Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Résumé
Le législateur de l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires
(OHADA), qui accorde le statut de commerçant aux sociétés commerciales dans les-
quelles un État ou une personne morale de droit public est un associé, reconnaı̂t aux
États de leurs sièges sociaux la possibilité de les encadrer. Ceci explique l’adoption au
Cameroun de la loi no 2017/011 du 12 juillet 2017 portant Statut général des entreprises
publiques. Cette loi apporte des innovations qui dérogent à certains niveaux au droit
OHADA. Mais, dans ses innovations, l’on peut lire une volonté du législateur camerou-
nais de faire du droit des entreprises publiques un droit pouvant à la fois faire progresser
et régresser le droit des sociétés commerciales de l’espace OHADA. Ainsi, du côté
progressif, les innovations de la loi viennent relever l’équilibre au sein du conseil d’ad-
ministration. Par contre, du côté régressif, elles bouleversent la constitution de la société
anonyme et de son conseil d’administration.
Introduction
1. Alors que les entreprises publiques entrent déjà dans le champ d’application de
l’acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et GIE3, le législateur
1
La réflexion porte sur la loi no 2017/011 du 12 juillet 2017 portant statut général des entreprises
publiques.
2
Enseignant chercheur à l’Université de Yaoundé II au Cameroun, membre du Centre d’études
judiciaires de la Faculté des sciences juridiques et politiques, assistant de cours au Département de
droit des affaires, membre du comété de redaction de la revue Lenemro, Revue Trimestrielle de
droit economique.
3
Art. 1er acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et GIE (AUSCGIE) ; art. 10 loi no
2017/011 du 12 juillet 2017 portant statut général des entreprises publiques. Au-delà de l’acte
uniforme relatif au droit des sociétés, les entreprises publiques sont aussi soumises aux actes
uniformes OHADA portant droit commercial général (art. 1er), relatif au droit comptable et à
l’information financière et système comptable OHADA-SYSCOHADA-(art. 2), à l’organisation
des procédures simplifiées de recouvrement et des voies d’exécution (art. 30), à l’organisation des
procédures collectives d’apurement du passif (art. 2), au droit de l’arbitrage (art. 2). Sur la ques-
tion, lire notamment, Boukari, S., L’application des textes OHADA aux entreprises publiques :
! Crown copyright 2019.
This article contains public sector information licensed under the Open Government Licence v3.0
(http://www.nationalarchives.gov.uk/doc/open-government-licence/version/3/)
Unif. L. Rev., Vol. 24, 2019, 214–233
doi:10.1093/ulr/unz003
Advance Access publication: 23 April 2019
Le droit des entreprises publiques et le droit des sociétés commmerciales 215
l’exemple de l’AUSCGIE et GIE, thèse, Maastricht, 2015, p. 3 ; Pougoué, P.-G., « Les sociétés d’État à
l’épreuve du droit OHADA », Juridis Périodique, janv.-mars, 2006, p. 99.
4
Il s’agit de l’inscription au Registre du commerce et du crédit mobilier (RCCM), du respect des
règles de la comptabilité privée, l’exercice de l’activité industrielle et commerciale, la responsabilité
civile et/ou pénale du personnel des entreprises publiques. Voir art. 3, 14, 27 et 120 loi no 2017/011.
Sur la question, lire Boukari, S., L’application des textes OHADA aux entreprises publiques :
l’exemple de l’AUSCGIE et GIE, thèse, préc., p. 7 ; Nguihé Kanté, P., « Réflexions sur le régime
de dissolution et de liquidation des entreprises publiques et parapubliques au Cameroun depuis
la réforme des procédures collectives OHADA », Afrilex no 04, Décembre 2004, p. 228 et sqq.
D’une manière générale sur les exigences du statut de commerçant, voir art. 13, 34 et sqq.
AUSCGIE. Lire notamment Viandier, A. et Vallansan, J., Acte de commerce, commerçants et activité
commerciale, 2e éd. PUF, 1992, pp. 181 et sqq., § 172 et sqq. ; Pedamon, M., Kenfack, H., Droit
commercial, commerçants et fonds de commerce, concurrence et contrats de commerce, 3e éd., Dalloz,
2011, pp. 439 et sqq., § 501 et sqq.
