-2011), Rev. b.
dr. intern. 2012, liv. 1, 285-325, point G (casier 346)

La réponse à cette question n’est pas uniforme. Elle dépend :


- de la volonté des parties contractantes : les États ont-ils voulu (ont-ils eu
l’intention) en ratifiant leur traité sur la scène internationale, conférer des droits à
leurs ressortissants dans l’ordre juridique interne ?
- de la portée du texte, de la façon dont il est rédigé, sa formulation : les citoyens ne
peuvent tirer des droits subjectifs d’une disposition de droit international que si
celle-ci est rédigée en termes clairs, précis, et inconditionnels, qui s’auto-suffisent
et n’appellent pas de mesures d’exécution (ex. : par une loi, un règlement).
 certains articles des traités, certaines normes de droit international ont un effet
direct > elles octroient directement des droits et/ou des obligations aux
particuliers ;
 mais la plupart non > la majorité des règles du droit international public n’ont
vocation à s’appliquer qu’entre États et pas à être invoquées par des particuliers
devant les juridictions internes.
Remarque : Si des normes issues d’un traité sont précisées, complétées, exécutées dans
l’ordre juridique interne par une norme de droit interne, alors les citoyens peuvent
évidemment s’en prévaloir (du droit interne).

L’Objet du droit international public

De quoi se préoccupe le droit international public ? Que règlent ces traités ?

Beaucoup de choses :
- règles de droit relatives à la guerre
- relations diplomatiques et consulaires
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- création d’une organisation internationale (ex. : ONU, OTAN, Conseil de l’Europe,
UE)
- règles de droit des traités
- espaces maritimes et aériens
- droits fondamentaux (de l’homme ex. : CEDH, CIDE)
- économie (ex. : OMC, FMI)
- environnement (ex. : Convention de l’ONU sur les changements climatiques,
Protocole de Kyoto)
- matières sociales (ex. : OIT)

> Grande diversité du droit international public de nos jours.

Les Caractéristiques du droit international public (comparaison à venir avec le


système mis en place par l’UE)

Droit international classique Droit de l’Union européenne


de type intergouvernemental > de type supranational >
Coopération Intégration
Institutions éventuellement créées sont Institutions européennes sont tantôt
composées de personnes représentant composées de personnes représentant
les États les États (Conseil et Conseil européen)
mais aussi de personnes représentant
les peuples ou l’Union dans son
ensemble (Parlement, Commission,
CJUE)
Mode de prise de décision au sein des Mode de prise de décision au sein des
institutions (pour adopter le droit institutions européenne (pour adopter
dérivé) = unanimité et chaque État a une le droit dérivé) = tantôt unanimité,
voix (poids égal et droit de veto pour tantôt la majorité qualifiée (55% des
tous). À défaut d’unanimité, les EM représentant au moins 65% de la
Institutions ne peuvent exprimer que des population infra), parfois la majorité
avis ou des recommandations. simple un État membre peut se trouver
contraint par un acte de droit dérivé de
l’UE contre lequel il a voté
Application du droit international : si Application du droit européen : la
non-application ou violation par un État, Commission y veille et si un État
les autres États parties doivent réagir, ce manque de se conformer au droit
qu’ils font rarement > le plus souvent pas européen, elle peut saisir la CJUE qui
de sanction. pourra condamner l’État en
Possible de porter le litige de droit manquement (sans que l’État doive
international devant la CIJ (créée par la consentir à quoi que ce soit et sans qu’il
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Charte de l’ONU de 1945) mais celle-ci ne puisse se soustraire à sa compétence)
peut être saisie que du consentement des parfois avec sanction financière à la clé
2 parties au litige !
Effets du droit international : Effets du droit européen : les
statistiquement les dispositions du droit règlements européens ont effet direct
international ont rarement un effet direct (art. 288 TFUE) et les autres
(plutôt exceptionnel) dispositions du droit européen
(primaire et dérivé) sont présumées
avoir effet direct (Van Gend en Loos
1963) sous certaines conditions.

Le pouvoir souverain n’est plus exercé exclusivement par l’État (délégué du peuple) mais
aussi par les institutions européennes > perte, abandon d’une part de souveraineté mais
fondé sur la volonté des États membres (pas de contrainte) > finalement la souveraineté
n’est pas mise à mal.
On entend par « intégration » le fait que les États membres acceptent de concéder
certaines compétences et d’abandonner une partie de leur souveraineté aux institutions
de l’Union européenne qui, sur certaines questions, jouissent d’une grande autonomie et
d’un réel pouvoir de décision, même contre le gré des Etats membres.

Une organisation internationale est une association d’États, constituée par Traité (traité
cadre ou institutionnel), dotée de la personnalité juridique, d’un objet déterminé et
d’organes propres. Ex : l’ONU, l’OTAN, le FMI.
Classiquement, une organisation internationale forme un cadre dans lequel les États
collaborent selon leurs intérêts, mais en restant souverains. Les organes des
organisations internationales n’ont généralement pas ou peu de pouvoir de contrainte sur
les États membres (coopération intergouvernementale)

Partie 1. Évolution de la construction


européenne : de la CECA à nos jours
À présent, riches de notre introduction sur le droit interne et international public, nous
pouvons entrer dans l’étude du droit européen, qui à l’origine est une branche du droit
international public, mais qui a pris tant d’ampleur, qu’il est véritablement devenu une
branche du droit en soi. En quelques décennies, le droit européen a en effet connu des
développements considérables : aujourd’hui, il est partout et imprègne tous les domaines
du droit (ex. : droit du travail, droit fiscal, droit comptable, droit des contrats).

Nous dressons ici un bref « historique » des principales étapes de l’extraordinaire


construction européenne.

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1. LE TRAITÉ DE PARIS DE 1951 CRÉANT LA COMMUNAUTÉ
EUROPÉENNE DU CHARBON ET DE L’ACIER (CECA)
Dans sa déclaration du 9 mai 1950 (5 ans après la fin de la guerre), Robert Schuman,
alors ministre français des Affaires étrangères, présenta un plan européen en matière
économique. Ce plan visait à placer l’ensemble de la production franco-allemande de
charbon et d’acier sous une Haute Autorité commune, autrement dit une organisation
internationale dotée d’institutions propres. Les autres États européens qui le souhaitaient
furent également appelés à se joindre au projet et à mettre en commun ces industries
lourdes, secteurs énergétiques de première importance à l’époque.

Ce projet répondait notamment à la nécessité de soutenir la sidérurgie, au souhait de


réconcilier la France et l’Allemagne – au sortir de la deuxième guerre mondiale – et de
garantir la paix en Europe.

Le Traité CECA fut signé à Paris, par la France, la République Fédérale d’Allemagne
(R.F.A.), l’Italie, ainsi que par la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg (Benelux) le 18
avril 1951, pour une durée de 50 ans (entrée en vigueur le 25 juillet 1952). La CECA a été
dissoute en 2002 et ses compétences ont été reprises par la Communauté européenne
(CE), aujourd’hui fondue dans l’Union européenne (UE ; infra).

Cette signature du Traité CECA marque le véritable début de la construction européenne.

2. LES TRAITÉS DE ROME DE 1957 CRÉANT LA COMMUNAUTÉ


ÉCONOMIQUE EUROPÉENNE (CEE) ET LA COMMUNAUTÉ
EUROPÉENNE DE L’ÉNERGIE ATOMIQUE (EURATOM)
Depuis juillet 1952 déjà, les pays de la CECA voulaient poursuivre la construction
européenne pour répondre à des besoins économiques (créer un vaste marché
intérieur5), dans un climat qui appelait à la réconciliation et à la paix durable en Europe.

Les six États ont donc décidé de s’engager dans la construction d’un marché commun
généralisé (et non plus cantonné au charbon et à l’acier). Ainsi, les principes de libre
circulation des marchandises, des personnes, des services, et des capitaux sont énoncés
dans le Traité créant la Communauté économique6 européenne (CEE) du 25 mars 1957.
Ces principes sont toujours fondamentaux dans l’Union européenne d’aujourd’hui.

5
Un marché intérieur (ou « marché commun » ou « marché unique ») peut être défini comme un espace sans
frontières intérieures, dans lequel la libre circulation des personnes, des marchandises, des services, et des capitaux
est garantie.
6
L’adjectif « économique » a été supprimé par le Traité de Maastricht en 1992 (entré en vigueur en 1993 ; infra).
14

Droit européen
20232024
Comme le Traité CECA, le Traité CEE est un traité cadre ou institutionnel (supra). Cela
signifie qu’il crée des structures, met en place des institutions (ex. : Commission, Conseil,
Parlement, Cour de justice), destinées elles-mêmes à produire des normes de droit
dérivé européen.

Le Traité Euratom, signé à Rome le même jour que le Traité CEE, crée, quant à lui, une
organisation commune dans le domaine nucléaire : la Communauté européenne de
l’Énergie atomique. Ce traité discret mais important vise à répondre au déficit des
énergies traditionnelles.
Développer l’énergie nucléaire nécessite des investissements énormes qui ne peuvent être
rentables qu’à grande échelle.
Il est toujours en vigueur aujourd’hui.

