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Introduction générale
I. Présentation de la matière
Ce sont les romains qui ont inventé le droit spéciaux. Historiquement, ils précèdent la théorie générale du
droit.
Ex : l’erreur sur les qualités essentielles lors de l’achat d’un bien, le dol, les clauses limitatives de responsabilité, l’obligation
de résultat et l’obligation de sécurité…
Pratiquement tous les contrats ont surgi à l’occasion de la formation ou de l’exécution d’un contrat spécial. Les juges
romains, selon leur système, donnait à toutes les actions en justice un nom, une forme et une fonction.
La conceptualisation du droit des contrats est venue tard et a été faite dans l’ancien droit, par Domat. Même en
2022, cela n’a pas vraiment changé ; les grandes catégories sont encore là.
Ex : mettre des photos sur Instagram revient à un dépôt dématérialisé
Par conséquent, il y a une permanence des mécanismes juridiques qui transcendent les millénaires. Lorsque que le
code civil a été rédigé, les rédacteurs ont conçu un plan (au départ celui de Domat) consistant à commencer par la théorie
générale (livre III) et puis traiter des contrats spéciaux à partir du titre 6 au titre 17 du livre III.
La commission de réforme a décidé de ne pas bouleverser le plan du code civil et de le conserver.
Ces contrats spéciaux ont, évidemment, des liens étroits avec la théorie générale du contrat. Ils s’influencent l’un
l’autre.
Ex : la question du prix, doit-il être déterminé dans le contrat ? Peut-il être déterminable ou fixé par le juge ? (Arrêt de
1995 dont on trouve la codification aux articles 1164 et suivants). L’une des parties fixe le prix, cela correspond au contrat
d’entreprise pour une part, mais aussi au contrat de vente.
Ex 2 : la responsabilité des produits défectueux qui prend place dans des contrats de vente (comme la vente de
médicament).
Il y a une alimentation réciproque entre les contrats spéciaux et la théorie générale des contrats.
La question des qualifications.
Ex : on possède tous des fournisseurs d’accès pour les téléphones. A quel contrat obéit cette fourniture d’accès à l’Internet
ou de connexion mobile. C’est un contrat d’entreprise car de prestation. On a alors le régime du contrat et le régime de la
théorie générale du contrat.
Pour tous les contrats spéciaux, il y a deux corps de règles :
-les règles générales
-les règles spéciales
C’est grâce à la qualification et au syllogisme qu’on peut dénouer toutes les situations et leur donner un régime, le
syllogisme étant un mécanisme universel.
II. L’histoire
Ce sont les romains qui ont dressé les principales catégories du contrat, et c’était essentiellement de la
jurisprudence qui a été codifiée dans le Corpus iuris civilis de Justinien (VIème siècle). C’est un plan de contrat
spéciaux : le mandat, le prêt, le dépôt…
Ce droit s’est maintenu jusqu’à la révolution française. Dans les livres de Domat ou Potier, on retrouve en permanence
les références au Corpus iuris civilis de Justinien.
En 2022, à l’occasion d’arrêts de la Cour de cassation, il est facile de retrouver, peu importe le sujet, une racine romaine. Il
y a une continuité historique qui va du droit romain jusqu’à nos jours. Toute codification ou recodification doit avoir
en tête cette continuité.
Ces textes du code civil de 1804, qu’on trouve aux titres VI et suivants, sont des copier-coller de textes romains, de Domat
et Potier. Lorsque le code civil, dans sa partie de contrats spéciaux, a été commenté au XIXème et XXème siècle ; les
auteurs donnent des références aux textes romains.
Une sorte de mouvement récent d’amnésie s’est produit. On oublie les racines du droit des contrats spéciaux pour ne
s’intéresser pratiquement qu’à la jurisprudence.
│Note : Pour l’examen, il ne faut pas sortir des arrêts qui ne sont pas dans le cours ou en TD. Les annotations du code
civil sont faites pour les praticiens (ex : avocats). │
Il y a une permanence des contrats spéciaux jusqu’à une époque récente. Le code a-t-il vieilli ? Quand on parle de
la responsabilité, on voit la jurisprudence créatrice de droit de la Cour de cassation. Dans les contrats spéciaux, un
certain nombre d’arrêts sont venus enrichir, mais cela n’a pas remis en cause les principaux textes.
La jurisprudence vient enrichir, mais cela ne fait pas pour autant un code vieilli.
Ex : pour Portalis, le dépôt est la remise d’une chose entre les mains d’une personne pour qu’elle la garde. A partir de ce
moment, les photos sont des choses immatérielles. Par conséquent, la généralité du texte sur le dépôt de 1804 permet
d’aborder les matières et les technologies les plus sophistiquées.
La loi est une règle générale et abstraite. Plus elle est abstraite, plus elle est appréhendée pour toutes les situations.
Parmi les directives codifiées de 2021, le contrat de la fourniture de service numérique regroupe les plateformes et les
applications. Mais ce sont des contrats d’entreprise, pourquoi créé des nouvelles catégories obscures avec un régime
compliqué ?
Le projet de la chancellerie (commission de réforme) a fait en sorte de résister à ces nouvelles catégories et de codifier ce
qui doit être codifié. Le problème de la codification est le risque de codifier à outrance. La jurisprudence facilite
l’application au court terme, mais que reste-il ensuite. Il faut avoir une distance vis-à-vis de la jurisprudence,
particulièrement quand on est législateur. Il ne faut absolument vouloir codifier la jurisprudence en considérant qu’elle
l’emporte sur tout.
2. Echelon supranational
L’UE s’empare du droit civil par secteur. Dans un certain nombre de cas, il faut se reporter aux directives
transposées ou aux règlements s’ils existent.
Il y a un effet pervers : s’il y a une difficulté d’application d’une directive, d’un règlement ou d’un code tiré d’une
directive, qui va interpréter la CJUE ? On est en train d’assister à une sorte de prise de possession des contrats
spéciaux par la CJUE alors même qu’elle n’a pas de compétence sur les contrats privés.
Ex : arrêt du 31 mars 2022, cela peut avoir du bon
Ex 2 : au sujet des allocations ce n’est pas quelque chose de bénéfique (arrêt sur la nature juridique du contrat par lequel
vous chargez le traitement de texte). Soit on considère que c’est l’entreprise qui fournit et vend, soit on considère que c’est
une licence. La licence est un contrat innommé, au terme duquel une personne met un bien qui peut être immatériel à la
disposition d’un autre pour qu’elle en jouisse. La CJUE considère qu’à partir du moment où il y a un téléchargement, c’est
une vente.
3. Echelon international
On voit que le commerce s’est mondialisé, or c’est pour l’essentiel de la vente. Voilà pourquoi les
organisations internationales se sont intéressées aux contrats spéciaux.
Ex : la convention de Vienne (1980), qui dépend de l’ONU, porte sur la vente internationale de marchandises. Elle a été
transposée dans certains Etats-membres, dans des directives de l’UE, mais elle est aussi d’application directe. C’est le droit
international matériel, ou droit conventionnel.
Titre 1 : La vente
Elle est définie par l’article 1582 du code civil « la vente est une convention par laquelle l’uns s’oblige à
livrer une chose et l’autre à la payer ». On voit que la vente est un contrat synallagmatique, commutatif et à titre
onéreux.
C’est un contrat dont le champ est considérable car la vente peut s’appliquer à toutes les choses, tous les biens (meubles ou
immeubles/ corporel ou incorporel).
Le contrat de vente est, par nature, susceptible de s’adapter à la société.
La vente est un contrat consensuel (article 1583) « la vente est parfaite entre les parties et la propriété acquise de
droit à l’acheteur dès qu’on ait convenu de la chose et du prix quoi que la chose n’ait pas encore été livrée ni le
prix payé ».
Il est évidemment soumis aux règles du droit de la preuve, notamment à l’exigence d’un écrit pour un contrat du plus de
1500 euros.
En 2022, il y a certains contrats qui doivent être conclus devant un notaire, mais ils ne sont pas si nombreux.
Ex : les donations, en matière immobilière à cause de la publicité foncière
Mais le formalisme, qui s’oppose au consensualisme, se retrouve dans des contrats à prirori consensuels car l’Etat, le
gouvernement ou l’UE ont décidé de les solenniser. Ce sont les contrats de consommation. C’est également le cas des
contrats d’adhésion. Sont alors exigés des écrits et même un certain nombre de mentions (garanties, les clauses de non-
responsabilité, les délais de réclamation, les pénalités…).
Cela explique qua dans un certain nombre de domaines, les contrats sont écrits et volumineux. Qui lit ces épaisses clauses,
à fortiori quand elles sont proposées par voie électronique ?
A. Nature
Un texte de 1804, l’article 1589 du code civil « la promesse de vente vaut vente lorsqu’il y a consentement
réciproque des deux parties sur la chose et sur le prix ».
Il y a toutes sortes de raisons de conclure ce genre de contrat. Des cas où les deux parties ne sont pas totalement sûres de
vouloir s’engager ; mais elles ne pourraient, en théorie, pas pouvoir se rétracter. La plupart du temps, la conclusion de la
vente dépend d’un élément qu’elles ne maîtrisent pas forcément.
Ex : si l’un attend un crédit
B. Régime
Il y a une partie commune à la promesse unilatérale de vente, il y a un délai. Il y a réitération. Les parties se
donnent rendez-vous, la plupart du temps c’est un avant-contrat à durée déterminée.
Il y a un parallélisme des formes, la plupart du temps devant un notaire.
Si le promettant ne veut plus de la promesse, le juge peut le contraindre à une exécution forcée, il n’y a pas de
moyen de se rétracter.
Il peut être vu dans la promesse un mécanisme d’indemnité. Dans le vocabulaire juridique, la dénomination utilisée est
« dédit ». Le code civil et la jurisprudence admettent le dédit, mais il faut laisser la somme à l’autre promettant.
Comme pour la promesse unilatérale de vente, il y a eu des contestations, et des acheteurs, se rétractant sans le pouvoir,
ont essayé de récupérer l’indemnité.
Ex : affaire d’un milliardaire russe qui avait acheté une villa sur la côte d’Azur, et il avait payé un dédit. Pour obtenir le
remboursement, il a utilisé une disposition du code de la construction et de l’habitation qui permet de se rétracter avec un
statut de semi-consommateur. Cette disposition s’applique aux non-professionnels (qui ne sont pas des non-
consommateurs).
Dans l’article 1590 du code civil « Le code prévoit que « si la promesse a été faite avec des arrhes, chacun est maître de son départir,
celui qui les a donné en les perdant, celui qui les a reçu en restituant le double ».
Tout ça suppose un consentement.
Ex : un arrêt de la 3ème chambre civil du 16 septembre 2022. Il s’agit d’une vente d’un immeuble occupé par des locataires
commerciaux. Il y avait des mauvais payeurs parmi les locataires, l’un des plus gros locataires n’était pas loin de
l’insolvabilité. Or, le vendeur ne l’avait pas révélé à l’acheteur. L’acheteur s’aperçoit qu’il manque des loyers et qu’il a fait
une mauvaise affaire. Il y a donc un procès sur le fondement du dol par réticence.
Si une des parties se rétracte, l’autre partie peut préférer recevoir l’exécution forcée plutôt que de recevoir le dédit, le juge
peut alors ordonner l’exécution forcée.
Lorsque la promesse est subordonnée à ce que l’acheteur obtienne un crédit, on retrouve la même règle
que pour la promesse unilatérale de vente. L’acheteur ne sera pas tenu d’exécuter le contrat, ni de verser le dédit ou les
arrhes.
I. La conclusion et le régime
Les rédacteurs du code civil n’avaient pas envisagé ces conventions, et elles se sont développées par la pratique.
Au cours des siècles, il y a eu des procès et donc une jurisprudence assez abondante.
L’ordonnance de 2016 a jugé bon de règlementer le pacte de préférence, mais avec les mêmes faiblesses :
-il y a un article unique
-c’est seulement un ou deux points du régime du pacte qui ont été traités car ils avaient donné lieu à des progrès
spectaculaires, mais ce n’est pas tout le régime du pacte qui a été règlementé
L’article 1123 du code civil prévoit que le pacte de préférence est l’avant-contrat par lequel « une partie s’engage
à proposer prioritairement à son bénéficiaire de traiter avec lui pour le cas où elle voudrait contracter ».
Le propriétaire d’une chose n’est pas sûr de la vendre, mais s’il décide de la vendre c’est au bénéficiaire qu’il devra
proposer le contrat.
Dans la promesse, le propriétaire est engagé fermement. C’est une exclusivité dans l’hypothèse où il y aurait vente.
Ex : en matière de société il y a des clauses de préférence.
Il y a une option sur la tête même du promettant. Au fond, aucune des parties n’est obligé. Le promettant n’est pas
obligé de vendre s’il décide de ne pas vendre.
Dans le contenu de ce pacte, on retrouve un certain nombre d’éléments de la promesse :
- le délai. Le plus souvent il y a un délai, le pacte le mentionne quand c’est un pacte de préférence à durée
déterminée. Mais certains, plus rares, dans lesquels les parties n’ont pas stipulé de délai. Cela peut être dangereux.
Ex : 15 ans, 20 ans après, le propriétaire décidera de vendre et il sera toujours engager, sauf à ce qu’il plaide qu’on est au-
delà du délai raisonnable.
-le prix. Bien souvent, le prix n’est pas mentionné, soit parce que les parties ne le connaissent pas nécessairement (pas
déterminable), soit parce qu’il y aura des offres de contractants, les offres concurrentes. Au moment de la conclusion, le
bénéficiaire devra alors s’aligner.
I. Le formalisme de protection
Depuis quelques années, les textes se sont multipliés dans tous les codes pour protéger l’une des parties et cela
lorsque la vente ressemble à un contrat d’adhésion, qu’elle soit conclue par un consommateur ou un professionnel.
Les articles L.111-1 et suivants du code de la consommation précisent que le contrat doit mentionner le produit, les
caractéristiques, le prix, les garanties, les questions de rétractation…
Il suffit qu’il manque une disposition pour que le contrat soit nul.
