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Cas pratique n° 1.

Une dame (J) avait proposé, en 2008, ses services à un couple afin de réaliser la vente de leur
bien immobilier, de désintéresser les créanciers hypothécaires et de régler les différents litiges
les concernant. L’intéressée avait mené jusqu’à son terme la vente de l’immeuble hypothéqué.

Le 19 janvier 2009, une somme de 90.000dh correspondant aux fonds revenant de la vente du
bien en question, après désintéressement des créanciers hypothécaires, avait fait l’objet d’un
virement par le notaire, au compte bancaire d’une société gérée par Madame J.

Une partie des 90.000dh perçus, retirée sur le compte de la société (47.190dh très exactement),
avait été restituée au couple sous la forme de remises successives en main propre.

La dame J, gérante de la société avait conservé le solde, soit près de 43.000dh à titre de
commission.

Le couple sollicite votre avis quant à la possibilité d’actionner en justice Madame J pour
exercice illégal de la profession bancaire.
Cas pratique n° 1 : Éléments de réponse.

Introduction.

La situation de Mme J met en cause le monopole bancaire, qui se traduit par une interdiction
pénalement sanctionnée.

Il est ainsi interdit à toute personne d'effectuer des opérations couvertes par le monopole
bancaire (réception de fonds remboursables du public, octroi de crédits à titre onéreux et
fourniture de services bancaires de paiement), sauf à être dûment agréée pour ce faire et sous
réserve bien entendu des exceptions prévues par la loi.

Réduit à ses éléments essentiels, le cas d’espèce se présente de la façon suivante :

Une dame, sans être banquier, a été mandatée par un couple en vue de vendre son bien immeuble
et de désintéresser les créanciers hypothécaires.

Le solde de la vente, après désintéressement des créanciers, s’élevait la somme de 90.000 dh.
Une partie de ce prix, soit la somme de (47.190dh) a été restituée au vendeur sous la forme de
remises successives. Le reliquat (environ 43 000 dh) a été conservé par la conseillère à titre de
commissions.

La situation de Mme J met en cause la problématique de l’exercice illégal de la profession


bancaire.

Mme J ne risque - elle pas d’être sanctionnée pour exercice illégal de la profession bancaire,
pour accomplissement d'une pluralité d'opérations exclusivement réservées aux établissements
de crédit ?

Majeure.

Selon l’article premier de la loi bancaire, la réception de fonds remboursables du public


constituent des opérations de banque, lorsqu’elles sont exécutées à titre de profession habituelle.

Il résulte de l’article 2 du même texte que les fonds reçus du public doivent s'entendre comme
« les fonds qu'une personne recueille d'un tiers, notamment sous forme de dépôts, avec le droit
d'en disposer pour son propre compte, mais à charge pour elle de les restituer ».

Aux termes de l’article 183 de la bancaire : « est punie d’un emprisonnement de six (6) à trois
ans et d’une amende de 100.000 à 5.000.000 de dirhams ou de l’une de ces deux peines
seulement, toute personne qui :

- Exerce, à titre de profession habituelle, les opérations bancaires (réception de


fonds du public, opérations de crédit, services de paiement), sans être dûment
agréé en tant qu’établissement de crédit ;
- Effectuer des opérations pour lesquelles elle n’a pas été agréée.
Mineure.

Mme J a réceptionné des fonds, à savoir la somme de 90 000 dh appartenant aux parties civiles,
directement en provenance du notaire et a pu en disposer comme elle l'entendait, sur un compte
sur lequel elle était la seule à pouvoir intervenir. Elle a conservé par-devers elle, à titre de soi-
disant honoraires, près de la moitié de la somme reçue.

Mme J a, par la suite, effectué, en toute connaissance de cause, de manière habituelle des mises
à disposition en faveur du couple (au moins à trois reprises jusqu'à épuisement de la somme
restante de 47 190 DH).

Mme J avait reçu des fonds et les avait conservés en se ménageant la possibilité d’en disposer,
à charge de les restituer.

Les opérations effectuées constituent ainsi une remise de fonds provenant du public, c’est-à-
dire un tiers.

Toutefois, l’exercice de ces opérations ne peut à lui seul constitué un délit d’exercice illégal de
la profession bancaire, encore faut-il que ces opérations soient effectuées à titre habituel.

Alors qu’en l’occurrence un seul et unique dépôt de 90.000dh était établi, ce qui ne permet pas
de caractériser la réception habituelle de fonds remboursables du public au sens de l’article
premier de la loi bancaire.

Solution.

La dame si elle avait effectivement reçu des fonds d’un tiers et les avait conservés en se
réservant la possibilité d’en disposer pour son propre compte à charge pour elle de les restituer
n’avait pour contractant qu’un seul couple et n’a effectué l’opération contestée qu’une seule
fois. Le critère d’habitude exigé par la loi pour caractériser le délit d’exercice illégal de l’activité
bancaire n’est pas rempli.

Conclusion.

De ce qui précède, nous pouvons conclure que l’action sur le terrain du délit d’exercice illégal
ne peut aboutir. Le couple n’a d’autres choix que d’exercer des recours basés sur le contrat
conclu avec Madame J.

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