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Les ancêtres Indo-Européens des Slaves, proches des Baltes et des Germains sur le
plan ethnolinguistique, sont connus depuis la fin du Ier millénaire avant notre
ère, mais le nom de «slaves» daterait du Ve siècle lorsque les Byzantins, et plus
tard les Occidentaux, commencèrent à entrer en relations directes avec eux. Lorsque
pour la première fois au Ier siècle de notre ère, Pline l'Ancien et Tacite parlent
des Veneti (→ Vénètes), voisins orientaux des Germains, il est très probable qu'ils
se réfèrent aux Slaves. Au IIe siècle, Claude Ptolémée, citant les voisins
méridionaux des Slaves, mentionne le nom de Suovenoi, première apparition de la
racine du mot «slave».
Il est possible que les Protoslaves aient également été apparentés aux Scythes,
dont la langue était « satem » comme celles des slaves. Avant cette date, ils
n'étaient pas directement en contact avec l’Europe méditerranéenne : on suppose que
le nom de «Vénètes» est une forme latine du nom de «Wendes» que leur donnaient les
Germains1. Mais les mentions sont très rares avant qu’ils soient connus sous le nom
des Slaves qui signifie soit «les glorieux» (de Slava), soit «ceux qui parlent» (de
Slovo).
Au Moyen Âge, les Slaves constituèrent des principautés et des royaumes puissants
en Europe centrale et en Europe orientale, dont certains existent toujours sous
d'autres formes aujourd’hui :
• le royaume de Sámo ;
• la Grande-Moravie tchéco-slovaque ;
• le royaume de Pologne ;
• le grand-duché de Lituanie (gouverné par les Lituaniens qui sont des
Baltes, mais beaucoup plus étendu que l'actuelle Lituanie et majoritairement peuplé
de Slaves orientaux);
• le royaume de Serbie (voir : Moyen Âge serbe);
• les anciens États bulgares (le premier gouverné par les Proto-Bulgares
qui étaient des Turco-Iraniens, le second gouverné par des Bulgares et des Valaques
(qui étaient des Thraco-Romains), mais tous deux majoritairement peuplés de slaves
méridionaux, et de langue officielle slavonne) ;
• la Rus' de Kiev ou Ruthénie, dont sont issues plusieurs principautés,
unifiées ultérieurement par la Moscovie, dont est issu l'Empire russe, transformé
en URSS, dont la fragmentation a donné la Russie, la Biélorussie et l'Ukraine,
ainsi que douze autres États non-slaves.
Au XXe siècle, les Slaves constituèrent de puissantes fédérations:
• l'URSS (constituée de plusieurs États fédérés, dont trois slaves, mais
c'étaient les plus peuplés et dans toutes les républiques, ce sont les Slaves qui
gouvernaient);
• la Tchécoslovaquie (constituée de deux pays slaves)
• la Yougoslavie (constituée de six États fédérés slaves).
Actuellement la population mondiale des personnes de langue slave est estimée à
près de 400 millions. Les trois principaux groupes linguistiques slaves sont:
• les Slaves orientaux : Russes (150 millions), Biélorusses (15 millions)
et Ukrainiens (60 millions), auxquels s'ajoutent des groupes plus petits comme les
Ruthènes (2 millions), les Houtsoules et les Lipovènes (environ 500 000 chacun);
• les Slaves occidentaux : Polonais (35 millions), Tchèques (15 millions)
et Slovaques (10 millions), auxquels s'ajoutent des groupes plus petits comme les
Sorabes, les Kachoubes et les Silésiens (moins de 500 000 chacun);
• les Slaves méridionaux : Slovènes (3 millions), Croates (7 millions),
Bosniaques (2 millions), Serbes (15 millions), Monténégrins (300 000)[citation
nécessaire], Macédoniens (4 millions) et Bulgares (10 millions), auxquels
s'ajoutent des groupes plus petits comme les Pomaques et les Carashovènes.
On trouve aussi des populations slaves très anciennement présentes en Lusace, en
Allemagne orientale, patrie des Sorabes, dans certaines parties de la Carinthie et
du Burgenland, en Autriche, et le long de la frontière nord de la Grèce.
En outre, les colons slaves implantés au XIXe siècle et au XXe siècle constituent
une proportion importante de la population des pays issus de l'ancien Empire russe
et de l'ancienne URSS tels le Turkménistan (7 %), le Kirghizistan (8 %),
l'Ouzbékistan (9 %), la Lituanie (15 %), la Moldavie (16 %), le Kazakhstan (environ
26 %, numériquement la plus grosse communauté), l'Estonie (29 %), la Lettonie
(environ 36 %) et davantage encore dans les républiques autoproclamées, non
reconnues au niveau international, et qui de facto dépendent totalement de la
logistique russe : l'Abkhazie (11 %), l'Ossétie du Sud (10 %) et la Transnistrie
(environ 62 %).