Au plan politique, on note une certaine volonté de coopération dans les domaines de la
politique étrangère commune, de la défense, de la science, de la culture. Cette volonté se
manifeste régulièrement pendant les années 60-70, mais elle progresse lentement et s’est
concrétisée récemment à l’occasion de la guerre en Ukraine : ainsi le programme
« Horizon Europe » finance des programmes de recherche à hauteur de 95,5 milliards
d’euros entre 2021 et 2027.

15

Droit européen
20232024
3. LES TROIS PREMIERES VAGUES D’ÉLARGISSEMENT
La Grande-Bretagne, le Danemark et l’Irlande rejoignent les six États fondateurs dans
la CEE en 1973, après de pénibles négociations.

En 1981, la Grèce devient membre de l’« Europe des neuf ».

L’Espagne et le Portugal rejoignent les dix États membres de la CEE en 1986.

4. L’ACTE UNIQUE EUROPÉEN DE 1986


L’Acte unique européen, adopté le 17 février 1986, contient la première véritable
révision des traités fondateurs des Communautés européennes.

Il engage la Communauté économique européenne (CEE) vers l’achèvement du marché


intérieur, tout en facilitant les conditions de sa réalisation.

Ce traité marque aussi le début d’une politique étrangère et de sécurité commune


(PESC).

Son nom (Acte « unique ») provient du fait que ce traité unique répond à un double
objectif et aurait dès lors pu figurer dans deux textes différents : l’un (de nature
économique) modifiant le Traité CEE, et l’autre (politique) en matière de politique
étrangère et de sécurité commune.

Ce traité modificatif élargit aussi les compétences de la CEE à la recherche et au


développement, et à l’environnement. Ainsi, les compétences de la CEE se diversifient, la
rendant déjà un peu moins économique.

5. LE TRAITÉ DE MAASTRICHT DE 1992 : TRAITÉ SUR L’UNION


EUROPÉENNE (TUE)
Le Traité de Maastricht du 7 février 1992 a créé l’Union européenne. Il est venu s’ajouter
aux traités fondateurs existants (Traité CECA, Traité CEE, Traité Euratom).

L’Union européenne se présentait alors comme un temple grec, avec un fronton commun
(des principes et des institutions), et trois piliers différents dans leur importance et leur
fonctionnement.

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Droit européen
20232024
Le premier pilier était le plus important et le plus supranational : le « pilier
communautaire », reprenant les trois Communautés existante (CECA, CEE et
Communauté Euratom). Soulignons qu’à ce moment, la Communauté économique
européenne (CEE) est rebaptisée « Communauté européenne » (CE), parce que ses
compétences dépassent le seul domaine économique (ex. : culture, santé publique,
éducation).

Par ailleurs, le Traité de Maastricht consacre la coopération politique des États dans des
domaines plus sensibles : en matière de politique étrangère et de sécurité commune
(PESC : deuxième pilier) et dans les domaines de la justice et des affaires intérieures (JAI :
troisième pilier). Pour ces compétences qui touchent de près à la souveraineté des États,
la méthode communautaire (supranationale, d’intégration) n’est pas retenue : on lui
préfère une logique plus classique de coopération intergouvernementale (supra), d’où
leur appartenance à des piliers distincts du pilier communautaire.

A partir de 1992, le Traité sur l’Union européenne (TUE) et le Traité instituant la


Communauté européenne (TCE) forment les textes fondamentaux pour la définition de
l’Union européenne.

Le Traité de Maastricht marque aussi le début de l’union économique et monétaire qui


préfigure l’introduction de l’euro.

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Droit européen
20232024
6. NOUVELLE VAGUE D’ÉLARGISSEMENT
Ce sont des pays plus riches qui adhèrent à l’Union européenne : l’Autriche, la Finlande
et la Suède. L’Union compte alors quinze membres.

Cette adhésion est entrée en vigueur le 1er janvier 1995.

7. LE TRAITÉ D’AMSTERDAM DE 1997


Le Traité d’Amsterdam du 9 octobre 1997 est un traité modificatif et de transition. Il est
entré en vigueur le 1er mai 1999.

On retient de ce traité qu’il a tenté notamment de rapprocher l’Union européenne de ses citoyens :
il contenait dès lors des dispositions dans le domaine social (emploi, santé publique) et des droits
fondamentaux (principes de liberté, de démocratie et de respect des droits de l’homme).

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Droit européen
20232024
8. LE TRAITÉ DE NICE DE 2001
Préalable indispensable de l’élargissement à dix nouveaux États (infra), le Traité de
Nice du 26 février 2001 devait permettre d’assurer un bon fonctionnement des
institutions lorsque l’Union européenne comprendrait près de 30 membres.

Ce traité est entré en vigueur le 1er février 2003.

9. L’ADHÉSION DE DIX NOUVEAUX PAYS


En décembre 2002, l’Union européenne se tourne vers l’Est du continent et accueille –
lors du plus grand élargissement de son histoire – dix pays d’Europe centrale et
orientale : Chypre, Malte, la Slovénie, la République tchèque, la Slovaquie, la Pologne,
la Hongrie, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie.

Le traité est entré en vigueur le 1er mai 2004.

L’Union compte alors 25 membres. La Bulgarie et la Roumanie devront encore attendre


jusqu’en 2007 pour intégrer l’Union européenne.

10. LE TRAITÉ DE 2004 ÉTABLISSANT UNE CONSTITUTION


POUR L’EUROPE
Ce traité, signé à Rome le 29 octobre 2004 n’est jamais entré en vigueur car les 25 États
membres de l’époque ne l’ont pas ratifié avant le 25 octobre 2006.

En effet, la ratification (supra) obéit à des règles différentes selon les États ; dans certains,
la ratification appelle parfois un referendum. En l’occurrence, on se souvient des « non »
français et néerlandais donnés par referendum à cette Constitution pour l’Europe.

> Absence de Constitution formelle en Europe mais Constitution matérielle (supra).

11. LE TRAITÉ DE LISBONNE DE 2007


Signé le 13 décembre 2007, le Traité de Lisbonne a tenté de récupérer le travail avorté
du Traité constitutionnel.

Il se présente comme un traité modificatif, qui maintient le TUE et le TCE.

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Droit européen
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Alors que le Traité établissant une Constitution pour l’Europe abrogeait les différents traités
existants au profit d’un seul texte appelé « Constitution ». Cette démarche avait l’avantage de
simplifier la structure du droit primaire de l’Union européenne, mais elle a vraisemblablement
effrayé les États membres par l’impression de « table rase », qu’elle faisait du passé.

Toutefois, la structure en piliers de l’Union européenne disparaît (supra)7, et avec elle,


le concept de « Communautés » et l’emploi de l’adjectif « communautaire ». D’ailleurs, le
Traité instituant la Communauté européenne (TCE) est rebaptisé « Traité sur le
Fonctionnement de l’Union européenne » (TFUE).

Le Traité de Lisbonne a connu une phase de ratification laborieuse, mais est finalement
entré en vigueur le 1er décembre 2009.

12. L’ADHÉSION DE LA CROATIE


Le 1er juillet 2013, la Croatie est devenue le 28ème État membre de l’Union européenne,
après une décennie au cours de laquelle des réformes ont été mises en place, nécessaires
à l’alignement du pays aux normes et aux lois de l’Union.

13. LE BREXIT (BRITAIN EXIT)


Le 24 juin 2016, les britanniques ont voté par referendum leur sortie de l’UE.

Pour qu’un État Membre quitte l’UE, il doit le notifier sa décision auprès de l’UE, laquelle
notification ouvre une période de 2 ans max de négociation à l’issue de laquelle la sortie
deviendra effective. (Cfr Article 50 TUE)

Theresa May, Premier Ministre Britannique, avait annoncé une sortie effective le 29 mars
2019.
Theresa May a négocié pendant 2 ans un accord sur les modalités de sortie du Royaume-
Uni de l’UE.

Mais les députés britanniques ont chaque fois rejeté cet accord.
Theresa May a donc démissionné et c’est Boris Johnson, l’ancien maire de Londres qui l’a
remplacée en juillet 2019.

Le Brexit a eu lieu officiellement le 31 janvier 2020 mais n’a produit ses effets qu’à partir
du 1er janvier 2021, le temps pour le RU et l’UE de négocier un accord sur les modalités
de sortie.

7
Des dispositions très spécifiques pour la PESC sont toutefois maintenues, de sorte que cette compétence continue
de relever de la coopération intergouvernementale.
20

Droit européen
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En effet, le 30 décembre 2020, un accord de commerce et de coopération a été signé
entre l'Union européenne et le Royaume-Uni. Dans l'attente de sa ratification par la
Parlement européen, il a été mis en application provisoire au 1er janvier 2021 et
est entré en vigueur le 1er mai 2021

Ainsi, depuis 1er janvier 2021, cet accord détermine les règles applicables aux
relations entre le Royaume-Uni et l'Union européenne dans un certain nombre de
domaines. Le droit de l'Union européenne a cessé de s'appliquer au Royaume-Uni le 31
décembre 2020 à minuit.

