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Khazars

Empire khazar
VIe siècle – XIe siècle

Informations générales
Statut Khaganat
Capitale Balanjar, puis Itil
Religion Tengrisme*1, puis judaïsme

Histoire et événements des Khazars:


VIe siècle Établissement des Khazars sur les bords de la mer Caspienne
VIIe siècle Fondation d'un État khazar
IXe siècle Extension maximale
965 Prise de Sarkel par Sviatoslav
XIe siècle Fin du dernier État kazhar
Entités précédentes: Empire köktürk
Entités suivantes: Rus' de Kiev

Les Khazars (Hazarlar en turc, Cosri en latin) étaient un peuple semi-nomade turc
d’Asie centrale; leur existence est attestée entre le VIe et le XIIIe siècle après J.-C.
Le nom Khazar semble dériver d'un mot turc signifiant errant, nomade (gezer en turc
moderne). Au VIIe siècle les Khazars s'établirent en Ciscaucasie aux abords de la
mer Caspienne où ils fondèrent leur Khaganat; une partie d'entre eux se convertirent
alors au judaïsme qui devint religion d'État. À leur apogée, les Khazars, ainsi que
leurs vassaux, contrôlaient un vaste territoire qui pourrait correspondre à ce que sont
aujourd'hui le sud de la Russie, le Kazakhstan occidental, l'Ukraine orientale, la
Crimée, l'est des Carpates, ainsi que plusieurs autres régions de Transcaucasie
telles l'Azerbaïdjan et la Géorgie.
Les Khazars remportèrent plusieurs séries de succès militaires sur les Sassanides.
Ils luttèrent aussi victorieusement contre le Califat, établi en deçà de la Ciscaucasie,
empêchant ainsi toute invasion arabo-islamique du sud de la Russie. Ils s'allièrent à
l'Empire byzantin contre les Sassanides et la Rus' de Kiev. Lorsque le Khaganat
devint une des principales puissances régionales, les Byzantins rompirent leur
alliance et se rallièrent aux Rus' et Petchenègues contre les Khazars. Vers la fin du
xe siècle, l'Empire khazar s'éteignit progressivement et devint l'un des sujets de la
Rus' de Kiev. S'ensuivirent des déplacements de populations rythmées par les
invasions successives des Rus', des Coumans et probablement de la Horde d'Or
mongole. Les Khazars disparurent alors de l'histoire, n'étant plus mentionnés dans
aucun récit historique.

Les origines des Khazars sont sujettes à de multiples théories.


Certains théoriciens proposent de voir les Khazars comme des peuples turcs ayant
migré vers l'ouest. Leur nom même signifie «errant» en langue turque. Quant aux
universitaires soviétiques, ils considéraient les Khazars comme un peuple indigène
de Ciscaucasie. Des liens avec les Ouïghours, peuple turcophone du Xinjiang
(Chine), ont été soulevés par Douglas M. Dunlop, s'appuyant sur des textes datant
du VIIe siècle, tandis que d'autres soulignent des ressemblances avec la langue
hunnique, semblable à celle des proto-Bulgares, ce qui laisse supposer des liens
avec des origines liées aux Huns. Il a récemment été supposé par Dmitri Vasiliev
que les Khazars n'auraient rejoint les steppes pontiques qu'au début de VIe siècle,
et auraient résidé auparavant en Transoxiane.
Enfin, une autre thèse, celle de la caste royale des Khazars, qui se proclama
descendante de Kozar, un des fils de Togarma, petit-fils de Japhet selon la Table des
nations des premiers chapitres du Livre de la Genèse, est probablement due à sa
conversion au judaïsme. Elle donna cependant naissance à de nombreuses
spéculations ; selon l'une d'elles, consignée dans l'un des manuscrits de la Gueniza
du Caire étudiés par Solomon Schechter, les Khazars descendraient pour une partie
au moins des tribus perdues d'Israël. Quelques historiens, dont Yair Davidiy,
souscrivent à cette thèse «conciliante» suggérant que les juifs ashkénazes d'Europe
du nord, pour certains héritiers des Khazars, ne sont pas des convertis.

Tribus khazares
L'organisation tribale des Khazars semble complexe. Ils auraient été divisés entre
«Khazars blancs» (ou «blonds») et «Khazars noirs» (ou «bruns»). Le géographe
persan médiéval Istakhri avait établi une différence raciale entre ces deux castes
(blanc aux cheveux roux pour les «Khazars blancs», et basané de type indien pour
les «Khazars noirs»), mais rien ne semble corroborer cette thèse.

Apogée
Formation de l'État khazar
L'histoire des Khazars est liée à l'empire des Göktürks (ou Köktürks), formé après la
défaite des Ruanruan par le clan Ashina en 552.
Lorsque l'empire Göktürk s'effondre suite à des conflits internes au milieu du VIe
siècle, il se partage en proto-Bulgares et Khazars menés par le clan Ashina.
Vers 650, les Khazars fondèrent un royaume indépendant au nord du Caucase aux
abords de la Volga, notamment au détriment des proto-Bulgares, qu'ils chassèrent
vers le nord-ouest. Cet «État» mal connu est indifféremment appelé «empire
khazar», «royaume khazar», ou encore «Khazarie».
Signe de l'importance qu'acquiert le royaume, le Khagan (dirigeant) Khazar, Tong
Yabghu Khagan (dynastie Ashima), appelé aussi Ziebel, envoie des troupes
(menées par son neveu, Buri-sad) à l'Empereur Byzantin, Héraclius, pour l'aider à
passer la Géorgie. Ce dernier projette d'ailleurs d'offrir au Khagan sa fille en mariage
en signe de reconnaissance, mais revient finalement sur sa décision.
L’expansion des Khazars au cours du VIIe et du viiie siècle se heurta ensuite aux
conquêtes des Omeyyades du Califat arabe sur le Caucase et la Transoxiane. En
650, l'armée arabe d'Abd ar-Rahman ibn Rabiah est battue par les Khazars à
Balanjar. Selon les historiens arabes de l'époque, chaque camp aurait fait usage de
catapultes. Le Khagan de l'époque aurait été Irbis. D'autres attaques eurent lieu au
même endroit avec les arabes.

Les Khazars et Byzance


Au VIIe siècle, les Khazars s'emparent de la Crimée, territoire byzantin occupé par
les Goths.
La domination khazare sur les différentes populations slaves ou turques des rives de
la mer Caspienne connait alors au IXe siècle sa plus grande expansion et fortune
(liée à son importance stratégique sur le commerce de la route de la soie).
Initialement dans le Caucase, leur capitale fut transférée vers 750 à Itil ou Atil, à
l'embouchure de la Volga.

Religion et stratégie
Les Khazars sont notamment connus pour avoir adopté le judaïsme comme religion
officielle, sous le règne du bek Bulan en 838, peut-être au contact des Juifs
persécutés par les empereurs byzantins.
Les Byzantins ménagèrent l'empire khazar qui les protégeait des envahisseurs
vikings et arabes, si bien que leur empereur Constantin V épousa une princesse
khazare, dont le fils Léon IV fut surnommé Léon le Khazar.
On a retrouvé une correspondance entre Hasdaï ibn Shaprut, vizir juif du calife de
Cordoue Abd al-Rahman III, et Joseph, souverain des Khazars.
Initialement tengristes*1, les souverains et les nobles khazars seraient entrés en
contact avec le judaïsme, et s'y seraient convertis, par le biais des populations de
Crimée. On pense que ce choix fut éminemment stratégique, dû pour une part à la
nécessité d'avoir une religion monothéiste pour se faire accepter des populations
tributaires et d'autre part, à la nécessité d'opposer une religion originale à la pression
qu'exerçaient à la fois l'occident chrétien (l’Empire byzantin) et l'Orient
musulman.਍ഀ
En adoptant le judaïsme, les Khazars restèrent très tolérants sur le plan religieux, et
laissèrent leurs sujets slaves professer le christianisme ou l’islam en toute liberté.
Bien que la religion officielle fût le judaïsme, leur grand prince (khâgan) et leur roi
tenaient un conseil qui réunissait les représentants des trois grandes religions
monothéistes.਍ഀ
Leurs armées furent renforcées au cours des VIIIe siècle et IXe siècle par des
nomades de la steppe, en particulier des Pétchenègues*2. Ceux-ci devinrent plus
puissants que les Khazars, qui ne purent les empêcher de franchir la Volga et de
s'installer en 889 entre le Don et le Dniepr ; puis, en 895 de conquérir le royaume
magyar de l'Etelköz.਍ഀ
De manière générale, les Khazars protégèrent Byzance et leurs populations sujettes
contre les expéditions de pillage des Varègues*3, lancées le long des grands
fleuves, et contre les expéditions arabes qui tentaient de contourner la mer
Caspienne.਍ഀ
Les Khazars fondèrent peut-être la ville de Kiev, en Ukraine d'aujourd'hui, et sont
indirectement à l'origine de la fondation de la Moscovie, la Russie actuelle, qui s'est
construite à partir de la Rus' de Kiev à la suite de l'invasion de la Khazarie par les
barbares ruthènes*4 (rusyns) venus du nord.਍ഀ
਍ഀ
Fin de l’Empire khazar ਍ഀ
Les Russ, pillards d'églises, finirent par se convertir au christianisme. Dès lors,
soutenus par l'Église orthodoxe, ils obtinrent la soumission des indigènes slaves,
leurs anciennes victimes, qui prirent le nom de Russes et se retournèrent contre
leurs anciens protecteurs Khazars.਍ഀ
En 965, le prince russe Sviatoslav Ier prit la forteresse de Sarkel : dans les années
qui suivirent, la Russie naissante porta un coup fatal à l’empire des Khazars. Un État
indépendant subsista encore durant quelques décennies jusqu'au début du XIe
siècle. Certains Khazars rejoignirent alors les communautés juives byzantines,
d'autres la Hongrie.਍ഀ
Finalement, la fin de l’Empire khazar s'avéra un mauvais choix politique pour les
Russes: les Khazars, en effet, les avaient protégés contre les Petchenègues*2 qui
nomadisaient au sud de la Russie.਍ഀ
Les Khazars surent bâtir une civilisation évoluée sur les plans technique et politique.
Ils frappaient notamment monnaie et possédaient la technologie du papier, héritée
de leurs voisins chinois. Leur particularisme religieux et la méconnaissance de leur
histoire leur ont valu d’être au centre d'un ensemble de légendes à caractère
ésotérique et de conceptions erronées sur leur civilisation.
Des centaines d’années après son effondrement, nombre de récits et hypothèses
continuent à alimenter l’épopée de ce peuple. Néanmoins, un empire florissant qui
vécut du VIIe au Xe siècle ne peut disparaître totalement sans laisser de traces. À
l’heure actuelle, outre son apport à la culture ashkénaze, la majorité des traces de
cet empire restent liées à l’histoire et à la culture russe et hongroise, grâce
notamment à l'influence des Kabars, nom de trois tribus khazares s'étant allié aux
Magyars au IXe siècle pour conquérir et fonder ce qui allait devenir le royaume de
Hongrie. Dernier vestige significatif de l’existence de la civilisation khazare, la mer
Caspienne est toujours surnommée la "mer des Khazars".

La problématique des Khazars-Ashkénazes


La thèse de l'origine khazare des Ashkénazes
À la fin du VIIIe ou au début du IXe siècle, l'élite khazare, et peut-être une partie de
la population, se serait convertie au judaïsme. L'étendue, voire la réalité, de cette
conversion reste débattue par les historiens, entre ceux qui estiment qu'elle n'a
touché que la cour royale et la noblesse, ceux qui pensent que des segments
importants de la population se sont aussi convertis, et plus récemment ceux qui
contestent toute réalité à ces conversions (voir plus bas).
Il a été proposé par différents auteurs depuis le XIXe siècle que les Juifs d'Europe
de l'Est descendraient entièrement ou partiellement de Khazars ayant migré vers
l'ouest entre le Xe siècle et le XIIe siècle, lors de l'effondrement de l'empire khazar.
En 1883, Ernest Renan écrivait dans Le Judaïsme comme race et religion :
"Les conversions massives à l'époque grecque et romaine enlèvent au judaïsme
toute signification ethnologique, et coupent tout lien physique (mais non pas
spirituel) avec la Palestine […] La plupart des Juifs de Gaule ou d'Italie, sont le
produit de ces conversions. Quant aux Juifs du bassin du Danube, ou du Sud de la
Russie, ils descendent sans doute des Khazars. Ces régions contiennent de
nombreuses populations juives qui probablement n'ont rien à voir, du point de vue
ethnologique, avec les Juifs d'origine."

Controverse historique
Dans l'introduction de son ouvrage L'Étrange Défaite écrit en 1940, l'historien
français Marc Bloch avait déjà affirmé que les Juifs avaient des origines
«méditerranéennes, turco-khazars et slaves». En 1954, le chercheur britannique
Douglas Morton Dunlop publia une Histoire des Juifs khazars qui développait l'idée
d'une connexion khazare, mais qu'il présentait, faute de preuves directes, comme
une simple hypothèse. C'est le livre d'Arthur Koestler, La Treizième Tribu, en 1976,
qui a popularisé auprès du grand public l'idée selon laquelle les Ashkénazes
descendraient des Khazars.
La thèse de l'origine khazare des Juifs ashkénazes a été repoussée par certains
historiens dès la sortie du livre de Koestler, certains affirmant en particulier que cette
thèse ne reposerait sur aucune donnée scientifique ou historiographique et que
Koestler aurait commis de nombreuses erreurs, se trompant sur les étymologies ou
dans l'interprétation des sources. Selon Bernard Lewis:
«Cette théorie […] ne repose sur aucune preuve quelle qu'elle soit. Elle a été
abandonnée depuis longtemps par tous les chercheurs sérieux dans ce domaine, y
compris ceux des pays arabes, où la théorie khazar est peu utilisée en dehors de
polémiques politiques occasionnelles.»
Bien qu'ayant servi à alimenter le discours antisioniste, en visant l'idéologie sioniste
politique dans ses bases, le postulat n'est à l'origine pas orienté idéologiquement et
a d'ailleurs été présentée dans des publications sionistes telle l’Encyclopédie
Mikhlal, un ouvrage scolaire représentatif du courant sioniste en Israël qui note dans
son article consacré aux Khazars:
«[La question de savoir si] la conversion au judaïsme a affecté une grande partie de
la nation khazar n’est pas pertinente ; ce qui est important, c’est le fait que cet
événement ait été considéré comme un phénomène hautement significatif dans
l’histoire juive, un phénomène qui a, depuis, totalement disparu : le judaïsme comme
religion missionnaire… La question de l’impact à long terme de ce chapitre de
l’histoire juive sur les communautés juives d’Europe de l’Est – que ce soit à travers
le développement de leur caractère ethnique, ou d’une autre manière – est un sujet
qui nécessite de plus amples recherches. Néanmoins, bien que nous ne
connaissions pas l’étendue de cette influence, ce qui est clair pour nous aujourd’hui,
c’est que cette conversion a eu un impact.»
La théorie a connu un regain d'intérêt avec la publication du livre Comment le peuple
juif fut inventé de l'historien israélien Shlomo Sand qui reprend les idées de Koestler
pour étayer sa thèse selon laquelle la diaspora juive serait le fruit de conversions
successives. Un autre historien français, Marc Ferro, reprend l'idée d'une origine
khazare et la présente comme l'un des «tabous de l'histoire ». Il explique que bien
des juifs «croient ferme, comme les Juifs d'Europe centrale, qu'ils sont tous
originaires de Palestine: ceux-ci ont oublié qu'une grande partie d'entre eux sont des
convertis de l'époque du royaume khazar». L'écrivain Marek Halter a popularisé
cette thèse dans un roman, Le vent des Khazars.
A contrario, l'hypothèse khazare reste réfutée en des termes assez vifs par d'autres
historiens qui considèrent qu'elle ne concerne qu'une faible partie des communautés
juives d'Europe orientale, en Hongrie, en Ukraine, en Crimée et en Pologne,
particulièrement parmi les Karaïtes*5, ou signalent qu'elle n'est adoptée que par
certains savants.
En 2011, l'historien Moshe Gil, spécialiste des interactions entre juifs et musulmans,
publie une étude détaillée de l'ensemble des sources primaires arabes évoquant, ou
non, une conversion des Khazars au judaïsme; toutes les traditions sur le sujet
découlent de ces sources, les premières et principales à parler des Khazars: aussi
ce corpus séminal revêt-il une importance particulière. Selon Moshe Gil, il n'est pas
possible de fonder sur ces sources la conversion des Khazars au judaïsme. « Cela
n'a jamais eu lieu », conclut-il.

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Marqueurs génétiques
Pour caractériser un chromosome, on utilise des marqueurs génétiques. Il existe
différents types de marqueurs, les plus utilisés sont
les marqueurs SNP (qui définissent la mutation d'une seule base), ils sont utilisés
entre autres pour définir les arbres des filiations de l'humanité. Pour le chromosome
Y, ils prennent le nom de XN où X est un indice définissant le laboratoire ou
l'entreprise ayant découvert le marqueur et N le nième marqueur découvert dans ce
laboratoire. Par exemple M35 est le 35e marqueur SNP découvert par l'Université de
Stanford.
et les marqueurs STR (Short Tandem Notice ou encore microsatellites). Un
chromosome contient des séquences répétées de nucléotides (de paires de bases).
Le nombre de répétitions varie d'une personne à l'autre. Un STR du chromosome Y
est désigné par un nombre DYS (DNA Y-chromosome Segment number). Lorsqu'on
«teste» une personne, on associe au marqueur DYS le nombre de répétitions de la
séquence STR du chromosome de la personne concernée. Ils sont utilisés pour
définir les haplotypes , la résolution de l'haplotype croît avec le nombre de
marqueurs STR.
Pour mettre en évidence ces marqueurs génétiques, on extrait l'ADN et on lui fait
subir différents processus physico-chimiques.

Les haplogroupes et leur classification


En génétique des populations, chaque branche majeure s'appelle haplogroupe et
chaque sous-branche majeure sous-haplogroupe. Le terme haplogroupe ou sous-
haplogroupe n'est pas absolu, il est relatif à l'endroit étudié de l'arbre. La définition
de cet arbre est loin d'être achevée si bien que la dénomination des haplogroupes
change régulièrement. Une branche prend parfois le terme biologique de clade.
La plupart des études utilisent maintenant cet arbre généalogique de l'ADN-Y avec
sa nomenclature associée. Cette nomenclature a été définie une première fois en
2002 par le Y Chromosome Consortium (YCC). Cet arbre comprend 15 haplogoupes
majeurs (A, B, C, D, E, G, H, I, J, L, M, N, O, Q et R). Chaque sous-haplogroupe
associé à son haplogroupe est nommé par le nom de son haplogroupe plus un
numéro de sous-branche (exemple R1). Puis les sous-haplogroupes des sous-
haplogroupes sont nommés avec la dénomination de son haplogroupe parent plus
une lettre minuscule (exemple R1b) et ainsi de suite en alternant lettres et chiffres.

Puisque les marqueurs SNP définissent la mutation d'une base, ils sont
particulièrement bien adaptés pour définir les haplogroupes. Afin d'illustrer ceci
revenons à l'exemple du marqueur SNP M35 correspond à l'haplogroupe E1b1b1b
(pour le savoir il faut consulter l'arbre des filiations paternels de l'humanité). Cet
haplogroupe est particulièrement fréquent dans les populations berbères. Il possède
des sous-haplogroupes définis par d'autres marqueurs SNP.
Cette nomenclature évoluant encore, on associe presque systématiquement le
marqueur SNP caractérisant l'haplogroupe à l'haplogroupe correspondant.
Les lignées paternelles d'une population sont caractérisées par la distribution
d'haplogroupes de l'ADN-Y c'est-à-dire par l'ensemble et la proportion des
haplogroupes que l'on trouve en son sein et par les haplotypes les plus fréquents de
cette population.

Les haplotypes
La signature complète de l'ADN-Y d'un homme s'appelle en théorie haplotype.
Cependant, ce terme est souvent employé abusivement et ne se réfère
généralement qu'à la signature partielle de l'ADN-Y.
Il existe plusieurs façons de caractériser un haplotype mais la façon la plus
largement répandue est l'utilisation des marqueurs STR.
On définit parfois des haplotypes modèles. Un des plus fameux est le CMH (Cohen
Modal Haplotype). Celui-ci est obsolète mais nous l'utilisons pour illustrer le concept.
Il est défini par 6 marqueurs DYS. Si l'on teste l'ADN-Y d'un homme avec ces 6
marqueurs et que le nombre de répétitions de séquences pour chacun des
marqueurs est la suivante alors on dit que cet homme réagit positivement au CMH.

Cohen Modal Haplotype


DYS393        DYS390        DYS19        DYS391        DYS388        DYS392
    12                23              14              10                16                  11
Il était censé définir l'haplotype de tous les Cohen et uniquement des Cohen. Mais
on s'est aperçu que sa résolution n'était pas assez grande et de ce fait un très grand
nombre d'être humains répondaient positivement au test. Un CMH étendu a été
redéfini, il correspond bien uniquement à des Cohen mais à une partie seulement
des Cohen.
Il existe d'autres haplotypes modèles comme l'Atlantic Modal Haplotype (AMH) ou
haplotype 15 qui est porté par une très grande majorité d'hommes habitant l'ouest de
l'Europe. Il y a parfois un accord entre un haplotype et un haplogroupe. C'est le cas
du AMH qui n'est porté que par l'haplogroupe R1b et particulièrement par le sous-
haplogroupe R1b1b2.

Études génétiques sur les Juifs

Les études génétiques sur les Juifs s'inscrivent dans le cadre de la génétique des
populations. L'intérêt de ces études est d'essayer de mieux appréhender l'origine
des différentes populations juives d'aujourd'hui. En particulier, elles tentent de
déterminer si elles sont issues du Moyen-Orient ou non. D'autre part, elles cherchent
à savoir s'il existe un patrimoine génétique commun aux différentes populations
juives.
Ces études montrent les lignées variées des populations juives modernes. Toutefois,
la plupart de ces populations ont un patrimoine génétique paternel commun qui
remonte à une population ancienne dont les membres se séparèrent et suivirent une
évolution différente. Ces découvertes font remonter des lignées paternelles des Juifs
à des ancêtres issus du Moyen-Orient. Si elles ne sont pas en contradiction avec les
traditions juives qui situent l'origine du peuple juif dans des populations hébraïques
qui se sont installées au Pays de Canaan, elles dessinent une aire géographique
d'origine plus large que ces traditions.
Les lignées maternelles sont globalement plus hétérogènes. Elles présentent
souvent une particularité originale qui est le phénomène des fondatrices. Dans un
grand nombre de communautés, un nombre limité de femmes est à l'origine d'une
grande partie de ces communautés. La plupart du temps, l'origine de ces fondatrices
est inconnue ou contestée.
Les études réalisées sur un très grand nombre de gènes (non sexués) montrent que
juifs ashkénazes, séfarades (Grèce, Turquie), marocains, syriens et moyen-
orientaux (Iran, Irak) font partie d'un groupe génétique commun ayant des origines
au Moyen-Orient. Ce groupe est divisé en deux sous-groupes, les juifs ashkénazes-
séfarades-marocains-syriens d'une part et les juifs moyen-orientaux d'autre part. La
différence entre ces deux sous-groupes est l'apport génétique sud-européen (en
particulier italien) plus ou moins important dans le premier et l'apport génétique
moyen-oriental dans le second.

