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Introduction
=> Qu’est-ce qu’on entend par là ? La vie juridique se résume à l’acquisition et l’échange de biens.
Ils se réalisent le plus souvent par des contrats (ex : contrat de vente) mais aussi par les successions. Entre
cette acquisition et l’échange de biens, c’est là que le droit des biens prend tout son intérêt car il permet
de :
- définir les droits qu’ont les personnes sur les biens
- définir la répartition des utilités du bien entre différentes personnes.
Preuve de l’importance du droit des biens : livre III du Code civil, relatif aux obligations qui s’intitule « des
différentes manières dont on acquiert la propriété ». C’est la continuité du livre II, et donc des biens.
Les personnes sont considérées comme des propriétaires.
C’est une dimension essentielle du droit civil.
1 - DÉFINITION
Patrimoine : ensemble des biens et d’obligations d’une personne envisagé comme une universalité de droit,
càd comme une masse mouvante dont l’actif et le passif ne peuvent être dissociés.
Actif : (au sens le plus large) ensemble de biens et de droits qui constituent le patrimoine d’une personne.
(au sens plus strict) l’excédent du patrimoine une fois qu’on a déduit le passif.
Important car l’actif détermine l’état de solvabilité, càd l’aptitude à faire face à ses dettes.
C’est grâce à cette définition stricte de l’actif que l’on peut se faire octroyer un prêt bancaire. Le banquier
doit conseiller son client afin d’éviter toute situation d’insolvable.
Déterminer l’actif d’un patrimoine est essentiel dans la vie d’une personne.
Passif : ensemble des obligations à caractère économique grevant le patrimoine de l’individu dont les
créanciers peuvent poursuivre l’exécution sur la totalité de son actif.
(Ex : un propriétaire d’un appartement, d’une voiture, d’un livret A => Si dettes de jeu contractées,
possibilité de saisir des parts de l’actif pour les remplir)
On dit que le patrimoine d’une personne est le gage général des créanciers.
Cette notion importante démontre qu’il existe un lien indissoluble entre l’actif et le passif au point de
créer une universalité de droit.
Utilité ?
- la personne est vivante : ce lien entre l’actif et le passif est le gage des créanciers prévu à l’art 2284 du
CC « quiconque s’est obligé personnellement est tenu de remplir son engagement sur tous ses biens
mobiliers ou immobiliers présents et à venir »
Cet article signifie que les biens actuels ou futurs du débiteur permettent de répondre des dettes qu’il
contracte. Peu importe le patrimoine au moment de l’engagement. En effet, le créancier n’est pas tenu de
se servir sur les biens qui composaient le patrimoine où le débiteur s’est engagé.
- la personne est décédée : ce lien fonde la transmission du passif successoral à ses héritiers. On hérite
de l’actif et du passif => on doit répondre des dettes.
3 - LA THÉORIE DU PATRIMOINE
Ex : ce qui compte dans le fait de vivre dans un environnement sain n’est pas sa estimation monétaire qui
importe mais l’utilité directe qu’il procure aux personnes.
On revient alors à l’origine du mot « bien » en latin => bona, bonae : bien
Son sens premier est le bien, ce qui est bon pour nous.
Le droit de propriété porte sur des objets, sur des biens. En réalité, il porte sur des choses. Elles
ont évidemment des caractéristiques différentes, ce qui emporte des règles applicables qui sont différentes.
(Il est différent d’être propriétaire d’un chat, d’une voiture ou d’un brevet)
Bien : toute chose qui fait l’objet d’un droit de propriété. (Autrement dit un appartement est une
chose et un bien.)
« Si tout bien est une chose, toute chose n’est pas forcément un bien »
Doyen Carbonnier
La seule catégorie qui peut s’opposer aux choses serait les personnes.
D’autres auteurs mènent une autre distinction entre choses corporelles et incorporelles.
Approche américaine => multiplier les classifications pour rendre compte de leur pluralité.
Dans notre société, comme déjà en 1804, les choses qui n’ont jamais eu de maître n’existent pas.
=> animaux vont être concernés par cette catégorie => distinguer les animaux domestiques des sauvages.
Au-delà des animaux domestiques, il en va de même pour les animaux dits sédentaires reconnus à l’article
564 du Code civil : « Les pigeons, lapins, poissons, qui passent dans un autre colombier, garenne ou plan
d'eau visé aux articles L. 431-6 et L. 431-7 du code de l'environnement appartiennent au propriétaire de ces
derniers, pourvu qu'ils n'y aient point été attirés par fraude et artifice. »
Ces animaux ne sont pas appropriés de la même manière que les animaux domestiques. Ici, leur
appropriation dépend de l’immeuble dans lequel ils se situent.
Ces animaux sont donc des propriétés car sont l’accessoire de l’immeuble.
« L’accessoire suit le principal » => si l’on vend notre champ, on vend également les animaux qui s’y
trouvent.
Le gibier et le poisson peuvent devenir des objets de propriété à tout moment. Il suffit que quelqu’un
s’en accapare.
Pour chasser ou pêcher, il faut un permis de chasse ou une carte de pêche.
Tout chasseur non détenteur d’un permis peut subir des sanctions.
Ces mesures de police administrative ne s’opposent pas à l’appropriation d’un animal.
ne faut pas confondre la question de l’abandon qui vaut uniquement pour les meubles et la
question du déguerpissent qui vaut pour les immeubles. En effet, pour les immeubles par définition, si
on quitte notre immeuble, c’est l’Etat qui en devient propriétaire .
