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- ont des groupes sanguins et des marqueurs de protéines très particuliers, qui se distinguent
de ceux des populations avoisinantes.
- possèdent dans leurs chromosomes une séquence génétique qui ne se retrouve que dans
une minorité de populations voisines de l’Europe Occidentale.
Ces singularités laissent supposer que les Basques sont les plus anciens occupants de
l'Europe Occidentale. Nous aurions ainsi résisté mieux que tout autre peuple aux brassages
génétiques qui ont transformé le continent depuis la "révolution néolithique".
La langue basque, l'Euskara, non indo-européenne, est unique au milieu des langues parlées
dans les environs. Déjà, Stabon et Jules César la décrivaient comme très différente de celle
des Gaulois. Sa syntaxe et sa structure sont très particulières, si bien qu'aucun des efforts
entrepris pour la relier à d'autres groupes linguistiques n'a abouti de façon convaincante.
Sergeï Stratostin a rattaché l'Euskara au groupe linguistique du Caucase du Nord, qui
englobe aussi le Sumérien. On a également supposé que le basque était apparenté à la
langue des anciens Ibères. Mais, en dépit de quelques ressemblances, la maîtrise du basque
ne permet pas de comprendre l'Ibère. L'Euskara a des liens aussi bien avec les langues
caucasiennes qu'avec les langues ouralo-altaïques ainsi qu'avec un vieux substrat péri-
méditerranéen qui s'étend jusqu'aux langues dravidiennes de l'Inde pré-indoeuropéenne.
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2. Les Basques dans l'Antiquité :
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3. Le duché de Vasconie :
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recouvraient des impôts, exploitaient les terres... Les représentants du peuple se réunissaient
en assemblées provinciales (les Cortes), dans lesquelles le souverain venait prêter serment
de respecter les Fors (statuts, franchises et libertés de chaque village).
En 842, l'émir de Cordoue, Abd el Rahman II, bat les Banu Qasi et Eneko Arista. Le
royaume de Pampelune mènera alors, dans le courant du IXème siècle, une politique mêlant
résistance et entente avec les Arabes afin de préserver sa souveraineté.
Au cours du Xème siècle, les rois successifs organisent et renforcent le Royaume, tout en
repoussant les musulmans au Sud et les Vikings au Nord. En 925, le roi de Navarre Garcia
Sanchez I épouse la princesse aragone Andregoto Galindez. Leur fils, Sancho Abarca,
réunira en 970 l'Aragon au royaume de Pampelune. En 998 et 999, l'émir de Cordoue
Almanzor, au zénith de sa puissance, ravage Pampelune. Mais, il meurt à la bataille de
Calatañazor en 1002, vaincu par l'alliance entre la Navarre et la Castille.
C'est sous le règne de Sanche le Grand que la Navarre connaît son apogée. Né en 992, il
épouse Munia, la fille du comte de Castille en 1016. Il établit une alliance objective avec le
comte de Barcelone, et prend ainsi contact avec les cultures religieuses françaises. Il étend
également son influence sur la Gascogne et le comté de Toulouse, grâce à ses relations
familliales avec le Roi de Gascogne (la fille du roi de Navarre Garcia Sanchez I, avait
épousé le Roi de Gascogne), qui lui prêtera serment en 1012, après l'avoir refusé à Hugues
Capet. Le 13 mai 1029, le jeune comte de Castille, venu en Léon épouser la fille du comte,
est assassiné. La Castille revient alors à Munia, la femme de Sancho. Le règne de Sanche le
Grand est, pour le royaume de Pampelune, une époque d'expansion politique, économique et
sociale. C'est pendant son règne que le danger arabe quitte définitivement la Navarre, en
partie à cause de la grande guerre civile arabe (1008-1028) qui met fin califat des
Omeyyades.
Lorsque Sancho le Grand meurt en 1035, ses possessions se partagent entre ses fils : l'aîné
Garcia, le seul roi au départ, aura autorité sur les provinces basques, Ferdinand sera comte
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de Castille, et par mariage, de Léon, tandis que Ramiro héritera de l'Aragon.
