Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Origines
Comme dans le cas des Étrusques et de beaucoup d'autres peuples, les avis des
historiens diffèrent à propos des origines des Thraces, exogènes et aborigènes. Une
première hypothèse, qui privilégie les origines aborigènes, considère que les
Thraces sont présents dans la région des Balkans plus de 5000 ans avant notre
ère : il n'y aurait alors pas eu de réelle rupture depuis le néolithique chez ce peuple,
et leur société se serait complexifiée au fur et à mesure. La seconde hypothèse
privilégie les apports exogènes, en l'occurrence Indo-européens, et affirme que les
Thraces ne sont venus des steppes ukrainiennes que vers le début du IIe millénaire
av. J.-C., époque au terme de laquelle sont survenus quelques bouleversements
dans les régions immédiates, dont les plus importants sont ; le déferlement des
peuples de la mer, la célèbre Guerre de Troie ainsi que la phase initiale de Hallstatt
en grande partie conséquente aux importations des Balkans (métaux,
harnachement, cavalerie, etc.).
Époque mycénienne
C'est l'époque des rois anonymes décrits par Homère dans l'Iliade. Dès le IIIe
millénaire av. J.-C. les Thraces, l'un des peuples indo-européens les plus anciens
d'après les linguistes, présentent une société très hiérarchisée, gérée par les soldats
et les prêtres. Sur chaque territoire règne un souverain.
Cette civilisation tout à fait spécifique s'est créée dans une vaste zone du sud-est
européen à la population sédentaire mais en contact avec les « cultures des steppes
». Durant cette période les Thraces n'ont eu que peu de contacts avec les autres
grandes civilisations.
En l'absence d'écrits, les trésors des rois et des aristocrates permettent une
approche de la culture thrace. Le service cultuel de Vălčitrăn, les trésors de Panajot
Hitovo et de Kazičene donnent la preuve du pouvoir politique et économique des
premiers souverains thraces anonymes ainsi que de l'originalité, de la technologie et
de la maîtrise artistique de leurs orfèvres.
Langue
Vestiges linguistiques:
On sait très peu de choses du thrace, étant donné qu'aucune inscription de plus de
quelques mots n'a été déchiffrée de façon satisfaisante à ce jour, et que même les
traductions les plus fiables proposées pour des phrases brèves ne sont pas
forcément rigoureusement exactes. Certaines parmi les inscriptions les plus longues
pourraient être effectivement d'origine thrace, mais constituer non pas de véritables
phrases en langue thrace, mais plutôt des accumulations de noms ou de formules
magiques.
Un nombre suffisamment important de termes a cependant survécu pour démontrer
que le thrace appartenait à la famille des langues indo-européennes, et au groupe
des langues satem à l'époque où il est attesté.
Outre les inscriptions mentionnées ci-après, le thrace est attesté via des
anthroponymes, des toponymes (lieux habités, noms de montagnes, de cours d'eau,
de lacs etc.), des noms de plantes, de divinités, et par quelques termes mentionnés
dans des textes grecs anciens comme spécifiquement thraces.
Inscriptions
Seules quatre inscriptions thraces significatives ont été retrouvées à ce jour. L'une
figure sur une bague en or trouvée en 1912 à Ezerovo, en Bulgarie, et datée du Ve
siècle av. J.-C.. Gravée en caractères grecs, elle se lit :
Une troisième inscription, figurant elle aussi sur une bague, a été trouvée à Duvanli,
dans le district de Plovdiv, à côté de la main gauche d'un squelette et remonte au Ve
siècle av. J.-C.. La bague porte l'effigie d'un cavalier, entourée par l'inscription, qui
n'est que partiellement lisible (16 lettres sur 21) :
ΗΥΖΙΗ.....ΔΕΛΕ / ΜΕΖΗΝΑΙ
ēuziē.....dele / mezēnai
Ce sont les plus longues inscriptions qui sont parvenues jusqu'à nous. Les autres
sont constituées essentiellement de mots isolés ou de noms propres sur des
récipients et autres objets.
Classification du thrace
Langues paléo-balkaniques en Europe orientale entre le Ve et le Ier siècle av. J.-C.
La langue thrace est généralement considérée par les linguistes, soit comme une
branche spécifique, soit comme l'un des rameaux, de la branche thraco-dace de
l'indo-européen. Elle était autrefois souvent regroupée avec les langues illyriennes
ou phrygiennes. L'hypothèse d'une parenté phrygienne est abandonnée de nos
jours. L'hypothèse thraco-illyrienne, également discutée, resterait toutefois
d'actualité, mais c'est l'hypothèse daco-thrace qui semble aujourd'hui la plus
probable.