Pour les meubles, il n’y a que quelques biens qui ne peuvent pas être abandonnés et qui sont sujet à des
dispositions particulières (Ex : une voiture au bord de la route, les animaux, fusil de chasse)
Chose perdue : le propriétaire l’a perdu involontairement => toujours volonté de se comporter comme
propriétaire.
A - les épaves
Epave : Tout meuble perdu est considéré comme une épave terrestre. (En droit civil, le terme est
plus large que l!usage usuel.)
Article 717-2 CC : « les choses perdues terrestres sont réglées par des lois particulières. »
Souvent, ce sont des textes municipaux qui imposent à l’inventeur (terme juridique accordé à celui qui
trouve la chose) de le ramener aux objets perdus ou au commissariat.
Au bout de un an et un jour, l’inventeur peut venir les récupérer si son propriétaire ne s’est pas
manifesté. Cela n’en fait pas un propriétaire car le propriétaire originel peut le revendiquer pendant
trente ans.
Ici, la règle bien connue : « en fait de meuble possession vos titres » ne fonctionne pas.
B - les trésors
1 - la notion de trésor
Défini par l’article 716-2 CC : « le trésor est toute chose cachée ou enfouie sur laquelle personne
ne peut justifier sa propriété et qui est découverte par le pur effet du hasard. »
Peu importe que la chose ait été cachée depuis des temps immémoriaux ou non, le trésor peut être une
chose dissimulée récemment.
Cour Cass => Elle a ainsi clairement spécifié que seul un meuble pouvait être considéré comme un trésor. A
l’inverse, les meubles qui sont incorporés à un immeuble ne sont pas des trésors.
Arrêt 13 décembre 1881 : une mosaïque antique => ce n’est pas un trésor car elle est incorporée au mur,
étant alors un immeuble. Seul un meuble peut être un trésor.
Enfin, « par le pur effet du hasard » => jamais une condition appliquée par les tribunaux. Si des fouilles
sont organisées car le trésor doit être trouvé, celui-ci doit être qualifié de trésor.
=> Arrêt du Trésor de la rue Mouffetard, rendu par le tribunal civil de la Seine, le Ier juin 1949 :
Un homme a caché des pièces d’or dans un immeuble démoli. Ses héritiers acquièrent la propriété du trésor,
alors que l’inventeur et le propriétaire du fond espéraient l’obtenir.
Tout de même, la Cour de Cass dans l’arrêt 25 octobre 1955, bulletin civil 1 dit qu’il ne suffit pas de faire
la preuve d’un droit de propriété sur l’immeuble dans lequel est trouvé le trésor, il faut apporter la preuve que
ce trésor appartenait à notre ancêtre
Dans le cas où aucune preuve de la propriétaire du trésor n’est apportée, dans ce cas on va appliquer
les règles de répartition entre l’inventeur et le propriétaire du fond.
Article 716 du Code civil : « La propriété d'un trésor appartient à celui qui le trouve dans son propre
fonds ; si le trésor est trouvé dans le fonds d'autrui, il appartient pour moitié à celui qui l'a découvert, et
pour l'autre moitié au propriétaire du fonds. »
=> si une personne est employée pour trouver un trésor : ce n’est pas l’inventeur du trésor qui en
deviendra le propriétaire mais bien le maître de l’ouvrage qui en sera propriétaire.
MAIS il existe une subtilité. Dans le cas où la personne employée est embauchée dans une
fonctionnalité mais qu’il trouve un trésor, alors il en deviendra l’inventeur.
(Ex : en 2018, des ouvriers tombent, dans une maison, sur une dizaine de lingots d’or. Ils sont donc éligibles
à 50% du trésor. Sauf qu’un ouvrier a revendiqué l’entièreté du trésor, ayant été celui à avoir donné le coup
de pelle. La cour d’appel d’Orléans l’a reconnu comme seul propriétaire parmi les trois ouvriers.)
Quand on lit l’article, est-ce que ça vaut pour le trésor trouvé dans un meuble ?
La C.Cass a reconnu la qualité de trésor s’il est découvert dans un meuble
=> Ière chambre civile, 19 nov 2002, 00-22471
Quel est le critère qui permet de distinguer un meuble d’un immeuble => critère de la mobilité (naturaliste,
physique.)
Comme le dit l’article 528 du Code civil : les meubles sont « les corps qui peuvent se transporter
d’un lien à un autre, soit qu’ils se meuvent par eux-mêmes, soit qu’ils ne puissent changer de place par
l’effet d’une force étrangère. »
Immeuble : chose qui ne peut pas être déplacée, qui est donc immobile.
Ces catégories ne sont pas naturalistes et le droit, par fiction, peut considérer que ceux qui semblent être des
meubles sont des immeubles.
I - LES IMMEUBLES
Celui qui est naturellement fixe. Cette distinction se déduit car aucune déf exact dans le code mais
l’article 718 du CC nous en donne un exemple. Il nous dit qu’il tout d’abord qu’il y a des fonds de terres.
Par définition, nous ne pouvons pas rendre le sol mobile. Cependant, le code de s’arrête pas là, il considère
également les bâtiments et les végétaux en pleine terre comme des immeubles par nature.
=> La doctrine a raffiné cette catégorie d’immeuble par nature en distinguant le sol des
bâtiments et des végétaux donc seul les fond de terre seraient un immeuble par nature et pour le reste
il s’agirait d’immeuble par incorporation car le bâtiment est incorporé dans le fond de terre donc la
fixité
L’immobilisation par destination : (par un acte de volonté d’un propriétaire) faire d’un bien meuble un
immeuble. Car on va attacher l’immeuble par destination à l’immeuble par nature => Tout acte
juridique concernant un immeuble par destination emportera irrémédiablement l’immeuble par
nature. (union entre l!immeuble par nature et l!immeuble par destination.)