Mais parfois, il arrive à la Cour de cassation de rendre le formalisme raisonnable, parfois excessif.
Ex : arrêt Civ 1, 2 juin 2021 au sujet de l’achat de panneaux solaires. La question s’était posée de savoir si le vendeur n’avait
pas dû mentionner, pour chaque élément du contrat, un prix distinct. Le prix doit-il être décomposé ? La Cour de
cassation répond que non, le formalisme a ses limites.
I. La chose
A. La détermination de la chose
Toutes les choses se vendent. Mais un service ne se vend pas. Dans la plupart des ventes, la chose est déterminée.
Dans le droit du contrat de vente, il y a un certain nombre de ventes avec une détermination particulière :
-la vente en bloc à l’article 1586 du code civil. C’est le vendeur qui cède un ensemble en même temps.
Ex : viticulteur qui cède tout son vin de 2022 à un même moment.
Cela recoupe la qualification de choses de genre.
-la vente à la mesure à l’article 1585 du code civil. Les parties conviennent de mesurer la quantité de ce que l’acheteur va
recevoir.
La différence de régime porte sur le moment du transfert de propriété et la théorie des risques.
Sur le caractère déterminable, il y a la vente sur abonnement. Le prix est payé par avance et la chose est délivrée à
période régulière.
B. L’existence de la chose
La chose doit exister. Si elle atterrie au moment de la conclusion du contrat, la vente est nulle car il n’y a pas
d’objet. Dans la plupart des cas, la chose existe.
Il y a beaucoup de contrats sur des choses qui n’existent pas encore mais qui vont exister : la vente sur chose future. On
peut conclure un contrat sur un objet futur.
Ces ventes sont fréquentes et, par principe, licites. Il n’existe que des exceptions limitées.
Ex : la vente sur un héritage. Mais c’est contraire à l’ordre public, le pacte sur succession futur est nul.
On peut faire deux catégories :
-la plupart sont des ventes commutatives (Emftio rei speratae). C’est l’hypothèse de la chose n’existe pas encore, mais
va forcément exister.
Ex : l’entreprise dans la mode avec des clients qui achètent une chose confectionnée sur mesure qui sera confectionnée
plus tard.
Ex 2 : la vente d’immeuble à construire
-les ventes aléatoires (emftio spei). La chose est espérée mais il n’est pas sûr que l’acquéreur puisse avoir la
livraison, ce qui ne l’empêche pas de payer le prix.
Chaque partie encourt un risque de perte ou une chance de gain, et si la perte est avérée tant pis.
Ex : des restaurants qui concluent des ventes aléatoires pour la fourniture de poisson
A. La détermination du prix
Le prix peut être fixé de plusieurs manières. La première manière est la détermination du prix par les parties.
1. La détermination du prix par les parties
Le texte d’origine, récupéré dans le projet de réforme, est l’article 1591 du code civil « le prix de la vente doit
être déterminé et désigné par les parties ». La plupart du temps, le prix est déterminé.
L’auteur Marcadet insiste sur la détermination du prix.
Parfois, le prix est seulement déterminable.
Ex : le vendeur ne connaît pas le coût de fabrication, mais la vente peut être conclue avec un prix de base ou une
fourchette.
Ex 2 : entre professionnels, des parties peuvent s’engager sur plusieurs ventes et sur plusieurs années. La Cour de cassation
a longtemps considéré que la vente était nulle, puis elle a procédé à un demi-revirement de jurisprudence relatif aux
contrats cadres.
Souvent, quand la chose n’est pas déterminée, il est difficile de déterminer le prix.
La Cour de cassation se montre très stricte : le prix doit être fixé au jour du contrat et pas plus tard car il y aurait un
risque que l’une des parties soit soumise à la discrétion de l’autre partie. C’est la question de la potestativité.
Le prix pourrait être déterminable selon des critères plus ou moins précis en permettant à l’une des parties, le vendeur, de
préciser le prix dès qu’il sera en mesure de le faire.
La Commission de réforme a décidé de maintenir le mécanisme rigide de l’article 1591.
2. La détermination du prix par un tiers
L’article 1592 du code civil tient compte des difficultés de fixation du prix et énonce « le prix peut cependant
être laissé à l’estimation d’un tiers ».
C’est une question très pratique, qui existe depuis le droit romain. C’est Domat qui l’a théorisé. Les rédacteurs du code
civil ont repris Domat, et les rédacteurs du projet de réforme également.
C’est une hypothèse pratique lorsque les parties ne parviennent pas s’entendre ou que le prix doit être déterminé plus tard.
Ex : un expert qui donne son avis sur le prix.
Il y a force obligatoire de l’évaluation du tiers s’il y a signature du contrat.
Sauf dans le cas où le tiers commettrait une erreur grossière, son évaluation serait alors nulle.
Les nouveaux rédacteurs du code civil y ont consacré un deuxième article, l’article 1843-4.
3. La détermination du prix attachée au marché
C’est présent dans le droit des sociétés cotées.
Ex : une cession de contrôle sur une société, les parties peuvent-elles prévoir que le prix correspondra à la valeur de
l’action au titre de la vente future ? Le prix n’est pas déterminé, la référence est un prix de vente futur.
Il y a de l’aléa. Pas plus que dans le prix fixé par un tiers il n’y a de potestativité, c’est un prix fixé de manière
objective.
4. La fixation unilatérale du prix par le vendeur
En présence d’une chose future, on ne connaît pas le coût, pour le vendeur, de la chose telle qu’elle sera fabriquée
ou livrée.
Ex : le pétrole, le gaz
On peut considérer que le prix sera réévalué à chaque livraison. Mais cela suppose que ce soit le vendeur, qui connaît
ses coûts, qui fixe le prix. Il faut avoir confiance.
La Cour de cassation a refusé la fixation unilatérale du prix, et considère que le juge du fonds doit annuler les clauses.
L’article 1164 « dans les contrats cadre, il peut être convenu que le prix sera fixé unilatéralement » et l’article 1165
« dans les contrats de prestation de service, le prix peut être fixé par le créancier ».
Mais l’ordonnance de 2016 n’a pas modifié l’article 1591. De sorte, que la majorité de la doctrine et la jurisprudence
continue de considérer que la vente obéit au régime propre de l’article 1591 et ne peut pas être laissé à la fixation du
vendeur.
L’ordonnance de 2016 a codifié à la lettre la jurisprudence de 1995. L’assemblée plénière avait été saisie au sujet de
contrats cadres, en vertu desquels des conventions particulières seraient conclues dans le futur, alors que formellement, il
n’y a qu’un seul contrat de vente qui s’exécute sur une plusieurs périodes.
Ceux qui sont contre la fixation du prix par le vendeur considèrent que cette jurisprudence ne s’applique pas à la lettre.
L’article 1164 joue sur les mots, et les articles 1165 sur les qualifications.
Ce serait d’autant plus facile d’étendre la fixation du prix par le vendeur que, au cas où le vendeur abuserait, il pourrait
être condamné selon la théorie de l’abus de droit. Il n’y a pas de risque de potestativité.
La Cour de cassation pourrait interpréter l’article 1591 comme permettant cela, mais elle ne le fait pas.
5. La fixation du prix par le juge
Les parties ne parviennent pas à s’entendre. En cas de contentieux, rien n’empêche le juge de désigner un
expert qui va lui remettre des éléments d’évaluation et lui donner un chiffre.
Là encore, la Cour de cassation se montre conservatrice et refuse de laisser ce pouvoir d’appréciation au juge. C’est
dommage, d’autant plus que si on se réfère aux principes européens du droit des contrats, il y a un article qui permet au
juge de fixer le prix.
Il y a une distorsion entre le droit français et le pragmatisme du droit international des contrats.
B. Le prix sérieux
La contrepartie de l’obligation des parties, dans un contrat synallagmatique, est le prix. Il y a une
jurisprudence abondante sur ce sujet, qui a été codifiée, pour partie, par l’ordonnance de 2016. C’est l’article 1169 du code
civil « un contrat à titre onéreux est nul lorsqu’au moment de sa formation, la contrepartie convenue est illusoire
ou dérisoire. » C’est la notion de prix dérisoire.
Le prix dérisoire est une distorsion énorme entre la valeur de la chose et le prix proposé. C’est une codification de la
jurisprudence rendue en matière de vente.
Si le juge est saisi d’une demande de nullité, il va devoir déterminer si le prix est illusoire ou dérisoire en désignant un
expert.
Il y a des cas où le prix a l’apparence d’être dérisoire, mais ne l’est pas.
Ex : les actions valent 2 millions d’euros au jour de la vente, et le vendeur les cède à 1 euro symbolique. C’est impossible
selon la Cour de cassation depuis des années, car dans les faits c’est parce que l’entreprise est endettée et que l’acheteur
s’engage à rembourser la dette. Le prix est symbolique car la véritable contrepartie est d’autres obligations acceptées par
l’acheteur. La Cour de cassation a fini par comprendre, il y a eu un revirement de jurisprudence.
Dans le projet de réforme, on a codifié ce revirement de jurisprudence.
C. La lésion
C’est l’hypothèse dans laquelle une partie subit un préjudice économique du fait de la conclusion du contrat
car il y a une disproportion entre ce qu’elle fournit et ce qu’elle reçoit, sans que le prix soit dérisoire.
Ce n’est pas le prix quasiment inexistant, cela peut être un prix conséquent. Le problème est donc celui de l’équilibre du
contrat.
En 2022, y compris avec le projet de réforme, la position des juristes n’a pas changé depuis l’Antiquité. Dans un objectif de
sécurité contractuelle, les rédacteurs des codes successifs ont décidé de ne pas ouvrir l’annulation ou la révision du
contrat sur le fondement de la disproportion entre les objets.
Il y a le risque que l’une des parties, estimant qu’il a fait une mauvaise affaire, cherche à obtenir l’annulation du contrat par
la suite.
Ils ont introduit quelques exceptions.
Ex : l’ouverture de la révision, « la rescision » pour lésion en matière immobilière c’est l’article 1674 du code civil
« si le vendeur a été lesé des 7/12 du prix d’un immeuble, il a le droit de demander l’annulation de la vente ».
Dans l’ancien droit, Domat disait « outre moitié ».
Depuis le droit romain, on s’intéresse sur le fondement de l’ouverture pour lésion. En droit romain, la lésion était
considérée comme le dernier vice du consentement.
Dans l’ancien droit, la valeur des patrimoines était surtout celle des immeubles. En 2022, c’est surtout des actions.
Quelques textes ponctuels prévoient la lésion en matière mobilière.
Ex : dans les ventes en matière d’industrie culturelle, l’auteur peut, s’il a reçu un prix faible, réclamer à l’éditeur ou au
producteur la révision.
Il y a un délai très court de 2 ans pour assigner et faire réviser le contrat. Le juge va donc nommer un collège d’experts qui
vont lui remettre un rapport lui donner les chiffres et lui permettant de calculer la fraction. Si la valeur de la chose est
inférieure aux 7/12 :
-l’acheteur rend la chose et le contrat est annulé
-l’acheteur conserve la chose et doit payer un supplément de prix pour avoir l’équilibre.
Il y a peu de rescision pour lésion en droit des contrats et le projet de réforme ne l’étend pas à d’autres contrats.
Ce ne sont pas toutes les ventes immobilières qui peuvent faire l’objet d’une rescision. Il y a des exceptions.
Ex : la vente aux enchères. La rescision n’est pas possible car, par essence, la vente aux enchères aboutit à un juste prix
Ex 2 : la vente avec rente viagère. « L’aléa chasse la lésion »
I. L’obligation de délivrance
La délivrance est définie dans l’article 1604 du code civil « La délivrance est le transport de la chose vendue
en la puissance des possessions de l’acheteur ». Délivrer signifie remettre, c’est donc la remise de la chose en la
possession.
Cette définition porte sur tous les biens, y compris pour les biens incorporels.
Ex : remise des titres de propriété, inscription sur un registre…
La délivrance a lieu au lieu défini par les parties. Cela peut avoir un intérêt dans les ventes internationales.
Il existe des régimes dérogatoires, notamment en droit de la consommation, sur le lieu de la délivrance. L’UE a prévu des
règlements sur la délivrance et la sanction de cette dernière.
La délivrance s’étant à la chose, mais aussi à ses accessoires. C’est l’article 1615 du code civil « l’obligation de
délivrer la chose comprend ses accessoires ».
Ex : celui qui vend une ferme, vend le terrain mais aussi ses accessoires (tracteurs, immeubles, animaux…).
Les accessoires peuvent aussi regrouper toute sorte d’éléments, dont certains sont incorporels. La Cour de cassation estime
que, parmi les accessoires, il peut y avoir des créances.
Le vendeur ne peut pas se contenter, pour certains biens, de transférer la propriété sans informer ni conseiller son
acheteur. C’est l’article 1112-1 qui rappelle l’obligation précontractuelle de renseignement.
Dans une jurisprudence sur la vente, la Cour de cassation pose l’obligation pour le vendeur d’informer l’acheteur quant au
fonctionnement, au maniement et au risque d’utilisation de la chose. Cela porte sur toutes les choses surtout les choses
dangereuses.
Ex : Dès les années 1970, la cour de cassation a rempli des arrêts en matière de logiciel. L’entreprise fabricante doit
informer son client quant aux effets indésirables.
La jurisprudence est très sévère sur cette obligation d’information qu’elle a inscrite en tant qu’accessoire intellectuel de
l’obligation de délivrance.
Parfois, elle prend en compte la qualité d’acheteur. Si l’acheteur est un professionnel, l’obligation d’information sera
moins importante.
Ex : celui qui achète un logiciel de comptabilité
Mais selon l’adage, l’acheteur se doit de se montrer curieux. Il y a donc un jeu subtil sur les limites de l’obligation
d’information du vendeur.
L’obligation de conseil connaît aussi ce jeu subtil. Le vendeur ne doit pas apporter un conseil personnalité.
La Cour de cassation n’a pas hésité, elle a créé une obligation de conseil personnalisé dans le sillage de l’obligation de
conseil.