Le daco-thrace (ou thraco-dace) a lui-même fait l'objet d'hypothèses, en tant que
branche de l'indo-européen à rapprocher, soit de l'albanais[réf. nécessaire], soit du
balte[réf. nécessaire], soit encore du gréco-macédonien[réf. nécessaire], mais
aucune preuve définitive à l'appui de l'une ou l'autre de ces théories n'existe à ce
jour. Le thrace reste donc considéré, soit comme une branche à part entière de
l'indo-européen, soit comme un rameau du daco-thrace.
L'influence grecque :
À partir du VIe siècle av. J.-C. l'aristocratie thrace, surtout les Besses et les Odryses
ont des échanges avec les Grecs et même utilisent l'alphabet grec pour des écrits
non encore déchiffrés.
Hérodote explique dans le livre V de son œuvre que «la nation des Thraces est,
après celle des Indiens, la plus importante du monde. S'ils avaient un seul roi et s'ils
pouvaient s'entendre entre eux, ils seraient invincibles et, d'après moi, beaucoup
plus puissants que toutes les nations.»
À cette époque les Thraces sont refoulés de leur frontière ouest sur l'Adriatique par
les Illyriens puis par les Macédoniens. La région côtière formant leur frontière sud où
les Grecs tentent de s'implanter en 4643 est traversée sans difficultés par les Perses
de Darius Ier, mais après la défaite des Perses contre les Grecs, ceux-ci se retirent.
Les Athéniens arrivent alors à contrôler une partie de la Thrace sud grâce à leur
colonie d'Amphipolis.
Sitalcès, le roi des Odryses (le plus puissant des royaumes thraces de cette période)
est l'allié des Athéniens dans la guerre du Péloponnèse. Après sa mort, Seuthès, cité
par Thucydide et surtout par Xénophon dans l’Anabase puis ses successeurs,
notamment Cotys Ier et Kersobleptès, conquièrent toute la Thrace ou presque. C'est
l'apogée de l'empire odryse qui parvient à unifier la Thrace, ce que Hérodote avait dit
impossible.
Les Odryses forment alors une brillante civilisation, largement influencée par
l'hellénisme comme le montre le personnage de Seuthès dans l’Anabase qui
comprend de mieux en mieux le grec6. Le trésor de Rogozen est une des traces du
développement de la civilisation odryse au IVe siècle.
Mais Philippe II de Macédoine puis Lysimaque étendent la domination
macédonienne sur la Thrace méridionale puis sur la majeure partie du territoire. Les
Odryses continuèrent la lutte contre Lysimaque proclamé roi de Thrace puis contre
ses successeurs Séleucos, Ptolémée Kéraunos, les Attalides de Pergame.
----------------------------------------------------------------------------------------------
Le royaume des Odryses est une union de tribus thraces établie entre le Ve et le IIIe
siècle av. J.-C.. Il s'étendait en grande partie sur l'actuelle Bulgarie, ainsi que sur le
sud-est de la Roumanie, le nord-ouest de la Grèce et la partie européenne de
l'actuelle Turquie. Le roi Seuthès III décide plus tard le transfert de la capitale à
Seuthopolis (aujourd'hui Kazanlak, en Bulgarie centrale)
Histoire
L'État des Odrysiens est le premier royaume thrace qui prend le pouvoir dans la
région, par l'unification de plusieurs tribus sous un seul et unique souverain, le roi
Térès Ier. Au début, cet état ne s'étend que sur la Thrace orientale et les régions du
Nord, jusqu'à l'embouchure du Danube. Plus tard, son territoire augmente
significativement, jusqu'à la mer Noire à l'est, la région peuplée de la tribu Tribali au
nord-ouest et le bassin de la rivière Strymon au sud-ouest. Ce vaste territoire est
peuplé d'un certain nombre de tribus thraces et daco-mésiennes qui, unies sous le
règne d'un seul souverain, commencent à mettre en œuvre une politique interne et
externe. Ces conditions sont favorables pour surmonter les divisions tribales qui
pourraient conduire progressivement à la formation d'une communauté ethnique
plus stable.
