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Alors que les premières traces d'occupation du sol de la Suisse remontent au Moustérien (-
100 000) et que plusieurs pièces archéologiques du Magdalénien, de l'Azilien (Grotte du Bichon),
du Sauveterrien et du Tardenoisien ont été mises au jour, les principaux vestiges datent
du Néolithique et de l'introduction de l'agriculture au VIe millénaire av. J.-C. Dès 2 800 avant notre
ère, l'apparition de la culture de la céramique cordée (CWC) coïncide avec l'arrivée de nouvelles
populations d'ascendance de la steppe pontique-caspienne. Les analyses génétiques suggèrent
une société patrilocale, dans laquelle les mâles restent sur le lieu de leur naissance et les
femelles sont issues de familles éloignées qui ne portaient pas d'ascendance steppique. De
façon remarquable, les chercheurs observent les restes d'individus féminins sans ascendance
détectable liée à la steppe jusqu'à 1 000 ans après l'arrivée de cette ascendance dans la région1.
Ainsi, si une population relativement homogène occupe de grandes parties de l'Europe centrale y
compris la Suisse au début de l'âge du bronze, des populations sans ascendance liée à la steppe
existent parallèlement aux groupes culturels de la céramique cordée pendant des centaines
d'années1.
La période du Néolithique moyen à l'âge du bronze est caractérisée par les habitats lacustres et
les villages littoraux dont en particulier la civilisation campaniforme qui s'implante notamment au
bord du lac de Neuchâtel et dans la baie de Zurich où les plus anciennes roues d'Europe, datant
de 2500 av. J.-C., ont été découvertesnappey 1. Ces villages, dont certains peuvent alors compter
jusqu'à une centaine d'habitants, comme le site de Hauterive-Champréveyres, seront
abandonnés à la fin du IXe siècle av. J.-C. avec la civilisation de Hallstatt.
Dès le début de l'Âge du fer, les Celtes occupent le territoire, apportant avec eux le travail
du fer ainsi que les arts de la poterie et des bijoux. La seconde partie de l'Âge du fer a d'ailleurs
été appelée « période de La Tène » du nom du site éponyme situé dans l'actuel canton de
Neuchâtel et découvert en 1857. Certains noms de lieux actuels tels que Nyon ou Yverdon sont
d'origine celte.
À la suite de la migration de la tribu germanique des Cimbres qui quitte le Jutland vers -115 en
direction du suddurrenmatt 1 et de celle des Teutons qui les rejoignent quelques années plus tard2, la
plus grande partie du plateau suisse est occupée à partir de 100 av. J.-C. environ par les cinq
tribus des Helvètes qui sont mentionnées pour la première fois par l'historien latin Tacite3.
Campagne de César pendant la guerre des Gaules
Originellement nomades, les tribus se sont progressivement sédentarisées bien que deux d'entre
elles se fussent jointes aux Cimbres dans leur expédition en 107 av. J.-C. dans le sud-ouest de
la France actuelle. Poussée par les Cimbres, la tribu helvète des Tigurins descend la vallée du
Rhône sous le commandement du jeune chef Divico. Arrivés au bord de la Garonne, ils affrontent
et défont en -107 une armée romaine dont les soldats survivants doivent ensuite passer sous
le joug en signe de défaite. En réaction, Rome envoie une nouvelle armée commandée par Caius
Marius qui rattrape les Germains en -102 et les extermine presque lors de la bataille d'Aix ; les
Tigurins sont alors forcés de faire demi-tour et se fixent dans la région d'Avenchesdurrenmatt 2.
Au Ier siècle, la bordure nord du Rhin est une zone frontalière stratégique de l'Empire romain : elle
est occupée militairement et garnie de camps militaires permanents, comme à Augusta Raurica.
Le réseau routier est consolidé, des villes nouvelles comme le Forum Claudii
Vallensium (actuelle Martigny) sont créées alors que les élites celtes se romanisent.
