Vous êtes sur la page 1sur 19

« Villes rebelles, du droit à la ville à la révolution urbaine », David Harve... https://www.anti-k.org/2018/02/15/villes-rebelles-droit-a-ville-a-revoluti...

RECHERCHER…

ACTUS BCE-EURO  HORS UE  INTERNATIONAL  LEUR MONDE 

NOTRE MONDE  IMAGES DU JOUR PARTIS ET SYNDICATS  SECTEURS D’ACTIVITÉ 

BOUTIQUE

QUI SOMMES NOUS LA BRÈCHE GTE NPA 09 NPA 27 NPA 29 NPA 31 NPA 34

NPA 35 NPA 66 NPA 86 NPA 89 NOS LIENS ARCHIVES WEB TV

ACCUEIL  ACTUALITÉS  « Villes rebelles, SOUTENEZ CORONAVIRUS


du droit à la ville à la révolution urbaine », David ANTI-K
Harvey, buchet castel, 2015.

« Villes rebelles, du
droit à la ville à la
Le nationalisme
révolution urbaine »,
Email
vaccinal et le
ABONNEZ-VOUS À LA LETTRE
David Harvey, marché ne
viendront pas à
buchet castel, 2015. COVID-19
bout de la
pandémie –
 Actualités, Auteur.e.s contemporains, seule la
Capitalisme, Luttes 0
coopération
internationale y
parviendra
Lenteur de la 0

vaccination : le Equal Times, 18 février


gouvernement 2021 « Pour le virus,
nous ne formons qu’un
rejette la faute
seul groupe. Pour [...]
sur les
Lire la suite
soignants 
0 Malgré les crises, « la

1 of 19 3/5/2021, 4:08 PM
« Villes rebelles, du droit à la ville à la révolution urbaine », David Harve... https://www.anti-k.org/2018/02/15/villes-rebelles-droit-a-ville-a-revoluti...

Corée du Nord peut


2021-03-05 00:21:51 toujours vivre en
Revolution Permanente autarcie »
Crédits photo : AFP /  1
Martin Bureau Jeudi
Cinéma. «deux poids,
soir a eu lieu [...] Lire la deux mesures», ça
suite su�t !
 0

Sylvain Louvet et
AGRICULTURE Ludovic Gaillard, prix
Albert-Londres 2020 :
“Avec la loi Sécurité
globale, on franchit
encore un cap dans la
surveillance”
 0
Table rase, 3 janvier 2017
“Les surveillants
d’établissements
«   Villes rebelles   » est un focus sur les luttes Derrière un scolaires sont les
sociales actuelles et précisément sur les luttes label de « nouveaux sacri�és et
« urbaines ». Il s’agit d’une série d’articles qui a été oubliés de l’Education
bonnes nationale”
éditée en anglais en 2012 avant d’être traduite
dans la langue de Molière en 2015. Les livres
pratiques  0

précédents d’Harvey traduits en français agricoles », des


mettaient quant à eux l’accent sur l’économie conditions de ETATS-UNIS
politique (dans le « nouvel impérialisme »[1]   par travail indignes
exemple). « Villes rebelles » est moins précis dans et des a�aires
son analyse du rôle de l’urbanisation dans le
de fraudes
système capitaliste mais il présente l’avantage
0
d’être plus accessible et plus concret.De
nombreuses luttes de grandes ampleurs se sont 2021-03-02 06:00:00
récemment déroulées en contexte «   urbain   » et Source C’est un label
l’auteur cherche à comprendre pourquoi et mondial censé garantir » Dans un
comment les renforcer. des bonnes pratiques climat
agricoles. Son nom : [...] autoritaire,
Si Harvey revient sur l’importance de la question Lire la suite
Washington
de la Ville pour le capitalisme (et ses crises), il met
surtout en exergue la nécessité selon lui de Comment les farines
reste toujours
dépasser certains clivages qui divisent les animales sont militarisée – par
révolutionnaires tels que ceux : revenues dans les Glenn
assiettes françaises
 0
Greenwald
entre les luttes contre la dépossession,
0
celles contre les di�érentes formes de
dominations et celles contre l’exploitation IMMIGRATION 2021-02-27 06:50:33 Les

Crises Source : Glenn

2 of 19 3/5/2021, 4:08 PM
« Villes rebelles, du droit à la ville à la révolution urbaine », David Harve... https://www.anti-k.org/2018/02/15/villes-rebelles-droit-a-ville-a-revoluti...