Art 524 Code civil : « Les objets que le propriétaire d'un fonds y a placés pour le service et l'exploitation de
ce fonds sont immeubles par destination.
Les animaux que le propriétaire d'un fonds y a placés aux mêmes fins sont soumis au régime des immeubles
par destination.
Ainsi, sont immeubles par destination, quand ils ont été placés par le propriétaire pour le service et
l'exploitation du fonds :
Sont aussi immeubles par destination tous effets mobiliers que le propriétaire a attachés au fonds à
perpétuelle demeure. »
Tout d’abord, cet article a pour but de prendre en compte la finalité économique de l’immeuble en
rattachant les meubles qui sont au service de l’exploitation économique du bien.
Quand on parle de l’exploitation économique du fond, cela concerne à la base une logique agricole.
Dans la liste de l’article, on remarque aussi des objets liés à l’activité industrielle. Sont évoquées également
les ustensiles nécessaires au travail des usines.
Arrêt 31 mars 2009, N08-14180 => Les meubles participant à l!activité éco du commerce sort considérés
comme immeubles
L’article 524 du Code civil se termine : « sont aussi immeuble par destination tout effet mobilier que le
propriétaire a attaché au fond à perpétuelle demeure »
=> doit être lue au regard de l’article 525 CC : « Le propriétaire est censé avoir attaché à son fonds des
effets mobiliers à perpétuelle demeure, quand ils y sont scellés en plâtre ou à chaux ou à ciment, ou,
lorsqu'ils ne peuvent être détachés sans être fracturés ou détériorés, ou sans briser ou détériorer la partie du
fonds à laquelle ils sont attachés. »
=> nous donne les conditions d’application de la dernière phrase de l’article 524.
=> S’agit ici des biens que le propriétaire souhaite placer dans son habitation pour l’ornementer.
=> ornements qui seront directement fixés à l’immeuble.
Le lien existant entre l’immeuble et l’ornement doit être absolu, ne doit pas pouvoir être contesté. =>
volonté du propriétaire doit traduire une volonté de faire du meuble en question un immeuble par
destination.
- La première traduit la volonté du propriétaire => C’est le fait que l’attache du bien doit se faire à
perpétuelle demeure.
- Qu’il soit fixé à l’immeuble avec ciment ou quelque chose du genre
Si le propriétaire a créé un espace particulier pour recevoir l’ornement en question => on considère
qu’il y a bien attache à perpétuelle demeure. (Ex : niche à statue)
Droit : relation qu’un sujet entretient avec une chose (droit réel) ou une autre personne (droit
personnel)
II - LES MEUBLES
De manière générale, on peut réduire la catégorie des meubles à une catégorie résiduelle.
=> tout ce qui n’est pas un immeuble est nécessairement un meuble.
Meuble : un bien ou une chose qui n’a pas de fixité, qui peut se déplacer, se mouvoir.
À ce titre, le Code civil rappelle qu’il importe peu que le meuble puisse se déplacer par lui-même ou
qu’il ait besoin d’une force pour se mouvoir.
Oui, du moment que le critère de fixité de l’immeuble n’est plus rempli, l’immeuble peut devenir un meuble.
Article 520 du Code civil à propos des pommes sur un pommier.
Article 532 du Code civil précise que les bâtiments, une fois leur démolition achevée, deviennent des
meubles.
Arrêt d’assemblée plénière, 15 avril 1988, 85-10.262 => À propos des fresques d’une église, la cour de
cassation a précisé que les fresques immeubles deviennent meubles une fois décrochées.
C’est la catégorie des meubles qui s’applique au bien incorporel pour une raison simple => le critère de
fixité les empêche.
Chapitre II - la propriété
De prime abord, chacun peut définir la propriété.
Propriété : relation juridique liant un individu et une chose qui est l’objet de la propriété.
Lorsque la propriété désigne l’objet du droit et non le droit en lui-même, il est galvaudé.
On considère que c’est le propriété objective puisque l’on va confondre le droit avec l’objet sur lequel il
porte.
Avoir la propriété de quelque chose désigne le droit que l’on porte sur un objet. Elle est directement liée à
son sujet.
La propriété est polysémique mais traduit un droit qui porte sur les choses, sur les biens au sens du droit des
biens.
Article 544 du Code civil : « la propriété est le droit de jouir et de disposer des choses de la manière la plus
absolue pourvu qu’on n’en fasse pas un usage prohibé par les lois et les règlements. »
- Usus
- Fructus
- Abusus
Paragraphe I - Usus
- première spécificité : biens consomptibles => dont on ne peut user sans la consommer, détruire. (Ex :
pomme, cigarette)
- deuxième spécificité : le propriétaire ne peut pas nécessairement faire usage de toutes les utilités du
bien. (Ex : article 544 qui définit la propriété) => dans la limite des lois et règlements. Le nombre de
restrictions à l’usage des biens n’a jamais cessé d’augmenter. Cela limite sa capacité d’user de son bien.
