Vous êtes sur la page 1sur 54

INTRODUCTION

Les derniers temps du 20è siècle se sont révélés par l’indignation des peuples du monde
épris de paix et de liberté. Cette indignation faisait face à la domination des impérialistes qui, par
leur ambition et par leur mécanisme agressif et odieux, ont laissé tant de victimes derrière eux.
Parmi ces victimes, l’on peut trouver des pays anciennement colonisés de l’Afrique noire, certains
pays de l’Asie et de l’Amérique latine. S’affaissant sous la colère causée par l’impérialisme
occidental, ces pays ne réjouissaient plus de leur dignité et de leur souveraineté. C’est ainsi que
l’éveil des peuples opprimés et humiliés a vu le jour, et rien d’autre ne pouvait les endiguer dans cet
état léthargique qui ne ferait qu’exacerber leur misère. À ce propos, Aimé Césaire disait :
« La libération est un combat pour la dignité et la reconnaissance de
l’homme en tant que tel, cette dernière suppose au préalable la connaissance de son
identité, de son histoire, de ses possibilités. Lesquelles ont été faussées, confisquées
et aliénées par les impérialistes »1.
En effet, le courant impétueux de libération déferlait dans tous les continents, précisément
dans le continent asiatique, latino-américain et africain, en vue de briser les chaînes de domination
impérialiste sinon en finir définitivement. Comme le disait Kim Il Sung en ces termes : «  Notre
époque est celle du Djadjouseung »,2 c’est-à-dire une époque de l’indépendance et de la
souveraineté. Après la seconde guerre mondiale, l’Asie a assisté à la naissance de la République
Populaire de Chine, la République Populaire Démocratique de Corée et la République
Démocratique de Viêtnam. Elle a vu d’autres pays accéder à l’indépendance, tels que l’Inde et
l’Indonésie. Ces événements constituent à notre connaissance, la première période de la lutte
victorieuse de libération nationale.
Ensuite, la deuxième période de la lutte de libération nationale s’amorce en Amérique latine,
notamment à Cuba, en Afrique précisément en Algérie et ailleurs jusqu’en 1960 environ. Et la
troisième période ne s’attarde pas de se dénommer l’année de l’Afrique en 1960 et de se répandre
dans tout le continent africain sur une lutte énergétique pour l’indépendance et la libération.
Il va sans dire que l’ensemble de ces pays cités haut constituent le tiers-monde pour la
plupart non-aligné qui s’est présenté sur la scène internationale comme une force indépendante anti-
impérialiste. Ces pays occupent une grande part de la surface du globe et représentent aussi une
grande partie de la population mondiale, leurs territoires regorgent également des ressources

1
Roland VELE MUKELENGE, Émancipation de l’humanité et idées de Juche, IMPRIMERIE CEDI, B.P. 11398-
Kinshasa 1 RDC, 2004, p.14
2
Inoue SHUHACHI, La Corée contemporaine et Kim Djeung Il, Yuzankaku, Tokyo, 1984, p.14

1
naturelles inépuisables. Mais le système colonial de l’impérialisme a créé ce paradoxe entre les
peuples du tiers-monde et les immenses ressources de leurs territoires.
Pour faire régner manifestement l’esprit d’émancipation et de souveraineté à travers le
monde, les pays colonisés et semi-colonisés ont entrepris d’une manière et autre la lutte
révolutionnaire. Ce faisant, chaque pays cherchait une issue au mal sinon essayait de définir les
moyens susceptibles de combattre le système abject et inique des impérialistes afin de recouvrer les
droits fondamentaux qui étaient violés. C'est sous ces impératifs de l’époque contemporaine, que la
révolution coréenne va voir le jour contre l’impérialisme japonais, une révolution que nous nous
proposons de traiter dans ce mémoire intitulé : « Une analyse des idées du Djoutché et de la
révolution chez Kim Il Sung ».
D’abord, situé en Asie orientale, la péninsule coréenne, par son annexion au Japon en 1910,
était dominée et utilisée par celui-ci comme un grenier où puiser vivres, matières premières et
ressources de main-d’œuvre. Ainsi, pour son agression contre tout le continent asiatique,
l’impérialisme Japonais l’avait faite un débouché. À cet effet, la nation coréenne dépouillée de tous
ses droits et de toutes ses libertés, s’était trouvée complètement colonisée pour devenir à la lettre
une prison lugubre meurtrière, un véritable enfer. C’est pourquoi Kim Il Sung le « grand leader »
disait :
« Pendant ma vie, j’ai voyagé dans de nombreuses régions du monde, y
compris des pays qui avaient été colonisés, et nulle part je n’ai vu un impérialisme
aussi cruel et aussi néfaste que celui du Japon »3.
Face à cette situation cuisante, le peuple coréen devrait choisir entre la vie et la mort, car il
s’agissait de périr pour toujours sous un joug colonial de l’impérialisme japonais sans précédent ou
de combattre pour retrouver la libération totale du pays. Mais, cette révolution connaîtra des
oscillations imputables au manque de ligne de conduite adéquate. Les communistes, les
nationalistes invétérés et les marxistes hâbleurs qui prétendaient diriger le mouvement de libération
nationale, s’adonnaient à la phraséologie et aux querelles fractionnelles. Dans cet état de
fractionnisme, ils ignoraient la force maîtresse des masses populaires en prenant l’écart d’elles, ce
qui conduisait la révolution à l’échec.
Cependant, l’engagement du révolutionnaire coréen, Kim Il Sung, va donner une nouvelle
orientation à la révolution coréenne. Car, il va opérer les idées du Djoutché qui constituent une
doctrine révolutionnaire interrogeant les masses populaires comme le maître de la révolution. C’est
une conception qui, philosophiquement, responsabilise l’homme face aux obstacles de la vie, c’est-
à-dire de les surmonter d’une manière indépendante et créatrice. Visant la libération totale de

3
Roland VELE MUKELENGE, Émancipation de l’humanité et idée du Juche, op., cit.,p.36-37

2
l’homme, elle s’oppose à toute attitude de servilité et du dogmatisme. C’est pourquoi, Kim Il
Sung disait :
« Il faut faire la révolution, non en comptant sur une approbation ou des
directives quelconques, mais au contraire selon ses propres convictions et sous sa
propre responsabilité, et résoudre tous les problèmes engendrés par le processus
révolutionnaire en toute indépendance et de façon créatrice »4.
Adhérant à cette idéologie philosophique et révolutionnaire, le peuple coréen, après
plusieurs épreuves de lutte, finira par vaincre l’impérialisme japonais. La Corée libérée en1945,
risquait d’être dominée de nouveau par l’impérialisme américain. Cela va causer la division du pays
en deux, nord et sud. À l’issue de la partition, la partie nord, sous la direction de Kim Il Sung, va
s’atteler à édifier le socialisme à partir de la mise en place d’un pouvoir de type populaire qui
accomplira le rôle de la dictature du prolétariat dont la paternité revient à Karl Marx. Or, la
dictature du prolétariat est un concept purement révolutionnaire permettant la classe ouvrière
d’arracher le pouvoir entre les mains de la classe bourgeoise afin d’instaurer une société sans
classes, une société où l’oppression et l’exploitation de l’homme par l’homme se trouvent être
abolies. Et, Lénine qui passe pour le véritable continuateur de la doctrine de Marx, a plus que
jamais montré la nécessité de la dictature du prolétariat dans la révolution prolétarienne qui a
renversé le tsarisme en Union Soviétique et affiché les changements profonds de la vie du peuple
soviétique.
Ainsi, après la proclamation de l’indépendance de la République Populaire Démocratique de
Corée en septembre 1948, le Général Kim Il Sung sera élu son premier président. Né le 15 avril
1912 à Mankyeungdai(Pyongyang), d’une famille on ne peut plus révolutionnaire sans pareille, Kim
Il Sung, «  le soleil de la nation », n’hésitera pas de transformer la Corée du Nord en un État
révolutionnaire inébranlable
Victime des attaques d’agression incessantes des puissances de l’Orient et de l’Occident, la
Corée du Nord sous la direction du « Leader éternel » Kim Il Sung, considère le monde capitaliste
avec les États-Unis à la tête comme son ennemi juré. Et, pour la survie du pays, le révolutionnaire
nord-coréen va adopter la nécessité de se doter des capacités militaires permettant de dissuader les
impérialistes dans leurs machinations. D’où le projet du programme nucléaire.
Cette entreprise sera poursuivie par Kim Djeung Il, fils et successeur de Kim Il Sung. Celui-
ci, dans la démarche de continuer l’œuvre révolutionnaire du leader, institutionnalise la
militarisation nucléaire où l’accent est mis sur l’idéologie « Songun » ; une idéologie qui donne
priorité à l’armée dans la politique de l’État. Après sa mort en décembre 2011, les rênes de l’État

4
Inoue SHUHACHI, La Corée contemporaine et Kim Djeung Il, op., cit., p. 21

3
vont tomber entre les mains de son fils, Kim Jong Un qui également, en s’appuyant sur la ligne de
son père, essaie de combler les lacunes de la révolution. Aujourd’hui encore, par son savoir-faire, il
a réussi à donner un visage admirable à la Corée du Nord.
L’objectif de ce mémoire vise à faire une étude d’éclaircissement des idées du Djoutché à
faire une étude historique de la révolution coréenne lors des mouvements de libération nationale
contre l’impérialisme japonais. Il vise également à mettre en lumière le socialisme nord-coréen
fondé sur un pouvoir de type populaire juste après la victoire contre l’impérialisme japonais.
Ensuite, ce mémoire se propose d’expliquer le processus de continuité du système politique sur la
base des idées du Djoutché sur lesquelles l’État nord-coréen est érigé.
Ainsi, notre démarche de recherche nous oblige à poser un certain nombre de questions : En
quoi s’expliquent-elles les idées du Djoutché chez Kim Il Sung ? Que visent-elles ? En quoi elles
sont liées au concept révolution dans la construction d’un État particulièrement celui de la Corée du
Nord ?
Pour donner une réponse à ces questions correspondant à la capacité de notre recherche,
nous nous sommes proposé de répartir le travail en trois chapitres pouvant nous permettre de traiter
la rédaction de ce mémoire.
Ainsi, le premier chapitre portera un éclaircissement profond des idées du Djoutché de Kim
Il Sung. C'est-à-dire, il cherchera à découvrir les origines, les principes fondamentaux de ces idées
qui sont aussi philosophiques que révolutionnaires. Il portera également une lumière sur le concept
révolution à travers deux approches : l’approche marxiste et celle de Kim Il Sung. Quant au
deuxième chapitre, celui-ci traitera la pratique révolutionnaire des idées du Djoutché,
particulièrement celle de la révolution coréenne contre l’impérialisme. En plus, il traitera
l’établissement du socialisme nord-coréen à la base d’un pouvoir populaire après la division du pays
provoquée par l’impérialisme américain. Et, le troisième chapitre tentera d’expliquer l’aspect
permanent révolutionnaire des idées du Djoutché. C'est-à-dire, la révolutionnarisation et la
transformation de toute la société en classe ouvrière. Ensuite, il tentera de traiter la question de la
succession dans la révolution en Corée du Nord.
L’élaboration de ce mémoire n’a pas été aussi facile comme nous le pensons. Elle n’a pas
été facile à partir du moment où l’accession aux documents concernés nous a posé tant de
problèmes. Cependant, avec l’énergie que nous avons employée en fouillant dans les bibliothèques
et sur l’internet qui est d’ailleurs, un outil de recherche efficace dans ce monde informatisé, nous
sommes parvenus à élaborer ce mémoire dont le contenu ne représente que la limite de notre
recherche.

4
CHAPITRE I: Clarification des concepts

I-1 Les idées du Djoutché


De son acception, le concept Djoutché est un terme de la langue coréenne, issu
étymologiquement de deux racines « djou » et « tché » qui signifient respectivement «  maître  » et
«  soi ». Ainsi, littéralement le concept signifie « maître de soi ». Il a pour père théoricien Kim Il
Sung, le « Leader éternel » de la République Populaire Démocratique de Corée (R.P.D.C.) pour qui
il apparaît comme une philosophie idéologico-politique de libération nationale. Prenant ses sources
dans les mouvements de libération nationale, le concept Djoutché s’avère une réponse implacable
au phénomène de l’oppression sociale, politique, économique, raciale et culturelle, organisé par
l’impérialisme et qui se traduit par la dépendance totale des pays opprimés du monde.
Vivre maitre de soi, est étroitement lié à l’état d’indépendance, et trouver cet état
d’indépendance revient à lutter. Et pour cause, Kim Il Sung, le « Leader éternel » affirmait que :
« Etablir le Djoutché signifie, en bref, s’en tenir à une position qui consiste
à vivre de son propre chef et par ses propres moyens et à régler toute affaire
conformément à sa situation réelle et dans l’intérêt de la révolution de son propre
pays, sans suivre aveuglement les autres ou essayer de vivre en comptant sur les
forces d’autrui »5.
Selon lui, pour l’affranchissement de chaque nation, son peuple est condamné à adopter une
attitude responsable et créatrice à l’égard de la révolution et de l’édification. C’est-à-dire que,
l’idéologie djoutchéenne s’oppose au servilisme à l’égard des grandes puissances et au dogmatisme
qui portent préjudice au développement de la révolution en la conduisant à l’échec. C’est ainsi qu’il
a défini les idées du Djoutché comme : 
« Une conception du monde axée sur l’homme exigeant de le placer au
centre de toute pensée et de tout mettre à son service et une doctrine révolutionnaire
dont le but est de réaliser le Djadjouseung des masses populaires laborieuses ».6
Par essence, les idées du Djoutché sont une idéologie révolutionnaire dans toute leur
originalité et foncièrement différentes de toutes les autres antérieures. Elles traduisent
exclusivement les exigences de l’époque du Djadjouseung, c'est-à-dire l’époque de l’indépendance
et de la souveraineté en se distinguant de toutes les époques antérieures. C‘est l’époque où les
peuples naguère opprimés et humiliés se sont présentés comme maître du monde, et façonnent leur
destin en toute indépendance et d’une manière créatrice.

5
Kim Il Sung, À propos du Djoutché dans notre révolution, tome 2, éditions en langues étrangères, Pyongyang, P. 222
6
Histoire Révolutionnaire du grand Leader le camarade Kim Il Sung, éditions en langues étrangères, Pyongyang, 1983,
p. 622

5
Le contenu essentiel des idées du Djoutché constitue trois aspects à savoir : la conception
philosophique, les principes socio-historiques et les principes directeurs.
-La conception philosophique des idées du Djoutché :
Ici, nous ne prétendons pas donner une définition exhaustive à la philosophie en tant que
telle. Mais il est évident qu’elle a vu le jour à partir de l’étonnement et évolue substantiellement par
l’aspect critique qui est son essence même. Partant de là, elle apparaît comme la proposition d’une
conception du monde. Or, pour connaître et expliquer le monde, l’homme doit nécessairement se
référer à certains principes philosophiques. C’est-à-dire que toutes les conceptions du monde
reposent sur des principes philosophiques différents. Cela étant, quel doit être le principe
philosophique sur lequel se fondent les idées du Djoutché qui présentent une vision du monde axée
sur l’homme ?
En effet, nous avons saisi dans la perspective de Kim Il Sung que le principe philosophique
sur lequel se fondent les idées du Djoutché est que : « L’homme est maître de tout et décide de
tout »7.Ce principe semble être une réponse au problème fondamental de la philosophie d’autant
plus qu’il met l’homme en relief. C’est pourquoi, Kim Djeung-Il dans sa « Thèses sur les idées du
Djoutché  » disait que : « Les idées du Djoutché considèrent que l’homme est au cœur du problème
philosophique »8.En ce sens, il fait comprendre que la philosophie ne doit pas s’embourber dans la
pure abstraction ou plutôt se circonscrire à la spéculation.
Au fil des âges, la préoccupation des philosophes se centrait sur la relation entre la matière
et la conscience, entre l’être et la pensée. Du coup, le matérialisme marxiste dans sa logique, a
entériné la matérialité du monde et prône l’action comme la valeur de la philosophie. Et pour cause,
Marx disait dans sa « Thèse sur Feuerbach » que :
« Les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde de différentes
manières, mais il s’agit de le transformer ».9
À côté du marxisme, les idées du Djoutché présentent les rapports entre l’homme et le monde dans
l’histoire de la pensée. Elles éclaircissent la position et le rôle qui reviennent à l’homme dans le
monde qui l’entoure, et les présentent telle la question fondamentale de la philosophie.
En disant que l’homme est maître de tout, on veut dire qu’il est maître du monde et de son
propre destin ; en disant que l’homme décide de tout, on veut dire qu’il joue le rôle déterminant
quand il s’agit de transformer le monde et forger son propre destin. Et, pour bien cerner la justesse
et la véracité de ce principe philosophique, il convient de l’expliquer en relation avec la nature de
l’être humain.