Introduction

Il faut rappeler avant toute chose que les Juifs ne se sont jamais définis en tant que
race. Les conversions ont toujours existé et ont parfois même été encouragées. Par
ailleurs, compte tenu de leur histoire et en particulier de la Shoah, il peut paraître
choquant de tenter d'étudier la génétique des populations juives. De plus, certains
historiens ont souligné le caractère idéologique que pouvaient prendre certaines
études. Ainsi l'historien Shlomo Sand, qui affirme que la génétique en Israël était
déjà, dans les années 1950, une « science biaisée entièrement dépendante d'une
conception historique nationale qui s'efforçait de trouver une homogénéité historique
nationale au sein des Juifs dans le monde», considère, à propos de ces récentes
études génétiques, que «l'information sur le mode de sélection des éléments
observés est ténue et de nature à éveiller des doutes importants. Ce, d'autant plus
que les conclusions précipitées sont toujours construites et renforcées au moyen
d'une rhétorique dénuée de tout lien avec le laboratoire scientifique». Enfin, le
biologiste Alain F. Corcos, dans son livre The Myth of the Jewish Race: A Biologist's
Point of View, rappelle qu'il aurait été utile d'extraire l'ADN d'anciens squelettes et de
le comparer à l'ADN de non-Juifs pour avoir une interprétation définitive des
données issues de la génétique des populations.
Les études sur la génétique des populations humaines et en particulier celles sur les
Juifs existent et sont nombreuses. Elles sont réalisées, malgré tout, dans un
contexte scientifique standard avec publications dans des revues à comité de
lecture, elles sont reproductibles et subissent un débat contradictoire et ouvert. Ces
études ont intéressé des équipes de nationalités larges : française, israélienne,
américaine, britannique, italienne et espagnole. Il serait donc dommage de ne pas
en faire part bien que du point de vue du judaïsme ces études n'aient pas lieu d'être.
Elles cherchent à déterminer si malgré l'histoire complexe des migrations, il est
possible de trouver des ancêtres communs aux communautés juives actuelles ou si
celles-ci sont plutôt liées aux populations non juives où elles ont été accueillies.
Depuis les années 1970 de nombreuses études ont tenté de répondre à cette
question à l'aide des marqueurs génétiques « classiques » (groupes sanguins,
enzymes, etc.). Des réponses contradictoires ont été données en fonction des locus
utilisés. Une des explications de ces contradictions est que les variations associées
à un locus sont influencées par la sélection naturelle.
Depuis la fin des années 1980 et surtout depuis le début du XXIe siècle, les
généticiens ont travaillé sur le chromosome Y (transmis du géniteur aux
descendants masculins) et sur l'ADN mitochondrial (transmis de la génitrice aux
descendants masculins et féminins) qui ont la particularité d'être transmis
intégralement (hors mutation). Il est donc possible de remonter aux ancêtres
communs des différentes populations du globe et en particulier de celles des
populations juives. Par ailleurs, de très récentes études ont été réalisées sur un très
grand nombre de gènes des chromosomes homologues ou autosomes (tous les
chromosomes à l'exclusion des chromosomes X et Y).
À une exception près, ces études ne tentent pas de déterminer un quelconque gène
juif. Au cours d'un congrès scientifique en 2003 aux États-Unis, le biologiste juif
américain Robert Pollack de l'université Columbia et plusieurs scientifiques ont
clairement réfuté le fait que l'on puisse déterminer biologiquement la «judéité» d'un
individu puisqu'il n'existe tout simplement pas de séquences ADN qui soient
présentes chez les Juifs et absentes chez les non-Juifs.
Il peut sembler paradoxal, de prime abord, de dire d'une part qu'il n'y a pas de gène
juif, et d'autre part qu'un certain nombre de communautés juives dans le monde ont
une origine génétique commune. Cela provient du fait que la génétique des
populations ne s'intéresse pas aux individus mais consiste en études statistiques qui
cherchent à déterminer, par exemple, le pourcentage de «gènes» (ou plus
exactement d'haplogroupes) communs entre deux populations.

Lignée paternelle : l'ADN du chromosome Y


Les premiers à avoir montré l'existence d'un patrimoine génétique paternel commun
entre les Juifs séfarades et ashkénazes sont G. Lucotte et F. David en 1992. A. S.
Santachiara Benerecetti et ses collègues ont suggéré, en 1993, l'origine proche-
orientale de lignées paternelles des Juifs. En 2000, M. Hammer et ses collègues ont
réalisé une étude sur plus de mille hommes qui a définitivement établi qu'une partie
du «patrimoine génétique paternel des communautés juives d'Europe, d'Afrique du
Nord et du Moyen-Orient était issue d'une population ancestrale moyen-orientale
commune» et suggérait que «la plupart des communautés juives étaient restées
relativement isolées des communautés non-juives voisines durant leur vie en
diaspora».
Selon A. Nebel et ses collègues, plus de 70 % des hommes juifs et la moitié des
hommes arabes (habitant seulement Israël ou les territoires palestiniens) dont l'ADN
a été étudié, ont hérité leurs chromosomes Y des mêmes ancêtres paternels qui
vivaient dans la région il y a quelques milliers d'années.
Environ 30 % à 40 % des Juifs possèdent l'haplogroupe J et ses sous-haplogroupes.
Cet Haplogroupe est particulièrement présent au Moyen-Orient ainsi que sur les
rives Sud et Est de la Méditerranée. Par ailleurs, 15 à 30 % possèdent l'haplogroupe
E1b1b (ou E-M35) et ses sous-haplogroupes.

ADN-Y des Juifs ashkénazes


Le terme «ashkénaze» est relativement bien défini dans ces études, il se réfère aux
Juifs vivants ou dont les ancêtres «paternels» ont habité dans les régions d'Europe
suivantes : vallée du Rhin en France, Allemagne, Hollande, Autriche, Hongrie, ex-
Tchécoslovaquie, Biélorussie, Lituanie, Pologne, Roumanie, Russie et Ukraine. Sont
donc exclus les Juifs du sud de l'Europe (Balkans, péninsule Ibérique et Italie).
Toutes les études ont montré qu'il existait un patrimoine génétique paternel commun
entre les Ashkénazes et les autres communautés juives et que ce patrimoine
provenait du Moyen-Orient. Cependant elles se sont aussi penchées sur l'apport
génétique européen parmi cette population.
Pour M. Hammer et ses collègues en 2000, la contribution génétique européenne
globale est estimée entre 16 et 30 % (avec une hypothèse moyenne de 23 %). De
plus, les auteurs montrent une forte similitude avec les populations grecques et
turques non juives.
Par ailleurs, compte tenu que l'haplogroupe R1b1 est particulièrement abondant
chez les populations de l'ouest de l'Europe, les études de Nebel et Behar suggèrent
un apport d'environ 10 % de lignée ouest-européenne chez les Ashkénazes. Pour G.
Lucotte et ses collègues, l'apport ouest-européen est de l'ordre de 11 %. En 2004,
dans la plus importante étude réalisée sur les Juifs ashkénazes, Doron Behar et ses
collègues donnent un pourcentage d'apport européen de 8,1 % ± 11,4 %. Lorsque le
calcul est réalisé en excluant les juifs hollandais la contribution est de 5 à± 11 %.
Deux études de A. Nebel et ses collègues (en 2001 et 2005) indiquent qu'il existe
une fréquence élevée (12,7 %) de l'haplogroupe R1a1 chez les Ashkénazes qui est
très fréquent dans les populations de l'est de l'Europe (entre 54 et 60 %). Les
auteurs suggèrent que ces chromosomes pourraient rendre compte d'une
contribution génétique provenant des populations est-européennes et qu'en
particulier environ 12 % du patrimoine génétique paternel des Juifs ashkénazes
pourrait provenir des Khazars. Cette hypothèse est aussi soutenue par D. Goldstein
dans son livre Jacob's legacy: A genetic view of jewish history. À l'inverse, Marina
Faerman estime que «l'apport génétique extérieur de populations d'Europe de l'Est
est possible chez les Ashkénazes, mais aucune preuve de la contribution d'un
hypothétique apport Khazars n'a été montré».
Par ailleurs, 7 % des Ju ifs ashkénazes possèdent l'haplogroupe G2c qui est
extrêmement rare dans le reste de la population humaine. Il semble qu'il soit présent
dans un faible pourcentage chez les Pachtounes en Afghanistan mais l'origine de cet
haplogroupe est inconnue. L'haplogroupe Q1b (M378) est également rare dans le
reste de la population humaine. On le trouve en faible pourcentage au Pakistan chez
les Hazara et les Sindhi, parmi les Ouigours au Turkestan chinois et en Asie centrale
mais aussi en Irak.
Parmi les Juifs ashkénazes, les Juifs hollandais semblent avoir une distribution
d'haplogroupes particulière puisqu'ils possèdent près d'un quart d'haplogroupe R1b1
(R-P25) caractéristiques des populations de l'Ouest de l'Europe en particulier le
sous-haplogroupe R1b1b2 (M269).
Ainsi, le patrimoine génétique paternel des juifs ashkénazes a une base moyen-
orientale avec des contributions significatives des populations de l'Ouest et de l'Est
de l'Europe ainsi que des origines indéterminées.

ADN-Y des Juifs séfarades


Le terme séfarade désigne des populations significativement différentes d'une étude
à l'autre. Il peut avoir un sens très restrictif en ne faisant référence qu'aux
populations parlant le judéo-espagnol (à l'exclusion des Juifs marocains) ou à
l'opposé le terme séfarade peut désigner l'ensemble des populations juives non-
ashkénazes (à l'exclusion des juifs d'Éthiopie, du Yémen et des Juifs kurdes). Entre
ces deux extrêmes, toutes sortes de variantes existent.
Les investigations faites par Nebel et ses collègues sur les relations génétiques
entre les Juifs ashkénazes, kurdes et séfarades (Afrique du Nord, Turquie, péninsule
Ibérique, Irak et Syrie) indiquent que les Juifs sont plus proches génétiquement des
groupes du nord du croissant fertile (Kurdes, Turcs et Arméniens) que de leur voisins
arabes. Il faut toutefois remarquer que seul un très petit échantillon de 78 individus a
été étudié (dont 37 Juifs nord-africains, principalement du Maroc).਍ഀ
ADN-Y des Juifs d'Afrique du Nord.਍ഀ
L'étude la plus importante à ce jour sur les Juifs d'Afrique du Nord a été menée par
Gérard Lucotte et ses collègues en 2003. Cette étude a montré que les Juifs
d'Afrique du Nord présentaient des fréquences de leurs haplotypes paternels
quasiment identiques à celles des Libanais et des Palestiniens non juifs.਍ഀ
Les auteurs ont aussi comparé la distribution des haplotypes des juifs d'Afrique du
Nord avec celle des Juifs ashkénazes et celle des juifs orientaux et ont constaté un
patrimoine commun mais aussi des différences significatives, notamment la
présence de deux haplotype qui sont majoritairement trouvés en Afrique chez les
premiers. L'haplotype V a une proportion de 18,6 % chez les juifs d'Afrique du nord.
Les auteurs soulignent que cet Haplotype apparait dans des proportions
comparables chez les Palestiniens (15,9 %) et les Libanais (16,7 %). L'haplotype IV,
que l'on trouve principalement en Afrique sub-saharienne, a une proportion de 8,4 %
chez les juifs d'Afrique du Nord mais est absent chez les juifs Ashkénazes.਍ഀ
La communauté juive de l'ile de Djerba en Tunisie suscite un intérêt particulier, la
tradition la faisant remonter à l'époque de la destruction du premier temple. Deux
études ont tenté de vérifier cette hypothèse la première de G. Lucotte et ses
collègues date de 1993, la seconde de F. Manni et ses collègues date de 2005. Elles
concluent également que le patrimoine génétique paternel des Juifs de Djerba est
différent de celui des Arabes et des Berbères de cette île. Pour la première 77,5 %
des échantillons testés sont de l'haplotype VIII (probablement similaire à
l'haplogroupe J selon Lucotte), la seconde montre que 100 % des échantillons sont
de l'Haplogroupe J. La seconde suggère qu'il est peu vraisemblable que la majorité
de cette communauté provienne d'une colonisation ancienne de l'Ile alors que pour
Lucotte il est difficile de déterminer si cette fréquence élevée représente réellement
une relation ancestrale.਍ഀ
Ces études suggèrent donc que le patrimoine génétique paternel des juifs d'Afrique
du Nord provient majoritairement du Moyen-Orient avec une contribution africaine,
probablement berbère, minoritaire mais significative.਍ഀ
਍ഀ
ADN-Y des Juifs portugais਍ഀ
Une étude récente de Inês Nogueiro et ses collègues (juillet 2009) sur les Juifs du
nord-est du Portugal (région de Trás-os-Montes) a montré que leur lignées
paternelles se composaient de 35,2 % de lignées européennes (R : 31,7 %, I : 3,5
%), de 37 % de lignées proche-orientales (J1 : 12 %, J2-M172 : 25 %), et qu'en
conséquence, les Juifs portugais de cette région étaient génétiquement plus proches
des autres populations juives que des Portugais non-juifs.਍ഀ
N E-M78 E-M81 E-M34 G I J1 J2 T R1a R1b1b1
R1b1b1b2਍ഀ
57 3,5 % 5,2 % 0 % 3,5 % 3,5 % 12,3 % 24,5 % 15,8 %
1,8 % 1,8 % 28,1 %਍ഀ
਍ഀ
ADN-Y des Juifs orientaux਍ഀ
Par ailleurs, Lucotte et ses collègues montrent que les juifs orientaux (Turquie,
Grèce, Irak, Iran et Syrie) comportent une distribution d'haplotypes comparable mais
avec des différences significatives à celle des Libanais et des Palestiniens non-
juifs.਍ഀ
਍ഀ
ADN-Y des Juifs romains਍ഀ
Les Juifs romains sont comme leur nom l'indique des juifs se désignant comme
originaires de Rome en Italie. M. Hammer et ses collègues montrent que leurs
lignées paternelles sont proches de celles des juifs ashkénazes.਍ഀ
਍ഀ
ADN-Y des Juifs kurdes਍ഀ
Dans l'article de Nebel et ses collègues les auteurs montrent que les Juifs kurdes et
séfarades ont des patrimoines génétiques paternels non différentiables. L'étude
indique que les mélanges entre les Juifs kurdes et leurs hôtes musulmans sont
négligeables. M. Hammer avait déjà montré la très forte corrélation entre le
patrimoine génétique des juifs d'Afrique du Nord avec leur coreligionnaires
kurdes.਍ഀ
਍ഀ
ADN-Y des Juifs du Yémen਍ഀ
Les études de Shen et de Hammer et de leur collègues montrent que le patrimoine
génétique paternel des Juifs du Yémen est similaire à celui des autres populations
juives.਍ഀ
.਍ഀ
ADN-Y des Juifs d'Éthiopie਍ഀ
Une étude de Lucotte et Smets a montré que le patrimoine génétique paternel des
Beta Israël (Juifs d'Éthiopie) était proche des populations éthiopiennes non juives.
Ceci est cohérent avec le fait que les Beta Israël descendent des anciens habitants
d'Éthiopie et non du Moyen-Orient.਍ഀ
Hammer et ses collègues en 2000, ainsi que l'équipe de Shen en 2004 arrivent aux
mêmes conclusions, à savoir un patrimoine génétique non différentiable des autres
populations du nord de l'Éthiopie, ce qui indique probablement une conversion de
populations locales.਍ഀ
਍ഀ
Les Lembas਍ഀ
Les Lembas sont des clans dispersés parmi les tribus de langue bantoue au
Zimbabwe et au nord de l'Afrique du Sud. La tradition orale fait remonter l'origine des
Lembas aux juifs de Saana au Yémen. Certaines pratiques rappellent des pratiques
juives (circoncision, loi alimentaire…). Deux études ont tenté de déterminer l'origine
paternelle de ces tribus. La première réalisée par A. Spurdle et T. Jenkins date de
1996 et suggère que plus de la moitié des Lembas testés sont d'origine sémite. La
seconde étude de Mark G. Thomas et ses collègues date de 2000 et suggère aussi
qu'une partie des Lembas ont une origine sémite qui peut provenir d'un mélange de
populations arabes et juives. De plus, les auteurs montrent qu'un des clans lembas
(le clan Buba) possède une grande proportion de l'ancien CMH.਍ഀ
਍ഀ
Habitants de la péninsule ibérique਍ഀ
D'après une étude de Adams de 2008 les habitants de la péninsule ibérique auraient
en moyenne 20 % d'ancêtres Juifs séfarades avec des variations géographiques
importantes allant de 0 % à Minorque à 36,3 % dans le Sud du Portugal (le terme
séfarade est ici pris dans son sens strict à savoir les Juifs établis dans la péninsule
Ibérique avant leur expulsion en 1492). Cette origine pourrait aussi, selon les
auteurs, être d'origine néolithique.਍ഀ
਍ഀ
--------------------------------------------------------------------------------------਍ഀ
Le cas des familles sacerdotales

Étude sur les Cohanim


Le Dr Karl Skorecki, un néphrologue canadien d'origine ashkénaze, a remarqué
qu'un homme séfarade qui était un Cohen comme lui avait des caractéristiques
physiques complètement différentes. Selon la tradition juive, tous les Cohanim sont
les descendants du prêtre Aaron, frère de Moïse. Skorecki a suggéré que si les
Cohanim étaient effectivement les descendants d'un seul homme, ils devaient avoir
un ensemble de marqueurs génétiques communs.
Pour vérifier cette hypothèse, il a contacté le professeur Michael Hammer, de
l'Université de l'Arizona, un chercheur en génétique moléculaire et un pionnier dans
la recherche sur le chromosome. Leur article, publié dans Nature en 1997, a eu un
certain retentissement. Un ensemble de marqueurs particuliers (appelé Cohen
Modal Haplotype ou CMH) était en effet plus susceptible d'être plus présent chez les
Cohanim, des Juifs contemporains portant le nom de Cohen ou un dérivé, et de ce
fait supposés descendre de l'ancienne lignée sacerdotale, que dans la population
juive en général. Une origine commune avait été strictement préservée pendant des
milliers d'années.
Cependant, des études ultérieures ont montré que le nombre de marqueurs
génétiques utilisés et le nombre d'échantillons (de personnes se disant Cohen)
n'étaient pas assez étendus. La dernière de ces études réalisée en 2009 par
Hammer et Behar et leurs collègues indique qu'il n'existe pas un seul haplogroupe
commun à tous les Cohen mais 21 et que 79,5 % des haplogroupes des Cohen
proviennent de 5 haplogroupes. Parmi ces cinq haplogroupes le premier (J-P58 ou
J1e) tient compte de 46,1 % des Cohen et le second (J-M410 ou J2a) de 14,4 %.
Hammer et Behar ont redéfini un CMH étendu comme étant l'haplotype déterminé
par un ensemble de 12 marqueurs et ayant comme «arrière-plan» l'haplogroupe
déterminant la plus importante des lignées J1e (46,1 %). Cet haplotype est absent
chez les 2099 non-juifs analysés dans l'étude. Il serait apparu il y a 3000 +/- 1000
ans. Cette dernière étude confirme tout de même que les Cohen actuels
descendraient d'un nombre restreint d'ancêtres paternels.

l'Y- Aaron-chromosomique est le nom donné au plus récent ancêtre commun


hypothétique d'un grand nombre d'individus de la caste sacerdotale juive
patrilinéaire connue comme Cohanim (singulier "Kohen", "Cohen", ou Kohane).
Dans la Torah, cet ancêtre est identifié comme Aaron, le frère de Moïse. ਍ഀ
Cette dénomination de "Y - Aaron chromosomique" a été donnée par analogie avec
l'Y - Adam chromosomique .਍ഀ
La recherche scientifique initiale s'est basée sur le fait qu'une majorité des juifs
Cohanim actuels ont des valeurs similiaires ou toutes proches sur 6 marqueurs STR
du chromosome Y. Les chercheurs avaient nommé ce modèle d'haplotype le Cohen
Modal haplotype (CMH) . Cependant, il est assez vite devenu apparent que ce
modèle / test de six marqueurs repondait positivement et était également très
répandu parmi de nombreuses autres populations partageant l'haplogroupe J. Ces
six seuls marqueurs du CMH n'étaient donc pas spécifiques qu'aux Cohen , ni même
seulement qu'à des populations juives.਍ഀ
Une étude plus récente, en utilisant un plus grand nombre de marqueurs Y-STR (afin
d'obtenir une résolution plus élevée et plus spécifique des signatures génétiques), a
montré qu'environ la moitié des Cohanim juifs contemporains partagent le sous-
haplogroupe (du chromosome Y) J1c3 (aussi appelé J-P58), et semblent ainsi être
étroitement liés. Un autre groupe distinct d'environ 15% des Cohanim se classent
eux dans haplogroupe J2a (J-M410) et partagent une ascendance différente mais
également liée. Un certain nombre d'autres lignages plus restreints ont également
été repérés mais un seul de ces haplogroupes pourrait revendiquer l'ascendance
réélle avec l'Y - Aaron - chromosomique et il se trouvera probablement parmi les
sous-haplogroupes Cohen J1-P58 ou J2a. Ceci pourra se confirmer ou infirmer
lorsqu'auront été testés plus amplement des populations parmi les différentes
communautés séfarades et ashkénazes réparties sur le globe.਍ഀ
਍ഀ
Contexte:਍ഀ
Bien que l'appartenance à la communauté juive a, depuis au moins le deuxième
siècle avant notre ère, été léguée par la mère, il existe dans cette communauté juive
une lignée spécifique, celle des Cohen (plur. cohanim, litt. «dédié, dévoué») qui est
initialement et d'après la Torah et la Bible hébraïque, un titre conféré à Aaron, le frère
de Moïse de la tribu de Lévi, et à sa descendance masculine, afin de les désigner
comme «dévoués» (sens originel de) au service du Temple de Jérusalem. Il
s'agissait donc des membres du clergé hébreu, qui réalisaient les sacrifices et autres
services dans le Temple, sous l'autorité du cohen gadol («grand prêtre») ou de son
assistant, le cohen gahak. Le premier cohen gadol fut Aaron lui-même. Le cohen
gadol tenait un rôle particulier, notamment dans l'office de Yom Kippour.਍ഀ
Depuis la destruction du Temple, le nom a continué à se transmettre de père en fils.
Les cohanim continuent à jouir d'un statut personnel distinctif dans le judaïsme, et
sont astreints à des règles et lois particulières, du moins dans les communautés
orthodoxes.਍ഀ
Après l'instauration de la lecture de la Torah dans les synagogues, le terme de
cohen a continué à désigner dans le judaïsme orthodoxe, le statut de la première
«montée» à la Torah, qui revient symboliquement aux cohanim, en remplacement
des anciens sacrifices.਍ഀ
਍ഀ
Les tests ADN viennent en aide aux chercheurs afin de tracer plus clairement les
différentes lignées existantes parmi les populations juives modernes, y compris
parmi les familles Cohen contemporaines , et à tenter d'identifier les origines de ces
groupes et des différents apports qu'ils ont pu recevoir au cours des temps, c'est à
dire repérer (s'ils sont observables) les mélanges génétiques et la dérive génétique
qui ont pu opérer sur ces populations .਍ഀ
Pour les êtres humains, le nombre normal de chromosomes est de 46, dont 23 sont
hérités de chaque parent. Deux chromosomes, les chromosomes X et Y, déterminent
le sexe . Les femmes ont deux chromosomes X, l'un hérité de leur mère, l'autre
hérité de leur père . Les hommes ont un chromosome X hérité de leur mère , et un
chromosome Y hérité de leur père .਍ഀ
Les hommes qui partagent un ancêtre patrilinéaire commun partagent également un
même chromosome Y, chromosome divergeant toutefois en fonction de ce qu'on
appèle les mutations ou erreurs de recopiages accumulées au cours du temps et en
certains endroits spécifiques (les locus) du chromosome. ਍ഀ
Ainsi, comme les chromosomes Y sont transmis uniquement de père en fils et
comme le taux d'accumulation des mutations est relativement constant tous les
Cohanim mâles ont théoriquement des chromosomes Y presque identiques et les
scientifiques grâce aux tests d'ADN peuvent estimer le temps écoulé pour que deux
hommes (parmi les Cohen) remontent à un ancêtre commun    (Voir horloge
moléculaire ). Il faut toutefois noter que le lignage Samaritain M267 diffère du
classique haplotype Cohen en DYS391 , qui porte 11 plutôt que 10 répétitions., et
appartient à un haplogroupe complètement différent , celui de "J1" . Les Cohanim
Samaritains descendent donc d'une lignée patrilinéaire différente appartennant à
haplogroupe E1b1b1a ( M78 ) (anciennement E3b1a ) .਍ഀ
- Les Samaritains sont une population ancienne du nord de la Palestine historique,
où ils sont historiquement bien identifiés depuis au moins le quatrième siècle avant
Jésus-Christ. Ils se définissent comme étant les descendants des tribus d'Ephraïm et
de Manassé (deux tribus issues de la Tribu de Joseph) vivant dans le royaume de
Samarie avant sa destruction en -722. Pour eux, les Juifs ne sont que les
descendants des Israélites de l'ancien royaume sudiste de Juda (ou de
Jérusalem).਍ഀ
Une étude de Peidond Shen et de ses collègues en 2004 a comparé l'ADN-Y et
l'ADN-mt de 12 hommes Samaritains avec ceux de 158 hommes non Samaritains,
répartis entre 6 populations juives (d'origines ashkénaze, marocaine, libyenne,
éthiopienne, irakienne et yéménite) et 2 populations non-juives israéliennes (druzes
et arabes). L'étude conclut que des ressemblances significatives existent entre les
lignées paternelles des Juifs et des Samaritains, mais que les lignées maternelles
diffèrent entre les deux populations.-਍ഀ
਍ഀ
਍ഀ
਍ഀ
Les études génétiques sur les populations Juives਍ഀ
਍ഀ
L'hypothèse d'une lignée spécifique des Cohen a été émise par le Professeur Karl
Skorecki et ses collaborateurs de Haïfa, en Israël , en 1997 . Dans leur étude    " Le
chromosome Y de prêtres juifs" publiée dans la revue Nature, ils constataient que
les Cohanim semblaient partager des valeurs différentes par rapport au reste de la
population juive pour les deux marqueurs du chromosome Y testés (YAP et DYS19),
et que ces valeurs semblaient équitablement distribuées parmi les deux
communautés séfarades et ashkénazes de Cohen , pointant ainsi vers un    ancêtre
Cohen    commun à toute la population juive vivant probablement à l'époque de
l'empire romain avant l'époque de la diaspora. Cependant, cette étude indiquait
également que seulement 48% des Cohanim ashkénazes et 58% des Cohanim
séfarades répondaient au J1 Cohen Modal haplotype .਍ഀ
Dans une étude ultérieure, l'année suivante ( Thomas MG , 1998), l'équipe portait le
nombre de marqueurs Y -STR testés à six , et augmentait sensiblement le nombre
de marqueurs SNP testés . Encore une fois, ils constataient qu'une différence nette
était observable entre la population Cohanim et la population juive globale, avec des
résultats et valeurs des marqueurs STR    identiques pour tous les Cohen qu'ils
désignèrent alors comme le "Cohen Modal haplotype".਍ഀ
਍ഀ
Ces données montraient également que les Cohanim étaient deux fois plus
susceptibles d'appartenir à l'haplogroupe J qu'un    quelconque autre Juif non -
Cohen    et que parmi tous les individus testés appartennant à l'haplogroupe J , les
Cohanim étaient deux fois plus susceptibles d'avoir les valeurs (exactes ou aux
alentours)    des 6 marqueurs STR correspondant au CMH, ce qui suggèrait
l'existence d'un ancêtre commun plus récent pour la plupart d'entre eux par rapport à
un Juif moyen non - Cohen de l'haplogroupe J.਍ഀ
Une étude ultérieure publiée en 2009 trouvait de nouveaux marqueurs et une
meilleure définition pour la variante J1E (actuellemnt J1c3 , également appelé J -
P58) . Cette étude démontrait que 46,1% des Cohanim étaient porteurs du
chromosome Y appartenant à une lignée paternelle spécifique (J - P58) ayant son
origine au Proche-Orient bien avant la dispersion des groupes juifs de la diaspora.
Un fort soutien en faveur d'une origine proche-orientale de cette lignée venait de sa
haute fréquence dans des échantillon de bédouins , Yéménites (67 %)    et de
Jordaniens (55%) et la chute brutale de cette fréquence dès lors que l'on s'éloignait
de l'Arabie saoudite et du Proche-Orient. Il existe, en outre, un contraste frappant
entre la fréquence relativement élevée de J-58 dans les populations juives (20 %) et
Cohanim (46 %) et sa fréquence infiniment faible dans des échantillons de
populations non-juives ayant accueilli des communautés de la diaspora juive en
dehors du Proche-Orient.਍ഀ
Thomas et son équipe datèrent l'origine de cet ADN commun à environ 3000 ans (en
variant différentes longueurs de générations ). Les techniques utilisées pour trouver
l'Y-chromosome Aaron furent celles popularisés par la recherche de l'ancêtre
patrilinéaire de tous les êtres humains actuels, l'Adam Y- chromosomique .਍ഀ
਍ഀ
-------------Réponses
La découverte a conduit à l'excitation dans les milieux religieux , avec un peu de le
voir que pour fournir des «preuves» de la véracité historique d'une partie de la Bible
ou d'autres convictions religieuses . Il a également été critique que la preuve de
papier était surestimée.
Les données de Behar de 2003 portent sur la répartition de l'haplogroupe
ashkénazes Cohen (AC) et séfarades Cohen (SC) dans son ensemble:

La répartition détaillée du marqueur-6 haplotype suggère qu'au moins certains de


ces groupes (par exemple E3b, R1b) contiennent plus d'une lignée distincte Cohen.
Il est possible que peuvent également exister d'autres lignées, mais qui n'ont pas été
capturées dans cet échantillon.---------------

Does a CMH prove Cohen ancestry?