Bien qu'un accord ait été conclu entre l'Union européenne et le Royaume-Uni, les
formalités douanières ainsi que les contrôles sanitaires et phytosanitaires ont été
rétablis pour le transport de marchandises. La libre circulation des personnes n'est
plus applicable. L'intégralité des contrôles migratoires ont été rétablis à destination et
en provenance du Royaume-Uni. Dorénavant, les ressortissants de l'Union européenne
souhaitant s'installer au Royaume-Uni doivent, dans la plupart des cas, solliciter un visa,
et réciproquement. Les courts séjours (moins de 3 mois) sont exemptés de visa.

En vertu de l'accord de commerce et de coopération, aucun droit de douane n'est


applicable aux échanges entre l'Union européenne et le Royaume-Uni. Cet accord définit
en outre une relation privilégiée entre le Royaume-Uni et l'Union européenne, en matière
commerciale, mais également pour la coopération dans certains domaines (coopération
policière et judiciaire, coordination de sécurité sociale, transports, etc.).

14. L’INVASION RUSSE EN UKRAINE


La décision russe de lancer une offensive militaire le 24 février 2022 en Ukraine a
bouleversé les relations internationales. La guerre qui sévit désormais sur le continent
européen est au centre des préoccupations de l’Union. Entre sanctions contre la Russie,
aide à l’Ukraine, répercussions économiques et sursaut européen, des grandes questions
sont soulevées par le conflit.

Le 28 février 2022, quatre jours après l’invasion russe, le Président ukrainien signe une
lettre de candidature formelle à l’adhésion, appelant à une intégration “sans délai” de son
pays via une “procédure spéciale”. Le 3 mars, la Géorgie et la Moldavie, se sentant elles
aussi davantage menacées par la Russie, déposent à leur tour leur candidature. Celles-ci
sont acceptées formellement le 23 juin. Mais si ces candidatures ont été officiellement
acceptées, une étape qui prend habituellement plusieurs années, Kiev devrait mettre en
œuvre d’importantes réformes pour se conformer aux critères d’adhésion. Parmi eux, un
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Droit européen
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Etat de droit stable et une économie de marché viable, des conditions difficiles à respecter
pour un pays en guerre.

Partie 2. Les institutions européennes


L’Union européenne fonctionne grâce à des institutions, chargées d’adopter le droit
(européen) dérivé et de le faire appliquer. Ces institutions sont créées, organisées, mises
en place par les traités fondateurs (aujourd’hui : TUE, TFUE) qui sont donc des traités
institutionnels (ou traités-cadres).

A l’heure actuelle, l’Union européenne compte 7 institutions : le Conseil européen (1), le


Conseil (2), la Commission européenne (3), le Parlement européen (4), la Cour de justice
de l’Union européenne (5), la Cour des comptes (6), et la Banque centrale européenne (7).

1. LE CONSEIL EUROPÉEN – ARTICLE 15 TUE


En pratique, le « Conseil européen » existe et se réunit depuis longtemps (1974), mais il
est devenu une institution à part entière de l’Union européenne, avec le Traité de
Lisbonne.

Il s’agit d’une institution qu’on peut qualifier d’« intergouvernementale » (supra) parce
qu’elle représente les États membres de l’Union européenne.

Composition

Selon l’article 15, § 2 du TUE, « Le Conseil européen est composé des chefs d’État
Chypre, la France et la Lituanie et la Roumanie sont ainsi représentés par leur Président
ou de gouvernement des États membres,
c’est-à-dire les premiers ministres. Aujourd’hui, c’est Alexander De Croo, notre premier Ministre,
qui siège au Conseil européen pour la Belgique.
ainsi que de son président
Actuellement Charles Michel, un ancien premier ministre belge.
et du président de la Commission
Actuellement, Ursula Von der Leyen, suite à l’approbation par le Parlement de la composition
globale de la Commission ; infra.
Le haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité
participe à ses travaux ».

La fonction de « Haut Représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la


politique de sécurité » a été créée par le Traité de Lisbonne. Depuis novembre 2019,
c’est Monsieur Josep Borrell, un Espagnol, qui occupe ce poste. Cette sorte de « ministre
22

Droit européen
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des Affaires étrangères européen »8 est à la tête de la diplomatie européenne (direction
de la PESC). Nous verrons qu’outre participer aux travaux du Conseil européen, cette
personnalité importante préside le Conseil dans sa formation « Relations extérieures »
(infra) et est membre de la Commission (vice-président ; infra).

Présidence

Depuis l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, le Conseil européen connaît une


présidence stable9 puisque selon l’article 15, § 5 du TUE, « Le Conseil européen élit son
président à la majorité qualifiée (infra) pour une durée de deux ans et demi,
renouvelable une fois ».

Herman Van Rompuy, un ancien premier ministre belge, fut le tout premier président du Conseil
européen de novembre 2009 au 1er décembre 2014 ; puis, c’est Monsieur Donald Tusk, un premier ministre
polonais, qui a pris la présidence du Conseil européen jusqu’en décembre 2019 et maintenant c’est Charles
Michel, à nouveau un ancien premier ministre belge qui est président du Conseil européen.

Depuis le 1er décembre 2019, c’est Monsieur Charles Michel.

Le président a pour tâche principale d’assurer la préparation et la continuité des travaux


du Conseil européen ; lors des séances, il préside et œuvre à la recherche de consensus
(art. 15, § 6 TUE).

!!! ATTENTION !!!

On ne confond pas le Conseil européen et le Conseil10 (infra).


Ces deux institutions de l’Union européenne doivent aussi être différenciées d’une
organisation internationale distincte, nommée « Conseil de l’Europe ». Le Conseil de
l’Europe fonctionne parallèlement à l’Union européenne et n’est pas lié à elle. Il a été mis
sur pied en 1949 pour sauvegarder et développer les droits de l’homme et les libertés
fondamentales. C’est lui qui a adopté la CEDH (Convention de sauvegarde des droits de
l’homme et des libertés fondamentales) et qui a mis en place une Cour européenne des
droits de l’homme (à Strasbourg) pour veiller à son respect par les États membres (du
Conseil de l’Europe). Il compte 47 États membres.

Fonctions

8
Dans le Traité établissant une Constitution pour l’Europe, l’appellation de cette personnalité était « ministre des
Affaires étrangères de l’Union ».
9
La présidence du Conseil européen est donc différente de la présidence tournante du Conseil (infra).
10
Appelé aussi « Conseil de l’Union européenne » ou « Conseil des ministres » parce qu’il se compose des
ministres des Etats membres.
23

Droit européen
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Le Conseil européen est et a toujours été un organe moteur dans la construction
européenne.

L’article 15, § 1er du TUE stipule en effet que « Le Conseil européen donne à l’Union les
impulsions nécessaires à son développement et en définit les orientations et les
priorités politiques générales ».
Ex. : stimuler la croissance et l’emploi, assurer la stabilité de la zone euro, lutter contre le
changement climatique.

Le Conseil européen n’exerce toutefois aucune fonction législative.

Décisions

Le Conseil européen se réunit deux fois par semestre (quatre fois par an) à Bruxelles. Son
président peut toutefois décider de convoquer une réunion spéciale si nécessaire.

Les décisions du Conseil européen sont prises par consensus entre ses membres.
Toutefois dans certains cas, prévus par les TUE et TFUE, les décisions doivent être votées
à l’unanimité, à la majorité qualifiée, ou à la majorité simple.

2. LE CONSEIL (DE L’UNION EUROPÉENNE) – ARTICLE 16 TUE


Le Conseil des Ministres (ou « Conseil de l’Union européenne ») est une institution de
l’Union européenne qu’on peut aussi qualifier d’« intergouvernementale » parce qu’elle
représente les États membres de l’Union européenne.

Composition

Il n’existe pas de membres du Conseil en tant que tels. Lors de chaque réunion, les États
membres de l’Union européenne délèguent un ministre chargé de la politique faisant
l’objet des discussions (d’où parfois aussi son appellation « Conseil des ministres »).

Ex. : Lors d’un Conseil siégeant en formation « environnement », les États membres de l’Union
désignent chacun leur ministre de l’Environnement.

Les ministres des États membres se réunissent à Bruxelles ou à Luxembourg.

24

Droit européen
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Formations

Il existe au total dix formations du Conseil :

– Affaires générales
– Relations extérieures (ou Affaires étrangères)
– Affaires économiques et financières (Ecofin)
– Justice et affaires intérieures (JAI)
– Emploi, politique sociale, santé et consommateurs
– Compétitivité
– Transports, télécommunications et énergie
– Agriculture et pêche
– Environnement
– Education, jeunesse et culture

La formation « Affaires générales » est la principale (ministres des affaires étrangères).


Les autres formations donnent lieu à des conseils spécialisés ou sectoriels, plus
techniques, même si ce n’est pas au niveau du Conseil qu’on aborde les aspects techniques.

Présidence

Le Conseil, dans sa formation « Relations extérieures », est présidé par le Haut


représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité (Josep
Borrell ; supra).

Toutes les autres formations du Conseil sont présidées par le ministre issu du pays
détenant la présidence tournante de l’Union européenne. En effet, contrairement au
Conseil européen qui connaît désormais une présidence stable (supra), le Conseil
fonctionne selon un système de présidence tournante. Il est donc présidé à tour de rôle
par chaque État membre pour une durée de six mois (de janvier à juin, puis de juillet à
décembre).

