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TD de régime général de l’obligations - L3 Droit - cours de Sandrine Tisseyre, Professeur des Universités.

Année universitaire 2022-2023

SÉANCE 1 : LA PROTECTION DU DROIT DE GAGE DU CRÉANCIER

ACTION OBLIQUE ET ACTION PAULIENNE

Points sensibles :

* La mesure du droit de gage (à articuler en droit de l’entreprise individuelle avec la réforme du


14 février 2022, cf. vos souvenirs de L2)
* Les mesures d’exécution (à également articuler avec les cours de procédure civile d’exécution et
de droit des obligations que vous pourriez avoir eus)
* L’action oblique
* L’action paulienne (à articuler avec des mécanismes de droit des affaires/sociétés ou de droit
civil - les garanties)

I. Le droit de gage général des créanciers

Document n° 1 : Article 2284 du Code civil

Document n° 2 : Article 2285 du Code civil

Document n° 3 : Article L. 526-22 al. 4 du Code de commerce

Document n° 4 : Art. 1343-5 du Code civil

II. L’action oblique

Document n° 5 : Cass. Civ 1ère, 28 mai 2002, n° 00-11.049

Document n° 6 : Cass. Civ. 3ème, 4 décembre 1984, n° 82-17.005

Document n° 7 : Cass. Civ. 1ère, 29 mai 2001, n° 99-15.776

III. L’action paulienne

Document n° 8 : Cass. Civ. 1ère, 21 juillet 1987, n° 86-10.357

Document n° 9 : Cass. Civ. 3ème, 6 octobre 2004, n° 03-15.392

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Document n° 10 : Cass. Civ. 3ème, 12 novembre 2020, n° 19-17.156

Document n° 11 : Cass. Com. 24 mars 2021, n°19-20.033

Document n° 12 : Cass. Civ. 1ère, 30 mai 2006, 02-13.495

III. Exercice : Réalisez le commentaire de l’arrêt de la première Chambre civile de


la Cour de cassation en date du 21 juillet 1987 (document 8)

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II. Le droit de gage général des créanciers

Document n° 1 : Article 2284 du Code civil

«  Quiconque s'est obligé personnellement, est tenu de remplir son engagement sur tous ses biens
mobiliers et immobiliers, présents et à venir ».

Document n° 2 : Article 2285 du Code civil

« Les biens du débiteur sont le gage commun de ses créanciers ; et le prix s'en distribue entre eux
par contribution, à moins qu'il n'y ait entre les créanciers des causes légitimes de préférence. »

Document n° 3 : Article L. 526-22 alinéa 4 du Code de commerce

« Par dérogation aux articles 2284 et 2285 du code civil et sans préjudice des dispositions légales
relatives à l'insaisissabilité de certains biens, notamment la section 1 du présent chapitre et
l'article L. 526-7 du présent code, l'entrepreneur individuel n'est tenu de remplir son engagement
à l'égard de ses créanciers dont les droits sont nés à l'occasion de son exercice professionnel que
sur son seul patrimoine professionnel, sauf sûretés conventionnelles ou renonciation dans les
conditions prévues à l'article L. 526-25. »

Document n° 4 : Art. 1343-5 du Code civil (à articuler au-delà de ce texte avec le droit de
l’insolvabilité des particuliers (Livre VII code de la consommation) et des professionnels (Livre VI
code de commerce).

«  Le juge peut, compte tenu de la situation du débiteur et en considération des besoins du


créancier, reporter ou échelonner, dans la limite de deux années, le paiement des sommes dues.

Par décision spéciale et motivée, il peut ordonner que les sommes correspondant aux échéances
reportées porteront intérêt à un taux réduit au moins égal au taux légal, ou que les paiements
s'imputeront d'abord sur le capital.

Il peut subordonner ces mesures à l'accomplissement par le débiteur d'actes propres à faciliter ou
à garantir le paiement de la dette.

La décision du juge suspend les procédures d'exécution qui auraient été engagées par le créancier.
Les majorations d'intérêts ou les pénalités prévues en cas de retard ne sont pas encourues
pendant le délai xé par le juge.

Toute stipulation contraire est réputée non écrite.

Les dispositions du présent article ne sont pas applicables aux dettes d’aliment ».