Enfin il existe une nombreuse diaspora slave dans le monde : États-Unis, Canada,
Australie, France, Royaume-Uni, Allemagne, Portugal.
Étymologie
Trois hypothèses sont généralement retenues pour expliquer le mot slave, bien qu'il
en existe d'autres :
• la plus évidente et la plus simple consiste à rattacher le nom au vieux
slave slava, avec le sens de renommée, gloire. Autrement dit, les Slaves se
seraient eux-mêmes qualifiés de glorieux (comme les Celtes, le mot kelt ayant le
sens de noble) ;
• une autre hypothèse part du vieux-slave slovo (= mot, parole), les
Slaves se définissant entre eux comme ceux qui savent parler, dont le langage est
compréhensible : cette hypothèse s’appuie notamment sur le fait que dans les
langues slaves le terme désignant un Allemand est dérivé d’un adjectif signifiant
non-parlant : en ukrainien, en polonais, en bosniaque, en bulgare en Croate, serbe
et en tchèque, les mots "nijem", niemy, němý, "nemtsi" signifient muet, et "
Nijemci", Niemiec / Němec signifient Allemand.
• la troisième hypothèse, qui rejoint la même étymologie que la première,
prétend que le mot slave est issu de Slava, nom originel du fleuve Dniepr autour
duquel les premières traces des Slaves en Europe sont accréditées. Les Slaves se
seraient nommés ainsi en fonction de leurs origines géographiques, comme ont pu le
faire d'autres peuples (Saxons, Frisons, Vikings…).
Toujours est-il que le mot slave est à l’origine de la Slavonie, de la Yougoslavie,
de la Slovaquie et de la Slovénie. C’est également lui qui a donné le français
esclave (latin médiéval slavus, sclavus), de nombreux Slaves des pays actuellement
est-allemands, tchèques et polonais ayant été réduits en esclavage durant le haut
Moyen Âge (et notamment dans l’Empire carolingien), tant qu'ils étaient encore
polythéistes. Une fois christianisés, le processus cessa.
L'apparence physique
Procope affirme que les Slaves «sont grands et particulièrement forts, leur peau
n'est pas très blanche, et leurs cheveux ne sont ni blonds, ni noirs, mais ils ont
tous des cheveux roux». «Ils ne sont ni déshonorants, ni méchants, mais simples
dans leurs manières, tels les Huns (Avares)». Ou encore : «Certains d'entre eux
n'ont pas non plus de tunique ou manteau, mais portent uniquement une sorte de
culotte tiré vers le haut à l'aine.»
Une description similaire est également donnée par l'écrivain arabe Ibn Fadlan
décrivant la Rus : «Je n'ai jamais vu un peuple de physique parfait exemple. Ils
sont aussi grands que des palmiers et de couleur rougeâtre.»
Cependant, il n'a guère été impressionné par l'état de leur hygiène. L'enquête
anthropologique des sites préhistoriques slaves semble appuyer la littérature
historique, et suggère que les Slaves furent dolichocéphales précoces, ainsi que
blonds. Aujourd'hui, l'anthropologie physique, et en particulier les indices
crâniens dont elle use, sont tombés en disgrâce. Comme le dit Luca Cavalli-Sforza,
il n'y a aucune garantie que les observations anthropologiques reflètent des
différences davantage génétiques que socio-économiques, nutritionnelles,
environnementales, ou dépendantes de divers facteurs historiques.
Caractéristiques physiques
Alors qu'en Europe occidentale, l'anthropologie physique a subi des critiques
depuis les abus des idéologies racistes et notamment de l'Allemagne nazie, elle a
continué de jouir d'une certaine popularité dans l'ancienne URSS, et par
conséquent, dans les pays qui en sont issus. Certaines des conclusions tirées par
les anthropologues soviétiques ont récemment été réfutées par la génétique
moléculaire et l'ADN, mais elles continuent à être employées pour décrire des
variations phénotypiques générales entre les populations. Ainsi, Tatiana Alexeïeva
a récemment décrit cinq principaux types des «caractéristiques physiques Slaves»:
(1) « Caractéristiques des Slaves de la Mer Blanche et de la Mer Baltique » :
De peau claire et de cheveux blonds, aux traits du visage moyens, ils sont
principalement de type mésocéphale et brachycéphale. Caractéristiques typiques des
Russes du Nord, les Biélorusses et des Polonais, résultat du brassage avec les
premiers Varègues Nord Européens (les Rus'). Mais comparés à ce type connexe Ouest
Baltique (Scandinave), ils possèdent un nez moins proéminent, une barbe plus
clairsemée et un léger renflement de la paupière supérieure, caractère du à des
mélanges avec les Tatars de type mongoloïde.