Ex : le pharmacien doit conseiller le client pour être adapté au mal du client
Ex 2 : un arrêt Civ 1, 11 mais 2022 relatif à la vente d’un camping-car. L’acheteur rajoute des accessoires. Dans la facture, il
y a un avertissement du vendeur sur les questions de poids. L’acheteur part en voyage avec des passagers adultes, et se
retrouve avec l’affaissement d’un des essieux. Il y a un procès sur le fondement de la méconnaissance de l’obligation de
conseil.
A. La garantie d’éviction
Cela provient du latin « vincere », être vainc. L’éviction c’est quand l’acheteur est vaincu dans la possession de
la chose par un évènement extérieur, donc le vendeur est responsable.
C’est une variante de responsabilité contractuelle car elle aboutit à la résolution du contrat, ou à des dommages-intérêts, ou
à une exécution forcée.
Elle est présente aux articles 1626 et suivants du code civil. Le projet de réforme la modifie légèrement mais sans
apporter de nouveautés considérables. « Le vendeur est obligé de droit à garantir l’acquéreur de l’éviction qu’il
souffre dans la totalité ou partie de l’objet vendu ».
C’est l’idée d’un trouble apporté à l’acheteur dans la possession paisible de la chose.
Le trouble a été identifié depuis les romains en deux catégories :
-le trouble peut émaner du vendeur
-le trouble peut émaner du tiers
Si c’est le vendeur, c’est un fait personnel illicite. Il est naturel que le vendeur garantisse à l’acheteur qu’il ne
commettra pas d’acte illicite quel qu’il soit.
1. La garantie du fait personnel du vendeur
Il concerne des situations pratiques et contemporaines. Le vendeur garantit de ne pas troubler par lui-même la
possession de l’acheteur. Dans l’ancien droit, un vieil adage a été forgé, devenu principe général, « Qui doit garantie ne
peut évincer ». Dès lors que le vendeur doit garantie, il doit s’abstenir de tout acte de nature à troubler la jouissance
paisible de son acheteur.
Depuis le droit romain on distingue deux catégories de trouble causé par le vendeur :
-le trouble de droit
-le trouble de fait
a)Le trouble de droit
C’est l’hypothèse où, après la vente, l’ancien propriétaire émet une prétention juridique à l’encontre de son
acheteur. Il invoque des moyens de droit pour troubler la possession de son acheteur.
Ex : arrêt relatif au mannequin Inès de la Fressange (2006). Un mannequin célèbre avaient fondé une maison de
couture. Elle cède à un tiers le contrôle sur sa société. Le nom patronymique est un bien incorporel depuis l’arrêt Bordas.
Elle cède son nom patronymique en application de cette jurisprudence. Quelques années plus tard, elle prétend que
l’acheteur n’a pas correctement exécuté le contrat et tente de récupérer son nom pour fonder un autre commerce. Elle
intente un procès. L’acheteur invoque la garantie d’éviction. La Cour de cassation retient cette garantie, en lui opposant
l’adage.
Ce ne sont pas les plus fréquents.
b)Le trouble de fait
Le vendeur ne prétend rien du tout. Il a un comportement directement illicite troublant la jouissance
paisible de la chose.
Dès le début du XXème, ce sont développées des situations de non-concurrence, notamment à l’occasion de la vente de
fonds de commerce. C’est l’hypothèse simple selon laquelle un vendeur vend son fonds de commerce à un autre libraire
pour se réinstaller à un autre endroit, pas loin. Par conséquent, l’essentiel des clients attachés à sa personne le suit. C’est la
violation de l’obligation de non-concurrence (synonyme de la garantie d’éviction). Ici, sur le fondement c’est
contractuel et non délictuel.
Cela a poussé certains acheteurs à inscrire, dans le contrat de cession de fonds de commerce ou des actions de société, des
clauses de non-concurrence. Le vendeur s’interdit, à l’avenir, de faire concurrence déloyale à son acheteur.
Il s’agit de savoir s’il n’y a pas une limite temporelle à l’obligation de non-concurrence.
Récemment, la Cour de cassation décide un revirement de jurisprudence et s’adonne au contrôle de
proportionnalité dans la garantie d’éviction. C’est l’influence de la CJUE qui conduit à écarter le syllogisme au profit
d’une non-méthode (avis professeur) consistant à écarter la loi pour donner son sentiment personnel. Elle ne
donne pas raison à l’acheteur alors même que le vendeur a violé l’article 1626 du code civil.
C’est l’arrêt Cass. Com., du 10 novembre 2021 : il s’agissait de deux informaticiens qui avaient fondé une entreprise
commercialisant des logiciels. Ils cèdent leur titre à un tiers avec un contrat dans lequel ils vendent leurs actions mais
restent salariés de la société pendant une certaine durée pour percevoir des salaires. Trois ans après, ils démissionnent et
quittent la société. Dans les mois suivants ils fondent une société concurrente et débauche une partie du personnel. Ils
créent alors un logiciel très inspiré de celui qu’ils ont vendu qui vient concurrencer la première société.
L’acquéreur fait un procès à ses deux vendeurs et ils sont condamnés par le juge du fonds. La Cour de cassation reproche
au juge du fonds de ne pas avoir procéder à un contrôle de proportionnalité : la mise en balance de deux droits
fondamentaux. La Cour de cassation donne raison au vendeur en disant que certes, il y a une garantie, mais qu’elle doit être
limitée dans le temps.
Avis professeur : elle commet une erreur de fait et considère que la durée entre le moment de la conclusion et les actes des
vendeurs aurait été de 3 ans ; mais ils sont restés pendant 3 ans après la vente. En réalité, le point de départ est leur
démission, du coup cela ne fait que quelques mois. Illustration de la critique du contrôle de proportionnalité.
On trouve la même situation en droit du travail. Le salarié qui quitte l’entreprise a souvent une clause de non-
concurrence. La chambre sociale a fait des contrôles de proportionnalité, préexistant et influençant la chambre
commerciale.
2. La garantie du fait du tiers
Il y a plusieurs hypothèses.
Ex : une personne est propriétaire d’un terrain et le vend. Le propriétaire voisin prétend que le terrain empiète. Le voisin
fait un procès à l’actuel acheteur. L’acheteur, qui n’a pas été prévenu par son vendeur et assigné en démolition par le
voisin, va appeler en garantie (ou intervention forcée) son vendeur.
C’est la garantie d’éviction du fait des tiers. Il y aura deux défendeurs et deux avocats.
Si le voisin a raison, il y aura condamnation à démolition. L’acquéreur demandera alors la garantie et à ce que les
condamnations portées contre lui soient supportées par son vendeur.
Ex 2 : Un arrêt du 26 janvier 2022, postérieur à l’arrêt du contrôle de proportionnalité. Il s’agit de la cession d’un fonds de
commerce de traiteur. Dans le contrat il y avait une clause de non-concurrence de 5 ans dans un rayon de 20 km. Le gérant
de la société vendeur se fait employeur par un traiteur directement concurrent à l’intérieur des 20km. Les juges du fonds la
déboutent et reproche de ne pas avoir constaté le détournement de clientèle manifeste.
En mettant en parallèle els deux, sachant que l’affaire de novembre est plus grave, il n’y a pas vraiment de différence que
l’obligation résulte d’une loi ou d’une clause sauf dans la méthode. Dans cet arrêt, il y a un syllogisme, dans l’autre un
contrôle de proportionnalité. Il n’y aucune rationalité dans le choix des méthodes.
Si jamais il y a une menace d’éviction et que l’acheteur n’a pas encore payé le prix, le code civil prévoit l’exception
d’inexécution.
C. La garantie de conformité
Si l’acheteur est un consommateur, ce sera le régime spécial du code de la consommation qui s‘applique.
Paradoxalement, le droit de la consommation, à force de se compliquer, est devenu mois protecteur que le code civil. Il ne
se passe pas une année sans une modification du code de la consommation. Ensuite, sous l’influence de l’UE, une
ordonnance de 2021 a refondu la garantie de conformité de la vente, elle-même transposition d’une directive européenne
de 2019.
Auparavant, comme le droit de la consommation est devenu plus compliqué, avec une certaine sagesse il prévoit que le
consommateur a une option : il peut toujours préférer agir sur le code civil plutôt que sur le code de la
consommation (article L217-30).
La notion même de garantie de conformité se rapporte à la garantie des vices cachés sur la notion de choses impropres à
l’usage auquel la destine le consommateur (L217-5).
Le code prévoit encore une présomption de vice lorsque celui-ci apparait dans les 2 ans de la vente.
Avant 2021, la prescription était beaucoup moins favorable que le droit commun : 2 ans à compter de la délivrance de la
chose.
L’ordonnance de 2021 remédie à cette situation dans l’article L217-3 qui dispose que « le point de départ de la
prescription est le jour de la connaissance ». C’est un alignement sur 1648. Mais au début de cet article il est prévu que
le vendeur réponde des défauts qui apparaissent dans les deux ans à compter de la délivrance. Les deux alinéas sont donc
paradoxaux. L’article n’a pas été nettoyé : c’est un millefeuille d’accumulation des textes.
Ex : que faire si le défaut apparaît dans les 3 ans ?
En droit commun l’acheteur a le choix. En droit spécial, le consommateur n’a pas le choix ; c’est le vendeur
qui a le choix. Le code prévoit aux articles L217-8 et suivants un mécanisme de « hiérarchie des remèdes ».
Ex : l’achat d’un nouveau smartphone et la batterie s’épuise vite. On retourne vers le vendeur pour échanger ou
rembourser le smartphone. Avec ce mécanisme, le vendeur peut d’abord exiger la réparation du smartphone. Ce n’est que
si la réparation n’a pas fonctionné ou n’est pas possible qu’il passe à la deuxième étape et propose le remplacement. Ce
n’est que si la réparation et le remplacement posent de graves difficultés que l’acheteur peut demander la restitution.
Ces textes, issus de l’UE, ont donné lieu à des batailles rangées entre les groupes de pression (associations de fabricants,
associations de consommateurs…).
Ces textes font application du principe de proportionnalité. Mais il y a un autre contrôle de proportionnalité qui
concerne l’exécution du contrat entre parties.
Le code de la consommation prévoit que cette hiérarchie des remèdes est dictée par la proportionnalité : si la
réparation proposée par le vendeur est suffisante, pourquoi résoudre le contrat et l’anéantir ?
La garantie porte sur la chose viciée : c’est une nouveauté de l’ordonnance de 2021. Elle porte sur la chose ; mais
aussi lorsque la chose numérique, sur la mise à jour. Ces textes obligent les vendeurs à mettre à jour les appareils
numériques et à garantir l’efficacité et l’absence de vices dans les mises à jour.
On comprend leur raison d’être : étendre la garantie à la vente de l’objet mais aussi à une exécution successive qui
se prolonge et qui porte sur l’objet et ses accessoires. Une mise à jour est un accessoire de la chose.
Les clauses de non-responsabilité (abusives, obligations essentielles) sont mal vues en droit commun, mais a
fortiori en droit spécial. Elles sont, dans le code de la consommation, réputées non-écrites.
Mais il y a un nouveau paradoxe.
Ex : les conditions générales d’Apple avec deux grosses marges sur la garantie. Il est prévu qu’Apple s’engage à garantir
l’absence de tout vice sur les produits vendus (avec la reproduction des articles 1641 et L217-5). Ce ne sont pas de clauses
limitatives, mais la garantie est limitée dans un délai de 1 an. Le délai de garanti est plus court avec un point de départ à la
délivrance et non à la découverte.
Sous couvert du droit européen, ces conditions sont nulles et inopposables à l’acheteur.
I. Le payement
L’acheteur doit payer.
Quand ? Pas tout de suite. Parfois le vendeur peut lui donner un délai pour payer plus tard : c’est la notion de vente à
crédit.
Le plus souvent, l’acheteur paye et reçoit en même temps le bien.
Il peut également payer et la livraison sera faite plus tard. C’est un acte de confiance à l’&égard du vendeur qui n’a pas livré
la chose.
Avec quoi est faite la vente ? Des euros, de la monnaie, des bitcoins…
Comment le payement est prouvé ? C’est un fait juridique qui peut être prouvé par tout moyen.
Ex : le relevé de banque, le ticket de caisse (dématérialisé ou non)
Dans un supermarché, le transfert de propriété aurait dû s’effectuer quand on prend l’objet. En réalité, on peut considérer
que le transfert de propriété est différé au moment où on passe à la caisse et reçoit le ticket (preuve).
Est-ce que l’acheteur peut échapper au payement ? Oui, dans certains cas. Quand la chose ne lui a pas été livrée ou quand
elle est affectée d’un vice. C’est l’exception d’inexécution.
Si l’acheteur ne paye pas et n’a aucune cause justificative, le vendeur peut le contraindre par une exécution forcée ou
obtenir la résolution de la vente.
Ce sont les articles 1650 et suivants du code civil.
II. Le retirement
L’acheteur doit prendre livraison de la chose.
Ex : achat d’un scooter électrique et il n’a pas été allé le cherché dans les 10 jours. Le vendeur peut mettre en demeure de
venir le chercher et le cas échéant obtenir la résolution du contrat.
Titre 2 : L’échange
C’est l’ancêtre de la vente, et il a été éclipsée par cette dernière. Mais aujourd’hui, il n’est pas exclu que l’échange
retrouve une nouvelle jeunesse.
Il est défini par l’article 1702 du code civil « l’échange est un contrat par lequel les parties se donnent
respectivement une chose pour une autre ». C’est un transfert de propriété réciproque.
Ex : propriétaire d’un scooter et d’un ordinateur. Il y a un échange entre les deux sans échange d’argent. Si l’ordinateur
vaut 1500 euros et l’ordinateur 1000, il y a un problème. Il n’y a pas de lésion ni en matière d’échange ni en matière
mobilière. Mais les parties peuvent prévoir que celui qui fournit la chose qui vaut le moins va verser, en argent, un
supplément. Les professionnels l’appellent la soulte (du latin solvere).