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II. L’action oblique

Document n° 5 : Cass. Civ 1ère, 28 mai 2002, n° 00-11.049

Vu l'article 1166 du Code civil ;

Attendu que la carence du débiteur de la partie exerçant l'action oblique se trouve établie lorsqu'il ne
justifie d'aucune diligence dans la réclamation de son dû ;

Attendu que, par arrêts des 5 mai et 10 décembre 1991, Albert Y... a été condamné à rembourser aux
époux X... le prix d'une vente immobilière annulée, puis de les garantir du remboursement d'un prêt
contracté par eux auprès de la Caisse d'épargne Aquitaine-Nord ;

Attendu que, pour débouter la Caisse d'épargne agissant par la voie oblique contre Albert Y... puis
contre ses héritiers bénéficiaires, l'arrêt énonce qu'elle n'établit pas l'inertie prolongée et injustifiée
des époux X... envers ceux-ci, défendeurs à la procédure, quelque jugement que l'on puisse porter
sur l'attitude des consorts Y..., et sans qu'il y ait lieu de prendre en considération l'absence à l'instance
des époux X..., régulièrement assignés en reconnaissance de leur carence coupable qui profiterait à
l'organisme financier, aucune collusion frauduleuse ne pouvant être retenue entre les défendeurs ;
qu'en statuant ainsi, la cour d'appel a violé le texte susvisé ;

(…) CASSE ET ANNULE

Document n° 6 : Cass. Civ. 3ème, 4 décembre 1984, n° 82-17.005

SUR LE MOYEN UNIQUE : ATTENDU SELON L'ARRET ATTAQUE (AIX-EN-


PROVENCE, 15 SEPTEMBRE 1982) QUE LA SOCIETE PLACE DU BESTOUAN EST
LOCATAIRE D'UN TERRAIN APPARTENANT A LA COMMUNE DE CASSIS, EN VERTU
D'UN BAIL L'AUTORISANT A EDIFIER DES TERRASSES ET DES CABINES DE BIAN;

QUE LA SOCIETE JOSEPH PAPAZIAN ET COMPAGNIE EST TITULAIRE D'UN BAIL,


PORTANT SUR UN TERRAIN CONTIGU APPARTENANT A LA MEME COMMUNE, QUI
STIPULE QUE LA LOCATION EST CONSENTIE POUR L'EXPLOITATION D'UN DEBIT
DE BOISSONS ET COQUILLAGES;

QUE LA SOCIETE PLAGE DU BESTOUAN AYANT INSTALLE SUR LE TERRAIN DONT


ELLE EST LOCATAIRE UN COMMERCE DE SNACK-BAR, LA SOCIETE PAPAZIAN,
DECLARANT EXERCER LES ACTIONS OUVERTES A LA COMMUNE DE CASSIS, A
DEMANDE QU'IL SOIT FAIT INTERDICTION A LA SOCIETE PLAGE DU BESTOUAN,
SOUS ASTREINTE, D'AVOIR UNE ACTIVITE AUTRE QUE CELLE PREVUE PAR SON
BAIL;

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ATTENDU QUE LA SOCIETE PLACE DU BESTOUAN FAIT GRIEF A L'ARRET D'AVOIR


DECLARE CETTE DEMANDE RECEVABLE ET BIEN FONDEE, ALORS, SELON LE
MOYEN QUE, "D'UNE PART, L'ACTION OBLIQUE SUPPOSE QUE CELUI QUI
PRETEND L'EXERCER JUSTIFIE DE SA QUALITE DE CREANCIER;

QUE, COMME L'AVAIENT RELEVE LES PREMIERS JUGES, LE CONTRAT DE BAIL DE


LA SOCIETE PAPAZIAN NE COMPORTAIT AUCUNE CLAUSE D'EXCLUSIVITE AU
PROFIT DE LA PRENEUSE;

QUE, PAR AILLEURS, COMME L'AVAIT MONTRE LA SOCIETE PLACE DU BESTOUAN


DANS SES CONCLUSIONS, L'ACTIVITE COMMERCIALE SUR LA PARCELLE VOISINE
AVAIT DEBUTE, SANS OPPOSITION DE LA COMMUNE PROPRIETAIRE, PLUSIEURS
SAISONS AVANT LA CONCLUSION DU BAIL COMMERCIAL, CE QUI INTERDISAIT A
LA SOCIETE DE SE PREVALOIR D'UN QUELCONQUE ENGAGEMENT TACITE DE LA
PROPRIETAIRE DE LUI GARANTIR L'EXCLUSIVITE;