(2) «Caractéristiques des Slaves l'Europe de l'Est» :
Remarqué chez la majorité des Russes du sud et une partie des Biélorusses. Ils se
distinguent par des cheveux plus foncés et des yeux moins fréquemment bleus. À
l'Est de la Russie d'Europe, il y a eu brassage avec des populations autochtones
Finnoises et Ouraliennes. Les types indigènes avaient des crânes dolichocéphales,
aux visages de relief marqué, de fortes pommettes et mâchoires, et le nez
proéminent. Le mélange ouralien est caractérisé par des visages un peu aplatis et
le nez moins proéminent.
(3) «Caractéristiques des Slaves Carpato-Dniepriens» :
Distingué chez les Polonais, les Slovaques et les Ukrainiens, groupes ethniques
présents dans les Carpates septentrionales, ainsi que quelques-uns des Tchèques. Ce
sont des brachycéphales aux visages relativement larges. Ces types ont été trouvés
dans les cimetières slaves de la Slovaquie et la Moravie. Morphologiquement, ces
personnes sont apparentées au type alpin défini par Ripley, qui s'étendait vers
l'Ouest dans ce qui est maintenant l'Autriche, la Suisse et une partie du nord de
l'Italie. Il se pourrait que les populations vivant des Carpates au Dniepr soient
une variante nord-est de de type alpin, issue de mélanges avec les populations
Celto-Germaniques antérieures.
(4) «Caractéristiques des Slaves de la Mer Noire» :
Il est représenté principalement par des Bulgares : bruns, de taille moyenne,
dolichocéphales. Leurs visages sont plus fréquemment étroits que ronds, leurs yeux
noirs, marron clair ou foncé. À en juger par paléo-anthropologie des données, ce
type de combinaison provient de l'Europe de l'Est de l'époque néolithique, du type
Méditerranéen et du Caucase, présent aussi à l'âge du bronze tardif (1er millénaire
avant notre ère). Il provient donc des populations pré-slaves : Thraces romanisés
ou hellénisés, Scythes et Sarmates. Il est aussi présent chez les Slaves de l'Est,
dans la population ukrainienne méridionale de type anthropologique Prut, et parmi
les Russes méridionaux de la région du Don.
(5) «Caractéristiques des Slaves Dinariques» :
En ex-Yougoslavie, tels les Huns, on rencontre un type de conformation musclée,
brachycéphale, avec des visages très larges, des yeux verts ou bleus, le nez
proéminent, la croissance des cheveux abondante et une haute stature ainsi que les
petits doigts à tendance recroqueviller jusqu'à l'âge de 5-6 ans. Ces
caractéristiques rappellent le complexe morphologique des peuples du Caucase
central (de type dit arménoïde).
Migrations
Selon la théorie de la «patrie de l'Est», avant d'être connus du monde gréco-
romain, les tribus de langue slave ont fait partie des nombreuses confédérations
multi-ethniques de l'Eurasie, telles celles des Sarmates, des Huns, des Avars et
des Bulgares. Les Slaves sont sortis de l'ombre aux Ve et VIe siècles lors des
grandes migrations, lorsqu'ils s'étendirent sur les territoires abandonnés par les
tribus germaniques fuyant les Huns et leurs successeurs. Les Slaves apparaissent
alors dans le pays entre l'Oder et la ligne Elbe-Saale, dans le Sud de la Bohême,
en Moravie, dans une grande partie de l'Autriche actuelle, dans la plaine
pannonienne et les Balkans, tandis que près de leur terroir d'origine, ils occupent
tout le bassin supérieur du Dniepr. D'autres arrivent jusqu'au Péloponnèse, tandis
que des groupes passent le Bosphore et sont sédentarisés en Asie Mineure.
Autour du VIe siècle, les Slaves se présentent en grand nombre aux frontières de
l'Empire romain d'Orient, dont la partie européenne était alors peuplée de Grecs
sur les côtes, et dans l'intérieur de Proto-Albanais et de Thraces latinisés. Les
chroniques byzantines (Jordanès, Procope de Césarée et Théophylacte Simocatta)
notent que : «l'herbe ne repoussait pas dans les endroits où les Slaves avaient
défilé, si grand était leur nombre».
Le caractère tardif des migrations slaves explique que des peuples parlant des
langues différentes portent des noms apparentés, comme Slovènes et Slovaques, ou
Serbes et Sorabes.