7
Ibidem,p. 623
8
Inoue SHUHACHI, La Corée contemporaine et Kim Djeung Il, op., cit., p. 26
9
George PASCAL, Les grands textes de la philosophie, Bordas, Paris, 1974, P. 200

6
Pourquoi l’homme est-il maître de tout et décide-t-il de tout dans un monde où existent par
ailleurs d’innombrables êtres ? Pour parvenir à la réponse de cette interrogation, il est nécessaire de
faire une connaissance claire et approfondie sur la nature de l’homme ; celle qui le distingue de tous
les autres êtres. À ce sujet, Kim Djeung Il déclare que :
« Le Leader a établi que l’homme est un être social doué de Djadjouseung,
de créativité et de conscience. L’homme est sans aucun doute un être matériel mais
il n’est pas un être matériel simple. Il est l’être matériel le plus évolué et un produit
achevé du monde physique. En se libérant de la nature, il s’est déjà montré
remarquable. Tandis que toutes les autres formes de matière douées de vie
dépendent du monde objectif pour maintenir leur existence, l’homme subsiste et
évolue grâce à la connaissance qu’il acquiert de ce dernier, laquelle lui permet de
le modifier et de le soumettre à sa volonté ».10
Il est évident, que si l’homme jouit de cette position et de ce rôle particuliers de maître du
monde, c’est parce qu’il est un être social doué de Djadjouseung, de créativité et de conscience qui
constituent ses caractéristiques essentielles lui permettant de se distinguer des autres êtres du
monde. Ces caractéristiques l’amènent également à se retrouver dans les rapports sociaux en
s’échappant à la solitude. Par conséquent, la vie sociale est le propre de l’homme, ce qui fait de lui
un animal politique comme l’a bien ratifié Aristote.
Perçus comme les attributs particuliers de l’homme dans la conception djoutchéenne, nous
tenons à donner une présentation générale du Djadjouseung, de la créativité et de la conscience.
*Le Djadjouseung :
Il est exprimé dans la terminologie coréenne pour signifier la liberté, la souveraineté et
l’indépendance. Et l’homme en tant qu’être social, ne peut transformer sinon-même maîtriser le
monde et forger son destin sans cet idéal de Djadjouseung. C’est grâce à cette nature Djadjouseung,
que l’homme surmonte les entraves de la nature en mettant le monde à son service conformément à
ses besoins et à ses intérêts. Pour Kim Djeung Il :
« Le sens de liberté est l’attribut de l’homme qui cherche à vivre et évoluer
en toute indépendance en maître du monde et de son destin ».11
En outre, c’est par le sens de cette liberté que l’homme s’oppose à toutes les formes
d’asservissement social. C’est-à-dire, que le Djadjouseung est vital pour l’homme en dehors de son
existence physique. De même, c’est cette vitalité sociopolitique du Djadjouseung qui fait une nation
un État indépendant et souverain. Et, c’est la raison valable lorsque les nations colonisées et semi-
colonisées se sont battues et continuent à se battre aujourd’hui encore, c’est pour juste restituer leur
Djadjouseung violé qui est considéré comme l’âme de chaque nation dans son existence.
10
Inoue SHUHACHI, La Corée contemporaine et Kim Djeung Il, op., cit., p. 26-27
11
Roland VELE MUKELENGE, Émancipation de l’humanité et idées du Juche, op., cit., p. 61

7
*La créativité :
À l’instar de Djadjouseung, la créativité est l’attribut de l’homme social qui modifie le
monde et modèle son destin dans un but précis. Grâce à elle, l’homme imprime sa marque dans le
monde en domptant la nature ; il développe la société en remplaçant ce qui est archaïque par ce qui
est nouveau. Par conséquent, toutes les richesses matérielles, idéologiques et culturelles dont jouit
l’humanité, émanent des activités créatrices de l’homme. Si le Djadjouseung s’exprime
principalement par la position de l’homme en tant que maître du monde, la créativité, quant à elle,
se manifeste le plus souvent par le rôle qu’il exerce en tant que transformateur du monde. Qui plus
est, l’homme, le peuple ou la nation qui s’engage à remodeler authentiquement son destin, le devoir
principal qui l’incombe, c’est de tâcher à résoudre toutes les équations eu égard aux réalités
concrètes. Cela s’explique que les peuples, les nations ont des cultures différentes, voire même les
conditions existantes différentes. À ce propos, Kim Djeung Il disait :
« Nous nous opposons à l’attitude dogmatique qui consiste à admirer
béatement ce qui se fait dans les autres pays par renoncement à toute créativité, et à
ingurgiter, même ce qui ne s’adapte pas à la réalité concrète de son pays. Cette
attitude empêche d’élaborer une ligne et une politique justes, conformes aux
exigences du développement de la révolution dans son pays et aux aspirations de
son peuple et, en dernière instance, de mener à une bonne fin la révolution et
l’édification »12.
*La conscience :
Elle est également l’un des traits caractéristiques essentiels de l’homme social. Elle
coordonne et contrôle toutes les actions de l’homme social conformément à sa demande et ses
intérêts. C’est par elle, que l’homme se rend compte à la différence d’autres êtres matériaux qui
agissent instinctivement.
S’agissant de la conscience en tant qu’attribut, c’est la conscience idéologique qui semble
être la plus capitale en ce sens qu’elle détermine la nature de classe des activités humaines, la
volonté et la capacité de combat manifestant au cours de ces activités. D’où la conception
djoutchéenne préconise que la refonte de l’homme est, par essence, celle de la conscience
idéologique.
Alors, ces trois attributs fondamentaux qui sont : le Djadjouseung, la créativité et la
conscience soutiennent considérablement que l’homme s’affirme tel un être supérieur, le plus
puissant du monde qui agit sur ce dernier non pas fatalement, mais de manière révolutionnaire, non
pas passivement, mais activement, et le transforme non pas à l’aveuglette, mais dans un but précis.

12
Ibidem, p. 66

8
Il est à noter également, que ces trois composantes de l’homme sont plus que jamais
étroitement liées les unes aux autres. Sans le Djadjouseung qui est la première vitalité, il est difficile
de faire pleinement preuve de créativité ; de même, privé de créativité, il sera impossible de jouir
véritablement de son Djadjouseung. Ces deux notions supposent une conscience qui les garantit.
C'est-à-dire, pour explorer les propriétés sociales de l’homme, il importe de considérer correctement
l’unité de ces trois éléments.
Au regard de cette analyse, nous nous réalisons que la conception philosophique du
Djoutché a apporté des éclaircissements cruciaux sur la nature, la position et le rôle de l’homme
dans le monde. En affirmant que l’homme est maître de tout, sa nature et sa position sont établies ;
en affirmant que l’homme décide de tout, son rôle est précisé en tant que transformateur du monde.
Bref, c’est ici que l’on trouve le rapport entre l’homme et le monde, un rapport qui se présente
d’une manière évolutive.
-Les principes socio-historiques des idées du Djoutché :
Il est vrai que la société est l’un des éléments constituants du monde, mais elle ne semble
pas soumise aux lois naturelles qui régissent ce monde. Habitée par les hommes, la société se trouve
soumise à une loi particulière, c’est-à-dire celle de l’évolution de l’histoire dont les hommes sont à
la base. Or, le sens de l’évolution va de pair avec le principe du mouvement dans la société. C’est
ainsi que Kim Djeung Il a fait remarquer que :
« Les idées du Djoutché ont déterminé les lois de l’évolution de l’histoire
et celles de la révolution sociale. Elles ont défini de manière originale les
principes fondamentaux du mouvement social, du mouvement
révolutionnaire des masses laborieuses qui créent et développent
l’histoire »13
Alors, quels sont ces principes socio-historiques déterminés par les idées du Djoutché et qui
constituent la conception djoutchéenne de l’histoire ? Nous tenons à les citer comme suit :
«  1) ce sont les masses populaires qui font l’histoire de toute société.
2) l’histoire de l’humanité est l’histoire de la lutte des masses populaires pour le Djadjouseung.
3) Le mouvement socio-historique est l’expression concrète de la créativité des masses populaires.
4) Grâce à l’indépendance de leur conscience idéologique, les masses populaires jouent un rôle
déterminant dans la lutte révolutionnaire ».14
Par ces quatre principes, la conception djoutchéenne de l’histoire découvre les masses
populaires comme le sujet sinon-même l’acteur principal des mouvements sociaux, différents de
ceux de la nature qui ont lieu spontanément. C’est-à-dire, les phénomènes naturels sont soumis à

13
Inoue SHUHACHI, La Corée contemporaine et Kim Djeung Il, op., cit., p. 30
14
Idem

9
l’ordre des lois physiques. Par contre, toute l’évolution de l’histoire est le produit des masses
populaires à travers les mouvements successifs.
Cependant, en posant la question du sujet, la conception djoutchéenne de l’histoire estime
que les classes oppressives et exploiteuses renfermant une infime d’individus, ne peuvent jouer le
rôle du sujet, car celles-ci aux antipodes des larges masses, cherchent à freiner la marche de
l’histoire en avant. Voilà pourquoi, depuis longtemps, elles servent de cible de la révolution.
Si les mouvements socio-historiques se présentent comme la manifestation concrète de la
créativité des masses populaires, cela prouve que l’histoire n’est pas seulement une accumulation de
temps, mais aussi une succession de luttes incessantes. Par conséquent, l’évolution de l’histoire par
essence dans la conception djoutchéenne, met l’accent sur le principe selon lequel, l’histoire de
l’humanité est celle des luttes menées par les masses populaires pour leur Djadjouseung (libération
et liberté). Et, de là, nous sommes redevables à Hegel de sa conception philosophique de l’histoire,
lorsque le sens de l’histoire s’explique par le progrès de la liberté. C’est-à-dire, que la liberté, au
départ, n’existe pas immédiatement. Elle s’acquiert peu à peu par des transitions qui sont des
bouleversements, voire des révolutions. Pour lui, l’histoire est la prise de conscience de la liberté
dans le monde et qui évolue par des formes successives dont les unes sont dépassées par les autres
pour arriver à la forme idéale réalisée.
-Les principes directeurs des idées du Djoutché :
Ces principes, du point vu de Kim Il Sung, amènent les masses populaires laborieuses à
maintenir la position indépendante et créatrice dans tous les domaines de la révolution et de
l’édification. Ils se résument à ceci : le principe du Djoutché dans l’idéologie, de la souveraineté
dans la politique, de l’indépendance dans l’économie et celui de l’autodéfense dans la défense
nationale.
*Le principe du Djoutché dans l’idéologie : Il consiste aux masses populaires de faire
table rase de toutes les idées périmées qui peuvent porter atteinte à leur Djadjouseung et à leur
créativité et de penser d’une manière djoutchéenne leur permettant d’adopter une attitude
responsable à l’égard de la lutte révolutionnaire et à l’œuvre d’édification de leur pays.
*Le principe de la souveraineté dans la politique : Adhérant à ce principe, les masses
populaires s’opposent à toute forme de domination, d’asservissement en résolvant tous les
problèmes que posent la révolution et l’édification selon leur propre conviction et jugement. Il exige
aussi, l’égalité complète et le respect mutuel entre les nations, et, il est hors de toute justesse qu’une
nation se démène à asservir une autre. Bref, il assure politiquement le Djadjouseung des masses
populaires.

10
*Le principe de l’indépendance dans l’économie : Il va de concert avec celui de la
souveraineté politique, car il permet d’affranchir un État dans la sphère économique et matérielle
par l’élimination de la dépendance et du retard économique, et de satisfaire les besoins de l’État à
partir de ses propres ressources et de l’esprit de confiance en soi.
*Le principe de l’autodéfense dans la défense nationale : Il s’avère le plus capital des
principes pour l’édification d’un État indépendant et souverain, car il assure la sauvegarde de la
souveraineté politique et économique. C’est pourquoi, le «  Leader éternel », Kim Il Sung nous
édifie que :
« Le fait de se défendre et de se protéger est dans la nature de l’homme. De
même, un pays doit posséder des moyens pour se défendre. La ligne d’autodéfense
nationale est une exigence vitale pour un État souverain et indépendant. Dans la
mesure où il subsiste des agresseurs impérialistes, un pays dépourvu de forces
d’autodéfense, capables de défendre et de sauvegarder son pouvoir contre les
ennemis de l’intérieur et de l’extérieur, ne peut pas être considéré, en fait, comme
un État parfaitement souverain indépendant »15
I-2 La révolution :
Le concept révolution, étymologiquement vient du bas latin revolutio qui signifie « retour
au point de départ », dérivé revolvere qui signifie « rouler en arrière ». Ainsi, la révolution dans sa
plénitude, se définit comme un fait, un phénomène social qui consiste à changer brusquement, et de
façon violente, les structures sociopolitiques d’une nation.
Elle se diffère de la révolte ou de ce que l’on appelle les révolutions de palais, les coups
d’État. Car, ces derniers se révèlent être un changement violent de l’équipe gouvernementale, un
remplacement au pouvoir de personnes ou groupes appartenant à une même classe. La révolte peut
désigner également une contestation des groupes sociaux par rapport à certaines mesures prises par
les autorités en place sans avoir la volonté de prendre le pouvoir. Bref, c’est un mouvement de
rébellion spontané qui se manifeste très tôt dans l’histoire.
Or, la révolution s’appuie sur une pensée préalable, une doctrine cherchant à s’appliquer à la
réalité et vise à rompre l’ancien ordre social pour fonder un nouvel ordre social. Pour ce faire, elle
apparaît comme une série de longue haleine car, il s’agit de la théoriser afin de la pratiquer. À ce
sujet, Vincent Gouysse disait :
« La voie de la révolution ne commence pas par « il était une fois », ce
n’est pas un conte, ni un schéma préétabli. Elle est tout sauf un dogme… La voie de
la révolution est complexe, elle demande de la rigueur pour soi, comme envers les

15
Kim Il Sung, A propos du Djoutché dans notre révolution, tome 2, éditions en langues étrangères, Pyongyang, 1975,
p. 497