One source of early confusion was a widespread popular notion that only Cohens or
only Jews could have the Cohen Modal Haplotype. It is now clear that this is not the
case. The Cohen Modal Haplotype (CMH), whilst notably frequent amongst Cohens,
is also far from unusual in the general populations of haplogroups J1 and J2 with no
particular link to the Cohen ancestry. These haplogroups occur widely throughout the
Middle East and beyond.[9][10] Thus, while many Cohens have haplotypes close to
the CMH, a greater number of such haplotypes worldwide belong to people with no
likely[clarification needed] Cohen connection at all.
Higher resolution

Principal components analysis scatterplot of Y-STR haplotypes from Haplogroup J,


calculated using 6 STRs. With only six Y-STRs, it is not possible to resolve the
different subgroups of Hg J.

Principal components analysis scatterplot of Y-STR haplotypes from Haplogroup J,


calculated using 37 STRs. With 37 Y-STR markers, clearly distinct STR clusters can
be resolved, matching the distinct J1, J2 and J2b subgroups. The haplotypes often
associated with Cohen lineages in each group are highlighted as J1 C37 and J2
C37, respectively.
The discussion above applies to the published scientific papers. In principle,
additional resolution could be obtained by determining the Cohen haplogroup more
narrowly, and/or testing more Y-STR markers to determine whether there is an
extended characteristic Cohen haplotype.
Haplogroup placement
The largest population of Kohanim which most closely match the 6-marker CMH
cluster are believed to belong to subgroup J1 of haplogroup J, thus often identified
as Y-Aaron.[11][12] [13] Nevertheless, various opinions exist about which
Haplogroup the direct descendants of Y-chromosomal Aaron belong to.
Note, some lineages of subgroup J2 also, coincidentally, developed a similar set of
genetic markers corresponding to the Cohen Modal Haplotype. Low frequencies of
individuals with these lineages even exist among Jewish Kohanim, albeit they do not
descend from Y-Aaron.
The subdivision of J2 which most closely matches the genetic signature of the J1
Cohens is subclade J2a4b (M67), a large fraction of members of which will also have
a 6/6 match for the 6-marker CMH. However, this is an example of haplotype
convergence: Basically the haplotype "distribution" within one lineage (Haplogroup)
overlaps with the haplotype "distribution" of another lineage – it is like overlapping
branches from two different trees. The more likely reason for the match is
convergence (coincidence) or sharing a common haplotype in the same lineage
(Haplogroup). Convergence: Mutation is a random process and over thousands of
years can occur in different lines so that by coincidence, different "lines" end up with
"matching" haplotypes. This accidental agreement is called convergence of different
genetic lines, which it is believed have been not been closely related for at least the
last 10,000 years; the group in J2a4b (M67) who have the 6-marker CMH are devoid
of any Cohen traditions in their families.[14]਍ഀ
On the other hand, there are families in Haplogroup J2 who do have a Cohen
religious tradition (as there are in several other haplogroups, including Haplogroup
R1b). The haplotypes of these Haplotype J2 Kohanim cluster under J2a4h (L24), not
the J2a4b (M67) clade.[14] These J2 Kohanim typically have a 4/6 match for the 6-
marker CMH (with DYS19=15 rather than 14, and DYS388=15 rather than 16). The
J2 Cohens do not match the 12-marker J1-extended CMH. The important difference
is the two SNP mutations, M172 and M267. These mutations are believed to be at
least 10–15,000 years old; but they are equal co-inheritors of a patrilineal tradition
which appears to date back well before the Diaspora.[citation needed]਍ഀ
As it happens, three of the four markers for which they do match the CMH-6 were
the markers tested by Malaspina et al. (2001).[15] This appears to explain the finding
of that paper that "typing a limited number of Italian Cohanim (A. Novelletto
unpublished obs.) for the STRs used here, we determined that the Cohen Modal
Haplotype ('an important component in the sharing of Ashkenazic and Sephardic
Israelite Y chromosomes', Thomas et al. 2000) does indeed belong to network 1.2"
(i.e. the population having DYS413a,b<=18, which is the signature of the J2a4
subclades).਍ഀ
More detailed Cohen haplotypes[edit]਍ഀ
਍ഀ
This section possibly contains original research. Please improve it by verifying the
claims made and adding inline citations. Statements consisting only of original
research may be removed. (March 2009)਍ഀ
In the table below, the first line gives the original 6 marker Cohen Modal Haplotype
(CMH-6), which was the basis for the original published papers. The second gives an
extended 12 marker haplotype (CMH-12) informally released by the private company
Family Tree DNA (FTDNA), based on further work by much of the same research
team. It has not yet been peer group reviewed by other scientists or published in the
open technical literature.਍ഀ
The next sequence of rows identify other 6-marker haplotypes in haplogroup J found
to occur more than once in the sample of 145 Kohanim tested in Behar et al. (2003)
[4] (table B (web-only) in that paper). Probable extensions of these haplotypes to 12
markers are shown, where it has been possible to find corresponding clusters of
Cohen-type names in publicly accessible DNA databases, together with the apparent
sub-clade of haplogroup J. This is more possible for the apparently Ashkenazi
clusters than for Sephardim, who are much less strongly represented in the
databases.਍ഀ
Finally, for comparison, the 12-marker modal haplotypes for the haplogroups J1 and
J2 are also shown. It is apparent that in both cases, their haplotype clusters are also
centred very close to the Cohen modal haplotype. However, because of the much
greater time that has elapsed since the mutations occurred that define the
haplogroups, there has been much more time for Y-STR mutations to build up; so,
although they have almost the same centre as the Cohen cluster, the J1 and J2
haplotype clusters are much more diffusely spread out. Thus although the CMH-6 is
also very near to the most probable haplotype for both J1 and J2, its occurrence
frequency is only about 1 to 8% amongst arbitrary members of haplogroup J with no
particular Cohen connection਍ഀ
਍ഀ
Other carriers of the DNA[edit]਍ഀ
਍ഀ
Following the discovery of the very high prevalence of 6/6 CMH matches amongst
Cohens, others were quick to look for it, and often to see it as a signpost for possible
Jewish ancestry, though the chromosome itself is not exclusive to Jews.਍ഀ
News of 6/6 matches in the Lemba of Southern Africa were seen as confirming a
possible Jewish lineage (Thomas MG et al. 2000);[17] possible links were discussed
between the Jews and the Kurds;[18] and some suggested that 4/4 matches in non-
Jewish Italians might be a genetic inheritance from Jewish slaves, deported by
Emperor Titus in large numbers after the fall of the Temple in AD 70, some of whom
were put to work building the Colosseum in Rome.਍ഀ
Such speculation was to some extent tempered when it was realised that
Haplogroups J1 and J2 represented at least two different lineages which could be
associated with the CMH, (the Italians mostly belong to Haplogroup J2); and that
individuals with at least 5/6 matches for the original 6 marker Cohen Modal
Haplotype occur widely across the Middle East, with significant frequencies in
various Arab populations mainly with J1 Haplogroup, "that are not traditionally
considered admixed with mainstream Jewish populations" – notably Yemen (34.2%),
Oman (22.8%), Negev (21.9%), and Iraq (19.2%); and amongst Muslim Kurds
(22.1%), Bedouins (21.9%), and Armenians (12.7%).[19]਍ഀ
On the other hand, Jewish populations were found to have a "markedly higher"
proportion of full 6/6 matches, according to the same (2005) meta-analysis,[19]
compared to these non-Jewish populations, where "individuals matching at only 5/6
markers are most commonly observed".[19]਍ഀ
The authors nevertheless warn that "using the current CMH definition to a infer
relation of individuals or groups to the Cohen or ancient Hebrew populations would
produce many false-positive results," and note that "it is possible that the originally
defined CMH represents a slight permutation of a more general Middle Eastern type
that was established early on in the population prior to the divergence of haplogroup
J. Under such conditions, parallel convergence in divergent clades to the same STR
haplotype would be possible."[19]਍ഀ
Y-DNA patterns from around the Gulf of Oman were analysed in more detail by
Cadenas et al. in 2007.[20] The detailed data confirm that the main cluster of
haplogroup J1 haplotypes from the Yemen appears to be some genetic distance
different from the CMH-12 pattern typical of Eastern European Ashkenazi Cohens.
J2 Kohanim haplotype tree

The J2 DNA Kohanim Migration


Dr. Karl Skorecki, the founder of CMH, reported during a Conference for Kohanim in
Jerusalem 2007, that he and his research team have discovered not one but two
Cohen Modal Haplotypes, which he called J1 and J2. “Pinchas the zealot mentioned
in the Bible may be the origin of J2[24]” said Skorecki. According to the observed
mutations rates, certain J2 haplotypes found on FTDNA[25] database projects share
a common ancestor who lived 3100+/-200 years bp, as Skorecki revealed to the
public. Below we can see the J2 Cohanim haplotype tree formed by 21 different
traditional surnames related to Cohanim lineages in both Ashkenazi[26][27][28][29]
[30][31][32][33][34][35][36] and Sephardic[37][38][39] respective communities. –[31]
[40] This is how Joseph Felsenstein`s scientific genetic computer software[41]
placed them, considering their haplotypes. Only one different Cohanim surname was
used in this case to represent the closest haplotype found in each family that can
best stand for the exclusive cluster below formed by these 21 haplotypes.਍ഀ
਍ഀ
The left branch is the Sephardim branch. All J2 Kohanim families listed have a
surname and tradition directly related to Sephardic Kohanim,[31][37][38] as Askenazi
Kohanim[26][27][28][29][30][31][33] also carry in their respective communities. In this
case illustrated above with table and graphic, Joseph Felsenstein`s methods for
making coalescence statistically independent comparisons using 21 familiar markers
haplotypes shows a well shaped, defined, and geographically distributed Kohanim
Tree. Despite two thousand years since the destruction of the Second Temple, and
the spread of the Jewish population into the Diaspora, the deadly Crusades,
Kohanim families managed to survive the persecutions and kept their lineages intact,
imprinted in their Y Chromosomes as a unique and common signature. This
signature, distinctly reflecting the Kohanim ancestral haplotype, visibly identifies
today and recognizes these 21 Jewish priest families, directly related to one common
Kohanim ancestor who by some estimates lived 2400 ± 300 years ago. This is
because both Askenazi and Sephardic Kohanim for thousands of years preserved
their genealogical lineages since the Temple period.[citation needed] As a result this
is exactly what the haplotype tree shows. Families with haplotypes sit on the tree
next to each other on flat branches live (or lived) in close territories and more likely
share a recent common ancestor, as the tree shows. The Kohanim Tree places the
correspondent families in the branches based on respective mutations. DNA results
confirmed, by positioning the families in their respective places of origin, that the
geographical location is correctly connected in genetics according to the Jewish
tradition and records found in each one of these 21 different Kohanim families.
[citation needed] It formed two branches, Askenazi and Sephardic. The Sephardic
Kohanim is the older lineage compared to Ashkenazi, though both of them are
derived from the same common ancestor. The Shapiro family from Marrocos
presented the oldest signature among all, passing from the Sephardi branch in
Spain, Portugal, and Netherlands and from there moving to Northern East Europe to
Central and reaching Southern East Europe. As the history and records tells,
correctly confirmed by DNA, Kohanim fled the Romans after the destruction of the
Temple and went to Marrocos, Spain/Portugal, to England, France, and Germany. In
the 14th century many fled to Poland, Ukraine, Belarus, Lithuania, Latvia.਍ഀ
਍ഀ
Étude sur les Lévites਍ഀ
Contrairement aux Cohanim, des études sur les Lévites montrent une disparité
d'origine entre les Lévites ashkénazes et séfarades (non-ashkénazes). En effet, une
proportion importante (50 % des échantillons testés) de Lévites ashkénazes
présente un haplogroupe R1a1 proche des haplogroupes européens alors que
l'haplogroupe des Lévites séfarades est proche des haplogroupes des populations
proche-orientales. Les auteurs émettent l'hypothèse d'une origine est-européenne
des Lévites ayant l'haplogroupe R1a1.਍ഀ
਍ഀ
Y-chromosomal Levi਍ഀ
਍ഀ
A similar investigation was made with men who consider themselves Levites.
Whereas the priestly Kohanim are considered by those who believe in the historicity
of Aaron to be descendants of Aaron, who in turn was a descendant of Levi, son of
Jacob, the Levites (a lower rank of the Temple) are considered descendants of Levi
through other lineages. Levites should also therefore share common Y-chromosomal
DNA.਍ഀ
The investigation of Levites found high frequencies of multiple distinct markers,
suggestive of multiple origins for the majority of non-Aaronid Levite families. One
marker, however, present in more than 50% of Eastern European (Ashkenazi)
Jewish Levites points to a common male ancestor or very few male ancestors within
the last 2000 years for many Levites of the Ashkenazi community. This common
ancestor belonged to the haplogroup R1a1 which is typical of Eastern Europeans or
West Asians, rather than the haplogroup J of the Cohen modal haplotype, and most
likely lived at the time of the Ashkenazi settlement in Eastern Europe,[4][43][44], and
thus was not really a Levite.਍ഀ
The E1b1b1 haplogroup (formerly known as E3b1) has been observed in all Jewish
groups worldwide. It is considered to be the second most prevalent haplogroup
among the Jewish population outside of the J haplogroups. According to one non-
peer reviewed paper[45] it has also been observed in moderate numbers among
individuals from Ashkenazi, Sephardic and Samaritan communities having traditions
of descending from the tribe of Levi, suggesting that the E1b1b1 men claiming to be
Levites may have existed in Israel before the Diaspora of 70 CE.਍ഀ
਍ഀ
਍ഀ
Samaritan Kohanim਍ഀ
਍ഀ
The Samaritan community in the Middle East survives as a distinct religious and
cultural sect and constitutes one of the oldest and smallest ethnic minorities in the
world, numbering just less than 700 members. As a religious sect, reportedly, the
Samaritans broke away from the mainstream Judaism around the fifth century BCE
but according to Samaritan accounts it was the southern tribes that left the original
worship set forth by Joshua. The Samaritans have maintained their religion and
history to this day. Samaritans claim to descend from the Biblical Israelite tribes of
Ephraim, Menashe and Levi.਍ഀ
Since the Samaritans maintain extensive and detailed genealogical records for the
past 13–15 generations (approximately 400 years) and further back, it is possible to
construct accurate pedigrees and specific maternal and paternal lineages. Y-
Chromosome studies have shown that the majority of Samaritans belong to
haplogroups J1 and J2, while the Samaritan Kohanim belong to haplogroup
E1b1b1a (formerly known as E3b1a).[1] However, the last member of the Samaritan
High-Priestly family, which claimed descent from Eleazar, the son of Aaron, died in
1623 or 1624. There was a time in later periods like the 17-18th centuries that
Samaritan sages by mistake wrote to European scholars that their priests are from
Uziel b. Kehat. But Samaritan sources, chronicles and lists of lineage connecting the
Samaritan Priests of the last 387 years since 1624 [The year that the Priestly Family
from Phinhas was ceased] to Itamar b. Aaron the nephew of Moses, meaning that
they are all from Aaronic origin. All Samaritan Priests of the present are linked to the
father of the family that lived in the 14th century 'Abed Ela b. Shalma that was the
House of 'Abtaa from Itamar, son of Aaron. Since that date the priest has called
himself "Ha-Kohen Ha-Lewi", which means the Priest-Levite, instead of "Ha-Kohen
Ha-Gadol", a title which referred to the High-Priest as in previous times.਍ഀ
The biblical tradition of the Cohen family living among the Samaritans is found in 2
Kings 17:27–28, where it indicates that only one Israelite Cohen was sent back from
exile from Assyria by the King of Assyria to teach those living in the Northern
Kingdom of Israel (Samaria). This suggests why some Samaritans may claim
association of haplogroup E3b1a with the biblical Kohanim. In the same period only
27,290 (Annals of Sargon)of the ten Northern Tribes were exiled to Assyria, the
Assyrians relocated those non-Israelites to the region around Samaria, explaining
why those claiming to be Leviim or Kohanim were actually Syrians, who appointed
other non-Israelites as priests ("Kohanim") from their own people.਍ഀ
Thus far, no claims of ancestry of coming from the Levite tribe for male haplogroups
outside of the "J" series can be scientifically substantiated because the mutation of
haplogroups is so slow that no one coming from the family of Levi could have
another haplogroup.਍ഀ
਍ഀ
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਍ഀ
਍ഀ
Les études sur l'ADN mitochondrial des populations juives sont plus récentes et sont
encore sujettes à débat. Cependant, il semble qu'il n'y ait pas de lignées maternelles
communes à l'ensemble des populations juives.਍ഀ
Jusqu'à 2006, les généticiens attribuaient le plus souvent l'origine des populations
juives à des individus masculins ayant émigré du Moyen-Orient et ayant pris comme
épouses des femmes dans les populations indigènes, qu'ils convertissaient au
judaïsme. Cependant, les plus récentes études invitent à revoir cette affirmation, au
moins pour les Ashkénazes.਍ഀ
D'autre part, dans un certain nombre de communautés juives un nombre limité de
femmes sont à l'origine d'une grande partie de ces communautés. Ce phénomène
est appelé effet de fondateur (founder effect). Il est rare dans les communautés non-
juives.਍ഀ
਍ഀ
ADN-mt des Juifs ashkénazes਍ഀ
Dans une étude de 2006, D. Behar et ses collègues indiquent que le patrimoine
génétique maternel de 40 % des Ashkénazes proviendrait « de 4 ancêtres femmes »
vivant il y a 2000 ans dont l'origine n'est pas européenne. De plus, la présence de
lignées maternelles « sœurs » parmi les Juifs d'Afrique du nord, de France, d'Italie et
du Portugal suggère une origine hébraïque ou levantine.਍ഀ
Une autre étude de J. Feder et ses collègues confirme l'hypothèse de fondatrices
d'origine non locale cependant elle ne confirme pas explicitement l'origine
«levantine» de ces fondatrices.਍ഀ
ADN-mt des Juifs d'Afrique du Nord.਍ഀ
L'analyse de l'ADN mitochondrial des populations juives d'Afrique du Nord a fait
l'objet d'une nouvelle étude détaillée en 2008 par Doron Behar et ses collègues. Elle
montre que les Juifs de certaines régions d'Afrique du Nord (Maroc, Tunisie, Libye)
ne partagent pas les haplogroupes de l'ADN mitochondrial typiquement nord-
africains (M1 et U6) des populations berbères et arabes. De même alors que la
fréquence d'haplogroupes L sub-sahariens avoisine, en moyenne, 20-25 % chez les
populations berbères étudiées, elle n'est que de 1,3 %, 2,7 % et 3,6 %
respectivement chez les juifs du Maroc, de Tunisie et de Libye.਍ഀ
L'étude de D. Behar montre également que les Juifs d'Afrique du Nord ne partagent
pas non plus leurs lignées maternelles principales avec les Juifs du Proche-
Orient.਍ഀ
L'étude révèle également qu'environ 40 % des Juifs de Libye descendraient d'une
seule femme et que 43 % des Juifs de Tunisie descendraient de 4 femmes. La
lignée maternelle partagée par les Juifs de Libye et de Tunisie a une origine qui se
situe dans une région allant du proche et Moyen-Orient jusqu'au Caucase.਍ഀ
Les lignées maternelles des Juifs du Maroc sont très diverses. M. G. Thomas montre
un effet de fondateur mais ceci a été contesté.਍ഀ
Ainsi, les études génétiques montrent des origines « maternelles » diverses chez les
Juifs du Maroc, de Tunisie et de Libye (les Juifs d'Algérie n'ayant quant à eux pas
fait l'objet d'étude spécifique) mais tendent à réfuter la thèse d'une origine
majoritairement berbère.਍ഀ
਍ഀ
ADN-mt des Juifs de la péninsule ibérique਍ഀ
Les données (ADN-mt) récupérée par D. Behar et ses collègues sont localisées
dans le village de Belmonte au Portugal dans une communauté descendant de
crypto-juifs. Il n'est pas possible de généraliser à l'ensemble de la péninsule
ibérique.਍ഀ
਍ഀ
ADN-mt des Juifs d'Éthiopie਍ഀ
Les résultats sont similaires à ceux de la population masculine, à savoir des
caractéristiques génétiques identiques à celles des populations environnantes.਍ഀ
਍ഀ
ADN-mt des Juifs de Turquie਍ഀ
L'ADN-mt des Juifs de Turquie est extrêmement divergeant30 ce qui signifie que le
patrimoine génétique maternel provient d'origines très diverses. L'on retrouve une
lignée de type ibérique ce qui est cohérent avec les données historiques.਍ഀ
਍ഀ
ADN-mt des Juifs de Géorgie਍ഀ
Selon l'étude de M. G. Thomas et ses collègues31 51 % des juifs de Géorgie
descendraient d'une seule femme (58 % selon Behar30). Malheureusement, une fois
de plus il n'est pas possible de déterminer la provenance de cette lignée.਍ഀ
਍ഀ
ADN-mt des juifs du Yémen਍ഀ
Dans une étude de Richards et ses collègues les auteurs indiquent qu'une faible
proportion d'haplogroupes L1 et L3A provenant de lignées sub-sahariennes est
présente chez les juifs du Yémen. Cependant, ces lignées sont 4 fois moins
importantes en proportion que chez les Yéménites non juifs. Ces haplogroupes sub-
sahariens sont quasiment absents chez les Juifs d'Irak, d'Iran et de Géorgie et sont
totalement absents chez les Juifs ashkénazes.਍ഀ
La population juive yéménite présente aussi un effet de fondateur. 42 % des lignées
maternelles proviendraient de cinq femmes originaires de l'ouest de l'Asie pour 4
d'entre elles et d'Afrique sub-saharienne pour la dernière.਍ഀ
਍ഀ
ADN-mt des Juifs de Cochin et des Beni Israel du sous-continent indien਍ഀ
Toujours selon l'étude30 de 2008 de D. Behar et ses collègues, il est clair que la
lignée maternelle des Juifs de l'Inde a une origine locale pour la très grande majorité
de la communauté. Cependant, il semblerait que le patrimoine génétique maternel
comprenne toujours une lignée maternelle d'origine irakienne/iranienne, voire
italienne.਍ഀ
਍ഀ
Chromosomes homologues ou autosomes਍ഀ
Les études dites autosomales portent sur les 22 chromosomes homologues ou
autosomes (chromosomes non sexuel) plutôt que sur les lignées maternelles ou
paternelles.਍ഀ
Une première étude réalisée en 2001 par N. Rosenberg et ses collègues portant sur
6 populations juives (Pologne, Libye, Éthiopie, Irak, Maroc, Yémen) et deux
populations non juives (Palestiniens et Druzes) montre que bien que les 8
populations soient proches, les Juifs de Libye ont une signature génétique distincte
provenant de leur isolation génétique et d'un mélange possible avec les populations
berbères. Cette même étude suggère une proximité entre les Juifs du Yémen et
ceux d'Éthiopie.਍ഀ
Selon une récente étude autosomale de Kopelman et ses collègues (décembre
2009), les Juifs ashkénazes, turcs, marocains et tunisiens partageraient une origine
commune proche-orientale et seraient assez proches des Palestiniens. Toutefois,
dans cette étude, les Juifs tunisiens sont distincts des trois autres populations juives,
ce qui pourrait laisser suggérer, selon les auteurs, une isolation génétique plus
importante et/ou une contribution significative des populations locales berbères
comme dans le cas des Juifs libyens. Dans cette étude, les auteurs précisent
également, concernant l'hypothèse de l'origine Khazar des Juifs ashkénazes, que
s'ils n'ont pas détecté de différences entre les Juifs ashkénazes et les autres
populations juives pouvant confirmer cette hypothèse, ils ont néanmoins détecté une
similarité entre les Adyguéens (groupe du Caucase dont le territoire a été autrefois
occupé par les Khazars) et les populations juives étudiées comme cela avait été
observé par Need et al. dans une autre étude.਍ഀ
Une autre étude autosomale de L. Hao et ses collègues (oct. 2009) portant sur sept
groupes de populations juives d'origine géographique différente (Ashkenazes,
Italiens, Grecs, Turcs, Iraniens, Irakiens et Syriens) a montré que ces populations
partageaient toutes une origine proche-orientale commune bien que génétiquement
distinguables les unes des autres. Cette différentiation reflète des mélanges avec les
différentes populations locales. Ainsi, parmi les populations juives étudiées, les
auteurs ont détecté une contribution européenne variant de 30 % à 60 % chez les
juifs syriens, séfarades et ashkénazes et pratiquement absente chez les juifs
iraniens et irakiens. En juin 2010, les mêmes auteurs (G. Atzmon et ses collègues) «
démontrent que les juifs européens/syriens et les Juifs du Moyen-Orient
représentent une série d'isolats géographiques liés ensembles par des IBD (identtity
by descent) partagés. En outre, la proximité génétique des populations juives
européennes et syrienne, y compris les Juifs ashkénazes, les unes aux autres et
d'autre part leur proximité avec les populations françaises, italiennes du Nord et
Sardes favorisent l'idée d'une ascendance méditerranéenne non-sémitique dans la
formation des populations juives d'Europe et est incompatible avec les théories que
les Juifs ashkénazes sont pour la plupart, les descendants directs des Khazars ou
des Slaves convertis. » D'autres auteurs avaient déjà montré la proximité génétique
entre les juifs ashkénazes et les populations du sud de l'Europe (Cf. tableau ci-
dessous).਍ഀ
਍ഀ
Distances génétiques autosomales (Fst) calculées à partir de SNP40,41਍ഀ
Italiens Grecs Espagnols          Allemands            Druzes Palestiniens         
Irlandais Russes Ashkénazes ਍ഀ
0.0040 0.0042 0.0056           0.0072                           0.0088 0.0108
                  0.0109 0.0137਍ഀ
਍ഀ
Les Juifs iraniens et irakiens sont les plus différenciés, ils ont par ailleurs la plus
grande distance génétique avec les autres populations juives. Ils ont un fort
coefficient de consanguinité bien qu'un certain degré de mélange ait pu se produire
avec les populations locales.਍ഀ
En juin 2010, Behar et ses collègues ont étudié 14 populations juives. Ils «montrent
que la plupart des Juifs (échantillonnés pour son étude) forment un sous-groupe
remarquablement étroit qui recouvre les Druzes et les Chypriotes, mais pas les
échantillons provenant d'autres populations du Levant ni les populations d'accueil de
la diaspora. En revanche, les Juifs éthiopiens (Falashas) et les Juifs d'Inde (Bene
Israël et Cochini) sont regroupés avec les populations autochtones éthiopiennes et
d'Inde occidentale, respectivement, en dépit d'un lien clair entre le patrimoine
génétique paternel des Bene Israël et le Levant. […] L'explication la plus prudente
de ces observations est une origine génétique commune, ce qui est cohérent avec
une formation historique du peuple juif en tant que descendant des anciens Hébreux
et des résidents d'Israël du Levant. » Contrairement à G. Atzmon, D. Behar ne
montre pas de lien entre les populations juives et les populations non sémites du
bassin méditerranéen.਍ഀ
En juillet 2010, Bray et ses collègues « Confirment l'existence d'une relation plus
étroite entre les Ashkénazes et plusieurs populations européennes (Toscans, les
Italiens et Français) qu'entre les Ashkénazes et les populations du Moyen-Orient. »
Et ils ajoutent que « Dans l'ensemble, nos résultats, avec ceux d'études
précédentes, supporte le modèle d'origine moyen-orientale de la population
Ashkénazes suivie par un mélange ultérieures avec des Européens ou des
populations proches des Européens. Nos données impliquent en outre que les Juifs
ashkénazes modernes sont peut-être même plus proche des Européens que des
populations du Moyen-Orient. » Le niveau de mélange avec la population
européenne est estimée entre 35 à 55 % confirmant les études de Hao et de
Atzmon.਍ഀ
En octobre 2010, Zoossmann-Diskin44 est encore plus catégorique, il soutient que
les populations juives ne partagent pas une origine commune et que les juifs
d'Europe de l'Est sont plus proche des Italiens en particulier et des autres
populations européennes en général que des autres populations juives. Il prétend
que des erreurs de biais expliquent les résultats opposés obtenus par les auteurs
précédents. Selon lui, les Ashkénazes sont des Européens, probablement
descendants de Romains qui se sont convertis au judaïsme alors que le judaïsme
était la première religion monothéiste du monde antique45.਍ഀ
En avril 2011, Moorjani et ses collègues, utilisant une nouvelle méthode d'estimation
des origines ancestrales, ont montré que les sept populations juives étudiées dans
leur étude présentaient entre 3 et 5 % de gènes d'Afrique sub-saharienne (Italiens
4,9 %, Grecs 4,8 %, Turcs 4,5 %, Syriens 3,9 %, Iraquiens 3,8 %, Ashkenazes 3,2
%, Iraniens 2,6 %). Ce flux de gènes africains, non détecté jusqu'alors par les
analyses classiques basées sur le chromosome Y at l'Adn mitochondrial, aurait pu
se produire selon les auteurs il y a environ 2 000 ans.਍ഀ
En 2012, Campbella et ses collègues ont montré que les juifs d'Afrique du Nord
(Maroc, Algérie, Tunisie, Djerba et Libye) forment un groupe proche des autres
populations juives dont l'origine se trouve au Moyen-Orient avec des apports
variables d'Europe et d'Afrique du Nord. Deux sous-groupes principaux ont été
identifiés marocain/algérien d'une part et Djerbien/libyen d'autre part (les juifs de
Tunisie étant partagés entre les deux sous-groupes)47. Les auteurs ajoutent que
cette étude est compatible avec l'histoire des juifs d'Afrique du Nord à savoir une
fondation durant l'antiquité avec un prosélytisme des populations locales suivi d'une
isolation génétique durant la période chretienne et islamique et enfin un mélange
avec les populations juives séfarades émigrés durant et après l'inquisition.਍ഀ
Toujours en 2012, Elhaik a analysé l'ensemble des données génétiques collectées
par les précédents auteurs et conclut que l’hypothèse d'une origine Khazare des juifs
ashkénazes est plus vraisemblable que l'hypothèse « Rhénane » et décrit le génome
juif comme une mosaïque d'ancêtres caucasiens, européens et sémites. Dans le
cadre de cette étude, les Palestiniens ont été utilisés en tant que substitut génétique
aux Juifs antiques tandis que les Druzes ont été dépeints en tant qu'immigrants non-
sémites. Les Arméniens et les Géorgiens ont aussi été utilisés comme substituts
génétiques pour les Khazars, qui parlaient une langue turcique qui n'est pas
génétiquement liée au Géorgien et à l'Arménien. À partir de ces éléments, une forte
affinité avec le Caucase fut proposée en raison de la plus forte similarité génétique
de ces groupes Juifs vis à vis des Arméniens, Géorgiens, Juifs azéris, Druzes et
Chypriotes en contraste avec une similarité génétique beaucoup plus faible avec les
Palestiniens. Cette composante génétique caucasienne a donc été interprétée
comme un signe de confirmation en faveur de l'hypothèse Khazare afin d'expliquer
une partie de l'ascendance des Juifs ashkénazes.਍ഀ
Une étude plus récente de Haber et al (datant de 2013)49 a pris en compte que
malgré le fait que la plupart des études sur le Levant, qui se sont concentrées sur les
populations de la diaspora juive en particulier, ont démontré que les « Juifs forment
un groupement génétique distinct au sein du Moyen-Orient », ces mêmes études ne
précisaient pas « si les facteurs formant cette structure concerneraient d'autres
groupes au sein du Levant ». Les auteurs ont mis en évidence le fait que les
populations du Levant actuel descendent de deux populations ancestrales majeures.
Un ensemble de caractéristiques génétiques partagées avec les Européens actuels
et les peuples d'Asie Centrale constitue l'élément le plus proéminent au Levant
parmi les « Libanais, Arméniens, Chypriotes, Druzes et Juifs, de même que chez les
Turcs, Iraniens et les populations du Caucase ». Un second ensemble de
caractéristiques génétiques héréditaires est partagé avec des populations provenant
d'autres parties du Moyen-Orient ainsi que certaines populations africaines. Les
populations levantines modernes inclues au sein de cette catégorie comprennent les
« Palestiniens, Jordaniens, Syriens ainsi que les Nord-Africains, Éthiopiens,
Saoudiens et Bédouins ». Au sujet de cette seconde composante génétique, les
auteurs notent que tandis qu'elle corrèle avec « le modèle de l'expansion Islamique
», et qu' « un Levant pré-datant l'expansion Islamique était plus génétiquement
similaire aux Européens qu'aux Moyen-Orientaux », ils observent cependant que «
sa présence au sein des Libanais chrétiens, Juifs séfarades et ashkénazes,
Chypriotes et Arméniens pourrait suggérer que son expansion au Levant pourrait
aussi représenter un événement plus ancien ». Les auteurs ont aussi trouvé une
forte corrélation entre l'obédience religieuse et l'ascendance au Levant:਍ഀ
« tous les Juifs (séfarades et ashkénazes) sont regroupés en une branche; les
Druzes du Mont-Liban et du mont Carmel sont représentés sur une branche privée;
et les Chrétiens libanais forment une branche privée avec les populations
chrétiennes d'Arménie et de Chypre plaçant les Musulmans libanais en tant que
groupe externe. Les populations principalement musulmanes de Syriens,
Palestiniens et Jordaniens sont regroupés sur des branches avec d'autres
populations musulmanes aussi éloignées que le Maroc et le Yémen. »
Maladies héréditaires génétiques
Les juifs ashkénazes sont particulièrement prédisposés à un certain nombre de
maladies héréditaires génétiques parce qu'une mutation provenant d'un seul «
fondateur » s'est transmise au cours des générations. La maladie de Gaucher est la
plus fréquente des maladies génétiques de la population juive ashkénaze. Les
maladies de Tay-Sachs et de Canavan, le Syndrome de Bloom, la dystonie
idiopathique et la dysautonomie familiale sont également beaucoup plus fréquentes
au sein de la population juive ashkénaze que chez les populations non-juives53. Par
ailleurs, une mutation particulière (G2019S) joue aussi un rôle important dans la
maladie de Parkinson chez des patients d’origine juive et aussi chez les Arabes
d'Afrique du Nord ce qui laisse suggérer, selon les auteurs, une origine commune
moyen-orientale.