L'ancien oppidum principal des Helvètes, Aventicum (actuelle Avenches), élevée au rang de
colonie en 73, devient progressivement la principale ville de la région6. Vers 47, le Valais est
transformé en une province autonome, le Vallis poenina, et le territoire des Helvètes est rattaché
en 89 à la province de Germanie supérieure dont la capitale
est Mogontiacum (l'actuelle Mayence).
Abbaye de Saint-Gall.
Entre le IIe et le IIIe siècle, la Pax Romana règne sur l'empire, les frontières ayant reculé vers le
nord et la Suisse n'étant donc plus une zone frontalière. Alors que le latin se répand, le territoire
connaît une période de prospérité économique. Venant d'Italie et suivant les voies de
communication, le christianisme se répand progressivement sur le territoire avec l'apparition des
premières églises à Genève et Martigny et des évêchés de Bâle, Martigny, Genève
et Coire entre 350 et 400. Des missionnaires fondent plusieurs communautés religieuses, en
particulier à Saint-Ursanne et à Romainmôtier, alors que le moine Gall s'établit au sud du lac de
Constance où se dressera un siècle plus tard l'abbaye qui porte son nom.
Cependant, vers la fin du IIIe siècle, des incursions barbares des Alamans ou Alémans
en Germanie puis en territoire suisse, notamment en 260 où de nombreuses villes sont pillées,
ramènent progressivement la frontière sur le Rhin, le long duquel les empereurs
romains du IVe siècle font construire des lignes défensives (forteresses et tours de guet).
Progressivement, dès 401, la population inquiète migre vers le sud en abandonnant les villes de
Nyon puis d'Augusta Raurica, pour cette dernière en faveur de Bâle, en même temps que les
troupes romaines quittent le Rhin pour gagner le sud des Alpes, abandonnant ainsi définitivement
le territoire de la Suisse aux peuples germaniques dits « fédérés », respectivement
les Burgondes puis les Alamans.
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Membres de la Confédération des III cantons
L'aménagement du col du Saint-Gothard avec l'aide des Walsers récemment immigrés et experts
en construction de bisses, au début du XIIIe siècle, a des conséquences importantes : le col du
Grand-Saint-Bernard en Valais perd de son importance dans le trafic international, entraînant une
crise économique de deux siècles dans la vallée du Haut-Rhône. En récompense de ce
travail, Uri obtient, pour « services rendus à l'empereur », l'immédiateté impériale qui l'affranchit
de la dépendance des Habsbourg tout en l'enrichissant par les péages et la vente des services
(guides et auberges), ce qui attise évidemment les convoitises des Habsbourg.
En avril 1291, Rodolphe de Habsbourg, premier membre de la famille à devenir empereur,
rachète les droits sur Lucerne, à l'extrémité du Lac des Quatre Cantons, dans le but de rétablir
l'autorité de sa famille dans la région. Après sa mort survenue le 15 juillet 1291 et en prévision
d'éventuels troubles de succession, les hommes libres des vallées d'Uri, de Schwytz et
de Nidwald8,9 renouvellent au début du mois d'août (date précise inconnue) un pacte d'alliance
juridique et défensive éternelle.
Longtemps oublié, ce pacte ne fut redécouvert qu'au XVIIIe siècle et publié dans sa version latine
originale en 1760 par Johann Heinrich Gleser. Il ne sera choisi comme pacte fédéral qu'à la fin
du XIXe siècle sur l'initiative du Conseil fédéral et fêté pour la première fois à l'occasion de son
sixième centenaire en 1891. À partir de 1899, la fête nationale suisse est célébrée annuellement
le 1er août ; avant cette date, la fondation de la Confédération était placée au 8 novembre 1307,
date du légendaire serment du Grütli selon Gilg Tschudi10. Les événements mythiques décrits par
la légende de Guillaume Tell prennent aussi place à la même époque (début du XIVe siècle).
