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Thèmes TD 5 : Contrats spéciaux

Les contrats aléatoires et les MARL

Consultation juridique 1 :

INTRO

Madame Guibon âgé de 75 ans qui envisage de procéder à une rente viagère au bénéfice de son
neveu, est venu demander mes services pour la rédaction de l’acte de vente.

Cette dame à deux enfants qui se désintéressent d’elle. Elle n’a pas de soucis de santé particulier
hormis, un infarctus il y a deux ans et un peu de diabète et de cholestérol. Elle souhaite intégrer une
résidence pour sénior et mettre sa villa T5b et son jardin de 1000 m² estimés à 430 000 euros, en
vente sous la forme d’une rente viagère à l’égard de son neveu. Elle souhaite que le bouquet ainsi que
la rente représentent un prix raisonnable et que le viager s’éteigne au bout de 10 ans, temps
correspondant environ à l’espérance de vie qui lui reste.

Les questions qu’elle se pose sont : de savoir d’abord, quel est le bouquet et la rente correspondant à
un prix raisonnable ? est-ce qu’une rente peut être revalorisée tous les ans ? Quelles sont les
protections efficaces contre le non-paiement des arrérages ?

ANALYSE + RAISONNEMENT

Ce sont des questions classiques puisque de nombreux arrêts ont traité de cela. Il va s’agir de
s’intéresser à la rente et à ses contours.

I- Quant aux conditions de la rente viagère

- Tout d’abord, l’article 1968 du code civile dispose que, la rente viagère « peut être constituée à
titre onéreux, moyennant une somme d’argent, ou pour une chose mobilière appréciable, ou pour
un immeuble ». Ainsi, une rente correspond à une somme d’argent dont le versement doit être
fait périodiquement jusqu’au décès de son bénéficiaire qui se nomme le crédirentier. Ici, il va
s’agir de la vente d’un immeuble moyennant le versement d’une rente. C’est en ppe fait par une
personne âgée un peu fortunée qui vend sa maison, ou son appartement moyennant le
versement d’arrérage qui peut être mensuelle, trimestrielle ou semestrielle. Bien souvent,
l’acquéreur verse comptant le bouquet qui correspond à une fraction de la valeur du bien et le
reste constitue les arrérages. Principalement, le bouquet est déterminé par le crédirentier en
fonction de ses besoins. En générale, entre 10% et 30% de la valeur économique. La rente quant à
elle, est calculée en fonction de l’important du bouquet, de la valeur du bien et de l’espérance de
vie du crédirentier. Il y deux principales conditions reliées à la validité du contrat.

Dans ce cas ci-contre, Madame Guibon souhaite mettre en vente sa villa sous forme de rente viagère.
Cela rentre dans l’article 1968 puisque la maison correspond à un immeuble. Elle compte également
demander un bouquet et une rente donc nous sommes bien dans le cadre d’une rente viagère.
Néanmoins, les deux conditions d’aléa vont devoir être remplie.

- Il faut obligatoire un aléa quant à la durée de vie de la tête de la rente tel que l’exprime l’article
1975 du code civil. Il dit que le contrat est nul si le crédirentier est décédé dans les 20 jours de la
formation du contrat d’une maladie dont il était atteint au moment de la conclusion du contrat.
Peu importe que la maladie ait été inconnu du crédirentier, il va falloir démontrer, pour annuler le
contrat qu’il y a un lien de causalité entre la maladie du crédirentier au moment de l’acte et son
décès. Au-delà du délai de 20 jours l’annulation est possible pour délai d’aléa mais on peut parler
de défaut d’aléa subjectif. En effet, il va falloir prouver que l’acquéreur savait que le crédirentier
était condamné à brève échéance mais cela n’est pas facile à faire. Ce sont les héritiers qui
demandent souvent l’annulation. Si cette preuve est faite, l’acquéreur n’aurait, au moment de la
conclusion, aucun risque de perte et aurait sû qu’il allait gagner à coup sûr donc cela s’apparente
à une manœuvre malhonnête.
De plus, un arrêt du 26 avril 1955 indique que les statistiques sur la durée de vie moyenne des
individus ne fait pas disparaitre le caractère aléatoire « d’un contrat aux termes duquel
l’importance des prestations stipulées dépend de la longueur, toujours incertaine de la survie
d’un seul individu désigné ».

