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TD de régime général de l’obligation - L3 Droit - cours de Sandrine Tisseyre, Professeur des Universités.

Année universitaire 2022-2023

SÉANCE 5 : LA SUBROGATION

I. Les conditions de la subrogation

Document n° 1 : Cass. Civ. 1ère, 12 juillet 2006, n° 04-16.916 (publié au bulletin)

Document n° 2 : Cass. Civ. 1ère, 27 novembre 1995, n° 84-10.899 (publié au bulletin)

Document n° 3 : Cass. Com., 29 janvier 1991, n° 89-10.085 (publié au bulletin)

Document n° 4 : Cass. Civ. 1ère, 22 juillet 1987, n° 85-18.842 (publié au bulletin)

II. Les effets de la subrogation

Document n° 5 : Cass. Civ. 1ère, 21 janvier 2003, n° 00-15.781 (publié au bulletin)

Document n° 6 : Cass. Civ. 1ère, 21 février 2006, n° 04-15.651 (publié au bulletin)

Document n° 7 : Cass. Civ. 1ère, 9 mars 2022, n° 19-19.392 (publié au bulletin)

Document n° 8 : Cass. Com., 5 mai 2021, n° 19-14.486 (publié au bulletin)

III. Exercice : Commentez l’arrêt de la chambre commerciale du 5 mai 2021 (document 8).

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I. Les conditions de la subrogation

Document n° 1 : Cass. Civ. 1ère, 12 juillet 2006, n° 04-16.916.

Attendu qu'il est fait grief à l'arrêt attaqué (Paris, 11 mai 2004), d'avoir écarté toute subrogation de la
SPCP dans les droits du CCF, alors, d'une part, qu'il aurait ainsi dénaturé la quittance subrogative
délivrée par cette banque le 20 mai 1994 rappelant que par lettre du 9 octobre 1990 elle lui avait
donné quittance comme conséquence du remboursement effectué, de sorte que la subrogation
conventionnelle était survenue dès cette date, et d'autre part, violé l'article 1251 3 du code civil, la
subrogation légale prévue par ce texte pouvant être invoquée par l'obligé solvens même si sa dette
demeure virtuelle au moment du paiement, telle étant la situation de l'associé d'une société civile au
regard des dettes de celle-ci ;

Mais attendu, sur la première branche, que la concomitance nécessaire du paiement et de la


subrogation conventionnelle, dont la preuve incombe au subrogé, est souverainement appréciée par
les juges du fond; que la cour d'appel, qui a relevé que la lettre du 9 octobre 1990 se limitait à donner
quittance, la volonté subrogative n'apparaissant que dans l'acte du 20 mai 1994, n'a pu que conclure à
l'inexistence de la subrogation alléguée ; et attendu, sur la seconde branche, que l'arrêt retient
exactement que la subrogation légale de l'article 1251 3 du code civil ne peut être invoquée par
l'associée appelé à éventuellement acquitter les dettes de la société civile dont il est membre, dès lors
que, comme en l'espèce, ne sont établies ni l'insuffisance de l'actif social ni par voie de conséquence
la somme contributive mise à sa charge, de sorte que son obligation n'est ni certaine ni liquide ; que
le moyen n'est pas fondé ;

Et sur le moyen unique du pourvoi incident :

Attendu qu'il est fait grief à l'arrêt d'avoir dit la SPCP en conséquence de sa subrogation
conventionnelle régulière dans les droits de la BPT, fondée à conserver la somme perçue de la SCI à
ce titre, alors qu'en lui permettant d'éviter de concourir avec les autres associés à l'occasion du
règlement du passif social, et de jouir ainsi d'un droit préférentiel, il violerait l'article 1832, alinéa 3,
du code civil et la règle "fraus omnia corrumpit" ;

