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on :

Toute vie en société entraîne inévitablement des contestations et ce, pour


diverses raisons. Aussi, dès qu’une société se forme, la fonction de juger apparaît-
elle comme une nécessité car, il faut une personne impartiale, respectée pour son
autorité ou en raison des pouvoirs qu’elle tient de la loi pour se prononcer sur les
prétentions en conflit et déclarer publiquement laquelle des deux est justifiée.

En d’autres termes, il faut, en cas d’affrontement des prétentions qu’un juge


intervienne pour dire le droit. Cette Fonction est d’autant plus nécessaire que
toute société civilisée repose sur le postulat fondamental qui veut que « Nul ne se
fasse justice soi-même » au risque de vivre dans le désordre et l’anarchie,
ferments de la destruction de la dite société. Il y a donc lieu de Comprendre
pourquoi, dans nos sociétés modernes où l’Etat a la responsabilité de L’ordre
Public, la justice n’est pas seulement, comme le pensait Lamoignon, « une œuvre
de Bienfaisance du roi mais en réalité un devoir de l’Etat ». C’est donc en faisant
face à ses responsabilités que l’Etat a institué un service public de la justice
composé de plusieurs organes et animé principalement par des juges appelés à
rendre des

Décisions à la suite d’une procédure plus ou moins longue, plus ou moins


complexes, destinée à permettre une meilleure recherche de la vérité, dans des
conditions a priori sereines et loyales.

Ces décisions qui peuvent être, soit des ordonnances, soit des jugements ou arrêts
doivent en principe être exécutées sans aucune réticence, puisque émanant d’une
autorité judiciaire instituée légalement par l’Etat.
Mais à ce jour, l’exécution des décisions de justice ne se fait pas aussi aisément
que cela se doit dans nos Etats qui se réclament être des Etats de droit, entendu
comme un système institutionnel dans lequel la puissance publique est soumise au
droit.

Il ne servirait à rien de dire le droit si la déclaration du juge devait rester à l’état


de satisfaction académique ou uniquement pour la beauté du droit. L’exécution
des décisions de justice constitue le corollaire d’une justice efficace.

Toute décision de justice a une force exécutoire, ce qui signifie que, de


plein droit, sans autorisation d’aucun autre organe, le jugement peut donner lieu à
une exécution forcée, au besoin, sous la forme d’une contrainte matérielle, pour
que la décision du juge soit effectivement respectée car ,signalons-le, la fonction
judiciaire est aussi une fonction d’autorité. En d’autres termes, le pouvoir de dire
le droit s’accompagne nécessairement d’un pouvoir de Commandement désigné «
impérium » qui se traduit matériellement par l’apposition, à la fin de chaque
jugement ,d’une formule appelée « formule exécutoire » encore et surtout que la
justice est rendue au nom du Roi Que Dieu l assiste, La formule exécutoire se
présente comme suit : « En conséquence, Sa Majesté le Roi mande et ordonne à
tous agents à ce requis de mettre ledit jugement (ou arrêt) à exécution ; aux
procureurs généraux du Roi et procureurs du Roi près les diverses juridictions d'y
tenir la main, à tous commandants et officiers de la force publique de prêter main
forte lorsqu'ils en seront requis » Dans ce Cadre nous estimons que les parties
quelque soient des personnes Privés ou des personnes de droit public qui entravent
ou refusent l exécution des jugements ou arrêts judiciaires c est comme s ils ont
refusés un Ordre Royal ordonné Par Sa Majesté le Roi Que Dieu l assiste
Autrement dit Personnellement nous considérons Que le Pouvoir judiciaire est un
Pouvoir Royal et cela s explique selon deux conceptions la Première est
Constitutionnelle , selon la constitution l article 107 prévoit que le Roi est le
Garant de l indépendance de la justice au Maroc ainsi que l article 124 qui stipule
que les jugements sont rendus et exécutés au nom du Roi et en vertu de la Loi sans
oublier l article 115 qui prévoit que le Conseil supérieur du Pouvoir judiciaire est
présidé par le Roi Donc la Loi suprême de l Etat confié le Pouvoir judiciaire au Roi
la seconde est Purement religieuse , certes en Islam la mission de la justice est une
mission d imamat et Le Roi est le Commandeur des Croyants c est pour cette raison
que les jugement sont rendus au Nom du Souverain , c est bien Clair que les juges
ne sont que des représentant du Roi Ce qui veut dire que les Décisions de justice
sont réputés sans doute des ordres royales émanant du Roi et Par ailleurs toute
personne même un Ministre et quelque soit sa place dans la société qui n obéit pas
aux décisions de Justice est présumé officiellement un rebelle contre les ordres
Royales et par conséquent il doit être sanctionné d une peine plus Grave que celle
du Rébellion prévu par l article 300 du code pénal Marocain