C’est une opération qui se pratique beaucoup dans les campagnes, au sujet des échanges de terre.
Il s’agit de savoir si on pourrait envisager un échange d’un bien contre un service. L’article 1702 ne le prévoit, il y a peu
de jurisprudences depuis 1804. Mais, on peut se fonder sur les usages. Dans les campagnes, il y a des pratiques au terme
desquelles une partie va remettre (ex : du lait, des céréales) contre des services (ex : travailler à la ferme).
Cela se fait également dans le commerce international.
Dans le projet de réforme, l’échange est étendu aux services. Ce n’est plus du dare contre du dare, mais aussi du dare contre
du facere.
II. La forme
La forme du bail ?
C’est le droit commun qui s’applique. Le bail est un contrat consensuel. S’il est supérieur à 1500 euros, il sera conclu
par écrit. Si c’est une habitation, c’est la loi de 1989 qui s’applique : le bail doit être conclu par écrit à peine de nullité.
Dans son souci de surprotéger le locataire, la loi de 1989 oblige les bailleurs, quelle que soit leur qualité (professionnel
ou non), à reproduire toutes sortes de dispositions d’ordre public. Ce sont des clauses obligatoires.
Il y a un deuxième écrit dans le bail : le contrat d’état des lieux. C’est un document signé par les parties, à part du bail,
qui décrit l’immeuble. Quand le locataire quitte les lieux, il y a un deuxième état des lieux. On comparera l’état de lieux
d’entrée et de sortie pour évaluer la faute du locataire.
III. L’objet
Un standard du droit des biens, que l’on retrouve dans le droit des baux, est très fort : la notion de destination
des lieux. Le locataire peut jouir (fructus et usus) de la chose, conformément à sa destination.
Ex : Le bailleur peut-il contrôler ou prétendre contrôler les gens que le locataire va recevoir chez lui ? Il y a une
jurisprudence concernant les homosexuels. La Cour de cassation a décidé que le bailleur n’a pas à s’en mêler.
Ensuite, concernant la polygamie (chez les musulmans), il n’y a pas de raison que la religion ou les mœurs du locataire ait
une influence sur le bail. C’est la position de la Cour de cassation. Pour cela, elle utilise les droits fondamentaux de la
Conv. EDH et notamment l’article 8 se rapportant à la vie privée.
Ex 2 : Le locataire peut-il faire ce qu’il veut à l’intérieur ?
La destination des lieux correspond à leur intégrité. Le propriétaire doit redonner son consentement pour tout.
Ex 3 : Un locataire d’appartement va souvent à la campagne et décide de sous-louer (groupe de contrat). L’objet du bail est
assez précis, on n’est plus dans le standard de la Conv. EDH.
Ex 4 : Arrêt du 22 juin 2022 dans lequel la cours de cassation visait le respect de la destination des lieux par le colocataire.
IV. La durée
La durée est un élément essentiel des contrats, et spécialement des baux. On revient au fondement quasi-politique
de la législation sur les baux : l’Etat, dans un souci de stabilité sociale, veut que chacun ait son logement quelles
qu’en soient les conditions.
Les rédacteurs du code civil, eux, ont prévu le contrat de bail à durée déterminée ou à durée indéterminée. Ils ont
prévu le cas dans lequel un contrat de bail à durée déterminée n’est pas renouvelé mais le bailleur n’a rien dit et les
locataires continuent de payer : c’est la notion de tacite reconduction. Cela ne suffit pas dans la législation temporelle, et
elle se montre stricte, pas tant sur la durée que sur le renouvellement.
Dans la loi de 1989, sur le quantum, si le bailleur est une personne physique la durée minimum est de 3 ans, et 6
ans s’il est une personne morale. En cas de société civile, le bail sera de 6 ans.
Ce qui pose des difficultés, c’est le renouvellement. Le bail peut être renouvelé et reconduit sans que le bailleur
puisse s’y opposer. C’est une nouveauté et anormalité par rapport au droit civil. Le contrat à durée déterminée qui arrive à
son terme ne peut être renouvelé que si un double-consentement, fut-il tacite.
Dans le bail d’habitation, alors même que le bailleur voudrait récupérer la chose, il ne le peut pas. C’est la notion de droit
au renouvellement. Il pourra y avoir autant de reconduction du bail que le locataire le souhaitera.
Cependant, si, pour une raison, le locataire veut résilier, il peut le faire à tout moment sous réserve d’un préavis (en
générale de 3 mois). Cela rappelle les règles du contrat de travail.
L’Etat vient protéger, voire surprotéger, une des parties au contrat. Cela explique que les propriétaires hésitent parfois à
louer leur bien.
Par ailleurs, le bailleur ne peut mettre fin au contrat à son expiration que pour 3 motifs :
-en cas de faute du locataire. Ex : s’il n’a pas payé son loyer
-lorsque le bailleur justifie qu’il veut reprendre le bien pour y habiter lui-même ou sa famille. Ex : il a un fils
étudiant qui veut récupérer le studio
-lorsque le propriétaire veut vendre le bien. Le locataire jouit alors d’un droit de préemption, il peut acheter le bien qu’il
louait jusqu’à maintenant.
En soit c’est vertueux, mais n’est-ce pas excessif ?
A partir du moment où le contrat va être renouvelé (tacitement ou non), les parties peuvent en modifier les termes
et notamment le prix. Le bailleur contrainte de renouveler le bail peut-il obtenir un supplément de prix ?
La réponde devrait être oui, mais la loi de 1989 encadre, comme en matière de baux commerciaux, et plafonne le
montant du loyer renouvelé.
Cette législation est ultra-dirigiste. Le problème est que tous les propriétaires ne sont pas des gens riches, ni des personnes
morales ; et cela conduit à une certaine inégalité : un renversement de l’inégalité.
Quand il s’agit d’une personne âgée, il est impossible de la mettre dehors, même avec les 3 causes énoncées.
Si le bien plait au locataire et que le loyer est plafonné, pourquoi il n’y resterait pas toute sa vie ?
S’est alors posé la question du contrat perpétuel. Est-ce que ce n’est pas un contrat perpétuel imposé au bailleur ?
Il y a peu de jurisprudence, et la plupart du temps elle est favorable au locataire. Pourtant, le code civil interdit le contrat
perpétuel.
Ainsi, au fonds, certains propriétaires ne pourront jamais récupérer leur bien : n’est-ce pas excessif ?
La question s’est posée de savoir si, lorsque le locataire meurt, le bail ne doit pas être transmis à ses enfants ?
La loi de 1989 en donne une réponse positive. Des baux durent sur plusieurs générations.
La CJUE a estimé que toutes ces contraintes peuvent conduire à une atteinte substantielle au droit de
propriété du bailleur.
Le locataire en cours de bail peut-il céder son bail ?
En droit commun, la réponse est positive. Avis du professeur : cela heurte car le bail est un contrat avec un intuitu
personae.
En droit spécial, ce n’est pas possible ; il faut l’accord du bailleur. Au fonds c’est l’application de la théorie générale :
céder son bail c’est céder un contrat, il faut systématiquement l’accord du bailleur.
Si un nouvel acheteur acquiert le bien, le locataire peut lui opposer le bail. L’article 1743 dispose que « le bail sera
opposable au nouveau propriétaire ». C’est une dérogation à l’article 1199 sur l’effet relatif des contrats.
Pour l’acheteur du bien occupé ce n’est pas forcément une bonne affaire car il ne pourra peut-être pas l’occuper ou le louer
à autrui
V. Le prix
Le prix du bail s’appelle le loyer. Il est fixé par les parties comme elles l’entendent (liberté contractuelle). Le bail se
décompose avec le loyer (périodique) + les charges.
Les charges se sont les frais du propriétaire qu’il engage dans l’intérêt commun et dont il demande
remboursement.
Ex : les charges de chauffage collectif, l’enlèvement des ordures ménagères
La plupart du temps, le loyer est en argent. Mais il pourrait, pour une partie, être en nature.
Comme nous sommes dans des périodes inflationnistes, le coût de la vie peut augmenter. Par conséquent, dans
pratiquement tous les contrats de bail, il y a des clauses d’indexation. C’est un indice qui augmente, la plupart du temps,
en fonction duquel le loyer est réévalué périodiquement. Ces indices sont publiés par l’INSEE.
La loi de 1989 se montre à nouveau dirigiste. Le gouvernement a commencé par plafonner les loyers renouvelés.
C’est un système contraignant visant à saisir une commission des loyers (commission de conciliation) qui va envisager
en fonction d’un certain nombre de critères, notamment les loyers du voisinage, si le bailleur pourra avoir son
augmentation.
Le gouvernement est allé encore plus loin, il y a quelques années. Jusqu’à maintenant, le loyer initial était libre. Maintenant,
dans les grandes villes, il y a une sorte de contrôle des loyers qui fait que le montant initial peut être plafonné. Le
loyer médian est le nouveau standard juridique.
La marge de liberté du bailleur est pratiquement réduite à 0.
En général, les bailleurs ont deux garanties :
-ils réclament un dépôt de garantie (1 ou 2 mois de loyer en général) dont la fonction est, lorsque le locataire s’en ira, de
se servir de cette somme pour faire des réparations si le locataire a fait des dégâts. Cet usage n’a pas été remis en cause,
mais il est ultra limité : au maximum d’un 1 mois.
-si le locataire ne paye plus le loyer mais qui continue d’occuper les lieux, le bailleur doit avoir le concours de la force
publique pour le mettre dehors. Ce n’est pas évident.
Par conséquent, le bailleur recherche un minimum de garantie. Voilà pourquoi il va demander à un tiers de se porter
caution. La caution est une personne qui se porte garante de ce que si le débiteur ne paye pas sa dette, elle le fera à sa
place. Mais il y a un extrême formalisme du cautionnement donné au bailleur.
Dans le droit des baux contemporains, le droit spécial est de plus en plus envahissant et contraignant pour
le propriétaire.
B. Les garanties
Le bailleur est tenu d’une garantie d’éviction et des vices cachés. C’est le parallèle avec la vente. La garantie
d’éviction est le standard de jouissance paisible.
Il est d’abord garant de son fait personnel, il ne peut pas troubler le locataire d’une quelconque façon.
Ex : s’il fait des travaux qui troublent le voisinage et le locataire, il en sera garant.
Il est aussi garant du fait des tiers.
Ex : la jurisprudence sur les colocataires. Un bailleur est propriétaire de tout l’immeuble et dans l’immeuble il y a beaucoup
d’appartements loués à des étudiants qui font des fêtes tous les soirs. Le bailleur, dès lors qu’il a autorité sur les autres
locataires, doit faire cesser le trouble. Le bailleur est responsabilité du fait de son autorité.
Est-ce que le bailleur est tenu des pertes et destructions qui peuvent entraver la jouissance du locataire ?
C’est le droit commun. En théorie non, c’est la théorie des risques. Mais dans certains cas, il pourra avoir l’obligation de
réparer ou reconstruire.
S’agissant des vices cachés, c’est un raisonnement à fortiori, le bailleur est tenu des vices cachés.
Ex : les termites, le toit qui fuit…
Dès lors qu’il a une obligation de délivrance ou d’entretien, il doit réparer le vice caché. Le contrat ne sera pas forcément
résolu, mais il devra réparer. C’est la différence entre le bail et le vente. Le bail est un contrat à exécution successive et
le vente un contrat instantané. Le locataire n’a pas intérêt à demander la résolution du contrat.
C. Les réparations
C’est une question pratique. Dans un immeuble, les choses peuvent se dégrader. Qui a la charge des réparations ?
Dans les articles 1720 et suivants, il y a un raisonnement analogique avec l’usufruit. Les grosses réparations sont à
la charge du nu-propriétaire et les menues réparations sont à la charges de l’usufruitier.
La loi et la jurisprudence ont procédé à un raisonnement analogique et ont appliqué cette ventilation des charges au bail.
Ex : quand un toit fuit c’est pour le bailleur, quand des joints du lavabo doivent être réparés c’est le locataire
Il y a des cas entre les deux.
Ex : le chauffe-eau ?
Il peut y avoir des contestations entre les parties. Et si elles ne se résolvent pas, c’est le juge qui sera saisi. Avant, c’était le
juge d’instance, maintenant c’est le juge des contentieux de la protection.
La loi de 1989 a repris ce système. Des décrets et des arrêtés présentent des listes des réparations.
Titre 1 : Le prêt
Le professeur Mallory adorait donner des exemples. L’un de ces exemples, donné dans son livre, est l’exemple
d’étudiant préparant son galop qui veut se faire prêter un code civil. Dans cet exemple, il y a toutes les qualifications.
L’article de base, qui n’a pas changé depuis 1804, est l’article 1874 « Il y a deux sortes de prêts, celui des choses dont
on peut user sans les détruire et celui des choses qui se consomment par l’usage qu’on en fait ».
Ex : pour un prêt de 5 euros pour acheter un repas, c’est la même chose que le code civil : un service d’ami à charge de
restituer. Simplement, les 5 euros ont été remis et l’étudiant va s’en servir. L’étudiant devra rendre ; mais, à la différence du
code civil (chose corporelle individualisée), les 5 euros est une chose fongible et consomptible ; 5 euros sous la forme qu’il
souhaite (billet, pièces, virement…).
Il y a un champ considérable pour le prêt.
Le prêt des choses individualisées s’appelle le prêt à usage.
Depuis le droit romain, pendant 2000 ans, le code civil lui donnait un synonyme « le commodat », qui veut dire prêter en
latin. Le gouvernement a trouvé que ce terme était obscur et l’a supprimé.
Dans le projet de réforme, le terme « commodat » est rétabli car les praticiens l’ont intégré et l’ont demandé.
L’autre prêt s’appelle le prêt de consommation, par référence aux catégories du droit des biens.
C’est une catégorie plus vaste, dont le prêt d’argent est le principal prêt. Mais il existe aussi des prêts portant sur des
matières premières.
Pourtant, la Cour de cassation, dans des arrêts obscurs, a fait un fractionnement. Elle a considéré que le prêt à
usage reste le contrat réel, et que le prêt de consommation est un contrat consensuel si c’est un professionnel qui
prête à un particulier. La qualification change au regard de la qualité des parties.