5
Le droit OHADA à travers son application immédiate acquiert automatiquement le statut de droit
positif dans l’ordre juridique des États parties et devient leur droit national dans la mesure où sa
réception n’est pas assise sur le principe du dualisme, mais plutôt sur le principe du monisme.
C’est ainsi que dans les pays suivants : Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Centrafrique, ı̂les
Comores, Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée, Guinée-Bissau, Guinée équatoriale, Mali,
Niger, Sénégal, Tchad, Togo, République démocratique du Congo, le législateur ne peut plus
légiférer dans les domaines encadrés déjà par le droit OHADA. Sur la question, Onana Etoundi,
F., « L’OHADA et la sécurité juridique et judiciaire, vecteur de développement », 22e Congrès
international des huissiers de justice, Madrid, 2-5 juin 2015, disponible sur le site http:/www.
ohada.com, consulté le 26 mars 2016 ; Nemedeu, R., « OHADA : de l’harmonisation à l’unification
du droit des affaires en Afrique », Disponsible sur le site de Juriscope: http://www.juriscope.
org/actu_juridiques/doctrine/OHADA/ohada_1.pdf; consulté le 25 février 2017 ; Cissé, A.,
« L’harmonisation du droit des affaires en Afrique : l’expérience de l’OHADA à l’épreuve de sa
première décennie », RIDE, 2004, pp. 198 et sqq. ; Pougoué, P.-G., « Doctrine OHADA et théorie
juridique », Rev. Ersuma, no spécial, 2011, pp. 15 et sqq.
6
Art. 10 Traité OHADA. Lire notamment Babongeno, U., « De la contrariété entre les actes uni-
formes et les constitutions des États membres de l’OHADA », http://www.ohada.doctrine.ohada_
d.09-44-pdf, Fone Mdontsa, A.-M., « Réflexion sur l’article 10 du Traité OHADA », RASJ, no 1,
2010, p. 59, § 35-36 ; Meyer, P., « La sécurité juridique et judicaire dans l’espace OHADA », Rev.
Penant, 2006, no 855, pp. 151 et sqq.
7
Art. 2 AUSCGIE. Sur la question, voir avis de la CCJA, no 001/2001/EP du 30 avril 2001, 4e question,
4e chambre ; CCJA, avis no 02/2000/EP du 26 avril 2000. Lire notamment Nguihé Kanté, P., « Le
caractère d’ordre public du droit uniforme des sociétés commerciales en Afrique », RTD com., no 01,
2010, pp. 1 et sqq.
8
Les articles 1er et 916 AUSCGIE en font écho et renseignent suffisamment sur la coexistence
juridique en matière de sociétés d’État. À cet effet, l’article 1er al. 3 AUSCGIE dispose : « [. . .]
les sociétés commerciales et les groupements d’intérêt économique demeurent soumis aux lois non
contraires au présent acte uniforme qui sont applicables dans l’État partie où se situe leur siège
social ». Quant à l’article 916 AUSCGIE, il dispose que « Le présent acte uniforme s’applique aux
est la nature publique du capital social et des biens des entreprises publiques. En
plus, ces dernières sont placées sous la tutelle des pouvoirs publics9. Sur ces
raisons, l’on voit clairement justifiée l’adoption par le Cameroun de la loi no
2017/011 portant statut général des entreprises publiques. Dès lors, le législateur
camerounais ne défie ni l’autorité du législateur OHADA, ni ne met en péril l’un
de ses objectifs qui est la sécurité juridique10. D’ailleurs, cette cohabitation jur-
idique en matière d’encadrement des entreprises publiques au Cameroun ne date
pas d’aujourd’hui. Elle remonte aux années quatre-vingt-dix avec la loi no 99/015
sociétés soumises à un régime particulier sous réserve des dispositions législatives ou règlemen-
taires auxquelles elles sont assujetties ». Voir Pougoué, P.-G., « Les sociétés d’État à l’épreuve du
droit OHADA », art., op. cit., p. 100.