La situation se détériore entre les Waldstätten et les Habsbourg durant l'interrègne qui suit le
décès d'Henri VII de Luxembourg en 1313. En réponse à l'attaque de Schwytz contre
le couvent d'Einsiedeln survenue le 6 janvier 1314, le marché de Lucerne est interdit aux
Waldstätten qui prennent fait et cause pour Louis de Bavière contre le Habsbourg Frédéric le
Bel après la double élection du Wittelsbach (25 novembre 1314).
En 1315, le duc d'Autriche Léopold, frère cadet de Frédéric, lance une double attaque contre
1 500 montagnards qui prennent d'assaut la première colonne composée de 3 000 à
5 000 soldats lors de la bataille de Morgartennappey 2, le 15 novembre, où les Autrichiens subissent
une véritable déroute. La deuxième colonne, qui se dirigeait vers Unterwald, se retire alors sans
combattre.
À la suite de cette victoire, les confédérés renouvellent leur alliance lors du pacte de Brunnen du
9 décembre 1315. Rédigé en allemand, ce texte est le premier dans lequel le terme
de Eidgenossen (« Confédérés », soit littéralement « compagnons liés par un serment ») est
utilisé. Il détaille également l'interdiction faite aux signataires de se lier avec des puissances
étrangères. Cette dernière clause ne sera abrogée qu'à la fondation de la République
helvétique en 179811.
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Nouveaux membres de la Confédération des VIII cantons
Dans l'imagerie populaire, le cercle originel des trois membres fondateurs s'étend
progressivement pour accueillir de nouveaux membres. Dans la réalité, les trois entités vont
conclure, soit globalement soit individuellement, un véritable réseau d'alliances défensives en
l'espace de quarante ansbouquet 3 tout d'abord avec Lucerne en 1332 et Zurich en 135112.
La ville de Zoug puis la vallée de Glaris concluent à leur tour une alliance en 1352, bien que cette
dernière n'ait pas un statut d'égalité avec les autres membres. Toutefois, quelques semaines
après avoir signé ces accords, les confédérés doivent rendre ces deux territoires aux Habsbourg.
Ils ne les récupèrent finalement qu'en 1365 pour Zoug et 1388 pour Glaris. En 1353, c'est au tour
de Berne de signer une alliance qui a également pour but d'empêcher toute
revendication obwaldienne sur l'Oberland bernois, arrière-pays rural et sujet de la ville.
Alors que les huit petits États, reliés par ce réseau d'alliances, sont groupés sous le nom
générique de « Confédération des VIII cantons », c'est en 1359 qu'apparaissent pour la première
fois les deux bandes croisées blanches sur fond rouge comme signe de reconnaissance sur les
champs de bataille. Bien plus tard, en 1815, la croix blanche à branches égales sur fond rouge
sera définie comme les armoiries officielles du pays. En 1370, un nouveau pacte,
appelé Pfaffenbrief (« Charte des prêtres » en allemand), est signé entre tous les cantons
contrôlant le passage du Gothard, à savoir tous les cantons à l'exception de Glaris et Berne. Ce
document unifie le droit existant et rend chaque homme, noble ou roturier, laïc ou religieux, égal
devant la justice qui est rendue par des juges locaux13.
Les Habsbourg ne renoncent toutefois pas à leurs prétentions. Par deux fois, ils tentent
vainement de vaincre les cantons : la première fois en 1386, lors de la bataille de Sempach, la
seconde en 1388, lors de la bataille de Näfels. Dans les deux cas, des montagnards inférieurs en
nombre battent des soldats expérimentés, gagnant ainsi une réputation de guerriers intrépides
mais également peu respectueux des coutumes guerrièresnappey 3. Cette double victoire consolide
l'alliance des huit communautés qui signent en 1393 la première charte commune aux huit
cantons, appelé le convenant de Sempach, qui définit des règles militaires de comportement
pendant et après les combats ainsi que la manière d'engager un conflit, qui ne peut l'être
qu'après une délibération commune.