Ex : quand on prête 5 euros, le contrat de consommation se fait de particulier à particulier et est un contrat réel.
Ex 2 : pour un prêt par le banquier, c’est un contrat consensuel.
En réalité, cette disqualification est dictée par une question de régime et d’exécution forcée des promesses de prêt. Pour
obtenir l’exécution forcée d’une promesse de prêt, consentie par un banquier à des particuliers, la Cour a estimé que le
contrat est consensuel et donc susceptible d’exécution forcée.
La commission de réforme a décidé de codifier cette jurisprudence et de faire la distinction entre consensuel et réel.
A. La condition suspensive
Ex : Des gens ont trouvé un appartement et veulent l’obtenir en exclusivité car des concurrents veulent le même.
Ils concluent une promesse synallagmatique de vente au terme de laquelle les parties s’engagent à vendre et acheter à une
date donnée et pour un prix donné l’appartement. Mais l’acheteur n’a pas assez sur son compte bancaire. Il va faire
financer une partie du prix par un crédit immobilier, mais il ne l’a pas encore obtenu.
Si on ne précise pas dans le contrat de vente une condition suspensive de ce que la promesse sera parfaite que si le crédit
bancaire est obtenu, le vendeur peut, au terme de la promesse, réclamer le payement du prix.
La vente ou la promesse synallagmatique sera caduque (était valable mais tombera) si le prêt n’est pas conclu.
Ce système a été généralisé et rendu d’ordre public par le code de la consommation.
B. La condition résolutoire
Ex : le banquier a accordé le crédit de 15k euros remboursable sur 15 ans avec un intérêt de 4%. Mais il y a des
termites dans l’immeuble. L’emprunteur/acheteur agit contre le vendeur et obtient la résolution du contrat en garantie des
vices cachés. Que devient le contrat de prêt ?
Des banquiers considèrent que la vente est peut-être résolue, mais pas le prêt. L’emprunt doit donc arriver à son
terme. Le prêteur a intérêt à poursuivre le prêt pour avoir une rémunération.
Voilà pourquoi le principe du code de la consommation est que si le contrat principal est résolu, le contrat de prêt est
résolu. Il y aura un remboursement anticipé : l’emprunteur se servira de la restitution du prix pour rembourser le prêt.
Ce mécanisme est également appliqué par la Cour de cassation dans les rapports entre professionnels lorsque l’un des
contractants est une entreprise.
B. La rémunération du prêteur
Baudry-Lacantinerie a fait des pages sur l’historique du prêt. C’est une question sensible, politique et morale. A
l’origine, dans le système du droit romain, le prêt est gratuit ; mais à partir du moment où des citoyens sont allés voir des
gens qui n’étaient pas leurs amis pour leur demander de l’argent, s’est posé la question de savoir si ces personnes (dont
certaines en faisait leur profession) pouvaient réclamer une rémunération.
Assez rapidement, dans l’histoire, la question de savoir si on pouvait maintenir la qualification de prêt tout en assortissant
une rémunération s’est posée.
Aujourd’hui ce n’est pas résolu, c’est la notion de prêt à intérêt. Le prêteur peut-il réclamer une rémunération sous forme
d’intérêt ?
Certains ont considéré, en se fondant sur la religion (catholique, juive, musulmane) que c’est immoral. Au fonds, il n’y a
que deux philosophies sur le prêt :
-la gratuité, d’origine romaine
-même si on rend service, il doit y avoir un minimum de contrepartie
Il y a eu de grands débats dans l’ancien droit. L’Eglise catholique était hostile au prêt à intérêt. Mais cela ne l’a pas empêché
d’être pratiqué sous l’ancien droit.
A la Révolution, avec le principe de laïcité, le prêt à intérêt a été reconnu. C’est l’article 1905 du code civil « il est
permis de stipuler des intérêts pour prêt d’argent ».
Au fonds, le prêt à intérêt est devenu économique et sociologiquement plus important par rapport au prêt d’ami car nous
sommes dans une société de consommation où les besoins d’argent sont de plus en plus importants.
L’article 1907 distingue deux types d’intérêts « l’intérêt est légal ou conventionnel ».
L’intérêt légal est fixé par la loi. L’intérêt conventionnel peut excéder celui de la loi toutes les fois qu’elle ne le prohibe pas.
L’intérêt légal : l’Etat fixe régulièrement le taux de l’intérêt légal pour toutes les créances de somme d’argent.
Aujourd’hui, il est aux alentours de 3%. C’est un intérêt plancher.
L’intérêt conventionnel : les parties à un contrat de prêt déterminent librement le montant de l’intérêt. Evidemment,
les banquiers ne s’intéressent pas à l’intérêt légal car, pour des sommes importantes 3% ne représente pas grand-chose.
D’où la question : il y a-t-il un plafond à l’intérêt conventionnel ?
Il existe des risques, connectés au système des clauses abusives, mais la question est si sensible qu’il y a une législation
spécifique ultra-compliquée concernant le taux d’intérêt conventionnel. Il est plafonné selon un système qui se
trouve dans le code de la consommation aux articles L314-1 et suivants. Avec cette originalité que le plafond du taux
d’intérêts conventionnels s’applique aussi aux prêts aux entreprises, pas que aux consommateurs.
On utilise le terme « d’usure » pour désigner cela. C’est la formule du prêt usuraire, celui qui est totalement excessif, qui
va ruiner le débiteur. C’est interdit par l’Etat. Et pendant des siècles, l’Eglise a lutté contre le prêt sur ce fondement et cette
image du prêt usuraire.
Le système est le suivant : l’ensemble des établissements financiers français détermine des taux d’intérêts moyen et
raisonnables. Tout banquier qui accorde un prêt ne peut dépasser de plus du tiers le montant de l’intérêt moyen
pratiqué par l’ensemble des établissements financiers.
Aujourd’hui, on doit être aux alentours de 8-9% pour le taux effectif moyen.
Le taux qui ne respecte pas ce système est déclaré usuraire. Le contrat est déchu du taux qui sera ramené au taux légal.
Une autre question se pose : à partir du moment où beaucoup de crédits sont à moyen ou long terme, est-ce qu’on
peut fixer aujourd’hui le même taux qui s’applique encore 15 ans après ?
C’est la question de la détermination du prix. L’intérêt est, au fonds, le prix du prêt.
La Cour de cassation, qui s’était montré rigide, a évolué pour accepter que le prêt puisse être à taux variable, qu’il soit
ajusté en cour d’exécutions. C’est en général à la demande du prêteur.
Le prêt à taux variable est lui-même très encadré.
I. Caractéristiques
Ex : tu me prêtes ton code civil pour ton interrogation.
C’est une chose individualisée remise à titre gratuit par une personne à une autre. Le prêteur est le commodant et
l’emprunteur le commodataire.
L’article 1878 précise que « tout ce qui est dans le commerce peut faire l’objet d’un prêt ».
Donc les choses corporelles, immobilières (ex : appartement) ou mobilières (ex : vélo, manteau de ski).
La question s’est posée à propos des biens incorporels.
En droit des affaires, la pratique a vite admis le prêt de fonds de commerce et le prêt de valeurs mobilières (le prêt de
titres).
Se pose la question du prêt des livres. Si on retient la façon dont fonction les bibliothèques, quand on emprunte un livre à
charge de le rendre ensuite, c’est un prêt. Avec l’extension de l’Internet, la question s’est posée sur les livres dématérialisés
(et les ENT). La seule question est celle de la restitution.
La CJUE a été saisie de la question et a rendu un arrêt du 10.11.2016. Elle estime que le prêt peut être étendu aux livres
dématérialisés.
L’autre question qui se pose est de savoir si toutes les mises à dispositions gratuites entre dans la définition du prêt
alors même qu’il y a de plus en plus de commerçants qui prêtent. Est-ce que leurs actes sont soumis ?
Mallory, dans le Livre des contrats spéciaux, appelle cela la gratuité d’affaire.
Ex : une grande surface met à disposition un chariot pour mettre les produits.
Ex 2 : les aéroports prêtent des chariots
Ex 3 : des entreprises prêtent un logiciel/ une application pour une durée déterminée
La jurisprudence ne s’est pas prononcée de façon claire.
En revanche la commission de réforme a décidé de créer une nouvelle variété de prêt : le prêt intéressé. Si la
réforme passe, il y aura deux sortes de prêts : le prêt désintéressé (le commodat) et le prêt intéressé avec des règles plus
strictes.
Le prêt est un contrat réel, mais la commission de réforme a considéré que le prêt peut être consensuel dans
certains cas. C’est un contrat réel, il n’y a pas besoin d’écrire le montant. Mais en pratique, il y aura toujours un
écrit.
Ex : les stars à Cannes se voient prêter des parures par le joaillier
Titre 2 : Le dépôt
Déposer c’est remettre, poser quelque chose. En l’occurrence, poser quelque chose entre les mains d’une
personne physique ou morale.
C’est l’article 1915 du code civil « le dépôt est un acte par lequel on reçoit la chose d’autrui à charge de la garder
et la restituer en nature ».
L’origine historique romaine est le service d’ami. On utilise le terme « garde » qui est consubstantiel au dépôt
A. La garde
Cela constitue l’obligation caractéristique (ou essentielle) du contrat.
Ex : si on remet le manteau c’est pour pouvoir le récupérer.
C’est un standard du droit civil, avec l’arrêt Franck. Le dépositaire va avoir le contrôle de la chose tout le long du
contrat avant de la restituer au déposant.
Quelle est l’étendue de l’obligation du dépositaire ? Est-ce une obligation de moyen ou de résultat ? La charge de la preuve
est au déposant en cas d’obligation de moyen, et il y a une présomption de faute en cas d’obligation de résultat.
L’article 1927 du code civil dispose que « le dépositaire doit apporter dans la garde de la chose les mêmes soins que
dans la garde des choses qui lui appartiennent ». L’article 1928 précise que cette obligation « doit être appliquée
avec plus de rigueur quand le dépôt est rémunéré ».
Pour la Cour de cassation, il y a une présomption simple de responsabilité pesant sur le dépositaire si la chose est
endommagée, perdue ou volée. Mais ce n’est pas une obligation de résultat. Le dépositaire pourra prouver qu’il n’a
pas commis de faute.
Cette présomption sera appréciée plus ou moins sévèrement selon que le dépôt ait été gratuit ou rémunéré.
Dans certains cas, le dépôt est accolé à un autre contrat.
Ex : chez le garagiste on remet la voiture pour une vérification, et la rend deux jours après. L’intervention ne prend pas 2
jours, le reste du temps, la voiture est rangée dans un espace. La Cour de cassation estime qu’avant la réparation et après la
réparation il y a un contrat de dépôt. Comme c’est un professionnel, la présomption est appliquée sévèrement.
Si on applique ce système de la présomption au professionnel, on voit que l’exploitant, dont c’est l’activité, voit sa
responsabilité fondée sur le dépôt. De sorte que s’il y a un problème, le dépositaire sera responsable.
Ex : inondation ou hold-up dans le coffre-fort
Le professeur André Tunc a fait sa thèse sur le contrat de garde et a considéré qu’on devrait requalifier les
baux et les dénommer « garde » car c’est la caractéristique fondamentale.
Le dépositaire n’a pas le droit de se servir de la chose. C’est un rôle de pure garde.
B. La restitution
L’article 1932 du code civil dispose que le « dépositaire doit rendre identiquement la chose même qu’il a
reçu ». C’est la chose et non pas une autre chose à la place.
Sauf dans l’hypothèse où c’est un dépôt de genre.
Ex : le compte en banque avec une chose fongible et consumptible.
A qui la chose devra être restituée ?
Au déposant et s’il est mort, à ses héritiers. C’est une question pratique qui vaut pour les personnes physiques (coffre-
fort). Les héritiers doivent donc fournir des preuves du contrat de dépôt et de leur qualité d’héritier. Mais cela vaut aussi
pour les personnes morales.
Quand le dépôt doit-il être restitué ?
A tout moment, quand le déposant le souhaite.
Ex : pour la boîte de nuit, on récupère quand on sort de la boîte de nuit.
Certains contrats peuvent être à durée indéterminée et être longs.
Ex : dépôts faits pendant la WWII par des juifs et des spoliations.
Garde et restitution sont liées. Si le dépositaire rend la chose endommagée, ou qu’elle a été perdue ou volée ; on
revient à la présomption de responsabilité.
II. Le séquestre
C’est un mot polysémique. Pour le commun, c’est du droit pénal. Mais en droit civil, le séquestre porte non pas sur
les personnes mais sur les choses.
« Le séquestre est conventionnel ou judiciaire » (article 1955 du code civil). Il y a deux sources : le contrat et le juge.
« Le séquestre conventionnel est le dépôt fait par une ou plusieurs personnes d’une chose contentieuse entre les
mains d’un tiers qui s’oblige de la rendre après la contestation terminée » (article 1956 du code civil).
Le séquestre conventionnel
Ex : deux héritiers s’opposent sur la propriété d’un tableau et prétendent d’avoir reçu le tableau de celui qui est mort. Le
juge ne s’est pas prononcé : il y a une dispute sur la propriété. Ils vont remettre à un tiers (ami, banque etc…) le tableau
litigieux en attendant que le juge rende sa décision sur qui est le propriétaire.
Le séquestre est un dépôt sur une chose litigieuse.
En droit des sociétés, il y a souvent des séquestres, notamment sur les valeurs mobilières, pourtant ce sont des choses
incorporelles.
Ex : deux personnes s’opposent sur la propriété de titres et conviennent que c’est un tiers qui va conserver les titres le
temps que le juge se prononce. Les titres donnent lieu à des rémunérations. Ces rémunérations seront encaissés par le
séquestre, à charge de les restituer ensuite à celui que le juge déclare propriétaire.
Dans le séquestre judiciaire, c’est l’hypothèse dans laquelle des parties ne s’entendent pas. L’une d’elle va demander au
juge, souvent par référé, de désigner un tiers le temps que le litige soit tranché ou que les parties finissent par s’entendre
avec une transaction.