QU'AINSI LA COUR D'APPEL, EN DECLARANT FONDEE L'ACTION OBLIQUE


ENGAGEE, SANS RECHERCHER SI L'ABSENCE D'ENGAGEMENTS EXPRES OU MEME
TACITE DE GARANTIR UNE QUELCONQUE EXCLUSIVITE A LA SOCIETE PAPAZIAN
NE FAISAIT PAS OBSTACLE A LA RECEVABILITE DE L'ACTION PUBLIQUE, N'A PAS
DONNE DE BASE LEGALE A SA DECISION, ET ALORS, D'AUTRE PART, QUE, SI LA
COMMUNE PROPRIETAIRE AVAIT L'OBLIGATION D'ASSURER LA JOUISSANCE DE
LA CHOSE LOUEE, CETTE OBLIGATION N'OBLIGERAIT EN RIEN LA COMMUNE A
INTERDIRE TOUTE ACTIVITE CONCURRENTE SUR LES PARCELLES VOISINES, EN
L'ABSENCE DE TOUT ENGAGEMENT CONTRACTUEL EXPRES OU TACITE DU
BAILLEUR SUR CE POINT;

QU'EN JUGEANT QUE LA COMMUNE, EN NE S'OPPOSANT PAS A L'EXTENSION


D'UNE ACTIVITE SUR LA PARCELLE VOISINE, AVAIT MECONNU SON OBLIGATION
A ASSURER LA JOUISSANCE PAISIBLE DE LA CHOSE LOUEE, SANS CARACTERISER
L'EXISTENCE D'UN ACCORD DES PARTIES SUR CE POINT, LA COUR D'APPEL N'A
PAS DONNE DE BASE LEGALE A SA DECISION AU REGARD DE L'ARTICLE 1719 DU
CODE CIVIL" ;

MAIS ATTENDU, D'UNE PART, QUE L'ARTICLE 1166 DU CODE CIVIL PERMET AUX
CREANCIERS D'EXERCER TOUS LES DROITS ET ACTIONS DE LEUR DEBITEUR,
SANS DISTINGUER SELON L'ORIGINE DE L'OBLIGATION;

QUE L'ARRET, QUI RETIENT QUE L'ARTICLE 1719 DU CODE CIVIL FAISAIT
OBLIGATION A LA COMMUNE DE FAIRE JOUIR PAISIBLEMENT LA SOCIETE

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PAPAZIAN DE LA CHOSE LOUEE, N'AVAIT PAS A RECHERCHER SI LA COMMUNE


AVAIT PRIS L'ENGAGEMENT DE GARANTIR UNE EXCLUSIVITE A CETTE SOCIETE;

ATTENDU, D'AUTRE PART, QUE L'ARRET, QUI RETIENT SOUVERAINEMENT QUE LA


SOCIETE PLAGE DU BESTOUAN NE POUVAIT INSTALLER SUR LE TERRAIN QUI LUI
ETAIT DONNE A BAIL QUE DES CABINES DE BAIN, A JUSTEMENT RETENU QUE LA
SOCIETE PAPAZIAN EXERCANT L'ACTION DE LA COMMUNE ETAIT FONDEE A
DEMANDER LE RESPECT DU BAIL;

D'OU IL SUIT QUE LE MOYEN N'EST PAS FONDE;