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*1. Tengrisme

Le Tengrisme ou Tangraïsme était la croyance majeure des Xiongnu qui se


composait des populations turques, mongoles, hongroises et bulgares durant
l'Antiquité. Il se concentre autour de la divinité du ciel, Tengri (également Tangri,
Tanrı, Tangra, ...), et intègre des éléments du chamanisme, de l'animisme, du
totémisme et du culte des ancêtres.
« Khukh » et « Tengri » signifient littéralement «bleu» et «ciel» en langue mongole et
certains Mongols prient encore le «Munkh Khukh Tengri» («Éternel ciel bleu»). Par
conséquent, la Mongolie est appelée les «terres du Dieu céleste» («Munkh Khukh
Tengriin Oron» en mongol). Aujourd'hui, le tengrisme est parfois appelé Gök Tanrı en
Turquie. En turc, «Gök» et «Tanrı» ont respectivement la même signification que les
mots mongols «Khukh» et «Tengri». Même si les recherches restent insuffisantes, le
tengrisme a probablement influencé fortement le système de croyances des alévis.
Aujourd'hui, il existe encore un grand nombre de personnes croyant au tengrisme,
notamment en Asie, comme les Khakasses et les Touvains.
Dans le tengrisme, le sens de la vie est considérée comme vivant et harmonieux
avec le monde environnant. L'âme supérieur du «Gök» est donc le «Tengri». Le Ciel
est donc perçu comme le Père, l'Ötüken (terres sacrées des Turcs) comme la mère.
Les âmes des ancêtres les protègent.
Il est probable que le tengrisme était la religion des peuples turcs, mongols et
ouraliens. Il est toujours activement pratiqué dans la République de Sakha, en
Bouriatie, dans la république de Touva, en Mongolie et chez les minorités turques,
parallèlement au bouddhisme tibétain et au bourkhanisme.

---------------------------------------------------------------------------------------਍ഀ

*2. Petchenègues

Petchénègue (langue): Gagaouze, Turque, Azérie


Les Petchénègues sont un peuple nomade d'origine turque qui apparaissent à la
frontière sud-est de l'empire khazar au VIIIe siècle. Ils s'installent au Xe siècle au
nord de la mer Caspienne. Selon la légende, ils constituent la tribu Peçenek des
Oghouzes, issue de Dağ Han ("prince montagne").
Nomadisant tout d'abord dans le nord-ouest du Kazakhstan moderne, à l'est de la
Volga, ils forment peu à peu une part de plus en plus importante de l'armée de
Khazars. Au début du IXe siècle, ils sont utilisés par ceux-ci pour réprimer des
révoltes dans l'état khazar. Finalement en 889, ils franchissent la Volga et s'installent
entre le Dniepr et le Don ; puis en 895, ils franchissent le Dniepr et prennent
possession du royaume magyar de l'Etelköz. Une partie importante des tribus
Magyars s'en vont (sept tribus, à côté de trois tribus khazars) et s'installent en
Pannonie où ils fondent le futur royaume de Hongrie.
À partir de 915, ils arrivent sur les rives septentrionales de la mer Noire puis au sud
des grandes plaines ukrainiennes. Le prince de Kiev, Igor, tente en 945 de les
détourner vers l'empire byzantin mais son fils Sviatoslav est tué en 972 en luttant
contre eux.
Ils se convertissent à l'islam vers 980. En 1008, l’évêque missionnaire allemand
Bruno de Querfurt prend personnellement la tête d’une mission d’évangélisation des
Petchénègues, dans les territoires compris entre la Volga et l’Oural.
Entre 1036 et 1053, vaincus et harcelés par les Russes, ils franchissent le Danube
et progressent à l'intérieur de l'empire. C'est ainsi qu'en 1086 ils s'emparent de la
Thrace et battent les troupes byzantines à Silistra en 1090.
À l'automne de la même année les Petchénègues mettent le siège devant
Constantinople et tentent une alliance avec les Seldjoukides. Cette alliance eût été
mortelle pour l'Empire si seulement Alexis Ier Comnène n'avait réagi en s'alliant aux
Coumans(a). Ceux-ci écrasent les Petchénègues le 29 avril 1091 à la bataille de la
colline de Lebounion. En 1122 ils sont définitivement battus par Jean II Comnène et
se dispersent dans les Balkans surtout dans l'actuelle Transylvanie..
Les écrivains byzantins et certains historiens plus modernes les désignent sous le
nom de Patzinaces.

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(a) Coumans
Kıpçaklar (tr)
IXe siècle – 1241

Ce peuple était probablement une tribu alliée aux Alains(a)(peuple indo-iranien) et


tirait son nom du Cuma ou Kouma, un fleuve qui se jette dans la mer Caspienne.
Histoire et événements:
IXe siècle: Établissement des Coumans entre la Volga et l'Oural
XIe siècle: Installation dans la steppe pontique, territoire des Petchenègues
1241: Défaite contre les Mongols et intégrations à leur empire
Entités précédentes: Petchenègues
Entités suivantes: Empire mongol
Les Coumans (ou Cumans, Comans, Koumans) sont les Turcs kiptchaks (Kaptchak,
Kiptchak ou Qiptchaq) de la région du fleuve Kouban et étaient appelés en russe :
Polovtses («de couleur fauve»), peuple turcophone semi-nomade. Les Kiptchaks
occupèrent un vaste territoire, qui s'étendait du nord de la mer d'Aral jusqu'à la
région au nord de la mer Noire.
En 888, les Coumans sont établis entre la Volga et l'Oural, pays dont ils avaient
chassé les Petchenègues. Au XIe siècle, ils se répandirent sur la steppe pontique
entre le Dniepr, le Don, la Volga et l'Oural (Iaïk), puis ils ont occupé une partie de
l'Ukraine actuelle au XIIe siècle en affrontant la Rus' de Kiev. Au XIe siècle, ils se
sont répandus dans les territoires peuplés de Valaques(b), qui formeront plus tard la
Moldavie, la Valachie et la Transylvanie. De là, ils continuèrent leurs campagnes
dans l'Empire byzantin et dans le royaume de Hongrie, soit comme pillards, soit
s'engageant comme mercenaires. La plus grande partie d'entre eux passa en
Hongrie, où ils s'établirent dans le comté appelé depuis Coumanie.

Les Coumans dans la Chronique de Radzivill


Certaines tribus de Coumans seraient originaires des confins de la Sibérie orientale
près de la frontière chinoise, puis ils auraient migré dans l'ouest de la Sibérie au ixe
siècle, pour migrer ensuite encore plus à l'ouest dans la région de la Volga. Les
Coumans habiteraient ainsi à l'origine, les steppes du sud de la Sibérie et du nord du
Kazakhstan, avant d'entrer dans les steppes de l'Europe de l'Est au xie siècle.
À la fin du XIe et du début du XIIe, ils furent impliqués dans divers conflits avec
l'Empire byzantin, la Rus' de Kiev, les Hongrois et les Petchenègues, en s'alliant
avec l'un ou l'autre. Ils interfèrent dans les guerres féodales russes et ils affrontèrent
Igor, le prince de Novgorod-Severski en 1185.
En 1089, ils furent vaincus par Ladislas Ier de Hongrie, de nouveau par Vladimir II
Monomaque qui réussit à repousser les Coumans au-delà du fleuve Don. Ils
saccagèrent Kiev en 1203. Les Coumans et les Russes s'allièrent cependant, pour
faire face à la menace de l'invasion mongole, en 1223 mais ils furent finalement
écrasées par les Mongols en 1241. Les Coumans se dispersèrent après la conquête
de leur territoire par les Mongols de Batu, en se mêlant à de nombreux autres
peuples, donnant naissance aux ethnies des Tatars de Crimée, des Nogaïs, des
Bashkirs, des Kazakhs, des Gagaouzes, etc.
Ils donnèrent leur nom au khanat mongol de la Horde d'Or, aussi appelé khanat de
Kiptchak, sur lequel régnèrent aux XIIIe et xive siècles les descendants de Djötchi,
fils aîné de Gengis Khan et qui, outre leur domaine d'origine, englobait une bonne
partie du Kazakhstan et du sud-ouest de la Sibérie. C'est le résidu de ce même
khanat qui est devenu le Kazakhstan, créé par l'Union soviétique dans la plaine
colonisée précédemment par l'empire russe et appelée jusqu'en 1920 « steppe des
Kiptchaks ».
Les Coumans qui restaient à l'est et au sud des Carpates s'établirent dans un pays
nommé Coumanie, dans une zone comprenant la Moldavie et la Valachie. Ils
s'établirent aussi dans le comté transylvain de Bârsa où ils furent combattus par les
chevaliers Teutoniques envoyé par le roi André II de Hongrie.
L'influence des Coumans en Moldavie et Valachie était assez forte pour que les
premiers dirigeants valaques (les Basarab) portent des noms coumans (Basarab
vient de Basar-Ata : "puissant père"). En l'absence de preuves archéologiques
convaincantes d'une civilisation coumane, cependant, il semble que les Coumans ne
constituaient pas la majorité de la population locale, mais formaient une aristocratie
en Valachie. Comme dans le cas de la Bulgarie, cette élite dirigeante fut
progressivement assimilée par la population majoritaire, valaque(b) au nord du
Danube, slave au sud.

Influences socio-culturelles
Les Coumans furent décrits comme des guerriers nomades, vivant dans des tentes,
et qui se nourrissaient surtout du lait, du fromage et de la viande. Ils étaient vêtus de
peaux de mouton et étaient armés avec des arcs composites.
En musique, ils sont associés aux célèbres Danses polovtsiennes de l'opéra Le
Prince Igor d'Alexandre Borodine. L'œuvre a été inspirée sans nul doute par Le dit
de la campagne d'Igor.

Langue:
La langue kiptchak fut une lingua franca, une sorte de turc «moyen», dans les
relations avec les marchands génois et vénitiens installés dans les comptoirs de
Crimée. Un document d'un intérêt tout particulier, le Codex cumanicus écrit au xiiie
siècle, qui se trouve à la Biblioteca Marciana de Venise, donne des lexiques dans
cette langue.
Leur influence laissa un certain nombre de toponymes ou de noms de famille dans
les pays de l'Est. Par exemple, en hongrois Kun signifie Couman et en roumain, il
existe des noms de famille assez répandus, Coman, Comaniciu, Comăneci, ainsi
que des noms de localités : Comana, Comăna de Jos, Comăna de Sus, Comăneşti,
ainsi de suite.
Les derniers locuteurs du kiptchak disparurent au tournant du XXe siècle : fait
intéressant, il ne s'agissait pas de populations turques mais d'Arméniens de Pologne
qui avaient fui l'Arménie durant les invasions touraniennes du XIe siècle et étaient
arrivés en Pologne au XIVe siècle. Durant leur périple, ils avaient emprunté la langue
vernaculaire des Coumans. En 1930, à Cracovie, on trouvait encore de vieux
Arméniens polonisés qui savaient chanter de vieilles comptines kiptchaques.

Religion:
Les Coumans se convertirent au christianisme vers le XIe siècle à la suggestion des
Géorgiens, lorsqu'ils furent leurs alliés dans leurs luttes contre les musulmans. Un
grand nombre furent baptisés du temps du roi David IV. À partir de 1120, il y eut
même une église chrétienne kipchaque et un clergé important. Cependant, aux XIIe
et XIIIe siècles, l'islam se propagea parmi les Coumans, et toujours au XIIIe siècle,
les Coumans occidentaux adoptèrent le catholicisme (même si, en Hongrie, ils
devinrent plus tard calvinistes). Le diocèse catholique de Roumanie fut fondée à
Milcov en 1227 et comprenait ainsi la Roumanie et la Moldavie actuelles jusqu'en
1523. Les Coumans composaient aussi une partie de l'archidiocèse d'Esztergom en
Hongrie.

(a) Alains

Les Alains (en latin Alani - en grec Alanoi) étaient un peuple scythique, probablement
originaire du pays des Alains, dans le Caucase, dont l’Ossétie ou Alanie est l’avatar
actuel : les Ossètes d’aujourd’hui, qui vivent de part et d’autre du col de Darial ou
Dar-i-Alan, la "passe des Alains", se présentent comme les descendants directs des
Alains, qui étaient des cavaliers nomades apparentés aux Sarmates et très proches
des Iazyges, des Roxolans et des Taïfales.