Parmi les personnes souvent désignées comme séquestre, il y a régulièrement des notaires.
Ex : il y a une vente et découverte d’un vice caché dans les jours qui suivent. L’acheteur n’a pas payé le prix, il ne remettra
pas l’intégralité du prix au vendeur garant des vices cachés. De sorte que soit il propose au vendeur de faire nommer un
expert et désignent tous les deux le notaire comme séquestre. Soit, si le vendeur le menace, il peut saisir le juge en référé et
demande la désignation d’un séquestre.
Sous-partie 1 : Le mandat
C’est un contrat défini, aujourd’hui, par l’article 1984 du code civil « Le mandat, ou procuration, est un acte
par lequel une personne donne à une autre le pouvoir de faire quelque chose pour le mandant et en son nom ».
Le mandat est celui qui donne le pouvoir, le mandataire celui qui le reçoit.
Le code utilise le mot « mandat » mais aussi le mot « procuration ». Etymologiquement, « procuration » (procuracio) veut dire
mandat. Dans le vocabulaire commun, c’est utilisé pour la procuration de vote.
Dans le projet de réforme, le mandat a été étendu (par codification des usages) pour l’étendre à des actes qui ne sont
pas nécessairement des contrats.
Ex : charger un contrat d’aller voter à l’assemblée générale des étudiants pour élire les représentants. C’est une sorte d’acte
unilatéral.
Le mandat est un contrat en vue de conclure un autre contrat ou d’émettre un acte unilatéral.
B. La preuve
Le mandat est un contrat consensuel, il obéit donc aux règles de l’écrit au-dessus de 1500 euros. Mais il existe des
dispositions spécifiques encore plus libérales que le droit commun. L’article 1985 dispose que « le mandat peut être
aussi donné verbalement » et cela même au-dessus de 1500 euros.
Mais cela reste théorique, la plupart du temps il y a un écrit.
Ex : si on appelle un agent de voyage et qu’on demande la réservation pour des billets d’avion (+ de 1500 euros). L’agent
peut invoquer, si on est de mauvaise foi et qu’on a dit qu’il n’y a pas de mandat, le fait qu’on l’ait dit par téléphone.
Il existe des mandats solennels (écrits à peine de nullité) en général par méfiance à l’égard du locataire.
Ex : l’agent immobilier est soumis à une loi de 1970 (non-intégrée dans le code civil) car il y une grande méfiance. Il faut
donc un écrit à peine de nullité et des mentions d’information sur l’objet du mandat, la rémunération etc…
Ex 2 : pour les agents sportifs et artistiques
Parfois, même le mandat doit être conclu devant un notaire : c’est le mandat authentique.
Ex : l’hypothèque, lorsqu’un créancier qui doit être remboursé par son débiteur se fait conclure une sûreté sur l’immeuble
de sorte que si le débiteur ne rembourse pas à l’échéance le créancier peut saisir le bien et se fait rembourser sur le prix. Le
mandat d’hypothèque doit être conclu devant un notaire.
Peut-il y avoir une pluralité de mandants chargeant un mandataire d’une mission déterminée par écrit ?
La réponse est oui. La Cour de cassation s‘est prononcée dans une affaire de mandat d’assigner (agir en justice) des
avocats. Et les mandans étaient au nombre de 55 000. Il y a donc eu 55 000 mandats donnés au même mandataire. La
Cour de cassation a considéré que rien n’empêcher d’avoir la conclusion d’une massez considérable de mandants.
L’importation récente de la class-action en droit français n’a donc pas d’intérêt : les rédacteurs des textes sur l’action
de groupe peuvent faire réaliser cette action via un mandataire.
Depuis le droit romain, l’acceptation par le mandataire peut être tacite par l’exécution du contrat. C’est une
possibilité sauf dans les contrats limités énoncés par les textes.
III. L’objet du mandat
Il peut y avoir toutes sortes de mandat, c’est ce qu’énonce l’article 1987 et 1988 du code civil. Ils ont été
légèrement modifiés par le projet de réforme.
Le mandat peut être général ou spécial, mais la plupart des mandats sont spéciaux.
Ex : le vote
Mais les mandats généraux sont plus dangereux et plus difficiles.
Ex : la gestion de patrimoine (family office) d’un banquier pour une famille.
Il est logique que l’objet du contrat principal soit bien déterminé par les parties ; mais que s’il y a un doute, le
mandat s’interprète restrictivement. C’est la règle que la Cour de cassation a déduite des textes relatifs au mandat.
Ex : Affaire Taittinger avec le droit de céder une société de champagne accordé à un mandataire.
L’intuitu persona est une notion qui est la considération de la personne. Le mandant choisit le mandataire pour
sa personne. Le mandat est un de contrats où la personne du cocontractant joue un rôle essentiel.
Ex : Arrêt Com. 29.06.2022. Dans cet arrêt, le mandat peut être confié à une personne physique ou une personne morale.
Par définition, une personne morale et une fiction, donc quand le mandant doit foi à une société (ou une association), en
réalité c’est parce que le dirigeant ou la dirigeante est celui ou celle en qui il a confiance. La confiance est orientée vers le
dirigeant, alors que formellement le mandataire est la société.
Dans cet arrêt, le dirigeant était actionnaire majoritaire de la société. Le dirigeant avait changé, il y avait eu une cession de
contrôle. Le mandant n’en avait pas été informé. Or, les relations avec le nouvel actionnaire ayant pris le contrôle n’étaient
pas excellentes. Le mandant a pu obtenir la constatation que le mandataire avait manqué à ses obligations, notamment de
bonne foi et de loyauté.
Souvent, dans les contrats de mandat, il y a une clause pour renforcer l’intuitu personae. En cas de tout changement
duc contrôle du capital de la société, et/ou du dirigeant d’entreprise, le mandat doit en être personnellement informé.
C’est parce que le mandat a confiance dans les qualités du mandataire qu’il espère que le contrat principal sera conclu dans
de bonnes conditions.
Ex : arrêt Taittinger (2018). La famille a décidé de céder le capital de la société à un repreneur. Les membres de la famille
confie mandat au patriarche (membre de la famille) pour céder les actions au meilleur prix. Il trouve un preneur, négocie
un bon prix, mais le preneur a une exigence : éviter que les membres de la famille, après avoir céder l’entreprise, aillent
créer une entreprise concurrente dans le même secteur (cf affaire Inès de la Fressange). Les vendeurs doivent renoncer à
utiliser leur nom patronymique (cf Bordas) pour ne pas faire concurrence à l’acheteur. Or, une des filles décide de monter
sa société en matière de champagne, mais sans créer de confusion en ajoutant son prénom. Cela ne suffit pas à l’acheteur
qui lui fait un procès. Elle répond qu’elle n’est pas engagée à ne pas utiliser le nom patronymique. Le mandat comportait la
mission de vendre les actions, mais n’autorisait pas à renoncer à l’usage patronymique. Donc le mandataire avait excédé ses
pouvoirs.
L’objet du mandat est normalement circonscrit. Et il y a une interprétation stricte : il ne faut pas abuser de la
représentation.
Le mandat peut être conclu pour une durée déterminée ou indéterminée ; pour une opération particulière
ou une série d’opérations.
S’il est à durée déterminée, il est renouvelable. Certains mandats sont même nécessairement à durée déterminée.
Ex : les agents immobiliers ont des mandats très courts, avec un renouvellement obéissant à un formalisme spécifique.
Le mandat peut être exclusif ou non exclusif.
Ex : un propriétaire d’un appartement veut le vendre. Il peut le confier à une seule agence immobilière= mandat exclusif,
en espérant que cela motive l’agence. Ou alors, il peut confier la recherche d’un acheteur à 3 agences en même temps=
mandat non-exclusif.
Selon les usages et les secteurs ils sont exclusifs ou non-exclusifs. En matière immobilière, c’est plutôt non-exclusif. En
matière d’agent sportif ou artistique, c’est plutôt exclusif.
Il y a des conséquences sur l’exclusivité qui sont importantes.
Ex : si le fameux appartement a été visité par des possibles acquéreurs par les soins d’une première agence (Prima). Mais
que finalement, ils vont acheter avec une deuxième agence, dont la commission est moins importante. On peut envisager
une sorte de malhonnête du vendeur. Si le mandat est non-exclusif il n’y a rien à dire. Mais pour ‘l’agence ayant donné ses
diligences, il peut y avoir un procès contre le mandant et l’autre agence.
Ex 2 : le mandat est exclusif pour un an. Le mandat expire, mais quelques jours plus tard, les acquéreurs présentés par
l’agent achètent. Le propriétaire fait l’économie de la rémunération du mandataire.
IV. La rémunération du mandataire
A. Le prix
Pour les mandataires, le mot est « honoraire ». Les honoraires peuvent être, selon le droit commun,
prédéterminés ou déterminables.
Quand ils sont prédéterminés, il y a un montant forfaitaire qui peut être prévu par les parties.
Mais souvent, les honoraires sont déterminables et correspondent alors à une fraction, un pourcentage, du prix
mentionné dans le contrat principal.
Ex : l’agent immobilier percevra 5% du prix de vente de l’appartement. Il y a le taux de la rémunération mais pas le prix
exact.
Ex 2 : les agents artistiques sont rémunérés au pourcentage. Mais comme l’Etat est méfiant, il y a une règle impérative dans
le code du travail qui pose un plafond : pas plus de 10% de ce que va percevoir le comédien ou le chanteur.
Si le contrat principal n’est pas conclu, le mandataire a-t-il droit à sa rémunération ?
Tout va dépendre des circonstances et des usages.
Ex : quelqu’un donne mandat à un avocat de négocier un contrat très difficile. Finalement, le contrat n’est pas conclu.
L’avocat y a passé des 100aines d’heures, il ne serait pas normal qu’il ne soit pas rémunéré. On ne peut donc pas considérer
comme une règle fondamentale que le mandataire soit privé de rémunération alors qu’il n’a pas conclu le contrat.
Si les honoraires sont trop élevés ?
Beaucoup de procès entre avocats et clients contestent les honoraires de l’avocat.
Ex : l’avocat vient avec une feuille de temps avec 200h. L’avocat prend 500 euros/heure, mais le contrat n’a même pas été
conclu. Les contestations sont portées devant le bâtonnier, et c’est une loi particulière qui donne des critères permettant au
bâtonnier de réviser à la baisse le montant des honoraires. C’est la notion de révision du prix.
Dans le code civil, aucun texte ne permet la révision de la rémunération du mandataire. A partir de textes généraux,
comme l’article 1104 ou 1194, la Cour de cassation, assez tôt, a considéré que le juge a le pouvoir de réviser l’honoraire
excessif.
Elle s’est fondée sur une autre théorie qui a été développé par H. Capitant développé dans son livre sur la cause. Il
considérait que la cause ne s’appliquait pas qu’à la formation du contrat, mais aussi à son exécution. De sorte que si la
cause ne s’applique pas suffisamment par rapport à ce qu’attendait le cocontractant, le juge peut réviser le contrat.
Ex : le contrat principal n’a pas été conclu, l’avocat demande une somme importante. Si c’est le stagiaire qui a fait les
recherches, est-ce que cela vaut ?
La Cour de cassation a reconnu l’application de cette théorie dans tous les domaines, tous les cas où il y a un mandat.
Le projet de réforme a décidé de codifier cette jurisprudence sur la révision des honoraires.
Si le mandat révoque le mandat ou si la durée déterminée est expirée et qu’il ne le renouvelle pas juste avant que
l’affaire soit conclue ?
Ex : du client trouvé par l’agent immobilier et la vente conclue après l’expiration du mandat.
Ex 2 : le contrat de cession de contrôle des actions de la société a été conclu 3 mois après la fin du mandat de l’avocat, et
finalisé par un autre avocat qui va profiter des diligences du premier.
D’abord, on peut envisager cela avec les quasi-contrats : l’enrichissement sans cause.
Ensuite, des décisions peuvent admettre la condamnation au titre de la faute contractuelle ou post-contractuelle de
l’ancien mandant.
Les moyens juridiques ne manquent pas pour sanctionner. Maintenant, des décisions libérales permettent au mandant de
faire ce qu’il veut. Avis du professeur : cela ne parait pas juste.
A quoi sera condamné le mandant ?
Ex : l’agent immobilier peut-il réclamer ses 5% ? Avis du professeur : oui, il faut que le mandant paye la rémunération.
Mais de nombreux arrêts estiment que le mandataire n’a le droit, qu’au mieux, à des dommages-intérêts. Le juge va donc,
assez naturellement, raisonner sur un paramètre : le gain manqué, qui ne peut être qu’une fraction de l’avantage
espéré. L’agent n’aura donc pas 5%, mais ce que les juges décident souverainement.
Si le mandataire va au-delà de sa mission dans l’intérêt du mandant ? A-t-il droit à une rémunération ou un
remboursement de ses frais ?
Ex : le syndic de copropriété. Chaque année, les copropriétaires votent le budget du syndic, qui est mandataire. Un syndic a
épuisé les 100k euros votés avant la fin de l’exercice civil, mais il reste des choses à payer (gardien, électricien…). Le syndic
décide alors de payer de sa poche, et demande le remboursement de ses frais et une rémunération pour ses diligences. La
Cour de cassation estime que, ayant dépassé son mandat, personne ne lui avait demandé de dépenser plus et il ne
sera donc pas rémunéré.
Avis du professeur : c’est injuste, et c’est une méconnaissance des règles des quasi-contrats, la gestion d’affaire. L’utilité des
diligences du gérant pour le maître de l’affaire alors que celui-ci n’a pas donné le consentement devrait prévaloir. Cette
solution est celle de Pothier dans le Traité du mandat.
Il y a une formule, le ducroire, qui a une incidence sur le mandat. C’était un usage en droit des affaires et chez les
avocats. C’est le cas où le mandataire garantit, grâce au prix qu’il perçoit, au mandant que le tiers avec lequel le contrat
principal sera conclu exécutera celui-ci. Le mandataire est garant de la bonne exécution du contrat principal avec le
tiers.