Pour cette condition, madame Guibon a 75 ans et il est vrai que la durée de vie moyenne d’une
femme est de 85,1 ans. La rente viagère est commune pour les personnes âgées donc l’âge avancé de
cette dame n’aura pas d’influence sur la validité du contrat s’il venait à se conclure. Ainsi, son désir de
vouloir éteindre le viager au bout de 10 ans tient parfaitement la route et ne s’avère pas être
contraire à l’aléa puisque la survie d’un individu est toujours incertaine. De plus, madame Guibon est
en bonne santé. Cette condition pourra donc être valide.

- Il faut également un aléa quant au taux de la rente. En ce sens, il faut que la contrepartie
financière soit suffisante pour que le contrat de rente viagère soit aléatoire. Le débirentier ne
court aucun risque de perte s’il peut servir la rente au moyen de ses revenus acquis. Dans ce
domaine, les juges ont un pouvoir souverain d’appréciation et pour comparer les arrérages aux
revenus, ils tiennent compte des revenus effectifs mais aussi des revenus potentiels du bien. Il
faudra, également, déduire des revenus les dépense d’entretien et de la réserve de jouissance qui
a pu être prévue au profit du vendeur. Dans un arrêt du 13 décembre 2017, la Cour de cassation
exprime qu’il ne faut pas que les aréages soient trop dérisoires et inférieurs aux revenus du bien
aliéné sinon la vente peut être entachée de nullité. En l’espèce, et comme dans bien des cas, ce
sont les héritiers qui demandent la nullité à la mort du crédirentier. De plus, il faut faire attention
à la valeur vénale de l’immeuble puisque certaine fois cette dernière est sous-estimé et ne
correspond pas à a réelle valeur du bien. En ce sens, l’arrêt de la Cour de cassation du 12 juin
1996 avait déclaré le montant de la rente dérisoire puisque la valeur vénale de l’immeuble dans
l’acte de vente constituait la moitié de la valeur réelle du bien. Ainsi, le débirentier n’était pas
exposé à un aléa et était certain d’obtenir un bénéfice.

Madame Guibon envisage un prix raisonnable concernant le bouquet et la rente. Pour ce fait, il faut
que l’estimation de la valeur de sa villa soit correcte et corresponde au prix du marché. Le prix de
430 000 paraît peut-être un peu bas pour ce genre de maison comportement un jardin de 1000m² et
étant placé très proche de la mer. Le prix doit atteinte une certain valeur pour ne pas être déclaré
dérisoire par ses héritiers directs (ses enfants), lors de sa mort. En effet, si la contrepartie n’est pas
suffisante, la rente ne sera pas aléatoire en ce sens. Il faut que cette dernière mettre un prix suffisant
pour le bouquet et convienne d’un prix suffisant aussi pour la rente pour que la condition de l’aléa
soit valide et que ses héritiers ne puissent pas obtenir la nullité de ce contrat à sa mort.