Progressivement au cours du XIème siècle, la Castille lorgne sur la Navarre. C'est ainsi que
le 1er septembre 1054, les troupes de Ferdinand de Castille tuent Garcia à la bataille
d'Atapuerca. En 1067, avec l'aide du roi d'Aragon, la Navarre repoussent les Castillans à
Viana. Mais, le 4 juin 1076, le roi de Navarre est assassiné et le roi de Castille en profite
pour envahir la Navarre.
Les navarrais choisissent alors le Roi d'Aragon comme souverain et ils chassent ensemble
les castillans. À l'issue de la bataille, le royaume de Pampelune passe sous la protection du
Roi d'Aragon, qui nomma un Comte de Navarre. La Rioja est absorbée par la Castille. Et
pendant 58 ans, de 1076 à 1134, la Navarre jouira d'une souveraineté relative et partagée,
sous l'administration de l'Aragon. Pendant cet intermède, les navarrais et les aragonais
prendront successivement Huesca (1096), Tudela (1119) et Saragosse (1118) aux Arabes.
Le 14 octobre 1201, à Chinon, la Navarre signe une paix pepétuelle avec l'Angleterre,
devenue maîtresse de la Gascogne après le mariage d'Aliénor d'Aquitaine avec Henri II
d'Angleterre. Cela permit à la Navarre de récupérer, à Bayonne, l'usage d'un port maritime.
Sous l'insistence du pape et malgré leurs différents, la Navarre s'allie à la Castille pour battre
les Arabes à las Navas de Tolosa en 1211. En 1234, à la mort du roi de Navarre, le royaume
échoue à son neveu Thibault IV de Champagne, qui sera un souverain pacifique et
favorisera le développement de l'agriculture en introduisant les techniques de son pays.
Dans les années 1270, des luttes éclatent entre les divers bourgs (navarrais, français, ...) de
Pampelune. Ils atteindront leur paroxysme avec la guerre civile de Pampelune (1274-1276).
En 1284, la reine Jeanne épouse Philippe IV le Bel, roi de France : la Navarre passe alors,
jusqu'en 1328, de la maison de Champagne à celle de France. À la mort de Charles IV en
1328, le parlement de Navarre choisit Jeanne, fille de Louis X le Hutin et mariée au comte
d'Evreux, pour reine. Son fils, Charles le Mauvais (1349-1387) se mêlera beaucoup de
politique française et s'attirera la haine de Jean II le Bon, pour avoir fait assassiner le
connétable de France (1354) afin d'obtenir la dot de sa femme. Le roi de France le fera
emprisonner de 1356 à 1357, mais il finira par s'évader. Il s'alliat alors avec les Anglais qui
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combattaient la France depuis 1337, année où débuta la Guerre de Cent Ans. De 1363 à
1367, les intrigues et les guerres entre Henri de Trastamare, qui voulait s'emparer du trône
de Castille, et les rois de France et d'Aragon d'une part, et les rois de Castille, de Navarre,
d'Angleterre d'autre part, se succèdent. Elles se termineront par la déroute d'Henri de
Trastamare à la bataille de Najera. En 1372, par jugement, le pape attribue l'Alava, le
Guipuzcoa et la Rioja à la Castille et propose le mariage de l'infant de Navarre à la princesse
de Castille pour assurer la paix entre les deux royaumes. Le 31 mai 1379, le roi de Navarre
devra accepter, après l'enlèvement de son fils par Charles V, la paix de Briones où il renonce
aux alliances avec l'Angleterre. Son fils Charles III le Noble finira par rétablir la paix
interne et externe.