Premières mentions
Dès le Ier siècle apr. J.-C., Pline l'Ancien et Tacite parlent de Veneti (→
Vénètes), voisins orientaux des Germains.
Au IIe siècle, Claude Ptolémée, tirant des informations des voisins méridionaux des
Slaves, fait mention de Suovenoî, première apparition de la racine du mot
« slave ».
Jordanès écrit que les trois ethnonymes, les Veneti, Sclavenes et Ante, étaient un
seul et même peuple. Cela sera confirmé plus tard par entre autres Wawrzyniec
Surowiecki, Pavel Jozef Šafárik et d'autres historiens.
Dans Ptolémée d'Alexandrie aux IIe siècle, les territoires (englobant toutes les
régions boisées de l'Europe centrale) ont déjà été habitée par les "Stavanoi",
ainsi ils pourraient également être identifiés avec les Slaves au début par les
mêmes historiens modernes.
Les Slaves sous le nom d'Antes et de Sklavènes commencent à être mentionnés par les
historiographes byzantins sous Justinien Ier (527-565).
Procope écrit en 545 que «Les Antes et les Sklavènes ont eu un seul nom dans un
passé lointain, car ils étaient tous appelés Spori dans les temps anciens». Il
décrit leur structure sociale et leurs croyances : «ils ne sont pas dirigés par un
homme, mais vivent depuis les temps anciens dans une démocratie où tout ce qui
concerne leur vie, que ce soit en bien ou en mal, est décidé par le peuple
assemblé. Ces deux peuples barbares conservent depuis les temps anciens les mêmes
institutions et les mêmes coutumes, car ils estiment que seul Péroun, le créateur
de la foudre, est maître de tout, et on lui sacrifie des bovins et toutes sortes
d'autres victimes».
Procope mentionne aussi qu'ils étaient grands et robustes : «Ils vivent dans de
misérables hameaux qu'ils mettent en place de loin en loin, mais, généralement, ils
sont nomades. Quand ils entrent dans la bataille, la majorité d'entre eux va à pied
contre de leurs ennemis, portant peu des boucliers et des javelots dans leurs
mains, et jamais de cuirasse. Certains d'entre eux ne portent pas même une chemise
ou un manteau, mais juste des braies. Les deux peuples ont la même langue, tout à
fait barbare. En outre, ils ne diffèrent pas du tout les uns des autres en
apparence : ce sont tous des gens exceptionnellement grands et vigoureux, aux
cheveux clairs ou blonds, à la peau rose, mais assombrie de crasse. Pauvres, ils
vivent une vie difficile, ne prêtent aucune attention au confort, ni même aux
lésions corporelles...». Les études archéologiques et palynologiques confirment ces
dires : une péjoration climatique de l'hémisphère nord semble en effet être à
l'origine des grandes invasions aux IIIe et VIIe siècles depuis les confins de
l’Asie (où sévit durant des dizaines de décennies, une terrible sécheresse avec des
gels prolongés, attestés par les pollens fossiles) et depuis le nord de l’Europe
(où l’absence d’été provoqua des famines détectables par l’état des personnes alors
inhumées)4.
Jordanès précise qu'au début, les Sklavènes s'installaient d'abord près des
marécages et des forêts, qui leur rappelaient leur pays d'origine. Par la suite,
leur nombre croissant, ils occupèrent progressivement toutes les plaines, tandis
que les populations antérieures hellénophones, latinophones ou albanophones se
repliaient sur les côtes ou les piémonts et devenaient minoritaires.
Ménandre Protector mentionne un Sklavène nommé Daurentius qui tua en 577-579 un
envoyé du khan avar Bayan I. Les Avars ayant demandé aux Slaves de devenir leurs
vassaux, ce Daurentius aurait dit : « Qui voudrait notre terre, perdra la sienne,
car c'est nous qui viendrons le soumettre ». Finalement, Avars et Slaves semblent
s'être alliés sur un pied d'égalité.
Expansion maximale
Aux VIe et VIIe siècles, une partie des Slaves migre vers l’ouest jusqu’à l’Elbe
et, contournant les Carpates, arrive au sud au Danube, à la place des Germains
(Goths, Vandales, Gépides, Lombards…) qui s’étaient déplacés vers l’Empire romain
d’Occident. Après le règne de Justinien, entre 586 et 610, les Slaves du Danube,
alliés aux Avars arrivés en 567, font irruption au sud du fleuve, atteignant
l’Empire romain d'Orient. Ils pénètrent dans les Balkans et atteignent
l’Adriatique. Vers 548, ils sont en Illyrie (en Carinthie, en Istrie et en
Albanie), provoquant l’abandon du limes oriental. Dans les Balkans, certains Slaves
s’installent jusqu’au cœur de la Grèce et de petits groupes sont arrivés jusqu’en
Anatolie, dans certaines îles grecques et en Italie (ou ils ont laissé des
patronymes comme Schiavenno ou Schiano).