salariale Greenwald Traduit par


entre les luttes s’appuyant sur une base les lecteurs du site Les
territoriale et celle s’appuyant sur une base [...] Lire la suite
corporatiste
entre les luttes liées à la reproduction du Les
capital et celles liées à la production première
« Mohamed s
entre le prolétariat relégué en banlieue ou à
veut devenir bombes
la campagne et le « précariat » des centre-
villes
boulanger et “made in
Biden”
l’État français tombent
entre les modes d’organisation verticaux
prônés par les courants communistes
lui empêche de sur la
Syrie, sur
libertaires et les modes d’organisation réaliser son fond de
horizontaux défendus par les courants rêve » tension
léninistes. avec
0
l’Iran
2021-02-27 11:27:51  0
Mise au point sur le « droit Source Mohamed,
à la ville » lycéen aux Arcades
États-
d’origine malienne, est
Unis /
Harvey commence par rappeler l’origine du « droit menacé par une OQTF Iran : la
à la ville   ». Ce concept dé�ni au départ par le (Obligation [...] Lire la France
marxiste Henri Lefebvre[2]   est aujourd’hui suite doit
particulièrement galvaudé et mis à toutes les aider au
dialogue
sauces par les urbanistes. Harvey vient donc avec Drame à Melilla. 41
 0
bonheur rappeler que le « droit à la ville » désigne migrants découverts
dissimulés dans des
le droit des prolétaires à accéder aux aménités de
tessons de bouteilles
la ville, dans un contexte à l’échelle mondiale
 0 COMMENTAIRES
d’urbanisation exponentielle. Ce n’est
certainement pas le droit des promoteurs à faire Cantine de soutien aux WILLY SUR
révoltes dans les CRA
des pro�ts ou la gentri�cation des quartiers
samedi 27 février !
populaires[3]. La fragmentation de la ville, la
 0 L’irresponsabilité des
fameuse « ghettoïsation » cher à Manuel Valls, est
technocrates de
avant tout le fait des classes bourgeoises (par la
FÉMINISME Bruxelles
création de quartiers sécurisés et clos ou par le
refus de la construction de logements sociaux
dans les quartiers huppés). Harvey précise WILLY SUR le
également que le droit à la ville, tout comme les FMI craint des
espaces hétérotopiques[4]   et les pratiques explosions de
alternatives, est un objet de lutte intéressant dans révoltes du fait de la
la mesure où il ne devient pas une �n en soi. Le pandémie
droit à la ville doit rester une revendication qui 
Grève et manif
s’inscrit dans l’a�rontement entre le travail et le

3 of 19 3/5/2021, 4:08 PM
« Villes rebelles, du droit à la ville à la révolution urbaine », David Harve... https://www.anti-k.org/2018/02/15/villes-rebelles-droit-a-ville-a-revoluti...

capital et dans une perspective révolutionnaire. pour le 8 mars


Harvey prend ainsi soin de rappeler que la lutte BIANCO SUR
0
contre l’exploitation est indispensable puisque le Femmes en
travail est à la base de la production de valeur, 2021-03-04 11:00:00 première
que le moteur de l’histoire reste «   la lutte des Source Vous pouvez ligne, femmes en lutte :
classes » et que le capitalisme ne s’écroulera pas trouver l’appel unitaire le 8 mars, touTEs en
tout seul de lui-même («  l’exploitation du travail sur ce site. Voici aussi grève !
vivant dans la production reste bien un concept l’Appel du Collectif
central pour n’importe quelmouvement féministe
anticapitaliste   »   ). Dans cet esprit, il critique les révolutionnaire : Face à BACELON

mesures gestionnaires sensées répondre aux une gestion de crise qui SUR The

crises urbaines telles que l’accession à la propriété nous précarise, nous uprising in

(qui permet du point de vue matériel de privatiser met en danger et India (Le soulèvement

le foncier et du point de vue idéologique renforce des politiques en Inde) par aplutsoc2

d’accélérer le délitement du collectif) ou le micro- [...] Lire la suite


crédit, véritable cheval de Troie qui permet de
WILLY SUR
distiller des rapports marchands et �nanciers
La Sur les
entre les populations les plus démunies. Déferlan conceptions
te : une
économiques de Léon
Nous pouvons toutefois regretter que l’auteur revue
féminist Trotsky
n’établisse pas clairement la distinction entre
e qui va
« révolution urbaine » et « révolution socialiste ».
faire des
L’a�ux de prolétaires dans les centres urbains ne vagues
conduit pas automatiquement à des mouvements
FISCALITÉ
 0
révolutionnaires… Et si les luttes pour le droit à la
ville seront sans doute un des leviers
indispensables à une future révolution socialiste, Résolutio
il n’empêche que la transformation de la société n sur la
Journée
vers le communisme passera aussi par des luttes
internati
en milieu rural, voire par un e�acement de la onale de
distinction entre rural et urbain. Le livre fait lutte
pour la
Concurrence :
d’ailleurs l’impasse sur les nombreux combats
récents qui se déroulés en milieu rural (contre des
libératio comment
n
grands aménagements, des expropriations, pour l’optimisation
des fem
les droits des paysans ou la défense de services mes �scale renforce
publics de proximité etc.). Ceci est d’autant plus 2021 le pouvoir des
dommage que de nombreux ouvriers et ouvrières  0
multinationales
vivent et travaillent à la campagne, dans des
0
petites villes industrielles ou dans des territoires
Femmes
péri-urbains. Alternatives
en
première économiques, 26 février