Selon les historiens grecs Hérodote et Thucydide, une dynastie royale émerge parmi
les tribus odrysiennes en Thrace vers la fin du Ve siècle av. J.-C., qui vient à dominer
une grande partie de la région et des peuples entre le Danube et la mer Égée sur le
siècle suivant. Des écrivains tardifs, des pièces de monnaie royale, et des
inscriptions indiquent la survie de cette dynastie au début des premiers siècles de
notre ère, bien que son influence politique décline progressivement sous les
Macédoniens, et plus tard sous les Romains. En dépit de leur disparition, la période
des Odrysiens est d'une importance décisive pour l'avenir du sud-est de l'Europe,
sous l'Empire romain et au-delà. Sous les Odrysiens, le grec est devenu la langue
officielle. Les coutumes et traditions grecques contribuent à la refonte de la société à
l'est des Balkans. Les Odrysiens créent la première entité étatique qui remplace le
système tribal, à l'est la péninsule balkanique. Leurs rois sont généralement connus
dans le monde extérieur comme les rois de Thrace, bien que leur pouvoir ne
s'étende pas à toutes les tribus thraces. Même dans les limites de leur royaume, la
nature de leur pouvoir royal est restée fluide, sa définition soumise aux impératifs de
la géographie, des relations sociales et de circonstance.
Le fils de Térès Ier, Sitalcès, se révèle être un bon chef militaire, obligeant les tribus
qui font défection à reconnaître sa souveraineté. Le riche état qui se propage entre
le Danube à la mer Égée construit des routes pour développer les échanges et bâtit
une puissante armée. En 429 av. J.-C., Sitalcès organise une campagne massive
contre les Macédoniens, avec une grande armée de tribus thraces et panoniennes
indépendantes. Selon Thucydide, elle comprend plus de 150 000 hommes, mais
Sitalcès, en tant qu'allié d'Athènes, est obligé de faire retraite, faute de ravitaillement
et l'hiver approchant1.
Au IVe siècle av. J.-C., le royaume est divisé en trois petits royaumes, dont l'un, avec
la capitale Seuthopolis, survit le plus longtemps. Au cours de l'époque hellénistique,
il est à plusieurs reprises vassal, de Philippe II de Macédoine puis de son fils
Alexandre le Grand, du diadoque puis roi de Thrace Lysimaque, de Ptolémée II et
Philippe V de Macédoine, et est même un moment sous la coupe des Celtes, qui
créé en Thrace le royaume de Tylis, mais maintient en général ses propres rois.
Au milieu du IIe siècle av. J.-C., le royaume des Odryses devient client de la
République romaine tandis que les autres tribus thraces sont soumises. La région
passe sous contrôle romain. Vers 100 av. J.-C., c'est la famille des Astéens qui
devient la famille régnante sur les Odryses, jusqu'à la mort de Rhescuporis II lors
d'une invasion des Besses voisins. Les armées romaines viennent libérer la Thrace
et Auguste confie alors à Rhémétalcès Ier, de la famille des Sapéens, le royaume
des Odryses, qui n'a plus de souverain depuis la mort du dernier roi des Astéens
Rhescuporis II. Une partie des terres des Astéens sont alors rattachée à Rome. Les
successeurs de Rhémétalcès Ier se combattent, Rhescuporis III fait assassiner
Cotys VIII puis est jugé et condamné par Rome en 19, et ce sont leurs jeunes fils
respectifs qui deviennent co-rois sous la tutelle des Romains, qui renforcent leur
contrôle sur la région. Caligula décide d'un nouveau partage vers l'an 38, distribuant
les divers royaumes de l'Orient romain à plusieurs rois, faisant la politique inverse de
Tibère. Le royaume des Odryses échoit entièrement à Rhémétalcès III, qui est
assassiné en 46. Le territoire thrace annexé purement et simplement par Claude est
divisée entre la Mésie et la province de Thrace.
----------------------------------------------------------------------------------------------
Les Thraces étaient composés de plusieurs centaines de peuples différents selon les
témoignages qui nous sont parvenus, sans qu'on puisse savoir toujours exactement
qui sont ces peuples.
Les quatre principales tribus étaient les Odryses, les Gètes, les Triballes et les
Daces. On trouve la première mention des Thraces dans l'Iliade d'Homère. Ils sont
alors les alliés des Grecs assiégeant Troie. Les Thraces étaient réputés très bons
cavaliers, ainsi qu'orfèvres de grande maîtrise.
On sait que sans doute, le plus important et le plus puissant des peuples thraces,
que les Grecs appelaient Gètes et les Romains, Daces, était composé de plusieurs
tribus, capables de se réunir en temps de guerre dans un seul État centralisé, ce qui
faisait de leur puissance un potentiel contre-pouvoir face à l'Empire romain
(falsifications massives des monnaies romaines par exemple).
Les autres Thraces, où qu'ils aient habité, semblent avoir été tous conquis par
l'Empire romain très tôt et assimilés très vite, ne pouvant pas opposer une aussi
grande résistance (surtout ceux de Mésie).