Dans la commission de réforme, cet usage est codifié car très répandu.
B. Les comptes
A partir du moment où le mandant a confiance dans le mandataire pour la conclusion du contrat principal, qu’il le
rémunère, le mandataire est tenu à la reddition des comptes : communiquer des documents comptables justifiant des
frais et de la rémunération.
Le mandataire, l’agent, a peut être avancé des frais. Il devra donc venir avec ses factures justifiant ses frais.
Pour la rémunération, de plus en plus d’avocats fonctionnent selon le système du taux-horaire. Ils ont donc des logiciels
qui permettent d’entrer le temps passé sur le dossier.
Il y a des textes dans le code civil et une jurisprudence assez sévère qui permettent de vérifier que le mandataire ne raconte
pas n’importe quoi. Ainsi, l’article 1993 du code civil dispose « tout mandataire est tenu de rendre compte de sa
gestion ».
B. Les responsabilités
1. La responsabilité du mandant
Si le mandataire a commis un dol et que le tiers ne demande pas la nullité du dol mais des dommages-intérêts, le
mandant doit indemniser le tiers des manœuvres de son mandataire.
La responsabilité du mandant c’est surtout dans l’hypothèse où il voudrait faire des économies sur la commission.
Ex : il conclut l’acte avec le tiers directement, dans ce cas il engage sa responsabilité civile et contractuelle car il viole le
mandat. Il y a perte de chance du mandataire d’avoir conclu le contrat.
Le Cour de cassation est partagée à ce sujet.
Avis du professeur : dès lors qu’il y a une faute du mandant elle doit être sanctionnée.
Ex 2 : Le mandant conclut un contrat non-exclusif et passe l’affaire à un autre mandataire ou a attendu la fin du mandat
pour confier l’affaire à un autre mandataire qui vient avec le même client que celui du premier mandataire.
Dans cet arrêt, la Cour de cassation se fonde sur la liberté du mandant de révoquer le contrat, l’ancienne philosophie
romaine du mandat (service d’ami). Or, on est dans le mandat professionnel.
2. La responsabilité du mandataire
Le mandataire n’est pas responsable des fautes du mandant.
Ex : Si le contrat a été conclu (ex : cession de contrôle), mais le mandant ouvre une entreprise directement concurrente de
celle qui a été cédée à l’acheteur. Le tiers peut-il reprocher au mandataire le comportement du mandant ? Sauf à prouver
que le mandataire était au courant du projet du mandant, il n’est pas responsable.
Si le tiers prouve (charge de la preuve) que le mandataire a commis une faute personnelle, celui-ci est engagé à
son égard (article 1240 du code civil). Il n’y a pas de lien entre le mandataire et le tiers cocontractant donc c’est une
responsabilité extracontractuelle.
Ex : le gérant d’une boîte de nuit, mandataire social, pour faire des économies, décide de ne pas payer les auteurs de la
musique. Les auteurs font un procès en condamnation à la société exploitant la boîte de nuit. Peuvent-ils agir en
responsabilité personnelle du gérant ? Oui, car il a commis une faute personnelle et détachable.
Vis-à-vis du mandant, le mandataire a une responsabilité contractuelle. C’est ce qui dispose l’article 1992 du
code civil « le mandataire répond non seulement du dol, mais encore des fautes qu’il commet dans sa gestion ».
Quelle est l’étendue de l’obligation du mandataire ?
Le mandataire a une obligation de moyen s’il s’agit de conclure un contrat avec un tiers.
Ex : l’agent immobilier ne sait pas si le tiers va acheter. C’est l’aléa.
Mais il existe des cas où c’est une obligation de résultat.
Ex : mandat de vote.
Même dans les obligations de moyen, de la jurisprudence considère que, lorsque le mandataire est professionnel, on
peut présumer la responsabilité de celui-ci.
Ex : le client a donné à l’agent immobilier un mandant exclusif avec une partie de la rémunération forfaitaire qu’il a payé
dès le début du contrat. Au bout d’un an, il n’a toujours personne qui est venu visiter. Il n’est pas exclu qu’on puisse
présumer la faute de l’agent.
Est-ce que les mandataires ne peuvent pas inscrire des clauses exonératoires ?
Les clauses limitatives sont valables sous réserve de la faute lourde ou de ce qu’on ne soit pas dans un contrat d’adhésion
(clause abusive) et de ce que cela ne porte pas atteinte à une obligation essentielle. Enfin, sous réserve qu’on ne soit pas en
droit de la consommation.
Les clauses limitatives sont de plus en plus réduites.
La Cour de cassation n’a pas hésité à raccrocher au mandataire d’autres obligations qui ne figurent pas dans le
code civil.
Notamment, une obligation de conseil.
C. Le sous-mandat
Lorsqu’un cocontractant conclut avec le bénéficiaire pour le décharger de toute ou partie du contrat. En
principe, il faut l’accord de l’autre partie : ce n’est pas qu’une cession de contrat. Ici, il reste partie mais délègue un morceau
de sa mission.
Ex : pour un voyage en Nouvelle-Zélande, l’agence de voyage de France va entrer en contact avec une agence locale pour
s’occuper des prestations locales et de conclure les contrats.
Faut-il l’accord du mandant pour que le mandataire principal confère une mission à un sous-mandataire ?
Oui, car c’est faire rentrer un tiers dans l’exécution du contrat. Que sait-on du sérieux du sous-mandataire ?
On peut aussi dire non car il n’a pas besoin du consentement du mandant. Les usages suppléeraient.
Cette deuxième vision est la position de la Cour de cassation.
Avis du professeur : la première vision en application de l’intuitu personae.
Y a-t-il des liens entre le mandant et le sous-mandataire ?
Les rédacteurs du code civil ont consacré l’article 1994 à cette question. Cet article prévoit que même si le mandataire a
accordé un sous-mandant, il reste garant du sous-mandataire. Par conséquent, le mandant a une action contre le
mandataire principal.
Cela fait penser à un mécanisme : la délégation imparfaite. Dans la délégation, le débiteur transmet son obligation à un
tiers mais reste garant à l’égard du créancier de la bonne exécution par le tiers délégué.
L’article 1994 évoque cette garantie, tout particulièrement lorsque le mandant n’avait pas donné son accord au choix du
sous-mandataire. Dans l’alinéa 2, est évoqué l’action directe « le mandant peut agir directement contre la personne
que le mandataire s’est substituée ».
Ex : le mandant peut agir contre l’agence locale néozélandaise.
Si l’action directe peut aller dans l’autre sens : le sous-mandataire contre le mandant ?
Ex : l’agence locale n’a pas fait cela gratuitement. Elle avait convenue d’une commission avec l’agence française. L’agence
ne l’a pas payé.
Cela n’est pas prévu par le code civil. L’action directe n’est pas bilatéralisée.
Mais la Cour de cassation, sans texte, a bilatéralisée l’action et reconnaît l’obligation du sous-mandataire de se faire
payer par le mandant.
La Cour de cassation a estimé que le mandant doit payer une deuxième fois, même si le mandant a déjà payé.
Avis du professeur : ce n’est pas logique.
Donc la Cour de cassation a procédé à un revirement de jurisprudence : le sous-mandataire a une action tant que
le mandant n’a pas payé la totalité des honoraires.
C’est cette nouvelle jurisprudence qui est codifiée dans le projet de réforme.
D. Le mandat apparent
C’est le cas où le pseudo mandataire n’était pas mandataire ou n’avait pas le pouvoir de conclure le
contrat.
En droit des sociétés, la question du mandat apparent est extrêmement importante. Le dirigeant est un mandataire social,
que ce passe-t-il si le mandataire social conclut un acte au-delà des pouvoirs qui sont les siens ?
Il y a des dispositions précises dans le code de commerce et le code civil sur le dépassement de pouvoir.
1. Le dépassement de pouvoir
Ex : Un dirigeant social (gérant) conclut un gros emprunt auprès d’une banque au nom de la société. En réalité, les
statuts prévoient que pour conclure un contrat de ce montant, il faut une décision en assemblée générale. Il a commis un
acte extrastatutaire. La société refuse de rembourser, la banque assigne la société.
La Cour de cassation s’est prononcé dans un arrêt Ass. Plé. de 1962. Elle a considéré que, alors même que le dirigeant
social n’avait pas le pouvoir statutaire ou légal de conclure le contrat, le tiers n’a pas à vérifier ses pouvoirs. Le tiers peut se
fier au dirigeant. C’est le standard de la croyance légitime : le tiers a légitimement cru que le dirigeant avait le pouvoir.
Cet arrêt a été codifié, pour une bonne part, en matière de droits des sociétés ; mais avec certains plafonds.
Cette théorie a été étendue à toutes sortes de domaines.
Ex : affaire Taittinger, l’acquéreur, au regard du fait que le père négociait et que la renonciation à faire concurrence est dans
le sillage de la cession, n’aurait pas pu invoquer la théorie de la croyance légitime ?
Ex 2 : un emprunt bancaire où celui qui vit en couple a récupéré tout l’argent en disant qu’il représente sa concubine. Le
banquier aurait dû demander un pouvoir, la production d’un écrit d’une procuration.
Cette jurisprudence a été codifiée par l’ordonnance de 2016 à l’article 1156 du code civil qui dispose « l’acte
accompli par un représentant sans pouvoir ou au-delà de ses pouvoirs est inopposable au représenté, sauf si le
tiers a légitimement cru en la réalité des pouvoirs du représentant ».
C’est sur la croyance légitime que la Cour accepte ou refuse la théorie du mandat apparent. Celui qui a cru mais qui s’est
montré négligent ou imprudent ne va pas bénéficier de la théorie du mandat apparent car c’est faire violence au représenté
qui n’a pas donné le pouvoir.
I. La formation du contrat
Il n’y a pas que dans la vente qu’il faut des avant-contrats. On en trouve un dans le contrat d’entreprise : le devis.
A. Le devis
Ex : l’ordinateur montre des signes de faiblesses. Il faut donc aller chez un prestataire informatique pour le faire
réparer. Par prudence, on demande au professionnel d’établir un devis.
Le devis est l’estimation par l’entrepreneur du coût de sa prestation de service/ de ses diligences.
Les anglais disent « estimate ».
Le prix n’a pas à être prédéterminé. C’est né de la pratique.
Le devis annonce les prestations et l’évaluation. On peut indiquer un chiffre précis, soit une fourchette de prix.
Le devis est une promesse unilatérale d’entreprise.
Mais il y a des particularités par rapport à la PUV :
-le devis est gratuit. Avant de faire son devis, il se déplace ou examine pour le faire. Il a passé du temps dessus. En
matière d’architecture, certains architectes font payer le devis (c’est la liberté contractuelle), mais ce n’est pas l’usage.
-le devis est facultatif en droit commun selon les usages. Mais il y a des exceptions en droit de la consommation. Il y a eu
des abus, notamment de la part d’entreprises de dépannage expresse.
Cet avant-contrat a une grande importance dans l’entreprise. C’est la raison pour laquelle la commission de réforme a
décidé de le codifier.
C. Le prix
Il n’y a pas de disposition générale sur le prix dans le contrat d’entreprise. Il y a des dispositions spécifiques.
Les rédacteurs du code civil ont laissé la détermination du prix à la liberté contractuelle.
Ils se sont montrés libéraux, et, en suivant la doctrine de Pothier, ils se sont abstenus de codifier.
Pothier explique qu’encore plus que le mandat, et a fortiori la vente, il ne serait pas sérieux d’obliger l’entrepreneur à fixer
un prix prédéterminé dans le contrat car il n’a pas encore fait le travail.
Le contrat d’entreprise est fondé sur la confiance et l’indétermination de l’objet, ce n’est que lorsque le contrat sera réalisé,
le prix sera liquidé.
Ex : il ne vaut mieux pas que l’avocat donne directement ses honoraires, il vaut mieux qu’il donne un taux-horaires.
Le prix n’a pas à être prédéterminé.
Mais s’il y a un abus, il y aura toujours la possibilité de recourir à l’abus de droit.
Ex : honoraires trop importants. Le juge pourra réduire les honoraires sur le fondement de l’abus de droit.
La jurisprudence s’est fixée dans le sens de la libéralité et du correctif par le juge en cas d’abus. Comme pour le
mandat, les rédacteurs de l’ordonnance de 2016, sans attendre la réforme des contrats spéciaux, ont voulu codifier cette
jurisprudence.
C’est l’article 1165 du code civil « dans les contrats de prestation de service, à défaut d’accord des parties avant
l’exécution, le prix peut être fixé par le créancier à charge pour lui d’en motiver le montant en cas de
contestation. En cas d’abus, le juge peut être saisi d’une demande de dommages-intérêts et le cas échéant de
résolution du contrat ».
Avis du professeur : c’est une terminologie européaniste. Ce n’est pas totalement une codification de la jurisprudence car le
client ne veut pas obtenir la résolution du contrat ou des dommages-intérêts, il veut la révision du prix. Mais le texte ne le
prévoit pas.
│Questions :
Indemnités pour les avant-contrats : pour les avant-contrats en matière de vente, il y le versement de l’indemnité
d’immobilisation si le bénéficiaire de la PUV ne lève pas l’option, puis on applique le mécanisme des acomptes dans les
promesses synallagmatiques. LE client paye à l’avance, et s’il se dédit (renonce au contrat), il devra renoncer au dédit. Le
dédit peut être remboursé si ce n’est pas un professionnel qui signe la promesse.
Garantie des vices cachés : question du bref délai. La plupart du temps, ce sont des groupes de contrats, mais l’acheteur va
ratisser large et assigner tout le monde. Cela enferme les parties dans le délai du code de commerce, mais ce n’est qu’une
faculté. La jurisprudence Bootshop (client se présente comme un tiers en invoquant l’inexécution du contrat) est aussi
applicable. Cela ne change que la prescription qui n’est plus de 2 ans, mais de 5 ans.
Le professeur n’est pas sûr : si l’acheteur se prononce comme un tiers, le prof pense qu’il ne peut pas avoir plus de droits
que le cocontractant victime de l’inexécution.