Des formes de luttes et de ligne,
femmes
2021 L’évitement �scal,
davantage pratiqué par

4 of 19 3/5/2021, 4:08 PM
« Villes rebelles, du droit à la ville à la révolution urbaine », David Harve... https://www.anti-k.org/2018/02/15/villes-rebelles-droit-a-ville-a-revoluti...

résistances propres au en lutte : le 8 mars,


touTEs en grève !
les grandes entreprises
que les [...] Lire la suite
milieu urbain  1

OpenLux : le
Le livre décrit les di�érentes formes de luttes et Luxembourg au cœur
Les
de résistances spéci�ques aux villes, notamment d’un nouveau scandale
petits
les occupations de places. Ces occupations sont �scal
secrets
dans beaucoup de pays, notamment en Amérique  0
du
du sud ou lors des «   révolutions arabes   », des Collectif La Cour suprême
lieux de rencontres primordiales dans les luttes, Némésis, in�ige un cinglant
ces revers à Trump sur ses
une arme de réappropriation de l’espace public
«Femen déclarations d’impôts
ou encore des occasions de redécouvrir des d’extrêm
 0
traditions de militantisme ouvrier.   Il souligne e droite»
aussi qu’il s’agit d’une manière de se battre au  0

plus près des centres de pouvoirs. Déjà en 1871, EUROPE


la Commune de Paris s’était surtout déroulée
dans le cœur de la capitale plutôt que dans les
faubourgs ou les campagnes, et
malheureusement les communards n’ont pas saisi
cette opportunité pour attaquer directement le
pouvoir (en l’occurrence Versailles) au moment
propice. Harvey place de grands espoirs à ce titre
dans l’industrialisation des centres urbains de la
“La Pologne,
Chine qui sont potentiellement des foyers comme l’Europe
révolutionnaires en devenir. La hausse dans son
impressionnante de l’urbanisation[5] dans ce pays ensemble, a un
a pro�té à la classe possédante tout en entraînant problème avec
des masses gigantesques de prolétaires dans les
la Shoah”
marges des villes susceptibles de menacer le
0
pouvoir.     Le paradoxe dans les occupations de
places étant que les places publiques ont bien Télérama, 10 février
souvent été tracées à l’origine pour faciliter la 2021 À Varsovie, deux
répression dans le cadre des grands historiens spécialistes
aménagements haussmaniens. Ceci dit, l’auteur de l’Holocauste vont
oublie au passage que dans beaucoup de pays les devoir publier des [...]
occupations de places sont des mouvements Lire la suite
majoritairement dominés par la classe moyenne
intellectuelle et précarisée comme ce pu être le » Une « Europe-
cas en Espagne, en France ou en Grèce. Surtout, il puissance » ? Force de
l’idéal, profondeur de
manque dans le livre une étude précise de ce
l’illusion – par Eric
segment de la classe prolétarienne qu’Harvey Juillot
appelle « précariat urbain ». Ce mot-valise peut en 
 0
e�et recouvrir aussi bien des intérimaires

5 of 19 3/5/2021, 4:08 PM
« Villes rebelles, du droit à la ville à la révolution urbaine », David Harve... https://www.anti-k.org/2018/02/15/villes-rebelles-droit-a-ville-a-revoluti...

travaillant dans le nettoyage que des


professionnels de la communication. Il aurait été
intéressant de procéder à un découpage plus �n
de la composition de la classe prolétaire citadine.

Le livre revient sur l’expérience de la ville d’El Alto


en Bolivie qui a vécu un mouvement au début des
années 2000 mêlant revendications de classes,
anti-impérialistes[6]   et anti-racistes. Cette ville a
une longue histoire de luttes ouvrières fortes mais
le mouvement a dû s’adapter au nouveau
contexte lié à la désindustrialisation. Cette
évolution a pris la forme d’assemblées de luttes
de ville (appelées « assemblées populaires ») qui
rassemblaient trois acteurs principaux: les
associations corporatistes des secteurs
professionnels informels, les syndicats
traditionnels, les associations de quartier. Cette
recomposition n’est pas allée sans certaines
tensions entre les directions de ces trois acteurs
et leurs bases. Les assemblées populaires, et de
multiples liens transversaux (religieux, culturels,
festifs etc.), ont toutefois permis de maintenir une
régulation entre les militants de ces trois organes
qui donna une impulsion au mouvement.