II- S’agissant de la revalorisation de la rente

La revalorisation d'une rente dépend des termes du contrat ou des règles qui régissent la rente
en question. En général, les rentes peuvent être soumises à des ajustements périodiques pour tenir
compte de l'inflation ou d'autres facteurs économiques. Cependant, la possibilité de revaloriser une
rente chaque année dépend des dispositions spécifiques du contrat de rente ou des réglementations
en vigueur. La rente viagère est exposée à l’érosion monétaire. Le législateur en a tenu compte parce
qu’elle se range parmi les dettes alimentaires, et il déroge à leur égard au principe d’interdiction de
l’indexation sur le SMIC, le niveau général des prix ou sur le prix des biens qui sont sans rapport avec
l’objet du contrat ou l’activité de l’une des parties et ce, en vertu de l’article L.112-2 alinéa 3 du code
monétaire et financier.
Ainsi, quand les rentes viagères ne sont pas indexés contractuellement, elles le sont selon l’article
1er de la loi 49-420 du 25 mars 1949 qui dispose que “Les rentes viagères ayant pour objet le
paiement par des personnes physiques ou morales de sommes fixées en numéraire soit moyennant
l’aliénation en pleine propriété ou en nue-propriété d’un ou plusieurs biens corporels, meubles ou
immeubles, ou d’un ou plusieurs fonds de commerce, en vertu d’un contrat à titre onéreux ou à titre
gratuit sont majorées de plein droit. ». Cet article renvoie ensuite à l’article 2 de la loi n°51-695 du 24
mai 1951 qui prévoit sur quel taux la majoration sera calculée chaque année. Le taux de majoration
sera calculé chaque année au mois de décembre « par application du taux prévisionnel d’évolution en
moyenne annuelle des prix à la consommation de tous les ménages de l’année civile en cours, tel qu’il
figure dans le rapport économique et financier annexé au dernier projet de loi de finances ».

L’autre mécanisme qui existe c’est le mécanisme judiciaire de majoration des rentes pour tenir
compte des fluctuations de la valeur du bien. Cela n’est possible qu’une seule fois et doit être partiel.
Dans ces cas, les juges apprécient la majoration dans la limite de 75% de la plu value du bien et il la
fixe en tenant compte des intérêts en présence et notamment des intérêts sociaux et familiaux.

Ainsi, le paiement de la rente par l’acquéreur, le débirentier, au vendeur, le crédirentier, sur une durée
incertaine doit prendre en compte l’inflation afin que le contrat de vente ne soit pas déséquilibré.
Dans une vente en viager, cette revalorisation ou indexation permet à la rente viagère de conserver
en quelque sorte son pouvoir d’achat. Le versement d’une rente viagère doit ainsi permettre au
vendeur d’acheter les mêmes biens consommables autant aujourd’hui que demain et ceci est justifié
moralement et légalement par le fait que la rente viagère est une dette alimentaire au sens des
rédacteurs du code civil.

Pour la revalorisation de la rente viagère, comme le souhaite madame Guibon, elle pourra avoir
recours à deux mécanismes. Elle pourra bénéficier de la loi du 25 mars 1949 qui prévoit une révision
automatique de la rente chaque année selon les fluctuations du marché mais surtout selon la loi de
finances qui donne un barème de majoration. De plus, elle pourra bénéficier d’un mécanisme de
correction judiciaire des majorations des rentes fixes et indexés. Cependant, elle ne pourra y
bénéficier qu’une seule fois au cours du contrat.

III- S’agissant de la protection contre le non-paiement des arrérages

L’article 1978 du code civil prévoit une mesure d’exécution forcée particulière en cas de défaut de
paiement de la rente. En effet, il permet de saisir un capital suffisant pour assurer le service futur de
la rente, le but étant d’éviter que le problème se renouvelle à chaque échéance. Cela permet de
garantir le paiement de la rente en prélevant les sommes dues sur les biens du débiteur.

Cet article écarte la résolution du contrat mais cette règle est supplétive puisque les parties peuvent
l’écarter et les notaires ne manquent pas d’insérer dans la constitution de rente viagère, une clause
résolutoire. Conformément au droit commun, cette clause doit être invoquée de bonne foi. Les
clauses résolutoire prévoient souvent que les arrérages versés resteront acquis comme vient le
préciser une décision le 14 septembre 2023. En revanche, elle indique qu’à moins que soit prévue
que le bouquet est laissé au vendeur à titre de dommage et intérêts, comme le sont les arrérages
versés et les embellissements et améliorations apportées au bien, il doit être restitué à l’acquéreur.
Le contrat peut également prévoir des pénalités financières à appliquer en cas de retard de paiement
des arrérages. Ces pénalités peuvent être exprimée en pourcentage du montant dû et peuvent être
calculées sur une base mensuelle ou trimestrielle.