Les cantons suisses ont alors plus ou moins assuré leur indépendance vis-à-vis des seigneurs
locaux, tout en restant des sujets du Saint-Empire romain germanique. Le XVe siècle voit une
phase d'expansion des Confédérés qui conquirent les territoires avoisinants et conclurent des
alliances avec de nombreuses régions des alentours (Appenzell, le Valais et Saint-Gall). En
1415, les Confédérés planifient et exécutent en commun, aux dépens des Habsbourg et avec la
bénédiction de l'empereur, la conquête de l'Argovie dont une partie est gérée sous la forme
d'un bailliage commun. L'envie d'expansion ne va pas sans heurts : à la mort du comte Frédéric
VII de Toggenbourg ne laissant aucun successeur, les confédérés, particulièrement Schwytz et
Zurich, vont s'entre-déchirer pour se répartir le Toggenbourg pendant l'ancienne guerre de
Zurich qui dure de 1436 à 1450 et voit la victoire des Schwytzois. Enfin, la Thurgovie est
conquise en 1460 et également transformée en bailliage commun.
Inquiets de la puissance croissante de leurs voisins occidentaux, les États bourguignons, les
confédérés, Berne en tête, s'allient au roi Louis XI de France et déclarent, en 1474,
la guerre à Charles le Téméraire. Les Suisses sont victorieux successivement lors des batailles
de Grandson et de Morat, puis lors de la bataille de Nancy en 1477 qui met fin à la guerre. À la
grande déception de Berne, seuls la région d'Aigle lui est attribuée après la guerre et seulement
en tant que bailliage commun avec Fribourg qui rejoint peu de temps après la Confédération en
compagnie de Soleure dans ce qui va devenir la Confédération des XIII cantons.
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Nouveaux membres de la Confédération des XIII cantons
Carte de la guerre de Souabe
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1597 : Division du canton d'Appenzell
La première réaction en Suisse est vive après l'annonce du massacre de 800 gardes suisses
aux Palais des Tuileries le 10 août 1792. La même année, des troupes bernoises et zurichoises
sont envoyées à Genève pour empêcher une invasion française de ce territoire allié. Cependant,
quelques semaines plus tard, la cité lémanique passe aux mains des révolutionnaires. Toujours
en 1792, la France envahit l'évêché de Bâle qui devient brièvement indépendant sous le nom
de République rauracienne avant d'être rattaché à la France sous le nom de département
du Mont-Terrible, comprenant les actuels districts jurassiens de Porrentruy et Delémont, le 23
mars 1793.
En 1795, un soulèvement vaudois contre Berne est lancé par Frédéric-César de La Harpe qui
doit se réfugier à Paris faute d'avoir été suivi. De son exil, il pousse le gouvernement français à
envoyer des troupes en Suisse romande. C'est finalement en 1798 que, prenant comme prétexte
la mort de deux soldats en mission à Thierrens, les troupes françaises envahissent le pays. La
résistance est faible, excepté à Berne et en Suisse centrale, où Nidwald livre seul un combat
désespéré contre les Françaisbouquet 5, les envahisseurs étant relativement bien accueillis. Les deux
victoires françaises de Grauholz et de Fraubrunnen entraînent la capitulation de Berne à
l'automne 1798. Après la proclamation éphémère de quelque quarante républiques en quelques
semaines, c'est finalement Paris qui met en place le nouveau régime de la République
helvétique.
La « République helvétique une et indivisible » selon son nom officielnappey 6 est un État centralisé et
unitaire gouverné par un directoire qui nomme les gouverneurs des cantons devenus de simples
divisions administratives et dont les frontières sont largement redessinées16. Outre les conflits
européens, illustrés par les batailles de Zurich en 1799, qui se déroulent en partie sur le sol
suisse, les conflits entre centralisateurs et fédéralistes sont incessants jusqu'à l'été 1802 lorsque
les troupes françaises se retirent du territoire et que se déclenche la Stecklikrieg (« Guerre des
bâtons » en allemand), une révolte fédéraliste contre la République helvétique dont le
gouvernement doit se réfugier à Lausanne.