Même si le contexte est di�érent, nous ne


pouvons pas nous empêcher de faire le parallèle
avec la mobilisation contre la loi travail en France.
Elle s’est déployée sur deux des fronts cités par
Harvey : l’occupation de l’espace public urbain
avec les nuits debouts et les manifs, les luttes sur
les lieux de production avec les grèves et les
blocages. Mais la jonction entre ces deux fronts
fut di�cile pour diverses raisons   : des
temporalités d’actions di�érentes, des intérêts de
classe parfois divergents, un certain sectarisme de
part et d’autres, des clivages générationnels, le
manque de lieu permettant de décider des
tactiques à mettre en œuvre et de perspectives
stratégiques à tracer pour la mobilisation…
Surtout, si les syndicats traditionnels, les groupes

autonomes ou les collectifs de précaires furent

6 of 19 3/5/2021, 4:08 PM
« Villes rebelles, du droit à la ville à la révolution urbaine », David Harve... https://www.anti-k.org/2018/02/15/villes-rebelles-droit-a-ville-a-revoluti...

visibles,  un troisième acteur important dans les


exemples cités dans le livre a été trop peu présent
(ou en tout cas trop peu visibilisé) dans la
mobilisation contre la loi travail : les associations
et collectifs qui luttent au quotidien dans les
quartiers «   populaires   » autour par exemple de
questions telles que le logement[7]. A l’inverse,
l’auteur cite les conseils ouvriers dans les usines
alliés aux maisons du peuple dans les quartiers
d’Italie du nord au début des années 20 comme
une interaction réussie entre organisations
corporatistes et territoriales. Mais il omet de
préciser qu’à cette époque  la gauche communiste
italienne a posé ouvertement la question de la
prise du pouvoir par les révolutionnaires comme
objectif du mouvement (question à laquelle la
bourgeoisie a répondu par le fascisme). La
perspective de la prise du pouvoir qui fut
d’ailleurs quasiment absente des occupations de
places comme du mouvement contre la loi
travail[8], ou posée de manière uniquement
incantatoire.

L’auteur s’associe aux revendications portées par


les luttes « urbaines », le droit au logement mais
aussi plus largement celles qui s’attaquent à la
spéculation immobilière et à la gentri�cation, la
sauvegarde des services sociaux, la lutte contre le
chômage de masse etc. Même s’il n’y fait pas
référence explicitement, nous retrouvons ici les
revendications pour la défense du salaire indirect
et une vision de la ville comme « usine sociale ».
Malheureusement, l’auteur se laisse séduire par
des revendications qui sont parfois clairement
réformistes, gestionnaires et citoyennistes. Il
propose ainsi en matière économique un «
contrôle populaire des surproduits » issus de
l’exploitation et au niveau politique la
multiplication d’outils plus ou moins
institutionnels tels que les budgets participatifs.

Harvey discute de de la notion à la mode de « bien



commun »[9]. Il en montre les limites   et les

7 of 19 3/5/2021, 4:08 PM
« Villes rebelles, du droit à la ville à la révolution urbaine », David Harve... https://www.anti-k.org/2018/02/15/villes-rebelles-droit-a-ville-a-revoluti...

interrogations que cette notion soulève. Par


exemple, ces biens doivent-ils être nationalisés
comme le demande une partie de la gauche ?
Harvey tranche catégoriquement en répondant
que « Marx ne prône pas la propriété étatique
mais une forme de propriété confédérée au
travailleur collectif produisant pour le bien
commun ».   Il développe la notion de «
communage » soit la combinaison entre un bien
commun et son usage social. Un bien commun tel
qu’un jardin partagé peut être vecteur de progrès
écologique et de liens sociaux mais aussi
contribuer à la gentri�cation d’un quartier si son
usage est destiné à la petite bourgeoisie. Aussi, il
importe d’étudier �nement les relations entre
ceux qui produisent les biens communs et ceux
qui se les approprient.

Il est évoqué trop brièvement le problème de la


répartition racialisée et genrée des tâches liées à
la gestion des biens communs, particulièrement
ceux liées à la reproduction[10], et donc
l’importance de prendre en compte cet aspect
pour que l’émancipation soit réellement l’œuvre
de l’ensemble du prolétariat. Face aux attaques
du capital contre les biens communs, les revenus
indirects, les services publics liés à la reproduction
de la force de travail ou l’environnement, Harvey
préconise l’auto-organisation pour compenser la
faillite du welfare state. Il pose comme une
revendication centrale que les biens communs
béné�cient à l’ensemble de la collectivité et non à
la seule classe possédante. Reste à espérer que
cette forme de «   contrôle populaire des
surproduits » ne devienne pas un vœu pieux dans
le système capitaliste dont la �nalité est justement
de maintenir un niveau de pro�t maximum pour
le béné�ce d’une minorité.