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(b) Valaques

Valaques est un nom désignant, en français, deux réalités différentes, l'une


géographique, l'autre historique, culturelle et ethnographique :
• géographiquement, «Valaques» désigne, en Roumanie, les habitants de
la Valachie (région méridionale du pays) et, dans la péninsule des Balkans, les
populations de langue romane soit les Aroumains, les Mégléno-roumains et les Istro-
roumains (certains linguistes y incluent les Dalmates). Il est parfois employé en
Serbie et en Bulgarie pour désigner aussi les Roumains locaux.
• historiquement, avant le milieu du XIXe siècle, « Valaques » était
l'exonyme qui désignait les populations locutrices des langues romanes orientales
descendant des populations de langues thraco-illyriennes (également connues sous
le nom de Daces, Gètes, Thraces, Illyres, Dalmates...) romanisées du Ier au
VIe siècle dans les Balkans et le bassin du bas-Danube1. Il est encore employé
dans ce sens par les historiens non spécialistes et notamment dans de nombreux
atlas historiques2. Les historiens roumains préfèrent employer le terme de « Proto-
roumains » (jusqu'au XIe siècle) et de « Roumains » (depuis le XIIe siècle), d'une
part parce qu'à l'instar des autres populations romanophones issues de la
désagrégation de l'Empire romain, les « Valaques » se désignaient eux-mêmes par
des endonymes comme romani, români, rumâni, rumâri, armâni ou arumâni, d'autre
part parce que « Valaques » pouvait aussi être localement employé (notamment
dans l'espace ex-yougoslave) pour désigner des montagnards, des bergers ou des
fidèles de l'Église orthodoxe non romanophones, ou qui ont cessé de l'être depuis
des générations.

Parmi les «Valaques» du bas-Danube et des Balkans (langues romanes de l'Est) les
linguistes reconnaissent une zone de rencontre inter-linguistique (transhumance) en
gris, le daco-roumain en blanc, l'aroumain en jaune, le mégléno-roumain en orange
et l'istro-roumain en vert-jaune ; certains y comptent aussi le dalmate en bleu-vert
(disparu).
D'autres historiens et linguistes préfèrent les termes, plus neutres et plus précis, de
« Thraco-Romains » (du Ier au VIe siècle), de « Romans orientaux » (VIe au
XIIIe siècle) et de « Roumains » ou « Aroumains » et autres (à partir du
XIIIe siècle)4. Mais, en règle générale, le passé et l'existence de ces populations
avant le XIVe siècle est largement ignorée, et très rarement figurée sur les cartes
historiques d'Europe sud-orientale et des Balkans (et lorsqu'elle l'est, elle est
souvent réduite à un tout petit territoire placé tantôt au sud du Danube5, tantôt au
centre de l'actuelle région roumaine de Valachie6, tantôt en Transylvanie).

Étymologie
Article détaillé : Histoire du terme Valaque.
Selon O. Bloch8, l'origine de Valaques est Walh, nom par lequel les Germains (et
notamment les Goths lorsqu'ils sont entrés en contact avec le monde romain)
désignaient les locuteurs celtiques et puis latins et romans (dans le Norique par
exemple). Walh lui-même, toujours selon O. Bloch vient, semble-t-il, des Volques,
peuple celtique avec lequel les Germains furent en contact sur leurs marges
méridionales, et signifiait en germanique « étranger ». Il est possible que Walh et
Volques soient reliés, à travers les langues indo-européennes à Wala, personne en
sanskrit.
Selon R. Rohlfs9, Walh- a également donné Galles (pour Wales) et Gaule (Walha)
en français d'oïl, car dans cette langue l'élément wa- initial et l'élément -alh
aboutissent respectivement ga- (*wardan > garder, *waidanjan > gagner) et -aule
(salha > saule): Gaule n'est donc pas issu du latin savant Gallia qui en français
courant aurait donné *Geaille, Jaille (car les latins ga- initial et li devant voyelle
donnent en langue d'oïl respectivement ja- ou gea- comme dans galbinum > jaune,
gaiium > geai ou gabatam > jatte, et -ill comme dans alium > ail ou filiam > fille). Ce
mot a également donné les mot Wallon et Wallonie dont la région fut l'une des zones
frontières entre les anciens territoires celtes et germaniques (voir l'Histoire du terme
wallon).
Polysémie, paranymes, synonymes

Les régions ethnographiques roumaines en Transylvanie (rose), Maramureș (bleu),


Satu Mare (vert), Sălaj, Bihor et Zărand (jaune) et Banat (violet).

Miklos Barabas : Famille valaque descendant au marché, 1844.

Carte hongroise du XIXe siècle figurant les « Valaques » ((hu) Oláh) ; en rouge, la


frontière roumaine tracée en 1918 sous les auspices d'Emmanuel de Martonne.
Le mot « Valaques » a aussi un sens historique plus large, et désigne en français les
habitants de :
• ce que les historiens nomment des « Romanies populaires » : des
communautés latinophones restées sans couverture politique romaine après le
retrait des légions face aux Germains: il y en eut de nombreuses entre la mer du
Nord (île de Walcheren aux Pays-Bas) et la mer Noire (pays « valaques », c'est-à-
dire roumanophones) en passant par les Ardennes (Wallons), les Vosges et le Jura
suisse (Welsches), les Alpes (Walchenthal, Walchengau, Walchensee), les Carpates
(Valaquie morave en Moravie tchèque, Vlachfölds en Hongrie), les monts Dinariques
(Romanija Planina, Vlašina, Vlašić en Bosnie) et les Balkans (Vlahina, Vlashina,
Vlachoklissoura). Les habitants de ces Valachies se nommaient eux-mêmes
Romans, Romanches, Ladini, Friulani, Istriani, Dinari, Dicieni, Armâni ou Români :
ces deux derniers termes ont donné les mots modernes « Aroumains » et
« Roumains », qui ont remplacé le terme antérieur « Valaques » devenu archaïque
et parfois péjoratif.
• la Valachie blanche - en Mésie le long du bas-Danube du Ve siècle au
VIIe siècle.
• la Valachie noire ("Morlaques", ou Mavro-valaques) - en Dalmatie au
VIIIe siècle.
• la Grande Valachie (Megali Valacheia) - en Macédoine et Thessalie au
IXe siècle.
• le royaume bulgaro-valaque (Regnum Bulgarorum et Valachorum) de la
dynastie Assénide, dit « deuxième État bulgare » dans l'historiographie actuelle, aux
XIIe et XIIIe siècles.
• la principauté de Transylvanie ou « Valachie intérieure » au XIIe siècle,
issue de la réorganisation des Vlachfölds roumains de Hongrie, qui a fusionné avec
le Royaume de Hongrie en 1867 avant de devenir roumaine en 1918.
• la principauté de Valachie ou « Hongro-Valachie » au XIVe siècle, issue
de l'émigration des chefs des Vlachfölds de Hongrie vers le Danube, qui a fusionné
avec la principauté de Moldavie pour former la Roumanie en 1859.
• la principauté de Moldavie ou « Bogdano-Valachie » au XIVe siècle, qui a
fusionné avec la principauté de Valachie pour former la Roumanie en 1859.
• la région de Valachie en Roumanie actuelle, (en roumain : Țara
Românească), composée de l'Olténie et de la Munténie.
Le mot français Valaques a pour équivalents dans d'autres langues les mots
Wallachians (angl.), Walachen (all.), Wlachs, Wallachs, Olahs (hongr.), Ulahs,
Vlah(i), Vlaques, Vlachs, Blahs, Valacchi (ital.), Koutso-Vlaques, Tsintsares,
Zinzares, qui tous devraient être traduits en français par : Valaques romanophones.
En histoire, il désigne plus spécifiquement les Roumains (populations de langue
romane du bassin danubien) et les Aroumains (populations de langue romane des
Balkans). Les historiens A. Xenopol, N. Iorga, T. Capidan et E. Petrović utilisaient le
terme historique de « Valachies » pour désigner les « Romanies populaires » par
opposition aux « Esclavonies », autre terme historique désignant des communautés
à majorité slave. C. Giurescu et A. Niculescu, eux, soulignent que beaucoup de ces
cnésats et voévodats antérieurs au XIVe siècle, étaient en fait slavo-roumains, iasso-
roumains ou albano-aroumains. Aujourd'hui, selon la convention du « politiquement
correct » qui stipule que l'on doit appeler les peuples par un ethnonyme non péjoratif
issu du nom qu'ils se donnent eux-mêmes et correspondant à la langue qu'ils
emploient, les Valaques du nord du Danube et de Dobrogée, comme les Moldaves
ou les Transylvains, doivent être appelés Daco-Roumains, et ceux du sud du
Danube : Aroumains10.
Pour distinguer les Valaques du nord du Danube et ceux du sud du Danube, les
premiers Turcs les appelaient kara-iflak (du nom de la couleur noire qui pour eux
désignait le nord : c'est aussi l'origine du nom de mer Noire pour le Pont-Euxin), et
ak-iflak, "ak" désignant le blanc, donc le sud.
Leurs voisins hongrois nommaient les Valaques : Olah, tandis qu'ils nommaient les
Italiens : Olasz.
Au Moyen Âge, le mot Vlah est utilisé aussi par les Croates catholiques pour
désigner leurs voisins orthodoxes. À l'époque les Grecs utilisaient le mot vlahos avec
un sens péjoratif et il n'est pas rare d'entendre aujourd'hui en Grèce des histoires où
le personnage du Vlahos joue le rôle du simplet. Toutefois, en Grèce, c'est aussi un
nom de famille répandu.
Vlahos est utilisé également par les Grecs pour désigner les Aroumains.

Un cocher « valaque » dessiné par D. Lancelot au milieu du XIXe siècle.


Les Saracatsanes hellénophones ne sont pas des Valaques, même s'il est possible
qu'une part de leurs ancêtres l'aient été (voir cet article).

Drapeau des Daco-roumains

Drapeau des Aroumains


Dans certains pays, ce nom a changé de sens et signifie "berger", témoignant du
pastoralisme, occupation principale des nombreux Valaques au cours de l'histoire.
En Albanie, le sens du mot s'est complètement inversé et c'est çoban (« berger » en
turc et en roumain) qui signifie « valaque » tandis que vlah signifie « berger ».
On retrouve le terme valaque dans les langues européennes ("Walach", "Wallach",
"Wolokh", "Valach", "Olah", "Vlah", "Vlas", "Vlachos", "Iflak", etc.) avec les sens
suivants :
• italien et/ou roumain en polonais, tchèque, slovène (et hongrois sous la
forme Olah pour les Roumains et Olasz pour les Italiens),
• berger ou cheval hongre en slovaque moderne (écrit en minuscule),
• habitant de la Valachie morave ou de la Valachie roumaine en slovaque
moderne (écrit en majuscule),
• italien en ancien slovaque et en ancien tchèque (écrit en majuscule),
• immigré serbe (péjoratif) en slovène,
• aroumain en grec, bulgare, serbe, croate, bosniaque,
• roumain ancien en allemand, ukrainien, russe moderne,
• latinophone (tous latinophones confondus) en russe ancien,
• habitant de l'ancienne principauté de Valachie,
• immigré, métèque ou chrétien orthodoxe (péjoratif) chez les croates,
• non musulman ou mécréant (péjoratif) chez les bosniaques,
• habitant de la Valaquie morave en tchèque moderne,
• roumain (Woloch) et italien (Wloch) en ancien polonais,
• aroumain, berger en bulgare et en macédonien,
• aroumain en grec,
• langue roumaine parlé dans la Krajina de l'est de la Serbie (Portes de
Fer),
• serbe (péjoratif) chez les croates et les bosniaques
• valacchi, Velacia en italien : aroumains, habitants de Valachie, nom
médiéval des pays roumanophones.
En revanche, les Saracatsanes ne sont pas des Valaques, bien que Theodor
Capidan et Take Papahagi aient supposé que ces bergers hellénophones puissent
être d'origine initialement aroumaine.
Enfin, les anglophones distinguent les Wallachians (habitants de la région roumaine
de Valachie et plus largement roumanophones) des Vlachs (Aroumains et plus
largement romanophones sud-danubiens), tandis que les germanophones font la
même distinction mais en appelant Walachen les roumanophones et Aromunen les
Aroumains et les Mégléno-Roumains.
Article connexe : Histoire du terme Vlach.
Aux bouches du Danube

Guillaume Lejean (1861): carte des langues aux bouches du Danube. Bleu:
Roumains (Mocans, Diciens, etc). Vert foncé: Russes (Grands-russiens, Lipovènes);
Vert clair: Bulgares; Jaune: Albanais (guègues); Rouge: Turcs (osmanlis, Gök-
Oguzes); Rose: Tatars (Nogays); Violet: Circassiens (tcherkesses).

En bleu les roumanophones de la Serbie du Nord-Est en 193511 tels qu'ils figurent


sur tous les Atlas avant Tito.

En bleu les communes de la Serbie du Nord-Est où les roumanophones sont


majoritaires, selon la reconnaissance officielle du 30 juillet 200712.

Armoiries des Valaques de Serbie

Les Portes de Fer


Le défilé des Cazane (« chaudrons »)

La Tabula Traiana

Les populations valaques dans les Balkans aujourd'hui

Évolution des langues romanes orientales selon la majorité des auteurs mentionnés,
avec les trois phases (de bas en haut) de la formation, de la dispersion et de la
différenciation.
Autour des bouches du Danube, diverses sources (notamment ottomanes)
mentionnent l'existence des Valaques Diciens dont le parler a disparu, mais en
laissant des traces lexicales dans la toponymie (ville de Vicina) et dans les
patronymes locaux (Dicianu). Ces diciens (en roumain : dicienii) étaient les
roumanophones autochtones de Dobrogée, dont le parler, appelé Dicien, fait partie
de la langue daco-roumaine13. Il était utilisé surtout autour de Tulcea, dans le massif
du Măcin, à l'époque plus boisé qu'aujourd'hui, où une population roumanophone a
vécu parfois isolée aux époques des invasions (notamment tatares) et des guerres
ottomanes. Selon George Vâlsan14 le nom de ce parler est en relation avec la cité
médiévale de Vicina qui a donné à la Valachie son premier évêque métropolitain,
Hyacinthe, en 1359. Les études régionales toponymiques, étymologiques et
onomastiques semblent indiquer une forte influence grecque médiévale sur ce parler
local. Certains noms d'outils semblent indiquer qu'à son tour, le roumain dicien ait
influencé le parler russe des Lipovènes venus s'installer dans la région au
XVIIe siècle. Au XVIIIe siècle la population dicienne s'est maintenue en partie grâce
à l'immigration peu nombreuse, mais continue de roumanophones moldaves du
Boudjak fuyant les persécutions des Tatars. Au XIXe siècle elle a été submergée par
les roumanophones venus du reste de la Roumanie. Les archéologues ne savent
toujours pas si l'ancienne Vicina se trouvait sous l'actuelle Tulcea, sous l'actuelle
Isaccea, sous l'actuelle Măcin ou ailleurs (la plupart des localités du județ de Tulcea
regorgent de ruines antiques et médiévales).
En ex-Yougoslavie
En ex-Yougoslavie, le terme français Valaques concerne six ethnies :
– les Istroromuni, Istriens ou Istro-roumains en Croatie ;
– les Karavlasi, Dalmates, Mavro-Vlaques, Morlaques ou Valaques noirs au
Monténégro, en Dalmatie et Bosnie-Herzégovine. Aujourd'hui, les Serbes en Bosnie-
Herzégovine sont appelés Vlasi de façon péjorative par les Bosniaques et les
Croates ;
– les Aroumains (Cincari, Tsintsars ou Zinzares) et les Méglénoroumains en
Macédoine et en Serbie ;
– les Valaques de l'Est de la Serbie centrale (Vlasi).
Les Istro-roumains ne sont plus que quelques dizaines, en Istrie, à l'ouest de Rijeka.
Les Karavlasi ou Morlaques ont disparu au XVIIIe siècle, assimilés aux Vénitiens ou
aux Croates. Ces deux populations, catholiques, sont, selon la plupart des
historiens, issues des Valachies du centre de l'ancienne Yougoslavie, désignées
encore aujourd'hui par des toponymes tels que Vlasić, Stari Vlah, Romanija Planina
ou Durmitor : vers 1530, deux seigneurs croates, les comtes Zrinski et Frankopan,
accordèrent à « leurs frères serbes » l'autorisation de s'installer sur leurs terres15.
La majorité de ces réfugiés sont des Serbes de Rascie, mais aussi des Valaques de
la Romanija Planina, du Stari Vlah et du Durmitor, ainsi que des Albanais du Kosovo
(à l'époque encore chrétiens orthodoxes sous obédience de l'Église orthodoxe
serbe : 200 000 Serbes, Valaques et Albanais s'installèrent dans ces confins entre
1690 et 1694, fuyant l'Empire ottoman. Le statut de ces réfugiés fidèles à l'Église
orthodoxe serbe est alors plus enviable que celui des serfs croates (donc
catholiques). Cela qui provoque une fuite de la population croate vers les confins
militaires de l'Empire d'Autriche (suzerain des seigneurs croates) ainsi que son
adhésion à l'Église serbe dans le but d'avoir les mêmes avantages que les réfugiés.
La fuite de leurs serfs provoque la colère des nobles croates, d'autant que lorsque
les confins militaires autrichiens furent en majorité peuplés d'orthodoxes, vers 1559,
l'empereur et le conseil militaire de Vienne retirèrent aux nobles croates toute
autorité sur la région. Progressivement la langue serbo-croate se généralise alors
dans les confins, tandis que le valaque et l'albanais y disparaissent16, non sans
laisser des traces dans le lexique local ; dès lors, le terme de Valaque n'y désigne
plus des populations latinophones, mais devient chez les Croates un terme péjoratif
pour les bergers transhumants des Balkans et plus généralement pour les
orthodoxes, qu'ils fussent Slaves ou réellement Valaques. Par la suite, l'appellation
sera récupérée par les nationalistes croates pour disqualifier spécifiquement les
Serbes de Croatie.'17
Dans la Yougoslavie moderne, seuls les Vlasi vivant en Serbie centrale et le long de
la frontière bulgare, ainsi que les Roumains de Voïvodine, étaient reconnus et
comptés comme minorités nationales (séparément), et figuraient sur les cartes
linguistiques. Les roumanophones de la Krajina orientale (aux Portes de Fer et
autour de Negotin), majoritaires dans 156 communes et présents dans 48 autres,
plus nombreux que les Vlasi et que les Roumains de Voïvodine réunis, n'ont été
officiellement reconnus que le 30 juillet 2007. En 2002, sur 284 112 habitants de
cette région18, 243 148 (85,58 %) étaient déclarés Serbes, 23 604 (8,31 %) étaient
déclarés Valaques et 2 723 (0,96 %) étaient déclarés Roms19, mais depuis la
reconnaissance de 2007, il s'avère que 58 % des Serbes soit près de 141 000
seraient usuellement roumanophones20. Dans cette communauté, de langue daco-
roumaine, comme celle de Voïvodine, deux tendances identitaires coexistent : l'une,
« roumaniste », s'identifie au peuple roumain et se considère comme une minorité
roumaine en Serbie ; l'autre, « valaquiste » (en roumain vlahistă), s'en distingue au
contraire et se considère comme une communauté est-romane de Serbie,
roumanophone mais non roumaine. On retrouve ici le même débat qu'en Moldavie,
en Macédoine ou au Monténégro entre droit du sang et droit du sol : selon le
premier, l'identité se fonde sur la langue et l'origine commune ; selon le second, elle
se fonde sur le territoire et l'habitat (ou la citoyenneté) communes.
Histoire

Pétition en latin pour les droits des Valaques de Transylvanie en 1791

Les Valaques en Europe en 850, d'après Anne Le Fur


Le Regnum Bulgarorum et Valachorum en 1250, d'après Anne Le Fur
Depuis l'Antiquité, les locuteurs des langues romanes orientales vivent éparpillés
dans tous les Balkans. Les Valaques actuels (dans le sens d'Aroumains) défendent
leur culture et leur langue, mais n'ont jamais revendiqué d'État.
La première mention des populations de langue romane des Balkans est faite en
579 par Théophane le Confesseur et Théophylacte Simocatta dans la chronique
d'une bataille contre les tribus des Avars, les romanophones combattant dans les
rangs de l'armée romaine d'orient dite Byzantine.
Sous la forme Volokhs ou Bolohovènes, le terme a été aussi utilisé par les peuples
slaves pour désigner les populations situées au sud de leurs frontières, lors de leur
arrivée dans la région.
Lors de la fondation de la Bulgarie, la plupart des Valaques, ainsi que les Slaves des
Balkans orientaux et les Grecs des côtes de la Mer Noire, se retrouvent au sein de
ce nouvel état, qui adopte leur religion (chrétienne orthodoxe) en 864. Le
chroniqueur byzantin Kedrenos est le premier à employer le terme de Valaques
quand il raconte l'assassinat par ceux-ci du frère du tsar bulgare Samuel, en 976.
Auparavant, les Byzantins n'utilisaient pas de terme spécifique pour les désigner,
mais les incluaient dans le terme générique de Ῥωμαίοι (« Romains ») donné à tous
les habitants aborigènes de l'ancienne Ῥωμανία (l'Empire), y compris hellénophones
ou albanophones21.
En 1018, au terme d'une guerre longue et sanglante, l'empereur byzantin Basile II
parvient à reconquérir la péninsule des Balkans en anéantissant la Bulgarie. Cela
provoque de grands déplacements de populations, et notamment d'une partie des
Valaques de Bulgarie qui se dispersent : une partie d'entre eux migre vers les pays
tchèques où ils forment la "Valaquie morave", d'autres vers la Transylvanie où ils
grossissent les rangs de ceux qui s'y trouvaient déjà22, mais un grand nombre
s'installe en Thessalie qui est alors appelée la "Grande Valachie" (Μεγάλη Βλαχία)
par les auteurs byzantins23.
La seule formation politique d'envergure montrant une participation des Valaques
avant la Roumanie moderne, est le Regnum Bulgarorum et Valachorum (Royaume
des Bulgares et des Valaques, 1186-1280), à la suite de la révolte bulgare contre
l'Empire byzantin en 1180-118624.
Contrairement à ceux de Valachie, Moldavie et Transylvanie (les Roumains), les
Valaques des Balkans (les Aroumains) n'ont plus d'histoire politique après 1280 : ils
vivront en bergers, cultivateurs et commerçants au sein de l'Empire ottoman. Une
petite partie d'entre eux, quelques villages de Mégléniotes, s'est alors convertie à
l'islam.
Lors de l'éveil des nationalismes au XIXe siècle, les Valaques Aroumains des
Balkans ne revendiqueront pas de territoire, et la majorité d'entre eux choisira de se
déclarer membres de l' Elleniki ethniki koinonia (communauté nationale hellénique)
mais de langue aroumaine. Une autre partie de la communauté a émigré en
Roumanie (pays qui avait financé leur système scolaire de 1866 à 1940, mais en
tentant de substituer la langue roumaine à l'aroumain) avant et après la Première
Guerre mondiale, pour peupler notamment la Dobroudja du sud que la Roumanie
avait enlevée à la Bulgarie en 1913.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'Italie a tenté d'embrigader les Valaques
d'Albanie et de Grèce en leur faisant miroiter un pays aux confins de ces deux pays
(l'éphémère Principauté du Pinde, plus ou moins l'actuelle région grecque de
Macédoine occidentale et le district de Korce ou Koritsa en Albanie) : les Valaques
n'ont pas répondu à ces avances, pas plus qu'à celles des communistes pendant la
guerre civile grecque (1946-49) qui leur promirent une région autonome sur le
modèle soviétique.
Aujourd'hui les Aroumains ne revendiquent aucune structure territoriale ou politique
au sein des pays où ils vivent, mais ont une vie culturelle intense, cultivent leur
langue et maintiennent leurs liens d'un pays à l'autre.
Dans leur culture populaire, les Valaques ont trois mythes de leurs origines. Au nord
du Danube, l'un de ces mythes (dont il existe des récits en vers) gardait le souvenir
de « Trajan, venu il y a bien des ans », fondateur et bâtisseur. Au sud, une légende
rapporte que les Valaques ont jadis vécu au nord de l'actuelle Serbie, dans la région
de Sirmium (Srem), d'où ils ont fui vers le sud-ouest devant les invasions (mais aussi
vers le nord-ouest, pour y fonder la Valachie morave); d'autres légendes les font
descendre des « caravaniers des Romains » chargés de construire, défendre et
entretenir la Via Egnatia (reliant Dyrrhachium, aujourd'hui Durrës en Albanie, à
Constantinople).
Controverses
La polysémie du nom induit des controverses sur son utilisation en français. La
quasi-totalité des Atlas historiques occidentaux l'utilise pour désigner indistinctement
les Roumains et les Aroumains antérieurement à l'émergence de la Roumanie, mais
sans préciser qu'il s'agit de Roumains et d'Aroumains, ce qui laisse penser au
lecteur non averti qu'il s'agit, peut-être, d'une tribu slave ou turcophone. Certains
auteurs tels Jacques Bertin prennent le parti d'utiliser « Moldo-Valaques », ce qui
exclut les Transylvains et déplaît au gouvernement de la République de Moldavie...
Ne connaissant pas le mot français « Valaques », ou souhaitant le réserver pour
désigner les habitants actuels de la région roumaine de Valachie, certains historiens
roumains et grecs utilisent pour les Aroumains des formes telles que Vlachs (forme
anglaise), « Vlaques », Aromounes (forme allemande) ou « Macédo-Roumains »
(dénomination roumaine), tandis que certains auteurs aroumains tels Iancu Perifan
souhaiteraient au contraire réserver « Valaques » en français pour désigner
exclusivement leur communauté.
Par ailleurs, il existe trois histoires divergentes des Valaques.
• Les thèses roumaines25, bulgares et yougoslaves affirment que les
ancêtres romanophones de tous les Valaques sont apparus au nord du Danube,
dans l'ancienne Dacie, d'où certains auraient migré vers le sud du Danube pour
donner les Aroumains et les Mégléno-Roumains, et vers l'ouest pour donner les
Istro-Roumains. Cette thèse est en cohérence avec la position de la majorité des
linguistes roumains qui considèrent que l'istro-roumain, l'aroumain et le mégléno-
roumain sont des dialectes du roumain, et avec les historiographies bulgare et
yougoslave qui affirment que les Slaves ont trouvé dans ces pays des populations
Thraces et Illyres non-romanisées, et que le Royaume des Bulgares et des Valaques
n'avait qu'une « composante valaque négligeable », était un État bulgare au sens
actuel national du terme, et doit être nommé « Second état bulgare ».
• La thèse austro-hongroise, et plus tard allemande, hongroise et russe26,
affirme au contraire la disparition des latinophones en Dacie après les 170 ans de
présence romaine, et leur retour après mille ans d'absence, à l'appel des rois de
Hongrie, depuis la Macédoine. Selon cette thèse ce sont les Roumains qui
descendent des Aroumains. Cette thèse est en cohérence avec les revendications
hongroises sur la Transylvanie, qui s'appuient sur l'idée que les populations
magyares y ont précédé les populations roumaines, et aussi avec les thèses
grecques affirmant que les Aroumains ne descendent pas des Roumains, mais de
populations hellénophones latinisées (la synthèse des thèses grecques et
« rössleriennes » fait donc descendre tous les Roumains de « Grecs latinisés »).
• Entre ces deux écoles antagonistes qui interprètent toutes deux
l'archéologie et la toponymie de manière à valider leurs positions, toute synthèse est
impossible, et c'est pourquoi quelques chercheurs27 qui s'appuient surtout sur la
linguistique comparée, pensent que Daco-Roumains d'un côté, et Istro-roumains,
Aroumains et Mégléno-roumains de l'autre, ont, à partir du IXe siècle, évolué à part
les uns des autres, comme les francophones d'oïl et les occitanophones d'oc dans
l'espace gallo-romain. Selon leurs recherches, les latinophones, les slavophones et
les autres ont vécu étroitement mêlés sur un territoire plus vaste que les états
actuels, allant de l'Adriatique à la mer Noire et de l'actuelle Ukraine au centre de
l'actuelle Grèce, où les roumanophones étaient, à la manière des Romanches, des
Ladins, des Frioulans et des Dalmates, localement majoritaires autour de certains
massifs montagneux ou forestiers tels que les chaînes Dinariques, le Pinde, les
Balkans occidentaux, le massif du Bihor, les Carpates, le Codru et le Măcin. Autour
de ces massifs constituant des « Romanies populaires »28, la population était
majoritairement slave. Au nord de la ligne Jireček29 les Daco-roumains se sont
formés le long du bas-Danube, par osmose entre roumanophones et slavophones,
tandis que les Aroumains et les Mégléno-roumains, qui ont subi beaucoup moins
d'influences slaves, ont évolué à part au sud de la Mésie et de la Dacie aurélienne
avant de franchir la ligne Jireček vers la Macédoine et la Thessalie à la suite des
guerres bulgaro-byzantines du Xe siècle ; les Istro-roumains pour leur part
descendent peut-être des anciennes populations romanes de l'actuelle Bosnie (les
« Mavro-Valaques », « Morlaques » ou « Karavlaques »), chassées vers l'ouest par
les Slaves et/ou les Turcs.
Ces controverses aboutissent dans les atlas historiques actuels30 à ignorer toute
présence romanophone entre l'an 270 et le XIVe siècle dans le bassin du bas-
Danube et les Balkans, ce qui a fait dire à l'historien Neagu Djuvara, dans une
interview de 2008, que « les arguments des thèses antagonistes peuvent tous être
contestés, mais ils ont le mérite d'exister, tandis qu'aucun fait archéologique et
aucune source écrite n'étayent l'hypothèse d'une disparition pure et simple des
romanophones pendant mille ans, de 276 à 1276, qu'ils se soient envolés avec les
hirondelles pour migrer en Afrique, ou qu'ils soient allés hiberner avec les ours dans
les grottes des Carpates ou des Balkans... »31. Quoi qu'il en soit, même s'il n'y avait
aucune preuve archéologique ou toponymique et aucune mention écrite, la simple
existence des langues romanes orientales suffit à prouver que les Thraco-Romains,
locuteurs romanophones, ont survécu à l'arrivée des Slaves et des Bulgares dans la
région, et que les Valaques ne sont pas apparus par « génération spontanée » au
XIIe siècle