11
autres. Elle requiert de l’étude et de l’engagement. De la théorie et de la pratique.
De prendre les risques et d’être apte à les mesurer ».16
Toute révolution trouve sa cause où elle surgit, « elle n’est pas un dîner de gala »17 comme
l’affirme Mao Tsé-toung. Il est clair aussi, que toutes les grandes révolutions qu’a connues
l’humanité, étaient destinées à affranchir les larges masses d’un système politique inique qui les
écrasait. Ces révolutions ont bouleversé et fait progresser le monde jusqu’ici. Raison pour laquelle
Marx disait : « Les révolutions sont les locomotives de l’histoire »18.
En effet, la politique exploiteuse reste toujours la cause principale de toute révolution. Pour mieux
comprendre cela, nous allons voir la révolution dans les deux approches suivantes :
-L’approche marxiste :
La théorie de la lutte de classes découvre une succession de périodes révolutionnaires qui a
toujours opposé deux classes contradictoires ayant des intérêts antagonistes. Depuis la société
esclavagiste en passant par la société féodale et la société capitaliste, la lutte a changé de forme par
le mode de production entre la classe dominante et la classe dominée sans que l’une ou l’autre ne
soit supprimée. Pour mettre définitivement un terme à cette lutte, Marx, sans tergiverser, a
préconisé une révolution violente, car pour lui les révolutions antérieures n’ont fait que :
« Substituer de nouvelles classes, de nouvelles conditions, de nouvelles
formes de lutte à celles d’autrefois ».19
La conception marxiste estime que le prolétariat doit arracher le pouvoir politique entre les
mains de la bourgeoisie, car la question essentielle de toute révolution est celle de pouvoir. Et pour
cause Mao Tsé-toung souligne que :
 « La révolution, c’est un soulèvement, un acte de violence par lequel une
classe en renverse une autre ».20
S’agissant de transformer toute la société de fond en comble en une société sans classe, la classe
prolétarienne doit établir la dictature du prolétariat car, c’est la seule classe la plus révolutionnaire
dans l’histoire de l’humanité qui soit en mesure de supprimer toute exploitation de l’homme par
l’homme, et mettre en place le communisme.
En ce qui concerne les pays coloniaux et dépendants du fait de l’impérialisme, Lénine pense
que le mouvement de libération nationale dans ces pays, est la réserve de la révolution

16
Vincent GOUYSSE, Impérialisme et Anti-impérialisme, [en ligne], http://www.marxisme.fr, consulté le 17 février
2018
17
Mao Tsé-toung, Petit Livre Rouge [en ligne], http://www.chine-informations.com, consulté le 11 mars 2018
18
M. ROSENTAHL et P. IOUDINE, Petit dictionnaire philosophique [en ligne], http://www.communismme-
bolchevisme.net , consulté le 20 février 2018
19
Souvenir sur Marx et Engels, Éditons En Langues Étrangères, Moscou, s.d. p. 35
20
Mao Tsé-toung, Petit livre rouge, [en ligne], http://www.chine-informations.com, consulté le 12 mars 2018

12
prolétarienne. Pour lui : « La révolution est impossible sans une crise nationale ».21 En plus, dans
cette conception léniniste, ces pays dépendants, même après leur libération du joug colonial de
l’impérialisme, ne peuvent pas passer de la révolution prolétarienne s’ils ne veulent pas être asservis
par les capitalistes monopôles. Cela conclut que le mouvement de libération nationale et la
révolution prolétarienne des pays capitalistes doivent inéluctablement se fusionner en un front
révolutionnaire unique contre l’impérialisme.
La révolution prolétarienne, par son application ferme et résolue, a certes montré son
efficacité avec son triomphe en U.R.S.S. en 1917. D’ailleurs, ce fut la première et grande révolution
socialiste que le monde ait connue, car, elle a apporté des changements profonds dans la vie du
peuple soviétique. C’est pourquoi, après la seconde guerre mondiale, plusieurs pays ont emprunté la
voie de la démocratie populaire et de l’édification du socialisme. Et là, la Chine nous offre un
exemple de taille qui a su remporter une victoire de grande envergure sur les forces endogènes de la
contre-révolution et sur les forces exogènes.
Au regard de ce qui précède, nous arrivons à cette conclusion que la doctrine marxiste-
léniniste semble plus que jamais être une arme théorique des plus acérées pour tous les
communistes d’établir le communisme dans le monde.
-L’approche djoutchéenne de la révolution :
Elle s’inscrit dans le cadre des pays colonisés et semi-féodaux ayant décidé de répondre à
l’agression impérialiste qui asphyxiait leurs peuples. Sachant que la liberté et la libération ne
s’offrent pas cadeau, la révolution violente s’avère la solution adéquate pour les recouvrer. C’est
ainsi que Kim Il Sung a affirmé que :
« La révolution est par son essence la lutte organisée pour réaliser le Djadjouseung
des masses populaires »22.
Étant l’un des aspects de la conception djoutchéenne, le Djadjouseung est la vie d’un État
souverain et indépendant. Par conséquent, un pays ou une nation qui a perdu son Djadjouseung, est
le pays ou la nation qui n’est pas vital quoiqu’il ait le nom de l’État. Du fait que le Djadjouseung est
la nature de l’homme social et des masses populaires, il est à conclure sans ambages, que toutes les
luttes révolutionnaires ont un but final, c’est celui de réaliser le Djadjouseung de l’homme.
Cependant, entreprendre une révolution sans disposer les moyens idoines, est un préjudice à
la révolution elle-même car, elle n’aboutira pas à une victoire escomptée. De ce fait, la seule
condition sine qua non pour cette victoire, est le sujet de la révolution. Et, le sujet de la révolution
comme nous pouvons le comprendre dans la conception djoutchéenne, c’est le facteur subjectif et

21
M. ROSENTAHL et P. IOUDINE, Petit dictionnaire philosophique, [en ligne],  http://www.communisme-
bolchevisme.net, consulté le 20 février 2018
22
Roland VELE MUKELENGE, Émancipation de l’humanité et idées du Juche, op., cit., p. 71

13
principal qui permet la bonne marche de la révolution. C’est-à-dire le responsable ou la force
motrice qui s’en charge et la pousse en avant. Toute faiblesse provenant de ce dernier, compromet
la victoire. D’où il nécessite, avant tout, d’élever par tous les moyens le rôle du sujet :
*Le leader :
Il s’affiche comme le noyau fondamental du sujet de la révolution. Dans la lutte
révolutionnaire, il occupe la position absolue et joue le rôle déterminant. D’ailleurs, croire à la
victoire d’une révolution sans leader, c’est faire une imagination absurde. Le leader, à l’instar de la
locomotive, sert de guide ; il est le seul théoricien le plus capable d’exposer les idées
révolutionnaires, sinon-même tracer la voie illuminant de la lutte afin de conduire les masses
populaires à la victoire. Et sans crainte d’exagérer, Kim Il Sung, le «  Leader éternel » vaut d’être
cité ; un leader qui a su exposer les impérissables idées du Djoutché dans la lutte révolutionnaire
antijaponaise et qui ont permis au peuple coréen de parvenir à la victoire. Et nous ne saurions passer
sous silence sur Mao Tsé-toung, «  Le Grand Timonier » qui a construit le grand peuple chinois en
lui donnant sa dignité, son indépendance et sa souveraineté effectives, s’est révélé un leader
irremplaçable que le monde ait connu.
Donc, de par sa position et son rôle, le leader se retrouve au centre de la vie collective
sociopolitique, car il détient ce pouvoir d’unir fermement les masses populaires dans l’unique
idéologie et dans l’unique morale et amène la lutte révolutionnaire à la victoire en bravant toutes les
difficultés. Comme disait Kim Djeung Il en ces termes :
« L’essentiel dans une révolution est la question du Leader. Le désir des masses
populaires ne suffirait pas à lui seul pour faire la révolution, n’est-ce pas ? Il faut un
cerveau élaborant l’idéologie et la théorie, un pivot à la cohésion, capable de leur donner les
idées, la stratégie et la tactique. Ce cerveau, ce pivot, c’est le Leader ».23
*Le parti :
Conçu comme l’union, l’entente de personnes partageant la même conviction, la même
opinion, le parti est l’un des éléments –clés pour élever le sujet de la révolution. En effet, sa
compréhension ne doit pas se confondre à celle d’une simple organisation. Il s’agit, sans doute, du
parti de la classe ouvrière qui constitue les masses populaires, les ouvriers, et les paysans réunis
autour du leader. Cela sous-entend qu’il regroupe plusieurs organisations sociales. Et, en partant du
point de vue djoutchéen, il est stipulé que la position et le rôle des masses populaires ne peuvent
s’accroitre dans une société que lorsque celles-ci sont organisées sous la direction d’un leader. ce
propos, Kim Il Sung, le « Grand Leader » disait que :
« L’organisation et l’unité des masses populaires sont le secret de leur
force créatrice. Désunies, les masses ne peuvent ni devenir en fait un être créateur
23
Inoue SHUHACHI, La Corée contemporaine et Kim Djeung Il, op., cit., p. 193

14
ni faire montrer de leur grande capacité. Elles ne peuvent se transformer en une
force inégalable et donc modifier le monde que si elles s’unissent et œuvrent
ensemble »24.
Il va sans dire, que la force organisationnelle des masses populaires se réalise par le parti, et,
si celles-ci veulent faire preuve d’une force convaincante, il ne les manque plus que de s’unir autour
du leader. Ce faisant, leur puissance se trouve être garantie par le parti. Voilà comment le parti sert
de pivot dans le sujet de la révolution, puisqu’il sensibilise les masses dans l’idéologie du leader et
les organise à manifester leur puissance créatrice. Fort est de reconnaître que sans le parti, les larges
masses ne peuvent s’imprégner de l’idéologie révolutionnaire ni s’unir en une force organisée, car il
est l’avant-garde et de la révolution C’est pourquoi le « Grand » Mao disait :
«  Le parti révolutionnaire est le guide des masses, et jamais révolution n’a
pu éviter l’échec quand ce parti a orienté les masses sur une voie fausse »25.
*L’armée révolutionnaire :
Comme son nom l’indique, l’armée révolutionnaire est le gros de la révolution et renforce le
sujet de celle-ci. Elle est le groupe organisé selon le système militaire régulier et auquel il est échu
la tâche de défendre avec les armes l’œuvre du parti et du leader. Il sera d’ailleurs, impossible de
parler d’une révolution au sens propre du terme, sans une armée révolutionnaire. Car, étant le porte-
drapeau numéro un (N°1), le premier défenseur du pays, elle répond implacablement à toutes les
manœuvres d’agression des impérialistes afin de sauvegarder les acquis de la révolution. C’est
pourquoi, la disposition d’une telle armée est l’un des devoirs préoccupants pour des États
socialistes dans leurs révolutions. À titre d’exemples, nous citons l’Armée Rouge de l’Union
Soviétique. Créée le 15 janvier 1918, elle est une armée révolutionnaire qui a montré sa puissance
contre les impérialistes allemands au cours des deux guerres mondiales. C’est-à-dire qu’elle a été
l’un des facteurs décisifs pour l’édification de l’État soviétique. Raison pour laquelle, Golikov disait
que :
« Ayant mis sur pied l’Armée Rouge, le pouvoir des soviets avait acquis
une force armée puissante capable de défendre les conquêtes de la Révolution
socialiste contre les ennemis intérieurs et extérieurs ».26
En plus, la création de l’Armée Révolutionnaire Populaire Coréenne (A.R.P.C.) est un
exemple notable. C’est une armée qui a été pour beaucoup dans le mouvement de libération
nationale en Corée car, après plusieurs épreuves de combat, elle a fini par triompher de
l’impérialisme japonais.
*Les masses populaires :
24
Ibidem, p. 79
25
Mao Tsé-toung, Petit livre rouge, [en ligne], site web : http://www.chine-informations.com, consulté le 12 mars 2018
26
G. GOLIKOV, La Révolution d’Octobre, éditions du progrès, Moscou, 1966, p. 436-437

15
Toute révolution nationale qui aspire à un changement radical, ne peut en aucune manière
réussir en dehors des larges masses populaires. D’ailleurs, c’est là que s’inscrit quasiment la haute
intelligence de tous les révolutionnaires qui ont marqué l’histoire, disant que les masses populaires
sont des artisans de la révolution. De même, c’est la croyance en cette force des masses que certains
protagonistes de l’impérialisme tels que Adolf Hitler et d’autres, ont voulu mettre le monde à leurs
pieds. C’est pourquoi, Kim Djeung Il disait que :
« Recourir à la force des masses populaires est la seule voie à suivre pour
faire la révolution. Celui qui ne se fie pas à la force des masses, ne peut compter sur
sa propre force ni ne mérite donc être appelé un révolutionnaire. La méfiance à
l’égard des masses conduit à la servilité envers les grandes puissances et à la
tendance idéologique limitée à ne s’appuyer que sur les forces extérieures, ainsi
qu’au pessimisme et au défaitisme »27.

CHAPITRE II: La pratique de la révolution à l’égard des idées du


Djoutché pour l’édification d’un Etat

II-1 Le cas de la révolution coréenne contre l’impérialisme japonais :


27
Roland VELE MUKELENGE, Emancipation de l’humanité et idées du Juche, op., cit., p.82-83

16
Il s’agit d’une révolution qui a eu lieu avant que la Corée ne se scinde en deux, Nord et Sud,
contre l’impérialisme japonais qui l’avait dominée et transformée en colonie. Ce faisant, la Corée
avait entrepris la révolution sans succès, car, le premier mouvement communiste qui existait et qui
avait même commencé à se développer sous l’impact de la révolution socialiste d’octobre en
U.R.S.S., a connu de nombreuses vicissitudes. Cela était dû, lorsque les nationalistes invétérés, les
marxistes de salon et les éléments inféodés qui prétendaient diriger la révolution, désertèrent le
mouvement révolutionnaire et tombèrent dans le mercantilisme. Ces attitudes de fraction eurent
entraîné d’immenses pertes et la dislocation de nombreuses organisations révolutionnaires.
Il est hors de doute, que la révolution étant une notion pratique, ne peut parvenir à une bonne
fin si elle manque d’idéologie ou de théorie adéquate par rapport aux problèmes qu’elle soulève.
C’est pourquoi, Lénine disait : «  Sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement
révolutionnaire »28. Cela s’explique qu’aucune révolution ne peut marcher par tâtonnement et
espérer une victoire. En ce sens, la théorie se définit dans la pratique révolutionnaire, comme la
généralisation de l’expérience pratique. Et, c’est dans cette logique que le « Leader éternel », Kim
Il Sung a élaboré les idées du Djoutché ensuite les a perfectionnées à travers la pratique de la
révolution coréenne pour en faire l’idéologie directrice de la révolution contemporaine. A ce sujet,
Kim Djeung Il soutient que :
« C’est toujours en tenant compte de la pratique révolutionnaire que le
Leader a mené ses activités de penseur et théoricien ; et c’est en éclaircissant les
problèmes qu’elles soulevaient qu’il a développé et enrichi ses idées et ses théories
révolutionnaires. Ce n’est qu’en se fondant sur la pratique révolutionnaire qu’on
peut adapter les théories existantes à la révolution de son pays, conformément aux
intérêts et aux réalités de celle-ci et se montrer capable de découvrir les vérités
nouvelles ou de donner naissance à des idées et des théories neuves ».29
En s’appuyant sur les idées du Djoutché qui sont une idéologie directrice révolutionnaire
reposant sur le principe philosophique selon lequel l’homme est maître de tout et décide de tout, la
révolution coréenne a pris une nouvelle orientation. Car, cela était urgemment nécessaire, et, en
dehors de tout, cette voie responsabilisait le peuple coréen, disant qu’il devait résoudre
correctement, en toute indépendance et d’après sa propre force, sa foi et son jugement tous les
problèmes qui se posaient dans la révolution et l’édification de son pays. Ainsi, nous témoignons
sous la plume de Kim Il Sung, où il nous édifie que :
« La révolution ne peut être ni exportée ni importée. Les étrangers ne
peuvent pas faire la révolution à notre place. Le maître de la révolution de chaque

28
V. LÉNINE, Œuvres choisies, volume 1, éditions du progrès, Moscou, 1982, p. 132
29
Inoue SHUHACHI, La Corée contemporaine et Kim Djeung Il, op. cit., p.22