Lorsque Charles le Noble meurt, le trône revient à sa fille Jeanne et à son mari Jean
d'Aragon. À sa mort (1441), Jeanne lègue son royaume à son fils le Prince de Viana. Mais
Jean d'Aragon occupe le trône. En 1447, il se remarie avec Juana Enriquez dont il aura un
fils : Ferdinand d'Aragon. Lorsque le 7 septembre 1451, le Prince de Viana met fin, par le
traité de Puente la Reina, à la guerre initiée par son père contre la Castille, celui-ci lui
envoie Juana Enriquez comme régente. La noblesse de Navarre se divise alors en deux : l'un
suit Louis de Beaumont, partisant du Prince de Viana et de l'amitié avec la Castille, l'autre
celui des Gramont, favorable à Jean et à l'Aragon. En 1452, c'est la guerre ouverte. Le 3
décembre 1454, à Barcelone, en présence de leur soeur Leonore et de son mari Gaston IV de
Foix, Jean somme le Prince de Viana et sa soeur Blanche de se soumettre, faute de quoi ils
subiraient un procès destiné à les priver de leurs droits héréditaires au royaume. En avril
1456, ils se soumettent et la Navarre est transférée à Léonore. Gaston de Foix vient, pendant
l'été 1456, en Navarre faire appliquer la décision.
En 1458, à la mort de son frère, Jean hérite de l'Aragon, de Valence et de la Catalogne. Le
Prince Viana et sa soeur Blanche meurent respectivement en 1461 et 1464. Jean d'Aragon
conserve toujours le pouvoir, et malgré les promesses de 1456, Léonor et Gaston IV de Foix
devront attendre leur tour, en 1479. Ils continueront malgré tout à le servir fidèlement. Et
pendant ce temps, les deux factions, Beaumontais et Agramontais, s'entretuent : seule la
Basse Navarre échappe à la guerre civile. François Phoebus, fils d'Eléonor de Navarre et de
Gaston IV de Foix-Béarn est reconnu roi par les deux parties en 1481, mais son pouvoir est
affaibli. La reine-mère et Ferdinand d'Aragon, devenu entre temps roi de Castille et
d'Aragon, finissent par imposer temporairement la paix aux deux parties en partageant entre
eux les charges du royaume. À la mort de François (1483), sa soeur Catherine hérite du
trône et épouse Jean d'Albret, seigneur de Foix, de Comminges et de Béarn. La guerre civile
reprend : elle ne s'achèvera que par l'invasion de la Navarre par la Castille en 1512. Les
souverains de Navarre résideront désormais à Pau, en Béarn.
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La fin du royaume de Navarre :
Le 18 juillet 1512, une armée castillane dirigée par le duc d'Albe franchit la frontière
navarraise. Le 21, elle assiège Pampelune, qui se rend le 25. Une autre armée, en
provenance d'Aragon et commandée par l'évêque de Saragosse, occupe le sud de la Navarre,
qui résistera jusqu'en septembre. Pendant l'été, l'armée du duc d'Albe envahit la Basse
Navarre. Louis XII monte alors une expédition, confiée au dauphin François et à laquelle
participe Jean d'Albret, pour libérer la Navarre. Elle met le siège devant Pampelune le 27
novembre, mais tourne court avec l'arrivée de l'hiver.
En juillet 1515, le Roi Ferdinand annexe officiellement la Navarre à ce qui est devenu le
Royaume d'Espagne, tout en promettant de lui conserver ses Fors et ses coutumes et en lui
assurant une relative autonomie : le roi serait représenté en Navarre par un vice-roi et agirait
par l'intermédiaire d'un Conseil Royal. En 1521, profitant de la révolte des Communéros, le
roi Henri d'Albret, aidé par la France, attaque à nouveau les espagnols. Le 15 mai 1521, ils
s'emparent du château de St Jean Pied de Pord et reprennent le contrôle de la Basse Navarre.
Ils arrivent à Pampelune où la population s'est révoltée contre les espagnols : la ville tombe
le 20 mai. Mais, après avoir vaincu les Communeros, l'armée espagnole se retourne contre
les armées franco-navarraises, qu'elle bat le 30 juin à Noain, dans le bassin de Pampelune.
Elle reprend le contrôle de la Navarre, à l'exception de la Basse Navarre.
En 1531, la jugeant trop difficile à défendre, Charles Quint renonce à ses droits politiques
sur la Basse Navarre. Ce reliquat du royaume de Navarre intègrera finalement celui de
France en 1589 lorsque son roi, Henri III de Navarre, sera couronné roi de France sous le
nom d'Henri IV. Mais, c'est son fils, Louis XIII, qui unira définitivement les deux royaumes
en 1620.