PAR CES MOTIFS : REJETTE LE POURVOI

Document n° 7 : Cass. Civ. 1ère, 29 mai 2001, n° 99-15.776

Attendu que, par acte notarié du 21 avril 1972, M. Gérard Y... et son épouse ont fait donation à leur
fils Jean-Claude d'un terrain, sur lequel celui-ci a édifié une maison d'habitation ; que l'acte
comportait la clause suivante : " Les donateurs interdisent formellement au donataire qui s'y soumet
de vendre, aliéner ou hypothéquer pendant leur vie l'immeuble présentement donné, sous peine de
nullité des ventes, aliénations ou hypothèques et de révocation de la présente donation, à moins que
ces actes aient lieu avec leur consentement. " ; que le donataire ayant été déclaré en liquidation
judiciaire le 13 octobre 1992, le liquidateur, M. X..., a sollicité l'autorisation de procéder à la vente de
l'immeuble donné, en dépit de la clause d'inaliénabilité, en invoquant les dispositions de l'article
900-1 du Code civil ; que M. Jean-Claude Y... ayant fait opposition à l'ordonnance du juge-
commissaire accordant cette autorisation et son père, intervenu à l'instance en tant que donateur
survivant, ayant soulevé l'exception d'incompétence de la juridiction consulaire pour connaître de
l'application des clauses d'inaliénabilité, le tribunal de commerce de Saumur s'est déclaré
incompétent au profit du tribunal de grande instance, qui, par jugement du 21 mars 1997, confirmé
par l'arrêt attaqué, a dit que la clause d'inaliénabilité insérée dans l'acte de donation était valable, mais
que l'intérêt actuel des créanciers était plus important que l'intérêt ayant justifié cette clause, et qu'en
conséquence le bien donné était susceptible de faire l'objet d'une autorisation judiciaire d'aliéner ;

Sur le moyen unique, pris en ses trois premières branches :

Vu les articles 4, 5, 562, 563 et 954 du nouveau Code de procédure civile ;

Attendu qu'en retenant que M. Gérard Y... admettait dans ses conclusions devant le tribunal de
grande instance la recevabilité de l'action engagée par le liquidateur judiciaire, alors qu'il demandait
expressément dans ses conclusions d'appel de déclarer celui-ci irrecevable en ses demandes, la cour
d'appel a violé les textes susvisés ;

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Et sur les deux autres branches :

Vu l'article 900-1 du Code civil ;

Attendu qu'aux termes de ce texte, le donataire peut être autorisé à disposer d'un bien donné avec
clause d'inaliénabilité, si l'intérêt qui avait justifié la clause a disparu ou s'il advient qu'un intérêt plus
important l'exige ; qu'étant subordonnée à des considérations personnelles d'ordre moral et familial
inhérentes à la donation, cette action est exclusivement attachée à la personne du donataire, de sorte
qu'elle ne peut être exercée par le représentant de ses créanciers ;

Attendu qu'en déclarant M. X... recevable et fondé à solliciter, en qualité de représentant des
créanciers de M. Jean-Claude Y..., l'autorisation d'aliéner un bien donné à celui-ci malgré la clause
d'inaliénabilité dont ce dernier était grevé, la cour d'appel a violé le texte susvisé ;

PAR CES MOTIFS : CASSE ET ANNULE(…)

III. L’action paulienne

Document n° 8 : Cass. Civ. 1ère, 21 juillet 1987, n° 86-10.357

Attendu, selon l'arrêt attaqué, que M. X..., directeur de la société anonyme MIB, s'est porté, le 27
décembre 1979, caution solidaire des engagements de cette société envers la Société générale ; que, le
3 septembre 1981, la société MIB a été admise au bénéfice d'une suspension provisoire des
poursuites suivie le 12 février 1982 d'un règlement judiciaire converti en liquidation des biens le 14
mai 1982 ; que, le 14 août 1981, M. X... a constitué avec son épouse une société civile immobilière,
dénommée SCI Les Romanies, à laquelle a été apporté un immeuble faisant partie de la communauté
; que la Société générale, créancière de la société MIB à la date de la suspension des poursuites d'une
somme de 1 640 533 francs, a engagé une action contre les époux X... et la SCI Les Romanies sur le
fondement de l'article 1167 du Code civil ; que les époux X... ont opposé que la constitution de la
SCI répondait au seul souci de protéger les intérêts du conjoint survivant ; que les juges du fond ont
accueilli la demande de la Société générale ;

Attendu que les époux X... font grief à l'arrêt attaqué d'avoir ainsi statué alors, selon le moyen, d'une
part, qu'un apport en société n'est pas constitutif d'une fraude aux droits des créanciers lorsque les
parts sociales qui en résultent se substituent intégralement au bien apporté ; qu'ainsi la cour d'appel a
violé l'article 1167 du Code civil ; alors, d'autre part, qu'elle a privé sa décision de base légale au
regard du même texte en n'expliquant pas en quoi la constitution de la SCI Les Romanies était
frauduleuse ;

