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En 1791, la France n’est plus sous le régime d’une monarchie absolue de droit divin, mais
elle est sous celui d’une monarchie constitutionnelle. Son abdication que nous qualifierons de
partielle dans la mesure où il a encore certains pouvoirs, laisse penser aux citoyens français que le
roi conçoit de régner en respectant l’ensemble des textes juridiques qui définit les institutions de
l’État et qui organise leurs relations, autrement dit qu’il accepte la Constitution.
Cette monarchie constitutionnelle prive donc le Roi de certaines prérogatives. En effet,
Louis XVI ne détient plus que le pouvoir exécutif, c’est-à-dire qu’il choisira ses ministres, qu’il
détient le pouvoir en politique étrangère, c’est lui qui fait appliquer les lois, sans oublier qu’il
possède un droit de veto sur les décisions prises par l’Assemblée. Louis XVI abusera de ce droit en
s’opposant de manière systématique aux décisions de l’Assemblée, ce qui lui vaudra le surnom de
« roi veto ». Le pouvoir législatif est géré par l’Assemblée Nationale Constituante dont les députés
qui la constitue votent les lois et le budget. Si Louis XVI ne s’y oppose pas, il veillera à ce qu’elles
soient appliquées. Les députés ne sont pas choisis par le Roi. Il sont élus au suffrage censitaire :
seuls les hommes payant suffisamment d’impôts peuvent devenir des électeurs. Le suffrage
universel est mis à mal.
Pour montrer son approbation vis à vis de ce nouveau régime politique, il prend la pose pour
être représenté sur des tableaux en arborant la cocarde tricolore ou encore le tricorne, sans aucun
symbole monarchique (couronne, sceptre, …). Outre le fait qu’il utilise son droit de veto à outrance,
qu’il ne veut pas appliquer la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, ni abolir les
privilèges, il veut donner au peuple l’image d’un roi qui a compris leurs besoins.
Toutefois, les véritables intentions de Louis XV seront bientôt dévoilée. En effet, le 21 juin
1791, il quitte clandestinement Paris avec pour objectif de regagner la Prusse où l’attendent des
troupes militaires étrangères, opposées à la Révolution. Il sera arrêté à Varennes et ramené à Paris
par des révolutionnaires ainsi que des députés dont Barnave 1. Cette fuite ruine immédiatement le
large crédit dont il jouissait auprès des citoyens. Il est à présent considéré comme un traitre, un
déserteur. Au-delà de cela, sur des gravures mettant en scène son retour forcé à Paris, il est
représenté sous les traits d’un cochon (animal représentant la souillure). Les titres de ces gravures
marquent le respect perdu : « La famille cochon ramenée à l’étable », « Le roi cochon ».
Le 15 juillet 1791, Barnave fait un discours devant l’Assemblée constituante dans lequel il affirme
qu’il est dans l’intérêt de tous que la Révolution s’arrête et que la monarchie constitutionnelle soit
maintenue, monarchie qu’il parviendra à sauver malgré tout.
Mais l’image de l’union entre le roi et la révolution est détruite. Le peuple n’a plus aucune
confiance en le roi, il ne le respecte même plus. Le peuple n’a également plus confiance en les
députés.
Suite à cette fuite perçue comme une traîtrise, les sans-culottes (parisiens radicalisés)
organise sur le Champs de Mars, le 17 juillet 1791, une manifestation pacifique pour faire signer
1 Se liant d’amitié avec Marie-Antoinette, la reine, il change de camps et rejoint les monarchistes constitutionnels. Cette acte lui vaudra la haine
du peuple.
une pétition qui demande la destitution du Roi et l’instauration d’une République. L’Assemblée
Nationale fait interdire ce rassemblement, et finit par ordonner à la garde nationale de tirer sur la
foule. Il s’agit de la fusillade du Champs de mars.
La tentative de fuite du roi et de sa famille pour rejoindre des troupes étrangères hostile à la
Révolution a été l’événement marquant de l’été 1791, marquant un tournant dans la Révolution
française. Elle est le point de départ d’un ensemble d’événements qui conduiront à la destitution du
roi le 10 août 1792, à l’élection au suffrage universel d’une Convention dont la mission sera de
rédiger une nouvelle constitution, à la proclamation de la République le 21 septembre 1792, ainsi
qu’à sa propre décapitation (après un procès) le 21 janvier 1793.