L’expansion des Slaves vers le sud est assez bien documentée, puisqu’elle a fait
vaciller l'autorité de l’empire byzantin sur les Balkans, au profit des Avares et
des Bulgares. Des chroniqueurs comme Jean d'Éphèse en ont fait le récit : «Trois
ans après la mort de Justin, en 581, le maudit peuple des Sclavènes parcourut toute
l’Hellade, les provinces de Thessalonique et de Thrace, ravagea quantité de villes,
prit d’assaut de nombreuses forteresses, dévasta et brûla, réduisit la population
en esclavage et se rendit maître du pays tout entier.»
La poussée des Slaves vers l’ouest, à partir du VIe siècle, leur permit de peupler
des territoires qui avaient été auparavant peuplés par les Germains. La toponymie
révèle l’emprise des Slaves sur l’Est de l’actuelle Allemagne orientale. Les Slaves
habitant cette région ont été les Obodrites et les Sorabes. Beaucoup de noms de
lieux ont ici des étymologies slaves, à commencer par le nom de la ville de Berlin,
qui, selon les étymologues slavisants, ne viendrait pas de l'allemand Bär («ours»)
mais du slave berlo («bâton, pieu»). Berlin était donc la «ville entourée de
pieux». Cette étymologie est d’autant plus probable que, pour les Slaves, les pieux
constituaient non seulement les éléments de base des remparts, mais aussi les
fondations des habitations en zone marécageuse (et Berlin en est une). Quant à
Leipzig, c’était la «ville des tilleuls», Lipsk en slave.
Le commerce d'esclaves, nom justement dérivé de Slaves, a amené certains beaucoup
plus loin de leurs terres d'origines, jusqu'en Espagne musulmane où des esclaves de
cour ont fondé des dynasties : Saqāliba désigne les Slaves, en particulier aux
esclaves et aux mercenaires dans le monde Arabe médiéval. Le Saqālib avait la
réputation d'être «le plus courageux et violent des guerriers». Dans le monde
Musulman, les Saqālib, très prisés notamment en raison de leur blondeur, ont servi
ou ont été forcés de servir d'une multitude de façons : fonctionnaires, harem,
eunuques, artisans, soldats, et même gardes du calife de Cordoue. Convertis à
l'Islam, certains Saqālib sont devenus dirigeants des taïfas (principautés) dans la
péninsule ibérique, après l'effondrement du califat.
Structures politiques
Grossissant les rangs d’autres peuples d’origine iranienne (les Sarmates), turco-
iranienne, ou encore germanique (les Goths), les anciens Slaves ne formaient pas
encore, au départ, des «nations» (au sens actuel du terme).
À l’origine répartis en de nombreuses tribus, sans doute de taille modeste, les
Slaves n'avaient pas encore d'organisation politique ou militaire à grande échelle.
L’unité de base était probablement la famille, et au-delà de celle-ci, le
regroupement en communautés villageoises agro-pastorales, les Sklavinies. Karol
Modzelewski souligne la similitude entre les structures sociales des anciens Slaves
et celles des anciens Germains et Baltes. La communauté familiale, fortement
solidaire, est intégrée dans le cadre de l'assemblée villageoise et dans celui,
plus vaste, de l'assemblée tribale autour d'un sanctuaire commun. Les décisions se
prennent à l'unanimité par acclamations, en l'absence d'un appareil étatique
permanent. L'expansion des Slaves prend d'abord la forme d'une infiltration dans
les vides laissés par les vagues migratoires des Avars, Bulgares, Hongrois...
La tactique des Slaves, décrite par l'empereur byzantin Maurice, relève de la
guérilla : ils s'abritaient dans les forêts et les marécages, et évitaient la
bataille rangée. Un auteur carolingien les qualifie de «grenouilles». En tout cas,
la méthode s'avère efficace contre des États aux ressources limitées, qui ne
peuvent maintenir leur armée en campagne pour de longues périodes.
Le monde slave aux VIIe et VIIIe siècles (les Thraces romanisés n'ont été figurés
que dans une aire très restreinte à l'ouest de Sofia).
Formation des premiers «États» slaves (VIIe-XIe siècles)
La formation des premiers États slaves est étroitement liée aux contacts avec les
peuples voisins: ils se trouvent en rapport de rivalité ou d'échanges avec les
empires germanique, byzantin et khazar.