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Mais attendu que, par motifs propres et adoptés, les juges du second degré ont considéré que
l'immeuble apporté à la SCI Les Romanies était devenu le gage exclusif des créanciers de celle-ci de
telle sorte que les créanciers de M. X..., qui pouvaient auparavant faire saisir et vendre l'immeuble
commun, n'avaient désormais d'autre recours que d'appréhender et de réaliser des droits mobiliers
représentant la moitié du capital social ; qu'ils ont aussi relevé que la valeur des parts sociales est
fonction non seulement de celle de l'immeuble composant son actif mais aussi des engagements de
ladite société et qui constituent son passif ; qu'ils ont ainsi souverainement estimé qu'un tel apport
constituait un appauvrissement du patrimoine de la caution ; qu'en retenant que M. X... ne justifiait
d'aucun autre patrimoine immobilier lui permettant de faire face à un passif qu'en sa qualité de
dirigeant il ne pouvait ignorer et que, par l'apport en société, il avait voulu soustraire l'immeuble
commun aux poursuites des créanciers, la cour d'appel a caractérisé la fraude ; d'où il suit que le
moyen n'est fondé en aucune de ses deux branches ;

PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi (…)

Document n° 9 : Cass. Civ. 3ème, 6 octobre 2004, n° 03-15.392

Vu l'article 1167 du Code civil ;

Attendu que les créanciers peuvent, en leur nom personnel, attaquer les actes faits par leur débiteur
en fraude de leurs droits ;

Attendu, selon les arrêts attaqués (Versailles, 26 avril 2001 et 21 novembre 2002), que, par acte sous
seing privé du 12 août 1976, les époux X... ont vendu aux époux Y..., un immeuble avec paiement
échelonné du prix ; qu'alors que la réitération de la promesse de vente n'était pas intervenue, les
époux X... ont, par acte notarié du 2 juin 1988, fait donation du bien litigieux à leur fils Jean
Dominique X... ; que les époux Y... ont agi en annulation et, subsidiairement, en inopposabilité de la
donation sur le fondement de la fraude paulienne ; qu'après le décès de M. Z..., sa veuve, Mme A... a
repris l'instance ;

Attendu que pour déclarer irrecevable l'action paulienne formée par Mme A..., l'arrêt du 26 avril
2001 retient que les dispositions de l'article 1167 du Code civil ne sont pas applicables, Mme A... ne
justifiant d'aucune créance et que s'agissant d'un conflit qui n'oppose pas un créancier à son débiteur
mais qui a trait à la propriété d'un bien ayant fait l'objet de deux mutations successives de la part de
son propriétaire initial, il doit se résoudre par application des règles régissant la publicité foncière ;

Qu'en statuant ainsi, alors que l'action paulienne est recevable, même si le débiteur n'est pas
insolvable, dès lors que l'acte frauduleux a eu pour effet de rendre impossible l'exercice du droit
spécial dont disposait le créancier sur la chose aliénée, la cour d'appel a violé le texte susvisé ;

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Sur les deuxième et troisième moyens, réunis, ci-après annexés :

Attendu que la cassation de l'arrêt rendu le 26 avril 2001 entraîne, par voie de conséquence,
l'annulation de l'arrêt du 21 novembre 2002 qui s'y rattache par un lien de dépendance nécessaire ;

PAR CES MOTIFS : CASSE ET ANNULE (…)

Document n° 10 : Cass. Civ. 3ème, 12 novembre 2020, n° 19-17.156

(…)

Vu les articles 1341-2 et 2224 du code civil, l'article 52 du décret n° 78-704 du 3 juillet 1978 et le
principe selon lequel la fraude corrompt tout :

6. Il se déduit de ces textes et de ce principe que, lorsque la fraude du débiteur a empêché les
créanciers d'exercer l'action paulienne à compter du dépôt d'un acte de cession de parts en annexe au
registre du commerce et des sociétés, le point de départ de cette action est reporté au jour où les
créanciers ont effectivement connu l'existence de l'acte.

7. Pour déclarer l'action des consorts H... prescrite, l'arrêt retient que, le dépôt de l'acte du 18 juin
2010 au greffe du tribunal de commerce ayant eu pour effet de porter à la connaissance des tiers et
de leur rendre opposable la cession des parts sociales, les consorts H... étaient en mesure de
connaître, à compter de cette publicité, l'acte qu'ils prétendent être intervenu en fraude de leurs
droits, peu important que J... R... ait tenté, tout au long de la procédure ayant donné lieu à sa
condamnation, de dissimuler sa véritable adresse située à Achères, puis l'existence de biens
appartenant à la SCI, à une autre adresse au sein de cette même commune.