Le 30 septembre 1802, Napoléon Ier intervient et, après avoir convoqué à Paris une délégation
helvétique formée de 63 représentants suisses et de quatre sénateurs françaisbouquet 6, impose
l'Acte de médiation proclamé le 19 février 1803 qui définit une nouvelle constitution pour le pays17.
Cet acte calme les tensions internes, en particulier grâce au rétablissement des frontières
traditionnelles de la majorité des cantons, à l'exception notable du canton de Berne qui se voit
définitivement amputé des nouveaux cantons de Vaud et d'Argovie. Les cantons de Saint-
Gall, Thurgovie, du Tessin et des Grisons sont également créés par la réunion de bailliages
communs. Afin de garantir le contrôle des cols alpins, le Valais quitte la Suisse et devient
indépendant mais sera annexé par l'Empire français en 1810 tout comme Genève qui devient
le chef-lieu du département du Léman et Neuchâtel transformé en principauté offerte
au maréchal Berthier, qui ne s'y rendra jamais.
VD
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TG
TI
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Nouveaux cantons créés par l'Acte de médiation
Les 19 cantons restants redeviennent des entités indépendantes, chacun disposant de sa
constitution et de ses péages. Le pouvoir central, exercé par la Diète fédérale, est dirigée par
le Landammann de la Suisse, unique occurrence historique où le pays est dirigé par une seule
personnenappey 7. La Diète a le contrôle de l'armée suisse ainsi que du franc qui devient la seule
monnaie officielle du pays. Toutefois, entre 1803 et 1813, la Suisse est un protectorat français
sans grand pouvoir décisionnel qui se trouve en réalité à Paris. Mais le pays connaît alors une
période de stabilité et de paix bien que son industrie soit durement touchée par les effets
du blocus continental et que le pays dût fournir quatre régiments à la Grande Armée, soit un total
théorique de 16 000 hommesbouquet 7.
VS
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GE
Les trois nouveaux cantons de 1815
À partir de 1813, des armées étrangères à la poursuite des armées françaises traversent à
plusieurs reprises le pays en se nourrissant sur place, ce qui entraîne la famine parmi la
population sans que ni la Diète ni l'armée ne puisse s'interposer, si ce n'est par l'incursion durant
quelques mois de 24 000 hommes dans le pays de Gex, ce qui marque le dernier engagement
des troupes suisses à l'étrangernappey 8. Les Français partis, plusieurs cantons, partiellement
appuyés par les puissances européennes, s'empressent de restaurer l'Ancien Régime alors que
l'existence des nouveaux cantons, en particulier l'Argovie que Berne veut récupérer, est
menacée.
Signature du Congrès de Vienne de 1815
Dans ce contexte, un nouveau pacte fédéral est finalement signé entre tous les cantons
le 7 août 1815, établissant la Confédération suisse constituée de cantons indépendants liés entre
eux par un seul traité commun et non plus par un réseau d'alliances hétérogènes18. Au Congrès
de Vienne, les puissances européennes reconnaissent la Neutralité perpétuelle de la
Suisse le 20 mai 1815bouquet 8 et lui attribuent trois nouveaux cantons, le Valais, Genève – auquel
la France et le royaume de Sardaigne attribuent quelques territoires afin de lui assurer une
continuité territoriale – et Neuchâtel, qui demeure néanmoins une principauté prussienne,
fondant ainsi la Confédération des XXII cantons.
Le traité de Paris de 1815 attribue également la partie jurassienne de l'évêché de Bâle et la
région de Bienne au canton de Berne, en compensation de la perte de l'Argovie et du pays de
Vaud. Les bailliages de Valteline et Bormio, perdus par les ligues grises en 1798, le sont
définitivement en raison du refus de ces trois ligues d'accorder l'égalité à leurs anciens sujets. La
frontière de la Suisse ne subira dès lors plus de changements majeurs.