Parfois, c’est la jurisprudence qui limite cet usage : arrêt Clément Baillard => l’usage que l’on fait de
notre bien ne doit pas avoir comme utilité de porter atteinte à autrui. Sinon quoi, risque de considérer un abus
de droit. (Dirigeable et grandes piques)
« Si la propriété se définit comme une garantie de la liberté, je ne peux alors user de mon bien de telle sorte
qu’il nuise à autrui, et à sa propriété »
Paragraphe II - Fructus
- périodicité : le fruit est nécessairement périodique (ex : le fruit renaît un bout d’un cycle ; un loyer chaque
mois)
- conservation de la substance du bien : si l’on détruit la substance du bien, le fruit n’est plus considéré
comme tel.
==> caractères essentiels parce qu’ils distinguent les fruits d’une autre catégorie de biens que sont les
produits.
Produit : n’est pas périodique. Une fois prélevé, le produit n’a pas vocation à se renouveler. De même,
prélever un produit sur un bien porte nécessairement atteinte à sa substance. (Ex : extraire de l’or n’est
pas une prérogative qui découle du fructus. Au contraire, il s’agit de la troisième prérogative que le
propriétaire a sur son bien : l’abusus)
Droit d!accomplir tous les actes susceptibles de mener à la perte totale ou partielle du bien.
- Conception matérielle : tout acte physique qui vient altérer la substance du bien
- Destruction pure et simple du bien (ex : couper mon pommier ; dynamiter ma maison ; brûler des
billets)
- Diminution du bien (ex : couper les branches du pommier et je le prive de son utilité essentielle)
- Dénaturation du bien : le priver de son utilité première et lui en procurer une nouvelle (ex :
utiliser un pommier comme épouvantail)
- disposition à cause de mort : disposer d’un bien à la mort de son propriétaire originaire
- disposition entre vif : vente, échange, donation, droit réel (ex : usufruit)
- abandon : on ne peut abandonner un bien que si l’on en est le propriétaire
Dans la définition classique, la réunion de ces trois prérogatives est considérée comme la définition
même de la propriété.
Définition pertinente ? (Ex : posséder un clou)
Ne sont-elles pas seulement les utiliser qu’un bien permet d’accaparer.
La propriété permet d’avoir la plena potestas (pleine propriété) => avoir un pouvoir sur l’ensemble des
utilités que le bien peut offrir.
Des auteurs (comme Victor Poux) définissent la propriété à travers ses caractères.
Provient d’une réaction historique au droit médiéval et à l’ancien régime. Personne n’avait de plena
potestas sur des immeubles. La féodalité et le droit coutumier l’empêchaient :
- féodalité instaurait un « double domaine » : division de la propriété entre deux personnes =>
domaine éminent et domaine utile.
- droit coutumier : reconnaissait notamment des droits d’usage collectifs à certaines parties de la
population. (Ex : à la campagne, droit pour les pauvres de ramasser les grains au sol après labour, le bois,
les glands…). Dans le droit médiéval, on ne s’appropriait pas la chose dans son ensemble mais une ou
plusieurs propriétés. (Ex : je peux faire pousser de l’orge dans le champ et un autre va faire paître ses
vaches dessus). Ces propriétés étaient dites simultanées. En droit, on reconnaît le début de la modernité avec
Grotius et l’apparition du droit naturel moderne. Finalité de réunir dans un propriétaire l’ensemble des
utilités du bien. Forme de monstruosité juridique. La propriété a été conçue à la révolution comme la liberté
de la garantie du citoyen. Comme je suis propriétaire de mon bien et donc libre (possibilité d’expropriation
rare, cas d’utilité publique)
Est-ce que l’absolutisme signifie le droit de tout faire ? Un pouvoir presque tyrannique sur son bien ?
La jurisprudence a limité le pouvoir que l’on a sur un bien via la théorie de l’abus de droit.
On peut quand même relever que l’absolutisme s’oppose aux propriétés dites finalisées, càd des
propriétés dont l’usage est déterminé par loi.
L’absolutisme, en cas de réforme du droit des biens, pourrait disparaître. Ce terme colle trop peu avec les
préoccupations du XXIème siècle, qui tendent à limiter le pouvoir du propriétaire sur son bien ben raison de
la protection de l’environnement, du voisinage…
Art. 3.50. Code civil belge : « Définition Le droit de propriété confère directement au propriétaire le droit
d'user de ce qui fait l'objet de son droit, d'en avoir la jouissance et d'en disposer. Le propriétaire a la
plénitude des prérogatives, sous réserve des restrictions imposées par les lois, les règlements ou par les
droits de tiers. »
Art. 947. Code civil du Québec : « La propriété est le droit d!user, de jouir et de disposer librement et
complètement d!un bien, sous réserve des limites et des conditions d!exercice fixées par la loi.
Elle est susceptible de modalités et de démembrements. »
Paragraphe II - l’exclusivisme
Le coeur de la propriété.
En effet, si l’absolutisme permet de jouir de toutes les utilités du bien, l’exclusivisme permet de se réserver
ses utilités.
Il établit un rapport entre le propriétaire et l’ensemble des tiers. (Exclure autrui)
Théorie classique : garantie pour le propriétaire de s’assurer une jouissance individuelle du bien.
Article 547 du Code civil : « tout propriétaire peut clore son héritage » (ici compris comme fonds
immobilier)
=> exclusion d’autrui
Au-delà de cela, possède une véritable traduction juridique, càd l’action en revendication. Il s’agit d’une
action réelle qui vise à permettre au propriétaire de recouvrer la jouissance exclusive d’un bien lorsqu’un
tiers vient s’en emparer. Ainsi, en démontrant au juge qu'il est propriétaire, il obtiendra l’exclusion de
l’usurpateur.
Cette action doit être distinguée d’une action personnelle, qui est parfois possible.