Ex. : Toute réunion du Conseil siégeant en formation « environnement » et ayant lieu durant la
période au cours de laquelle l’Italie assure la présidence du Conseil des ministres de l’Union
européenne sera présidée par le ministre italien de l’Environnement.

Actuellement, la Présidence tournante appartient à l’Espagne. A partir du 1er janvier 2024


et jusqu’au 30 juin 2024, c’est à la Belgiqueque reviendra cette présidence tournante.

25

Droit européen
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Fonctions

Le Conseil dispose d’un important pouvoir de décision : il exerce le pouvoir législatif, au


départ seul et aujourd’hui en codécision avec le Parlement (infra). Il définit aussi, avec le
Parlement, le budget de l’Union européenne.

Il exerce quelques compétences d’exécution dans certaines matières sensibles comme


la PESC, où le Conseil met en œuvre le droit européen.

Enfin, sur le plan international, le Conseil ouvre les négociations et conclut des accords
internationaux avec d’autres États ou des organisations internationales, au nom de
l’Union européenne.

Décisions

Le mode décisionnel du Conseil dépend du domaine dans lequel il est amené à décider :
vote à l’unanimité, à la majorité simple, ou à la majorité qualifiée.

L’unanimité n’est requise que pour un nombre restreint de domaines, mais qui
concernent des secteurs importants tels que la fiscalité, la politique sociale ou la défense
commune.

« La politique étrangère et de sécurité commune est soumise à des règles et procédures spécifiques.
Elle est définie et mise en œuvre par le Conseil européen et le Conseil, qui statuent à l'unanimité,
sauf dans les cas où les traités en disposent autrement. L'adoption d'actes législatifs est exclue »
(art. 24, § 1er, al. 2 TUE).

« Sans préjudice des autres dispositions des traités et dans les limites des compétences que ceux-
ci confèrent à l'Union, le Conseil, statuant à l'unanimité conformément à une procédure législative
spéciale, et après approbation du Parlement européen, peut prendre les mesures nécessaires en
vue de combattre toute discrimination fondée sur le sexe, la race ou l'origine ethnique, la religion
ou les convictions, un handicap, l'âge ou l'orientation sexuelle » (art. 19, § 1er TFUE).

Pour le reste, la majorité qualifiée est la règle11. En effet, selon l’article 16, § 3 du TUE,
« Le Conseil statue à la majorité qualifiée, sauf dans les cas où les traités en disposent
autrement ».

Depuis le 1er novembre 2014, le calcul de la majorité qualifiée est différent. En effet, le
Traité de Lisbonne prévoit un nouveau système de double majorité : vote favorable d’au
moins 55% d’États membres réunissant au moins 65% de la population. On abandonne

11
Les cas requérant la majorité qualifiée ont encore été augmentés dans le traité de Lisbonne.
26

Droit européen
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donc le système d’attribution d’un nombre de voix à chaque État. Il faut désormais qu’au
moins 15 États sur 27 (55%) soient favorables et que ces États représentent au moins
65% de la population de l’Union européenne.

3. LA COMMISSION EUROPÉENNE – ARTICLE 17 TUE


À la différence du Conseil européen et du Conseil qui représentent les États membres (les
gouvernements nationaux), la Commission européenne est une institution
supranationale : elle est indépendante des États membres et du Conseil, elle recherche
et défend les intérêts de l’Union européenne dans son ensemble, sans a priori étatique.

Composition

Selon l’article 17, § 3, alinéa 2 du TUE, « Les membres de la Commission sont choisis en
raison de leur compétence générale et de leur engagement européen et parmi des
personnalités offrant toutes garanties d'indépendance ».

Une nouvelle Commission (un président et des membres appelés « commissaires ») est
désignée tous les cinq ans, dans les six mois qui suivent les élections du Parlement
européen12.
On a fixé le nombre de commissaires à un par État membre, ce qui donne actuellement
une Commission de 27 personnes (en ce compris le président et les vice-présidents).

Désignation

La procédure d’investiture de la Commission est fixée à l’article 17, § 7 du TUE.

D’abord, le Conseil européen propose – à la majorité qualifiée – une personnalité pour


occuper la fonction de président de la Commission. Le Parlement européen élit ce
président à la majorité de ses membres. Si le candidat ne recueille pas la majorité, le
Conseil européen propose, dans un délai d’un mois, un nouveau candidat au Parlement
européen.

Depuis le 1er novembre 2019, la Présidente de la Commission, est l’allemande Ursula Von der Leyen qui
a succédé à Monsieur Jean-Claude Juncker, ancien Premier ministre luxembourgeois.

Ensuite, le Conseil et le président élu établissent ensemble une liste des personnalités
qu’ils souhaitent voir nommer membres de la Commission, en tenant compte des

12
Un commissaire peut être redésigné au terme de son mandat. Ex. : José Manuel Barroso a été Président de la
Commission à partir de 2004 (premier mandat : 2004-2009, deuxième mandat : 2009-2014).
27

Droit européen
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suggestions reçues des différents États membres. Le collège des commissaires dans son
ensemble est alors soumis à un vote d’approbation du Parlement européen.

Le Haut Représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité,


actuellement Monsieur Josep Borrell est l’un des 28 commissaires européens ; il est par
ailleurs le vice-président de la Commission. Mais ATTENTION : le HR n’est pas nommé
suivant la même procédure que les autres commissaires : article 18(1) TUE : « Le Conseil
européen, statuant à la majorité qualifiée, avec l'accord du président de la Commission,
nomme le haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de
sécurité ». Le Parlement donne son approbation sur la nomination du RH lorsqu’il
approuve le collège Président-HR-Commissaires (Article 17(7)(3) TUE).

Le Commissaire belge est Monsieur Didier Reynders qui a en charge la Justice et la défense de l’état de
droit et aussi de la concurrence au sein de l’UE.
Enfin, la Commission est formellement nommée par le Conseil européen, statuant à la
majorité qualifiée.

Fonctions

La Commission protège les intérêts de l’Union européenne et remplit quatre fonctions


essentielles, énumérées par l’article 17, § 1er du TUE.

1. Une fonction exécutive :

La Commission exerce par principe le pouvoir exécutif : elle met en œuvre et applique
les normes européennes et le budget de l’Union européenne.

2. Une fonction législative :

La Commission joue un rôle d’initiative essentiel et quasi monopolistique. En effet, elle


est en principe la seule institution de l’Union à pouvoir proposer de nouveaux actes
législatifs européens qu’elle soumet au Parlement et au Conseil13. Ce rôle confère à la
Commission un pouvoir considérable.

3. Une fonction de surveillance/contrôle :


La Commission (avec la Cour de justice ; infra) veille au respect du droit européen
(primaire et dérivé), par les États membres, les autres institutions et les particuliers
(citoyens et entreprises) ; d’où son surnom de « gardienne du droit européen ».

13
Dans le cadre de la PESC, la Commission partage son droit d’initiative avec le Haut Représentant et les États
membres (Article 42 TUE). De même, en matière de coopération policière et judiciaire dans les affaires pénales
(article 76 TFUE), la Commission partage son droit d’initiative avec un quart des États membres.
28

Droit européen
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Pour accomplir cette mission de surveillance, la Commission jouit d’un large droit d’être informée
et de pouvoirs d’investigation (enquête) importants pour mettre en œuvre ce droit. Ainsi, elle peut
s’informer auprès des États membres, qui doivent collaborer de manière loyale (ex. : les États
membres doivent informer la Commission des mesures nationales qu’ils prennent en vue de
transposer les directives européennes ; infra). La Commission peut aussi s’informer auprès des
entreprises actives au sein de l’Union européenne, surtout en matière de concurrence (interdiction
des ententes et des abus de position dominante). À cet égard, elle peut notamment accéder aux
locaux d’une entreprise, contrôler ses comptes voire même accéder au domicile privé de ses
dirigeants en cas de soupçons.

Lorsqu’elle constate une violation du droit européen, la Commission européenne peut


saisir la Cour de justice contre des actes des autres institutions européennes (recours en
annulation ou recours en carence ; infra) et contre des actes des États membres (recours
en manquement ; infra). Elle peut aussi infliger des sanctions directes aux opérateurs
économiques (personnes physiques ou morales) qui ont méconnu le droit européen.

4. Une fonction de négociation des accords internationaux

La Commission représente l’Union européenne sur la scène internationale (sauf dans le


domaine de la PESC). Sur mandat du Conseil (qui ouvre les négociations ; supra), elle
conduit souvent elle-même ces négociations.

29

Droit européen
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4. LE PARLEMENT EUROPÉEN – ARTICLE 14 TUE
Depuis 1979, les citoyens européens élisent, au suffrage universel et tous les cinq ans,
leurs représentants au Parlement européen, appelés « députés européens ». Ces députés
européens ne représentent pas leur État (ni leur Parlement, ni leur parti) mais la
population des États de l’Union européenne.

Au fil des réformes, le rôle et les pouvoirs du Parlement n’ont cessé de croître.