9
Une entreprise publique est une personne morale ayant une activité industrielle et commerciale
placée sous la direction des pouvoirs publics dont le capital social, les biens et services produits
sont entièrement ou majoritairement la propriété de l’État ou d’une collectivité décentralisée. À ce
titre, il existe deux catégories d’entreprises publiques : les sociétés à capital public et les sociétés
d’économie mixte. Voir art. 2 al. 3 ; 4 et sqq. ; 13 et 114 loi no 2017/011. Lire notamment Chevallier,
F., Les établissements publics en France, coll. Notes et études documentaires, no 4507-4508, 9 mars
1979, pp. 12 et sqq. ; Nguihé Kanté, P., « Réflexions sur le régime de dissolution et de liquidation
des entreprises publiques et parapubliques au Cameroun depuis la réforme des procédures col-
lectives OHADA », art., op. cit., pp. 35 et sqq.
10
L’objectif OHADA de sécurité juridique apparaı̂t clairement dans le préambule de son Traité «
[. . .] conscients qu’il est essentiel que ce droit soit appliqué avec diligence dans les conditions
propres à garantir la sécurité juridique des activités économiques, afin de favoriser l’essor de
celles-ci et d’encourager l’investissement ». Cet objectif est encore réaffirmé à l’article 1er du
Traité qui traite de l’objet de l’OHADA. Voir Mouloul, A., Comprendre l’organisation pour l’har-
monisation en Afrique du droit des affaires (OHADA), 2e éd., décembre 2008, http://www.ohada.
com., pp. 20 et sqq. ; Modi Koko Bebey, H. D., « L’harmonisation du droit des affaires en Afrique :
regard sous l’angle de la théorie générale du droit », http://www.ohada.com., consulté le 13 avril
2016, p. 3 ; Meyer, P., « La sécurité juridique et judiciaire dans l’espace OHADA », art., op. cit., pp.
151 et sqq. ; Onana Etoundi, F., « L’OHADA et la sécurité juridique et judiciaire, vecteur de
développement », art., op. cit., pp. 1 et sqq.
11
L’on part de cette loi, parce qu’avant elle, il n’existait pas encore de droit OHADA. En effet, le droit
OHADA portant droit des sociétés commerciales est entré en vigueur le 17 avril 1997. Voir J.O.
OHADA, no 2, 01/10/ 1997, pp. 1 et sqq. Or, bien avant 1997, les sociétés d’État du Cameroun
étaient soumises à l’ordonnance no 95/003 du 17 août 1995 portant statut général des entreprises
du secteur public et parapublic. Sur l’évolution de l’encadrement juridique des entreprises pub-
liques au Cameroun avant 1995, lire Nguihé Kanté, P., « Réflexion sur le régime de dissolution et
liquidation des entreprise publiques et parapubliques au Cameroun depuis la réforme des procé-
dures collectives OHADA », art., op. cit., pp. 221 et sqq.
12
Il s’agit par exemple du Burkina Faso, des ı̂les Comores et de la Guinée Conakry. Toutefois, dans
un pays comme dans un autre, l’entreprise publique est qualifiée différemment ; tantôt de sociétés
d’État (Burkina Faso), de sociétés à capitaux publics et établissements publics (les ı̂les Comores) ou
d’organismes publics (Guinée Conakry).
13
La loi camerounaise no 99/016 du 22 décembre 1999 portant statut général des établissements
publics et des entreprises du secteur public et parapublic.
14
L’on pense aux décrets burkinabés no 2000-189/PRES/PM/MCIA du 17 mai 2000 portant statut
général des sociétés d’État et no 2007-724/PRES/PM/MEF/MCPEA du 7 novembre 2007 portant
modalités de désignation des membres des organes d’administration et de gestion des établisse-
ments publics et des sociétés à participation majoritaire de l’État ; la loi comorienne du 2 janvier
rupture avec le droit OHADA, droit commun des sociétés commerciales dans
l’espace OHADA. Cette rupture se situe au niveau de la constitution tant de la
société15 que du conseil d’administration16. Et pourtant, au regard des dispos-
itions de l’acte uniforme OHADA relatif au droit des sociétés commerciales et
GIE17 qui consacrent la coexistence juridique, il n’est pas question pour les
législateurs des États parties de soumettre les entreprises publiques à un régime
particulier18 conforme à l’adage specialia generalibus derogant, c’est-à-dire « le
droit spécial chasse le droit commun »19.
2006 portant règlementation générale des sociétés à capitaux publics et des établissements publics ;
la loi guinéenne L. no 2017/0056/AN modifiant certaines dispositions de la loi L. no 2016/075/AN
du 30 décembre 2016 portant gouvernance financière des sociétés et établissements publics en
République de Guinée.