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Mais attendu que la cour d'appel, qui a relevé que le remboursement de la dette sociale effectuée
auprès de la BTP par la SPCP avait eu pour fin de sauvegarder, outre ses propres intérêts, ceux de la
SCI en lui permettant d'éviter la saisie d'un immeuble puis de le céder ultérieurement de gré à gré
pour un prix non critiqué, en a souverainement déduit l'absence de toute fraude ; que le moyen n'est
pas davantage fondé ;

PAR CES MOTIFS : REJETTE les pourvois principal et incident (…)

Document n° 2 : Cass. Civ. 1ère, 27 novembre 1995, n° 84-10.899

(…)

SUR LE CINQUIEME MOYEN PRIS EN SES TROIS BRANCHES : ATTENDU QUE LA


COMPAGNIE D'ASSURANCE LE LLOYD CONTINENTAL AVAIT D'ABORD INVOQUE LA
SUBROGATION LEGALE RESULTANT DE L'ARTICLE L. 121-12 DU CODE DES ASSURANCES,
PUIS LA SUBROGATION CONVENTIONNELLE FONDEE SUR UNE QUITTANCE
SUBROGATIVE QUE LUI AVAIT DONNEE LA CHAMBRE DE COMMERCE LE 25 OCTOBRE
1979, L'ASSUREUR AYANT PAYE, EN PLUSIEURS FOIS, LES ENTREPRENEURS CHARGES DE
REALISER LES TRAVAUX DESTINES A EMPECHER L'EFFONDREMENT DU GROS OEUVRE ;

QUE LA COUR D'APPEL A ECARTE L'APPLICATION DE L'ARTICLE PRECITE DU CODE DES


ASSURANCES EU EGARD AU FAIT QU'IL SUPPOSAIT UNE INTERPRETATION DU CONTRAT
D'ASSURANCE QUI N'ENTRAIT PAS DANS LA COMPETENCE DU JUGE DES REFERES, MAIS
QU'ELLE A RETENU QU'IL EXISTAIT UNE SUBROGATION CONVENTIONNELLE FONDEE
SUR LA QUITTANCE SUBROGATIVE DE LA CHAMBRE DE COMMERCE ;

ATTENDU QUE LE B.R.G.M. FAIT GRIEF A LA COUR D'APPEL D'AVOIR AINSI ADMIS LA
SUBROGATION CONVENTIONNELLE, ALORS QUE, D'UNE PART, LE MAITRE DE
L'OUVRAGE N'AYANT PAS RECU DE LA COMPAGNIE D'ASSURANCE LE PAIEMENT D'UNE
CREANCE NE POUVAIT PAS LA SUBROGER DANS SES DROITS ET ACTIONS CONTRE UN
DEBITEUR INEXISTANT ;

ALORS QUE, D'AUTRE PART, LA SUBROGATION SUPPOSE UN PAIEMENT PREALABLE D'UNE


CREANCE ET QUE L'ASSUREUR NE POUVAIT SE PREVALOIR D'UNE TELLE SUBROGATION
QUE S'IL AVAIT PREALABLEMENT PAYE AU MAITRE DE L'OUVRAGE UNE CREANCE QUE
CELUI-CI POSSEDERAIT SUR LES CONSTRUCTEURS, UNE TELLE CREANCE SUPPOSANT
QUE CEUX-CI AIENT ETE DEFINITIVEMENT CONDAMNES A LUI VERSER DES
DOMMAGES-INTERETS ;

ALORS QU'ENFIN LA SUBROGATION IMPLIQUANT QU'ELLE SOIT FAITE EN MEME TEMPS


QUE LE PAIEMENT, TEL N'ETAIT PAS LE CAS EN L'ESPECE PUISQUE LES PAIEMENTS
AVAIENT ETE EFFECTUES PAR L'ASSUREUR ET LA QUITTANCE SUBROGATIVE DELIVREE
PAR LE MAITRE DE L'OUVRAGE A DES EPOQUES DIFFERENTES, DE TELLE SORTE
QU'AURAIT ETE VIOLE L'ARTICLE 1250, 1°, DU CODE CIVIL ;