Bessi
Bisaltae
Bithyniens
Bottiaeans (Battaei)
Cicones
Daces: voir aussi Liste des tribus daces
Apuli
Carpes - Sur les pentes orientales des Carpates (Carpathes)
Costoboci - Ukraine occidentale (Galicie) et Moldavie
Suci - en Valachie occidentale (Olténie)
Dii
Edoni
Gères
Maedi
Moesi
Nipsaeans
Scyrmiadae
Satrae
Thyni
Trausi
Triballi
Thraces célèbres
---------------------------------------
Daces
Les Daces (en grec Δάϰοι, au singulier Δάϰης, en latin Daci, au singulier Dacus) est
le nom donné par les Romains aux tribus thraces du Nord, ayant peuplé le bassin
Bas-Danube dans l'Antiquité. Les Daces sont parfois identifiés aux Gètes (les
historiens roumains les appellent Gèto-Daces, ou Gètodaces, arguant que Gètes est
leur nom nom grec, et Daces leur nom latin) mais d'autres historiens considèrent
qu'il s'agissait de deux peuples distincts, mais apparentés. Daces de part et d'autre
des Carpates, Gètes le long du Danube. Au sud de l'Haemos, les sources antiques
ne parlent plus de Daces ou de Gètes mais de Thraces sans autre précision, et là
aussi les historiens débattent pour savoir s'il s'agissait d'un ensemble thrace unique
(opinion majoritaire) ou de populations différentes. Quoi qu'il en soit, du nom des
Daces dérive le nom romain de leur territoire, la Dacie.
Religion
Selon Hérodote d'Halicarnasse, leur religion présente de nombreux points communs
avec l'Orphisme et semble avoir été à base de divinations et d'initiations. Leur
médecine était de type holistique. Leur calendrier, très précis, rythmait les travaux
agricoles mais avait également des connexions avec l'astronomie et l'astrologie. Les
Daces connaissent et utilisent un calendrier solaire sacré, qui est conservé à
l'intérieur de la cité de Sarmizégétuse. Il peut être considéré parmi les plus précis de
l'Antiquité, car l'erreur de ce calendrier n'est que de 1 h 15 min 3 s chaque année (8
840 ans si on applique des corrections tous les 3 ans).
À la guerre, les Daces prenaient le totem du loup et se nommaient ceux qui sont
semblables aux loups. Ainsi, les Daces ont eu comme enseigne de guerre le
drapeau et le dragon avec tête de loup et queue de serpent, qui vole en se gonflant.
Quand les Romains découvrent leur existence, les Daces croyaient en deux mondes
et en l'immortalité de l'âme, sous forme d'une continuation du soi après la mort dans
l'autre monde : un monde où Zamolxis les attend. Selon une autre version, Zamolxis
étant apparemment un Poliste (sorte de druide) pythagoricien, prophète du créateur
unique Gabeleisos.
la présence de quelques autres divinités, pour la vie sur terre, témoigne de la nature
radicalement différente de ces deux mondes.
Organisation sociale
L'organisation sociale des Daces illustre la « trilogie indo-européenne » définie par
Dumézil. Les Daces sont gouvernés par des dynasties de rois-prêtres (Polistes) à la
tête de troupes de cavaliers aristocrates (Tarabostes) et de paysans guerriers
(Comates).
Les Polistes, sortes de druides, progressent en connaissances par le biais
d'initiations successives, proches de celles des orphistes et des pythagoriciens. Pour
marquer leur appartenance ils se couvrent la tête d'un bonnet de feutre blanc. Les
Tarabostes, propriétaires de forêts, de rivières, de gués et de moulins, ne sauraient
travailler : leur destin est de transmettre et d'exercer l'art de la guerre. Ce sont
souvent eux qui montent des expéditions de pillage vers les peuples et les cités
voisines. Pour marquer leur appartenance ils se couvrent la tête d'un bonnet de
feutre rouge (proche du bonnet phrygien des Thraces d'Anatolie). Ainsi tarabostesei
= pileati ; ils forment la classe des cavaliers. Les Comates (coma = crinière)
combattent à pied : soldats, paysans, artisans, ils portent les cheveux longs
(capillati) et restent tête nue l'été, mais portent bonnet de laine noire l'hiver. Tous
sont des hommes libres.
À l'origine, ils vivent dans des huttes de bois et pisé regroupées en villages entourés
d'une palissade, puis, à une époque tardive, ils construisent des forteresses aux
tours coniques en pierre (toponymes finissant en « dava » : Sarcidava, Cumidava,
Capidava, Piroboridava…).