15
Il s’agit des conditions de création telles que la souscription du capital et la tenue de l’assemblée.
Voir infra, § 19 et sqq.
16
Il s’agit essentiellement de la composition, de la représentation et de l’équilibre des pouvoirs au
sein du conseil d’administration. Voir infra, § 13 et sqq., 24 et sqq.
17
Art. 1er et 916 AUSCGIE. Voir supra, § 2.
18
C’est surtout dans l’encadrement des entreprises publiques qualifiées de sociétés à capitaux publics
(capital social détenu intégralement par l’État, une ou plusieurs collectivités décentralisées) que
cette dérogation est perceptible. Les entreprises publiques à société d’économie mixte (capital
détenu majoritairement par l’État, une ou plusieurs collectivités décentralisées) ne sont pas con-
cernées. Elles relèvent et restent dans le régime du droit commun des sociétés commerciales de
l’espace OHADA. Et pourtant, en parlant d’entreprises publiques, le législateur OHADA ne fait
aucune distinction entre celles qui sont à capitaux publics et celles qui sont d’économie mixte.
C’est dans cette voie que semble s’inscrire le législateur comorien. Il soumet toutes les entreprises
publiques de la création au fonctionnement aux règles du droit commun des sociétés commer-
ciales. Voir art. 76 loi camerounaise no 2017/011 ; art. 1er, 2 et 5, 21 et 27 loi guinéenne L. no 2016/
075/AN du 30 décembre 2016 ; art. 6 et sqq. Loi du 2 janvier 2006. Sur la question de la soumission
totale de toutes les entreprises publiques au droit OHADA, lire Pougoué, P.-G., « Les sociétés
d’État à l’épreuve du droit OHADA », art., op. cit., p. 100.
19
Grua, F. et Cayrol, N., Méthode des études de droit, 2e éd., Dalloz, 2011, p. 24 ; Grua, F., « Les
divisions du droit », RTD civ., 1993, chron., p. 62, § 9.
20
Les entreprises publiques camerounaises tout comme celles de certains pays industrialisés ont
connu des dysfonctionnements et des difficultés dont l’origine se trouvait dans les règles de la
bonne gouvernance. C’est ainsi que dès l’automne 2004, le Gouvernement canadien a entrepris
une réforme majeure de la gestion des sociétés d’État avec la loi sur la Caisse de dépôt et placement
au Québec. Sur la question, lire Moderniser la gouvernance des sociétés d’État, Énoncé de politique,
Bibliothèque nationale, Québec, 2006, pp. 9 et sqq.
croissant du bas vers le haut, c’est-à-dire le droit interne enrichit le droit OHADA.
À titre illustratif, l’on peut convoquer le Code guinéen des activités auquel le
législateur s’était inspiré pour mettre en forme certaines règles juridiques relatives
aux sociétés commerciales21.
Du côté pratique, la question posée permet de comprendre que les rapports
entre le droit OHADA et le droit interne ne doivent plus seulement être perçus
sous l’angle de la conformité. Ils doivent aussi être saisis sous l’angle d’apport du
21
La loi guinéenne no 92-043 du 8 décembre 1992 portant sur le Code des activités économiques en
République de la Guinée Conakry a été intégrée dans l’acte uniforme relatif au droit des sociétés
commerciales par le législateur OHADA. Sur la question, lire Nemedeu, R., « OHADA : de l’har-
monisation à l’unification du droit des affaires en Afrique », art., op. cit., p. 5.
22
L’ancienne loi avait reçu des écrits pertinents et savants dans son rapport avec le droit OHADA des
sociétés commerciales. L’on peut citer Nguihé Kanté, P., « Réflexion sur le régime de dissolution et
liquidation des entreprise publiques et parapubliques au Cameroun depuis la réforme des procé-
dures collectives OHADA », art., op. cit., pp. 221 et sqq. ; Pougoué, P.-G., « Les sociétés d’État à
l’épreuve du droit OHADA », art., op. cit., pp. 99 et sqq.
23
Grua, F., « Les divisions du droit », art., op. cit., p. 62, § 10.
24
Mazeaud, D., « L’attraction du droit de la consommation », RTD com. 1998, chron., p. 102, § 21.
entreprises publiques où le capital social est entièrement détenu par l’État, ces
membres sont désignés par décret du Président de la République32. En revanche,
si le capital social est détenu uniquement par les personnes morales de droit
public ou partagé entre l’État et ses démembrements, les membres du conseil
d’administration résultent des statuts ou d’une élection à l’assemblée générale33.