Par exemple, lorsque quelqu’un s’est dessaisi de son bien par contrat, c’est alors qu’une action personnelle
en restitution qui sera demandée par le propriétaire.
L’avantage de l’action en revendication est qu’elle suppose aucun lien de revendication entre les parties.
L’action en revendication :
Souvent un caractère qui complète les deux autres, le moins important de tous ?
Si le propriétaire a le droit des jouir de son bien de la manière la plus absolue, c’est qu’il a dans le même
temps le droit de ne pas en jouir. Autrement dit, l’usage du bien n’’est pas une condition pour garder la
propriété qu’on a sur ce bien.
Pas de déchéance du droit de propriété en raison de la passivité du propriétaire. (Ex : ne pas aller dans
sa maison pendant trente ans ne fait pas perdre le droit de propriété) (Question philosophique => fonction
sociale de la propriété)
Pas le choix du droit français, parce que la propriété est absolue, exclusive, perpétuelle, elle est
imprescriptible, autrement dit, on ne peut pas le perdre par un non usage.
C’est la jurisprudence Chambre des requêtes 12-17-1905 ; l’arrêt Civ 3ème, 5 juin 2002, n°00-14.07
=> arrêt qui ont rappelé que c’était imprescriptible.
=> reconnaissance de l’imprescriptibilité du droit de propriété en 2008.
Des auteurs pensent que le caractère perpétuel de la propriété se comprend par différentes
conceptions :
- lien entre perpétuité est transfert du droit (doyen Carbonnier) : « quand on dit que la
propriété est un droit perpétuel, on veut dire qu’elle est un droit héréditaire. » Il décrit la chaîne de
transmission du bien tant à cause de vif qu’à cause de mort. Pour lui, la propriété est perpétuelle car c’est le
droit qui se transfère, non le droit. Il ne s’éteint que lorsque la chose disparaît.
- lien entre perpétuité et terme du droit : idée en lien avec la perpétuité comprise en droit
des contrats. Elle est perpétuelle car elle ne s’éteint pas l’écoulement du temps. Il n’y a pas de terme à la
propriété.
SECTION I - LA POSSESSION
Prise dans son sens traditionnel, la possession désigne un état factuel et non un droit. Autrement dit, il
n’existe pas de droit de possession.
La possession désigne un réel, palpable. C’est l’emprise matérielle d’une personne vis-à-vis d’une chose
corporelle.
Définition d’Aubry et Rau : « l’état ou la relation de fait qui donne à une personne la possibilité physique,
actuelle et exclusive d’exercer sur une chose des actes matériels d’usage, de jouissance et de
transformation. »
Les juristes ont ensuite défini la possession via la notion de propriété. Le possesseur est alors défini
comme celui qui exerce les prérogatives traditionnellement attachées à la propriété sur une chose.
Ainsi, la possession n’est certes pas un droit mais elle est conçue comme l’exercice du droit.
Il s’agit d’un fait juridique qui peut donc engendrer des conséquences en droit.
- si l’on est propriétaire d’un bien et que la propriété est contestée pendant un jugement, il faut savoir
que le titre de propriété ne lie pas le juge. Il peut estimer que le titre n’est pas concluant et ne pas
reconnaître comme le véritable propriétaire. Dès lors, la meilleure manière de le prouver est de montrer
la possession du bien. La possession était considérée comme l’exercice du droit de propriété, on prouve
qu’en exerçant ce droit, on en est titulaire.
- La possession du bien d’autrui peut nous permettre, au bout d’un certain temps et dans certaines
conditions, de devenir propriétaire => action acquisitive du bien. (Au bout de trente ans pour un
immeuble)
A - le corpus
1 - le contenu du corpus
Les corpus désigne des actes matériels, qui montrent un usage de la chose.
(Ex : L’utilisation exclusive d’un escalier démontre un corpus)
La Cour de cassation a admis que le fait de faire paitre son bétail dans un pâturage suffisait à faire
preuve du corpus, à condition que le terrain en cause ne faisait pas office d’autre usage.
Il faut donc que les actes matériels correspondent à la nature du bien.
À l’inverse, certains actes sont insuffisants à prouver le corpus (ex : l’édification de construction
précaire)
Les juges considèrent de tels actes sont insuffisants à démontrer l’exercice du droit de propriété.
Question perçue avec réticence car la possession est perçue par la factualité et l’acte juridique paraît
donc contraire.
La réalité est différente. La Cour de cassation explique que les actes juridiques peuvent venir conforter
des actes matériels.ils ne sont pas en eux-mêmes des preuves du corpus mais des modes de preuves
supplémentaires.
Comme ces actes ne peuvent suffire en eux-mêmes à acquérir une possession. En effet, il faut que la
possession soit qualifiée d’utile ou non viciée.
Posées par l’article 2261 du Code civil : « pour pouvoir prescrire, il faut une possession continue et non
interrompue, paisible, publique, non équivoque et à titre de propriétaire. »
Prescrire = acquérir un bien par possession. Mécanisme de prescription acquisitive (prescription de trente
ans)
Pour désigner la prescription acquisitive par possession : usucapion.
La possession est l’exercice du droit, il faut que le possesseur agisse comme tel. Il doit montrer qu’il a eu
un exercice continu du droit (pas à tout instant), càd comme l’aurait eu un vrai propriétaire.