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MAIS ATTENDU QUE LA COUR D'APPEL A RELEVE QUE LA CHAMBRE DE COMMERCE


DISPOSAIT D'UNE CREANCE A L'EGARD DES RESPONSABLES DU SINISTRE ET QUE
TOUTES LES SOMMES VERSEES PAR L'ASSUREUR AUX ENTREPRENEURS L'AVAIENT ETE
POUR LE COMPTE DE CET ETABLISSEMENT PUBLIC ADMINISTRATIF, DE TELLE SORTE
QU'IL ETAIT INDIFFERENT QUE LES PAIEMENTS N'AIENT PAS ETE FAITS ENTRE SES
MAINS ;

QU'ENFIN, DES LORS QUE LES DIVERS REGLEMENTS FAITS PAR L'ASSUREUR AUX
ENTREPRENEURS POUR LE COMPTE DE LA CHAMBRE DE COMMERCE, L'AVAIENT ETE
NON AU TITRE DE CREANCES DISTINCTES, MAIS D'UNE CREANCE GLOBALE NE
POUVANT ETRE ESTIMEES ET DETERMINEE QU'A L'ACHEVEMENT DES TRAVAUX, LA
COUR D'APPEL EN A JUSTEMENT DEDUIT QUE LA SUBROGATION AVAIT LIEU
VALABLEMENT BIEN QU'ELLE SOIT INTERVENUE NON A L'OCCASION DE CHACUN DES
REGLEMENTS PARTIELS, MAIS LORS DU REGLEMENT DU SOLDE ;

(…)

Document n° 3 : Cass. Com., 29 janvier 1991, n° 89-10.085

Vu les articles 1249 et 1250, 1°, du Code civil ;

Attendu, selon l'arrêt infirmatif attaqué, que, le 26 juin 1986, la Société européenne des mélasses
(société SEM) a acheté des mélasses à la société Jean Lion et compagnie (société Jean Lion), livrables
le 15 novembre 1986 ; que, le 14 octobre 1986, elle a constaté la pollution de ces mélasses avec
d'autres lui appartenant déjà, dans les bacs de la société Sotrasol où elles étaient entreposées ; que la
société Jean Lion, informée du sinistre a fait connaître à son acheteur, le 22 octobre 1986, que
l'exécution du contrat entraînerait à son profit subrogation dans ses droits et actions contre l'auteur
de la pollution ; que la société SEM qui s'est acquittée du prix des marchandises achetées à la société
Jean Lion, a assigné en réparation de la totalité de ses préjudices la société Sotrasol et ses assureurs,
la compagnie Abeille-Paix et la compagnie La Concorde ; que la société Sotrasol et ses assureurs ont
soutenu que la subrogation consentie par la société Jean Lion et la société SEM n'était ni valable ni
opposable aux tiers et ont demandé que leur garantie soit limitée à la valeur des marchandises
entreposées appartenant au jour du sinistre à la société SEM ; que cette dernière a aussi assigné la
société Jean Lion en vue d'obtenir d'elle subsidiairement l'indemnisation du préjudice ; que la société
Jean Lion a appelé en garantie la société Sotrasol et ses assureurs ;

Attendu que, pour limiter l'indemnisation de la société SEM par la société Sotrasol et ses assureurs,
et mettre hors de cause la société Jean Lion, l'arrêt retient que, faute de produire un document et, en
particulier, une quittance subrogatoire concomitante au paiement, la société SEM ne rapporte pas la
preuve de la subrogation envisagée par la société Jean Lion à son profit dans la correspondance
qu'elle lui avait adressée ;