Mais, malgré cette démarcation au niveau du mode de désignation, le législateur
camerounais reste en harmonie avec le législateur OHADA quant à la qualité des
pas nouvelle dans l’espace OHADA. Elle se pose et elle s’est déjà posée devant le
juge38. Seulement, tout en reconnaissant la possibilité aux actionnaires de se
regrouper au sein d’une association pour défendre leurs droits, le juge ne tire
pas toutes les conclusions de sa décision. Il refuse d’affirmer que le principe
d’égalité des actionnaires dans le conseil d’administration ne se limite pas
« seulement à éviter qu’un actionnaire soit désavantagé par rapport aux autres
actionnaires, et ce, relativement à leurs droits » et qu’il va au-delà pour s’intéresser
la société pour aussitôt en sortir. Certes, il est possible que l’admission d’un
représentant des minoritaires rende difficile la prise de décision en ce sens que
le conseil d’administration peut devenir une assemblée délibérante où s’affrontent
les intérêts particuliers42. Mais la sanction de l’abus de minorité43 dissipe cette
inquiétude. Alors l’action de l’administrateur représentant les minoritaires au
conseil d’administration ne pourra aller que dans le sens de l’intérêt commun
des associés, c’est-à-dire au profit de la société44. Il n’y existe donc aucun danger
statut. Dès lors, l’admission du représentant des minoritaires ne peut être considérée comme
contraire à la démocratie.
49
Le conseil d’administration et l’administration générale. Voir supra, § 7.
50
Le changement du mode d’administration peut être fonction du nombre d’actionnaires. Lire art.
414 et 494 AUSCGIE.
51
Art. 462 et sqq. AUSCGIE.
52
Art. 485 et 486 AUSCGIE.
53
C’est l’option choisie par le législateur comorien, c’est-à-dire laisser la désignation du directeur
général à la discrétion du conseil d’administration. Voir art. 9 loi du 2 janvier 2006.
54
Il s’agit des règles de bonne pratique de direction et de gestion des sociétés. Sur la question du
concept de la corporate governance, lire Baron, C., « La gouvernance : débat autour d’un concept
polysémique », Rev. Droit et société, no 54, 2003, pp. 336 et sqq.
55
Chaput, Y., « Le monde idéal : les principes de la gouvernance d’entreprise », in La gouvernance
d’entreprise, cahiers de droit de l’entreprise, no 5, septembre-octobre 2005, pp. 26 et sqq.
56
Caussain, J.-J., « L’influence mondiale et européenne », art., op. cit., p. 28.
57
Il semble suivre les pas de ses homologues français et américains. Sur la question, lire Tunc, A. « La
révolution américaine : présentation et application des "principles of corporate governance" », in
ADANA, « Vers un nouvel équilibre des pouvoirs dans les sociétés cotées », Colloque du 15 juin
1995, Petites affiches du 27 sept. 1995 ; Moderniser la gouvernance des sociétés d’État, op. cit., p. 16.
58
C’est le cas des législateurs burkinabés, des ı̂les Comores et de la Guinée. Voir supra, § 7.
59
Selon l’article 15 de la loi no 2017/011, « Les organes de gestion d’une entreprise publique sont :
l’Assemblée générale des actionnaires, le conseil d’administration et la direction générale ». Le
directeur général assure la direction de la société, la représente dans ses rapports avec les tiers. Sur
les fonctions du directeur général, lire art. 72 al. 1 loi no 2017/011 ; art. 487 AUSCGIE ; Merle, Ph.,
Droit commercial, sociétés commerciales, op. cit., p. 527, § 433 et sqq. ; Cozian, M. et Viandier, A.,
Droit des sociétés, op. cit., p. 245, § 681.
60
Le législateur ne semble pas préciser le statut du directeur général. Finalement, l’on ne sait pas si la
personne désignée directeur général est un actionnaire ou non ; une personne physique ou une
personne morale ; un fonctionnaire ou non. Mais, avec la reconnaissance, d’une part, de la forme
de société anonyme aux entreprises publiques, et d’autre part, du statut varié de son personnel, il
est possible de voir qui peut être directeur général. Dès lors, l’ambiguı̈té sur la qualité du directeur
général peut être levée. Toutefois, pour les besoins de clarté juridique, il est souhaitable que le
législateur camerounais puisse préciser clairement le statut du directeur général afin de lever toute
équivoque. Voir art. 25 et 72 loi no 2017/011. Au Burkina Faso, ce n’est pas le cas. Là-bas, le
directeur général a le statut de personne physique. Voir art. 34 décret no 2000-189/PRES/PM/MCI
du 17 mai 2000.