BS
BL
1833 : Division du canton de Bâle
Après la révolution française de 1830 et aux idées égalitaires propagées par celle-ci, une moitié
des cantons démocratisent progressivement leurs constitutions en généralisant le droit de vote.
En 1832, une guerre civile éclate entre la ville de Bâle et sa campagne obligeant l'armée à
intervenir et provoquant la séparation du canton en deux demi-cantons respectivement de Bâle-
Ville et Bâle-Campagne. La même année, une révision du pacte fédéral introduisant plus de
libertés individuelles est refusée.
Le début des années 1930 est marqué par la montée des « fronts », des mouvements fascisants
dont les partis bourgeois s'éloignent toutefois rapidement. Les affrontements entre l'extrême
gauche et l'extrême droite culminent en 1932 : le 9 novembre, lors de la fusillade de Genève,
l'armée tire sur la foule en faisant 13 tués et 65 blessés. La deuxième moitié des années 1930
connaît toutefois un changement du climat politique avec l'adhésion des partis nationaux à l'idée
commune de « défense nationale spirituelle » qui culmine avec l'Exposition
nationale de 1939 à Zurich, la landi. En 1937, les patrons et ouvriers signent la paix du travail qui
privilégie la concertation et la négociation dans les conflits sociauxnappey 13. Durant cette période, le
gouvernement prépare également le pays à un conflit militaire : l'Europe s'arme rapidement et le
Conseil fédéral désire éviter les problèmes d'approvisionnement de la Première Guerre mondiale.
De fait, lors du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale en 1939, la Suisse n'est pas prise
au dépourvu : l'approvisionnement est assuré, l'armée dirigée par le général Henri
Guisan occupe les frontières et le rationnement garantit la subsistance de la population21.
Après la déroute française de mai 1940, le pays est entièrement entouré par les forces de l'Axe.
Un discours ambigu du conseiller fédéral Marcel Pilet-Golaz qui semble indiquer la nécessité de
traiter avec les dictatures22 provoque des protestations. Le 25 juillet 1940, dans son rapport du
Grütli, Guisan présente la stratégie du réduit national qui consiste à dégarnir les frontières et
renforcer l'arrière-pays montagneux afin de permettre une guerre d'usure contre un éventuel
envahisseur. Subissant des pressions des deux groupes de belligérants, la Suisse tient une
position ambiguë en ouvrant par exemple ses frontières aux Juifs fuyant le régime nazi, mais de
manière sporadique et non systématique23, tout en continuant à commercer aussi bien avec les
alliés qu'avec l'Axe. En politique intérieure, un socialiste, Ernst Nobs, est élu au Conseil fédéral
pour la première fois en 1943 et suivi par un second en 1959, établissant ainsi la formule
magique qui reste inchangée jusqu'en 2003.
Après-guerre[modifier | modifier le code]
Après la guerre, la Suisse continue à développer l'État social par l'introduction de l'assurance-
vieillesse et survivants en 1946 puis par la mise en place du système des trois piliers en 197224.
Le suffrage féminin, existant déjà dans certains cantons, est accepté au niveau fédéral
en 1971 puis introduit au niveau cantonal dans les autres cantons essentiellement en 1971 et
1972. Le canton d'Appenzell Rhodes-Intérieures est obligé en 1990 par décision de justice de
respecter le principe de l'égalité entre femmes et hommes tel que garanti par la Constitution
fédérale. Les problèmes confessionnels du XIXe siècle sont oubliés et les articles d'exception sont
pour l'essentiel abolis en 1973bouquet 12. En 1991, le droit de vote et d'éligibilité a été abaissé de 20 à
18 ans pour les hommes et les femmes25.
La fin des années 1960 est marquée par la question jurassienne réclamant la séparation des
districts bernois francophones et la constitution d'un 23e canton. Finalement, une votation est
organisée en 1974 : les districts francophones catholiques acceptent la création de la nouvelle
entité alors que les districts protestants votent pour leur maintien dans le canton de Berne26. À la
suite de la votation fédérale de 197827, le nouveau canton du Jura, majoritairement catholique,
voit le jour le 1er janvier 1979nappey 14.