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Attendu que la condition de concomitance de la subrogation au paiement, exigée par l'article 1250,
1°, du Code civil, peut être remplie lorsque le subrogeant a manifesté expressément, fût-ce dans un
document antérieur, sa volonté de subroger son cocontractant dans ses créances à l'instant même du
paiement ; que, dès lors en statuant comme elle a fait, après avoir relevé que dans sa lettre du 22
octobre 1986, la société Jean Lion avait écrit que le paiement emporterait subrogation dans ses
droits, la cour d'appel n'a pas tiré les conséquences légales de ses constatations ;

PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur les autres griefs du pourvoi : CASSE ET
ANNULE (…)

Document n° 4 : Cass. Civ. 1ère, 22 juillet 1987, n° 85-18.842

Vu l'article 1250-1° du Code civil ;

Attendu qu'il résulte de ce texte que celui qui s'acquitte d'une dette qui lui est personnelle peut
néanmoins prétendre bénéficier d'une subrogation conventionnelle s'il a, par son paiement et du fait
de cette subrogation, libéré envers leur créancier commun celui sur qui doit peser la charge définitive
de la dette ;

Attendu que, par suite d'une faute professionnelle commise par leur avocat, les sociétés " Fisseau et
Cochot " et " Mécaniques de Précision Fisseau Cochot et Carlotto " ont été écartées de la vente sur
saisie-arrêt de parts sociales appartenant à M. X..., leur débiteur, qui avait été condamné pour
détournement commis à leur préjudice ; que la Mutuelle générale française accidents, assureur de
l'avocat en cause, auquel ces sociétés avaient intenté un procès y a mis fin en leur versant, à titre
transactionnel, la somme de 77 000 francs ; qu'en délivrant à cette compagnie d'assurances quittance
de cette somme elles ont précisé qu'elles la subrogeaient dans tous leurs droits et actions à l'encontre
de M. X... ; que la cour d'appel a estimé que cette subrogation n'avait pu s'opérer ; qu'en effet la
Mutuelle générale française accidents avait payé la dette de son assuré consécutive à sa faute
professionnelle et non la dette de M. X... née de ses détournements ; qu'il n'y avait donc pas
subrogation mais tentative de substitution d'une créance à une autre inopposable au débiteur qui n'y
avait pas consenti ;

Attendu qu'en statuant comme elle a fait la cour d'appel a violé le texte susvisé ;

PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur la deuxième branche du moyen : CASSE ET
ANNULE (…)

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II. Les effets de la subrogation

Document n° 5 : Cass. Civ. 1ère, 21 janvier 2003, n° 00-15.781

Attendu que M. X..., forain, a, le 13 octobre 1980, acheté un manège à un collègue qui l'avait acquis
de la société Bakker Denies ;

que ce manège avait fait l'objet, le 22 septembre 1980, d'un contrôle technique par M. Y..., préposé
de la SA Association des industriels de France services (AIF) ; que, le 14 juin 1981, le manège a
accidentellement provoqué la mort d'une personne et les blessures de deux autres ; qu'un jugement
du 28 février 1985 a déclaré M. X... responsable de l'accident, sur le fondement de l'article 1384 du
Code civil, et l'a condamné, in solidum avec son assureur, la SA Les Mutuelles du Mans assurances
(l'assureur), aux droits de la Mutuelle générale française accidents, à en réparer les conséquences
dommageables ;

qu'un autre jugement, du 27 août 1991, a débouté cet assureur et son assuré des demandes qu'ils
avaient dirigées, sur le fondement délictuel, contre la société Bakker Denies et la société AIF ; que
l'assureur a ensuite assigné en paiement cette dernière société sur le fondement de l'article 1147 du
Code civil ;

Attendu que la société AIF fait grief à l'arrêt attaqué (Limoges, 23 mars 2000) d'avoir accueilli les
demandes de l'assureur, alors, selon le moyen :