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*3. Varègues

Varègue, également appelés Rus, est le nom donné aux Vikings exerçant sur la
route de l’Est. Les Varègues étaient des Danois et surtout des Suédois qui
voyagèrent vers l’est depuis la Scandinavie. Vivant du commerce, de la piraterie et
s'offrant comme mercenaires, ils écumèrent le réseau fluvial de ce qui sera plus tard
la Russie, atteignant jusqu'à la mer Caspienne et Constantinople.
Ils créèrent un ensemble de forts et de postes d’échanges, posant les bases du futur
État russe.
Les Slaves et les Byzantins ne distinguaient cependant pas les Scandinaves des
Saxons parmi ces mercenaires. D'ailleurs, les gardes varègues de l'empire byzantin
étaient le plus souvent des Saxons (voir ci-dessous). Dans la première chronique
russe ce terme inclut aussi des Angles provenant de l'île de Bretagne.

Rus' ou Varègues

Deux termes décrivent les Vikings de l'est.


Rus est un dérivé du finnois ruotsi (Suède), qui remonterait au vieux norrois róthr,
signifiant "ramer", voire à la province suédoise de Roslagen. Rus est exclusivement
employé pour désigner les Vikings établis en Russie. Une autre hypothèse
(Thomsen, Vernardsky) avance que les Scandinaves auraient emprunté le mot rús à
la tribu des Alains Ruxs. Söderling rapproche l’origine du mot aux Goths, originaires
de Suède, qui ont atteint la mer Noire vers le IIIe siècle. Les Slaves les auraient
appelés Rús, « les gens roux », puis ce vocable aurait désigné l’ensemble des
peuples scandinaves, dont les Varègues de Novgorod et de Kiev.
Vaeringr est dérivé du norrois varar, signifiant "gage" ou "serment", et par extension
"homme lige". Ce terme sera utilisé pour distinguer les Rus déjà slavisés, des
mercenaires et marchands scandinaves récemment arrivés.
Les Varègues (Варяги, en russe) sont mentionnés par la première chronique russe
comme étant arrivés d’au-delà la mer Baltique, vers le IXe siècle, invités par les
tribus slaves et finnoises pour pacifier la région. Ils étaient menés par Riourik
(Rörek) et ses deux frères Siniéous et Trouvor, qui s’établirent autour de la ville slave
de Novgorod. Ces premiers Varègues furent peut-être légendaires, mais une
véritable colonisation suédoise, Aldeigjuborg, fut établie autour du lac Ladoga au
VIIIe siècle. Les habitants slaves appelèrent ces Suédois les Rus’.
Controverse
Le rôle des Varègues dans la fondation de l'État rus et de la principauté kiévienne fut
un sujet important de controverse dans l'historiographie russe au XIXe siècle.
• Justification de l'autocratie
Les partisans de cette théorie « normanniste » (comparable à celle des Francs sous
l'Ancien Régime en France) sur l’État russe — dont Nikolaï Karamzine et plus tard
Sergueï Pogodine — pensaient que, d'après les indications de la première
chronique, les Varègues avaient été invités par les Slaves de l’est pour qu'ils les
gouvernent et maintiennent l'ordre. Cette théorie n’était pas sans implication
politique. Dans les écrits de Karamzine, la thèse normanniste justifiait la domination
du peuple par l’aristocratie, et Pogodine s'en servait pour expliquer que la
soumission du peuple était volontaire depuis le départ — ce qui était contesté par les
historiens plus libéraux de la société russe, et des historiens polonais.
Les sources
Les Annales de saint Bertin mentionnent l’arrivée d’une ambassade varègue à la
Cour de Louis le Pieux à Ingelheim, près de Mayence, et précisent que « ces
inconnus disaient s’appeler Rhos » (18 mai 839). Plus tard, la Chronique des temps
passés indiquera que « les Slaves et les Russes sont un même peuple et c’est des
Varègues que les Russes tirèrent leur nom, alors que, primitivement, ils étaient
slaves ».
Certains historiens suggèrent que les Rús, négociants et guerriers scandinaves, se
sont enfermés, pour se défendre et protéger leurs marchandises, dans des
domaines-fortins, qu’ils appellent gardhr. Les populations locales les imitent et créent
des refuges plus larges qu’ils nomment goroda. Dans ces refuges-comptoirs se
développe une sorte de civilisation urbaine qui étonne les Scandinaves, car chez
eux, les villes n’existent pas ; c’est pourquoi la Russie est appelée en vieux norrois
Gardhariki (le « pays des villes »). Les Slaves font de ces cités le noyau de leurs
minuscules États (volosti). Pour les défendre, ils font appel à des mercenaires
scandinaves qui, exerçant le pouvoir militaire, se seraient emparés du pouvoir
politique après une série de petits coups d’État, comme à Novgorod (Riourik) ou à
Kiev.

Le commerce des esclaves dans l'Europe de l'Est au Haut Moyen âge, toile de
Sergey Vasilievich Ivanov (1864-1910)
Un voyageur persan, Istakhri, vers 950, distingue trois sortes de Rús : ceux de Kiev,
les Slawijah (les Slaves de Novgorod) et les Arthaniyah, dont le roi habite à Artha
(les Erz’a, une tribu finnoise fixée sur la Soura, à l’ouest de Bolghar).
Dans De administrando imperio, écrit en 950, l’empereur byzantin Constantin VII
Porphyrogénète note un itinéraire commercial de Grobin (près de l'actuelle Riga) à
Gnezdovo par la Dvina, puis par le Dniepr jusqu’à Kiev et Berezany, en Tauride,
future Crimée. Il décrit la périlleuse descente des sept rapides du Dniepr dont se
rendent capables les Rhos et mentionne le nom de cinq d’entre eux en langues
slave, grecque et rhos. Il note que les Rhos perçoivent des tributs des différentes
peuplades slaves (monnaies, fourrures et esclaves).
Le diplomate persan Ibn Rustah décrit les mœurs des Rús vers 950 : ils font
principalement la chasse aux esclaves et le commerce des fourrures. Ils ne cessent
de voyager et font la guerre en bateaux. Ils sont vaillants et très perfides. Au
demeurant, beaux, propres et bien vêtus. Ils sont hospitaliers, mais querelleurs et
portés au duel et ne se séparent jamais de leurs armes. Ils ont des prêtres (?) et
pratiquent des sacrifices humains et animaux, qui se font par pendaison.
Le lettré musulman d’origine arabe Ibn Fadlân a également laissé d’eux une
description très détaillée de l’enterrement par bateau d’un de leurs chefs de clan
comprenant un sacrifice humain.
Voir aussi l’article Rus' de Kiev.
De l'identité scandinave à l'identité slave
Les Varègues furent progressivement assimilés par les populations qu'ils
administrèrent.
Dans le traité conclu en 911 entre Oleg le Sage et Byzance, tous les signataires
varègues portent des noms scandinaves. Or, en 944, un traité similaire est signé, au
terme d'une attaque rus manquée, et nombre d'entre eux portent des noms slaves.
Igor, qui est la forme slavisée d'Ingvarr, sera le dernier prince varègue à porter un
nom nordique. Il prénommera son fils Sviatoslav.
L'apport lexico-culturel fut limité ; la langue russe n'a pas emprunté plus de sept
mots au lexique norrois. L'influence scandinave est également absente des
premières notions juridiques slaves. La communauté varègue était semble-t-il
inexistante dans les campagnes.
Le principal apport des Vikings fut donc le développement des villes et du
commerce, et la fondation du futur État russe.
La garde varègue
Article détaillé : Garde varangienne.
Les Varègues apparurent dans le monde byzantin en 839 quand l’empereur
Théophile négocia avec eux pour obtenir des mercenaires pour son armée. Bien que
les Rus' eussent le plus souvent des relations pacifiques avec les Byzantins, les
raids varègues depuis le nord n'étaient pas rares. Ces attaques eurent lieu en 860,
907, 911, 941, 945, 971, et finalement en 1043. Ces raids n’eurent d'autre succès
qu'une renégociation des traités de commerce ; militairement, les Varègues étaient
toujours vaincus par la flotte de Constantinople, qui utilisait le feu grégeois.
La classe gouvernante des deux villes-États puissantes de Novgorod et Kiev finit par
devenir varègue, et les Byzantins purent bientôt acheter les services d'une force
mercenaire officielle, qui devint la garde varègue. Ceci advint en 988, quand le
prince de Kiev, Vladimir Ier, se convertit à l’orthodoxie. En échange de la main de la
sœur de Basile II, Anne, Vladimir donna six mille Varègues comme garde
personnelle. Elle fut l'un des éléments les plus efficaces et plus loyaux de l’armée
byzantine, comme le rapporte la chronique d’Anne Comnène pendant le règne de
son père Alexis Ier Comnène. Leur arme principale était une longue hache, mais ils
utilisaient aussi l’épée et l’arc. Ce furent les seuls à défendre avec succès une partie
de Constantinople pendant la Quatrième croisade, elle fit sa soumission après la
prise de la ville en 1204. À cette date, le terme « varègue » référait à n’importe quel
mercenaire du nord de l’Europe et la garde était plus composée de Britanniques et
de Normands que de Russes ou de Scandinaves.
L’un des membres les plus célèbres de la garde varègue fut celui qui allait devenir le
futur roi Harald III de Norvège, le « Dernier des Vikings  », un géant de plus de deux
mètres, un grand guerrier également connu sous le nom de Harald Hardrada (le
« Sévère »), et qui arriva à Constantinople en 1035. Il participa à pas moins de
18 batailles, jusqu'en Sicile (1038/1040), et devint ἀκόλυθος (acolythos),
commandant de la garde, avant de retourner chez lui en 1043.

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*4 .Karaites

Le Karaïsme (‫ קראות‬qaraout ; peut aussi s'écrire caraïsme, qaraïsme ou charaïsme)


est un courant du judaïsme scripturaliste, car fondé sur la seule Miqra, c'est-à-dire la
Bible hébraïque et le refus de la Loi orale. Il est donc en opposition au judaïsme
rabbinique. Ses adhérents sont appelés les juifs karaïtes («fils de la Miqra»)

Les premières mentions des karaïtes remontent au IXe siècle et font référence au
mouvement fondé en Babylonie par Anan ben David un siècle plus tôt, bien que des
mouvements karaïtes moins importants aient pu le précéder. Le karaïsme connaît un
âge d'or du IXe siècle au XIe siècle et aurait, selon certaines sources, été adopté par
40 % de la population juive mondiale, aussi bien en Europe que dans le monde
arabe1. Son influence décline ensuite progressivement mais des communautés se
maintiennent au Caire, en Crimée et ailleurs. À compter du XIXe siècle, les karaïtes
résidant dans l'empire tsariste (et uniquement eux) se redéfinirent pour la plupart
comme un peuple distinct du peuple juif, d'ethnie turque tatare possédant sa langue
propre. L'habitude s'est alors assez largement répandue de désigner les tenants de
cette nouvelle approche par le terme «Karaïme» ou «Qaraylar». Aujourd'hui, le mot
«karaïte» s'utilise pour désigner les karaïtes qui sont définis en tant que juifs, mais
aussi comme terme générique pour désigner l'ensemble des groupes. Cependant,
ces utilisations ne sont pas pleinement normalisées, et des utilisations inverses
peuvent encore être trouvées.
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*A. Peuples Turcs

On appelle turcs ou peuples turcs les divers peuples dont la langue fait partie de la
famille des langues turques. On estime à plus de 250 millions le nombre de
personnes appartenant à ce groupe. Il s’agit vraisemblablement des descendants de
grandes tribus originaires d'Asie centrale
La plus ancienne mention du terme «Turk» qui nous soit parvenue nous provient des
Göktürks du VIe siècle. Une lettre de l’Empereur de Chine au khan köktürk Isbara
l’identifie comme le «grand khan turc» en 585. Les stèles d'Orkhon, dans l'actuelle
Mongolie, font usage du terme «Turuk» pour désigner les ancêtres des peuples
turcs.
Il se pourrait que certaines sources antérieures fassent référence à des peuples
turcs, comme une tablette du XXIe siècle av. J.-C. retrouvée sur le site de Mari en
Syrie (qui parle d'un peuple appelé «Turukku», en migration vers les régions de
Tiguranim et Hirbazanim — nous ne savons pas à quoi correspondent ces noms
sumériens), ou un texte chinois datant de 1328 av. J.-C. (en parlant d'un peuple
voisin appelé « Tu-Kiu »), ou encore le nom d'un des petits-fils de Noé, «Turk», dans
les textes de l'Avesta. On ne peut affirmer qu'il existe un lien entre ces termes, en
apparence proches morphologiquement, et les peuples turcs proprement dits ;
cependant nombre de personnes pensent avoir trouvé là des sources attestant de
l'ancienneté tant du terme que des peuplades elles-mêmes.
Aujourd'hui, en Turquie moderne, l'explication populaire de la racine du mot «turc»
déclare que le terme signifie «fort» ou «puissant».
En français, l'usage courant du terme «turc» peut prêter à confusion, dans la mesure
où seul le contexte permet de faire la distinction entre ses deux sens possibles ;
d'une part le peuple turc, c'est-à-dire les citoyens de la Turquie actuelle, et d'autre
part les peuples turcs au sens large, et parfois désignés par le terme «turcique».
D'autres langues telles que l'anglais utilisent deux termes séparés, respectivement
«Turkish» et «Turkic». De même, en turc moderne, on utilise le mot «Türk» en
parlant des habitants de la Turquie, tandis que le mot «Türkî» se rapporte aux
peuples et cultures turcs au sens large.

Histoire:
La quasi totalité du domaine scientifique pense que les peuples turcs sont originaires
d'Asie centrale (anciennement Turkestan). Une petite minorité, comprenant les
idéologistes panturques, envisagent une origine plus à l'ouest, suivie d'une migration
vers l'Asie centrale durant la préhistoire.
Des comparaisons entre le sumérien et les langues turques modernes, pourraient
sembler indiquer l'existence d'un vocabulaire commun ; de là découle la thèse que
les Sumériens sont la plus ancienne peuplade turque attestée et qu'ils sont
originaires de l'est de la mer Caspienne mais ont cependant établi leur civilisation en
Mésopotamie. Cette thèse est cependant largement critiquée par une grande partie
des historiens et des linguistes spécialisés, dans la mesure où la majorité des
linguistes considèrent le sumérien comme un isolat linguistique, et est assimilable à
un produit de l'idéologie panturque.
Outre les controverses érudites, on ne sait précisément la date de l'émergence
turque de son berceau géographique. Le premier État à avoir porté le nom «turc» est
celui des Köktürks (ou Göktürk) au VIe siècle. Ceci porterait à croire que les Turcs
vivaient surtout au Kazakhstan et probablement en Mongolie durant le premier
millénaire de l'ère chrétienne. La Turquie a d'ailleurs des programmes de
restauration des monuments turcs existant en Mongolie.
Parmi les peuples turcs postérieurs, on notera les Karlouks (VIIIe siècle), les
Ouïghours, les Kirghizes, les Oghouzes et les Turkmènes. C'est pendant la
formation de leurs États que ces peuples sont entrés en contact avec le monde
musulman et ont progressivement adopté l'islam. Il subsiste cependant des
populations turques appartenant à d'autres religions, notamment le christianisme, le
judaïsme (cf. Khazars), le bouddhisme, et le zoroastrisme.
À partir du xe siècle, les soldats turcs des califes abbassides s'imposèrent en
dirigeants du Moyen-Orient musulman, à l'exception de la Syrie et de l'Égypte. Les
Turcs oghouzes et d'autres tribus s'emparèrent du contrôle de diverses régions sous
l'égide de la dynastie seldjoukide, s'appropriant plus tard les territoires abbassides et
byzantins.
Simultanément, les Kirghizes et Ouïghours se battaient entre eux et contre le
puissant empire de Chine. Enfin les Kirghizes s'installèrent définitivement dans la
région aujourd'hui appelée Kirghizstan. Les Tatars s'installèrent quant à eux dans le
bassin de la Volga, évinçant du pouvoir local les Bulgares de la Volga. Cette même
région s'appelle aujourd'hui Tatarstan et est une République autonome de la
Fédération de Russie ; ses grandes villes, notamment Kazan, sont dotées d'une ou
plusieurs mosquées, les Tatars étant traditionnellement musulmans.
À la suite de la grande invasion mongole du xiiie siècle, l'empire seljoukide est sur le
déclin et c'est sur cette base qu'émerge l'Empire ottoman, sans doute le plus connu
des empires turcs, pour la richesse de son histoire et sa durée dans le temps,
occupant au final des régions allant des Balkans à l'Irak et du sud de la Russie à
l'Afrique du Nord. Simultanément, d'autres groupes turcs fondèrent des états de
moindre envergure, comme les Safavides d'Iran et l'Empire moghol au nord de
l'Inde. Des guerres successives contre la Russie et l'Autriche-Hongrie, ainsi que la
montée du nationalisme dans les Balkans seront les causes principales du déclin de
l'Empire ottoman; sa chute définitive survient à l'issue de la Première Guerre
mondiale et donne naissance à l'état actuel de Turquie. Quoi qu'il en soit, les
ressemblances entre les diverses langues turques contemporaines semblent
indiquer que l'éclatement initial du noyau géographique originel turc est un
phénomène relativement récent, sauf en ce qui concerne les Tchouvaches et les
Iakoutes.

Distribution géographique et divisions ethniques:


Actuellement, l'ethnie turque la plus dense réside en Turquie. Les autres groupes
turcs importants se trouvent en Azerbaïdjan, à Chypre, en Iran, au Kazakhstan, au
Kirghizstan, en Russie, au Turkménistan et en Ouzbékistan. On en trouve aussi en
Crimée, au Xinjiang (appelé le Turkestan chinois), au nord de l'Irak, en Afghanistan,
en Moldavie, en Gagaouzie, en Allemagne, en Pologne, en Ukraine, en Roumanie,
en Grèce, en Bulgarie et en ex-Yougoslavie ; les quatre derniers faisant partie des
Balkans. En revanche, il est difficile de séparer précisément les différentes ethnies
turques. En voici une liste non exhaustive ; entre parenthèses, leur situation
géographique    :
Hazaras (Afghanistan, Turquie, Tadjikistan, Iran et Pakistan)
Azéris (Azerbaïdjan et Iran)
Bachkirs (1 370 000 en Russie)
Balkars (Russie, Caucase du Nord)
Gagaouzes (Moldavie et Ukraine)
Iakoutes (300 000 en République de Iakoutie, Sibérie)
Kachkaïs (Iran)
Karakalpaks (Ouzbékistan, République autonome de Karakalpakie, au sud de la mer
d'Aral)
Karapapaks (Caucase, Turquie orientale)
Karatchaïs (Russie, Caucase du Nord)
Kazakhs (Kazakhstan, Ouzbékistan, Xinjiang (Chine), ouest de la Mongolie)
Khorasanis (Iran)
Kirghizes (Kirghizstan)
Koumyks (Caucase, Daguestan)
Nogaïs (Caucase, Daguestan)
Ouïgours (Turkestan oriental Xinjiang (Chine))
Ouzbeks (Ouzbékistan)
Qizilbash (Turquie, Iran)
Tatars (6 320 000 en Russie en 1979)
Tatars de Crimée
Tchouvaches (1 750 000 en Russie en 1979)
Touvains (Touva, au sud de la Sibérie, à la frontière avec la Mongolie)
Turkmènes (Turkménistan, Irak, Syrie, Afghanistan, Iran)
Turcs Osmanli (Turquie, Chypre du Nord, Europe, Grèce, Bulgarie, Macédoine)
Certains[Qui ?] classent les ethnies ci-dessus en six branches : Oghouzes,
Kiptchaks, Kourlouks, Sibériens, Tchouvaches et Iakoutes.
Un des principaux obstacles que l'on rencontre lorsqu'on essaie de classer les divers
dialectes, langues, peuplades et groupes ethniques turcs est l'effet qu'ont eu l'Union
soviétique et la politique stalinienne sur les nationalités. Les modifications de
frontières existantes et les déportations massives ont eu des impacts considérables
sur des régions traditionnellement diversifiées au niveau ethnique. De ce fait, le
classement ci-dessus n'est en aucune manière considéré comme vérité absolue,
tant au niveau global que dans le détail.
À cela s'ajoutent des éléments relativement nouveaux dus à l'évolution de la
situation géopolitique des pays de l'ex-bloc communiste suite à la chute de ce
dernier, comme l'émergence d'un esprit nationaliste dans les républiques d'Asie
centrale.