(Ex : vouloir être propriétaire d’une forêt, s’y rendre de temps en temps…)
Surtout, article 2264 du Code civil : « le possesseur actuel qui prouve avoir possédé anciennement est
présumé avoir possédé pendant le temps intermédiaire. » (ex : si je prouve que j’ai appelé une entreprise de
bûcheron. Suffit de prouver)
=> création une présomption d’une qualité de la possession.
Article 2261 du Code civil : « une interruption temporaire ne pourrait suffire à caractériser une exercice
interrompu de la possession. Il faut que l’interruption soit au minimum d’un an. »
c) un exercice paisible
Cela ne sous-entend pas que le possesseur ne doit jamais être troublé par un tiers. En réalité, le législateur
entend exclure la possibilité d’acquérir un bien par possession si l’on a fait usage de la force.
Article 2263 du Code civil : « Les actes de violence ne peuvent fonder non plus une possession capable
d'opérer la prescription. La possession utile ne commence que lorsque la violence a cessé. »
B - l’animus
1 - le contenu
Volet psychologique de la possession (à l’inverse du corpus qui correspond à des arguments de faits).
Il traduit la nature du droit que le possesseur entend exercer.
Un possesseur de mauvaise foi peut être propriétaire d’un bien. Ce qui compte est la volonté.
Art 2251 Code Civil in fine : « pour que la possession soit utile, la personne doit posséder à titre de
propriété »
=> autrement, pour qu’elle soit utile, il faut l’animus.
- la preuve de l’animus
Etant une donnée psychologique, un acte de volonté, sa preuve est difficile à apporter.
Art 2266/2030 actuellement : « On est toujours présumé posséder pour soi, et à titre de propriétaire, s'il
n'est prouvé qu'on a commencé à posséder pour un autre. »
=> lorsqu’on possède une chose, c’est souvent avec la volonté d’avoir sur cette chose un pouvoir absolu.
Le propriétaire peut prouver que l’action du possesseur n’est pas suffisante pour se comporter en
véritable propriétaire. Le possesseur perd alors l’animus et la possession.
Même si les deux termes sont distincts, corpus et animus sont liés en étant les éléments de la possession.
Le vice d’équivocité, dans le langage profane, désigne quelque chose qui peut faire l’objet de plusieurs
interprétations.
En droit, une possession équivoque traduit un doute que le possesseur ait eu une vraie volonté d’exercer
sur le bien un droit de propriété.
Cela correspond aux tolérances => quand le possesseur use de la chose car le vrai propriétaire ne s’y oppose
pas mais que le possesseur en a conscience.
Art 2262 du Code civil : « Les actes de pure faculté et ceux de simples tolérances ne peuvent fonder ni
possession ni prescription »
Ex : propriétaire d’une forêt et j’autorise à mon voisin de l’employer. Au bout de trente ans, volonté
d’usucaper le bien.
Il faut donc que la possession soit utile, donc non viciée, pour que la possession joue son rôle inquisitif.
Article 2258 Code civil : « La prescription acquisitive est un moyen d’acquérir un bien ou un droit par
l’effet de la possession, sans que celui qui l’allègue soit obliger d’en rapporter une titre ou qu’on puisse lui
opposer l’exception déduite de la mauvaise foi »
=> là où la simple possession est l’exercice d’un droit, l’usurpation permet d’en devenir le propriétaire
La mauvaise foi n’est pas opposable à l’usucapion. Il suffit pour qu’il fonctionne que la possession soit
utile, donc non-viciée.
Mais si le juge refuse la demande en restitution, il peut reconnaître l’usucapion et le transfert de propriété.)
Usucapion : 30 ans en matière immobilière (article 2272) mais peut être 10 ans si je justifie par un juste titre.
Certains biens ne peuvent pas être usucapés. C’est le cas des biens affectés à l’usage public (ex : trottoir)
Également le cas pour les choses affectées à un usage commun Comme les sépultures ou souvenirs de
famille (biens que la famille enlève de la dévotion successorale, ne pouvant plus être vendus mais peuvent
être transmis, comme des titres nobiliaires, des armes de nos aïeux, bijoux de famille…)
Article 2272 du Code civil : « Le délai de prescription requis pour acquérir la propriété immobilière est de
trente ans.
Toutefois, celui qui acquiert de bonne foi et par juste titre un immeuble en prescrit la propriété par dix ans. »
Tiré d’une maxime juridique connue à l’article 2276 du Code civil, l’usucapion est extrêmement simple.
« En fait de meuble, la possession vaut titre »
=> elle consacre la présomption en termes de preuve => l’article entend consacrer un usage de la vie
quotidienne (pas de titre de propriété pour tout ce qu’on acquiert / baguette de pain, ticket de caisse n’est
pas une preuve de propriété) la seule possession présume sa propriété
=> l’acquisition du meuble par possession : l’effet acquisitif se lie avec la présomption
Le deuxième alinéa de l’article 2276 du Code civil : « Néanmoins, celui qui a perdu, ou auquel il a été volé
une chose, peut la revendiquer pendant trois ans à partir du jour de la perte ou du vol contre celui dans les
mains duquel il la trouve ; sauf à celui-ci contre celui duquel il la tient. »
=> une propriétaire ne se serait pas dessaisi volontairement de son bien.
Même si le possesseur est de bonne foi, le propriétaire légitime peut toujours revendiquer la propriété
dans les mains du possesseur.
Possibilité de restitution du prix d’achat de la chose volée ou perdue par le propriétaire au possesseur qui l’a
acheté de bonne foi. => Art 2276 (ex : si on achète un bien volé et que le véritable propriétaire s’en rend
compte)
On présume que le possesseur est le propriétaire pour peu qu’il soit de bonne foi. Dans le cas inverse, la
présomption peut tomber. (Ex : si on trouve un iPhone en boîte)
SECTION II - L’OCCUPATION
Première différence réside dans le fait que l’occupation ne peut s’appliquer à une chose sans maître.