17
pays est son peuple lui-même, et le facteur décisif de la victoire de la révolution est
la force même de ce pays ».30
Sachant que les larges masses sont le maître de la révolution et qu’il faut se mêler à elles
pour les éduquer et les organiser, Kim Il Sung commença par éveiller la conscience révolutionnaire
des jeunes communistes, des masses antijaponaises appartenant aux différentes couches sociales,
notamment la classe ouvrière et la paysannerie en tout premier lieu, pour les regrouper solidement
et en faire des forces révolutionnaires, et élaborer les justes stratégie et tactique et combiner
organiquement les luttes sous différentes formes.
En effet, le 17 octobre 1926, Kim Il Sung fonda l’Union pour Abattre l’Impérialisme
(U.A.I.) à Huadian. Cette union était la première organisation d’avant-garde authentiquement
révolutionnaire communiste qui a marqué une nouvelle ère de la lutte révolutionnaire du peuple
coréen. Car, elle a été une organisation structuralement solide et étendue parmi les larges masses de
différents milieux et couches sociales comme nous pouvons l’attester avec la fondation de l’Union
des enfants à Fusong en décembre 1926, qui fut d’ailleurs la première organisation révolutionnaire
communiste des enfants de la Corée, et la création de l’Association des Femmes Antijaponaises
(A.F.A.) ; première organisation révolutionnaire de la masse des femmes coréennes.
Par l’élargissement des structures inférieures de l’Union pour Abattre l’Impérialisme
(U.A.I.), la tendance antijaponaise s’est manifestée sensiblement par les jeunes et élèves. Ce faisant,
l’U.A.I. fut reconvertie en août 1927 en Union de la Jeunesse Anti-impérialiste (U.J.A.I.). C’était là,
une organisation révolutionnaire clandestine de masse englobant les jeunes et les élèves
progressistes. Sous la direction de Kim Il Sung, l’U.J.A.I. eut implanté dans un court laps de temps
ses structures dans plusieurs lieux tels que : au collège de Wenguang, aux collèges N°1 et N°5 de
Jilin, à l’Ecole Normale de Jilin, au collège de filles de Jilin. En plus, nous avons assisté à la
création de l’Union de la Jeunesse Communiste Coréenne (U.J.C.C.) le 28 août 1927. Cette
organisation révolutionnaire clandestine regroupait les éléments-clés l’U.J.A.I. Elle assurait la
direction unifiée de toutes les organisations antijaponaises et jouait également le rôle d’avant-garde
dans la direction de l’ensemble de la révolution coréenne jusqu’à la mise sur pied la structure du
parti.
Ainsi, la fusion de ces deux mouvements (U.J.A.I. et U.J.C.C.) fut un événement historique
de haute importance dans le développement du mouvement de libération nationale d’autant plus
qu’elle a su implanter son réseau dans la plupart des régions dont nous citerons entre autres :
Panshi, Changchun, Harbin, Antu, Huadian, Jilin. Le 10 mars 1928, Kim Il Sung organisa à

30
Kim Il Sung, À propos du Djoutché dans notre révolution, tome2, op., cit., p. 452

18
Xiangtan l’Union des Paysans de Corée (U.P.C.) qui fut également la première organisation
révolutionnaire de la masse des paysans de Corée.
Tout laisse à croire que la création massive de ces organisations, ne visait qu’une seule cible,
c’est-à-dire l’impérialisme japonais. Sous le drapeau des idées du Djoutché, l’esprit révolutionnaire
s’est manifesté sur toutes les portions du territoire national. Pour illustrer cela, nous soulignons
quelques événements : En 1929 fut la grève générale des dockers de Weusan, d’autres luttes se
succédèrent telles que la grève des ouvriers de l’usine textile de Bousan, les grèves déclenchées par
les ouvriers à l’occasion du 1er mai à Séoul, Pyongyang, Daigou, Intcheun, Heugnam, Tcheungdjin
et ailleurs. A la suite, les ouvriers de la houillère de Singheung firent une grève de grande
envergure. La lutte des paysans fut déclenchée de la même année. Ces derniers se livrèrent à des
dizaines d’occasion, au confit pour la baisse du fermage et menèrent d’autres luttes vigoureuses par
monts et par vaux dans le pays contre les impérialistes japonais et les propriétaires fonciers. Du
reste, à Kwangju, la jeunesse étudiante engagea un combat sans merci contre la politique
impérialiste qui tendait à dispenser un enseignement asservissant colonial, et à étouffer la culture
coréenne.
Il va sans dire que la création de l’Union pour Abattre l’Impérialisme (U.A.I.) qui a été la
toute première organisation révolutionnaire, a donné un départ nouveau à la révolution coréenne à
partir du moment où elle a élevé le mouvement communiste et le mouvement de libération nationale
tout en se ramifiant sur toute l’étendue du territoire coréen.
Cependant, c’est à la conférence de Kalun que la voie de la révolution coréenne fut
véritablement définie. Il s’agissait de porter la révolution coréenne à une phase nouvelle et
supérieure. Cela exigeait de combattre la violence par la violence et de rendre coup pour coup. C’est
pourquoi Kim Il Sung le « Leader éternel » a souligné que :
« Se procurer des armes, c’est un des facteurs principaux décidant de
l’issue d’une lutte armée, car l’arme constitue avec l’homme les deux éléments
essentiels des forces armées », 31
A cette fin, la première organisation du parti de type djoutchéen de la Corée fut établie. En juillet
1930 Kim Il Sung fonda l’armée révolutionnaire coréenne (A.R.C) constituée d’éléments d’avant-
garde de l’U.J.C.C. et de l’U.J.A.I.
En tant que première organisation armée des communistes coréens, l’Armée Révolutionnaire
Coréenne (A.R.C.) prenant pour l’unique idéologie directrice les grandes idées du Djoutché, était
une organisation politique et paramilitaire destinée à préparer la lutte armée antijaponaise. Du
reste, sa fondation fut le signal du déclenchement de la lutte armée et porta une grande influence

31
Histoire Révolutionnaire du grand Leader le camarade Kim Il Sung, op., cit p. 55

19
dans le mouvement de libération nationale d’autant plus qu’elle était constituée par des hommes
ayant une haute conscience de classes, une détermination de lutte très marquée.
Pour stimuler la lutte armée de libération nationale et assener de grands coups à
l’impérialisme japonais, Kim Il Sung proposa d’entreprendre la guérilla. A cette fin, le 25 avril
1932 à Antu, il organisation l’Armée de guérilla populaire antijaponaise (A.G.P.A.) et proclama sa
fondation à la face du monde. C’était une armée on ne peut plus révolutionnaire car, elle avait pour
guide inébranlable les impérissables idées du Djoutché et était composée d’ouvriers, de paysans
progressistes et jeunes patriotes appelés à combattre pour les intérêts du peuple.
Selon Kim Il Sung, lorsque l’on a à faire avec une armée d’agression impérialiste supérieure
en nombre et en technique, il faut nécessairement faire recours à la méthode de guérilla qui prône le
soutien actif des masses populaires, et consiste à mener le combat en profitant les conditions
naturelles et géographiques avantageuses, principalement avec les armes légères faciles à manier, en
se déplaçant avec une grande rapidité et en appliquant les tactiques souples. Cela permettra à
l’armée de guérilla de garder toujours l’initiative du combat et détruire l’ennemi plus supérieur.
Donc, étant un auxiliaire de l’armée régulière, sinon-même une forme secondaire de la lutte
armée, la guérilla a infligé d’énormes pertes politiques et militaires à l’impérialisme japonais qui se
voulait supérieur numériquement et techniquement en Corée.
En mars 1934, l’Armée de guérilla populaire antijaponaise (A.G.P.A.) fut reconvertie en
Armée Révolutionnaire Populaire Coréenne (A.R.P.C.). Cette organisation militaire, pour porter la
lutte armée antijaponaise à un niveau plus élevé et conclure la libération de la patrie, avait pour
devoir d’intensifier les activités militaires et politiques. Ces activités ont permis la transformation
d’un grand nombre de jeunes communistes en des révolutionnaires intrépides, et affermi la cohésion
des rangs des révolutionnaires pour la lutte armée. Puisqu’il s’agissait de libérer définitivement la
patrie, le 5 mai 1936, Kim Il Sung proclama la fondation de l’Association pour la Restauration de la
Patrie (A.R.P.) soutenue par le gros de l’Armée Révolutionnaire Populaire Coréenne.
L’A.R.P. était une vaste organisation du front uni national antijaponais, la première en son
genre en Corée car elle s’est révélée une puissante organisation révolutionnaire clandestine appelée
à unir toutes les forces antijaponaises dans le pays et à l’étranger et à les diriger d’une façon unifiée.
Cependant, la dernière moitié des années 30 annonçait déjà le début de la seconde guerre
mondiale. L’impérialisme japonais qui, dans son ambition de conquérir toute l’Asie, avait
déclenché la guerre sino-japonaise et étendait son agression dans le territoire principal de la Chine
et s’acharnait à la préparation d’une guerre contre l’Union Soviétique. Quant à l’Allemagne nazie et
l’Italie fasciste se démenaient en Europe pour envahir divers pays et étouffer la lutte révolutionnaire
de la classe ouvrière.

20
Ainsi, par la solidarité régnante entre les forces révolutionnaires internationales sous le mot
d’ordre : «  Ouvriers du monde entier, unissez-vous ! », Kim Il Sung s’est résolument lancé à
soutenir activement la lutte révolutionnaire des peuples de différents pays du monde en estimant
que :
« La révolution de chaque pays fait partie intégrante de la révolution
mondiale et en constitue un chainon. Elle se déroule grâce au puissant soutien des
forces révolutionnaires du monde entier. Lutter activement pour la victoire de la
révolution mondiale est un devoir internationaliste des communistes de chaque
pays ».32
Après l’invasion de la Mandchourie par l’impérialisme japonais, nous avons assisté à
l’alliance entre l’Armée de guérilla populaire antijaponaise et les troupes chinoises antijaponaises.
Et, à la suite de l’incident provoqué en 1939 par les agresseurs impérialistes dans la région du lac
kassan et de Harhingor en Union Soviétique, l’Armée Révolutionnaire Populaire Coréenne, sur
proposition de Kim Il Sung, effectua des opérations vigoureuses pour défendre l’Union Soviétique.
Car, pour lui, il fallait employer tous les moyens pour éviter que l’Union Soviétique, le premier État
socialiste du monde soit tombé entre les mains des impérialistes allemands et japonais. C’est
pourquoi il disait ceci : « Défendons à main armée l’Union Soviétique ! »33
Au milieu des années 40, la situation mondiale tournait en faveur des forces anti-
impérialistes et antifascistes. Le 9 mai 1945, l’Allemagne nazie qui avait provoqué la seconde
guerre mondiale, capitula sans conditions après sa défaite cuisante à Stalingrad en U.R.S.S. Sa ruine
hâta la défaite de ses alliés, l’Italie fasciste et le Japon militariste. Et, le 8 août 1945, l’U.R.S.S.
répondit implacablement à l’agression japonaise ; les forces soviétiques aidées par la guérilla
coréenne antijaponaise, eurent libéré complément la Corée.
A l’issue de cette victoire, il est à noter que la lutte armée antijaponaise a été une lutte
révolutionnaire guidée par les grandes idées du Djoutché et visait à réaliser le Djadjouseung des
masses populaires laborieuses. Elle a marqué la première étape de la matérialisation des idées du
Djoutché dans l’œuvre révolutionnaire coréenne. Au cours de cette lutte, les authentiques
révolutionnaires communistes de type djoutchéen ont été formés car, dotés de l’esprit de confiance
en soi, ceux-ci ont compris qu’ils étaient l’unique responsable à faire la révolution pour se libérer.
En plus, les éléments d’avant-garde ont été formés ; l’alliance de la classe ouvrière et de la
paysannerie s’est renforcée et les masses de différentes couches sociales se sont fermement unies.
Il est à souligner également que la lutte armée antijaponaise a été d’une grande importance
internationale dans la mesure où elle a renforcé la solidarité militante internationaliste entre les

32
Histoire Révolutionnaire du grand Leader le camarade Kim Il Sung, op., cit., p. 157
33
Ibid., p. 161

21
peuples révolutionnaires du monde, comme la lutte commune des communistes coréens et des
grandes forces antijaponaises de la Chine et de la Russie.
II-2 La révolution démocratique et l’établissement d’un pouvoir populaire en Corée du Nord :
Après la libération de la Corée en 1945, la question d’édification d’une Corée nouvelle était
à l’ordre du jour. La Corée qui a, pendant longtemps, été une colonie de l’impérialisme japonais,
s’était retrouvée complètement arriérée. Ainsi, quelle voie devrait-elle prendre pour accomplir la
révolution démocratique anti-impérialiste et antiféodale et fonder une république populaire
démocratique ? Qui entre la classe ouvrière et la classe capitaliste devrait-elle diriger cette
révolution ?
La voie entreprise pour l’édification d’une république populaire démocratique, était destinée
à former un front uni englobant toutes les forces patriotiques et démocratiques comprenant non
seulement la classe ouvrière et la paysannerie mais aussi les capitalistes nationaux. Il était clair que
la classe des capitalistes coréens qui s’était incorporée à l’impérialisme japonais, ne pouvait pas
diriger la révolution. Seule la classe ouvrière qui a vaillamment lutté jusqu’au bout contre
l’impérialisme, pouvait et devait nécessairement diriger la révolution démocratique coréenne.
De plus, l’important était de préciser la voie de la démocratie que la Corée libérée devrait
emprunter pour promouvoir le travail d’édification d’un État puissant souverain. Or, la Corée se
voyait scindée en deux parties, suite à l’occupation de la Corée du Sud par l’impérialisme
américain. A dessein de coloniser à nouveau la Corée tout entière, celui-ci a transformé la partie sud
en une zone militaire d’agression où il peut rassembler les forces réactionnaires locales. Ainsi, la
réaction sud-coréenne, sur proposition de son nouveau maître c’est-à-dire l’impérialisme américain,
opta pour la démocratie à l’américaine sinon bourgeoise, tandis que d’autres tels que les éléments
serviles envers les grandes puissances, proposaient d’instaurer strictement un pouvoir soviétique en
Corée. Dans cette situation complexe, Kim Il Sung en appliquant les idées du Djoutché, a estimé
que :
« La Corée doit s’orienter vers la démocratie avancée, c’est-à-dire la
démocratie authentique. Cette voie seule pourra mener notre peuple à sa liberté, à
ses droits et à une vie heureuse et conduire le pays à la souveraineté et à
l’indépendance complètes ».34
La politique signifie en grec l’art de gouverner la cité ou diriger l’État. Et Aristote, dans sa
classification des catégories scientifiques, a judicieusement classé la politique dans la catégorie des
sciences pratiques, c’est-à-dire, des sciences dont leur exercice demande le savoir-faire. Partant de
ce principe du savoir-faire, revient à dire qu’aucun système politique, de par sa simple appellation,