Urbanisation et crises du
capitalisme 

8 of 19 3/5/2021, 4:08 PM
« Villes rebelles, du droit à la ville à la révolution urbaine », David Harve... https://www.anti-k.org/2018/02/15/villes-rebelles-droit-a-ville-a-revoluti...

Pour décrire les luttes qui ont fait suite à la crise


des sub’primes, Harvey procède à une analyse du
rôle des processus d’urbanisation dans
l’apparition des crises récurrentes du système
capitaliste qui s’inspire de Rosa Luxemburg.  Cette
analyse a le mérite d’être plus approfondie que la
critique de l’urbanisme  habituelle dans l’extrême
gauche communiste et libertaire qui se limite
généralement à dénoncer les seuls aspects liés au
sécuritaire et à la gentri�cation.

S’il s’attarde autant sur l’analyse du rôle de


l’urbanisation dans les crises (tout en rappelant
que les crises font partie du fonctionnement
normal du capitalisme), c’est parce que Harvey
estime qu’il s’agit d’un facteur négligé par les
économistes, particulièrement par ceux se
revendiquant du marxisme. Il faut dire que la
tâche n’est pas aisée, les statistiques étant
souvent   établies à l’échelle nationale et non
locale. Et selon Harvey, la focalisation des
économistes marxistes sur les lois générales du
capital les conduit bien souvent à négliger les
particularismes historiques et géographiques du
système capitaliste. Le « développement
géographique inégal » n’est pas un retard pris par
certaines régions sur d’autres comme pourrait le
laisser penser une vision «   étapiste   » du
développement économique. Il s’agit plutôt d’une
stratégie plus ou moins délibérée des capitalistes
de zonage géographique entre le centre et la
périphérie via leurs choix dans leurs
investissements à long terme (créer des réserves
foncières à tel endroit ou des zones franches
dé�scalisées à tel autre par exemple). Sous
prétexte de ne pas faire de hiérarchie, la gauche 
libertaire va quant à elle s’interdire de varier les
di�érentes échelles d’approche dans sa
ré�exion[11]. Pourtant, les solutions «   locales   »
tant vantées par une partie de la gauche radicale
ne sont pas toujours pertinentes à l’échelle
internationale, surtout en l’absence de dispositif

9 of 19 3/5/2021, 4:08 PM
« Villes rebelles, du droit à la ville à la révolution urbaine », David Harve... https://www.anti-k.org/2018/02/15/villes-rebelles-droit-a-ville-a-revoluti...

de péréquation entre territoires dotés de


richesses inégales. Par exemple la création de
réserves naturelles peut être tout à fait pertinente
pour préserver la biodiversité du point de vue
local mais elle peut parfois avoir des e�ets
désastreux à une échelle plus globale en
accroissant la pénurie de foncier agricole qui va
encourager par ricochet la déforestation par les
cultivateurs.  

A�n d’être en capacité d’agir e�cacement à


di�érentes échelles, Harvey préconise des
modalités d’organisation des luttes qui soient
su�samment souples. Au risque de se disperser,
de s’isoler et de manquer de coordination, il reste
nécessaire de pouvoir s’organiser sur un plan
horizontal pour être moins vulnérable, pour
gagner en autonomie, devenir les « termites qui
viendront saper les fondations du capitalisme et
de l’Etat   », pour disposer d’un maximum de
possibilités d’expérimentations et de créativité à
l’échelon local. Au risque de tomber dans
l’autoritarisme, il est de même nécessaire de
pouvoir s’organiser sur un plan vertical pour faire
converger les énergies de manière stratégique et
cohérente, pour disposer d’une puissance de
frappe su�samment conséquente et structurée
permettant d’imposer un réel rapport de force
face aux capitalistes et à l’État. Le loup doit savoir
se comporter en renard et inversement.
Toutefois, la forme organisationnelle qui
permettrait de croiser ces deux niveaux d’actions
reste à inventer.