61
Le législateur OHADA indique seulement que le Conseil d’administration nomme, parmi ses
membres ou en dehors d’eux, un directeur général qui doit être une personne physique. Voir
art. 485 al. 1 AUSCGIE. Lire notamment Cozian, M. et Viandier, A., Droit des sociétés, op. cit., p.
136, § 372 ; Dom, J.-P., « Contrat de travail du directeur général au sein d’un groupe », Bull. Joly
sociétés 1996, § 163.
62
C’est le cas aux ı̂les Comores. Ici, le directeur général est nommé par le président du conseil
d’administration après délibération du conseil. Voir art. 9 loi du 2 janvier 2006.
63
En droits burkinabé et guinéen, c’est le Président de la République qui nomme le directeur général
en Conseil des Ministres. Voir art. 35 décret no 2000-189/PRS/PM/MCI A du 17 mai 2000 ; art. 29
loi L. 2017/056/AN du 8 décembre 2017.
77
Le législateur OHADA consacre deux types de sociétés anonymes : sans apport en nature et avec
apport en nature. Mais, à y regarder de près, c’est la distinction consacrée par la doctrine en
l’occurrence la société anonyme sans appel public de la société anonyme par appel public à
l’épargne. Voir art. 390 et sqq. AUSCGIE. Lire notamment Cozian, M. et Viandier, A., Droit des
sociétés, op. cit., p. 219, § 604 ; Merle, Ph., Droit commercial, sociétés commerciales, op. cit., pp. 296 et
sqq., § 257 et sqq.
78
Art. 387 et sqq., 395 et sqq. ; 404 et sqq. AUSCGIE.
79
Art. 17, 18, 28 et 57 al. 2 loi no 2017/011. C’est aussi le cas aux ı̂les Comores (art. 6 loi du 2 janvier
2006) et en Guinée (art. 9 loi no 2017/056/AN du 8 décembre 2017).
80
Art. 20 loi no 2017/011. C’est aussi l’option choisie par ses homologues burkinabés (art. 5 décret no
2000-189 du 17 mai 2000) et guinéens (art. 1er et 5 loi 2017/056).
81
Art. 22 et 23 loi no 2017/011.
82
L’on pense par exemple au décret.
83
C’est surtout au niveau de la constitution des entreprises publiques ayant l’État comme seul
actionnaire. Car, pour les autres entreprises publiques, il est dit que leur constitution obéit aux
règles du droit commun. Ceci amène à dire que cette condition n’est pas totalement exclue de la
constitution des entreprises publiques. Voir art. 29 et 30 loi no 2017/011.
84
Le principe voudrait que toute société ait un capital social indiqué dans ses statuts (art. 17 et 61
AUSCGIE). Cependant, compte tenu de la présence de l’apport en énergie difficilement évaluable
dans les sociétés de personnes (sociétés en nom collectif, commandite simple, à responsabilité
limitée dans une moindre mesure), ce principe peut se voir limité. En réalité, ces sociétés peuvent
être créées sans captal social. Cela ne veut pas dire que la société est constituée sans apports. Il s’agit
simplement de la constitution de la société sans argent au préalable.
vides et de silences des règles spéciales sur une matière, ce sont les règles générales
qui doivent être utilisées85. De ce point de vue, l’on peut dire que les vides laissés
par le législateur camerounais sont comblés automatiquement par les dispositions
du droit commun des sociétés commerciales. Ainsi, le montant du capital social
des entreprises publiques renvoie à celui défini et déterminé dans les textes
OHADA86.
Mais, au regard du droit burkinabé87, l’on constate que cette affirmation mérite
85
En réalité entre les deux droits, il existe le plus souvent toute une gradation de lois de moins en
moins communes et de plus en plus spéciales. Lire Grua, F., « Les divisions du droit », art., op. cit.,
p. 61, § 9.