Activités
Les Daces développèrent à bronze une civilisation agricole, connaissant le travail et
le commerce de l'or, de l'argent et de sel (des mines étaient exploitées dans
l'actuelle Transylvanie), civilisation dont on trouve aujourd'hui les vestiges en
Bulgarie, Roumanie, Moldavie, Serbie, Macédoine, Grèce et Turquie. Ils exportant
également du sel, de la laine, des cuirs et du miel. Les chevaux sont surtout utilisés
comme animaux de trait. Ils connaissaient de nombreuses plantes médicinales et
utilisaient la médecine holistique. Les richesses des Daces sont constituées de très
importantes réserves d'or, de sel et de céréales. Le commerce extérieur est
important, au vu du nombre de monnaies étrangères trouvées dans le pays. Le
commerce s'effectue surtout avec la Grèce, puis avec l'empire romain, dont les
influences sont fortes dans le sud du pays dès avant la conquête romaine.
Dès la fin du deuxième siècle av. J.-C., les Daces ne se contentent plus d'utiliser les
pièces venant des autres pays, mais commencent à frapper leurs propres pièces
d'or, sans doute avec l'aide des colons grecs. La plupart sont des contrefaçons
parfaites des pièces romaines. D'autres, par contre, sont originales, et portent des
inscriptions en alphabet grec.
Les plus nombreuses sont les fameuses pièces Koson, ainsi nommées par
l'inscription qu'elles portent, et qu'on suppose être le nom du chef des Daces dans
une région, après l'assassinat de César à Rome et de Burebista en Dacie. Sur une
partie des pièces, on voit un consul romain considéré comme l'adversaire avec un
"R" et "Koson" en alphabet grec. Sur le revers, on voit un vautour avec les ailes
ouvertes, une serre sur un sceptre et, dans l'autre serre, une couronne. 8,41
grammes or, 18-21 mm diamètre (description de Constantin Preda).
Mode de vie
Platon (Charmide) écrit qu'il a appris d'un Thrace qui vénérait Zalmoxis, une mélodie
pour rendre un homme immortel. On a découvert, dans une région des Gèto-Daces
(à Histria), un instrument musical, datant du IIIe siècle av. J.-C., formée de trois
flûtes de bois. Orphée, un des plus grands poètes de l'antiquité, malgré des
légendes contradictoires, semble bien provenir d'une peuplade thrace. On dit aussi
que Musaios (ami d'Orphée), Thamiris et même Eumolpe sont thraces.
Les Daces ont une stratégie militaire avec des points de défense séparés des lieux
de vie. La construction des points de défense profite au maximum des
caractéristiques physico-géographiques de la région. Les structures militaires sont le
résultat de l'union des tribus en cas de danger. Elles peuvent se focaliser sur un seul
objectif, comme la construction d'un ensemble de défense. Pour la première fois, on
peut parler d'une armée dace vers le IVe ou IIIe siècle, sous Dromichète, avec toutes
les institutions d'un État.
On retrouve deux types d'armes : armes de lutte à distance et armes de lutte au
corps à corps. La cavalerie a un rôle de harcèlement, pour essayer d'attirer l'ennemi,
lui tendre des pièges, et le mettre en position défavorable. Les Daces n'utilisent pas
de techniques massives avec des unités rigides et nombreuses.
Pour les luttes au corps à corps, les Daces préfèrent porter une arme spécifique, la
sica, ornée des symboles sacrés. En albanais sika=thika. Cette arme est ensuite
utilisée par une partie des gladiateurs à Rome, appelés thraces par les Romains.
Les tribus (et royautés) daces ont toujours été très indépendantes, chacune menant
sa propre politique, même s'il est arrivé que certains rois, tels Burebista ou
Décébale, parviennent à en fédérer la plupart (le premier finissant assassiné, le
second contraint au suicide). Sous Domitien comme sous Trajan, dont les règnes
sont concomitants à celui de Décébale, la plupart des tribus daces fédérées ont
attaqué l'Empire romain (Décébale obtenant de Domitien le versement d'un tribut)
mais celles vivant le long du Danube et commerçant intensément avec les Romains
ont toujours préféré s'allier à ces derniers. C'est ce qui permit à l'architecte
Apollodore de Damas de construire pour Trajan, en toute sécurité, un pont en pierre
sur le Danube, élément-clé de la conquête romaine commencée en 101 et achevée
en 106, conclue par la prise du trésor de Décébale, le suicide de ce dernier, et
l'intégration du sud-ouest de la Dacie à l'Empire romain, qui exploita dès lors, durant
165 ans, les mines d'or, d'argent et de sel de cette nouvelle province.