34
Inoue SHUHACHI, La Corée contemporaine et Kim Djeung Il, op., cit., P 53

22
ne doit pas se dogmatiser, sachant que les pays ne partagent point les mêmes réalités ou les mêmes
conditions existantes. Et, cela est clair comme l’eau de roche, lorsque les occidentaux qui se sont
fait passer pour les soi-disant défenseurs de droits de l’homme et de la démocratie, et prétendent
dicter leur civilisation aux autres peuples du monde, n’ont pas le même système politique chez eux.
Certains sont pour la démocratie qui est différemment appliquée et d’autres pour la monarchie
constitutionnelle. C’est pourquoi Kim Il Sung, le « Leader éternel » disait :
« La démocratie à laquelle nous aspirons diffère foncièrement de la
« démocratie » des pays capitalistes européens et américains, ce n’est pas non plus
une copie fidèle de la démocratie du pays socialiste. Ce serait une grave erreur si
l’on voulait appliquer telle quelle l’une ou l’autre à notre pays qui vient d’être
délivré des 36 années de domination coloniale de l’impérialisme japonais. Notre
démocratie est celle d’un type nouveau, parfaitement appropriée à la réalité d’une
Corée qui se trouve au stade de la révolution démocratique anti-impérialiste et
antiféodale »35.
Cette démocratie avancée était la voie toute tracée de l’œuvre djoutchéenne, de surcroit, elle
était la voie la plus judicieuse pour que les masses populaires deviennent les maîtres authentique du
pays. Toutefois, la réalisation de cette démocratie avancée impliquait la transformation de la Corée
du Nord en une puissante base révolutionnaire du faite que l’impérialisme américain occupait la
Corée du Sud. C’est ainsi qu’en février 1946 le Comité Populaire Provisoire de Corée du Nord
(C.P.P.C.N.), pouvoir d’un type nouveau fut créé à partir des forces révolutionnaires autonomes
c’est-à-dire des comité populaires logo, des partis démocratiques et des organisations sociales.
Cet organe central du pouvoir consistait à accomplir de fond en comble les réformes
démocratiques anti-impérialistes et antiféodales dans la moitié nord du pays tout en exercent la
dictature sur les éléments pro-japonais et pro-américains, les traitres à la patrie, les propriétaires
fonciers et les capitalistes compradores. Ainsi, nous donnons un aperçu de ces réformes :
La question agraire qui s’avérait la particulièrement primordiale, vint en tête. Au lendemain
de la libération en Corée du Nord, les propriétaires fonciers qui ne représentaient que 4% de
l’ensemble de foyers paysans, détenaient 58% de la superficie des terres cultivées, tandis que la
majorité des paysans constituant presque 80% de la population, n’avaient que peu ou pas de terres.
Ce système de la propriété foncière plongea les paysans dans une misère sans précédent, et entravait
beaucoup le développement des forces productives agricoles.
Analysant les rapports féodaux qui favorisaient la propriété foncière et l’aspiration des
paysans à posséder la terre, Kim Il Sung proposa un programme populaire résumé dans le mot
d’ordre : «  La terre aux paysans qui la travaillent  ! »36, ainsi que des principes reflétant leurs
35
Idem
36
Kim Il Sung, Œuvres choisies, tome 1, éditions en langues étrangères, Pyongyang, 1971, p. 553

23
intérêts. Ces principes, pour ainsi dire, consistaient à confisquer les terres sans indemnisation, pour
les distribuer à titre gratuit aux paysans qui n’avaient que peu ou pas de terres. Ainsi, le 5mars
1946, il promulgua une loi, suite à la quelle, les japonais, les pro-japonais, les traitres à la patrie et
les propriétaires fonciers coréens qui en donnaient à fermage au moins cinq (5) djeungbos
(hectares), furent expropriés de tous leurs biens comme par exemples les terres, les bâtiments et les
outils agricoles, pour les distribuer en grand nombre aux valets de ferme et aux paysans pauvres, et
les dettes contractées envers ceux-ci furent annulées. Cette réforme agraire faisait les paysans des
maîtres authentiques des terres.
A la suite, en aout 1946, Kim Il Sung promulgua une loi sur la nationalisation des
principales industries, en vertu de laquelle, l’ensemble des usines, mines, centrales électriques,
transports ferroviaire, postes et télécommunications, banques, établissements commerciaux et
culturels, etc., appartenant à l’Etat japonais, aux personnes physiques japonaises et aux coréens
traitres à la partie sont confisqués sans indemnisation et devenus la propriété du peuple coréen
c’est-à-dire sont nationalisés. Mais, cette nationalisation ne faisait pas seulement recours à la
liquidation de toutes les propriétés capitalistes. Seules les propriétés de l’impérialisme japonais et
des capitalistes compradores firent l’objet de confiscation, celles des capitalistes nationalistes furent
juridiquement protégées, puisque l’Etat encourageait les moyens et petits industriels et surtout, ceux
qui soutenaient le pouvoir populaire et partaient avec corps et âme pour contribuer au
développement de l’économie nationale, furent également épargnés. En fin, l’exploitation des
ouvriers fut juridiquement interdite.
Grace à la nationalisation des industries principales, 1034 établissements industriels
importants, soit plus de 90% des établissements industriels, devinrent la possession du peuple Nord-
Coréen. Outre, elle fit de la classe ouvrière, qui était déjà le maître du pouvoir, celui des principaux
moyens de production, et renforça la direction de la classe ouvrière dans tous les secteurs de la vie
étatique et sociale.
Le 24 juin 1946 fut la proclamation historique de la loi du travail pour les ouvriers et les
employés de la Corée du Nord. Cette réforme assura intégralement et pour la première fois aux
ouvriers les libertés et les droits démocratiques en matière de travail et de repos à commencer par le
système de la journée de huit heures, celui du salaire égal pour un travail égal, celui de congés
payés et les assurances sociales.
Ensuite, le 30 juin1946, le grand Leader proclama la loi sur l’égalité des sexes en Corée du
Nord en vertu de laquelle les femmes occupant la moitié de la population et qui, hier encore, ont
connu des humiliations et des mauvais traitements, parvinrent à jouir des mêmes droits que les

24
hommes dans tous les secteurs de la vie sociale tels que les droits d’élections et d’éligibilité, le droit
au travail et l’instruction. Ce fut un gage juridique pour rehausser leur rôle dans le progrès social.
La réalisation de ces réformes démocratiques anti-impérialistes et antiféodales s’est traduite
comme un modèle de réformes socio-économiques révolutionnaires visant principalement à
protéger les intérêts des masses populaires en Corée du Nord.
Après la révolution démocratique anti-impérialiste et antiféodale dirigée par la classe
ouvrière, la révolution socialiste s’annonçait. Cette dernière relevait d’une exigence légitime du
développement socio-économique et de la révolution. Le Comité Populaire Provisoire de Corée du
Nord (C.P.P.C.N.) qui a été mis en place après la libération, était un pouvoir de dictature de
démocratie populaire qui montré sa capacité de satisfaire aux aspirations des masses populaires
après avoir réalisé les réformes démocratiques. Or, effectuer le passage de la révolution
démocratique anti-impérialiste et antiféodale à la révolution socialiste du point de vie marxiste,
réclame l’usage de la violence pour enfin instaurer le pouvoir de dictature du prolétariat.
Pour entreprendre la révolution socialiste, Kim Il Sung le « Leader éternel », sous le
drapeau des idées du Djoutché, opta pour convertir le pouvoir de dictature de démocratie populaire
en celui de dictature du prolétariat en passant les élections démocratiques. Rationnelles que soient-
elles, ces élections visaient à consolider juridiquement le Comité Populaire Provisoire, de raffermir
la direction de la classe ouvrière et son alliance avec la paysannerie, et de rehausser la fonction des
organes du pouvoir populaire.
Grace à la réussite de ces élections qui d’ailleurs, sont les premières élections démocratiques
de l’histoire de la Corée. Les comités populaires de tous les échelons furent renouvelés. Ensuite, le
congrès des comités populaires de provinces, de villes et d’arrondissements tenu en février 1947 à
Pyongyang, donna naissance à l’Assemblée Populaire de Corée du Nord, organe suprême du
pouvoir, ainsi qu’au Comité Populaire de Corée du Nord (C.P.C.N.) qui fut le premier pouvoir de
dictature du prolétariat de la Corée.
L’instauration du C.P.C.N. par Kim Il Sung, marqua le début de la période de transition vers
le socialisme dans la moitié nord du pays.
Alors qu’en 1948 la division de la nation coréenne provoquée par l’impérialisme américain,
ne cessa de grandir d’autant plus que celui-ci et sa valetaille avaient fabriqué de toutes pièces un
régime fantoche sinon un régime asservissant en Corée du Sud, et cela entravait l’édification d’un
État indépendant unifié que souhaitait le peuple coréen. Dans cette situation tendue, Kim Il Sung
choisit l’option pour fonder une République Populaire Démocratique de Corée représentant la
volonté du peuple coréen comme solution adéquate pour réunifier la Corée en toute indépendance et
toute souveraineté. Ainsi, le 9 septembre1948, lors de la première session plénière à Pyongyang,

25
l’Assemblée Populaire Suprême proclama la naissance de la République Populaire Démocratique de
Corée, et un gouvernement central fut établi. En plus, lors de cette Assemblée Populaire Suprême,
le Général Kim Il Sung fut choisi Président du Conseil et chef d’État de la République Populaire
Démocratique de Corée.
Sans crainte d’exagérer, cette République Populaire Démocratique de Corée est l’unique
État légitime qui a été fondé avec la volonté unanime du peuple coréen au cours de sa croisade
contre l’impérialisme américain et ses laquais, et le pouvoir qui s’y trouve est fondé sur la base des
idées du Djoutché qui le permettent de maintenir son Djadjouseung politique en définissant une
politique originale dans tous les domaines en fonction de la réalité de la Corée du Nord, et en
faisant recours à la capacité du peuple en entier. Par cette souveraineté politique, le pouvoir
populaire nord-coréen s’oppose à la servilité envers les grandes puissances et au dogmatisme en
résolvant en toute indépendance les problèmes intérieurs de la révolution et de l’édification.
Quant à sa politique extérieure, la République Populaire Démocratique de Corée, avec la
grande fidélité qu’elle témoigne aux idées du Djoutché, prône les principes de l’égalité comme
l’atteste l’article 16 de sa Constitution Socialiste adoptée en 1972 :
« La République Populaire Démocratique de Corée exerce, dans ses
relations extérieures, une égalité et une souveraineté complètes. L’État établit des
relations diplomatiques, politiques, économiques et culturelles avec tous les pays
qui traitent amicalement notre pays, selon les principes de l’égalité et de la
souveraineté complètes, du respect mutuel, de la non-ingérence dans les affaires
intérieures et des avantages réciproques… »37
Donc, la souveraineté dans la politique étant l’un des principes directeurs des idées du
Djoutché que la Corée du Nord a appliqué et continue aujourd’hui encore, assure politiquement le
Djadjouseung des masses populaires laborieuses d’un État. Mais, malheureusement nombreux sont
des pays notamment ceux du tiers-monde et les non-alignés, par manque d’application de ce
principe de souveraineté dans leurs politiques, continuent de recevoir incessamment les coups de
l’impérialisme étranger.
En l’occurrence de la révolution socialiste, l’édification s’avère une question de très grande
importance. Car, il s’agit de se rompre avec l’ancien système économique exploiteur. Les pays
libérés ayant hérité une économie arriérée, porteront préjudice à leurs révolutions s’ils ont la
réticence de bâtir une économie indépendante permettant d’éliminer les déséquilibres d’origine
coloniale. C’est ainsi qu’au début de la transition du socialisme en Corée du Nord, Kim Il Sung a
soutenu l’édification d’une économie nationale indépendante où nous témoignons en ces termes :

37
La Constitution Socialiste de la République Populaire Démocratique de Corée de 1972, éditions en langues
étrangères, Pyongyang, 1972, p. 5

26
« Sans indépendance économique, il ne peut y avoir d’indépendance
politique authentique pour un pays. Un État sans indépendance économique est
comme un château bâti sur le sable ».38
Selon lui, la structure d’une telle économie doit être cohérente et diversifiée pour pouvoir
produire et fournir pour l’essentiel dans le pays, les produits industriels et agricoles nécessaires à la
prospérité du pays et à l’élévation du niveau de vie du peuple. Partant dans cette logique, la
condition sin qua non de cette économie est l’esprit de se suffire à soi-même en tous les besoins
matériels, et résoudre tous les problèmes de techniques modernes par ses propres moyens pour enfin
élargir la production dans le pays.
Pour éliminer la dépendance et le retard économiques sous toutes formes et édifier une
économie indépendante, Kim Il Sung, le « Leader éternel » proposa une ligne djoutchéenne. Il
s’agissait de prévaloir la force créatrice des masses populaires et toutes les ressources propres du
pays en suivant le principe de confiance en soi. Ainsi, la coopérativisation agricole rurale,
l’industrie et le commerce privés ont été conçus comme les secteurs clés pour unifier une économie
socialiste. Si la méthode classique marxiste préconise l’élimination ou l’expropriation de la
propriété privée dans la période de transition au socialisme, Kim Il Sung, eu égard aux réalités de la
Corée, proposa une orientation originale consistant à effectuer d’une manière pacifique la
transformation socialiste de l’industrie, du commerce privé et de l’agriculture.
L’économie nationale était constituée de trois secteurs socio-économiques à savoir : le
secteur économique socialiste, le secteur de la petite économie marchande et le secteur économique
capitaliste.
- Le secteur économique socialiste étant composé du secteur d’État et secteur coopératif, se
caractérise par la coopération et l’aide faites de camaraderie entre les travailleurs libérés de
l’exploitation.
- Le secteur de la petite économie marchande était composé des exploitations paysannes
individuelles constituant la majeure partie de l’agriculture et des exploitations artisanales
urbaines. En ce sens, la petite production marchande est fondée sur la propriété privée des
moyens de production et sur le travail individuel.
- Quant au secteur économique capitaliste, il était composé par le commerce et l’industrie
capitaliste privée dans les villes et les exploitations des paysans dans les campagnes.
Dans la période de transition vers le socialisme, l’indispensable était de renforcer la position
prédominante du secteur socialiste permettant de transformer graduellement le secteur de
l’économie marchande et le secteur capitaliste selon les principes socialistes dans tous les domaines
38
Histoire Révolutionnaire du grand Leader le camarade Kim Il Sung, op., cit., p. 266

27
de l’économie nationale, de développer les forces productrices, de jeter les bases matérielles et
techniques du socialisme afin d’améliorer le niveau de vie de la population.
Pour ce faire, au niveau de l’industrie, le secteur économique socialiste permet d’éliminer
les déséquilibres de type colonial et le retard technique de l’industrie, et établir les bases d’une
industrialisation socialiste. L’essentiel de l’industrialisation réside dans le développement prioritaire
de l’industrie lourde car, elle permet le développement de l’industrie légère et de l’agriculture. Bref,
c’est l’établissement d’une puissante industrie lourde qui garantit l’indépendance économique et le
développement du pays en entier.
En ce qui concerne l’agriculture, la voie de la coopérativisation est indiquée comme le
moyen idoine pour éviter les exploitations paysannes individuelles. Selon le principe du libre
consentement, les paysans entrent progressivement dans les coopératives agricoles. Dans ce
principe, nous assistons trois formes de coopératives agricoles définies et proposées aux paysans :
celle de l’équipe de travail, la forme semi-socialiste et la forme socialiste.
-La première forme, c’est l’équipe de travail fondée sur l’entraide permettant aux paysans de
pallier le manque de main-d’œuvre. Elle est considérée comme le germe socialiste.
-La deuxième forme est celle où, les terres sont réunies pour l’exploitation en commun.
C’est-à-dire, chacun reçoit une part proportionnelle à la terre apportée et au travail fourni. Cette
forme est semi-socialiste car elle sert de transition entre la première et la troisième forme.
-La troisième forme est la forme socialiste. Grâce à elle, la terre et les instruments de
production sont réunis en propriété commune et la répartition n’est faite que selon l’effort fourni par
chacun. Elle est la plus haute des formes de coopérative agricole.
Donc, par ce système, les paysans pauvres et moyens se sont protégés contre les paysans
riches qui les exploitent. Et, c’est ainsi que l’économie nord-coréenne a été socialisée en s’appuyant
sur l’économie rurale des masses paysannes et l’industrialisation socialiste.