Caractère obligatoire du devis : même si le plombier s’aperçoit que les travaux prennent le double du temps, quand le devis
est levé, le plombier est lié. │
La réforme a prévu une disposition codifiant la jurisprudence. Avis du professeur : il voulait supprimer l’article 1165.
Sur la charge de la preuve, la Cour de cassation considère que lorsque le client trouve que c’est trop cher que
l’entrepreneur doit prouver que le prix est raisonnable.
C’est difficile, la charge de la preuve devrait incomber au client.
Mais il y a toujours une présomption de méfiance. Cette présomption de méfiance a été codifiée par la loi Macron. Le
juge saisit de la contestation sur les honoraires devra vérifier s’ils sont manifestement excessifs et la loi Macron pose des
critères précis : diligence de l’avocat, difficulté du procès, fortune du client, notoriété de l’avocat. C’est le juge qui
détermine la valeur du travail.
Les rédacteurs du code ont prévu à l’article 1793, relatif aux architectes et entrepreneurs. Cet article prévoit de
pouvoir conclure un contrat partiellement aléatoire. C’est encore l’aléa dans le contrat. Ce texte prévoit que lorsque les
parties concluent un marché à forfait, l’architecte ou l’entrepreneur « ne peut demander aucune augmentation
de prix, ni sous le prétexte de l’augmentation de la main-d’œuvre ou des matériaux, ni sous celui de changement
s’ils n’ont pas été autorisés par écrit avec le propriétaire ».
Ex : des particuliers font construire une maison à Nice, ou une entreprise des bureaux à Nanterre. Il peut y avoir la
formule du devis, une formule combinant le devis mais dans le contrat définitif la possibilité d’augmenter le montant du
prix, notamment en cas d’imprévu.
Pour la construction d’un immeuble à la défense, le contrat a été conclu et le devis a été fait. Les travaux ont commencé
mais il y a eu des problèmes. Avec la guerre en Ukraine, il y a une augmentation de prix de la matière première. Le budget
inscrit dans le devis est déjà dépassé, et pourtant il reste 8 mois de travaux. L’architecte et l’entrepreneur peuvent
demander, s’il y a une clause, une augmentation du budget, et, s’il n’y a pas de clause, l’imprévision. Ce n’est pas possible si
le maître d’ouvrage a exigé que soit conclu un marché à forfait. C’est l’acceptation par avance de maintenir le prix tel qu’il a
été fixé alors même que des changements ont eu lieu. Des entrepreneurs trouvent ça dur car cela peut les conduire à la
faillite.
Cette année il y a eu plusieurs procès devant la Cour de cassation et le Conseil d’Etat. Ces derniers ont finalement
interprétés l’article 1793 en considérant que si le coût des travaux supplémentaires a été demandé, et que le maitre
d’ouvrage est à l’origine ou a connu les changements et les a acceptés tacitement ; il peut être fait exception à l’aléa et
l’entrepreneur aura droit à un supplément du prix sous contrôle du juge.
La Cour de cassation pose une limite à la souplesse de principe dans la détermination.
D’abord, dans la révision. Lorsque le contrat n’a pas été conclu, le prix n’est pas déterminé. En cours de réalisation,
l’entrepreneur peut exiger la facture. Si le maître d’ouvrage conteste, le juge pourra ou non réviser. Mais si le client a reçu la
facture et payer et qu’il ne conteste que quelques mois après, la Cour de cassation considère que c’est trop tard. Il y a une
acceptation tacite résultant du payement
Arrêt Civ 2 du 16.07.2020 : un avocat n’avait pas respecté les dispositions de la loi Macron et avait émis des factures
irrégulières. La Cour de cassation a estimé qu’il y a un minimum : si l’avocat a effectué des diligences, il doit être payé alors
même que les factures sont irrégulières.
IV. La sous-traitance
Il est fréquent que l’entrepreneur, dans un certain nombre de domaines (notamment immobilier) recourt à des
sous-traitants. Il délègue alors une partie de sa mission (facere) à des tiers.
Elle est pratiquement systématique en matière immobilière dans les chantiers importants. Par définition, pour cette activité
matérielle, on retrouve les groupes de contrats.
On peut la rencontrer en matière mobilière (ex : voiture).
Les rédacteurs du code civil ne l’avait pas prise en compte, car, à l’époque, elle n’était pas très développée. Ce n’est que
tardivement qu’une loi est intervenue pour règlementer une partie de la sous-traitance : loi du 31.12.1975.
Cette loi n’a pas été intégrée dans le code civil, elle est en dehors.
La commission de réforme a décidé d’intégrer la sous-traitance dans le code civil.
L’article 1er de la loi définit la sous-traitance « c’est l’opération par laquelle un entrepreneur confie par un
sous-traité et sous sa responsabilité à une autre personne, appelée sous-traitant, l’exécution de tout ou partie du
contrat d’entreprise. »
Le champ est extrêmement vase, car la sous-traitance existe aussi beaucoup en matière de contrats administratifs.
L’entrepreneur peut confier l’intégralité de la tâche
Avis du professeur : si on confie l’intégralité de la mission, ce n’est pas un sous-contrat mais cela devient une cession de
contrat.
La sous-traitance s’applique aussi bien en matière mobilière qu’immobilière.
Le contrat d’entreprise ne serait pas intuitu personae alors pourtant que le choix de l’entrepreneur est essentiel.
Il faut donc rechercher le régime, qui va payer le sous-entrepreneur ? Qui va donner la garantie ?
La loi de 1975 a posé un certain nombre de règles.
L’entrepreneur principal doit faire accepter le sous-traitant par le maître. La loi utilise le mot « agrément ».
Grâce à cet agrément, il va y avoir un lien direct, une action directe, entre le maître de l’ouvrage et le sous-traitant.
Si le sous-traitant n’est pas payé il exigera le payement par le maître et inversement. Ils ont des actions directes de nature
contractuelle.
L’agrément est-il un acte solennel ?
L’entrepreneur principal doit faire consentir expressément et par écrit le maître pour les sous-traitants qui vont travailler.
Normalement l’agrément doit être express, sans que la loi exige des formes particulières.
Ex : courriers électroniques.
Mais, comme pour la réception, en l’absence d’agrément express, peut-il y avoir un agrément tacite ?
S’il n’y a pas d’agrément, le maitre de l’ouvrage peut considérer que le contrat de sous-traitance ne lui ait pas opposable
(1195 du code civil).
La jurisprudence a estimé que l’agrément peut être tacite et résulter, par exemple, d’une visite de chantier. D’un autre
côté cela suppose d’identifier le sous-traitant.
La loi permet au sous-traitant de mettre en demeure l’entrepreneur principal de le faire agréer par le maître.
A partir du moment où un chantier coûte de l’argent et que c’est l’entrepreneur principal qui reçoit les payements
de la part du maître pour les redistribuer (ventiler) entre les différents sous-traitants, il y a un risque qu’il ne paye pas. Soit
parce qu’il est malhonnête, soit parce qu’il a des dettes et qu’il est insolvable.
C’est la raison pour laquelle plusieurs mécanismes sont mis en place pour protéger le sous-traitant et le maître :
-assurance de responsabilité obligatoire pour l’entrepreneur principal et les sous-traitants
-l’entrepreneur principal doit souscrire une caution et en justifier auprès du maître de l’ouvrage. C’est une
personne qui garantit que le débiteur principal payera la dette à l’échéance.
Il n’y a pas de méfiance à l’égard de l’entrepreneur principal, mais des garanties prises par la loi.
Que se passe-t-il si le sous-traitant ne reçoit pas le payement ?
Si le maître a payé, on ne peut pas le faire payer 2 fois. Il faut une vigilance de la part de l’ensemble des parties quant aux
questions du payement du prix.
Sous-partie 3 : La transaction
Introduction
Etymologiquement, transaction vient de trans agere (aller au-delà). C’est un vocabulaire symbolique : deux
adversaires décident d’aller au-delà de leur dispute.
C’est la définition qu’avait donné les rédacteurs du code civil à l’article 2044 du code civil (copiée-collée du droit
romain) « La transaction est un contrat par lequel les parties, par des concessions réciproques, terminent une
contestation née ou préviennent une contestation à naître. »
« Contestation » a un rapport étroit avec le droit processuel et les MARD (modes alternatifs de règlement des différends).
Les parties mettent fin à un procès (litige, contentieux, différend) ou de le prévenir.
Ex : il y a beaucoup de transaction en droit du travail. Un employeur a licencié pour faute grave un salarié car il considère
qu’il utilise trop son téléphone au travail. Le salarié s’apprête à saisir le conseil des prud’hommes pour demander les
indemnités légales (avec des dommages-intérêts), cela donne 80k euros. L’employeur choisit un avocat qui va demander le
renversement (revirement de jurisprudence) et considéré que le téléphone au travail est une faute. Il va faire une demande
reconventionnelle. Chaque partie a une chance de gagner et un risque de perte, sachant que le procès va durer longtemps.
Les parties décident de transiger : l’employeur versera 30k euros immédiatement et ils se désisteront de leur action.
On trouve la transaction dans tous les domaines.
Ex : le mandant révoque le contrat et le mandataire estime que c’était un contrat d’intérêt commun.
Ex 2 : le vendeur assigné pour vices cachés paye une indemnité
Tous les secteurs de la vie économique sont concernés.
Les parties vont chercher à concilier, la transaction va être le résultat de cette transaction. Si elle échoue, il n’y aura
pas de transaction et il y aura procès.
On ne peut pas prévoir dans une clause de transaction dans un contrat.
Les transactions sont encouragées depuis le droit romain. C’est l’idée qu’il vaut mieux s’entendre que combattre.
D’où l’adage « Mieux vaut une mauvaise transaction qu’un bon procès ». Cet adage exprime que les parties seront
peut-être frustrées. Il y a une double frustration par rapport à ce qu’on peut espérer obtenir.
Ex : si le salarié aurait pu obtenir ses 80k, mais il risquait aussi de ne rien avoir. C’est l’aléa judiciaire.
Certains disent que la transaction est un contrat à l’envers, on commence par le procès et on arrive à l’échange des
consentements.
Il peut y avoir des risques ou des abus. Les rédacteurs du code civil, reprenant la tradition du droit romain, ont mis
un encadrement strict.
Ce contrat n’a pas été touché jusqu’à un arrêt récent. Il y a eu une loi, très pompeuse : la loi pour la justice au XXIème
siècle. Ceux qui ont rédigé la loi ont consacré un morceau à la transaction.
La commission estime que la transaction n’est pas un contrat spécial et qu’elle a déjà été modifié. En outre, ce contrat est à
cheval sur la procédure civile.
Avis du professeur : la transaction est un contrat spécial avec un champ d’application sans limite.
B. La force obligatoire
L’exécution se traduit par la force obligatoire du contrat de transaction.
Les rédacteurs auraient pu se contenter d’un renvoi à l’article 1103 « les contrats légalement formés tiennent lieu de
loi à ceux qui les ont fait ».
Mais ils ont voulu adopter une règle spéciale. C’est l’article 2252 (avant sa suppression par la loi Justice 21) « les
transactions ont, entre les parties, l’autorité de la chose jugée en dernier ressort ». C’est l’expression de l’originalité
profonde de la transaction : c’est comme un jugement. Les parties, sans attendre le juge, tranche leur différend. Les
romains ont posé le fait que, dès lors que les parties concluent une transaction, il y a une res judicata (chose jugée).
Cela s’explique par le fait que la transaction, contrairement aux autres contrats spéciaux « ordinaires et soumis à 1103, est
un contrat de litige. Il y a une sorte de solennisation de la transaction, c’est une assimilation à un jugement.
(Cela fait penser au jugement de Salomon).
Cette tradition forte à des incidences sur l’exécution : les parties peuvent encore moins remettre en cause ce contrat
que les autres contrats spéciaux. C’est comme un jugement définitif.
Cette originalité s’est prolongée jusqu’en novembre 2016 et la loi Justice 21.
L’auteur du texte a estimé que, dans le même esprit de suppression des règles spécifiques des vices du consentement de la
transaction, la force obligatoire de l’article 1103 suffit pour la transaction.
Cette règle de l’autorité de la chose jugée a été supprimée au profit d’un nouveau texte « la transaction fait obstacle à
l’introduction ou à la poursuite entre les parties d’une action en justice ayant le même objet ».
Le texte n’est pas très clair, la formule est obscure. On comprend que c’est l’équivalent de l’autorité de la chose jugée
(article 1355 du code civil).
Il y a un paradoxe : l’auteur du nouvel article a paraphrasé 1355 qui porte sur l’autorité de la chose jugée. Fallait-il la
remplacer ?
Dans tous les domaines du droit (8/10 des cas), à la fin de la transaction est inscrit « la présente transaction vaut autorité
de la chose jugée ». Donc, alors que cela fait 5 ans que cela a été modifié, les professionnels continuent d’utiliser ce
standard car cela leur semble le plus approprié au contrat spécial de la transaction.
C’est une leçon d’humilité donnée par les professionnels.
Conclusion générale
Au fond, nous n’avons fait, cette année, qu’approfondir et illustrer le cours de 1ère année. L’essentiel du droit des
contrats spéciaux repose sur la qualification au regard du choix des parties.
D’autant plus, qu’à chaque occasion elles déboucheront sur un régime particulier.
Tant que les deux écueils provenant des ordres juridiques européens ne submergent pas le droit des contrats spéciaux :
1. Contrôle de proportionnalité
2. La suppression des qualifications de contrats spéciaux
Le risque que nous avons c’est l’affaiblissement des contrats spéciaux et des droits civils nationaux au profit d’une
simplification extrême du droit des contrats fondu dans une sorte de théorie générale des contrats internationale.
C’est pour cela que la commission de réforme a voulu lutter. Si ce projet avait une utilité majeure, c’est son symbole
politique.
Un droit aussi technique peut être très politique. Ce projet est une réponse pour montrer que le droit français continue
cette tradition pluridisciplinaire au profit de la jurisprudence.