L'exécution des décisions de la justice constitue un sujet de débat ancien et actuel


en même temps et qui ne cesse de s'imposer au niveau de la scène de
l'organisation judiciaire marocaine.

Dès le début on peut confirmer que la période d'exécution des décisions de la


justice est vitale pour la garantie des droits des parties dans un procès.

Vu cette importance, l'exécution est devenu un critère pour distinguer l'Etat du


droit de l'Etat bureaucratique ou le pouvoir règne sur la loi.
La problématique d'exécution des décisions judiciaires, ayant la force de la chose
jugée est l'une des problématiques que l'on rencontre dans la vie quotidienne sois
dans les rapports juridiques entre les particuliers ou même les personnes de droit
public.

Chaque jour, nombre de jugements sont prononcés par les dizaines de tribunaux
que compte le Royaume. Pourtant, une bonne partie d’entre eux reste sans
exécution, et ce, pour des raisons diverses et variées. Pour expliquer la non-
exécution des jugements, il faut aller chercher là où ça bloque dans la chaîne
d’exécution.

L’exécution du jugement est un problème humain parce que c’est la mission


primordiale de l’huissier, qui se doit d’être compétent, honnête, sérieux et
travailleur .Or la réalité est tout autre.

La crédibilité du système judiciaire marocain continue de s’effriter. La force


obligatoire des jugements rendus par les tribunaux constitue en effet la pierre
angulaire de toute la procédure civile. En effet, l’accroissement du nombre des
affaires portées devant le juge a génère d’une manière quasi mécanique un
accroissement proportionnel du nombre des atteintes à la chose jugée. A cela
s’ajoute la durée excessive de l’instance induite par l’incapacité de la justice à
maîtriser l’inflation galopante des domaines d’intervention de la justice et la
complexité croissante des textes juridiques.

L'efficacité de la garantie d'une exécution adéquate des décisions judiciaires


suppose la contribution de tous les moyens légaux susceptibles d'assurer cette
exécution et parmi lesquels on peut mentionner la force publique et quelques
exceptions qui constituent une présomption que le jugement vaut réalité.

Le but et l'intérêt du prononcé et L'exécution des décisions de la justice constitue


un sujet de débat ancien et actuel en même temps et qui ne cesse de s'imposer au
niveau de la scène de l'organisation judiciaire marocaine. Car Exécuter un
Jugement c est Garantir un Principe Très important constitutionnellement reconnu
il s agit de la sécurité judiciaire cette Notion Vague et indéterminé représente une
Grande importance l article 177 prévoit que le juge est en Charge de la Protection
des droits et libertés et de la « sécurité judiciaire » des personnes et des groupes,
ainsi que l application de la Loi , Donc ni la Loi ni la Doctrine n a défini la notion de
la sécurité judiciaire mais une grande partie des juristes pour ne pas dire la
majorité considèrent que la sécurité judiciaire est le sentiment profond de
confiance et de quiétude envers l institution judiciaire , la question de l exécution
des décisions judiciaires est une question très compliqué voire même quasiment
impossible surtout lorsqu’ il s agit de l exécution des décisions administratives
Alors quelles sont donc les obstacles qui empêchent l exécution des décisions
judiciaires en matière administrative ? Et quelle est la réalité de l exécution des
jugements administratives ?

Pour mieux traiter notre sujet on va aborder (1- la réalité de l exécution des
jugements administratifs au Maroc) ensuite un coup d œil sera jeté sur 2 –( les
causes de l inexécution des décisions judiciaires en Matière administrative )

1-La réalité de l exécution des jugements administratifs au Maroc :

La question de l’exécution des décisions de la justice se pose avec une acuité


particulière dans la mesure où la personne de droit public devant exécuter détient
le monopole de la contrainte étatique et jouit de certains privilèges tels que
l’insaisissabilité de ses biens ou l’inapplicabilité à son encontre des voies
d’exécution du droit commun.