---------------------------------
Gètes
Gètes (Γέται, au singulier Γέτης) est le nom donné par les Grecs aux tribus thraces
du Nord, ayant peuplé le bassin Bas-Danube dans l'Antiquité. Les Gètes sont parfois
identifiés aux Daces (les historiens roumains les appellent Gèto-Daces, ou
Gètodaces, arguant que Gètes est leur nom grec, et Daces leur nom latin) mais
d'autres historiens considèrent qu'il s'agissait de deux peuples distincts, Gètes le
long du Danube, Daces de part et d'autre des Carpates. Au sud de l'Haemos, les
sources antiques ne parlent plus de Daces ou de Gètes mais de Thraces sans autre
précision, et là aussi les historiens débattent pour savoir s'il s'agissait d'un ensemble
thrace unique (opinion majoritaire) ou de populations différentes1.
Histoire
Langues
Les langues des Thraces et des Gètodaces sont l'une des branches de la famille de
langues indo-européennes. Ayant intégré des éléments du substrat pélasge
(préhellénique), elles présentent des éléments communs l'ancien macédonien,
l'illyrien, le balte, l'indo-iranien, l'arménien et le hittite.
--------------------------------------
Présentation
Organisation sociale
Les Daces sont divisés en deux classes : une aristocratie (tarabostes) et le peuple
ordinaire (comati). Les aristocrates, classe privilégiée, seuls autorisés à se couvrir la
tête, portent un chapeau de feutre (ainsi tarabostesei = pileati). Les autres, soldats,
paysans et artisans, portent les cheveux longs (capillati).
Ils vivent originellement dans des huttes de bois regroupées en villages entourés par
une palissade, puis, à une époque tardive, ils construisent des forteresses et des
tours coniques en pierre.
Selon Platon (Charmide), un Thrace vénérant Zamolxis (donc Dace), lui aurait appris
une mélodie pour rendre un homme immortel.
On a découvert dans une région des Gèto-Daces (à Histria) un instrument musical,
datant du IIIe siècle av. J.-C., formé de trois flûtes de bois.
Deux types d'armes existent alors de manière certaine : armes de lutte à distance et
armes de lutte au corps à corps. La cavalerie a un rôle de harcèlement, visant à
attirer l'ennemi, lui tendre des pièges, et le mettre en position défavorable. Les
Daces ne semblent pas avoir jamais utilisé des techniques massives avec des unités
rigides et nombreuses.
Pour les luttes au corps à corps, les Daces préfèrent porter une arme spécifique, la
sica, ornée des symboles sacrés. Cette arme est ensuite adoptée par une partie des
gladiateurs à Rome, appelés thraces par les Romains. Sur la colonne Trajane, on
peut voir des Daces utilisant des faux de guerres (falx) dont la lame de taille égale
au manche est dans la continuité de celui-ci. Une version à une main existe aussi,
peut être la romphée (romphaia) des Thraces. Les légionnaires romains durent
adopter leur équipement en conséquence, se protégeant le bras droit par des
plaques articulées pour éviter d'être mutilés par ces faux.
Religion
Leur religion serait à base de divinations et d'initiations. Les Daces croient en
l'immortalité de l'âme, sous forme d'une continuation du soi après la mort dans un
autre monde, un monde où Zalmoxis les attend. (Zalmoxis étant le premier homme à
avoir eu accès à ce monde). La présence de quelques divinités, pour la vie sur terre,
témoigne d'une croyance pas complètement monothéiste.
Les Daces se donnent le nom de loups ou ceux qui sont semblables aux loups.
Ainsi, les Daces ont deux types de symboles de guerre : le drapeau et le dragon
avec tête de loup et queue de serpent, qui vole en se gonflant.
Activités
Leurs principales activités sont l'agriculture et l'élevage. Les chevaux sont surtout
utilisés comme animaux de trait.
Les richesses des Daces sont constituées de très importantes réserves d'or, de sel
et de céréales. Ils exploitent les mines d'or et d'argent de l'actuelle Transylvanie.
Ils ont développé une civilisation agricole, possèdent de l'or et de l'argent et
pratiquent le commerce.
Le commerce extérieur est important, au vu du nombre de monnaies étrangères
trouvées dans le pays, et s'effectue surtout avec la Grèce, puis avec l'Empire
romain.
Dès la fin du IIe siècle av. J.-C., ils commencent à fabriquer des pièces en or, sans
doute avec l'aide des colons grecs. La plupart sont des contrefaçons parfaites des
pièces romaines, mais une partie des pièces ne sont pas des contrefaçons, car
comportant également des inscriptions en alphabet grec.