Pour résumé, l’urbanisation sert selon Harvey :

de   débouchés   permettant aux capitalistes


d’écouler les surproduits issus de
l’exploitation salariale (à l’image de la
colonisation ou de la guerre). Il cite comme
exemple les grands travaux d’Haussman  
sous Napoléon III, le new deal ou plus 
récemment l’emballement de l’immobilier

10 of 19 3/5/2021, 4:08 PM
« Villes rebelles, du droit à la ville à la révolution urbaine », David Harve... https://www.anti-k.org/2018/02/15/villes-rebelles-droit-a-ville-a-revoluti...

qui a précédé la crise des sub’primes. Lors


des crises de sur-accumulation de capitaux,
les capitalistes peuvent décider de ré-
orienter leurs capitaux   dans des secteurs
tels que l’immobilier jugés plus stables ou
moins sensible à la baisse tendancielle du
taux de pro�t que les investissements dans
le capital purement productif.

à �ger le capital dans l’espace sur un temps


de rotation long. Ceci présente au moins
quatre avantages pour les capitalistes   :
réguler les crises (en clair d’attendre des
jours meilleurs pour ré-investir
ultérieurement les sommes englouties dans
l’immobilier), extraire de la plus-value (grâce
à l’exploitation des ouvriers du BTP),
capitaliser la plus-value sous la forme de
capitaux immobiliers stables dans le temps
et l’espace (l’immeuble ou la maison) et
faciliter la reproduction de la force de travail
en produisant des logements.

à justi�er les expropriations qui permettent


une accumulation de capitaux par
la   dépossession. Les prolétaires se font
voler trois fois   : avec le sur-travail par
l’exploitation salariale puis par la sur-
consommation et en�n par le
remboursement des crédits. Ce vol organisé
a eu des conséquences dramatiques avec la
crise des sub’primes qui a provoqué une
vague d’expropriations de logements. Ceux-
ci ont été récupérés par les banques au
détriment des prolétaires incapables de
rembourser leurs crédits hypothécaires, le
comble étant que ce sont ces mêmes
banques qui ont été sauvé de la faillite
grâce aux impôts de ces mêmes
prolétaires…Harvey insiste sur ce dernier
point et explique le rôle, déterminant selon
lui, de la bulle immobilière dans les crises

qui on secouées récemment le système

11 of 19 3/5/2021, 4:08 PM
« Villes rebelles, du droit à la ville à la révolution urbaine », David Harve... https://www.anti-k.org/2018/02/15/villes-rebelles-droit-a-ville-a-revoluti...

capitaliste aux USA ou en Chine. Le crédit


est à la fois indispensable au
développement du capitalisme en tant que
levier favorable à l’investissement et en
même temps l’un de ces points faibles. Le
crédit est en e�et l’objet de pratiques
spéculatives, surtout en matière
d’immobilier, d’où en théorie l’intervention
de l’État gendarme comme régulateur.
Celui-ci a en réalité mis en place aux USA
des organismes chargées a contrario de
faciliter les crédits hypothécaires et qui se
sont logiquement montrés incapables de
prévenir la crise des sub’primes. Mais
même encadré par un État régulateur – tel
que le rêvent les réformistes et les
keynésiens – une croissance à long terme
du capitalisme basée sur une urbanisation
�nancée par le crédit est vouée à connaître
des crises violentes. Et pour cause, les
crédits hypothécaires reposent sur du
capital qui est �ctif puisqu’il ne provient pas
de l’exploitation du travail (qui est la
principale source de la valeur dans la
société capitaliste) mais de l’anticipation de
l’exploitation d’un hypothétique travail
futur, voire dans le cas des sub’primes
d’une hasardeuse éventuelle hausse future
du prix de l’immobilier.
A développer des   «   rentes de
monopole   ».   L’investissement dans des
projets immobiliers   permet aux
propriétaires de béné�cier d’une rente
foncière (le versement d’un loyer ou
l’exploitation de terres agricoles fertiles par
exemple) mais Harvey revient plus
précisément sur le concept de rente
di�érentielle. C’est à dire, le fait pour un
capitaliste de retirer d’avantage de rentes
foncières que ces concurrents grâce à un
avantage comparatif procuré par 
l’emplacement de son foncier (par exemple

12 of 19 3/5/2021, 4:08 PM
« Villes rebelles, du droit à la ville à la révolution urbaine », David Harve... https://www.anti-k.org/2018/02/15/villes-rebelles-droit-a-ville-a-revoluti...