1 / qu'en accueillant l'action des Mutuelles du Mans, dirigée contre les mêmes parties et tendant aux
mêmes fins, dès lors qu'une telle action, bien que qualifiée de contractuelle, reposait sur la
démonstration d'un manquement de la société AIF à son obligation de moyen de sécurité et d'un
lien de causalité avec le dommage, de sorte qu'elle avait strictement la même cause que la première, la
cour d'appel aurait violé l'article 1351 du Code civil ;

2 / qu'en se plaçant sur le terrain de la responsabilité contractuelle pour faire droit au second recours
exercé par l'assureur, qui ne pouvait pourtant disposer de plus de droits que les personnes subrogées
-à savoir, les victimes- la cour d'appel aurait violé l'article L. 121-12 du Code des assurances,
ensemble les articles 1251 et 1351 du Code civil ;

3 / qu'en condamnant la société AIF services sur le terrain de la responsabilité contractuelle, bien
que cette dernière ne fût liée par aucun contrat avec M. X..., dans les droits duquel la compagnie
Mutuelles du Mans se prétendait subrogée, la cour d'appel aurait violé les articles 1134, 1147 et 1165
du Code civil ;

4 / qu'en retenant l'existence d'un prétendu acquiescement de la société AIF pour se placer sur le
terrain contractuel, la cour d'appel aurait dénaturé les écritures de cette dernière, en violation de
l'article 1134 du Code civil ;

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Mais attendu, d'abord, que c'est à bon droit que la cour d'appel, après avoir relevé que le jugement
du 27 août 1991 avait précisé que c'était sur le seul fondement de la responsabilité délictuelle que les
demandeurs avaient formé les prétentions dont il les déboutait, a écarté la fin de non-recevoir tirée
de l'autorité de la chose jugée sur le constat de ce que les actuelles prétentions de l'assureur étaient
fondées sur la responsabilité contractuelle jusque là exclue des débats ; que le deuxième grief du
moyen est mal fondé dès lors que l'assurance de responsabilité est une assurance de dommage,
comme telle soumise à l'article L. 121-12 du Code des assurances qui permet à l'assureur qui a payé
l'indemnité d'assurance d'être subrogé dans les droits de son assuré ; qu'ensuite, il est de principe que
le sous-acquéreur jouit de tous les droits et actions attachés à la chose qui appartenait à son auteur de
sorte qu'il dispose, le cas échéant, de l'action en responsabilité contractuelle dont son vendeur aurait
bénéficié s'il avait conservé la propriété de ladite chose ; que c'est donc encore à bon droit que la
cour d'appel a mis en oeuvre les règles de la responsabilité contractuelle contre la société AIF, après
avoir relevé que l'assureur était subrogé dans l'action contractuelle que pouvait exercer son assuré en
sa qualité de d'acquéreur du manège ;

que le dernier grief du moyen est, par voie de conséquence, inopérant et que le moyen, qui est mal
fondé en ses trois premières branches, ne peut donc être accueilli ;

PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi(…)

Document n° 6 : Cass. Civ. 1ère, 21 février 2006, n° 04-15.651

Vu l'article 1252 du Code civil ;

Attendu, selon ce texte, que la subrogation est à la mesure du paiement ;

Attendu qu'à la suite d'un partage de communauté et de succession, M. X..., notaire, a été condamné
à réparer le dommage subi par Mme Y..., épouse Z..., du fait de l'inaccomplissement des formalités
d'inscription des sûretés qui devaient garantir le paiement d'une soulte de 58 919,03 euros due par
M. René Y... ; qu'ayant versé à l'intéressée une indemnité de 48 879, 02 euros, l'assureur de
responsabilité du notaire, les MMA, a exercé un recours subrogatoire contre le débiteur ;

Attendu que pour condamner M. Y... à payer à l'assureur la somme de 58 919,03 euros, l'arrêt attaqué
retient que les MMA étaient légalement subrogées dans les droits du créancier de la soulte ; qu'en se
prononçant ainsi, la cour d'appel a violé, par fausse application, le texte susvisé ;

PAR CES MOTIFS : CASSE ET ANNULE (…)