86
Il se chiffre à dix millions (10 000 000) de francs CFA. Voir 387 AUSCGIE. Ce montant peut
connaı̂tre une hausse à cent millions (100 000 000) de francs CFA si la société anonyme fait appel
public à l’épargne. Voir art. 824 AUSCGIE. Toutefois, il convient de relever que ce sont des
minima en dessous desquels une société ne peut aller si elle veut rester dans la catégorie des
sociétés anonymes. Ceci signifie qu’ils peuvent être rehaussés jusqu’à n millions.
87
Art. 5 décret no 2000-189/PRES/PM/MCIA du 17 mai 2000. Par contre, aux ı̂les Comores, ce sont
les règles du statut qui s’appliquent tandis qu’en Guinée, rien n’est dit. C’est le black out total,
comme au Cameroun.
88
Cozian, M. et Viandier, A., Droit des sociétés, op. cit., pp. 109 et sqq., § 316 et sqq.
89
Art. 5 et 10 décret 2000-189 du 17 mai 2000.
90
Il souligne que le capital de la société anonyme doit être entièrement souscrit avant la date de la
signature des statuts. Par ailleurs, il ajoute que les actions représentant des apports en numéraire
sont libérées, lors de la souscription du capital, d’un quart au moins de leur valeur nominale. Voir
art. 388 et 389 AUSCGIE. Lire notamment Merle, Ph., Droit commercial, sociétés commerciales, op.
cit., pp. 296 et sqq., § 258 et sqq.
91
Cet acte peut être le décret ou les statuts.
92
C’est le cas pour les entreprises publiques pluripersonnelles où le législateur renvoie clairement au
droit commun les règles de leur constitution. Voir art. 29 et 30 loi no 2017/011.
93
C’est aussi le cas des législateurs du Burkina Faso, des ı̂les Comores et de la Guinée.
94
Art. 101 AUSCGIE « Toute société est constituée à compter de la signature de ses statuts, ou le cas
échéant, de leur adoption par l’assemblée générale constitutive ».
95
Art. 106, 404 et 827-6 et sqq. AUSCGIE.
96
C’est aussi le cas des législateurs comoriens et guinéens. Par contre, au Burkina Faso, les choses
semblent un peu plus claires. Le législateur burkinabé reconnaı̂t au niveau de la constitution des
sociétés d’État des actions représentatives d’apport en nature aux côtés de celles en numéraire.
Voir art. 10 décret no 2000-189/PRS/PM/MCIA du 17 mai 2000.
97
Il s’agit des entreprises publiques créées par d’autres entreprises publiques ou des collectivités
territoriales décentralisées ou encore des entreprises publiques constituées conjointement par
l’État et un ou plusieurs de ses démembrements. Voir art. 29 et 30 loi no 2017/011.
98
L’actionnariat diversifié renvoie aux sociétés faisant appel public à l’épargne tandis que celui fermé
peut renvoyer aux sociétés anonymes unipersonnelles. Quelques indications peuvent être fournies :
la mise sous forme nominative des actions non intégralement libérées, la présence du bulletin de
souscription établi par les fondateurs pour la souscription des actions signé et daté par les
souscripteurs ou leurs mandataires, etc. Sur la question, voir art. 389 al. 3 ; 390 et 830
AUSCGIE ; Merle, Ph., Droit commercial, sociétés commerciales, op. cit., p. 293, § 255 ;
Ndjamono Onguila, F., « Les critères fondamentaux de la société anonyme en droit OHADA »,
Cahiers de droit, mars 2012, no 53 (01), p. 55.
99
C’est surtout pour le cas des entreprises unipersonnelles où il est dit que les statuts sont approuvés
par décret et que ce décret tient lieu de statut. Certes, il ressort que la constitution définitive de la
société à capital public se fait selon les règles du droit commun, il reste que les statuts étant déjà
validés par décret, la tenue de l’assemblée constitutive n’aura plus sa raison d’être puisqu’elle est là
pour valider les statuts. Or, pour les entreprises publiques pluripersonnelles, le problème de la
tenue d’une assemblée constitutive ne se pose pas en ce sens que leur constitution est soumise au
droit commun. Voir art. 28, 29 et 30 loi no 2017/11. Aux ı̂les Comores, cela est aussi possible parce
que le législateur abandonne la constitution des entreprises publiques au droit commun. Voir art.