Contrairement aux croyances, ces deux provinces basques n'ont jamais formé d'entité
unique avec les 5 autres : elles ont durant tout le Moyen-Âge fait partie intégrante du duché
d'Aquitaine.
En 843, par le traité de Verdun, l'Empire de Charlemagne est divisé en 3 et l'Aquitaine est
intégrée au royaume franc occidental. Mais ce royaume se disloque avec l'invasion des
Vikings, qui occupent Bayonne en 892. Ils éxécutent Saint-Léon venu évangéliser la région.
Après leur départ, un comté indépendant se forme englobant la Gascogne, dans laquelle se
retrouvent la Soule et le Labourd. En 987, la Gascogne refuse son hommage à Hugues
Capet. Elle rendra hommage au Roi de Navarre, ce qui fera dire à certains que le roi de
Navarre régnait alors sur la Gascogne. Mais, ce duché ne sera jamais intégré au royaume de
Navarre.
En 1137, Aliénor, duchesse d'Aquitaine, se marie avec le Roi de France Louis VII et lui
apporte en dot ses possessions. En 1152, elle divorce et se remarie avec Henri Plantagenet,
qui deviendra roi d'Angleterre en 1154 sous le nom d'Henri II : la Soule et le Labourd, tout
comme le Poitou, la Guyenne et le reste de la Gascogne, passent de la couronne française à
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la couronne anglaise. C'est ainsi qu'en 1174, Richard Coeur de Lion viendra réduire le
vicomte du Labourd Arnaud Bertrand, qui s'était soulevé avec ses barons basques. Les rois
d'Angleterre séparent alors Bayonne du Labourd et s'appuient sur la bourgeoisie gascone
afin d'administrer ce port si utile à leur commerce et à leur flotte de guerre. En 1259, par le
traité de Paris, le roi d'Angleterre Henri III renonce à l'Anjou, au Maine et au Poitou et
reconnaît la suzeraineté du roi de France sur l'Aquitaine (Cf. carte ci-dessous).
En août 1343, le peuple du Labourd se soulève contre le maire de Bayonne, qui avait fait
massacrer 5 chefs labourdins, et assiège la ville. Il s'ensuit une longue guerre civile entre
Bayonne et le Labourd. Le Prince Edouard de Galles, dit aussi Prince Noir, imposera
finalement la paix en avril 1357 et condamnera les notables de Bayonne à dédommager les
Labourdins. En 1360, après sa défaite à Poitiers (1359), le Roi de France Jean II le Bon
abandonne sa suzeraineté sur l'Aquitaine lors du traité de Brétigny.
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Le Pays Basque Nord et ses
environs au XIVème siècle
Pendant la Guerre de Cent Ans, les basques de Labourd et de Soule, sujets britanniques se
battront contre les Français. Ainsi, en 1449, ils résisteront à Gaston de Foix, vicomte de
Béarn. Le Roi de Navarre, suzerain du château de Mauléon et gendre de Gaston de Foix,
parlemente et fait basculer la Soule dans le giron du Béarn. En 1450, Gaston de Foix
s'attaque au Labourd et remporte les combats de Guiche et Saint Pée sur Nivelle. Le
Labourd finit par conclure la paix avec le Roi de France lors du traité d'Ayherre : il intègre
le Royaume de France mais conserve ses Fors. En 1451, Dunois et Gaston de Foix assiègent
Bayonne, qui finit par se rendre en échange de la conservation des franchises municipales.
En 1510, la Soule est rattachée à la Couronne de France.
Le Pays Basque Nord et ses Le Pays Basque Nord et ses Le Pays Basque Nord et ses
environs en 1430. environs après la fin de la Guerre environs au milieu du XVIème
de Cent Ans siècle
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6. Le Pays Basque de la Renaissance à la Guerre d'Espagne :
Au début du 16ème siècle, les provinces basques n'ont plus aucun lien politique entre elles.