Composition

Dès l’origine, le Traité CECA prévoyait la possibilité d’élire au suffrage universel le


Parlement européen, appelé alors Assemblée parlementaire. Cette possibilité fut mise en
œuvre en 1979. La procédure électorale reste toutefois soumise à la législation nationale
de chaque État membre.

Ainsi par exemple, dans les nombreux pays européens où le vote n’est pas obligatoire, l’élection au
Parlement européen n’est pas non plus obligatoire.

Le nombre de parlementaires a augmenté au fil des élargissements de l'Union pour


atteindre un nombre de 766 représentants. Ce nombre a toutefois été réduit à 705 après
le Brexit de janvier 2020. Le nombre de sièges attribué à chaque État est fonction de
l’importance de sa population.

Ex. : L’Allemagne compte 96 sièges et la Belgique 21. Malte en compte 6 et la Croatie 12 ; les petits
États sont ainsi un peu surreprésentés et les grands un peu sous-représentés.

La grande particularité du Parlement européen est qu’il s’agit d’une assemblée


supranationale qui va très loin dans le processus d’intégration.

 En effet, au Parlement européen, les députés ne sont pas regroupés par nationalité,
mais par groupes politiques, qui sont au nombre de sept. Ces groupes rassemblent
donc des députés de nationalités différentes.

Groupe du Parti populaire européen (Démocrates-chrétiens) > le plus grand groupe du Parlement
européen
Groupe de l'Alliance Progressiste des Socialistes & Démocrates au Parlement européen
Renew-Europe group
Groupe des Verts/Alliance libre européenne
Conservateurs et Réformistes européens
Groupe confédéral de la Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique
Groupe Europe Identité et démocratie

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 En outre, tant pour être éligible (candidat député) que pour être électeur, la
nationalité n’a aucune incidence : seule compte la citoyenneté européenne (et la
résidence).

Cette grande originalité qui consiste à dépasser les nationalités n’existe nulle part ailleurs
en droit international public.

Fonctions

1. Le Parlement européen partage le pouvoir législatif avec le Conseil de l’Union


européenne > co-législateur.
Pour l’adoption des textes législatifs, il existe deux types de procédures. La procédure
législative ordinaire s’appelle « procédure de codécision ». Cette procédure s’est
développée depuis le Traité de Maastricht et est devenue la procédure de droit commun
à Lisbonne : elle place le Parlement sur un pied d’égalité avec le Conseil.

La procédure législative spéciale s’applique uniquement à des matières spécifiques et sensibles


(ex. : fiscalité, politique agricole et industrielle). Dans ce type de procédure, le Parlement n’a qu’un
rôle consultatif. Il émet des avis non contraignants.

2. Le Parlement approuve annuellement le budget de l’Union européenne (et de


l’EURATOM)

3. De manière générale, le Parlement exerce un contrôle démocratique et politique sur


une grande partie des activités de l’Union. Cela garantit une certaine influence des
représentants des citoyens européens sur les institutions de l’Union. En particulier, le
Parlement occupe une position centrale dans la désignation de la Commission et de son
Président ; et il peut provoquer sa démission collective si la confiance dans la Commission
est rompue.

4. Enfin, le Parlement a acquis un rôle croissant dans les relations extérieures de l’Union
européenne : de nombreux accords internationaux doivent aujourd’hui être approuvés
par lui.

5. LA COUR DE JUSTICE DE L’UNION EUROPÉENNE – ARTICLE


19 TUE
La Cour de justice de l’Union européenne est une des institutions fondamentales de
l’Union européenne, qui veille à une interprétation et à une application uniformes du
droit européen dans tous les États membres.

31

Droit européen
20232024
Elle a son siège à Luxembourg et « s’impose » à tous les États membres14 ; autrement dit,
les États ne peuvent pas se soustraire à sa compétence et à sa jurisprudence comme c’est
le cas pour la Cour Internationale de justice (supra). Dès lors, la Cour de justice de l’Union
européenne possède un caractère fortement supranational.

La Cour de justice de l’Union européenne est le système juridictionnel de l’Union


européenne.

Ce système englobe trois juridictions : la Cour de justice, le Tribunal15 et les tribunaux


spécialisés. Actuellement le seul tribunal spécialisé qui a existé est le Tribunal de la
fonction publique mis en place par le Traité de Lisbonne mais il a été supprimé en 2016.
Ces juridictions sont chargées d’assurer le respect du droit dans l’application et
l’interprétation des traités (art. 19, § 1er, al. 1er TUE).

Les litiges portés devant la Cour de justice de l’Union européenne peuvent concerner les
États membres, les institutions européennes, mais aussi les entreprises et les particuliers.

La Cour de justice

La Cour de justice existe depuis le Traité de Paris qui institua la CECA.

Elle compte un juge par État membre (27 actuellement) et 11 avocats généraux.

Ces personnes sont nommées par les Gouvernements des États membres pour un mandat de six
ans, renouvelable. Le rôle du juge est de trancher le différend qui lui est soumis ; dans les différentes
procédures existantes (examinées ci-après). En fonction du litige, la Cour peut siéger en assemblée
plénière (lorsqu'elle estime qu'une affaire revêt une importance exceptionnelle), en grande
chambre (quinze juges ; lorsqu'un État membre ou une institution qui est partie à l'instance le
demande, ainsi que pour les affaires particulièrement complexes ou importantes) ou en chambre à
cinq ou à trois juges.

Les avocats généraux assistent la Cour : ils rendent des avis impartiaux et motivés
(appelées « conclusions ») sur les affaires qui leur sont soumises.

Il existe plusieurs manières de saisir la Cour : la très importante procédure de renvoi


préjudiciel (1) et différents recours : le recours en annulation (2), le recours en
manquement (3), le recours en carence (4), et le recours en responsabilité
extracontractuelle (5).

14
Elle n’est toutefois pas compétente pour les affaires relevant de la PESC.
15
À l’origine (Acte unique européen ; supra), il portait le nom de « Tribunal de première instance ».
32

Droit européen
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1. Le renvoi préjudiciel (art. 267 TFUE)

Les traités et les normes de droit dérivé (infra) édictent des règles juridiques, mais c’est
au sein de chaque État membre que ces règles vont s’appliquer concrètement à des cas
individuels (en raison du caractère directement applicable du droit européen ET de sa
primauté sur le droit national ; infra).

Dès lors, en cas de litige entre particuliers, c’est en premier lieu un juge national qui sera
saisi : si le litige concerne une ou plusieurs règles de droit européen, ce juge national devra
la(les) appliquer, la(les) faire respecter et trancher le litige conformément au droit
européen.

Mais quid si le juge national a un doute sur la portée d’une règle européenne, s’il hésite
quant à savoir si telle hypothèse entre dans son champ d’application, s’il ne sait pas
comment interpréter tel concept ou telle obligation, telle interdiction ? Pour éviter que
chaque juge national interprète différemment le droit européen selon ses traditions
juridiques propres, et pour garantir une uniformité du droit de l’Union européenne dans
tous les États membres, le mécanisme du renvoi préjudiciel a été mis en place.

Il s’agit d’une procédure de juge à juge : un juge national devant lequel est soulevé une
problématique de droit européen sursoit à statuer (l’affaire est suspendue devant le juge
national) et saisir la Cour de justice d’une question préjudicielle. Après examen, la Cour
répondra, éclairera le juge national sur la portée/signification de la règle européenne
concernée. Le juge (auteur de la question) devra alors se conformer à cette réponse dans
l’issue qu’il donnera au litige qui lui était soumis ; mais tous les autres juges d’autres États
membres saisis d’un litige similaire ou confrontés à la même question devront aussi
respecter l’enseignement de la Cour.

On tente ainsi d’atteindre l’objectif d’uniformité du droit européen.

Ex : L’affaire Kreil. Madame Kreil est une résidente allemande qui est électronicienne de
formation. Elle souhaite soumettre sa candidature pour être employée dans le service de
maintenance électro-mécanique de l’armée allemande. Sa demande d’engagement
volontaire est rejetée par le centre de recrutement au motif que la loi allemande exclut les
femmes des emplois militaires qui comprennent l’utilisation des armes. Madame Kreil
introduit donc une demande au tribunal administratif allemand. Elle estime en effet que
le motif de refus d’embauche, fondé uniquement sur son genre, est contraire au droit
européen. Il existait en effet à cette époque, une directive qui prévoyait l’égalité de
traitement entre homme et femme. Le tribunal allemand décide donc de donc une
question préjudicielle à la Cour de justice de l’Union européenne. Il demanda à la Cour si
cette loi est contraire à la directive sur l’égalité de traitement. Le gouvernement allemand
évoque le fait que l’organisation des forces armées est une compétence exclusivement
nationale. La Cour répond cependant au tribunal allemand que l’exclusivité de

33

Droit européen
20232024
compétence ne permet pas aux États membres de se soustraire à l’obligation d’égalité de
traitement entre homme et femme.

2. Le recours en annulation (art. 263 TFUE)

Le recours en annulation permet à la Cour de justice de contrôler la légalité des actes


émanant des institutions européennes.

En effet, tout acte d’une institution de l’Union qui produit des effets juridiques (c’est-à-
dire qui est obligatoire) peut être « attaqué » en annulation par une institution, un État
membre, ou même une personne physique ou morale.