De plus, il faut faire attention dans la rédaction d’une clause puisqu’une décision de la Cour de
cassation, en date du 7 septembre 2022, concernant un acte de vente immobilière avec paiement
d'une rente viagère a cassé l’arrêt de la cour d’appel qui validait la demande de la venderesse de la
résolution de la vente. La clause résolutoire était trop équivoque et n’avait pour objet que le droit de
demander au juge le prononcé de la résolution. Cette décision rappelle que le seul non-paiement de
la rente ne conduit pas automatiquement à la résolution du contrat en vertu de l'article 1978 du Code
civil. Cependant, il est courant d'inclure une clause résolutoire de plein droit clairement rédigée dans
l'acte pour permettre une résolution automatique en cas de défaut de paiement. La clarté dans la
rédaction de ces clauses est cruciale pour éviter toute interprétation équivoque.

Ainsi, lors de la rédaction du contrat de vente, madame Guibon pourra y faire incérer une clause
permettant la résolution du contrat en cas de non-paiement d’un arrérage dans un certain délai. Elle
pourra également utiliser la mesure d’exécution forcée indiquait à l’article 1978 en saisissant un
capital suffisant à l’acquéreur. Elle pourra aussi stipuler une clause de pénalité financière dans le
contrat en cas de retard de paiement. Il faut tout de même que cette dernière fasse attention à la
clarté et au caractère non équivoque de ces clauses.

CONCLUSION :

Ainsi, l’idée de procéder à un arrérage semble être une bonne idée. Il faut cependant que madame
Guibon fasse attention à la valeur vénale réelle de son habitation pour ne pas que l’estimation
actuelle soit moindre et que la rente soit, par la suite, qualifiée de dérisoire.

Elle n’a aucun soucis à se faire concernant la revalorisation de la rente puisque des textes spécifiques
la prévoit. Néanmoins, il est intéressant et sécurisant pour elle d’écrire tout cela dans un clause, dans
le contrat, pour en informer son acquéreur. En ce qui concerne le non-paiement des arrérages, il sera
essentiel d’ajouter des clauses claires soit qui précise que cette dernière aura recours à l’article 1978
du code civil qui permet la saisie de capital suffisant, soit de résolution, soit de pénalités financières
en cas de retard ou de non-paiement des arrérages.

CONSEILS PRATIQUES :

Il est conseiller à Madame Guibon d’aller faire une contre estimation de sa maison auprès d’un autre
expert habilité, et ce pour obtenir la valeur vénale réelle de la maison pour être sûr que le prix estimé
jusqu’à maintenant n’est pas dérisoire.

Art. L. 112-2
Les dispositions (L. no 2011-525 du 17 mai 2011, art. 63-I) «des précédents alinéas» ne
s'appliquent pas aux dispositions statutaires ou conventionnelles concernant des dettes d'aliments.
Doivent être regardées comme dettes d'aliments les rentes viagères constituées entre particuliers,
notamment en exécution des dispositions (L. no 2001-1135 du 3 déc. 2001, art. 21-II, en vigueur le
1er juill. 2002) «de l'article 759 du code civil». — [Ord. no 58-1374 du 30 déc. 1958, art. 79-3, al.
1er; L. no 63-699 du 13 juill. 1963, art. 4.]
Consultation juridique 2 :

INTRO

Monsieur Simon Bonsit aimerait en savoir plus sur la justice arbitrale puisqu’il pense que ce serait un
moyen intéressant pour son entreprise d’échapper à la procédure prud’homale pour régler les futurs
litiges individuels du travail. En effet, il n’a jamais obtenu gain de cause auprès de ce tribunal dans les
différents litiges sur le plan social.