Mais elles gardent une relative autonomie interne :
- elles organisent leurs propres milices et ne sont pas soumis au devoir militaire au delà
des limites de leur territoire.
- les libertés sont garanties par des coutumes écrites (les Fors) et par les assemblées
populaires locales.
Mais si elles étaient théoriquement libres de se séparer du Roi, le caractère absolu des
monarchies limitait dans la pratique cette liberté.
Lors du traité des Pyrénées (1659), l'Espagne et la France mettent fin à de longues années de
conflit et concluent le mariage de l'infante Marie-Thérèse d'Espagne avec le Roi Louis XIV,
qui aura lieu à Saint Jean de Luz en 1660. Le Roi de France renonce définitivement à ses
droits héréditaires sur le royaume de Navarre et la France reçoit le Roussillon, la Cerdagne,
l'Artois, une partie du Luxembourg et quelques places fortes des Flandres. Ce traité fige
définitivement la frontière entre les deux pays et, depuis lors, l'histoire du Pays Basque se
confond avec celle des états dans lesquels il est intégré.
La Révolution française met fin à l'autonomie relative des provinces basques. En 1789, la
Constituante, malgré les protestations des députés basques, supprime l'autonomie de la
Soule et du Labourd et annexe la Navarre à la France. En 1790, le département des Basses
Pyrénées est créé, malgré l'opposition conjointe des représentants basques et béarnais qui
réclament deux département distincts. En 1793, à la mort de Louis XVI, l'Espagne déclare la
guerre à la France révolutionnaire. En 1794, 4000 basques du Labourd sont déportés dans le
Gers et dans les Landes pour avoir refusé de combattre contre les Basques du Sud. En 1795,
le traité de Bâle met fin aux hostilités entre les deux pays : l'Espagne cède à la France la
partie espagnole de l'île de Saint Domingue. La création, en 1800, de l'institution
préfectorale par Bonaparte accélère la centralisation.
Au cours du XIXème siècle, le Pays Basque Nord restera en marge de l'industrialisation, du
fait de son manque de matières premières et de sa situation périphérique. Son économie
demeurera essentiellement agricole et artisanale. La société traditionnelle, aux
connaissances transmises par la tradition orale, fortement structurée sur la maison et la
paroisse, hiérarchisée autour des prêtres et des notables, demeurera longtemps le modèle de
société des basques du Nord. Le transfert, en 1841, de la douane espagnole de l'Ebre aux
Pyrénées détruit la structure économique du Pays Basque Nord. Ses habitants vont alors, à
partir de 1845, massivement émigrer vers les Amériques : 90 000 personnes quitteront le
Pays Basque au cours du XIXème siècle. Cette émigration sera en grande partie compensée
par une forte natalité.
Sous la IIIème République, les Instituteurs chercheront à franciser la société, générant une
impression d'insécurité face à l'intrusion d'une culture véhiculant des modes de pensée
différents de ceux de la société basque traditionnelle. Celle-ci s'isolera et constituera des
barrières autour des instituteurs et des ouvriers venus de l'extérieur, les excluant de la vie
locale.
Le Pays Basque Nord participera à toutes les guerres franco-allemandes en envoyant des
combattants au front. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, les Basques joueront même un
rôle prépondérant dans le passage de la frontière pour les juifs en fuite et les aviateurs alliés
abbatus.
En 1931, les élections municipales espagnoles donnent, dans les villes, une forte majorité
aux républicains. Alphonse XIII s'exile après avoir abdiqué : en juin, la république est
proclamée et une assemblée constituante est élue. Les provinces basques envoient aux
Cortes une majorité de députés issus du PNB, parmi lesquels Aguirre. La consitution
adoptée en décembre autorise l'autonomie des régions à condition que l'autonomie soit
adoptée par 2/3 des maires, approuvée par référendum par au moins 70% des électeurs et
approuvée par les Cortes. La Catalogne et le Pays Basque finiront par réunir ces 3
conditions. Ainsi, dans les 3 provinces d'Alava, de Guipuzcoa et de Biscaye, 80% des
participants au référendum adoptent l'autonomie. En revanche, la Navarre la refusera. La
constitution prononce également des mesures violemment anti-cléricales. En 1933, José
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Antonio Primo de Riveira, fils du dictateur, fonde la Phalange : ce mouvement est hostile à
tout séparatisme local.