Les plus nombreuses sont les statères en or au nom de KOSON, ainsi nommées
d'après l'inscription KOSON qui y figure, et qu'on suppose être le nom du chef des
Daces dans une région après l'assassinat de Burebista en Dacie (et de César à
Rome le même année). À l'avers de ces pièces, on voit un consul romain entouré de
deux licteurs et un monogramme qui semble être la composition des lettres B et R.
En exergue, KOSON en alphabet grec. Le revers présente un aigle avec les ailes
éployées, une serre sur un sceptre, et, dans l'autre serre, une couronne. 8,41
grammes or, 18-21 mm diamètre (description de Constantin Preda). Ces pièces
ressemblent aux deniers de Brutus (les licteurs) et de Pomponius (l'aigle de la
Victoire). Ils auraient pu être frappés par Brutus pour obtenir le soutien militaire de
Kozon dans le cadre de la guerre contre Octave et Marc-Antoine avant la bataille de
Philippes. Appien affirme en effet que Brutus a battu monnaie avec de l’or et de
l’argent que lui avait fournis la femme d’un membre de la dynastie, un roi de Thrace.
De nombreux Thraces ont combattu dans les rangs de Brutus lors de cette bataille
décisive.
Les Daces connaissent et utilisent un calendrier solaire sacré, qui est conservé à
l'intérieur de la cité de Sarmizegetusa. Ce serait un des plus précis de toute
l'Antiquité, puisque l'erreur de ce calendrier ne serait que de 1 h 15 min 3 s chaque
année (8 840 ans si on applique des corrections tous les trois ans)3.
Ils connaissent de nombreuses plantes médicinales, et pratiquent une médecine
holistique. Les noms de ces plantes ont été sauvegardés par les Grecs, sans que
leur traduction soit correctement fournie.
Acidava (Slatina)
Aegyssos (Tulcea)
Apoulon (Alba Iulia)
Buridava (Râmnicu Vâlcea)
Capidava (Topalu)
Cumidava (Râşnov)
Dacidava (Şimleu Silvaniei)
Dierna/Tierna (Orşova) (Tierna)
Germisara/Germizera (Geoagiu)
Pelendava (Craiova)
Petrodava (Piatra Neamţ)
Piroboridava (Poiana)
Sangidava (Topliţa)
Sucidava/Succidava (Corabia)
Singidava (Deva)
Utidava (Târgu Ocna)
Ziridava (Pecica)
Drubeta
Napoca (Cluj-Napoca, Cluj)
Potaissa (Turda, Cluj)
Apulum (Alba-Iulia, Judeţ de Alba)
Histoire
La période dace
vers 2400-1700 av. J.-C., à la fin du néolithique, une peuplade d'origine indo-
européenne, s'installe sur un territoire qui deviendra plus tard approximativement
celui de la Dacie. Commence alors une civilisation florissante, avec de nombreux
objets en or et argent et le culte de Zalmoxis.
700 av. J.-C., installation de colonies grecques sur les bords de la mer Noire
112-109 av. J.-C., puis 74 av. J.-C., 60-59 av. J.-C. et ainsi de suite, des conflits
avec les Romains. Burebista gagne sans difficulté toutes les batailles contre les
Celtes et lutte contre César du côté de Pompée, mais il arrive trop tard. Burebista
est assassiné par l'aristocratie dace la même année que Jules César, très peu de
temps après celui-ci.
La période romaine
Tous ces détails sur ces deux conflits se trouvent dans Dion Cassius, mais aussi en
plus explicite sur la colonne Trajane, érigée à Rome par Apollodore de Damas. Pour
ces campagnes, l'Empire romain mobilise plus de 150 000 hommes pendant six ans.
Ils construisent un pont en pierres sur le Danube, premier du genre dans le monde,
utilisé non seulement pour la conquête, mais aussi longtemps après celle-ci. On le
voit sur la colonne Trajane, ainsi qu'un pont flottant utilisé pour l'attaque.
Après la conquête des cités (en dace dava) situées entre le Danube et la capitale
(Argidava, Amutria, Pelendava, Castra Nova, Romula, Acidava, Rusidava, Pons
Aluti, Burridava, Castra Trajana, Arutela, Praetorium... aujourd'hui Blidaru, Costeşti,
Piatra Roşie, Băniţa, Capâlna, Tilisca et quelques autres), commence le siège de
Sarmizegetusa. La cité, conquise après une résistance féroce, est détruite jusqu'à
ses fondations. Seul le calendrier sacré est épargné.