grâce à un meilleur emplacement


commercial, à la présence de sources
d’énergie ou d’un réservoir de main d’œuvre
quali�ée et peu coûteuse, à la proximité de
réseaux de transport ou d’irrigation
etc.) [12]. On parle de rente de monopole
lorsque cet emplacement géographique est
su�samment spéci�que pour assurer une
situation de monopole à son béné�ciaire.
L’auteur revient sur une contradiction qu’il
déjà étudié dans son livre « géographie de
la domination   »[13]   : l’antagonisme entre
l’uniformisation causée par la centrifugeuse
capitaliste (par exemple tous les vins se
ressemblent de plus en plus pour
correspondre aux goûts des critiques les
plus connus comme le guide Parker) et la
nécessité de sauvegarder des spéci�cités et
des particularismes locaux (par exemple les
Appellations d’Origine Contrôlées pour le
vin) a�n d’accroître les rentes de monopole.
Cette contradiction est �agrante dans le
domaine du tourisme, les o�ces de
tourisme vantent le caractère pittoresque
de tel centre-ville pour faire venir le chaland
alors qu’on y retrouve les mêmes boutiques
et fast-food franchisés que dans n’importe
quelle autre ville du monde entier. A ce
titre, les territoires ont intérêt à développer
leurs spécialités et leur identité pour se
di�érencier et rester compétitifs dans
l’économie mondiale. Nous avons ainsi vu
se développer le concept d’
« entrepreneuriat urbain » qui désigne des
groupes d’acteurs locaux (institutions, CCI,
entreprises, associations, chercheurs etc.)
qui travaillent collectivement a�n de faire
augmenter la rente de leur territoire et qui
n’hésitent pas à croiser les di�érentes
échelles d’actions (par exemple les « pôles
de compétitivité » en France). Un territoire

peut aussi chercher à se démarquer des

13 of 19 3/5/2021, 4:08 PM
« Villes rebelles, du droit à la ville à la révolution urbaine », David Harve... https://www.anti-k.org/2018/02/15/villes-rebelles-droit-a-ville-a-revoluti...

autres en soutenant ponctuellement des


pratiques contre-culturelles (squats
d’artistes, festivals etc.) même si elles
critiquent ouvertement le système ou
encore certaines luttes régionalistes. Ces
pratiques peuvent en e�et être parfois un
atout du point de vue de la bourgeoisie
locale pour faire venir des touristes,
changer l’image d’un quartier dévalorisé ou
attirer des «   jeunes cadres dynamiques   »
férus d’activités culturelles. La réponse
proposée par Harvey pour contrer cette
tendance est de développer – et de
revaloriser – la culture ouvrière sur des
bases progressistes et de classe (la «   fête
des opprimés et des exploités   » cher à
Lénine).

En   conclusion, l’apport principal du livre est


d’aborder le fonctionnement du système
capitaliste sous l’angle du prisme géographique,
qui change des approches habituelles qui sont
généralement historiques ou sociologiques. Il
présente des pistes d’action et prône des
rapprochements entre di�érentes pratiques et
modes d’organisation intéressants à étudier. Mais
il est  regrettable que celui-ci cède à nombre de
sirènes réformistes héritées du démocratisme
radical (occupy wall street, villes en transition etc.)
et il est indispensable de modérer son optimisme
débordant pour les luttes révolutionnaires
urbaines. La révolution socialiste devra occuper le
terrain urbain, certes, mais   aussi s’étendre au
monde dans toute sa globalité.

[1]   «   le nouvel impérialisme   » de David Harvey,


Éditions Les Prairies ordinaires, 2010.
[2]   Cf   «   Le droit à la ville   »,   Henri Lefebvre,  
Éditions Anthropos, 1968 et «   Le capitalisme
contre le droit à la ville   » de David Harvey,
Amsterdam, 2011. 
[3]   La gentri�cation, équivalent en français

14 of 19 3/5/2021, 4:08 PM
« Villes rebelles, du droit à la ville à la révolution urbaine », David Harve... https://www.anti-k.org/2018/02/15/villes-rebelles-droit-a-ville-a-revoluti...

d’« embourgeoisement », désigne le processus de


dépeuplement d’un quartier pour le béné�ce des
classes possédantes, en général la petite
bourgeoisie. Pour une analyse approfondie de la
gentri�cation Cf «   Paris sans le peuple. La
gentri�cation de la capitale   », Anne Clerval, La
Découverte,2013, et   «   une violence éminemment
contemporaine   » de Jean-Pierre Garnier, ed.
Agone, 2010.
[4]   Cf «   le corps utopique, les hétérotopies   »,
Michel Foucault, ed. Lignes, 2009.
[5] Cf « Karl Marx à Pékin – Les racines de la crise
en Chine capitaliste   » de Mylène Gaulard   », ed.
demopolis, 2014, qui traite entre autres de la bulle
spéculative de l’immobilier en Chine qui a connue
une crise importante récemment.
[6] Entre autres face à l’entreprise française « Suez
environnement   » lors de la «   guerre de l’eau   »
pour l’accès à tous et toutes à l’eau potable
[7]   Signalons toutefois la présence d’initiatives
salutaires telles que des cortèges antiracistes,
féministes et LGBT ou contre les violences
policières dans les manifestations. Mais ils ont été
beaucoup moins médiatisé que les « cortèges de
tête   », les nuits debout ou les grèves dans les
entreprises.
[8]   Cf une critique a�ûtée de Harvey par J.P.
Garnier sur le
site   http://terrainsdeluttes.ouvaton.org
/?p=3908  qui souligne le manque de perspectives
portées par les mouvements de type occupations
de places   :«   l’expression collective d’une colère
populaire dans l’espace public urbain contre la
spoliation et la dépossession – auxquelles on peut
ajouter la corruption et, dans le cas de l’Égypte et de
la Tunisie, la répression – conduit à l’impasse dès lors
qu’elle ne s’inscrit pas dans une stratégie de prise de
pouvoir avec pour horizon le dépassement du mode
de production capitaliste. Il est symptomatique à cet
égard que, parmi les slogans braillés ou a�chés sur
les banderoles lors des manifestations, les mots