L’administration a l’obligation d’exécuter les décisions de la justice ; cette


obligation constitue le credo central du principe de l’autorité de la chose jugée.

Toutefois, l’obligation d’exécution des décisions de la justice n’est ni générale ni


absolue, elle a ses règles spéciales qui riment avec l’éclosion d’un lacis de limites
ayant pour objectif de dispenser l’administration du strict respect de la chose
jugée.

Il est à signaler, de prime abord, que l’obligation d’exécuter ne découle pas


du caractère de la chose jugée qui peut s’attacher à une décision de justice.
L’obligation d’exécution peut s’imposer même si la décision juridictionnelle n’a pas
passé en force de chose jugée ou n’est devenu définitive. C’est de la force
exécutoire de la décision de justice que résulte l’obligation d’exécution pour
l’administration comme pour les particuliers. La formule exécutoire en est
l’expression.

Dans ce cadre, il y a une différence de taille entre le système juridique


marocain et certains systèmes juridiques étrangers, notamment le système
juridique français :
En France, du fait de l’existence de deux ordre de juridictions distinctes, il y a
deux formules exécutoires : celle des jugements de l’ordre judiciaire qui prévoit
l’usage des voies d’exécution de droit commun et celle des jugements de l’ordre
administratif qui exclut l’usage de la force publique contre l’administration .

Au Maroc, les textes institutifs des tribunaux administratifs et des cours


d’appel administratives n’ont pas prévu une formule exécutoire spécifique pour les
jugements rendus en matière administrative ce qui implique d’opérationnaliser la
technique de renvoi institué par l’article 7 de la loi 41-90 qui dispose que les règles
du code de procédure civile12 sont applicable devant les tribunaux administratifs ,
sauf disposition contraire prévue par la loi 13 .

Toutefois, le caractère général de cette disposition ne doit pas laisser


entendre que l’on puisse faire exécuter les jugements à l’encontre de
l’administration par la force. Dans ce cadre nous estimons avec précision que la
méconnaissance de la chose jugée constitue, dans la conception classique du droit
administratif, un excès de pouvoir justifiant un nouveau recours et une faute
entraînant la responsabilité de l’administration. Sur le plan statistique, la
Direction des affaires civiles du Ministère de la Justice a procédé à un recensement
des jugements gelés au stade de l’exécution. Désormais, ce qui d’ailleurs va
certainement faire plaisir à notre Professeur M.-A. Ben Abdallah , en dispose d’une
« classification des causes qui sont à la base de l’inexécution et, ainsi, au bout
d’une certaine période, en pourrait disposer d’un ensemble d’éléments reflétant la
réalité de l’issue des décisions de justice et à partir de là, en pourrait avancer les
solutions nécessaires à la résorption ou, du moins, à la diminution du phénomène »
183.

C’est en chiffres que se traduit, tout d’abord, une activité. Les tableaux ci-
dessous permettent immédiatement de saisir que les demandes se sont, en général,
accrues depuis 1996.

Le contrôle juridictionnel de l’administration marocaine : contribution à une


étude socio

juridique du contentieux administratif de la Cour Suprême, Thèse de Doctorat :

Le bilan décennal de Les demandes Les jugements Renvois


l’exécution des décisions d’exécution exécutés
des juridictions
administratives : Les
tribunaux administratifs
Rabat 1457 1057 400
Casa 1413 1337 56
Marrakech 737 652 85
Agadir 2159 1530 629
Fès 686 337 349
Meknès 571 420 151
Oujda 355 243 112
Le total 7378 5576 1782
La situation de l’exécution Les demandes Les jugements Renvois
des jugements du tribunal d’exécution exécutés
administratif de
Rabat : L’année
1994 04 04 00
1995 08 08 00
1996 25 24 01
1997 86 80 06
1998 135 124 11
1999 178 158 20
2000 284 261 23
2001 236 211 25
2002 271 210 61
2003 230 154 76
2004 211 105 106
2005 314 69 245
Le total 1982 1408 574

La situation de l’exécution des jugements rendus par les autres tribunaux


administratifs du Royaume dans le cadre des commissions rogatoires :

La situation de Les demandes Les jugements Les refus Renvois


l’exécution des d’exécution exécutés d’exécution
jugements rendus par
les autres tribunaux
administratifs du
Royaume dans le cadre
des commissions
rogatoires : L’année
1994 00 00 00 00
1995 02 02 00 00
1996 38 38 00 00
1997 245 170 75 00
1998 89 70 15 04
1999 12244 114 851 279
2000 219 96 104 19
2001 176 146 11 19
2002 252 173 00 79
2003 188 115 15 58
2004 174 87 00 87
2005 271 17 53 201
Le total 2898 1028 1124 746

Sources : Le tribunal administratif de Rabat.