Toutes les forteresses daces sont détruites. Une partie des polistes (prêtres) et des
tarabostes (aristocrates) daces réussissent néanmoins à s'échapper de
Sarmizegetusa, avec Décébale à leur tête, et organisent une résistance.
Pourchassés, bientôt acculés, leur chef Décébale se suicide pour ne pas tomber
prisonnier, et leur permettre une reddition honorable.
Ensuite des tarabostes ralliés à Rome aident les Trajan à retrouver l'emplacement
des trésors de Décébale (évalués par l'historien Jérôme Carcopino à 165 500 kg d'or
et 331 000 kg d'argent). Ils feront partie du butin de la campagne. Une légende naît
au XIXe siècle, lorsque le récit de Dion Cassius est étudié par les historiens, légende
selon laquelle il resterait encore un grand nombre de trésors cachés. De fait,
certains objets précieux ont été trouvés lors de «fouilles sauvages», qui n'ont
apporté à leurs « inventeurs » que jalousies et ennuis avec les autorités. Les
habitants de cette région croient depuis lors à une « malédiction de Décébale », une
série de malheurs pour qui trouve les trésors du roi dace et les vend.
Du côté romain, la construction de la colonne Trajane n'est pas la seule façon de
célébrer la conquête d'une partie de la Dacie et d'employer le butin saisi. L'État
romain donne une fête de 123 jours, pendant lesquels la population peut boire et
manger à volonté aux frais de l'État. Au Forum de Trajan, également dû à Apollodore
de Damas, on érige des statues des tarabostes capturés, qui se trouvent
actuellement en haut des colonnes de l'Arc de Constantin.
La province romaine de Dacie se limite aux actuelles Transylvanie et Olténie. Le
reste de l'ancien royaume dace revient aux tribus daces libres telles que les
Carpiens, les Costoboces et les Tyrgètes. On peut le voir sur certaines cartes4. Elle
reste sous l'autorité d'un gouverneur de rang prétorien. La Légion XIII Gemina et ses
nombreux auxiliaires ont leurs quartiers dans la province.
Chronologie
85-89 ap. J.-C., les Daces engagent deux grandes guerres contre les Romains,
avec des incursions profondes dans l'Empire romain qui font des ravages. Victoire
de Décébale, roi des Daces. Décébale accepte de se reconnaître client de l’Empire,
mais omet de rendre les prisonniers et les étendards des légions. Un traité
sanctionne le statu quo.
101-102 ap. J.-C., pour mettre fin à cet accord humiliant, Trajan lance sa
première campagne. En 105-106 ap. J.-C., lors de la deuxième campagne, une
partie de la Dacie devient province romaine.
La retraite romaine de Dacie inaugure une période de l'histoire des ancêtres des
Roumains et des Aroumains surnommée par les historiens roumains « Âge pastoral
» en référence à l'occupation principale des Thraco-Romains, période qui ne peut
être connue que surtout à travers l'archéologie, la linguistique comparée et la
toponymie, car les sources écrites, tant épigraphiques que paléographiques, sont
très succinctes et sujettes à controverses. Cette “diète documentaire” fait appeler
cette période « Âge obscur » ou « Âge sombre » par les historiens hongrois, slaves,
allemands ou occidentaux qui affirment que, puisqu'il n'y a pas de sources fiables,
c'est que les ancêtres des Roumains ne s'y trouvaient pas. Suivant cette position, la
quasi-totalité des atlas historiques occidentaux ne mentionne même pas l'existence
des locuteurs des langues romanes orientales entre 271 et 1300, bien qu'ils soient
attestés non seulement par la toponymie, mais tout de même aussi par des
chroniqueurs comme Théophane le Confesseur, Théophylacte Simocatta, Kedrenos,
Nicétas Choniatès et Anne Comnène. L'historien roumain Neagu Djuvara remarque
que : «Les arguments des thèses antagonistes peuvent tous être contestés, mais ils
ont le mérite d'exister, tandis qu'aucun fait archéologique et aucune source écrite
n'étayent l'hypothèse d'une disparition pure et simple des roumanophones pendant
mille ans, qu'ils se soient envolés avec les hirondelles pour migrer en Afrique, ou
qu'ils soient allés hiberner avec les ours dans les grottes des Carpates ou des
Balkans...». De plus, même s'il n'y avait aucune preuve archéologique ou
toponymique et aucune mention écrite, la simple existence des langues romanes
orientales tend à prouver que les Thraco-Romains ont survécu à l'arrivée des Slaves
et des Bulgares dans la région.
Chronologie