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légitimités concurrentes
On voit souvent le régime de Vichy comme une "parenthèse constitutionnelle".
L'exercice du pouvoir par le maréchal Pétain est qualifié d'"autorité de fait".
Leur point commun est de se situer dans des logiques a-constitutionnelles, parce
qu'ils sont établis pour répondre aux situations de crise exceptionnelles liées à la
défaite militaire de juin 1940, et à l'occupation du territoire.
Pétain appelle dès le lendemain à cesser le combat, et signe l'armistice dès le 22 juin.
L'armistice divisant le pays en zone libre et zone occupée, les chambres quittent
Paris et s'installent à Vichy. Réunies en Assemblée nationale, elles votent le 10 juillet
1940 une loi constitutionnelle, donnant à Pétain le pouvoir de promulguer une
nouvelle Constitution.
Le Parlement, qui n'est pas dissous, mais "ajourné jusqu'à nouvel ordre", ne sera plus
réuni durant toute l'Occupation, marquant ainsi le caractère autoritaire du régime de
Vichy.
Pierre Laval, ancien président du Conseil sous la IIIe République, qui avait joué un rôle
décisif dans le vote de la loi du 10 juillet 1940, exercera un pouvoir essentiel à Vichy,
bien que Pétain l'écarte brièvement du pouvoir. Sa politique de collaboration avec
l'Allemagne, qui lui vaudra d'être fusillé à la Libération, a contribué à éloigner de plus
en plus de Français du régime.
Mettant fin à la fiction d'une zone "libre", les Allemands occupent la totalité du
territoire français le 11 novembre 1942, en représailles au débarquement allié en
Afrique du Nord. Le régime de Vichy s'est néanmoins maintenu jusqu'au mois d'août
1944, même si son projet constitutionnel du 30 janvier 1944 n'a jamais été
promulgué.
þÿEn 1943 est créé un Comité français de Libération nationale dont de Gaulle prend
þÿla direction contre le général Giraud, soutenu par les États-Unis , qui se transforme
en Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) à la veille du
débarquement allié de juin 1944.
Une fois opéré le retour de tous les prisonniers et détenus, le sort des institutions de
la IIIe République est tranché lors du référendum du 21 octobre 1945. Deux questions
étaient posées :
þÿ- la première étant "Voulez-vous que l'Assemblée élue ce jour soit constituante ?"
or, le choix du référendum constituant revient implicitement à considérer les lois
constitutionnelles de 1875 comme d'ores et déjà abrogées, puisqu'elles ne
prévoyaient pas cette procédure ;
- la seconde question posée lors de ce même référendum vise à encadrer le pouvoir
constituant de l'Assemblée nouvelle par des délais, et organise les pouvoirs jusqu'à la
nouvelle constitution.
Ces partis font campagne pour le "oui", le général de Gaulle, qui a présenté son
propre projet dans son discours du 16 juin à Bayeux, faisant campagne pour le "non".
Le projet est adopté par référendum, par 53 % des suffrages exprimés, non sans une
certaine lassitude des électeurs.