CHAPITRE III: La révolution idéologique comme aspect


permanent des idées du Djoutché

III-1 La révolutionnarisation et la transformation de toute la société en classe ouvrière :


La quintessence de toute révolution est l’idéologie sur laquelle elle s’appuie. Une révolution
qui se soulève pour un changement profond, a à faire sans cesse à la révolution idéologique. Cela
signifie qu’une révolution ne se repose pas sur ses lauriers. Et pour cause, après la victoire de la
révolution socialiste en Corée du Nord, la révolutionnarisation et la transformation de toute la
société sur le modèle de la classe ouvrière s’imposaient. Les séquelles subsistant de l’ancienne

28
société coloniale, continuaient à affecter la révolution et l’édification. Cela était dû à la survivance
des idées périmées bien ancrées dans la mentalité des gens, les disparités entre la classe ouvrière et
la paysannerie et d’autres éléments surannés demeurant dans tous les rapports sociaux.
L’édification du socialisme et du communisme exige que la révolution soit continue après
l’instauration du régime socialiste ; cela, pour que chacun se débarrasse des idées rétrogrades et
s’imprégner des idées révolutionnaires, et que les rapports sociaux soient transformés
conformément aux exigences de la classe ouvrière en tant que classe la plus révolutionnaire.
-La révolution idéologique :
Elle s’inscrit dans la révolutionnarisation de la société et sa transformation en classe
ouvrière. Elle laisse à percevoir la lutte de classe déterminant la conscience des hommes car on lutte
selon les idées qu’on partage pour défendre les intérêts de telle ou telle classe. C’est ainsi que le
«  grand leader », Kim Il Sung nous édifie que : 
« La révolution idéologique est une lutte des classes sérieuse visant à
éliminer définitivement le capitalisme jusque dans la sphère de la conscience des
hommes et une tâche révolutionnaire importante s’imposant pour libérer
complètement tous les travailleurs de l’entrave des idées périmées de toutes sortes
et pour les armer des idées avancées de la classe ouvrière, des idées
communistes »39
Pour la victoire effective du socialisme et du communisme le parti marxiste-léniniste ne doit
pas manquée d’éveiller sans cesse la conscience révolutionnaire des masses populaires sinon, celle-
ci seront infectées par l’influence croissante idéologique de la bourgeoise. Partant de cette optique
de révolutionnariser toute la société en classe ouvrière, l’accent doit être mis sur le travail
d’éducation idéologique. Et, c’est ce que nous avons assisté en Corée du Nord lors qu’elle s’est
lancée à la décolonisation mentale, a commencé d’emblée par classe ouvrière, dirigeante de la
révolution, car elle est la plus forte en esprit révolutionnaire, en esprit d’organisation et au sens de
l’union que n’importe quelle autre classe. Elle gardait elle aussi de nombreuses séquelles léguées
par l’ancienne domination coloniale de l’impérialisme japonais. C’est pourquoi, le Parti du Travail
de Corée (P.T.C.) s’est donné le devoir d’intensifier l’éducation idéologique de la classe ouvrière,
d’éveiller sa conscience et de l’amener à adopter une attitude responsable révolutionnaire, sans quoi
elle ne serait à même d’enseigner l’éducation communiste aux autres couches sociales. A ce propos,
Kim Il Sung a souligné que :
 « L’essentiel dans l’éducation communiste est l’éducation des classes. Il
ne peut y avoir une idéologie communiste séparée de l’idéologie révolutionnaire de

39
Kim Il Sung, À propos du Djoutché dans notre révolution, op., cit., P. 347

29
la classe ouvrière ni une éducation communiste détachée de l’éducation des
classes ».40
Pour le succès de l’édification du socialisme et communisme, il est indispensable d’armer
fermement les travailleurs de la conception de la classe ouvrière pour en faire des communistes
authentiques, pour qu’ils aient la haine de combattre résolument les ennemis de classe et
l’impérialisme étranger qui sont, pour ainsi dire, les cibles principales de la lutte. Cette éducation
communiste des travailleurs prône le collectivisme qui est l’un des traits les plus essentiels de la
classe ouvrière, et surtout sur lequel se fonde la société socialiste et communiste, comme l’éprouve
l’article 49 de la constitution socialiste de la République Populaire Démocratique de Corée adoptée
1972 : « Un pour tous, tous pour un ».41
Ainsi, la lutte des travailleurs se renforce contre l’individualisme et l’égoïsme qui sont des
legs de la société capitaliste pour enfin créer l’esprit de patriotisme socialiste en chaque travailleur.
Imprégnés dans le sens du patriotisme socialiste, les travailleurs épargnèrent et chérissent tout ce
qui appartient au pays et au peuple, avec une attitude digne d’un maître dans la vie économique du
pays. Cela est lié au régime socialiste et économique national indépendante raison pour laquelle
Kim Il Sung disait que : 
« Les travailleurs ne peuvent lutter résolument pour la prospérité et le
développement de la patrie, pour la victoire de la révolution que s’ils sont solidement armée
de l’esprit de patriotisme socialiste ».42
En plus, l’éducation communiste doit être, en matière de révolutionnarisation, liée à
l’éducation dans les traditions révolutionnaires. Cette derrière s’appuie sur l’historique de la théorie
et la pratique révolutionnaires à partir des conditions concrètes comme cela s’est passé en Corée du
Nord, et leur apport dans le développement de la théorie marxiste-léniniste.
L’éducation exclusive dans les traductions révolutionnaires consiste à donner nécessairement
l’enseignent historique de la révolution en théorie et en pratique. Ainsi, elle gagne fermement le
cœur des hommes, car elle est d’une nécessité plus grande surtout pour la jeune génération qui n’a
pas connu les épreuves de la lutte révolutionnaire. C’est-à-dire, la révolution se poursuit et les
générations se succèdent sans cesse. Et pour cause, l’éducation communiste doit être coordonnée à
l’éducation dans les traductions révolutionnaires pour éduquer les générations montantes dans les
traductions révolutionnaires et faire d’elles les continuateurs authentiques de la révolution.
En outre, il importe d’enseigner explicitement les travailleurs dans les racines historiques du
parti, car en tant qu’état-major, sa ligne et sa politique sont la stratégie et la tactique les plus justes
40
Ibid., p. 349
41
La constitution Socialiste de République Populaire Démocratique de Corée de 1972, Éditions en Langues Étrangères,
1972, p. 18
42
Ibid., p. 350

30
pour l’accomplissement victorieux de la révolution. Les membres du parti et les travailleurs de la
politique du parti, pour qu’ils en témoignent une grande fidélité à son égard.
-La révolution culturelle :
Pour une nation qui a été victime de l’oppression impérialiste, après sa libération, la
révolution culturelle s’impose à elle comme une question importante à résoudre. La culture
démontre l’identité et la spécificité et de toute nation. C’est pourquoi les pays colonisés et semi-
colonisés qui ont réussi à briser les chaines de l’oppression coloniale, et opté pour la voie socialiste
et communiste, n’ont pas manqué de se lancer à la réalisation de cette tâche, puisque la victoire
complète en dépend. Effectivement c’est ce que nous avons assisté dans la révolution chinoise sous
la direction de Mao Tsé-toung et en Corée du Nord sous la direction du Kim Il Sung.
Pour édifier la culture nationale socialiste en Corée du Nord, cela exigeait de combattre la
culture caduque léguée par la société d’exploitation et de toute autre pénétration culturelle .Cette
derrière étant l’un des principaux procédés des impérialistes dans leur politique néo-colonialiste,
sert de préparation à leur agression outre-mer .C’est par elle, que les impérialistes ayant pour chef
de file l’impérialisme américain, s’insinuent à annihiler la culture nationale d’autres pays, à
paralyser la conscience de l’indépendance nationale et l’esprit révolutionnaire des peuples ,à
pousser les gens à la débauche et à la dépravation. A cette fin, ils recourent à tous les moyens et
méthodes possibles comme les médias, les publications, les œuvres littéraires et artistiques.
Ainsi, dans le cadre de la révolutionnarisation de toute la société et sa transformation sur le
modèle de la classe ouvrière, la Corée du Nord s’était engagée dans la révolution technique pour
résoudre le problème de la révolution culturelle. Cette méthode n’était pas identique à celle de la
grande révolution chinoise qui réunissait les deux révolutions idéologique et culturelle coréennes.
Cela conclut que la révolution culturelle est étroitement liée à la révolution technique selon le Parti
du Travail de Corée. Dans cette révolution, l’accent est mis sur le travail de l’enseignement
populaire et le travail de formation des cadres nationaux. Il s’agissait d’intellectualiser toute la
société en entier. Cet enseignement permettait aux travailleurs de tous les secteurs de l’édification
socialiste d’être admis à des cours et de s’instruire sans cesser d’exercer leurs emplois. Comme l’a
bien indiqué le « Président éternel » Kim Il Sung en ces termes :
« L’intellectualisation de toute la société est une tache sacrée dont le but
est d’élever le niveau culturel et le niveau des connaissances de tous les membres de
la société a ceux des diplômes du supérieur, d’éliminer ainsi le décalage entre le
travail intellectuelle le travail manuel, cet héritage de l’ancienne société et de
réaliser enfin une égalité complète entre les travailleurs ».43

43
Inoue SHUHACHI, La Corée contemporaine et Kim Djeung Il, op., cit., P. 94

31
Partant dans cette logique, le parti du travail de Corée, avec l’application de cet
enseignement technique obligatoire d’une durée de neuf ans, a fait bénéficier plusieurs centaines de
millier des Nord-coréens ; des enfants en passant par les jeunes de seize ans et les adultes ; de
l’enseignement primaire au secondaire et l’enseignement supérieur. A partir de 1972 ;
l’enseignement de onze ans est devenu obligatoire pour tous. Ce dernier est considéré comme le
meilleur, car il permet à tous les enfants de la génération montante de la Corée du Nord, de recevoir
une instruction générale complète avant d’avoir atteint l’âge de travailler. Grace à ce système ; les
élèves reçoivent en une année l’enseignement préscolaire ; en quatre années l’enseignement
primaire et en six années l’enseignement secondaire. Aussi, les enfants de la classe supérieure de
l’école maternelle, eux aussi reçoivent une éducation culturelle et esthétique. Quant aux élèves
admis à l’enseignement de dix années, reçoivent des connaissances secondaires générales et
complètes.
Ici, il nous convient de nous rappeler au Mali de Modibo Keita qui, de sa tendance
socialiste, a connu l’enseignement populaire. Puisque, selon Modibo, l’enseignement qui existait
avant l’indépendance du pays, n’était simplement qu’au service du maître colon. C’est pourquoi,
après l’indépendance, il n’a pas été réticent à reformer l’enseignement en le mettant au service des
masses populaires, c’est-à-dire, les intégrer à l’enseignement sans pour autant qu’elles ne cessent
d’exercer leurs métiers, ou après les formations scolaires, que chacun puisse au moins faire quelque
chose. C’est dans ce cadre que tant d’usines ont été installées d’autant plus que leur fonctionnement
réduisait le chômage. Quant au secteur artisanal, ce dernier forgeait un esprit créatif et indépendant
chez le peuple malien. Donc, presqu’il y avait là un peuple tout à fait participant.
Nous aurons tort, en plus, de passer sans nous rappeler à l’ère de la révolution burkinabée
sous la direction du capitaine Thomas Sankara. À dessein de créer l’homme nouveau burkinabè,
authentique et digne, la révolution est entrée sans ambages dans les classes d’école. C’était là, le
vrai enseignement populaire dans lequel on assistait à « l’opération alpha  » qui permettait aux
lettrés d’apprendre les illettrés à lire. Et cela a été un acte probant dans la révolution burkinabée,
Donc, indispensablement, l’enseignement populaire est un facteur capital pour tout pays de
tendance socialiste ou communiste, car il permet la décolonisation mentale des masses en les
transformant en vrais travailleurs de la société, c’est-à-dire les travailleurs qui bénéficieront le fruit
de leur travail différemment de ceux de la société capitaliste.
En épilogue, disons que c’est en appliquant cet enseignement populaire, que la Corée du
Nord a procédé par l’enseignement technique obligatoire de neuf et de onze ans pour accomplir de
la révolution culturelle.

32
*La langue : elle occupe une grande partie dans la révolution culturelle. Si la spécifié d’une
nation se lit par son identité culturelle, la langue semble être un maillon clé des éléments constitutifs
de cette nation. De ce fait les pays qui ont connu la colonisation, pour se réhabiliter et espérer un
avenir radieux, doivent, sans doute, prévaloir leurs langues nationales comme des bases solides de
leurs cultures pour enfin emprunter le chemin du développement dans tous les domaines. Et, c’est
là, l’un des points forts des pays impérialistes lorsqu’ils prennent leurs langues pour le superlatif,
afin de les imposer à d’autres pays. C’est pourquoi, les pays ayant réussi à leur croisade contre
l’impérialisme et voulant cicatriser toutes les plaies laissées par celui-ci, ont prévalu leurs propres
langues. De ce fait, la Chine est un pays à titre d’exemple qui, en s’appuyant sur sa langue
nationale, après sa libération du joug colonial, s’est taillée une grande place parmi les pays avancés
du monde. En Corée du Nord, tous les efforts ont été conjugués pour préserver la langue coréenne
qui fait la fierté de la nation contre toute politique d’étouffement de la langue nationale poursuivie
par les impérialistes de tout poil dans le monde. C’est là encore le talon d’Achille des pays africains
lorsque, dans leur croisade, n’ont pas pu prévaloir leurs langues nationales, pis encore, ils ont
favorisé celle du colonisateur qui fissure leur culture et leur développement.
-La révolution technique :
Dans cette révolution, la littérature et les arts ont un rôle important à jouer dans l’éducation
communisme des travailleurs et dans la révolutionnarisation de toute la société et sa transformation
en classe ouvrière. Etant des sciences sociales, les arts se définissent comme des activités
spécifiques permettant de produire chez l’homme de la sensibilité. Ils sont désignés également
comme l’ensemble des œuvres écrites portant sur l’homme, c’est-à-dire que, la littérature doit le
dépeindre en tant qu’un être vivant qui respire, pense et agit dans la réalité, ainsi que sa vie
quotidienne. Servir l’homme cela traduit qu’elle élucide un problème aussi pressant et aussi
significatif que celui de l’homme grâce à la description de dernier de même que de sa vie
quotidienne afin d’éclairer les hommes sur la vérité de la vie et, par la même, de les déterminer à
vivre une vie vraiment digne des êtres humains.
A cet effet, il appartient aux écrivains et aux artistes de faire une idée précise de l’essence
même de la littérature et des arts et créer des œuvres éminemment révolutionnaires et conformes
aux exigences de la société socialiste et communiste. C’est ainsi que Kim Djeung Il a estimé que :
« Une littérature et un art révolutionnaires contribuent très efficacement à
imprégner les êtres humains des grandes idées du Djoutché et à les inciter à la
révolution et à l’édification »44.