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Document n° 7 : Cass. Civ. 1ère, 9 mars 2022, n° 19-19.392

Faits et procédure

1. Selon l'arrêt attaqué (Pau, 12 mars 2019), suivant offre acceptée du 3 février 2011, la Banque CIC
Sud-Ouest (la banque) a consenti à M. et Mme [W] (les acquéreurs) un prêt, garanti par la société
Crédit logement (la caution), destiné à l'acquisition d'un bien immobilier en l'état futur d'achèvement
vendu par la société foncière la Vénétie (le vendeur), bénéficiant de la garantie d'achèvement de la
Compagnie européenne de garanties et cautions (le garant).

2. Invoquant un non-respect des délais d'achèvement, les acquéreurs ont assigné le vendeur, la
banque et le garant en résolution de la vente en l'état futur d'achèvement et du contrat de prêt. Le
vendeur ayant été placé en redressement, converti en liquidation judiciaire, son mandataire judiciaire,
la SCP Dollet Collet, a été assigné en intervention forcée.

3. Par une décision devenue irrévocable, le premier juge a prononcé la résolution de la vente et du
prêt.

Examen des moyens

Sur le second moyen, ci-après annexé

4. En application de l'article 1014, alinéa 2, du code de procédure civile, il n'y a pas lieu de statuer par
une décision spécialement motivée sur ce moyen qui n'est manifestement pas de nature à entraîner la
cassation.

Mais sur le premier moyen, pris en sa première branche

Enoncé du moyen

5. Les acquéreurs font grief à l'arrêt de les condamner solidairement à payer à la banque la somme
de 116 330,05 euros, outre intérêts au taux légal pour chaque règlement intervenu à compter de sa
date jusqu'à parfait règlement, alors « que le paiement effectué par la caution libère le débiteur et
entraîne, de plein droit, sa subrogation dans les droits du créancier à l'encontre de ce dernier, qu'elle
a dès lors seule qualité pour exercer ; qu'en condamnant toutefois solidairement les acquéreurs à
rembourser à la banque la somme de 116 330,05 euros outre les intérêts au taux légal, « nonobstant
le remboursement effectué par la caution pour le compte des acquéreurs à la banque de la somme de
141 180,45 euros, tel que cela résulte de la quittance du 20 juillet 2015, à raison des échéances
impayées à compter du 15 août 2013 et jusqu'au 15 décembre 2014, outre les pénalités de retard », la
cour d'appel, qui n'a pas tiré les conséquences légales de ses propres constatations, a violé, par refus
d'application, l'article 122 du code de procédure civile, ensemble l'article 2306 du code civil. »

Réponse de la Cour

Vu l'article 2306 du code civil et l'article 122 du code de procédure civile :

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6. Selon le second de ces textes, constitue une fin de non-recevoir tout moyen qui tend à faire
déclarer l'adversaire irrecevable en sa demande, sans examen au fond, pour défaut de droit d'agir, tel
le défaut de qualité, le défaut d'intérêt, la prescription, le délai préfix, la chose jugée. Selon le premier,
la caution qui a payé la dette est subrogée à tous les droits qu'avait le créancier contre le débiteur.

7. Il s'en déduit que la caution, qui a payé la banque, est subrogée à tous ses droits et que celle-ci n'a
plus intérêt à solliciter de l'emprunteur la restitution du capital prêté par suite de la résolution du prêt
affecté, en conséquence de celle du contrat de vente.

8. Pour rejeter la fin de non-recevoir soulevée par les emprunteurs et condamner ceux-ci à payer à la
banque la somme de 116 083,05 euros, l'arrêt retient que la résolution du contrat de crédit
consécutive à la résolution de la vente emporte l'obligation pour les emprunteurs de rembourser à la
banque le capital emprunté et relève que celle-ci justifie avoir versé cette somme auprès du vendeur à
la suite des appels de fonds intervenus entre les 8 février 2011 et 29 mars 2012.