Au Xe siècle, à la suite des première et deuxième vagues d’invasions barbares, le
«domaine slave» atteint son extension historique (et maximale vers l’ouest): les
langues slaves commencent alors à diverger, ayant acquis au cours des invasions des
caractères différents permettant de distinguer parmi eux tribus occidentales,
méridionales et orientales (sur le plan linguistique).
La pression des peuples germaniques au nord et à l’ouest (à l’époque carolingienne,
les Francs les arrêtent sur l’Elbe; à l’époque ottonienne, les Saxons commencent à
s’étendre vers l’est), et celle des peuples des steppes à l’est et au sud semble
avoir mis un terme à l’expansion des Slaves et les avoir fixés dans l’espace.
Empire de Samo
L'événement le plus célèbre de la carrière de Samo est sa victoire sur l'armée
royale franque sous Dagobert Ier en 631 ou 632. Provoqué par une « violente dispute
dans le royaume de Pannonie des Avars ou Huns » lors de sa neuvième année, Dagobert
a mené trois armées contre les Wendes, la plus importante étant composée de
Austrasiens sous lui. Les Francs furent mis en déroute près de Wogastisburg
(castrum latine Wogastisburc), un lieu non identifié qui signifie «forteresse /
château de Vogast." Au lendemain de la victoire des wendes, le prince sorabe Dervan
abandonné les Francs et "placé lui-même et son peuple en vertu de Samo»
(Frédégaire). Samo aurait même envahi la Thuringe franque à plusieurs reprises et y
aurait entrepris des pillages.
Il était marié avec douze femmes, avec qui il eut 32 garçons et 15 filles ou, 22
fils et 15 filles.
Il est certain que vers la fin du VIe siècle, la région d'Ohrid a été exposé à une
colonisation massive de Slaves. Dans la troisième décennie du VIIe siècle, la
région d'Ohrid a été complètement colonisée par la tribu Slave des Berzites. Dans
la deuxième décennie du VIIe siècle de cette tribu, aux côtés d'autres tribus, y
compris Draguvites, Sagudates et Velegizites, a conclu un chef de file d'une grande
alliance slave par le chef Hatczon.
Outre la région d'Ohrid, la Macédoine a été aussi colonisée sur l'ensemble du
territoire qui s'étendait entre les villes contemporaines de Veles, Kavadarci,
Prilep, Bitola, et Debar. Les écrivains byzantins ont commencé à appeler cet
ensemble du territoire "Sclavinia" (Sklabhnia).
Depuis la fin du VI et le début du VIIe siècle, des changements radicaux ethniques
survenus dans la région d'Ohrid. La ville dévastée et privée de Lychnid et a
ensuite été nommé par un nom slave d'Ohrid. Il y a plusieurs explications à
l'origine du nom slave. Qui prévaut est celle selon laquelle le nom d'Ohrid est
entièrement slave et qu'il est dérivé du substantif Hrid, colline. La forme Ahrida
ou SAIRS, le plus probable provient du nom slave Ohrid où «o> a".
Les auteurs des chroniques de voyage écrit que Lychnidos lac dans le langage
contemporain a été nommé le lac d'Ohrid, dès le Xe siècle, à l'époque du tsar
Samuel. Dans l'hagiographie de saint Naum, le lac a été nommé « lac Blanc». Ce nom
correspond à celui utilisé par les Grecs, avec le sens de "lac lumineux". À cette
époque, toute la région d'Ohrid est devenu une partie de la «Sclavinia-Berzitia"
qui était régie par un organisme indépendant d'union slave. Dans "Sclavinia"
l'Empire byzantin n'a pas détenu un quelconque pouvoir.
Les résultats des fouilles archéologiques à Ohrid nous indique que les Slaves -
Berzites qui habitaient la région ont progressivement commencé à absorber une
grande partie de la culture autochtone. Dans le même temps avec le développement
progressif de la ville d'Ohrid, à partir du début du VIIe siècle aussi la culture
macédonienne médiévale avec ses caractéristiques spécifiques commencé à émerger
dans la région d'Ohrid et dans d'autres parties de la Macédoine. Cette culture a
été pleinement reconnu au Xe siècle quand l'État macédonien médiévale a été formé.
Il est évident d'après les faits connus que les deux influences politiques et
culturelles de l'Empire byzantin cessé d'affecter région d'Ohrid d'ici la fin du
VIe siècle.
Les Slaves qui avaient « slavisé » la Grèce au début du VIIe siècle, parmi lesquels
se trouvaient notamment des Sklavènes, des Serbes et des Slavons, se heurtèrent à
la résistance des Albanais et des Grecs, mais trouvèrent des alliés parmi les
Valaques latinophones.