Cette dernière catégorie de requérants (personnes physiques et morales) ne peuvent toutefois agir
en annulation que dans des conditions strictes : « Toute personne physique ou morale peut former
(…) un recours contre les actes dont elle est le destinataire ou qui la concernent directement et
individuellement (…) » (art. 263, § 4 TFUE ; nous soulignons).

Les « raisons » pour lesquelles la Cour peut considérer un acte européen comme illégal et
l’annuler (on appelle ces « raisons » des moyens) sont :
– l’incompétence (de l’Union en général ou de l’institution auteur de l’acte) ;
– la violation de formes substantielles (procédures et formes d’adoption des actes
européens) ;
– la violation du traité ou de toute règle relative à son application ;
– le détournement de pouvoir.

Lorsque la Cour annule un acte de l’Union, celui-ci disparaît pour tout le monde (effet erga omnes)
et avec effet rétroactif c’est-à-dire pour le futur mais aussi pour le passé, comme si l’acte n’avait
jamais existé. Ce sera à l’institution auteur de l’acte annulé, à prendre des dispositions pour
« effacer » les effets de l’acte annulé.

Ex : affaire Yassin Abdullah Kadi : dans cette affaire, le conseil de sécurité avait adopté
diverses mesures pour réprimer le terrorisme et avait notamment adopté une résolution
selon laquelle les Etats membres devaient geler les fonds de toute personne liée à
Oussama Ben Laden. Dans ce cadre, un comité de sanction était mis sur place et devait
mettre à jour une liste de personnes liées à Oussama Ben Laden. Yassin Adbullah Kadi a
donc été ajouté à la liste du comité de sanction. Celui-ci décide alors d’introduire un
recours en annulation pour violation des droits de la défense. C’est qu’en effet, ni le
règlement, ni la position du Conseil ne prévoyait une procédure de communication des
éléments qui justifient l’inclusion de personnes dans la liste. Le droit d’être entendu et le
droit à un contrôle juridictionnel effectif sont violés. La Cour de justice a dès lors prononcé
l’annulation du règlement.

34

Droit européen
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3. Le recours en manquement (art. 258-259 TFUE)

Le recours en manquement permet à la Cour de justice de contrôler le respect par les


États membres des obligations qui leur incombent en vertu du droit de l'Union.

La saisine de la Cour de justice est précédée d'une procédure préalable engagée par la
Commission qui consiste à donner, à l'État membre concerné, l'occasion de répondre aux
griefs qui lui sont adressés. Si cette procédure n'amène pas l'État membre à mettre fin au
manquement, un recours pour violation du droit de l'Union peut être introduit auprès de
la Cour de justice.

Ce recours peut être engagé soit par la Commission - c'est, en pratique, le cas le plus
fréquent - soit par un État membre.

Si la Cour de justice constate le manquement, l'État est tenu d'y mettre fin sans délai.

Si, après une nouvelle saisine par la Commission, la Cour de justice constate que l'État
membre concerné ne s'est pas conformé à son arrêt, elle peut lui infliger le paiement d'une
somme forfaitaire et/ou d'une astreinte.

Toutefois, en cas de non communication des mesures de transposition d'une directive à la


Commission (infra), sur proposition de cette dernière, une sanction pécuniaire peut être infligée
par la Cour à l'État membre concerné, dès le stade du premier arrêt en manquement.

4. Le recours en carence (art. 265 TFUE)

Les traités imposent aux institutions de prendre certain(e)s actes/décisions, dans


certaines circonstances. Si ces institutions ne se conforment pas à leurs obligations
(inaction), les États membres, les autres institutions et, dans certaines conditions16, des
personnes physiques ou morales, peuvent saisir la Cour (ou le Tribunal ; infra).

Après une première phase (administrative) où l’institution défaillante aura été invitée à
agir, la phase contentieuse (saisine du juge) pourra commencer si l’institution n’a
toujours pas pris position à l’expiration d’un délai de deux mois.

Si l'illégalité de l'omission est constatée, il appartient à l'institution visée de mettre fin à


la carence par des mesures appropriées.

Il s’agit donc, à la différence du recours en manquement, de sanctionner une abstention


illégale des institutions.

16
La personne physique ou morale qui agit en carence doit prouver un intérêt à agir (défaut d’adoption d’un acte
qui aurait à son égard des effets juridiques et qui le concernerait directement ou individuellement).
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Droit européen
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5. Le recours en responsabilité extracontracuelle (art. 268 et 340 TFUE)

Lorsqu’une institution ou un membre du personnel de l’Union a adopté un


comportement illégal et de ce fait a causé un dommage dans l’exercice de ses fonctions,
les personnes physiques ou morales lésées peuvent introduire un recours en
responsabilité auprès de la Cour de justice17.
Il est très important que le dommage subi résulte du comportement illégal (action ou
inaction) de l’institution ; on appelle cela l’exigence d’un lien causal : il faut que le
préjudice invoqué par le requérant ait été causé par l’action ou l’inaction répréhensible
de l’institution concernée.

Si les conditions du recours sont rencontrées (comportement illégal, lien causal,


préjudice), la Cour condamnera l’institution fautive à réparer le dommage qu’elle a fait
naître dans le chef de particuliers.

Le Tribunal

Depuis 1989, la Cour de justice est assistée par le Tribunal (initialement « de première
instance »)18.

Le Tribunal n’est pas une institution, mais une juridiction de la Cour de justice de l’Union
européenne.

Il est actuellement composé de 5 juges (deux par État membre), dont le mandat de six ans
est renouvelable ; et il ne dispose pas d’avocats généraux (cette fonction peut toutefois
être exceptionnellement confiée à un juge).

Le Tribunal est compétent pour les recours en annulation, en carence et en responsabilité,


introduits par des personnes physiques ou morales.

Généralement, le Tribunal possède la compétence de principe :


Art. 256, al. 1er TFUE « Le Tribunal est compétent pour connaître (…) des recours visés aux articles
263, 265, 268, 270 et 272, à l'exception de ceux qui sont attribués à un tribunal spécialisé (…) et de
ceux que le statut réserve à la Cour de justice. Le statut peut prévoir que le Tribunal est compétent
pour d'autres catégories de recours ».

Les décisions rendues par le Tribunal peuvent faire l’objet d’un pourvoi, limité aux
questions de droit, devant la Cour de justice.

17
Un État membre pourrait également agir en théorie, mais cela n’est jamais arrivé.
18
Créé par l’Acte unique européen (supra).
36

Droit européen
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6. LA COUR DES COMPTES
La Cour des comptes fut instaurée en 1977. Elle se compose d’un membre par État,
désigné par le Conseil pour six ans. Elle siège à Luxembourg.

La tâche principale de la Cour des comptes consiste à vérifier le budget de l’Union. En


d’autres termes, la Cour veille à ce que la totalité des recettes de l’Union ait été perçue,
que l’ensemble de ses dépenses ait été exécuté de manière légale et correcte, et que le
budget de l’Union soit bien géré.

La Cour tente ainsi d’assurer que le système européen fonctionne efficacement et de


manière transparente.

7. LA BANQUE CENTRALE EUROPÉENNE (BCE)


Prévue par le Traité de Maastricht en 1992, et effectivement instaurée en 1998, la Banque
centrale européenne est l’institution en charge de la monnaie unique européenne (l’euro).
Elle a son siège à Francfort-sur-le-Main.

Sa mission principale consiste, avec les différentes banques nationales de la zone euro (17
à ce jour19) à maintenir la stabilité des prix au sein de la zone euro et par conséquent, à
préserver le pouvoir d’achat de l’euro. C’est ainsi que seule la BCE peut autoriser
l’émission de billets de banque en euro dans l’Union.

La BCE est – tout comme les Banques centrales des différents pays membres 20 –
totalement indépendante des gouvernements nationaux et des autres institutions
européennes.

8. SYNTHÈSE
Le Conseil européen définit les orientations et les priorités politiques générales de l’Union.
La Commission incarne le pouvoir exécutif de l’Union. Elle participe également au
processus législatif, dans lequel le pouvoir décisionnel revient au Conseil et au Parlement.

19
Allemagne Autriche Belgique Chypre Espagne Estonie Finlande France Grèce Irlande Italie Luxembourg Malte
Pays-Bas Portugal Slovaquie Slovénie
Par ailleurs, Andorre, le Kosovo, Monaco, le Monténégro, Saint-Marin et le Vatican utilisent l’euro sans être
membres de l’Union européenne et donc de la zone euro.
20
La Banque centrale européenne et les banques centrales nationales forment le Système Européen des Banques
Centrales (S.E.B.C., encore appelé « Eurosystème »).
37

Droit européen
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La Cour de justice de l’Union européenne veille au respect et à l’application uniforme du
droit européen.
La Cour des comptes contrôle le financement des activités de l’Union.
Quant à la Banque centrale européenne, elle est responsable de la monnaie unique
européenne : l’euro.

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Partie 3. Les normes européennes
Les normes européennes se répartissent en deux grandes catégories : les normes de droit
primaire (1) et les normes de droit dérivé (2).