En février 1936, le Frente Popular est vainqueur aux élections. Le 13 juillet 1936, le leader
monarchiste Calvo Sotelo est assassiné par les républicains. Pour rétablir l'ordre dans le
pays, les militaires forment alors le "soulèvement national" (18 juillet) mais le
gouvernement proclame la résistance : c'est le début de la Guerre d'Espagne. Les garnisons
se révoltent : celles de Bilbao et de San Sebastian sont maîtrisées par les nationalistes
basques. Le Movimiento, qui s'appuie alors sur l'Église prend bientôt les allures d'une
croisade.
Parti du Maroc sur des bateaux allemands et italiens, le général Franco dirige les opérations
dans le Sud alors que le général Mola, en accord avec Franco, s'est révolté en Navarre.
Ainsi, en octobre, 10% de la population navarraise se retrouvera dans les rangs de l'armée
franquiste. Franco fait sa jonction au mois d'août avec l'armée du Nord près de Madrid. Les
basques sont alors coupés du gouvernement républicain. Après la prise d'Irun par le général
Mola, le 15 septembre, à la suite de combats qui dureront 3 semaines, ils seront coupés du
Pays Basque Nord et les républicains sont empêchés de communiquer par le Nord via la
France. San Sébastien tombe le 13 septembre, puis vient le tour du reste du Guipuzcoa. Le
27 septembre, Bilbao repousse les armées franquistes. Le 1er octobre 1936, à Burgos,
Franco est nommé généralissime et chef de l'état.
C'est alors que le gouvernement républicain espagnol reconnaît l'autonomie des 3 provinces
basques. Le 7 octobre 1936, Aguirre forme à Guernica le premier gouvernement d'Euskadi
et prête serment sous le chêne millénaire. Mais ce gouvernement n'a aucune juridiction sur
la Navarre et les franquistes occupent la majeure partie de l'Alava et du Guipuzcoa. Malgré
tout, il tiendra tête aux armées franquistes pendant près d'un an. Il exerera un pouvoir
démocratique et réorientera l'économie dans l'industrie de guerre. Le 31 mars 1937, les
franquistes attaquent avec l'appui aérien de la légion Condor. Le 26 avril, l'aviation
allemande détruit la ville et la population de Guernica. Bilbao finira par tomber le 19 juin,
après 10 semaines de résistance acharnée.
Après la chute du Pays Basque, les hommes de l'armée d'Euskadi participeront à la défense
de Santander, mais finiront par se rendre aux Italiens. Seuls une petite partie d'entre eux
parviendra à fuir, parmi lesquels Aguirre. Barcelone tombe le 26 janvier 1939, Madrid et
Valence tomberont les 28 et 30 mars, mettant fin à la guerre d'Espagne par la victoire de
Franco.
Pendant la deuxième guerre mondiale, le gouvernement basque se réfugie à New York. La
paix revenue, il s'installe à Paris, dans l'actuelle Maison des Basques de Paris, où Aguirre
meurt en 1960. Pendant la dictature franquiste, les grèves de 1947 et 1951 sont sévèrement
réprimées. Certains nationalistes basques décident alors d'utiliser l'action terrorriste pour
lutter contre Franco et créent l'ETA (Euskadi Ta Askatasuna : Pays Basque et liberté) en
1959. Progressivement, l'ETA s'implante au coeur de la société basque des provinces du Sud
en organisant diverses manifestations politiques hostiles au franquisme. Il assassine un
certain nombre de personnalités ou de membres des forces de police et de l'armée, parmi
lesquelles le général Carrero Blanco, chef du gouvernement de Franco (20 décembre 1973).
L'ETA fera également parler de lui lors du procès de certains de ses membres à Burgos en
décembre 1970, en enlevant le consul allemand de San Sebastien.
Franco meurt en 1975.
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8. Le Pays Basque Sud et la démocratie :
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