De plus, son fils, Alphonse a des dettes de jeu et est emmené en justice par un casino appartenant à
la société PICSOU. En effet, il n’a pas exécuté le protocole transactionnel conclu le 20 aout 2023 prévu
entre lui et le casino pour les dettes contractées entre 2022 et 2023, dettes s’élevant à hauteur de
160 000 euros.

Pour ce dernier cas, Alphonse a été assigné en justice par la société PICSOU. Il s’agit là de s’intéresser
à un litige classique puisque son cas n’est pas un cas à part.

Selon lui, il a remis plusieurs chèques en blanc lors de ses arrivées dans l’établissement de jeu.
Cependant, d’autres chèques portent des numéros qui se suivent mais n’apparaissent pas dans le
listing détaillé qui retrace les opérations d’achat-vente de jetons.

De ce fait, plusieurs questions se posent.

Peut-on utiliser la justice arbitrale pour gérer des conflits sociaux relevant de la procédure
prud’homale ?

L’exception de jeu est-elle applicable en cas de conclusion d’un protocole transactionnel ?

Il va falloir traiter ces deux problèmes en deux temps puisqu’ils ne reposent pas sur les mêmes règles
de droit.

I- La justice arbitrale

A) La portée de la convention arbitrale

Cette justice qu’on peut également appeler convention arbitrale est le fait de substituer une justice
privée à une justice étatique car la justice arbitrale est plus rapide et considérée comme plus efficace.

L’article 1442 du code de procédure civile rappelle par quel procédé se forme la justice arbitrale « La
convention d'arbitrage prend la forme d'une clause compromissoire ou d'un compromis.
La clause compromissoire est la convention par laquelle les parties à un ou plusieurs contrats
s'engagent à soumettre à l'arbitrage les litiges qui pourraient naître relativement à ce ou à ces
contrats.
Le compromis est la convention par laquelle les parties à un litige né soumettent celui-ci à
l'arbitrage ».

L’article 2059 dispose que « Toutes personnes peuvent compromettre sur les droits dont elles ont la
libre disposition. ».
Néanmoins, cela est contrebalancé par l’article 2060 du code civil qui indique qu’ «On ne peut
compromettre sur les questions d'état et de capacité des personnes, sur celles relatives au divorce et à
la séparation de corps ou sur les contestations intéressant les collectivités publiques et les
établissements publics et plus généralement dans toutes les matières qui intéressent l'ordre public ».
B) Les exigences de la convention arbitrale

Il y a des exigences qui s’imposent lors d’une rédaction de convention arbitrale, sous peine de nullité
si elles ne sont pas respectées. Il faut nécessairement qu’il y ait un écrit. En ce sens l’article 1443 du
code de procédure civile indique que « A peine de nullité, la convention d'arbitrage est écrite. Elle
peut résulter d'un échange d'écrits ou d'un document auquel il est fait référence dans la convention
principale. ». Elle peut très bien apparaître dans des conditions générales de vente ou d’achat.

De plus, elle doit contenir l’énoncé de l’objet du litige comme l’indique l’article 1445 du code de
procédure civile, « A peine de nullité, le compromis détermine l'objet du litige. ». De ce fait, sa
compétence est limitée à ce qui a été soustrait au juge étatique.

C) La désignation des arbitres

Elle peut également désigner les arbitres ou bien prévoir les modalités de leur désignation.

Il existe cependant trois règles entourant leur désignation :


- Un arbitre est tjr une personne physique, cependant si une pers morale est désignée, elle
peut prévoir un procédure d’arbitrage et la désignation en tant qu’arbitre d’une personne
physique. Les détails seront précisés pour cette procédure.
- Il faut un organe impair d’arbitre, peut être constitué que d’un seul arbitre pour un tribunal
arbitrale.
- Les parties doivent de façon égalitaire pouvoir participer à la construction du tribunal arbitral
donc elles doivent avoir les mêmes droits en matière de désignation du ou des arbitre(s).