Anthropologie et linguistique:
Les peuples turcs sont d'apparence physique variée. La majorité de ceux d'Europe
orientale, de Turquie et du Caucase sont de type caucasien ou oriental, avec le teint
et les yeux sombres, des cheveux noirs, mais on trouve aussi des blonds, châtains
ou roux issus de métissage avec des Européens (notamment slaves) qui étaient
convoyés vers l'Empire Ottoman comme esclaves (les janissaires), tandis que ceux
originaires de la région méditerranéenne ou de l'Anatolie orientale ont plus souvent
des yeux bruns, des cheveux bruns/noirs et la peau mate. Enfin, les peuples turcs
d'Asie centrale — Ouzbeks, Kazakhs, Hazaras, Turkmènes, Kirghizes, Tatars,
Ouïgours, etc. — sont de type mongoloïde qui sont les Turcs originaux, non
métissés.
Les linguistes considèrent que les langues turques, mongoles et toungouses forment
une famille dite « altaïque ». Elles possèdent beaucoup de points communs, comme
l'harmonie vocalique : les voyelles sont partagées en deux groupes et chaque mot
ne peut contenir que des voyelles d'un seul groupe. Ce sont des langues
agglutinantes : les mots ne peuvent être dérivés que par adjonction de suffixes. Il
n'existe pas de préfixe ou d'infixe comme dans les langues indo-européennes. Ces
langues possèdent en revanche peu de vocabulaire en commun, ce qui peut faire
douter qu'elles soient d'origine commune. Leurs ressemblance peuvent, en partie,
s'expliquer par un long voisinage de leurs porteurs.
La famille ouralo-altaïque comprend également les langues finno-ougriennes,
langues parlées par les Hongrois, les Finnois, les Estoniens, ainsi que par les
Samoyèdes de Sibérie.
Les Turcs possèdent des points communs avec les peuples sibériens, comme la
pratique du chamanisme. C'est en Sibérie que cette religion se trouve sous sa forme
la plus pure. Elle est d'ailleurs la religion exclusive des peuples sibériens. Le mythe
du loup ancêtre est commun aux Turcs, aux Mongols, aux habitants de la Sibérie et
de l'Amérique du Nord. Ces similitudes n'ont rien d'étonnant, puisque ces derniers
sont originaires de Sibérie.
Les Turcs ont d'autres points communs cette fois avec les anciens Mongols. Leur
principale divinité était le Ciel-Dieu, appelé Tängri par les Turcs et Tängär par les
Mongols. Il avait pour compagne une déesse de la fécondité appelée Umai,
commune aux Turcs et aux Mongols. Ces deux peuples utilisaient le terme turc de
khan (ou khagan) pour désigner leurs rois. Ils ont eu un mode de vie nomade,
utilisant la yourte comme habitation. Ces similitudes témoignent d'une période de
coexistence des Turcs et des Mongols, durant laquelle les deux peuples se sont
mutuellement influencés.
Durant leur expansion vers l'ouest, les Turcs se sont mêlés à des Indo-Européens,
qui habitaient l'Asie centrale et les bords de la mer Noire. C'est la raison pour
laquelle il est difficile de définir une ethnie turque pure. Par exemple, en arrivant
dans le bassin du Tarim, les Ouïgours se sont métissés avec les anciens habitants
de cette région, les Tokhariens.

Religion:
Dans l'ensemble, les peuples turcs sont musulmans sunnites. Cependant, de
nombreuses personnes en Turquie orientale sont alevis, et la majorité des peuples
turcs d'Iran et d'Azerbaïdjan (Turcs, Azerbaïdjanais) sont musulmans chiites
Les Tchouvaches de Russie et les Gagaouzes de Moldavie sont chrétiens.
Certains groupes ethniques ont même conservés leurs traditions chamanistes,
tandis que la majorité ont adopté l'Islam dès le viiie siècle. On les trouve
principalement dans les régions et républiques autonomes de Russie voisines du
massif de l'Altaï, en Khakassie et à Touva, à la frontière mongole.
Enfin, on trouve quelques groupes turcs bouddhistes, juifs, zoroastriens et baha'is.

«Monde turc» et «panturquisme» :


Certains discours nationalistes font référence au « monde touranien », c'est-à-dire
une grande région ou même un grand empire englobant tous les peuples turcs.
Selon cette idée cet empire irait du Turkestan à l'est jusqu'aux Balkans à l'ouest et
de la Crimée au nord jusqu'au Proche-Orient au sud. Bien sûr les Russes, les
Chinois, les Iraniens et les Arabes sont hostiles à cette idéologie panturquiste et
voient d'un mauvais œil un rapprochement entre les différents peuples turcs.
D'un autre côté, la plupart des musulmans considèrent les peuples turcs comme
partie intégrante d'un «monde musulman» élargi, englobant l'Indonésie, le Pakistan,
les pays arabes, les musulmans des Balkans, du Caucase etc., et formant un
ensemble intégré.
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*-X. Alévisme

L'alévisme (alevilik en turc, Itiqate Ma en zazaki, elewîtî en kurmandji, al ‘alawīyyah


en arabe) regroupe des membres de l'islam dits hétérodoxes et revendique en son
sein la tradition universelle et originelle de l'islam et plus largement de toutes les
religions monothéistes. L'alévisme se rattache au chiisme duodécimain à travers le
cinquième imam (Dja'far al-sadiq) et à Haci Bektas Veli, fondateur de l'ordre des
bektachi dont la généalogie mythique remonte aussi au cinquième imam. Il se classe
dans les traditions soufies et ses croyances sont assimilables au panenthéisme. Il se
distingue par son non-dogmatisme des dogmes religieux dits «orthodoxes» tels le
sunnisme et le chiisme dit jafarisme. Bien qu'il soit de tradition très ancienne,
certains voient en l'alévisme l'exemple d’une «tradition musulmane moderne».
Haci Bektas Veli, mystique philosophe de l'alévisme, est le fondateur éponyme de la
confrérie des Bektachis qui joua un rôle primordial dans l'islamisation de l’Anatolie et
des Balkans. Selon l'UNESCO, l'islam alévi bektachi, avec les apports de Haci
Bektas Veli, fait preuve d'une modernité précoce: avec les mots du XIIIe siècle, Haci
Bektas Veli véhicula des idées qui huit siècles plus tard coïncideront avec la
Déclaration universelle des droits de l'homme (1948). Le semah, cérémonie
religieuse des alévis bektachi, est classé au patrimoine culturel immatériel de
l'humanité par l'UNESCO.
Les alévis bektachi sont musulmans mais n’ont pas l’obligation des cinq prières
quotidiennes ni du hajj à La Mecque soutenant le véritable pèlerinage autour de la
Véritable Kaaba, le Cœur de l'Homme. Leur lieu de culte n'est pas la mosquée mais
le cemevi, cem evi qui signifie maison ou lieu du rassemblement, où femmes et
hommes assis côte à côte sont égaux devant leur Créateur. Ils célèbrent leurs
cérémonies religieuses avec une danse giratoire sacrée (le semah) au rythme du
baglama. Pour les alévis bektachi, les textes relatifs au foulard des femmes n'ont
aucun caractère universel et ces textes sont, selon les conditions de notre époque,
caduques ou non valides. De plus, la révélation de Dieu ne se limite pas aux textes
sacrés. La Science et le Savoir sont les paroles divines inépuisables et se conformer
au Savoir c'est bénéficier de la révélation inépuisable de Dieu. Aussi, la première
injonction de Dieu aux croyants, le premier message ou mot, le premier devoir du
véritable croyant, le premier mode d'adoration de Dieu est de «Lire» pour augmenter
ses connaissances et comprendre la plus grande création d'Allah: l'Univers. Par
ailleurs, Dieu est en tout dans l'Univers, y compris en l'Homme. Aussi, l'initié ne doit
pas faire l'économie d'une bonne action, aimer chaque créature ou création d'Allah
et ne pas discriminer ou différencier les êtres humains. Contrairement à l'islam
sunnite, qui reste fidèle à la langue du Coran dans tous les domaines de la vie
religieuse, les alévis et les bektachis utilisent leur langue maternelle pour une
meilleure compréhension des textes sacrés.
Partisans de la laïcité, ils s'opposent à toute intrusion du pouvoir temporel (politique)
dans la sphère spirituelle (ou atemporelle) et inversement. La sphère politique, régie
par les hommes, connaît des succès mais aussi des échecs (pauvreté, injustice,
corruption, famines, incitations à la haine raciale ou religieuse, massacres,
guerres…). Associer le politique et le Sacré c'est aussi associer au Sacré les échecs
humains du politique. Aussi, la laïcité apparaît comme le meilleur moyen de protéger
la religion des fiascos politiques tel que la Bataille de Kerbala durant laquelle les
Omeyyades utilisent l'islam pour se maintenir au pouvoir et vont jusqu'à assassiner
la descendance du prophète.
La grande majorité des alévis sont d’origine turque et turkmène (environ 70 à 80 %).
On trouve également des alévis d'origine kurde, kurmandji et zaza (5 millions). Dans
les Balkans, une partie importante des Albanais et de petits groupes bosniaques et
macédoniens sont bektachis. Il existe également des communautés alévies en
Grèce, en Bulgarie, à Chypre, en Crimée, en Azerbaïdjan, en Syrie, en Iran et en
Irak.
L'alévisme constitue la seconde religion en Turquie après le sunnisme. Les avis
divergent sur leur nombre : officiellement ils sont entre 10 et 15 %, mais d’après les
sources alévies ils représenteraient entre 20 à 25 % de la population nationale. La
répression exercée sur la communauté sous l'Empire ottoman et la République a
provoqué chez les alévis un sentiment de peur qui les a contraints à pratiquer leur
culte en secret ou "Takiye". Aussi, tant que la liberté de conscience religieuse et
politique ne sera pas totale en Turquie, aucune estimation ne pourra être tout à fait
fiable. Les démographes et les universitaires avancent le chiffre de 15 à 20 millions.
À ce jour, l'islam alevi bektachi est officiellement ignoré par les autorités turques et
les lieux de culte alevi bektachi n'ont aucune reconnaissance juridique. En 2010,
l'État autrichien a officiellement reconnu l'alévisme comme un culte. Les cemevi ont
un statut légal, les chefs religieux sont reconnus par l'État, les jours sacrés (Kurban,
Ashura, Hizir et Newroz) des alévis sont devenus des jours fériés, et des masters
sur l'alévisme sont mis en place.

Alevi signifie «adepte d'Ali», gendre et cousin du prophète de l'Islam. À l'alévisme


sont associés les termes «Qizilbash-Alevi» et «Bektachi». Bien que les croyances
sont similaires et que le distinguo n'est plus d’actualité dans la Turquie républicaine,
ces deux termes renvoient à des réalités sociales distinctes sous l'Empire ottoman :
les Alevi-Qizilbash sont principalement des paysans et nomades d'origine turkmènes
présents en milieu rural. Leur soutien au Chah Ismail Ier (d’origine turkmène) leur
vaut l'assentiment du pouvoir central ottoman et une persécution féroce orquestrée
par les forces de sécurité intérieures. A cette époque, les partisans du Chah Ismail
Ier qui portent un bonnet de couleur rouge avec douze plis en référence aux 12
imams du chiisme duodécimain se font appeler Qizilbash.
les Bektachis sont un phénomène urbain et correspondent aux Sunnites, Chrétiens
et Israélites convertis aux croyances alevies. Organisés en confrérie ou ordre
religieux, ils sont influents chez les artisans (ahilik), les janissaires (chargé des
frontières extérieures recrutés parmi les populations chrétiennes) et autres centres
de pouvoir. Les Bektachi recevaient le soutien des sultans qui les utilisaient pour
atténuer les tensions entre le pouvoir central Sunnite et les Alevi et pour préparer les
populations locales avant l'annexion de nouveaux territoires. Chaque campagne
militaire était précédée par l'envoi de derviches Bektachis dont la mission était de se
fondre dans la population pour professer un islam tolérant et ouvert. L'imbrication
des Bektachis avec le pouvoir politique éloigne certains d'entre eux des valeurs
religieuses et des idéaux originels. Ainsi, les janissaires deviennent un redoutable
corps militaire à l'image des templiers, ordre religieux et militaire catholique.
Chez les alevi, il y a une condition de filiation : «on nait alevi» et pour devenir
«dede» (chef spirituel), il faut démontrer son appartenance à un «ocak» ou être
descendant du prophète. Il est possible de se convertir aux croyances alevies en
devenant membre de la confrérie bektachi, chez qui le «baba» (chef religieux) est
élu par la communauté du dergah.
L’alévisme a eu un impact fondamental dans l’histoire, la religion et la culture des
peuples turcs du Turkestan aux Balkans, y compris en Anatolie et en Azerbaïdjan.
Cette croyance était considérée comme hérétique par le pouvoir central sunnite
ottoman. Néanmoins, les bektachis jouaient un rôle important au sein du corps
militaire d'élite, les janissaires. Balim Sultan assure une mainmise totale sur le corps
des janissaires dont le bektachisme sera la référence religieuse principale.
Oppressions, révoltes, persécutions furent le lot des alévis. Ceux-ci se plaignent
d’être l’objet de pressions plus ou moins violentes de la part d’une mouvance sunnite
radicale.
Les Mevlevi-Shemsis', en Turquie, font aussi partie de l’islam alévi. Il existe aussi en
Azerbaïdjan, en Iran et en Irak, d'autres groupes religieux chiites hétérodoxes
(ghulāt) apparentés à l'alévisme et Bektachisme tels le yârsânisme (Kurdes) dit aussi
Ahl-e Haqq ou Ali-Ilahi, les Kakaiyya (Kurdes/Turkmènes), Shabak (Kurdes), Sarliyya
(Kurdes), Ibrahimiyya, Kirklar ou Jahaltan (Turkmènes)… Ils reconnaissent tous
notamment Hadji Bektash mais à des degrés divers. Les Nusayris (ou Alaouites)
arabes dans le sud de la Turquie et en Syrie présentent des similitudes avec les
alévis. En Turquie, les alawites et les kizilbash se considèrent coreligionnaires si
bien que les alawites sont appelés alevis.
Comme de nombreux courants ésotériques, l'alévisme a été marqué par des
divergences et contradictions après un cycle où les ordres étaient cloisonnés
géographiquement puis à une ouverture marquée par la confrontation à la religion
dominante et aux divers rationalismes aussi bien scientifiques, politiques que
religieux. La filiation spirituelle traditionnelle était rompue, de nombreux alévis
d'origine se sont réfugiés dans d'autres courants : politiques (surtout de gauche),
d'autres ont été assimilés au chiisme usuli propagandiste, d'autres au sunnisme.
Ainsi on dénombre respectivement 4 courants du plus important au plus marginal :
- Traditionalistes : originellement attachés aux ordres (odjak) et confréries, se
rattachent à l'islam ésotérique (dit batinite) dont la connaissance a été transmise de
maître à disciple par les imams duodécimains. Ils s'organisent en «Maître-
Disciples».
- Traditionalistes turquistes : revendique un islam «adapté» aux Turcs, sont
sensiblement proches des traditionalistes concernant la pratique, etc...
- Traditionalistes orthodoxes : étaient rattachés aux ordres (odjak) mais intègrent la
jurisprudence chiite Usuli.
- Néo-alevi : issus pour la plupart de mouvements politiques de gauche (athées,
rationalistes) ont rompu avec la filiation spirituelle ésotérique, se réapproprient
depuis une quinzaine d'années l'alevisme l'associant à un mouvement culturel,
philosophique, politique (nationaliste kurde, turc ou gauchiste) syncrétiste. Ces
théories syncrétistes (rationalistes) ont d'abord été mises en avant par des
chercheurs qui n'étaient pas alevis (Mélikoff…) et qualifiées depuis longtemps par
des représentants religieux, politiques sunnites, les excluant de l'islam. Ils
s'organisent actuellement en association civile (culturelle, politique).

Ismail Ier ou Chah Hatayi (1501-1524 d'origine turkmène):


il est le fondateur de la dynastie des Séfévides, Chah d'Iran et d'Azerbaïdjan. De
nombreux deyiş alevi lui sont associés
Aux premiers siècles de l’ère islamique l’alévisme et le chiisme ne faisaient qu’un. La
divergence est intervenue quand les Turcs se sont islamisés. Il faut dire aussi que
les Turcs ont combattu, du VIIe au IXe siècle, les empires omeyyade et abbasside
sunnites.
L’islam alévi est né en Asie centrale mais a pris sa forme finale en Anatolie, avec les
influences des anciennes religions anatoliennes, ainsi que des courants tels que le
paulicianisme ou le bogomilisme. Comme l'islam sunnite, le christianisme et le
judaïsme, l'alévisme est imprégnée des croyances qui l'ont précédés.
Vers les années 800, le 8e des 12 imams de l’Ehlibeyt (la famille du Prophète),
Imam Riza, en raison des persécutions que lui faisait subir les dignitaires sunnites
est arrivé au Khorasan (l’actuel Turkménistan et le nord-est de l’Iran). Quelque
temps après, il a commencé à former des disciples et à les envoyer parmi les
populations turcophones du Khorasan et du Turkestan. Les Turcs se sont convertis
via ces élèves car ils servaient la cause de l’Ehlibeyt.
En même temps, de 860 à 931 un État alévi avait été fondé au sud de la mer
Caspienne par Hasan bin Zeyd, descendant de l’imam Hassan. Ce fait montre
l'importance des partisans d'Ali dans la région. Vers les années 941-942 le voyageur
arabe Abu Dulaf, qui se trouvait en Asie centrale, parle pour la première fois des
Turcs alévis (alawi en arabe).
Au XIIIe siècle, le saint Hünkar Hajji Bektash Wali (Veli) est à l'origine de la confrérie
bektachi (Babagan) fondée 3 siècles après sa mort par Balim Sultan.
Au début du XVe siècle, l’oppression ottomane envers les alévis devient
insupportable et ces derniers soutiennent le Chah Ismail Ier d'origine turkmène. Ses
partisans, qui portent un bonnet de couleur rouge avec douze plis en référence aux
12 imams du chiisme duodécimain se font appeler Qizilbash. Les Ottomans qui
s’étaient persanisés et arabisés considéraient comme ennemis les Qizilbash (alévis)
d'origine turkmène.
Durant tout le XVIe siècle et la première moitié du XVIIe siècle il y eut des dizaines
de soulèvements. Les alévis avaient deux possibilités : se convertir au sunnisme ou
mourir. Les uns se sont convertis et les autres se sont retirés dans les montagnes.
En 1826, Mahmud II met définitivement un terme au système des janissaires. L'ordre
des bektachi est mis hors la loi, de nombreux dignitaires de la capitale sont
exécutés, d'autres sont déportés en Anatolie. Les tekke sont fermés, détruits ou
attribués à des institutions orthodoxes comme l'ordre des Naqshbandiyya.
Les alévis vivaient en milieu rural. Les pressions ottomanes sunnites les ont
contraints à y rester et/ou s'y cacher. Dans les années 1960, avec l’exode rural, ils
ont commencé à émigrer dans les grandes villes comme İstanbul, Ankara, İzmir, etc.
Au début du xxe siècle, beaucoup d'alévis ont soutenu Atatürk lors de la guerre
d'indépendance et les réformes qui suivirent croyant pouvoir accéder à la laïcité et
ainsi pouvoir pratiquer leur culte en liberté. Dans la deuxième moitié du du xxe
siècle, l'absence d'esprit d'ouverture de nombreux responsables sunnites et leur
totale main mise sur les corps d’État (dont les structures religieuses) n'a pas permis
d'évoluer vers une reconnaissance officielle. Aujourd'hui, les alevi ne sont toujours
pas reconnu dans leur pays d'origine alors que bon nombre de pays d'émigration de
cette communauté reconnaissent officiellement leur culte.

Croyances

Ibn Arabî : théologien, juriste, poète, métaphysicien et maître arabe-andalous du


taçawuff islamique. Dans le domaine métaphysique, il est le plus grand penseur de
la doctrine ésotérique du "wahdat al wujud" également présent dans l'alévisme
L'alévisme se rattache au chiisme duodécimain à travers le cinquième imam (Dja'far
al-sadiq) et à Haci Bektas Veli, fondateur de l'ordre des bektachi dont la généalogie
mythique remonte aussi au cinquième imam.
L'alévisme bektachisme est une voie du tasawwouf (soufisme) qui privilégie l'amour
de Dieu à la crainte du divin, le fond du Coran (Batin) à sa forme (Zahir) dans le but
d'atteindre le Seyr-ü süluk ou la maturité spirituelle.
L'amour du genre Humain est l'essence de l'alévisme bektachisme qui croit en la
manifestation du Créateur en l'Homme (tecelli) et donc en l'immortalité de
l'Humanité.
Pour atteindre son essence, l'impétrant passe par une initiation (Dört kapı kırk
makam) qui lui permet de sortir de l’enveloppe de son âme brute pour atteindre la
Vérité et devenir Insani Kamil, «l'homme parfait» ayant atteint la vérité divine.

La trinité «Allah, Mahomet, Ali» et l'Ahl al-Bayt (Eylibeyt)


La croyance alévie est basée sur la foi en Allah, Mahomet (Prophétie) et Ali
(Sainteté), la Prophétie étant close, la Sainteté demeure présente dans le temps. Ils
sont appelés «Uçler» (les Trois). Ainsi, Haqq-Muhammad-Ali est la «trinité» de
l'alévisme qui comporte :
Haqq: «la Vérité divine» se référant à Allah, Mahomet et Ali qui est considéré comme
le successeur du prophète et sa descendance constitue l'imamat
Dans l'alévisme bektachisme, Mahomet est le dernier prophète et Ali est son
successeur et l'«ami d'Allah» ou le guide spirituel (Veli ou Wali).

Dans sa signification, la trinité atteste qu'il n'y a qu'un seul Dieu (la Divinité),
Mahomet est son prophète (la prophétie), Ali est son saint, l'ami de Dieu, le
commandant des croyants (mumin) (l'imamat).
Les autres hiérarchies célestes sont :
«Beşler» (les Cinq ou la maisonnée, le manteau du prophète), Mahomet, Ali, Fatima,
Hasan et Hussein dits aussi khamsa al-i aba ou pençe al-i aba
«Onikiler» (les Douze), Les Douze Imams (Ali et ses successeurs).
«On Dört Masum-u Paklar», les quatorze purs innocents : ils sont les quatorze
enfants des imams, tués en bas âge.
«la Sainte famille et les gens du Martyr» : les Cinq (Beşler), Les Douze Imams et les
quatorze «innocents». La Sainte famille occupe une place importante dans la liturgie
des Alevi.
«Kırklar»: l'assemblée des Quarante (les gens du mystère ghayb). Elle est issue de
l'assemblée des 366 et ses membres ne sont pas immortels. Les Quarante vivent
entre ciel et terre et ils régentent tout ici bas, secourant ceux qui sont en difficulté, à
travers les manifestations de Hizir-Ilyas (Al-Khidr le «verdoyant» du Coran).
«L'assemblée des 366 Parfaits» que leur sainteté prédispose à l'élévation à Dieu-
Réalité : ils mènent une vie terrestre, ignorent leur statut d'élu, ainsi que l'identité des
autres membres. Un de ces parfaits quitte un beau jour son enveloppe matérielle
pour devenir esprit et va à la rencontre de Dieu. Il est alors appelé kutûb ou («pôle»).
L'alévisme s’appuie également sur les concepts de:
Wahdat al-wujud développé par Ibn Arabî maître arabe du soufisme en Andalousie,
théologien, juriste, poète et métaphysicien: dans la pensée soufie (tasavvuf), le
créateur et sa création proviennent d'une source unique (unicité de l’Être). L’Être
entier est à Dieu, et la création ne fait qu’exister ex-istare, c’est-à-dire sortir de l’Être
divin pour y retourner à la mort. La création ne possède donc pas d’être en propre;
elle n’a qu’une existence empruntée au seul Être Réel, al-wujûd al-haqq. Ainsi, il n'y
a que Dieu qui est par Lui-même, sans antécédent, de manière absolue. La création,
quant à elle n'est que par la volonté de l'Être suprême.
Hurufisme ou l'idée selon laquelle, Dieu est en tout dans l'Univers, y compris en
l'homme. La science des lettres et des nombres (hurufisme) est mise au service de
la démarche interprétative et mène au tecelli ou la manifestation de Dieu dans la
personne humaine et spécialement sur son visage.