JU
Création du canton du Jura
Sur le plan extérieur, la Suisse reste en dehors de l'ONU et de l'OTAN et prône une neutralité
armée stricte. Même si elle ne s'intéresse pas à la CECA et à la CEE en formation, elle devient
membre du Conseil de l'Europe en 1963 et de l'AELE en 1960, tous deux conçus comme un
contrepoids à la CEE naissantenappey 15. Durant cette période, la Suisse est le pays le plus prospère
du monde : malgré le choc pétrolier de 1973 qui voit l'instauration de quelques dimanches sans
voiture, l'industrie chimique et textile ainsi que les banques se développent. Le taux de
chômage reste inférieur à 3 % et la Suisse poursuit sur le plan extérieur une politique de
neutralité stricte tout en proposant ses « bons offices » pour régler les différends. Ainsi la
première rencontre entre Mikhaïl Gorbatchev et Ronald Reagan a lieu lors du Sommet de
Genève en 1985. Le siège européen de l'ONU dans cette même ville permet également à
l'institution d'auditionner des personnes, telles Yasser Arafat, qui ne peuvent se rendre aux États-
Unis.
Toutefois, la crise économique des années 1990 touche le pays : le chômage grimpe à plus de
6 %, de nombreux fleurons se restructurent, certains passent en mains étrangères. Malgré ces
restructurations, l'économie helvétique présente une industrie puissante ainsi que des secteurs
financiers et bancaires très développés. Dans le même temps, les relations extérieures sont
marquées par la montée en puissance de l'Union démocratique du centre qui prône
l'indépendance et la neutralité du pays vis-à-vis des grands groupes supranationaux. Si la Suisse
entre finalement au sein de l'ONU le 10 septembre 2002, l'échec de la votation sur l'EEE en
décembre 1992 marque un arrêt dans le processus d'intégration à l'Union européenne jugée par
certains comme dangereuse pour la démocratie directe suisse ainsi que pour l'économie comme
le secret bancaire. La voie d'accords bilatéraux est privilégiée en établissant la libre circulation
des personnes avec les 28 pays européens (ainsi que les trois de l'AELE), une plus grande
intégration économique et l'intégration dans le Ciel unique européen. Le 9 juin 2022, la Suisse
est élue au Conseil de sécurité des Nations unies, une première, comme membre non permanent
pour les années 2023 et 2024, après avoir obtenu 187 voix sur 190 valables28.
1. ↑ Revenir plus haut en :a et b Le canton d'Unterwald est formé des communautés de Nidwald, d'Obwald et
de l'abbaye d'Engelberg.
2. ↑ Le canton de Bâle n'est pas encore divisé en deux sous-cantons. Le drapeau et l'abréviation
utilisés ici n'ont jamais été reconnus officiellement.
3. ↑ Le canton d'Appenzell n'est pas encore divisé en deux demi-cantons.
1. ↑ p. 8
2. ↑ p. 3
3. ↑ p. 21
4. ↑ p. 57
5. ↑ p. 61
6. ↑ p. 65
7. ↑ p. 67
8. ↑ p. 71
9. ↑ p. 84
10. ↑ Revenir plus haut en :a et b p. 103
11. ↑ p. 106
12. ↑ p. 116
Références Durrenmatt
1. ↑ p. 16
2. ↑ p. 16-17
1. ↑ p. 8-9
2. ↑ p. 22
3. ↑ p. 23
4. ↑ p. 32
5. ↑ p. 36
6. ↑ p. 44
7. ↑ p. 45
8. ↑ p. 48
9. ↑ p. 50
10. ↑ p. 54
11. ↑ p. 63
12. ↑ p. 66
13. ↑ p. 69
14. ↑ p. 79
15. ↑ p. 80
1. ↑ p. 626-633
2. ↑ p. 646
Autres références
1. ↑ Revenir plus haut en :a et b (en) Anja Furtwängler et al., Neolithic Genomes From Modern-Day
Switzerland Indicate Parallel Ancient Societies [archive], Nature Communications, avril 2020,
DOI: 10.1038/s41467-020-15560-x
2. ↑ « Helvètes - Les Helvètes avant la guerre des Gaules [archive] » dans le Dictionnaire
historique de la Suisse en ligne.