=> seuls les meubles en sont concernés.
Article 714 Code civil : « Il est des choses qui n’appartiennent à personne et dont l’usage est commun à
tous »
les immeubles qui n’ont pas de propriétaire appartiennent à la commune sur laquelle ils sont situés.
Le mode d!appropriation des choses sans maîtres est l!occupation. Bien que non envisagée à l!article 712 du
Code civil, disposition qui énonce les modes d!acquisition de la propriété, l!occupation consiste pour une
personne à appréhender un bien sans maître avec la volonté d!en devenir propriétaire.
Toutes ces catégories peuvent être soumises à l’occupation sous des conditions spécifiques.
Dans l’ordre civil français, certains droits permettent à leur titulaire de bénéficier de la jouissance d’une
chose => droits réel et personnel
Si certains droits personnels permettent à leur titulaire de jouir de l’utilité d’une chose, la nature de ces
droits diffère grandement des droits réels. (Bail (payant) ou prêt (gratuit))
La différence principale tient dans le fait que le droit réel offre à son titulaire un accès direct à la chose,
ce qui lui permet d’avoir accès aux utilités de cette chose sans le truchement d’une autre personne.
À l’inverse, le droit personnel, n’est jamais qu’un droit exercé à l’encontre d’une personne.
Autrement dit, le titulaire du droit personnel n’a donc qu’un accès indirect à la chose.
=> droit réel est un droit sur la chose
=> droit personnel est un droit à la chose
« jus reem ; jus alrem » ???
Quelles conséquences ?
- Les droits réels sont opposables erga omnes => respecté par tout le monde
- Les droits personnels ne sont opposables qu’aux partis du contrat
- Un droit réel l’emporte sur un droit de préférence et un droit de suite.
Les droits de préférences
Le titulaire d'un droit réel a le droit d’être désintéressé en premier dans le cadre de la vente du bien sur
lequel il a un bien réel. Cette prérogative, propre au titulaire, est appelée droit de préférence en ce sorte
qu’elle apporte une rupture entre les différents créanciers. Autrement dit, elle sera directement payée
avant le titulaire d’un droit personnel.
Le titulaire d’un droit réel possède la faculté de suivre le bien qui fait l’objet de droit réel en quelques
mains qu’ils soit.
Celui qui invoque sur son bien un droit réel, alors qu’une personne invoque sur ce bien un droit
personnel, sera favorisé.
Ces droits de préférence et de suite ne seraient que des conséquences des droits réels.
Question théorique.
Droits réels sur la chose d’autrui : Usufruit, usage et habitation, servitude, droit réel de jouissance
spéciale…
SECTION I - L’USUFRUIT
(Ex : usufruit du conjoint survivant - partage de la propriété en deux, nu propriété pour les héritiers)
Selon l’article 578 du Code civil, « l’usufruit est le droit de jouir des choses dont un autre a la propriété
comme le propriétaire lui-même, mais à charge d’en conserver la substance. »
=> pour reprendre la répartition classique, l’usufruitier bénéficiera de l'usus et du fructus alors que le nu-
propriétaire ne bénéficiera que de l’abusus. Dès lors, l’usufruitier n’ayant pas l’abusus, il ne peut pas
détruire la chose.
Nécessité de repenser la définition (ex : cigarette, j’en ai l’usus et l’abusus, mais je ne peux pas en altérer
la substance)
Le Code civil est venu enrichir la précision dans l’article 587 : « si l’usufruit comprend des choses dont on
n peut pas faire usage sans les consommer, comme l’argent, les grains, les liqueurs, l’usufruitier a le droit
de s’en servir mais à la charge de rendre à la fin de l’usufruit soit des choses de même qualité et quantité
soit leur valeur estimée à la date de la restitution. »
Notion de quasi-usufruit => on peut détruire la chose (en l’usant) à charge de rendre la même chose in
fine ou la valeur estimée.
On considère d’ailleurs que le nu-propriétaire est titulaire d’une action non pas réelle mais personnelle
en restitution contre l’usufruitier. => on demande à une personne de nous restituer un bien
Quand est-il lorsque la chose n’est pas complètement détruite mais que l’usus de cette chose nécessite tout
de même d’en altérer la substance ? (Ex : mine d’or) => Article 578 du Code civil
=> il s’agit ici de produit et le caractère de fruit reproductible n’existe pas.
=> la condition de ne pas en altérer la substance n’est pas respectée.
Art 598 du Code civil : « Il jouit aussi de la même manière que le propriétaire des mines et carrières qui
sont en exploitation à l’ouverture de l’usufruit ; et néanmoins, s’il s’agit d’une exploitation qui ne puisse être
faite sans une concession, l’usufruitier ne pourra en jouir qu’après autorisation du président de la
République.
Il n’a aucun droit aux mines et aux carrières non encore ouvertes, ni aux tourbières dont
l’exploitation n’est point encore commencée, non au trésor qui pourrait être découvert pendant la durée de
l’usufruit. »
=> Possible d’exploiter une mine en usufruit si une exploitation a déjà commencé avant.
Cette répartition entre usus/fructus et abusus n’est pas exacte mais au moins pédagogique.