Après les avoir étudiées, il conviendra de s’interroger sur leur effet (3) et sur la primauté
du droit européen par rapport aux droits nationaux (4).

1. LE DROIT PRIMAIRE
Le droit primaire est constitué de l’ensemble des Traités fondateurs tels qu’ils ont été
successivement modifiés.

A l’origine, il s’agissait du Traité CECA et des deux Traités de Rome (CEE et Euratom),
auxquels s’est ajouté en 1992 le Traité de Maastricht sur l’Union européenne (TUE ;
supra).

Aujourd’hui, le droit primaire de l’Union européenne comprend essentiellement, outre


l’EURATOM, le Traité sur l’Union européenne (TUE) et le Traité sur le fonctionnement de
l’Union européenne (TFUE), ainsi que la Charte des droits fondamentaux.

La Charte des droits fondamentaux est un texte reprenant l’ensemble des droits civiques, politiques,
économiques et sociaux des citoyens européens ainsi que de toutes les personnes vivant sur le
territoire de l’Union. Ces droits sont définis en tant que valeurs communes de l’Union européenne.
L’objectif est de rendre ces valeurs plus visibles, de façon à renforcer la protection des droits
fondamentaux face aux changements de la société, au progrès social et aux développements
scientifiques. La Charte est divisée en six chapitres : Dignité – Liberté – Egalité – Solidarité –
Citoyenneté – Justice.

Dans le Traité établissant une Constitution pour l’Europe, la Charte était intégrée dans le corps du
texte : elle formait le titre II de la Constitution en projet. A la suite du « non », donné à ce traité, la
Charte a été signée à Lisbonne comme un texte autonome, le 12 décembre 2007 (la veille de la
signature du Traité de Lisbonne proprement dit).

Quant au Traité de Lisbonne, il reconnaît à la Charte des droits fondamentaux la même valeur
juridique que les traités (art. 6 TUE). En effet, la Cour de justice de l’Union européenne est chargée
de veiller au respect de la Charte dans toutes les actions de l’Union européenne.

Ces différentes normes de droit primaire définissent le cadre institutionnel de l’Union


européenne. Leur révision est soumise à une procédure spécifique et contraignante.

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Droit européen
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2. LE DROIT DÉRIVÉ
Le droit dérivé regroupe les différentes normes adoptées par les institutions de l’Union
européenne, en application des traités fondateurs21. Certaines de ces normes remplacent
certaines règles du droit national des États membres et visent à harmoniser celles-ci sur
l’ensemble du territoire européen. Les principaux actes de droit dérivé sont le règlement
et la directive.

Le règlement

« Le règlement a une portée générale. Il est obligatoire dans tous ses éléments et il est
directement applicable dans tout État membre » (art. 288, al. 2 TFUE).

Le règlement est l’instrument normatif le plus complet et le plus efficace que les
institutions européennes peuvent prendre. En effet, il vaut intégralement et
uniformément dans tous les États membres et il est directement applicable (supra) : il
génère donc des conséquences juridiques, sans besoin d’accomplir des actes d’exécution
internes dans les différents États membres. Comme tel, il est apte à conférer des droits
aux particuliers que les juges nationaux doivent protéger.

Voir Règlement (CE) n° 1606/2002 du Parlement et du Conseil du 19 juillet 2002 sur


l’application des normes comptables internationales
https://eur-lex.europa.eu/legal-
content/AUTO/?uri=CELEX:32002R1606&qid=1629984637279&rid=1

La directive

« La directive lie tout État membre destinataire quant au résultat à atteindre, tout en
laissant aux instances nationales la compétence quant à la forme et aux moyens » (art.
288, al. 3 TFUE).

En d’autres termes, les directives sont des instruments de législation indirecte : elles
fixent un objectif tout en laissant aux États la liberté de choisir comment atteindre cet
objectif.

Ce sont les États qui sont les uniques destinataires de la directive. Ils sont invités à
modifier leur législation nationale pour y introduire la substance, le contenu, l’objectif de
la directive européenne ; c’est ce qu’on appelle la transposition. Les directives doivent
en effet être transposées dans un certain délai. Le dépassement de ce délai de

21
Ces normes sont énumérées dans l’article 288 du TFUE.
40

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transposition engage la responsabilité de l’État, qui pourra se voir condamner en
manquement (supra).

Voir directive 2013/34/UE du Parlement européen et du Conseil du 26 juin 2013


relative aux états financiers annuels, aux états financiers consolidés et aux
rapports y afférents de certaines formes d’entreprises, modifiant la directive
2006/43/CE du parlement européen et du Conseil et abrogeant les directives
78/660/CEE et 83/349/CEE du Conseil

https://eur-lex.europa.eu/legal-
content/AUTO/?uri=CELEX:32013L0034&qid=1629985275232&rid=1

41

Droit européen
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3. EFFET DIRECT
Contrairement au droit international classique (supra), le droit européen tant primaire
que dérivé, bénéficie d’une présomption d’effet direct.

CJCE 1963, Arrêt Van Gend en Loos


Comparé à d’autres Traités internationaux, les traités européens ont une nature
particulière et la Communauté – aujourd’hui l’Union européenne – constitue « un nouvel
ordre juridique de droit international, au profit duquel les États ont limité, bien que dans
des domaines restreints, leurs droits souverains, et dont les sujets sont non seulement les
États membres mais également leurs ressortissants ».
La Cour affirme ainsi que les règles européennes peuvent être valablement invoquées par
un particulier devant un juge national et que celui-ci devra, si nécessaire, écarter les
normes de son ordre juridique interne qui seraient contraires au droit européen.

 Les règlements sont toujours directement applicables ;


 La plupart des articles des Traités de droit primaire sont directement applicables ;
La Cour de justice a développé une jurisprudence originale, propre à l’Union européenne : les
dispositions des Traités qui sont suffisamment claires, précises et inconditionnelles bénéficient
d’une applicabilité directe, et ce même si elles ne reflètent pas la volonté des parties de parvenir à
ce résultat.
 Les directives étant des instruments de législation indirecte, ses destinataires sont en
principe les États : la question de leur effet (direct ou non) est plus complexe.
Elles ne bénéficient en principe d’aucun effet direct parce qu’elles s’adressent aux États qui devront
encore les transposer dans leur législation nationale. Si en justice, un citoyen européen doit
invoquer un droit découlant d’une directive européenne, il s’appuiera sur la norme nationale de
transposition et non sur la norme européenne. La Cour de justice de l’Union a toutefois développé
une jurisprudence par laquelle elle reconnaît une certaine applicabilité directe aux directives.
Lorsqu’un État n'a pas transposé la directive dans sa législation dans le délai prescrit par exemple,
si la directive est suffisamment claire, précise et inconditionnelle, la directive pourra le cas échéant
avoir une applicabilité directe verticale, c'est-à-dire d’une personne vis-à-vis de l’État, et non entre
individus, ni de l’État à l’encontre de l’individu.

4. PRIMAUTÉ
Comme on l’a déjà souligné, le droit européen présente une vraie spécificité par rapport
au droit international classique. C’est sur cette spécificité que la Cour de justice s’est
appuyée pour faire de la primauté du droit de l’UE sur le droit des États membres, un
principe fondamental du droit européen.

Dès lors que les institutions européennes produisent des normes, se pose la question du
rapport entre ces normes européennes et les normes nationales. Plus précisément, il
importe de savoir, en cas de contradiction entre une norme européenne et une norme
nationale, laquelle doit prévaloir. À l’origine, on réglait cette question en considérant que
42

Droit européen
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les normes européennes et nationales avaient une valeur équivalente ; aussi en cas de
contradiction entre elles, on appliquait la loi postérieure, c’est-à-dire la plus récente.

Cette conception de l’équivalence entre normes européennes et internes a toutefois


évolué vers une hiérarchie entre normes européennes et internes. Ce revirement de
situation s’est produit à la suite de l’arrêt de la Cour de justice Costa contre E.N.E.L., en
1964.

Les faits ayant donné lieu à cette affaire peuvent être résumés comme suit. En 1962, l’Italie décide
de nationaliser le secteur de l’électricité. Monsieur Costa, actionnaire d’une société active dans le
secteur de l’électricité, perd dès lors ses droits à dividendes. En signe de protestation, il refuse de
payer ses factures d’électricité. Assigné en justice pour non-paiement de ces factures, l’avocat de
Monsieur Costa argumente que la nationalisation viole une série de dispositions du Traité CEE de
1957. Le juge italien se tourne alors vers la Cour de justice pour lui demander, par le biais d’une
question préjudicielle, quelle est son interprétation du Traité. La Cour devait ainsi se prononcer sur
la portée du droit européen par rapport aux lois nationales22.

À cette occasion, elle a déclaré que les normes juridiques européennes bénéficient d’une
primauté sur la législation nationale, antérieure comme postérieure. Autrement dit, si
une législation nationale contredit une norme européenne, le juge national doit écarter
cette législation, il doit refuser de l’appliquer au profit de la norme européenne.