D) Les règles quant à la substitution à l’organe prud’homale

Selon l’article 1448 du Code de procédure civile, il n’est possible, pour les juges étatiques, de
statuer sur leur compétence lorsqu’un litige relève d’une convention d’arbitrage, que dans
l’hypothèse où la convention d’arbitrage se trouve être manifestement nulle ou manifestement
inapplicable. Ce principe est largement affirmé par la jurisprudence

Depuis l’arrêt du 30 novembre 2011, cet article n’est pas applicable au juge prud’homal. En effet,
« le principe compétence-compétence selon lequel il appartient à l'arbitre de statuer par priorité sur
sa propre compétence n'est pas applicable en matière prud'homale ».
La décision des juges repose notamment sur l’article 1411 du code du travail qui dispose que « Le
conseil de prud'hommes est seul compétent, quel que soit le montant de la demande, pour connaître
des différends mentionnés au présent chapitre. Toute convention contraire est réputée non écrite. ».
Les relations individuelles du travail sont prises en compte dans les « différends ». En somme, le
Conseil des prud’hommes doit en fait rester compétent dès lors qu’un litige est relatif à une relation
individuelle de travail. Une clause compromissoire insérées dans un contrat de travail ne serait pas
nulle mais juste inopposable au salarié. Ainsi, le salarié peut donc choisir de saisir le Conseil de
prud’hommes ou le tribunal arbitral après la naissance du litige sans avoir à se justifier quant à son
choix.

CONCLUSIONS :

Ainsi, Simon Bonsit peut avoir recours à la justice arbitrale mais seulement lorsque cela aura
été inscrit dans le contrat d’embauche de ses salariés. Autrement dit, les salariés qui ont été
embauché jusqu’ici ne pourront pas être soumis à une justice arbitrale puisque cela n’a pas été inscrit
dans leur contrat. En revanche, le chef d’entreprise pourra insérer une clause compromissoire
indiquant que les litiges à venir concernant les licenciements seront réglé par la justice arbitrale dans
les prochains contrats qu’il concluera.
Néanmoins, au regard de la jurisprudence du 30 novembre 2011, on apprend que le conseil
prud’homme a une compétence à laquelle on ne peut déroger en matière de litige du droit du travail
et que dès lors, les salariés ne peuvent se voir imposer la clause compromissoire et peuvent choisir
de régler leur litige devant le conseil des prud’homme.

Dès lors, il n’est pas garanti à Monsieur Bonsit que la justice arbitrale lui soit aussi bénéfique
dans le domaine sociale que sur le plan commerciale.

II- Les impayés à la société d’exploitation PICSOU

A) S’agissant des règles quant aux jeux

Le code civil est tout d’abord très hostile à l’égard des jeux et des paris mais ce ne sont pas des pas
des activités illicites pour autant.

Le jeu implique une participation active des protagonistes. Ces derniers se sont engagés à verser à
celui qui sera déclaré gagnant, une somme d’argent. Quant aux paris, ils impliquent que les
protagonistes pari sur un résultat qui leur est étranger, une somme d’argent est versée à celui dont le
pronostic est exact.

En ce sens, l’article 1965 du code civil indique que « la loi n’accorde aucune action pour une dette du
jeu ou pour le payement d’un pari ». Cela s’appelle l’exception de jeu et donc le gagnant ne peut pas
réclamer en justice le paiement de son gain.
L’exception de jeu est d’ordre public donc les tribunaux doivent l’invoquer d’office, de plus, si le
joueur a émis un chèque sans provision, il ne peut pas être condamné puisque son obligation ne
donne pas lieu à une action en justice.