L’ensemble de ces chiffres ne donne évidemment qu’une image partielle de


l’activité des juridictions administratives en matière d’exécution des jugements. Ils
ne prennent, en effet, en compte que l’exécution a posteriori permise par les
dispositions du Code de procédure civile, alors que dans d’autres cas
l’administration peut procéder directement à l’exécution.
2- Les causes de l’inexécution des décisions de la justice administrative :

La prolifération sans cesse croissante des cas d’inexécution des décisions


des juridictions administratives a conduit les responsables politiques à décréter
moult circulaires pour inciter les administrations publiques, les collectivités locales
et les établissements publics à respecter l’obligation d’exécution qui leur
incombent 177.
Les atteintes portées à l’obligation d’exécution des décisions des juridictions
administratives peuvent être expliquées, d’abord, par une raison quantitative qui
permet de constater que l’accroissement du nombre des affaires portées devant le
juge administratif génère d’une manière quasi mécanique un accroissement quasi
proportionnel du nombre des atteintes à la chose jugée. Toutefois, il ne faut
conclure que le juge administratif est un juge parfaitement accessible. Certes,
l’accès à la justice administrative a été considérablement amélioré notamment
suite à l’élargissement constant de l’intérêt pour agir, mais il reste que le
caractère écrit de la procédure greffé sur les limites congénitales du système de
l’aide judiciaire rend l’accès au juge plus malaisé. A cela s’ajoute la durée
excessive de l’instance sécrétée par l’incapacité de la justice administrative à
maitriser l’inflation galopante des domaines d’intervention de l’administration et la
complexité croissante des textes juridiques 178 .
Les atteintes portées à l’obligation d’exécution des décisions des juridictions
administratives peuvent, également et surtout, être expliquées par des raisons plus
structurelles inhérentes à racinement de ce mal bureaucratique qui grève l’action
administrative.

Or, touché par une crise protéiforme adaptative, identitaire,


institutionnelle et légitimatrice, le système administratif marocain est toujours
fondé sur une conception unitaire et monolithique du pouvoir, caractéristique
majeure de l’organisation bureaucratique. Le professeur A. Sedjari a bien précisé
les caractéristiques distinctives de l’administration marocaine 179. Pour lui
l’administration marocaine est : - Une administration différente de la société dans
la mesure où elle incarne le pouvoir normateur et son corollaire sanctionnateur.
Par le biais de ses privilèges exorbitants de droit commun, elle relègue l’administré
à une situation de subordination et de soumission.
- Une administration inaccessible caractérisée par une inflation normative, justifiée
par l’explosion de la production des textes juridiques, et par une accentuation
aigue des distorsions dans l’application de la règle juridique dues à un déséquilibre
entre les prescriptions et les moyens mis en œuvre. Cette non effectivité juridique
génère, d’une part, la prolifération des tolérances, phénomène de non respect
communément accepté de la règle juridique, et, d’autre part, l’éclosion des
circuits de dérivation, des circuits parallèles qui facilitent aux administrés
d’inscrire leurs relations dans des référentiels qui se développent en marge du
système juridique normal180.
- Une administration secrète dans la mesure où des notions comme le devoir de
réserve et le secret professionnel forgent les jalons qui dessinent la voie devant un
cortège de normes de déontologie administrative à même à entretenir des rapports
opaques entre l’administration et l’administré.
- Une administration autoritaire caractérisée par la survivance du comportement
makhzanien.
Ainsi, en guise de conclusion, c’est un truisme que d’affirmer que le mal
bureaucratique dont souffre l’administration marocaine s’est manifesté
essentiellement par la prolifération des structures, le chevauchement des
compétences et l’enchevêtrement des circuits procéduraux ce qui a eu une
incidence directe sur l’exécution des décisions de la justice.
Apres avoir constaté les causes d’ inexécution quels sont donc les procédures
assurant l exécution des décisions de justice en matière administratives ?