Article 579 du Code civil : « l’usufruit est établi par la loi, ou pour la volonté de l’homme »
=> il existe deux types d’usufruit :
- légal (+ fréquent)
- conventionnel (par légal)
A - l’usufruit légal
Il est en général accordé au conjoint survivant sur les parties du bien du de cujus à condition que celui-
ci n’ait pas disposé de ces biens par testament.
Article 381-1 et suivant du Code civil : « les parents sont titulaires d’un usufruit des biens de leurs enfants
jusqu’à ce que ceux-ci aient 16 ans. »
B - l’usufruit conventionnel
L’hypothèse d’un particulier qui confierait une maison, un champ en usufruit est résiduelle. Elle est souvent
inscrite dans un temps relativement long, jusqu’au décès de l’usufruitier.
- L’usufruit des parents dans le but de transmettre des biens aux enfants avant leur mort.
=> Les parents deviennent usufruitiers de leurs biens, en gardent la jouissance et les enfants deviennent nu-
propriétaire.
Permet de régler de manière apaisée les histoires de succession.
De plus, les droits de donation via un usufruit est largement moins taxé qu’une donation de bien en
pleine propriété.
Article 582 du Code civil : « l’usufruitier peut jouir de toute espèce de fruit, soit naturels, soit industriels,
soit civils, que peut produire l’objet dont il a usufruit. »
L’usufruitier a le droit de disposer non pas de l’objet qui fait l’objet de l’usufruit mais peut disposer de son
usufruit lui-même.
L’usufruitier peur porter sur le bien grevé un autre bien réel qui va bénéficier à un tiers.
Il peut décider de conférer les utilités à autrui.
=> La seule limite sera une limite de temps car le droit réel conféré sur le temps sera limité au temps
qu’il reste à l’usufruit.
De même, l’usufruitier pourra constituer sur son bien un droit réel accessoire (une hypothèque par
exemple.) Ce ne sera pas le bien en lui-même qui sera hypothéqué mais son droit.
=> la substance :
- Approche matérialiste : la substance s’entend de la matière dont la chose est faite. Dans ce cas,
l’usufruitier ne peut ni détruire la chose, ni en dégrader la matière. Or, le Code civil prévoit quand
même la possibilité d’effectuer un usufruit sur une mine.
- Approche finaliste : la notion de substance n’est pas réductible à la seule matière de la chose.
Article 589 du Code civil : « Si l’usufruit comprend des choses qui, sans se consommer de suite, se
détériorent peu à peu par l’usage, comme du linge, des meubles meublants, l’usufruitier a le droit de
s’en servir pour l’usage auquel elles sont destinées, et n’est obligé de les rendre, à la fin de l’usufruit,
que dans l’état où elles se trouvent, non détériorées par son dol ou par sa faute. »
=> pour ceux qui sont favorables à cette vision, cet article doit être vu comme principe et selon sa
destination. (Substance : finalité) Usage spécifique du bien, parmi tous ceux dont il est susceptible
(ex : les clauses d’habitation bourgeoise afin que la finalité de l’appartement soit uniquement
l’habitation)
Dimension finaliste qui est reconnue en droit positif puisqu’on considère que sa matière peut être altérée
La coupe de jeunes pins a pu être considérée comme conforme à sa destination (Arrêt 3ème Chambre
civile, 8 décembre 1981, n°80-13.713)
De même, la Cour de Cassation a interdit la transformation d’une maison d’habitation en une maison de
commerce. (= changer la substance)
N’a aucun intérêt économique sur la chose durant l’usufruit puisqu’il ne peut bénéficier ni de l’usage,
ni de son fruit.
=> + grand droit = recouvrir, à la fin de l’usufruit, à la pleine propriété.
Dans le cadre du quasi-usufruit => dispose de l’action personnelle en restitution des biens consommés,
en nature ou en valeur. De même, il conserve son droit de disposition (abusus). En principe, rien
n’empêche que le nu-propriétaire puisse vendre son bien.
- Article 599 du Code civil : « Le propriétaire ne peut, par son fait, ni par quelque manière que ce soit,
nuire au droit de l’usufruitier. »
=> seul article du Code civil consacré au sort du propriétaire
Arrêt Civ 1ère, 18 déc 2013, n°12-17.420 => nu-propriétaire avait décidé de défricher un terrain pour
empêcher à l’usufruitier de chasser dessus.
(Autre ex : ne pas boucher le chemin qui conduit au bien grevé)
Le nu-prorpéitaire doit répondre aux obligations qui ne sont pas aux charges de l’usufruitier.
=> charges non-périodiques (ex : frais de bornage, grosses réparations…)
- la mort
- expiration du temps pour lequel il a été accordé
=> l’usufruit est un droit temporaire. Ne peut pas être perpétuel. S’éteint à l’arrivée du terme.
=> pour les personnes morales, le terme est certain (max : 30 ans)
=> pour les personnes physiques, peut être viager (l’usufruit s’éteint par la mort du titulaire de
l’usufruit)
=> si l’usufruit est concédé pour une durée et que l’usufruitier décède avant, il s’éteint
immédiatement.
- l’extinction par perte de la chose ou non-usage : dues à la nature réelle du droit d’usufruit. Perte,
disparition de la chose fait perdre l’usufruit car perte de l’objet du droit.
=> cependant, si la perte est uniquement partielle, l’usufruit continue sur les éléments restants
=> nécessité que la destruction de la chose soit totale
=> si le nu-propriétaire est exproprié de son bien, l’usufruitier perd son usufruit.
- le non usage de la chose : propriété imprescriptible mais l’usufruit si, par le non usage trentenaire.