De plus, la Cour de cassation est très hostile au prêt destiné à alimenter le jeu. De ce fait, un chèque
établit en blanc avant le début du jeu et estimé être complété par les pertes du joueur permet à ce
dernier de bénéficier d’un crédit par reconnaissance de dettes. Ainsi, l’exception de jeu est accueillie
dans ce cas puisque le prêt pour l’alimentation du jeu est une chose qui empêche un casino de
pouvoir poursuivre son action de remboursement devant les tribunaux.
En ce sens, un arrêt du 11 mai 1999 considère que « Le casino dont le personnel a fait remplir au
client, lors de son arrivée, un chèque en blanc qu’il lui a fait ultérieurement compléter en fonction du
montant de ses pertes, a fait bénéficier ce client d’un crédit destiné à alimenter son jeu ».

A fortiori, l’arrêt du 8 avril 2021, indique que les chèques émis par le joueur à son entrée dans le
casino n’ont pas été retracés dans le listing retraçant les achats et vente de jetons et donc qu’il
s’agissait de chèques de couverture d’avances qui ont été consentis au casino par le joueurs pour
alimenter le jeu.

Dans ce cas, Alphonse a donné des chèques en blanc lors de ses venues dans le casino.
Néanmoins, des chèques portant des numéros qui se suivent ne figurent pas dans le listing retraçant
les opérations d’achat-vente de jetons. On en conclu donc que ces chèque n’ont pas été émis en
paiement des jetons mais qu’ils ont été donnés en gage de couverture d’avance par le casino et ce
pour alimenter le jeu. De ce fait, et en application de la jurisprudence sévère et hostile à ce sujet, les
chèques émis en blanc et puis par la suite chèques sans provision reposent sur une exception de jeu
empêchant le casino de pouvoir saisir les tribunaux en vertu de l’article 1965 du code civil.
B) S’agissant du protocole transactionnel

Il s’agit d’un mode alternatif de règlement des conflits (MARC) qui permet aux parties à un litige
de régler à l’amiable leur différend. Cette solution offre aux parties la possibilité d’éviter une
procédure longue et coûteuse devant un tribunal.

Ce protocole transactionnel, en matière de jeux, se substitut à l’exception de jeu de l’article 1965 du


code civil. Puisqu’en cas de chèque sans provision, un protocole transactionnel peut forcer le joueur à
payer, ou du moins, autorise la partie lésée à pouvoir saisir le tribunal. Néanmoins, la cause de la
transaction doit être nécessairement licite pour pouvoir être valable.

En ce sens l’arrêt du 8 avril 2021 est un exemple plus que parfait. En effet, certes un protocole
transactionnel a été conclu entre le casino et le joueur mais il faut faire attention puisque la cause de
ce protocole repose sur quelque chose d’illicite, à savoir les chèques en blanc qui ont servi à
alimenter le jeu. Cet arrêt suit les arrêts précédents qui ont été rendu sur des observations similaires.
L’arrêt de la cour de cassation du 30 juin 1998 rappelle en effet que, « le client d’un casino, dont
l’activité est autorisée par la loi et réglementée par les pouvoirs publics, ne peut cependant se
prévaloir de ces dispositions, sauf s’il est établi que la dette se rapporte à des prêts consentis par le
casino pour alimenter le jeu ».

Ainsi, si l’exception ne peut être opposée lorsqu’est en cause une dette de jeu incombant au client
d’un casino dont l’activité est légalement autorisée, celui-ci retrouve la faculté de l’opposer lorsque la
dette naît d’un prêt ayant alimenté le jeu. Ainsi, le contrat, à savoir le protocole de transaction,
repose sur une cause illicite est ne peut être valable.

L’assignation en justice du casino ne repose pas sur une base valable puisque l’exception de
jeu est valable, faute de validité du protocole transactionnel.

CONCLUSION

En somme, pour résumé le tout, l’assignation en justice par la société PISCOU n’aboutira pas
puisque le protocole transactionnel repose sur un cause illicite qui entache la validité de ce contrat.
Dès lors, l’exception de jeu intervient et Alphonse Bonsit ne sera pas tenu de payer les sommes qu’il
doit à la société Picsou

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