-Le mécanisme de l’astreinte :

L’astreinte peut être imposée à l’administration ou au fonctionnaire qui a


été chargé de prendre les mesures d’exécution de la décision de justice
concernée. C’est ainsi que, dans le cadre des systèmes juridiques autrichien,
bulgare et colombien, l’astreinte est prononcée directement contre le
fonctionnaire qui refuse d’exécuter la décision juridictionnelle148. Par contre, le
droit belge et le droit grec disposent que l’astreinte ne peut être imposée qu’aux
personnes morales de droit public et non aux fonctionnaires à titre individuel.
Mieux encore, l’imposition de l’astreinte, en droit belge, doit être demandée par le
requérant et peut être accompagnée d’une injonction où le juge condamne
l’administration à exécuter une obligation de faire 149.
En droit français, l’article L.911-3 du code de justice administrative prévoit
la possibilité pour le juge administratif de prononcer une astreinte contre les
personnes morales de droit public ou les organismes de droit privé chargés de la
gestion d’un service public pour assurer l’exécution, et ce en cas d’inexécution
d’une décision rendue par une juridiction administrative .
L’astreinte peut être soit prononcée dans la décision même qui statue sur
le fond du litige, ou d’une manière séparée après celle-ci. Or, dans le premier cas,
la partie au litige concernée doit avoir assorti ses conclusions au fond de
conclusions tendant à la condamnation de l’administration au versement d’une
astreinte en cas d’inexécution, dans le second cas, la possibilité est reconnue aux
parties aux litiges ou à toute autre personne directement intéressée de saisir le
juge administratif de l’inexécution de ses décisions .

Sur le plan procédural, le juge administratif peut, d’abord, en cas


d’inexécution, prononcer une astreinte provisoire. Dans ce cadre, il condamne la
personne publique ou la personne privée chargée de la gestion d’un service public,
à défaut pour elle de justifier de l’exécution dans un délai fixé, en général, entre
quinze jours et deux mois, à verser une certaine somme par jour de retard. Le
délai court à compter de la notification du jugement se prononçant sur le principe
de l’astreinte, et celle-ci est encourue jusqu'à la date à laquelle le jugement aura
reçu exécution. L’astreinte ne sera liquidée effectivement qu’en cas de refus
persistant d’exécuter. Si celle-ci n’a pas eu l’effet escompté, le juge administratif
pourra décider d’en majorer le taux 150.
En droit espagnol, l’astreinte qui s’impose à la personne responsable de
l’inexécution doit obéir au principe de la proportionnalité. Ainsi, le juge espagnol,
avant de prononcer l’astreinte, doit tenir compte de l’importance de l’activité que
l’administration doit accomplir pour exécuter le jugement, de la gravité du retard
et des effets dommageables et des possibilités économiques de l’obligé 151.

-Le mécanisme de la saisie :

Le principe de l’insaisissabilité des biens de l’administration a subi un lacis de


tempérament dans les systèmes juridiques étrangers. Ainsi, la loi grecque
n°3068/2002 prévoit un mécanisme d’exécution forcée des obligations pécuniaires
dérivé d’un jugement de saisie de biens appartenant au patrimoine privé de la
personne publique concernée par l’exécution152. De même, la justice
constitutionnelle espagnole a identifié les biens de l’administration qui peuvent
faire l’objet d’une saisie aux effets de l’exécution d’un jugement de
condamnation. Ainsi, les biens du domaine public, les biens communaux, les
ressources financières et les biens patrimoniaux qui sont affectés à un usage public
ou un service public ne peuvent faire l’objet d’une procédure de saisie153. La loi
des juridictions administratives allemandes énumère les biens qui ne peuvent être
saisis et opère un mécanisme de renvoi, pour ce qui est des cas douteux, à la
justice pour statuer sur la question, après consultation avec l’autorité
administrative concernée 154.