8. En se déterminant ainsi, sans rechercher, comme il le lui était demandé, si la dissimulation de son
adresse par J... R... n'avait pas eu pour effet d'empêcher les consorts H... d'exercer l'action paulienne
avant d'avoir effectivement connaissance de l'acte de cession de parts, la cour d'appel n'a pas donné
de base légale à sa décision.

PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur les autres griefs, la Cour : CASSE ET
ANNULE (…)

Document n° 11 : Cass. Com. 24 mars 2021, n°19-20.033

1. Selon l'arrêt attaqué (Chambéry, 23 mai 2019), et les productions, par un acte du 14 décembre
2010, la société Caisse régionale de crédit agricole mutuel des Savoie (la banque) a consenti à la
société PLB (la société) deux prêts, garantis par les cautionnements de M. et Mme F.... La société
ayant été mise en liquidation judiciaire le 19 mars 2013, la banque a assigné les cautions en paiement.

2. Au cours de cette instance, la banque a découvert que, par un acte sous seing privé du 22 juin
2012, M. et Mme F... avaient créé une société civile immobilière, dénommée [...] , dont le capital

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social a été divisé en 450 parts, chacun d'eux en détenant la moitié et lui apportant leur propriété
immobilière de la Motte-Servolex, puis, par un acte notarié du même jour, avaient fait tous les deux
donation à chacun de leurs deux enfants, A... et W... F..., de la nue-propriété de 112 parts sociales, de
sorte qu'ils ne possédaient plus, chacun, que la pleine propriété d'une part sociale et l'usufruit des
224 autres.

3. Par des actes des 20 octobre et 3 novembre 2016, la banque, considérant que cette donation avait
eu pour objet d'organiser l'insolvabilité de M. et Mme F..., les a assignés ainsi que leurs enfants (les
consorts F...), en invoquant la fraude paulienne, sur le fondement de l'article 1341-2 du code civil,
afin que lui soient déclarés inopposables l'apport à la société [...] de l'immeuble litigieux et la
donation subséquente.

Examen du moyen

Sur le moyen, pris en sa troisième branche

Enoncé du moyen

4. La banque fait grief à l'arrêt de la débouter de ses prétentions, alors « que le créancier qui exerce
l'action paulienne ne poursuivant pas le règlement de sa créance mais la protection des garanties qui
lui ont été accordées, doit seulement justifier d'un principe certain de créance au moment de l'acte
argué de fraude ; que l'obligation de la caution prenant naissance à la date de son engagement, le
principe certain de créance existe dès cette date ; qu'ayant relevé que la caisse exposante justifiait son
action en inopposabilité des apports faits par les cautions de leur bien immobilier à une SCI
constituée entre eux, dont ils ont donné en nue-propriété la quasi-totalité des parts à leurs deux
enfants, par les engagements de caution des époux G... et U... F... d'un montant de 330 000 et 70 000
euros, soit 400 000 euros chacun, en garantie des prêts consentis à la SARL PLB de 800 000 et 70
0000 euros, et que les cautions produisaient un jugement, rendu le 12 juillet 2018 dans le cadre de
l'instance en recouvrement, ayant retenu que leurs engagements étaient disproportionnés à leurs
revenus et à leurs biens et ayant rejeté les demandes de la caisse exposante, puis décidé, pour rejeter
la demande de la caisse exposante, qu'au jour du présent arrêt, le crédit agricole des Savoie n'a plus
de créance certaine à l'encontre des cautions, quand il suffit pour l'exercice de l'action paulienne que
le créancier justifie d'une créance fondée en son principe au moment de l'acte argué de fraude, la
cour d'appel a violé l'article 1167 du code civil dans sa rédaction antérieure à l'ordonnance 2016-131
du 10 février 2016. »

Réponse de la Cour

Vu l'article 1341-2 du code civil :

5. Il résulte de ce texte que, si le créancier qui exerce l'action paulienne doit invoquer une créance
certaine au moins en son principe à la date de l'acte argué de fraude et au moment où le juge statue
sur son action, il est néanmoins recevable à exercer celle-ci lorsque l'absence de certitude de sa
créance est imputée aux agissements frauduleux qui fondent l'action paulienne.