6 loi du 2 janvier 2006.
100
Art. 416 et 459 AUSCGIE.
101
Art. 43, 45 et 46 loi no 2017/011.
au sein des entreprises publiques est une décision discrétionnaire. Elle n’est pas
fonction du nombre d’actionnaires de l’entreprise publique. Pour preuve, les
entreprises publiques à actionnaire unique ont des conseils d’administration au
même titre que celles à actionnaires multiples102. Or le législateur OHADA pré-
conise l’instauration de l’organe de conseil en fonction de l’actionnariat de la
société anonyme103. Cet alignement de la constitution du conseil d’administra-
tion sur le nombre d’actionnaires s’explique par le fait que le nombre élevé
102
Voir supra, § 23.
103
Les sociétés anonymes comprenant un nombre d’actionnaires égal ou inférieur à trois (3) ont la
faculté de ne pas constituer un Conseil d’administration et peuvent désigner un administrateur
général qui assume, sous sa responsabilité, les fonctions d’administration et de direction de la
société. Voir art. 494 AUSCGIE.
104
Merle, Ph., Droit commercial, sociétés commerciales, op. cit., p. 73, § 43.
105
Ledan, J., L’investisseur en droit privé et droit fiscal français, Thèse, préface de Causse, H., PUAM,
Marseille, 2009, p. 155, § 224.
106
C’est le cas des sociétés anonymes faisant appel public à l’épargne qui ont l’obligation d’avoir un
conseil d’administration. Voir art. 828 et 829-1 AUSCGIE. Sur la question, lire Lucas, F.-X., Les
transferts temporaires de valeurs mobilières. Pour une fiducie de valeurs mobilières, Thèse, op. cit.,
p. 191, § 373.
107
Voir supra, § 23.
108
Art. 42 loi no 2017/011.
109
Art. 418 AUSCGIE.
Conclusion
26. Aux termes de cette réflexion, le constat est clair. L’application totale et
parfaite du droit OHADA dans son espace reste encore un chantier auquel les
États parties semblent moins engagés. Cette réflexion l’a démontré. En réalité,
quel que soit le côté de son apport, le droit camerounais des entreprises publiques
à travers la loi no 2017/011 déroge au droit des sociétés commerciales de l’espace
110
Le nombre des membres du Conseil d’administration peut connaı̂tre une hausse et passer de trois
(3) à sept (7), à neuf (9) et jusqu’à onze (11) lorsque la taille de l’entreprise le justifie. Voir art. 22
loi 2017/056/AN du 8 décembre 2017.
111
En droit burkinabé, le nombre est de neuf (9) maximum (art. 11 décret 2000-189 du 17 mai 2000)
tandis qu’en droit comorien, c’est cinq (5) maximum (art. 8 loi du 2 janvier 2006).
112
Le nombre des membres du conseil d’administration est fixé entre trois (3) au moins et douze (12)
au plus. Art. 416 AUSCGIE. C’est aussi le cas en droit guinéen, le nombre est entre trois (3) et sept
(7). Voir art. 22 loi no 2017/056 du 8 décembre 2017.
113
Aux ı̂les Comores, par exemple, le législateur justifie son option de cinq (5) membres au moins au
conseil d’administration. Il est dit que l’on a deux (2) représentants par ı̂les autonomes dont un
(1) de l’exécutif de l’Union et un (1) de l’exécutif de l’ı̂le autonome ; deux (2) représentants
parlementaires de l’Assemblée de l’Union ; un (1) représentant des travailleurs. Voir art. 8 loi du 2
janvier 2006.
114
Art. 36 al. 2 loi no 99/015.
115
Art. 421, 422 et 423 AUSCGIE.
116
La diversification de l’État résulte de ses différentes composantes sociologiques, linguistiques etc.
Voir Boukari, S., thèse, op. cit., p. 44.
117
Art. 28 loi du 2 janvier 2006.
OHADA. Certes, l’on peut y voir dans cette loi une volonté du législateur camer-
ounais d’aligner la gestion des entreprises publiques sur les principes de la
corporate governance afin de les rendre plus performantes. Il n’en demeure pas
moins qu’elle devrait être dans une logique de complètement du droit OHADA.
Dès lors, l’on se pose la question de savoir si les États parties au Traité OHADA
ont juste échangé leur consentement sans jamais faire rencontrer leur volonté.