En droit français, la jurisprudence s’est efforcée d’expliquer la règle de


l’insaisissabilité soit, dans une optique générale, par les prérogatives de puissance
publique dont dispose la personne publique, soit, dans une optique plus spécifique,
par le fait que les biens, objet de saisie, sont des biens du domaine public ou du
domaine privé de la personne publique concernée ou encore par la mise en
exergue du critère de la personnalité publique comme critère exclusif à même à
justifier le principe de l’exclusion des voies d’exécution de droit commun contre
les biens des personnes publiques155. Toutefois, la règle de l’insaisissabilité s’est
accouchée d’un lacis d’exceptions. Ainsi, la Cour de cassation a admis la non
extension de la règle de l’insaisissabilité aux fonds d’un organisme privé chargé
d’une mission de service public156, et le Conseil d’Etat a admis la saisie des
créances devenues liquides et exigibles d’un établissement public, pourvu que cela
n’affecte ni la régularité ni la continuité du service public concerné par la mesure
d’exécution 157.
Outre les mécanismes d’astreinte et de saisie, les sanctions disciplinaires et
l’emprisonnement sont aussi des sanctions prévues.
Pour ce qui est de l’emprisonnement, certains ordres juridiques qui se
trouvent dans l’orbite du droit anglais, notamment l’ordre juridique colombien,
prévoient l’arrestation comme une action alternative aux amendes établies pour
dissuader l’inexécution dans les cas des actions constitutionnelles dites de «
Tutelle de l’accomplissement et actions populaires » 158.
Le code pénal autrichien sanctionne le fonctionnaire qui utilise ses pouvoirs
d’exécution pour porter atteinte, d’une manière consciente ou négligente, aux
droits individuels159. De même, en Espagne, en Bulgarie et en Grèce la justice
peut engager la responsabilité pénale du fonctionnaire responsable de
l’inexécution d’un jugement 160.
Quid maintenant des mécanismes extra juridictionnels ?

- les mécanismes extra juridictionnels :

La quête de la résolution du problème de l’inexécution des décisions de la


justice administrative ne se fait plus exclusivement sur le terrain juridictionnel
caractérisé par l’extrême complexité des procédures et l’excès, parfois injustifié,
du formalisme. L’intervention des autorités administratives indépendantes et le
contrôle parlementaire sont les mécanismes les plus représentatifs de ce courant
extra juridictionnel 161.

- L’intervention des autorités administratives indépendantes :

L’instauration progressive d’une catégorie spéciale d’organismes qualifiés


d’Autorités Administratives Indépendantes162 constitue un trait majeur du paysage
institutionnel européen. Ces institutions participent directement au processus de
régulation163 et de contrôle de l’action publique164.
Le Conseil constitutionnel français, dans une décision rendue le 17 jan. 1989165, a
établit trois traits pour caractériser les Autorités Administratives Indépendantes :
- Ce sont des organismes administratifs sans personnalité juridique qui évoluent
dans la sphère de l’Exécutif et sont dotés, pour assurer leur indépendance,
d’importants pouvoirs dont celui de confectionner des règles générales.
- Ce sont des organismes dépourvus de tout contrôle juridictionnel.
- Elles sont soumises au contrôle du juge administratif ou juridictionnel selon les
cas.

Parmi ces Autorités, une place de choix est réservée à l’institution du


Médiateur166 qui, dans la tradition scandinave, reçoit le nom de l’Ombudsman.
43
En France, le Médiateur ne peut intervenir dans une procédure engagée
devant une juridiction ni remettre en cause le bien fondé d’une décision
juridictionnelle, mais il a la faculté de faire des recommandations à l’organisme mis
en cause de se conformer à l’autorité de la chose jugée dans un délai qu’il fixe. Si
cette injonction reste sans effet, le Médiateur peut jouer la carte de la pression de
l’opinion publique par le truchement de l’invocation du refus d’exécution dans un
rapport spécial publié au Journal Officiel167.
Dans les systèmes juridiques autrichien, belge, finlandais, malien, espagnol,
sénégalais et suisse168 les Médiateurs jouent un rôle prépondérant dans la garantie
de l’exécution des décisions des juridictions administratives par le biais de la
recherche d’une base d’entente commune entre le citoyen et la personne de droit
public concernée par l’exécution sans , pour autant, pouvoir prendre des
décisions contraignantes. Seuls les Médiateurs suédois et grec peuvent engager des
procédures dans ce sens 169 .