44
Kim Djeung Il, La vie et la littérature, éditions en langues étrangères, Pyongyang, 1986, P. 2

33
La littérature et les arts doivent brosser le portrait des hommes qui vivent, travaillent et
luttent avec une attitude responsable envers la révolution et l’édification, c’est-à-dire des hommes
de type nouveau adoptant une position souveraine et créatrice laquelle consiste à refuser de
dépendre des forces exogènes et de compter sur leur aide, et à vouloir résoudre tous ses problèmes
sous sa propre responsabilité.
Selon la méthode djoutchéenne, la littérature doit exclusivement rejeter tout mimétisme et
faire preuve de l’esprit créatif en reflétant de la vie réelle des hommes ayant leur spécificité et leur
identité nationale. Toute création se doit d’être originale. A ce propos, Kim Djeung Il a fait
remarquer que :
« La littérature et les arts étant appelés à élever l’esprit souverain et
créateur des hommes pour leur permettre de s’acquitter de leur rôle de maîtres de
la révolution et de l’édification, ils doivent forcement être originaux »45
Considérées comme les armes, les œuvres littéraires et artistiques doivent dépeindre les
masses populaires qui sont les maîtres de la révolution en produisant un tableau véridique de la vie
et de l’histoire, et servir réellement le peuple. C’est là que provient l’emprise des œuvres littéraires
et artistiques sur un peuple. Mein Kampf (Mon combat) d’Adolf Hitler, nous offre un exemple
notable qui illustre bien l’influence bénéfique ou négative que peut exercer une œuvre littéraire et
artistique sur un peuple. Cet ouvrage d’Hitler rédigé en 1926, a eu l’impact sur le peuple Allemand
à l’époque, parce que tout simplement il parlait le langage populaire, le langage des foules par
lequel le peuple Allemand se sentait porteur de l’histoire. La doctrine hitlérienne, en dépit de non
justesse de son combat face au reste du monde n’a pas failli à sa mission à travers la littérature.
Raison pour laquelle le « Leader éternel » Kim Il Sung disait que :
« Il n’y a pas une seule des excellentes œuvres artistiques qui ne soit pas
animée par le peuple et, si une œuvre d’art ne jouit pas de la compréhension et de
l’appréciation du peuple, elle ne peut être excellente ».46

*L’auto-défense dans la défense nationale :


Elle s’inscrit également dans la révolution technique. Si toutefois que la révolution est une lutte
idéologique visant à bouleverser l’ancien ordre social au profit d’un nouvel ordre, elle ne peut
arriver à son but final que si elle renforce sa capacité militaire qui représente d’ailleurs le caractère
combatif de la lutte révolutionnaire. Sachant que les impérialistes sont plus supérieurs en technique
militaire et ne se lassent jamais de renoncer à leurs manœuvres d’agression, les pays libérés de la
domination coloniale, pour déjouer ces manœuvres, doivent chercher à disposer les moyens

45
Ibid., p. 140
46
Kim Il Sung, Œuvres choisies, tome 1, op., cit., p. 332

34
susceptibles de se défendre afin de jouir de leur souveraineté totale. Raison pour laquelle, après la
guerre de Corée en 1953, Kim Il Sung n’a mis aucun retard pour renforcer les capacités militaires
en raffermissant la cohésion entre le peuple et les militaires et entreprenant la recherche nucléaire
pour contrecarrer aux multiples menaces d’attaques américaines. Ce programme nucléaire sera
poursuivi par son successeur, Kim Djeung Il que nous allons voir dans la dernière partie du
chapitre.
III-2-La révolution et la question de succession :
Dans toute révolution, la question de la continuation implique sans doute celle de la
succession d’un dirigeant à la hauteur. Si la révolution s’appuie sur une pensée ou une idéologie
pour défendre une cause, elle est condamnée à se développer. Ainsi, l’œuvre révolutionnaire de la
classe ouvrière, puisque c’est sur elle que nous nous focalisons, ne peut s’achever en une seule
génération. De ce fait, il nécessite qu’un successeur éminent prenne la relève.
Cependant, cette question de continuation semble rester sans réponse satisfaisante dans
beaucoup de pays socialistes, surtout ceux du tiers-monde. D’ailleurs, la doctrine marxiste qui s’est
révélée la première théorie révolutionnaire scientifique de la classe ouvrière au moment de l’essor
du capitalisme, a été confrontée par le même problème de la succession. Puisqu’ après Engels qui
s’est montré un fidèle continuateur de l’œuvre de Marx, l’œuvre révolutionnaire de la classe
ouvrière a connu de sérieuses vicissitudes, dans la mesure où l’Internationalisme est tombé entre les
mains des opportunistes, tels que Karl Kautsky et Bernstein qui ont essayé de farder la pensée
marxiste en la faisant perde de son suc. Chose qui a d’ailleurs été intolérable pour Lénine. C’est
pourquoi tous les efforts ont été employés de sa part pour démasquer les opportunistes pour enfin
réanimer la doctrine de Marx, en l’adoptant à des nouvelles conditions. Et cela a permis la victoire
de la grande révolution socialiste d’octobre en Union Soviétique.
Devenu une doctrine et un apport pour le marxisme, le léninisme sera suivi et développé par
Staline. Mais, après la mort de ce dernier, par manque de fidélité à la ligne tracée, l’Union
Soviétique sera disloquée. Car, depuis le règne de Nikita Khrouchtchev, la chute du système
commençait déjà avec le projet de déstalinisation, et elle sera totale avec Mikhaïl Gorbatchev qui
optera pour le libéralisme déguisé en socialisme ; et ce qui donnera l’indépendance à certains États
tels que l’Ukraine, l’Estonie et la Lituanie, voire l’éclatement de l’Union soviétique.
Après la seconde guerre mondiale, la plupart des pays de l’Europe orientale ayant opté pour
la voie de la démocratie populaire, se sont mis à construire strictement le système soviétique sans
tenir compte de leurs réalités. De même, les quelques pays africains qui se sont alignés au rang des
non-alignés, ont connu le même problème de succession de la ligne déjà tracée par les pères des
indépendances. L’origine de leur mal provient d’un certain nombre de points : premièrement, la

35
plupart de ces pays n’a pas pu arracher de force l’indépendance entre les mains du colonisateur ;
deuxièmement, après l’octroi des indépendances formelles, ils ont manqué de définir d’autre
système politique propre à eux pour enfin rendre effective leur souveraineté. Dans cet état
vulnérable, leurs peuples ont été infiltrés par l’impérialisme. Et, les quelques leaders qui étaient de
tendance gauchiste et qui commençaient à donner une image fidèle ou souveraine à leurs pays, ont
été renversés par les leurs avec le complot impérialisme étranger.
Le cas de Modibo Keïta, le père de l’indépendance de la République du Mali, vaut d’être
cité. Sous son règne, on assistait à une sorte d’auto-centrage à travers lequel le Mali avait déjà
commencé à afficher les signes d’un État indépendant et souverain presque dans tous les secteurs,
politique, économique, social et culturel. Mais, il a fallu que le coup d’État inconsidéré du Général
Moussa Traoré en novembre 1968, interrompît l’élan qu’avait déjà pris ce pays. Et depuis lors, le
Mali dégringole et continue aujourd’hui encore. En plus, nous ne pouvons pas oublier Thomas
Sankara avec qui, le Burkina Faso affirmait sa souveraineté à la face du monde. Malheureusement,
il fut renversé le 15 octobre1987 par le capitaine Blaise Compaoré. Depuis sa mort, le Burkina ne
jouit plus de sa souveraineté complète. À la présence de ces problèmes intestins, ces pays africains
n’ont pas pu et risqueraient de ne pas pouvoir établir un système de direction probant pour un avenir
radieux de leurs peuples.
Alors, ce problème de succession semble être résolu en Corée du Nord. La source de la
solution remonte au mouvement de libération nationale dans lequel la Corée a su choisir une voie
atypique qui a permis la victoire contre l’impérialisme japonais. Cette victoire qui a été la
matérialisation des idées du Djoutché, a servi de phare pour le peuple nord-coréen, que d’ores et
déjà qu’il doit rejeter le mimétisme, et faire tout d’une manière créatrice et convenable de son pays.
Mais, ce qui pique la curiosité de tout lecteur, c’est de savoir pourquoi le régime nord-coréen tient
toujours alors que Kim Il Sung le père fondateur de la République Populaire Démocratique de
Corée qui avait le génie de diriger, venait de s’éteindre en juillet 1994. Cette coriacité du régime
s’explique par le fait que la révolution n’a jamais cessé en Corée du Nord. Et, la continuation de
cette œuvre révolutionnaire du leader nécessite la succession d’un dirigeant capable car :
« L’accomplissement de l’œuvre révolutionnaire du leader passe
inévitablement par la juste résolution de ce problème ».47
Voilà les principes à observer pour comprendre la continuation de l’œuvre révolutionnaire
en Corée du Nord :
-Il s’agi, en premier lieu, de désigner comme successeur un homme de haute valeur capable de
continuer l’œuvre du leader,

47
Inoue SHUHACHI, La Corée contemporaine et Kim Djeung Il, op., cit., p. 303

36
-Et, en second lieu, il s’agit d’établir fermement un système de direction permettant au successeur
de bien s’acquitter de sa mission et de ses devoirs.
Ces deux principes ont servi d’expérience à la Corée du Nord de résoudre le problème de
succession dont souffre le mouvement communiste international. Car, avec cette expérience, il ne
suffit pas de désigner un homme comme successeur sans que ce dernier n’ait une maturité et des
qualités exceptionnelles d’un dirigeant apte de continuer l’œuvre du leader.
Toutefois, cette succession ne doit pas se confondre à celle de la monarchie féodale par laquelle le
pouvoir s’obtenait par voie héréditaire. Et, avec ce caractère héréditaire, ni les qualités ni les défauts
du prince n’étaient pris en compte pour qu’il devînt roi car, c’était là son droit inaliénable que la
société féodale l’octroyait.
Prenons la société capitaliste contemporaine qui aussi, ayant rejeté le système de la
succession héréditaire tout en réclamant la liberté et l’égalité de tous, a instauré la démocratie
libérale. Dans ce régime, l’argent corrupteur est le tout-puissant pour remporter le scrutin. Là aussi,
n’importe quelle personne, de par son argent, peut succéder le président à la tête du pays peu
importe ses compétences de diriger. Telle est la réalité de la société capitaliste.
Il est, donc, impossible de voir toujours dans ces sociétés féodales et capitalistes un
successeur marcher sur les traces de son prédécesseur même si ce dernier avait le sens de la bonne
gouvernance. C’est pourquoi, il arrive souvent que certains de ces successeurs conduisent leur pays
dans le malheur.
Or, s’agissant de la révolution, celle-ci est une entreprise très complexe. Sa continuation est
une nécessité logique qu’imposent le caractère prolongé et la complexité des tâches
révolutionnaires. Ainsi, pour la bonne conduite de ces tâches révolutionnaires et pour le bien-être de
la révolution elle-même après le leader, il faut un homme doué des qualités d’une grande envergure
pour prendre la relève.
À vrai dire, quel doit être cet homme pour succéder le leader ?
Il doit, avant tout, se montrer totalement fidèle au leader. Cette fidélité doit être
véritablement authentique, constante, noble, ardente et absolue car, elle est la valeur cardinale du
successeur vis-à-vis du leader. Le successeur doit apprendre par cœur les idées du leader. Et cela
n’est possible lorsqu’il se montre fidèle et dévoué sans réserve au leader. Il est clair d’ailleurs, que
si le leader jouit de la confiance, de l’estime des masses populaires, c’est que grâce au dévouement
qu’il manifeste lui-même à leur égard. C’est un devoir incombant au successeur s’il veut jouir lui
aussi du soutien et de la confiance des masses populaires. Ainsi, il est à noter tout d’abord, que la
question du successeur relève du choix de leader parce que, c’est sur ce choix que dépendent l’issue

37
de l’œuvre révolutionnaire et le destin de la classe ouvrière. Donc, cela revient à dire, que désigner,
c’est choisir le capable pour enchaîner l’œuvre du leader, car :
« Si un homme fidèle au leader est désigné comme son successeur, l’œuvre de
celui-ci pourra être continuée et achevée, mais dans le cas contraire, elle ne le sera pas et il
pourra même arriver que les précieux succès révolutionnaires remportés par le leader soient
compromis ».48
Le successeur doit se montrer le premier défenseur des idées révolutionnaires du leader en
combattant résolument tous les courants d’idées hostiles ; il doit les appliquer et les enrichir avec de
nouveaux principes tout en sauvegardant leur pureté. Il lui revient également d’imprégner les larges
masses laborieuses des idées du leader pour faire d’elles des êtres authentiques, souverains et
créateurs.
Il doit être aussi, le premier à vénérer de tout cœur le leader afin de servir l’exemple aux
autres à le vénérer. Sa santé et sa sécurité sont une exigence pour lui pour la bonne marche de la
révolution. En plus, il est la seule personne la mieux placée pour servir fidèlement le prestige du
leader ; à l’assister dans son travail et à épauler fermement sa direction afin de dynamiser l’œuvre
révolutionnaire.
Il est évident, lorsqu’on parle du mouvement communiste, on y perçoit le parti de la classe
ouvrière qui constitue l’état-major de la révolution et qui se trouve être bâti autour du leader qui est
son propre fondateur. Et là, ce qui revient au successeur, c’est de travailler à renforcer le parti pour
qu’il reste ad vitam aeternam celui du leader. Il n’a pas droit à l’erreur puisque le parti de la classe
ouvrière est au cœur de la société et est le moyen qui peut lui permettre de poursuivre et
d’accomplir parfaitement l’œuvre révolutionnaire.
Le successeur doit, du reste, se révéler un véritable organisateur et mobilisateur des masses
populaires pour enfin accomplir l’œuvre du leader de génération en génération. Il s’agit là, son
devoir fondamental en tant que successeur, car, tout son effort, en dernière analyse, ne vise qu’à
accomplir correctement l’œuvre du leader. Et, c’est une mission très lourde à accomplir coûte que
coûte, puisqu’il s’agit de défendre, de matérialiser et d’enrichir les traditions révolutionnaires du
leader qui constituent la pierre angulaire de la révolution. Ainsi, la matérialisation de ces traditions
révolutionnaires, doit se faire dans le domaine politique, économique, culturel et militaire. Les
enrichir davantage, cela doit se faire avec de nouvelles réalisations dans la révolution, dans le but de
continuer et de développer l’œuvre révolutionnaire du leader dans les bonnes conditions.
Il est, donc capital, que s’il faut choisir le successeur, qu’on doit le choisir en tenant compte
de ses qualités exceptionnelles de dirigeant et les actions de haute valeur qu’il a accomplies, bref,

48
Ibid., p. 296

38
son parcours. Ainsi, la personne qui possède ces qualités sine qua non, peut devenir le successeur
du leader peu importe le sexe et l’âge de cette dernière, car, après tout, c’est sur elle que dépendra
l’avenir de l’œuvre révolutionnaire du leader. C’est pourquoi, il est indispensable que le successeur
immortalise les idées du leader même quand après la mort de ce dernier, pour pouvoir arriver à bon
port de sa mission.
Après ces détails donnés sur la qualité de l’homme qu’il faut désigner comme successeur du
leader selon l’expérience nord-coréenne, il nous appartient de revenir sur le système de direction
qu’elle propose comme le second remède au problème de la continuation de l’œuvre du leader.
Ainsi, comment est-il établi ce système de direction en Corée du Nord ?
En partant de l’expérience nord-coréenne, le système de direction est établi en prenant pour
noyau le parti de la classe ouvrière qui est l’état-major de la révolution, et qui a le plus bénéficié les
idées directrices du leader. C'est-à-dire, que la ligne de la révolution du leader se matérialise dans
l’ensemble de l’édification par l’intermédiaire du parti de la classe ouvrière ; et, si le successeur doit
continuer sur la même ligne du leader, cela signifie qu’il doit hériter le leadership de ce parti qui est
au cœur de la société communiste. Ainsi, il pourra poursuivre et achever correctement l’œuvre du
leader.
L’établissement du système de direction en Corée du Nord se résume en trois points
essentiels à savoir :
Premièrement, il s’agit d’établir le système et une discipline de travail grâce auxquels tous
les problèmes relatifs au travail du parti se centrent sur le dirigeant qui est censé les résoudre.
Deuxièmement, il s’agit d’établir une discipline de centralisation du pouvoir grâce à laquelle tout le
parti agit comme un seul homme sous la direction unique du dirigeant. Troisièmement, il s’agit de
définir et d’implanter le style révolutionnaire selon lequel tous les membres du parti appliquent
inconditionnellement les orientations du dirigeant.
L’établissement d’une discipline de travail rigoureuse au sein du parti de travail, permet au
dirigeant de résoudre tous les problèmes ayant trait sur le travail et la vie du parti, tels que le travail
organisationnel, le travail idéologique, la vie au sein de l’organisation, les activités idéologiques des
militants, la direction de la révolution et de l’édification. Par conséquent, on lui donne les moyens
de matérialiser correctement les idées et les desseins du leader.
Etablir une discipline de centralisation du pouvoir au sein du parti de travail, revient à dire
que les toutes structures et tous les adhérents doivent agir de concert, conforment à la volonté, aux
orientations et aux directives de son dirigeant. Partant de là, il est hors de toute manifestation
d’indiscipline au niveau du travail du parti et de la vie militante. Et, c’est en vertu de ce principe,
que le Parti du Travail de Corée (P.T.C.) a établi une discipline sévère à cause de laquelle toutes ses