Sous Justinien II, puis sous ses successeurs de la dynastie isaurienne (717-775),
les Byzantins regagnèrent le terrain perdu. Appliquant une politique draconienne,
ils déportèrent des populations entières au nord du Danube (notamment des Valaques)
et en Asie Mineure (notamment des Slavons). Ces mesures s’accompagnèrent de la mise
en place de nouvelles structures administratives à caractère défensif : les
«thèmes», circonscriptions à la fois militaires et civiles gouvernées par des
«stratèges».
Ainsi, en partie sous l’action indirecte des Slaves et ayant perdu ses populations
latinophones, l’Empire romain d'Orient se transforma en Empire byzantin, c’est-à-
dire essentiellement grec.
LES SERBES
Les Serbes (en serbe Срби, Srbi) sont un peuple de la famille indo-européenne ; ils
font partie du groupe Slave et de la branche des Slaves du Sud. Ils vivent
essentiellement en Serbie, au Monténégro, en Bosnie-Herzégovine, en Croatie et dans
le monde les migrations serbes ont essaimé une diaspora de 4 millions de personnes.
Un Serbe sur trois ne vit pas en Serbie.
Nom et étymologie
D'après la Chronique des temps passés (chronique Russe), les Serbes sont parmi les
premiers peuples slaves à avoir été énumérés par leur nom. Ils sont mentionnés pour
la première fois par Pline l'Ancien et Ptolémée dans sa Géographie du IIe siècle
après J.-C., qui associe les Serbes à la tribu Sarmates Serboi du Caucase du Nord
et la Basse-Volga.
Le nom est probablement dérivé de la racine indo-européenne «ser», qui s'apparente
au latin «servare» («conserver», «garder», «protéger», «préserver», «respecter»).
Autres noms :
Servians : nom médiéval français et anglais des Serbes
Rascians : se référant à la population de l'État médiéval serbe de Rascie (les
autres tribus de Dioclée (Dukljans), Travunija (Travunians), Neretva (Neretvians /
Paganians), Zahumlje (Zahumlians) que tous appartiennent à l'État serbe)
Tribales : une tribu thrace assimilée par les Slaves locaux, utilisé par les
auteurs byzantins (possibilité ancienne tribus serbes installée dans les balkans en
2 av. J.-C.)
Slaves : utilisé par les Romains, dénommé «Saqāliba» par les Arabes au Moyen
Âge
Valaques : terme utilisé au Moyen Âge par les auteurs vénitiens puis repris par
les croates pour désigner les Serbes orthodoxes de la foi chrétienne dans les
terres romaines d'Occident.
Dalmatiens par les auteurs Byzantins
L’origine même des Serbes n’est pas établie avec certitude. De nombreuses études
ont été réalisées et tendent à montrer un foyer d'origine Iranien dont les serbes
et les croates seraient issus, la pertinence de cette possibilité est amené par la
philologie, la vexillologie, le folklore, l'anthropologie, mais un manque de traces
génétiques fait peser un doute sur cette théorie4. La racine du nom «Srbi» n’est
probablement pas issue des vieux dialectes slaves. Diverses théories ont vu le jour
pour l’expliquer, s’appuyant sur les très rares documents écrits mentionnant la
présence d’un peuple du Caucase, au tout début de notre ère, appelé «Serboï» ou
«Serbi». La plupart de ces théories stipulent que ce peuple proto-serbe n’était pas
de souche slave, mais d’origine caucasienne ou sarmate. Il aurait, par la suite,
dominé certaines tribus slaves après une migration vers l’ouest, probablement en
Transcarpathie. Mélangés aux Slaves de ces tribus, les proto-Serbes se seraient
progressivement «assimilés», pour ne laisser que leur nom à leurs anciens sujets
slaves.
Quoi qu’il en soit, ce qui est certain, c’est qu’entre le Ier et le IVe siècle de
notre ère, les Serbes quittèrent le foyer originel des Slaves pour s’établir en
Lusace et en Moravie septentrionale, plus exactement entre l’Elbe et la Saale
(Allemagne actuelle), dans une région appelée Serbie blanche (le blanc symbolise
l’ouest chez les Slaves). Ils y restèrent jusqu’au VIIe siècle, lorsque l’empereur
byzantin Héraclius demanda l’aide des Slaves du nord, notamment des Serbes, pour
refouler les Avars hors des territoires de l’Empire byzantin.
Une partie des Serbes est, toutefois, restée en Serbie blanche où ils ont réussi à
conserver jusqu'à nos jours, au sein de la communauté sorabe (60 000), leur langue
et leur culture.