« socialisme » ou « communisme » qui désignaient

15 of 19 3/5/2021, 4:08 PM
« Villes rebelles, du droit à la ville à la révolution urbaine », David Harve... https://www.anti-k.org/2018/02/15/villes-rebelles-droit-a-ville-a-revoluti...

cet horizon par le passé n’aient jamais �guré, pas


plus que d’autres termes susceptibles de les
remplacer. »
[9]   Les «   biens communs   » désignent les biens
matériels ou immatériels gérés collectivement à
l’opposé des biens « privatisés »
[10] Cf S. Frederici dans son texte « le féminisme
et la politique des biens communs en période
d’accumulation primitive   » (dans «   point zéro   :
propagation de la révolution », ed. Racine de ixe,
2010) : « c’est aux femmes qu’il revient de construire
les nouveaux communs, en sorte qu’ils ne restent pas
des espaces éphémères ou des zones autonomes
temporaires mais servent à étayer de nouvelles
formes de reproduction sociale ».
[11]   Harvey note toutefois que ce constat est à
tempéré grâce à des auteurs comme M. Boukchin
qui cherchent à articuler échelle municipale et
échelle globale.
[12] Cf la section 6 du livre 3 du « capital » de K.
Marx
[13]   «   Géographie de la domination   », David
Harvey, les Prairies ordinaires, 2008.

Partager :

    

Articles similaires

16 of 19 3/5/2021, 4:08 PM
« Villes rebelles, du droit à la ville à la révolution urbaine », David Harve... https://www.anti-k.org/2018/02/15/villes-rebelles-droit-a-ville-a-revoluti...

 BOLIVIE CHINE

COMMUNE DE PARIS

CRISES DU CAPITALISME DAVID HARVEY

DROIT AU LOGEMENT GENTRIFICATION

INDUSTRIALISATION LUTTES

RÉVOLUTION SOCIALISTE

RÉVOLUTION URBAINE

SPÉCULATION IMMOBILIÈRE VILLE

SOUTENEZ ANTI-K FAITES UN DON !

 PRÉCÉD SUIVANT
ENT 
Cause des Au Dhofar,
femmes et les
mouveme femmes
nt ouvrier se
: les battaient
rendez- aux côtés
vous des
manqués hommes

SUR LE MÊME THÈME

17 of 19 3/5/2021, 4:08 PM
« Villes rebelles, du droit à la ville à la révolution urbaine », David Harve... https://www.anti-k.org/2018/02/15/villes-rebelles-droit-a-ville-a-revoluti...

Jing Xie : “Attention au Des Chinois


« Comprendr relâchement manifestent
e la ”: à Madrid
modernisatio l’infantilisati contre le
n de la on de masse blocage de
société comme leurs
chinoise à stratégie comptes
travers son politique
expérience
de
l’épidémie »

SOYEZ LE PREMIER À COMMENTER

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les


indésirables. En savoir plus sur comment les
données de vos commentaires sont utilisées.

 WEB-TV  WEB-TV  WEB-TV  WEB-TV

François… DISSOL… "Aujourd'… L’Anticap…

Email

ABONNEZ-VOUS À LA LETTRE

ACTUS BCE-EURO  HORS UE  INTERNATIONAL  LEUR MONDE  NOTRE MONDE 

IMAGES DU JOUR PARTIS ET SYNDICATS  SECTEURS D’ACTIVITÉ  BOUTIQUE

© Anti-K.org Tous droits réservés, 12 Rue Marcel Redelsperger 13016 Marseille - Directeur de publication : gte@anti-
k.org

18 of 19 3/5/2021, 4:08 PM
« Villes rebelles, du droit à la ville à la révolution urbaine », David Harve... https://www.anti-k.org/2018/02/15/villes-rebelles-droit-a-ville-a-revoluti...

UA-4563539-13

19 of 19 3/5/2021, 4:08 PM

Vous aimerez peut-être aussi