6. Pour débouter la banque, l'arrêt énonce que la première condition pour engager l'action paulienne
est de disposer d'une créance et qu'il est constant que cette créance, si elle peut ne pas être liquide,
doit être certaine au moment où le juge statue. Il ajoute que, par un jugement rendu le 12 juillet 2018
dans l'instance en paiement dirigée contre les époux F..., les engagements de caution de ces derniers

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ont été jugés manifestement disproportionnés à leurs biens et revenus et la banque déboutée de ses
demandes en paiement. Il en déduit que, au jour où il se prononce, la banque n'a plus de créance
certaine contre M. et Mme F..., peu important l'appel qu'elle a formé contre ce jugement.

7. En se déterminant ainsi, sans rechercher, comme l'y invitait la banque en se prévalant de l'article L.
341-4 devenu L. 343-4 du code de la consommation, si, en l'absence des actes que celle-ci arguait de
fraude paulienne, le patrimoine des cautions ne leur aurait pas permis de faire face à leur obligation
au moment où elles ont été appelées et si, par conséquent, la banque ne pouvait pas, en dépit de la
disproportion de leurs engagements au moment de leur souscription, invoquer un principe certain
de créance contre eux, la cour d'appel n'a pas donné de base légale à sa décision.

PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur les autres griefs, la Cour : CASSE ET
ANNULE (…)

Document n° 12 : Cass. Civ. 1ère, 30 mai 2006, 02-13.495

Attendu que, par arrêt irrévocable du 17 février 1994, M. Philippe X..., expert-comptable auprès de
la société Interlude du 1er juillet 1983 au 30 juin 1987, a été condamné à lui restituer un trop perçu
et à lui verser 1 419 480,66 francs de dommages-intérêts, son assureur n'étant tenu in solidum qu'à
hauteur de 500 000 francs ;

qu'après des tentatives d'exécution demeurées vaines, la société Interlude, soutenant que M. Philippe
X..., conscient du principe certain de ses dettes, avait mis à disposition les fonds par lesquels son fils
M. Robert X... avait, le 27 février 1987, acquis un appartement situé à Saint-Mandé, ainsi que ceux
par lesquels Mme Marie-José Y..., épouse Philippe X..., avait effectué un apport de numéraire dans
une société immatriculée en 1992, a demandé la réintégration dans le patrimoine de son débiteur de
l'immeuble et de l'apport; que l'arrêt attaqué, après avoir constaté d'une part l'impossibilité de M.
Robert X... à justifier le financement de l'achat du bien au-delà de 24,75 % de son prix et, d'autre
part, la limite de la demande de la société Interlude envers Mme Y..., a accueilli l'action, pour 41 000
francs à l'égard de celle-ci, et pour 75,25 % de l'immeuble en ce qui concerne le fils ;

Sur les deux premières branches du premier moyen et la première du second :

Attendu que les griefs manquent en fait, la cour d'appel ayant souverainement établi que la fraude de
M. Philippe X... avait consisté, pour les soustraire à sa créancière, à donner les sommes litigieuses à
sa femme et à son fils, puis constaté, en des motifs non critiqués, que l'immeuble acquis par celui-ci
avait été subrogé au capital reçu ;

Mais sur les deux moyens, respectivement pris en leur troisième et seconde branches :

Vu l'article 1167 du Code civil ;

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TD de régime général de l’obligations - L3 Droit - cours de Sandrine Tisseyre, Professeur des Universités. Année universitaire 2022-2023

Attendu que l'inopposabilité paulienne autorise le créancier poursuivant, par décision de justice et
dans la limite de sa créance, à échapper aux effets d'une aliénation opérée en fraude de ses droits,
afin d'en faire éventuellement saisir l'objet entre les mains du tiers ; d'où il suit qu'en ordonnant le
retour des sommes données dans le patrimoine de M. Philippe X..., la cour d'appel a violé le texte
susvisé ;

Et attendu qu'en application de l'article 627, alinéa 2, du nouveau Code de procédure civile, la Cour
de Cassation est en mesure, en cassant sans renvoi, de mettre fin au litige par application de la règle
de droit appropriée ;

PAR CES MOTIFS : CASSE ET ANNULE (…)

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