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*Y. Chiites duocécimans

Le chiisme duodécimain (arabe : Ithnā'ashariyya) désigne le groupe des chiites qui


croient dans l'existence des douze imams.
90 % des chiites sont duodécimains et ils sont majoritaires parmi les écoles de la
pensée chiite. Ils sont majoritaires en Azerbaïdjan, à Bahreïn, en Iran, en Irak, et
constituent la communauté musulmane majoritaire au Liban.
Le chiisme duodécimain est le madhhab officiel de l'Iran depuis la révolution de
1979.

Les différents noms


Les duodécimains sont connus sous d'autres noms, signalant une connotation
particulière de la foi.
• Shī'a (« chiisme ») : signifiant partisans de Ali (en arabe Shī'a désigne à
l’origine un groupe de partisans). Les Shī'a considèrent Ali ibn Abî Tâlib comme
successeur légitime de Mahomet. Les duodécimains sont considérés comme la
branche orthodoxe du chiisme.
• Ja'farī est toujours utilisé pour se référer aux duodécimains. Le terme
Ja'farī est utilisé à la fois pour le madhhab et pour le fiqh (« jurisprudence »). Ce
terme est attribué à Jaˤfar as-Sādiq, que les chiites considèrent comme leur sixième
imam.
• imâmisme est une référence à la croyance duodécimaine dans des
imams saints et infaillibles après Mahomet (Muhammed). Ce concept est retrouvé
dans les autres branches du chiisme (ismaéliens notamment).
• Rawafid est une référence au refus des 3 premiers calif ( Abu Bakr, Omar
et Othman)

Loi religieuse : la Charia


Les duodécimains dérivent leur Charia, ou loi religieuse, du Coran et de la Sunnah.
La différence entre la Charia sunnite et chiite réside dans la croyance chiite que
Mahomet a assigné à Ali la tâche de mener les croyants après sa mort (le califat).
De plus, d'après les chiites, Dieu aurait dicté cette désignation. De par cette
différence, les chiites:
• suivent les hadith de Mahomet et des 12 Imams.
• n'acceptent les exemples, verdicts et hādīths de n'importe quel narrateur,
qu'après vérifications.
• attribuent le concept de masūm (« infaillibilité ») aux douze Imams ou aux
quatorze infaillibles (qui incluent Mahomet et sa fille Fatima Zahra). Ils suivent les
exemples et les verdicts de ce groupe.
Le concept d'Imam et de Mahdi
Les Imams chiites, dont le premier est ˤAlī ibn Abī Tālib, sont considérés comme
infaillibles. Ceci est un aspect important de la théologie chiite. Ils ne sont pas
considérés comme prophètes (nabī), ni messagers (rasūl), mais relaient le message
de Mahomet. Les Musulmans chiites considèrent que tous les groupes ou religions
qui acceptent des prophètes ou des messagers après Mahomet sont païens ou
hérétiques. Ils croient que le dernier imam (qui est aussi le douzième et actuel
imam), le Mahdî est en occultation sur ordre de Dieu et réapparaitra à son ordre.
Le martyre d'Hussayn
Le martyre d'Hussayn ibn ˤAlī ayant eu lieu le 10e jour du mois de Muharram —
connu sous le nom de Achoura joue un rôle significatif dans la théologie
duodécimaine. Ce jour est commémoré annuellement dans la tristesse et la peine.
Certains participent à un rituel qui consiste à taper sur sa poitrine, qui est pour eux
une forme d'exprimer l'abandon qui vient de l'inabilité pratique d'avoir aidé Hussayn
et sa troupe de 72 compagnons. Se frapper le corps avec des couteaux ou d'autres
objets tranchants jusqu'au sang est très peu courant. Bien que certains dirigeants
chiites (comme l'ayatollah Khomeini) aient interdit ce rituel, certains croyants
pratiquent toujours cette coutume ancienne. Dans la plupart des pays ayant des
populations chiites significatives, on peut observer de grandes foules qui font des
processions pour célébrer le martyre d'Hussayn.
Quelques exemples de jurisprudence jafari
Cette liste n'est pas exhaustive ni représentative des différences existants entre
chiites et sunnites.
La profession de foi
Les chiites et les sunnites croient que toute personne qui déclare en public « Il n'y a
d'autre dieu que Dieu et Muħammad est son messager » doit être considérée
comme musulmane. Les chiites ajoutent à cette profession de foi « et Ali est le
servant de Dieu et l'héritier du messager (walī) de Dieu ».
L'acceptation du verdict d'un érudit
L'école jafarie accepte et encourage le concept de taqlid (arabe : ‫ )تقليد‬ou
« imitation ». Ce qui signifie que les musulmans non-éduqués devraient choisir un
penseur dont la vertu et le savoir sont reconnus et suivre (« imiter ») ses préceptes
et recommandations dans leur vie de tous les jours. Ce dirigeant religieux peut être
reconnu comme une « source d'imitation » (marja-e taqlid ou un « imité »
(arabe : ‫مقل َد‬, muqallad). C'est une personne qui a passé des années à étudier le
Coran, la sunnah et les paroles des Imams afin de bien connaître les sources de
connaissance. Cependant, ses verdicts ne doivent pas être pris comme seule source
d'information religieuse et il peut toujours être corrigé par d'autres imités ou d'autres
sources d'imitation. Ce procédé peut prendre des années ou des décennies; car,
dans le taqlid, les verdicts sont basés sur les dernières recherches et sont donnés
en fonction de la situation contemporaine de quelqu'un. Les Sunnites ne pratiquent
pas le taqlid de la même façon, et ils n'ont pas une vue claire concernant ce concept.
La prière
Il existe des différences mineures sur la façon dont est effectuée la prière chez les
sunnites et chez les chiites. Pendant le rituel de purification effectué en préparation
de la prière (qui consiste à se laver le visage, les mains, les pieds, etc. et à réciter
quelques prières), les chiites considèrent que se rincer les pieds avec les mains
mouillées est nécessaire et suffisant (comme il est sujet de l'aya des ablutions
(wudu') au Coran). Au contraire, les sunnites considèrent que le lavage complet des
pieds est nécessaire. De plus, les chiites ne se lavent pas l'intérieur des oreilles avec
le doigt pendant les ablutions.
Concernant la prière proprement dite, les jafaris pensent qu'il faut se prosterner sur
la terre (y compris les végétaux non comestibles et le bois, ..). Par conséquent, de
nombreux chiites utilisent une petite tablette de terre (prise de la terre de Karbala)
pendant leurs prières quotidiennes, qui est destiné à recevoir leur front quand ils se
penchent.
Du point de vue jafari, les mains doivent être laissées pendantes sur le côté au cours
de la position debout de la prière. Au contraire, les sunnites estiment que les mains
doivent être croisées (sauf pour la majorité des malékites). Les Duodécimains,
comme les sunnites, considèrent que les cinq prières journalières sont obligatoires.
Cependant, les chiites trouvent acceptable de prier la deuxième et la troisième prière
ou la quatrième et la cinquième ensemble quand ils le veulent. Les autres écoles
sunnites ne l'autorisent que lorsque le croyant est en voyage ou contraint.

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*Z. Jannissaires

Les janissaires (en turc Yeniçeri ,en turc ottoman ‫يكيچري‬, yényitchéri, littéralement
« nouvelle milice ») formaient une secte militaire très puissante composée
d'esclaves d'origine chrétienne et constituant l'élite de l'infanterie de l'armée
ottomane à l'apogée de l'Empire ottoman.
Les janissaires appartenaient à la classe des esclaves de la Porte, qui occupait les
postes les plus influents dans l'administration et l'armée.
Histoire
Les Turcs, originaires des steppes asiatiques, sont d'excellents cavaliers, mais de
piètres fantassins. Aussi mettent-ils sur pied une armée composée exclusivement
d'Européens. À partir du XIVe siècle, les Turcs prélèvent ainsi régulièrement en pays
conquis de jeunes enfants chrétiens âgés de 10 à 15 ans. Chaque année entre
2 000 et 12 000 de ces enfants sont donc enlevés et acheminés à Istanbul où ils
commencent leur noviciat qui les transforme en Turcs, musulmans, et experts de la
guerre. Leur statut d'esclaves n'est pas infamant, car les janissaires forment une
élite respectée et redoutée de tous. Les plus chanceux accèdent d'ailleurs aux plus
hautes charges de l'administration impériale : entre 1453 et 1623 tous les vizirs (sauf
cinq) sont des janissaires [réf. nécessaire].
Création
La date exacte et les circonstances de la création du corps des janissaires font
débat chez les historiens qui l'attribuent soit à Orhan, le deuxième sultan ottoman,
soit à son fils Mourad, au cours du XIVe siècle.
La légende veut qu'avant la création de l'ordre des janissaires, Orhan Gazi se rend à
la confrérie de Haci Bektas Veli pour lui demander une bénédiction pour sa nouvelle
armée. Haci Bektas Veli propose alors d'appeler ce corps armé la « Yeniçeri » ou
« Nouvelle armée ».
L'ordre des janissaires est largement parrainé par le mouvement Bektachi. Cette
confrérie religieuse influence alors grandement la vie spirituelle de l'élite ottomane,
et a un rôle majeur dans l'éducation des futurs janissaires : morale islamique et
« esprit de corps ». L'Ağa des janissaires, chef suprême, est même membre à part
entière des Bektachi.Source 1.
Progressivement, les janissaires forment l'épine dorsale de l'armée en se substituant
aux autres types d'infanterie auparavant utilisés par l'armée ottomane. Ils prouvent
leur valeur, notamment à la bataille de Nicopolis en 1396 contre la croisade
hongroise.

Janissaires grecs, par Jean-Léon Gérôme, peinture de 1865.


Les janissaires acquirent rapidement un rôle de « garde prétorienne », avec les
implications politiques afférentes, notamment dans les crises de succession. Ils
devinrent un pouvoir au sein de la cour du sultan, et les réformes décidées par celui-
ci ne touchaient jamais leurs privilèges.
La lente décadence du corps des janissaires
Vers la fin du XVIe siècle, le recrutement des janissaires commence à s'effectuer
parmi les Turcs (le devchirme — rapt d'enfants chrétiens — disparaît au début du
XVIIIe siècle) et le statut de janissaire évolue. Désormais ils sont autorisés à exercer
un métier, à se marier et à avoir des enfants qui sont appelés couloughlis (« fils
d'esclave »). Ils deviennent une troupe de plus en plus indisciplinée, qui n'hésite pas
à se révolter contre le Sultan : ils renversent alors leur marmite en signe de rébellion.
Ils se dressent contre Bayezid II en 1512, Mourad III en 1595, Osman II en 1622,
Ibrahim Ier en 1648, Mustafa II en 1774, Selim III en 1807 et Mustafa IV en 1808.
De même en 1817, alors que la ville était vassale des Ottomans, une violente
mutinerie éclata à Alger dans toutes les casernes des Janissaires au sujet des
couloughlis (« fils d'esclave »). Le Dey d'Alger les massacra avec des mercenaires,
des contingents kabyles et berbères afin de réaffirmer l'ordre à Alger.
La fin des janissaires
Au XIXe siècle, les révoltes des janissaires se font plus nombreuses car ils refusent
toute modernisation de leur corps. Cette situation conduit le sultan Mahmoud II à se
débarrasser définitivement de ce corps de plus en plus encombrant. Le 16 juin 1826,
il donne le signal en faisant déployer l’étendard sacré du prophète de l'islam
Mahomet. La masse populaire, préparée par les oulémas, se précipite en renfort de
l’armée. Les janissaires sont massacrés à coups de boulets, incendiés dans leurs
casernes (plus de 8 000 morts), et égorgés dans les rues. Les jours suivants, des
commissions militaires passent les rescapés par les armes, à Istanbul et dans les
provinces. Sur un effectif de 140 000 hommes, 20 000 seront bannis, les autres
étant, en majorité, massacrés ou exécutés (120 000 morts), hormis à Alger que cette
dernière révolte des janissaires laissa « sourde ».
Toujours est-il qu'en 1830 les armées françaises remarquèrent, lors du
débarquement, des troupes de janissaires défendant Alger, même si leur secte
militaire avait été dissoute 4 ans auparavant. On considère que ce furent les derniers
janissaires de l'Empire ottoman.
Le corps des janissaires dans l'armée ottomane
Recrutement
Le corps des janissaires était exclusivement composé d'enfants chrétiens réduits en
esclavage, les deux principaux modes de recrutement étant la capture à l'occasion
de guerres ou de raids, ou la réquisition selon le système du devchirmé
(« cueillette » en turc), à raison d'un fils sur quarante. Les familles des 39 enfants
non choisis devaient financer le voyage du quarantième jusqu'à la capitale.
Les janissaires pouvaient donc être issus de familles grecques, bulgares, serbes,
russes, ukrainiennes, roumaines, albanaises, croates, hongroises, arméniennes ou
géorgiennes. Ce recrutement permettait à l'Empire ottoman de renforcer son armée
tout en affaiblissant ses sujets chrétiens potentiellement insoumis. La création de ce
corps d'armée répond aux ambiguïtés concernant l'application de la charia et les
réalités de la conquête ottomane amorcée sous le sultan Orhan. Si la charia interdit
la réduction en esclavage d'enfants et d'hommes musulmans, les esclaves
chrétiens, capturés très jeunes, formés et islamisés contournent le problème
dogmatique. Les janissaires ont donc le statut d'esclaves.
Principalement destiné à former les corps de troupes d'élite de l'armée ottomane, le
corps des janissaires fournissait également les hauts fonctionnaires de l'Empire et
certains de ses membres pouvaient être promus au rang de " sipahi de la porte"
comme cavaliers d'élite.
Progressivement, le recrutement ne fut plus assuré par le Devshirmé, mais par un
recrutement interne à la population ottomane. En Afrique du Nord (Algérie, Tunisie,
Libye) une bonne partie des janissaires se recrutait parmi les renégats convertis à
l'Islam.
Structure
L’ocak (corps) des janissaires fait partie des Kapı Kulari (esclaves de la Porte), c’est-
à-dire de l’armée impériale directement placée sous les ordres du sultan. L’ocak est
placé sous le commandement de l’aga des janissaires (l’un des personnages les
plus importants de l’empire). Il est composé de trois « régiments » ou « sections » :
le ceemat (assemblée), le bölük (division) et le segmen (dresseurs de chiens) qui
contiennent un nombre disparate de compagnies (ortas) dont certaines sont
totalement dévouées à l'administration de l'empire et ne comptent aucun combattant.
Les ortas de janissaires sont initialement de petites unités de quelques dizaines de
soldats. En fait, aucune règle ne régit leur composition qui varie énormément d'une
orta à l'autre et d'une époque à l'autreNote 1. Certaines d’entre elles sont
spécialisées (escorte du train, maîtres chiens, veneurs…) mais la majorité d’entre
elles sont des unités combattantes assurant de plus en plus souvent le rôle de
garnisons dans les provinces reculées de l’empire.
Armement et équipement
Le janissaire est habillé d’un grand caftan qui ne correspond pas à l’idée qu’on peut
se faire d’un uniforme ; sa couleur pouvait varier au sein d’une unité (on trouve
principalement le rouge, bien que le bleu et parfois le vert soient également
courants, mais le jaune est réservé aux troupes de la garde). Le couvre-chef
caractéristique (la fameuse couronne de cuivre dotée d’un vaste bonnet blanc
retombant sur la nuque) tend à se raréfier vers les XVIIIe et XIXe siècles au profit
d’une simple toque de laine lors des actions militaires ; le but principal du couvre-
chef était de pavoiser et d’arborer les grandes plumes offertes par les supérieurs en
récompense d’une action d’éclat ou pour avoir rapporté un certain nombre de têtes
coupées adverses.
Le janissaire remplace peu à peu l'arc composite hérité des armées turques
traditionnelles par un mousquet long et lourd adapté au tir de précision plutôt qu’au
tir de salve. La cadence est lente et l’efficacité en bataille repose sur un feu précis
appuyé par des défenses légères comme des levées de terres ou des armes d’hast
(hallebardes, pertuisanes, lances) plantées dans le sol. Il porte généralement un
sabre plutôt qu’une épée pour les combats au corps à corps ; les armes longues
comme la lance et les pertuisanes tendent à se raréfier. Le pistolet fait son apparition
au sein de l’armée ottomane à partir de la campagne de 1664, mais ne sera jamais
d’un usage courant Note 2. Les sipahis, les cavaliers du sultan, sont censés les
suivre à la bataille afin de les protéger de l’action des cavaleries adverses, car les
janissaires ne portent pas de piques contrairement aux soldats occidentaux.
Tactique militaire

Janissaires et sipahi ottomans (Manesson Mallet, 1683).


Les janissaires combattent comme des guerriers féroces à la redoutable efficacité,
que ce soit à l’arc, au mousquet ou au sabre. Ils peuvent être aussi bien employés
dans les escarmouches lors des sièges qu’à mener un assaut sur des
retranchements adverses. En revanche, ils refusent le recours aux tirs de salves et
l’usage de la pique en masse qui les rabaisserait au rang d’automates. Ils sont
rompus aux marches forcées et ne rechignent jamais à entreprendre des travaux de
sapeurs, ce qui confère aux Ottomans un véritable avantage stratégique sur les
armées occidentalesNote 3.
Lors des batailles, les armées ottomanes se déploient traditionnellement sur trois
lignes parallèles d'infanterie avec les sipahis sur chaque aile. Les janissaires
occupent généralement la troisième et dernière ligne. Les deux premières
(principalement composées d'azabs et autres irréguliers) ont pour but de
désorganiser et de fatiguer l'adversaire. Lorsque ce dernier arrive devant la ligne des
janissaires, il essuie un feu précis de leurs canons et de leurs puissants mousquets
qui, bien souvent, ne lui permet pas de se réorganiser. Une simple charge de cette
armée pléthorique finit par le démoraliser.
Cependant, l'armée ottomane possède de nombreux points faibles : si elle se
déplace très rapidement durant les mouvements stratégiques, une fois déployée et
face à l'adversaire, ses capacités de manœuvre sont considérablement réduites
Note 4. De plus, ses troupes sont incapables d'arrêter un adversaire déterminé.
Lorsque ce dernier arrive à garder sa cohésion il peut transpercer les trois lignes de
défense ottomane et s'assurer la victoire. Il faut rajouter à cela une incapacité du
corps à se réformer et à adopter d'autres méthodes de combat. À la fin du
XVIIe siècle et après deux siècles d'efficacité, le modèle tactique ottoman s'effondre
face aux troupes occidentales désormais entraînées à garder leur cohésion durant
les manœuvres et appliquant des techniques de combat, mais surtout du matériel,
nettement plus modernesNote 5.
L'héritage ottoman des armées modernes
Les autres armées européennes s'inspirèrent ou copièrent plusieurs innovations
élaborées au sein des armées ottomanes en général et du corps des janissaires en
particulier :
• Les fanfares militaires : Les troupes ottomanes furent les premières en
Europe à se doter de fanfares militaires (mehterhane) composées d'un nombre
variable d'ensembles. Un ensemble se composait d’un tambour, de timbales, d’une
clarinette, d’une trompette et de cymbalesNote 6; par exemple, la fanfare
personnelle du sultan (mehter) était composée de 9 ensemblesSource 2. Certaines
fanfares pouvaient être entièrement montées sur des chevaux, des chameaux ou
des dromadairesSource 2 (notamment les gros tambours)Note 7.
• Les techniques de siège modernes : Les troupes ottomanes furent les
premières à employer un système de tranchées pour approcher les places fortes
assiégées. Cette technique consistait à creuser de larges et profondes tranchées en
zigzag pour progresser vers les murailles de la place assiégéeSource 3. Elle fut
amplement améliorée au cours des siècles pour aboutir au système préconisé par le
maréchal VaubanNote 3.
• L'hygiène des camps militaires : tous les chroniqueurs contemporains
s'accordent à dire que les camps militaires turcs étaient particulièrement bien tenus
et organisés surtout pour des troupes comptant énormément de bêtes (chevaux et
animaux de bât)Source 4. Leur hygiène était de bien meilleure qualité que celle des
armées occidentales qui perdaient beaucoup d'hommes à cause des maladies
provoquées par la promiscuité et le manque d'hygièneNote 3.
Quelques remarques
• Les janissaires furent présents en Algérie où, par mariage avec des
femmes indigènes, ils donnèrent naissance à la communauté des Kouloughlis (du
turc Köl oğul : fils d'esclave). Alger est alors une ville de l'Empire ottoman.
• Leur symbolique et leurs grades étaient associés à la cuisine ; les officiers
portaient une louche dans leur coiffe, la soupière sacrée était révérée (les infidèles la
touchant étant exécutés pour sacrilège, la renverser étant signe de révolte), et le
sultan était appelé père nourricier. La bannière des janissaires était surmontée d'une
main en or tenant un exemplaire du Coran.
Ces références culinaires ont suscité beaucoup de curiosité chez les chroniqueurs et
témoins occidentaux qui les notent quasi-systématiquement dans leur relation sur
l'Empire ottoman.

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*W. dynastie seldjoukide :

Les Seldjoukides, Seljoukides ou Saljûqides (en persan : ‫سلجوقيان‬ ; en turc : Selçuklu)


sont les membres d'une tribu turque qui a émigré du Turkestan vers le Proche-Orient
avant de régner sur les actuels Iran et Irak ainsi que sur l'Asie mineure entre le
milieu du XIe siècle et la fin du XIIIe siècle.

Origines
Famille issue de la tribu turcique oghouze des Kınık vivant à l'origine au nord de la
mer d'Aral, les Seldjoukides, tribus nomades venues d'Asie centrale, régnèrent sur le
royaume des Oghouzes (turc Oğuz) à partir de 990. Ils portaient le titre de « Yabgu »
et leur territoire s'étendait sur environ un million de kilomètres carrés. Cette famille
qui, auparavant, avait possédé le Beylik de la tribu Kınık, fournissait le chef
héréditaire de cet État, chef qui portait le titre de « subaşı ». Le subaşı Dukak Bey,
tué vers 903, avait été remplacé par Selçuk (Seldjouk) Bey, chef éponyme de la
dynastie. Les Seldjoukides se convertirent au sunnisme au Xe siècle, au moment où
ils migrèrent vers le sud sous la conduite d'un chef nommé Seldjouk, et devinrent
une forte puissance militaire. Ils s'emparèrent tout d'abord du Khorassan, une
province de l'est de l'Iran auparavant gouvernée par les Ghaznévides, et
poursuivirent leur conquêtes à partir de cette base. En 1038, le petit-fils de Seldjouk,
Tuğrul Bey, se proclama sultan de Nichapur, puis s'empara de Bagdad en 1055,
libérant le calife abbasside de la pression chiite de la dynastie des Bouyides. Celui-ci
confirma son titre de sultan.
Le neveu de Tuğrul Bey, Alp Arslan (1063-1072) lui succéda, fondant et administrant
le Grand Empire Seldjoukide à partir de sa capitale, Ray (actuelle Téhéran). C'est
sous son règne et celui de son fils Malik Shah Ier(1072-1092) que l'empire des
Seldjoukides en Iran atteignit son apogée, grâce en partie à leur ministre persan,
Nizam al-Mulk. En 1071, Alp Arslan vainquit l'Empereur Byzantin Romain IV Diogène
à la bataille de Manzikert (Malazgirt) au nord de Van. Ce faisant, il donnait naissance
à une autre branche de la dynastie : celle des Seldjoukides de Roum, ou d'Anatolie.
Cependant, dès la fin du règne de Malik Shah, en Iran, la guerre civile reprit le
dessus. Le Khorassan échappa à la tutelle turque à la mort de Mu`izz ad-Dîn Ahmad
Sanjar (1118-1157) dans une révolte des Oghouzes, tandis que les Atabeys
(gouverneurs locaux) dirigeaient dans les faits l'Iran, l'Irak, la Syrie et la Jezirah, et
que plusieurs lignées éphémères se créaient en Syrie et à Kerman. Le dernier sultan
Seldjoukide d'Iran, Tuğrul ibn Arslan (1176-1194), mourut dans la guerre qu'il avait
imprudemment déclenchée face aux Shahs du Khwarezm.
La lignée des Seldjoukides de Roum, quant à elle, perdura jusqu'en 1307, résistant
tant bien que mal aux croisades et aux dissensions internes. Cependant, à partir de
1276 et de l'arrivée de l'Ilkhanide Abaqa, les Seldjoukides perdirent quasiment tout
pouvoir, bien que la monnaie ait été frappée en leur nom jusqu'en 1302.
Une branche christianisée des Seldjoukides régna sur le royaume géorgien
d'Iméréthie en la personne de David VI Narin né de l'union en 1224 de Mughith ed-
din prince d'Erzeroum et petit-fils de Kılıç Arslan II avec la reine Rousoudan Ire de
Géorgie.
Civilisation
Dès le début de leur règne, les Seldjoukides se sont iranisés et ont adopté le persan
comme langue officielle de leur empire.
Leur empire put étendre ses routes commerciales jusqu'aux rives de la mer Noire et
de la Méditerranée.

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