-Le contrôle parlementaire

Dans les systèmes politiques anglais et gallois, le Parlement joue un rôle


primordial dans le contrôle de l’exécution des décisions des juges administratifs,
en particulier, grâce aux prérogatives attribuées au Commissionnaire du Parlement
pour l’Administration170. Le système politique nord-irlandais dispose d’une
institution semblable sur le plan organique mais plus puissante sur le plan
fonctionnel : Le Commissionnaire des plaintes qui est compétent pour demander à
l’Attorney General de s’adresser à la High Court en vue d’obtenir une injonction
contre l’administration ou d’intenter un recours juridictionnel171.
En outre, dans le cadre des systèmes juridiques allemand et espagnol, le droit de
pétition permet aux citoyens de poser directement des questions aux membres du
Gouvernement qui siègent au Parlement 172.
Il est à signaler, en définitive, que les systèmes juridiques étrangers ont
développé des mécanismes alternatifs de règlement des différends pour absorber
les difficultés suscitées par les solutions juridictionnelles. Ainsi, la loi espagnole
n°41/1999 s’insère dans cette perspective dans la mesure où elle prévoit la
possibilité de faire recours à des formules alternatives aux recours juridictionnels,
telles que l’arbitrage, la médiation et la conciliation173, reconnaissant, ainsi, la
pertinence du mouvement de la déjudiciarisation du contentieux administratif.

Conclusion :
Il convient de rappeler que c’est pour faire face à ses responsabilités de faire
dire le droit en cas de contestation par des organes régulièrement investis de
cette mission, que l’Etat a institué le service public de la justice qui doit contribuer
et contribue au maintien de la paix sociale. Les décisions de justice ont force
exécutoire, laquelle force exécutoire ne doit être ni méconnue, ni méprisée aussi
bien par les citoyens que par l’Etat lui-même. Bien au contraire, l’Etat doit, par
l’intermédiaire des différentes autorités détentrices d’une parcelle de la puissance
publique, prêter main forte à l’exécution des décisions judiciaires faute de quoi,
l’ordre public qu’il a l’obligation de maintenir risque d’être perturbé. Mais il y a
lieu de reconnaître que l’exécution des décisions de justice n’est pas suffisamment
effective au Maroc soit, du fait des justiciables eux-mêmes, soit du fait des organes
de justice, soit du fait de l’Etat, malgré tous les moyens et procédures mis en place
par le législateur. Certes, ces moyens peuvent paraître insuffisants ou très laxistes,
d’où la nécessité de combler les lacunes par l’adoption de dispositions plus
contraignantes en matière d’exécution avec des mesures répressives et
disciplinaires contre les auteurs de toute entrave à l’exécution forcée, et ce, qu’il
s’agisse des autorités administratives ou des particuliers.

S’agissant des décisions émanant des juridictions administratives, il est


indiqué que des mesures incitatives, coercitives ou de réparations soient prises
pour amener l’administration récalcitrante à s’exécuter.

- A l’égard des juges, auteurs des décisions de justice, il convient d’attirer leur
attention sur le fait qu’ils ont un rôle important à jouer dans la construction de
l’Etat de droit en affirmant dans leurs tâches quotidiennes , en toute
indépendance, sans crainte ni hypocrisie, la primauté et la force du droit et de la
justice. Et pour ce faire, les juges ont besoin de développer des qualités
d’impartialité, d’indépendance, de diligence et de compétence, qualités qui
constituent le socle de la légitimité et de la crédibilité de leurs décisions.

- A l’adresse des justiciables, il est nécessaire de les inviter à plus de civisme en


vue d’exécuter spontanément les décisions de justice dès l’épuisement des voies
de recours. Ils doivent éviter de procéder à des actes de disposition en cours de
procédure.
- L’administration ou l’exécutif ne doit pas mépriser la chose jugée ou suspendre à
loisir l’exécution d’une décision de justice. L’exécutif doit se rappeler qu’il est
tenu de prêter main forte à l’exécution des décisions judiciaires. Dans les cas où
des troubles à l’ordre public peuvent être envisagés en cours d’exécution,
l’exécutif, à défaut de solutions adéquates peut se référer au juge de l’exécution.

- Dans l’intérêt des indigents, il serait souhaitable que l’aide juridictionnelle soit
étendue à l’exécution des décisions de justice.

- C’est en considération du fait que la construction d’un Etat de droit se trouve


être l’affaire de tous et exige la complémentarité de tous les acteurs que ces
recommandations sont faites. A chacun de jouer sa partition.

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