3. ↑ Tacite, Germania (lire en ligne [archive]), partie XXVIII, p. 8
4. ↑ Ad Genevam extremum oppidum Allobrogum quam maximis itineribus pervenit (Il [Jules
César] parvint à marches forcées à Genève, le plus éloigné des bourgs allobroges) : extrait
des Commentaires de Jules César, livre 1
5. ↑ « Helvètes 2 - Du début de la guerre des Gaules à la défaite de Bibracte (58 av. J.-
C.) [archive] » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
6. ↑ « Aventicum : 2 - Histoire d'une capitale [archive] » dans le Dictionnaire historique de la
Suisse en ligne.
7. ↑ « Burgondes : 2 - De l'établissement en Sapaudia (443) à la chute de l'ancien royaume
burgonde (532/534) [archive] » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
8. ↑ Pacte fédéral du 1er août 1291 [archive] sur Admin.ch "vallée inférieure d'Unterwald" signifie
Nidwald
9. ↑ Pacte fédéral du 1er août 1291 [archive] sur Cliotexte
10. ↑ « Fête nationale [archive] » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
11. ↑ « Le pacte de Brunnen (1315) » [archive], sur cliotexte (traduit en français)
12. ↑ « Extension de la Confédération de 1332 à 1353 » [archive], sur cliotexte (textes des traités
traduits en français)
13. ↑ « Charte des prêtres Pfaffenbrief (7 octobre 1370) » [archive], sur cliotexte (textes de la
charte traduit en français)
14. ↑ William Martin, Histoire de la Suisse, p. 82
15. ↑ François de Capitani, Nouvelle Histoire de la Suisse et des Suisses, p. 479-480
16. ↑ « La constitution de la République helvétique (12 avril 1798) » [archive], sur cliotexte (extraits
de la première constitution helvétique)
17. ↑ « L'Acte de médiation (19 février 1803) » [archive], sur cliotexte (plusieurs documents, dont
des extraits de l'Acte de Médiation)
18. ↑ « Le Pacte fédéral du 7 août 1815 » [archive], sur cliotexte (extraits du pacte)
19. ↑ « Franco-allemande, guerre [archive] » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
20. ↑ « La Grève Générale de 1918 » [archive], sur site d’histoire du Gymnase de la rue des Alpes
de Bienne, 6 juillet 2006
21. ↑ « Comment la Suisse se prépare-t-elle à affronter la Seconde Guerre mondiale ? » [archive],
sur site d’histoire du Gymnase de la rue des Alpes de Bienne, 4 juillet 2006
22. ↑ « Il faut être prêt », Les bruits de l'histoire, RSR, 10 mai 1940 [archive]
23. ↑ « Temps Présent » [archive], sur tsr.ch
24. ↑ « La théorie des trois piliers », Actualités, TSR, 29 novembre 1972 [archive]
25. ↑ « Arrêté fédéral du 05.10.1990 abaissant à 18 ans l'âge requis pour l'exercice du droit de
vote et d'éligibilité » [archive], sur Chancellerie fédérale (consulté le 9 janvier 2009)
26. ↑ « Le canton du Jura est né : une victoire aigre-douce ? - Helvetia Historica », Helvetia
Historica, 17 novembre 2017 (lire en ligne [archive], consulté le 19 janvier 2018)
27. ↑ « Le Jura est libre ! », Un jour, une heure, TSR, 25 septembre 1978 [archive]
28. ↑ La Suisse officiellement élue au Conseil de sécurité de l'ONU pour 2023-
2024 [archive], Radio télévision suisse, 9 juin 2022
Voir aussi