9. En statuant ainsi, après avoir constaté que la caution avait, selon quittance du 20 juillet 2015, payé
à la banque la somme de 141 180,45 euros, la cour d'appel, qui n'a pas tiré les conséquences légales
de ses propres constatations, a violé les textes susvisés.

PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur le second moyen, la Cour : CASSE ET
ANNULE (…)

Document n° 8 : Cass. Com., 5 mai 2021, n° 19-14.486

1. Selon l'arrêt attaqué (Nîmes, 21 juin 2018), par un acte du 5 août 2003, la société Caisse d'épargne
Languedoc Roussillon (la banque) a consenti à Mme [O] deux prêts de 72 000 euros et de 35 000
euros, garantis par l'engagement de caution solidaire de M. [J]. Mme [O], ayant été défaillante dans
l'exécution de ses obligations, la banque a mis en demeure le 22 juin 2010, M. [J], qui lui a ensuite
payé la somme 63 233,06 euros contre remise d'une quittance subrogative, le 13 décembre 2010.
Ayant vainement mis en demeure Mme [O] de le rembourser, M. [J] a assigné cette dernière le 5
décembre 2015.

Examen du moyen

Sur le moyen, pris en sa première branche

Enoncé du moyen

2. Mme [O] fait grief à l'arrêt de déclarer l'action introduite par M. [J] recevable, de la condamner à
payer la somme de 68 233,63 euros avec intérêts au taux légal à compter du 13 décembre 2015 et de
rejeter le surplus de ses demandes, alors « que l'action subrogatoire de la caution est soumise à la
prescription applicable à l'action du créancier contre le débiteur ; que par suite, la prescription de
l'action subrogatoire commence à courir au même moment que la prescription de l'action
principale ; qu'en l'espèce, l'action de la banque était soumise à une prescription quinquennale qui a
couru à compter du jour où elle a connu les faits lui permettant d'exercer son recours ; qu'en

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retenant, pour juger recevable le recours de M. [J], que la prescription de son action subrogatoire
n'avait couru qu'à compter de la délivrance de la quittance subrogative, soit le 13 décembre 2010,
alors que ce délai avait commencé à courir dès que la banque avait eu connaissance de la défaillance
du débiteur, soit le 22 juin 2010 au plus tard, la cour d'appel a violé l'article 2306 du code civil,
ensemble l'article 2224 du même code. »

Réponse de la Cour

Vu les articles 2224 et 2306 du code civil :

3. Aux termes du second de ces textes, la caution qui a payé la dette est subrogée à tous les droits
qu'avait le créancier contre le débiteur et il résulte du premier que le créancier dispose, pour agir
contre ce dernier, d'un délai de cinq ans à compter du jour où il a connu ou aurait dû connaître les
faits lui permettant d'exercer son action.

4. Pour déclarer l'action de M. [J] recevable et condamner Mme [O] à lui payer la somme 68 233,63
euros, l'arrêt retient que l'action subrogatoire exercée par M. [J] est une action personnelle soumise à
une prescription de cinq ans en application de l'article 2224 du code civil à compter du jour où il a
connu les faits lui permettant de l'exercer, soit après le paiement effectué en exécution du contrat de
cautionnement, à compter de la date de délivrance de la quittance subrogative, le 13 décembre 2010.

5. En statuant ainsi alors que la caution qui est subrogée dans les droits du créancier ne dispose que
des actions bénéficiant à celui-ci, de sorte que l'action subrogatoire de la caution contre le débiteur
est soumise à la même prescription que celle applicable à l'action du créancier contre le débiteur,
laquelle ne commence à courir que du jour où le créancier a connu ou aurait dû connaître les faits lui
permettant de l'exercer, la cour d'appel a violé les textes susvisés.

PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur les autres griefs, la Cour : CASSE ET
ANNULE (…)

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