L’arrivée des Serbes dans les Balkans
Le premier centre du peuplement serbe dans les Balkans fut une région que leur chef
(dont on ne connaît pas le nom, mais que l'on appelle le Prince de Serbie Blanche)
négocia avec l'empereur d'Orient Héraclius en reconnaissance de leur importante
contribution dans la défaite des Avars. Cette région se trouvait entre la rivière
Vrbas à l'ouest et la vallée de la rivière Ibar à l'est, entre la Save au nord et
la côte Adriatique au sud, entre les embouchures des rivières Cetina et Bojana.
Ultérieurement des échanges de populations eurent lieu : une partie des Serbes
restés au nord vinrent rejoindre ceux déjà installés dans les Balkans, tandis que
des Valaques de cette région partaient en Moravie septentrionale, dans la région
qui devait s'appeler par la suite «Valachie morave» (ouest de l'actuelle République
tchèque). La vallée de la rivière Morava fut ensuite la source même de l’expansion
serbe dans la péninsule des Balkans.
Langues et dialectes:
Serbe · Serbo-croate · Šatrovački
Romano-serbe · Chtokavien ·
Torlak · Užički · Slave ecclésiastique
Slavo-serbe
Langue
La plupart des Serbes parlent la langue serbe, membre de la famille des langues
slaves méridionales. Bien que l'identité serbe soit plus ou moins liée à la langue
serbe elle-même, si l'on excepte le fait que les Serbes utilisent conjointement
l'alphabet cyrillique et l'alphabet latin, le serbe est très similaire au croate et
certains linguistes les considèrent toujours toutes deux comme deux variantes du
langage commun serbo-croate.
Religion
Traditions
Il existe également un chapeau militaire traditionnel serbe, la šajkača («
chaïkatcha »). À l'origine, ce chapeau était utilisé par des soldats serbes au
service des Habsbourg, les šajkaši («chaïkachis»), patrouillant aux alentours du
Danube et de la Save afin de mener des raids contre les Turcs, ce qui permettait
aux Serbes de l'Empire ottoman de se réfugier au sein de l'Empire autrichien. Le
chapeau devint populaire chez ces réfugiés, qui l'adoptèrent et le diffusèrent
largement dans les territoires serbes. Il gagna encore en popularité au début du
XXe siècle car il était le chapeau officiel de l'armée serbe au cours de la
Première Guerre mondiale. Il est toujours porté par certains villageois
aujourd'hui.
Coutumes
Un joueur de cornemuse serbe en costume traditionnel, portant des opanci et un
šajkača.
La société serbe est très orientée vers la famille. Il existe une grande richesse
de vocabulaire concernant les dénominations des divers membres de la famille, et il
est très fréquent que les Serbes connaissent avec précision leur généalogie jusqu'à
cinq ou six générations en arrière, ce qui était autrefois le meilleur moyen
d'éviter la consanguinité dans les petits villages.
De tous les peuples slaves et des chrétiens orthodoxes, seuls les Serbes ont la
coutume de la slava. Cette coutume pouvait également être trouvée au sein des
Russes et des Albanais d'origine serbe, mais elle a souvent été perdue au fil des
siècles. La slava consiste en la célébration d'un saint patron de la famille. Alors
qu'en général, la plupart des traditions religieuses sont communes à l'ensemble
d'un peuple, dans le cas de la Slava, chaque famille célèbre son propre saint, qui
est considéré comme le protecteur de la famille. Cette tradition remonte aux temps
où les Serbes étaient païens, époque où chaque famille avait sa divinité
protectrice. Comme pour tous les peuples européens, au sein desquels bien des
traditions païennes ont été transformées en fêtes chrétiennes pour faciliter leur
conversion, les Serbes ont pu conserver la tradition de la slava, finalement
acceptée par Byzance, en remplaçant le dieu païen protecteur par un saint patron
chrétien. La slava est transmise du père au fils et chaque foyer ne peut avoir
qu'une seule célébration, ce qui signifie que la famille entière se trouve réunie
en cette occasion.
La danse serbe traditionnelle est une danse en cercle appelée kolo. C'est une danse
collective, où un groupe de personnes (généralement plusieurs douzaines) se
tiennent par les mains en formant un cercle, un demi-cercle ou une spirale, et en
exécutant des pas de danse d'une complexité variable d'une région à l'autre. La
même danse, avec le même nom, est aussi traditionnelle chez les Croates. Elle est
également similaire à d'autres danses en cercle des Balkans, comme le oro
macédonien ou la hora roumaine.
Les Serbes ont leurs propres traditions en ce qui concerne Noël. L'Église orthodoxe
serbe utilise le calendrier julien révisé, ce qui fait que le Noël serbe tombe
actuellement le 7 janvier du calendrier grégorien. Les Serbes célèbrent également
le nouvel an orthodoxe le 14 janvier du calendrier grégorien.