Pour arriver à cette solution, la Cour a considéré que la primauté était conforme à la
volonté des États membres qui, en créant les Communautés européennes (qui plus est
pour une durée illimitée), ont abandonné volontairement une part de leur souveraineté.
De plus, l’uniformité du droit européen passe obligatoirement par une primauté de celui-
ci sur les droits nationaux.
Enfin, l’effet direct reconnu aux normes européennes perdrait toute efficacité s’il suffisait
aux États membres d’adopter une nouvelle norme nationale contraire pour les écarter.

22
On insiste sur le fait que la Cour de Justice n’est pas compétente pour dire si M. Costa a eu tort ou raison de
refuser de payer ses factures ; cette question restant de la seule compétence du juge italien.
43

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Partie 4. Les objectifs de l’UE
1. La sauvegarde de la Paix
« L'Union a pour but de promouvoir la paix, ses valeurs et le bien-être de ses peuples »
(art. 3, § 1er TUE).
Objectif atteint : situation de paix depuis plus de 75 ans. Grande première dans notre
histoire !
Mais l’invasion russe en Ukraine du 24 février 2022 ramène la guerre aux portes de l’UE.

“Pour la toute première fois, l’Union européenne s’apprête à financer l’achat et la livraison
d’armes et autres équipements à destination d’un pays faisant l’objet d’une attaque. C’est un
moment charnière pour notre Union”, a affirmé la présidente de la Commission européenne
Ursula von der Leyen, lors d’une déclaration à la presse le 27 février. Ce financement d’armes
à destination d’un pays hors de l’UE est en effet une première.

Celui-ci a pu voir le jour à travers la Facilité européenne pour la paix. Créée en mars 2021,
cet instrument permet à l’Union de financer ses opérations militaires dans des États tiers. Mais
aussi de leur fournir une aide, qui peut prendre la forme d’armes létales. Cette possibilité a ainsi
été utilisée dans le cadre de la guerre en Ukraine, par le financement de l’envoi d’armes aux
Ukrainiens, ainsi que d’équipements de protection et de carburant.

De nombreux Etats membres de l’UE, dont la France, ont aussi décidé de livrer à titre
individuel des armes à l’Ukraine. Y compris la Finlande et la Suède, pourtant
historiquement neutres, signe parmi d’autres du point de bascule historique que
représente cette crise.

2. L’établissement du Marché intérieur


Le marché intérieur peut être défini comme un espace économique dans lequel les
producteurs de l’un des États considérés peuvent atteindre les consommateurs des autres
(et inversement) dans les conditions des échanges internes d’un marché national.
Ce marché intérieur passe par la concrétisation de quatre libertés fondamentales : la libre
circulation des marchandises, des personnes, des services, et des capitaux ; par le
rapprochement des législations nationales (harmonisation) ; et par la garantie d’une libre
concurrence.
Remarque terminologique :
La notion de « marché commun » a été abandonnée depuis l’adoption du Traité de Lisbonne. On
parlera aujourd’hui de préférence de « marché unique » ou de « marché intérieur », qu’on peut
considérer comme des synonymes. Il s’agit d’« un espace sans frontières intérieures dans lequel la
libre circulation des marchandises, des personnes, des services et des capitaux est assurée » (art.
26, § 2 TFUE).

3. Autres objectifs
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À côté des compétences qui devaient mener à l’achèvement du marché intérieur, l’Union
européenne a acquis et développé un nombre important d’autres compétences, entre
autres via les politiques agricole, sociale, des transports ou commerciale, la politique
économique et monétaire (depuis le Traité de Maastricht), ou encore la coordination des
politiques nationales de l’emploi (depuis le Traité d’Amsterdam). Outre ces différentes
politiques communes, l’Union européenne joue également un rôle croissant en matière
d’environnement, d’éducation, de formation, de culture, de protection des
consommateurs, d’immigration et d’asile, d’aide au développement, de recherche, de
jeunesse, de santé publique…

45

Droit européen
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Bibliographie
BEHRENDT, C. & BOUHON, F., Introduction à la Théorie générale de l'État – Manuel, 2ème
éd., Bruxelles, Larcier, 2011.

BOUTAYEB, C., Droit et institutions de l’Union européenne. La dynamique des pouvoirs,


Paris, LGDJ, 2011.

DONY, M., Droit de l’Union européenne, 4ème éd., Editions de l’Université de Bruxelles, 2012.

GABLIN, S. et STEINBACHER, F., Institutions européennes, Lausanne, NK éditions, 2010.

PAQUES, M., Droit public élémentaire en quinze leçons, Bruxelles, Larcier, 2005.

VAN RAEPENBUSCH, S., Droit institutionnel de l’Union européenne , 4ème éd., Bruxelles,
Larcier, 2005.

Sites internet :

Conseil de l’Europe : http://www.coe.int

Union européenne : http://www.europa.eu.int

Législation européenne : http://www.europa.eu.int/documents/eur-lex

Comprendre l’Europe : https://www.touteleurope.eu

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Droit européen
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Table des matières
NOTIONS DE DROIT EUROPÉEN ......................................................................................... 1

Introduction ..........................................................................................................................................................................2
Objet du cours ........................................................................................................................................................ 2
I. Droit public interne ....................................................................................................................................................................... 3
L’État .......................................................................................................................................................................... 3
La Constitution ...................................................................................................................................................... 3
Les compétences matérielles de l’État ........................................................................................................ 5
Le Fédéralisme....................................................................................................................................................... 5
La Séparation des pouvoirs .............................................................................................................................. 7
II. Relations internationales .......................................................................................................................................................... 9
Le Droit international public ........................................................................................................................... 9
Les Traités ............................................................................................................................................................... 9
L’Objet du droit international public ......................................................................................................... 11
Les Caractéristiques du droit international public (comparaison à venir avec le système
mis en place par l’UE) ....................................................................................................................................... 12

Partie 1. Evolution de la construction européenne : de la CECA à nos jours.............................................. 13


1. Le Traité de Paris de 1951 créant la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) ......... 14
2. Les Traités de Rome de 1957 créant la Communauté économique européenne (CEE) et la
Communauté européenne de l’énergie atomique (Euratom) ...................................................................................... 14
3. Les trois premières vagues d’élargissement ................................................................................................................... 16
4. L’Acte Unique Européen de 1986 ........................................................................................................................................ 16
5. Le Traité de Maastricht de 1992 : Traité sur l’Union européenne (TUE) .......................................................... 16
6. Nouvelle vague d’élargissement ........................................................................................................................................... 18
7. Le Traité d’Amsterdam de 1997 ........................................................................................................................................... 18
8. Le Traité de Nice de 2001 ........................................................................................................................................................ 19
9. L’adhésion de dix nouveaux pays ........................................................................................................................................ 19
10. Le Traité de 2004 établissant une Constitution pour l’Europe ............................................................................ 19
11. Le Traité de Lisbonne de 2007 ........................................................................................................................................... 19
12. L’Adhésion de la Croatie ........................................................................................................................................................ 20

Partie 2. Les institutions européennes .................................................................................................................... 22


1. Le Conseil européen ................................................................................................................................................................... 22
Composition .......................................................................................................................................................... 22
Présidence ............................................................................................................................................................. 23
Fonctions ................................................................................................................................................................ 23
Décisions ................................................................................................................................................................ 24
2. Le Conseil (de l’Union européenne).................................................................................................................................... 24
Composition .......................................................................................................................................................... 24
Formations ............................................................................................................................................................ 25
Présidence ............................................................................................................................................................. 25
Fonctions ................................................................................................................................................................ 26
Décisions ................................................................................................................................................................ 26
3. La Commission européenne ................................................................................................................................................... 27
Composition .......................................................................................................................................................... 27

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Désignation............................................................................................................................................................ 27
Fonctions ................................................................................................................................................................ 28
4. Le Parlement européen ............................................................................................................................................................ 30
Composition .......................................................................................................................................................... 30
Fonctions ................................................................................................................................................................ 31
5. La Cour de justice de l’Union européenne ....................................................................................................................... 31
La Cour de justice ............................................................................................................................................... 32
1. Le renvoi préjudiciel (art. 267 TFUE) ............................................................................................. 33
2. Le recours en annulation (art. 263 TFUE) .................................................................................... 34
3. Le recours en manquement (art. 258-259 TFUE) ..................................................................... 35
4. Le recours en carence (art. 265 TFUE) .......................................................................................... 35
5. Le recours en responsabilité extracontracuelle (art. 268 et 340 TFUE) ......................... 36
Le Tribunal ............................................................................................................................................................ 36
6. La Cour des comptes .................................................................................................................................................................. 37
7. La Banque centrale européenne (BCE) ............................................................................................................................. 37
8. Synthèse .......................................................................................................................................................................................... 37

Partie 3. Les normes européennes ............................................................................................................................ 39


1. Le droit primaire ......................................................................................................................................................................... 39
2. Le droit dérivé .............................................................................................................................................................................. 40
Le règlement ......................................................................................................................................................... 40
La directive ............................................................................................................................................................ 40
3. Effet direct ...................................................................................................................................................................................... 42
4. Primauté .......................................................................................................................................................................................... 42

Partie 4. Les objectifs de l’UE ....................................................................................................................................... 44

Bibliographie ..................................................................................................................................................................... 46

Table des matières .......................................................................................................................................................... 47

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