39
structures et tous ses membres obéissent à la direction unique du dirigeant. Cela consolide, en
conséquence, l’unité du parti et accroît combativité.
Ensuite, définir et implanter le style révolutionnaire dans chaque militant du parti, c’est
l’imprégner de l’esprit de discipline révolutionnaire lui permettant d’obéir absolument à toutes les
orientations définies par le dirigeant. Voilà comment le système de direction adopté par la
République Populaire Démocratique de Corée pour pouvoir résoudre le problème de la succession
dans l’œuvre révolutionnaire.
En suivant son expérience, la République Populaire Démocratique de Corée a-t-elle eu des
dirigeants aptes de poursuivre infailliblement les idées directrices de la révolution et de l’édification
après la mort du leader Kim Il Sung ?
Si la Corée du Nord serait devenue l’éventuelle proie des loups prédateurs après la mort de
Kim Il Sung en juillet 1994, elle venait de s’échapper à cela, avec l’avènement de Kim Djeung Il à
la tête de l’État. Pourtant, le monde impérialiste ne s’était jamais débarrassé de l’idée sur
l’effondrement du régime nord-coréen. Surtout, les autorités de Washington et les experts de la
Corée du Sud qui se persuadaient sur l’imminence de la chute du régime nord-coréen. Selon eux,
Kim Djeung Il n’avait ni le leadership ni le charisme assez comparable à celui de son père.
Toutefois, ces sous-estimations n’étaient qu’une méconnaissance de la part des experts
occidentaux et leurs alliés asiatiques sur l’homme et le régime nord-coréen. Et, selon le témoignage
de Hwang Jang-yop, ancien secrétaire du Comité Central(CC) du Parti du Travail de Corée(PTC)
ayant fui la Corée du Nord en 1997 :
« Kim Jong-Il est beaucoup habile que son père Kim Il Sung pour contrôler les
élites du régime ».49
Au-delà de ce témoignage, Kim Djeung Il, de par ses qualités d’un éminent dirigeant, avait
fait déjà des grands exploits avant même la mort de son père, Kim Il Sung, attestant qu’il était un
successeur de taille de pouvoir continuer l’œuvre révolutionnaire. Avec une fidélité sans bornes
qu’il témoignait à son prédécesseur Kim Il Sung, chacun de ses actes n’avait d’autre sens que de
défendre, de matérialiser et d’alimenter les idées directrices de ce dernier. D’ailleurs, c’est le devoir
primordial de tout successeur s’il veut réussir à sa mission.
Sans prétendre décrire exhaustivement toute l’œuvre de Kim Djeung Il, nous disons que sa
fidélité et son intelligence se sont démontrés par son soutien total aux idées du Djoutché du Leader
Kim Il Sung. Comme il disait déjà :

49
Seong- Chang Cheong, La succession du pouvoir en Corée du Nord et ses implications sur la politique extérieure du
pays, [en ligne] site web : https:// www.cairn.info/revue-herodote 2011 , page consultée, le 11 avril 2018

40
« L’avenir de notre révolution dépendra de la poursuite de l’œuvre révolutionnaire
entreprise par le Leader. Ne l’oublions pas. Faisons preuve d’une fidélité sans limites envers
le Leader en le vénérant et ne suivant que lui ».50
De ce fait, nous citons quelques-unes de ses thèses soutenant ces idées directrices de la
révolution : « Des idées du Djoutché » ; « Des caractéristiques de l’impérialisme contemporain et
de sa nature agressive » ; « Renforçons l’unité de pensée et de volonté et la cohésion des membres
du Parti sur la base des idées révolutionnaires du Leader ». Ces thèses furent publiées quand il
faisait encore ses études universitaires. Élu secrétaire général du Comité Central du Parti lors des
sessions plénières du Comité Central du Parti, tenues en septembre 1973, il publia plusieurs œuvres
dont nous citons entre autres « De quelques problèmes posés dans l’interprétation de la philosophie
du Djoutché » (2 avril 1974), « Implantons plus parfaitement le système de l’idéologie unique au
sein du Parti tout entier et dans toute la société »(14 avril 1974), « Des idées du Djoutché » (31
mars 1982). Ne se limitant pas à l’élaboration de ces œuvres, Kim Djeung Il s’est donné tâche de
travailler sur la littérature et les arts qui sont plus que jamais des armes efficaces dans l’espace
idéologique, celui qu’il ne faut jamais perdre dans la lutte révolutionnaire. En ce sens, les nouveaux
horizons ont été découverts avec la création de plusieurs vastes œuvres et de chefs-d’œuvre
révolutionnaires, conformes au sentiment de la nation quant à leur valeur idéologique et artistique
dans tous les domaines artistiques tels que le cinéma, les beaux-arts, l’opéra, le théâtre et le roman.
L’un des mérites de Kim Djeung Il qu’il faut souligner, c’est son art consommé du
commandement qui lui a permis de diriger le peuple coréen, de l’orienter dans la matérialisation des
idées du Djoutché du « Leader éternel », Kim Il Sung. Cela montre que l’éminence des idées n’est
pas directement synonyme de la victoire de la révolution. Il faut que celui qui la dirige, possède le
plus haut degré l’art du commandement. C’est-à-dire, qu’il doit savoir orienter, lancer les mots
d’ordre qui définissent correctement les tâches qu’exige la révolution à chaque étape et à chaque
période de son développement. Ces mots d’ordre doivent imprégner les masses qui sont les vrais
acteurs de la révolution. En ce sens, Kim Djeung Il avait tracé les orientations et lancé les mots
d’ordre par lesquels il a pu infailliblement accomplir sa mission de succession.
Pour ce faire, nous allons voir quelques-unes de ses orientations et de ses mots d’ordre
révolutionnaires :
« Vivons à notre manière ! » : Bref qu’il soit, ce mot d’ordre contient une signification
assez profonde. D’abord, c’est l’un des principes fondamentaux des idées du Djoutché, et face à ce
concept de mondialisation derrière lequel se cache l’impérialisme pour infiltrer les cultures, le mode
de vie d’autres peuples, il oriente la pensée et l’action du peuple coréen en lui permettant de vivre

50
Inoue SHUHACHI, La Corée contemporaine et Kim Djeung Il, op., cit., p. 121

41
avec l’esprit de confiance en soi, de résoudre tous les problèmes conformément aux impératifs de la
révolution et à ses propres intérêts. Et, c’est dans cette directive que vont être lancées d’autres
consignes telles que : « Faisons preuve plus encore de l’esprit révolutionnaire de confiance en
soi  ! » « Travaillons, étudions et vivons à l’instar des partisans antijaponais ! » « En avant à la
vitesse de combat ! » Ces mots d’ordre constituant une force irrésistible, ont raffermi la conviction
du peuple coréen résolu à achever l’œuvre djoutchéenne du « Grand Leader » Kim Il Sung.
« Kimilsunisons toute la société !  » : Ce mot d’ordre coïncide avec la naissance de
« kimilsunisme » laissant à voir encore l’intelligence et la fidélité de Kim Djeung Il vis-à-vis du
Leader Kim Il Sung. En effet, le verbe kimilsuniser dérive du nom Kim Il Sung, le théoricien des
idées du Djoutché. Donc, kimilsuniser toute la société, c’est mettre en œuvre ces idées, sinon
construire la société en les prenant pour l’unique guide. Et, Kim Djeung Il lui-même disait que :
« Nous entendons par kimilsuniser toute la société, impulser notre révolution en
prenant unique guide le kimilsunisme, grande idéologie révolutionnaire du respecté Leader,
édifier et achever la société communiste selon le kimilsunisme.
En d’autres termes, kimilsuniser toute la société, c’est faire de tous les membres
d’authentiques kimilsunistes profondément fidèles au respecté Leader et transformer à fond
la société selon l’exigence du kimilsunisme pour prendre la forteresse idéologique et la
forteresse matérielle du communisme ».51
Un autre mérite de Kim Djeung Il, c’est son engagement ferme dans la recherche nucléaire
pour la sécurité du pays qui est toujours menacée par les agresseurs, notamment les États-Unis.
Alors que Kim Il Sung, le « Leader éternel », avait dû stopper le programme nucléaire avec son
adhésion au Traité de Non-prolifération (T.N.P.) en 1993 dans le but d’apaiser les relations avec les
États-Unis, et de pacifier la péninsule coréenne. Selon Kim Djeung Il, cette option de la part du
«  Leader éternel » serait ingénieuse si l’impérialisme américain n’occupait pas la Corée du Sud.
C’est-à-dire, la Corée du Nord sera toujours menacée aussi longtemps que les troupes américaines
stationneront en Corée du Sud. Pour ce faire, il a fait recours à l’acquisition de l’arme atomique
dans la volonté de stabiliser le régime et clama son retrait au Traité de Non-prolifération (T.N.P) en
2003. Et, en 2006 la Corée du Nord faisait déjà son premier essai nucléaire à la face du monde avec
succès. Résolu dans l’idée de la défense nationale, Kim Djeung Il va jusqu’à prévaloir la politique
«  Songun ». Même si l’origine de cette théorie politique remonte à la naissance de la révolution
coréenne, initiée par Kim Il Sung le « Leader éternel », elle sera mise en œuvre par son successeur
Kim Djeung Il.
Trouvant étymologiquement ses origines dans la langue Coréenne, le concept « Songun »
est issu de deux termes suivants : « son » qui signifie « priorité » et « gun  » qui signifie
51
Ibid., p. 179 - 180

42
«  Armée » ou « affaires militaires ». Ainsi, littéralement le concept « Songun » signifie « Priorité
aux affaires militaires ». Et, dans la perspective de Kim Djeung Il, la politique de « songun » est
une méthode et une politique socialiste comptant sur l’esprit révolutionnaire et la capacité de
combat de l’armée populaire, défend vigoureusement la patrie la révolution et l’édification
socialiste.
Perçue comme une variante du Djoutché, la politique « Songun » ne peut se séparer de
celui-ci qui repose sur le principe d’indépendance politique, d’autosuffisance économique et
d’autonomie militaire pour l’émancipation des masses populaires. D’ailleurs, l’article 3 de la
constitution socialiste de la République Populaire Démocratique de Corée adoptée en 2009,
stipulait que :
« La République Populaire Démocratique de Corée se guide dans ses
activités sur les idées du Juche, les idées du Songun- conception du monde axée sur
l’homme et idées révolutionnaires ayant pour but l’émancipation des masses
populaires ». 52
En 2006, l’Iraq de Saddam Hussein venait de s’effondre car, accusé de la possession des
armes chimiques et leur utilisation contre les rebelles kurdes qui, avec le soutien des États-Unis,
voulaient renverser son régime. C’était là, une calomnie nationale fabriquée et utilisée par le
gouvernement de George W Bush afin de pouvoir éliminer Saddam. La Libye de Mouammar
Kadhafi nous offre un meilleur exemple de pays qui, en renonçant à son programme nucléaire, a
amèrement payé le prix. Un pays qui avait quasiment affiché tous les signes d’un État indépendant
et souverain, se trouve aujourd’hui être foulé au pied de l’impérialisme occidental. Sans doute,
l’effondrement de l’Iraq et de la Libye est imputable au manque d’arme nucléaire qui est un
véritable moyen de dissuasion. Sinon, d’autres pays tels que l’Iran le Pakistan et l’Inde qui se sont
montrés détenteurs de cette arme, imposent leur respect sur l’impérialisme étranger qui les qualifie
comme l’axe du mal. Si se défendre est un penchent pour ces pays affirmant leur souveraineté, alors
la Corée du Nord les rejoint impétueusement, car, c’est le seul langage que comprend
l’impérialisme. Elle justifie la légitimité de la possession de son arsenal nucléaire et va jusqu’à
l’institutionnaliser. Et, lorsque Kim Jong-Un a succédé à son père à la tête de l’État, a continué sur
la même ligne que lui en s’appuyant sur la politique « songun » qui occupe une position souveraine
dans la politique extérieure du pays. De 2012 à 2016, tant d’essais nucléaires ont été effectués avec

52
La Constitution Socialiste de la République Populaire Démocratique de Corée de 1998 révisée le 05 Septembre 2009,
[en ligne], site web : https:// mjp.univ-perp.fr/constit/kp 2009.htm, consulté le 13 mai 2018

43
succès. C’est pourquoi, le ministre nord-coréen des affaires étrangères, Ri Su Yong, dans un
communiqué datant du 6 mars 2016 et publié dans le Rodong Sinmun, quotidien du parti, a déclaré :
« Nous avons des armes de pointe qui nous permettent d’attaquer les États-Unis
n’importe où et n’importe quand. Nous avons fini de nous doter de projectiles Juché et de les
déployer afin de les lancer »53.
Donc, par cette forteresse idéologico-politique et stratégique militaire de la défense
nationale, la Corée du Nord s’est retrouvée dans la cour des grandes puissances sans être détenteur
du droit de véto que se sont offert certains pays pour faire pression sur d’autres.
*L’accession de Kim Jong Un au pouvoir
Si ce dernier a des défis à relever, c’est bien sur le plan économique et la question de la
réunification des deux Corées, Nord et Sud. Evidemment ce sont les problèmes majeurs auxquels
sont toujours confrontés les dirigeants nord-coréens. Et, Kim Jong Un en tant que successeur et
continuateur de la révolution djoutchéenne, doit faire face à ces défis. Mais, disons d’abord que la
source de ces problèmes ne vient pas par une mauvaise gouvernance de ces prédécesseurs. Si nous
prenons la crise économique de la Corée du Nord, elle remonte jusque dans les années 1990, par le
fait que les alliés de cette dernière, dans le bloc socialiste dont l’URSS à la tête sortait très épuisée
dans la guerre froide. Or, à l’époque, l’Union Soviétique qui était l’allié principal de la Corée du
Nord avant la Chine, venait de s’éclater sous Gorbatchev. Cela a entraîné un effondrement vertical
de l’économie nord-coréenne qui sera, par la suite, aggravé par une série de pluies torrentielles et
d’inondations sans précédent.
À l’aune de ces événements spontanés, la Corée du Nord qui s’accroche éternellement à son
idéologie Djoutché, devrait se relancer à une reconstruction économique qui coïncide encore avec
un autre problème, celui de la menace de l’impérialisme américain qui cherche inlassablement à
faire main basse sur la Corée du Nord. Finalement c’est une Corée qui, de front doit se protéger et
bâtir une économie affaiblie, puisque les sanctions de l’ONU ne cessent de pleuvoir d’autant plus
que la Corée du Nord ne s’est pas départie de son arsenal nucléaire qui paraît un véritable moyen de
dissuasion.
Vu cette mission doublement lourde à laquelle faisait face Kim Djeung Il, il était impossible
que son fils et successeur Kim Jong Un trouve devant lui une économie assez avancée même si les
petites entreprises et commerces étaient autorisés pour pallier le manque de besoin vital.

53
Asia Focus - 25, Entre culture et perception : interpréter la menace nord-coréenne au prisme de l’idéologie par
Christelle CALMELS, Kim YE-JIN et Natacha WAGNER, Avril 2017, [en ligne], site web : https:// courmont@iris-
france.org, consulté le 5 juin 2018

44
En ce qui concerne la question de la réunification des deux Corées, elle semble être un
simple idéal, un mythe pour les deux, puisqu’elle risque de ne pas avoir une réponse satisfaisante à
fortiori de voir une seule et unique Corée en Asie dans les jours à venir. C’est une séparation qui
date depuis la fin de la seconde guerre mondiale et maintenue par certaines puissances étrangères,
notamment les États-Unis d’Amérique qui y sont les vrais fomenteurs. Sinon, d’autres puissances
telles que l’Union Soviétique et la Chine ayant soutenu la Corée du Nord lors de la guerre de 1950-
1953 se sont retirées juste après l’établissement d’un gouvernement central légitime au nom du
peuple coréen. C’est ainsi que Kim Il Sung disait que :
« Il ne peut y avoir aucune condition ni aucun prétexte à ce que les troupes U.S.
restent en Corée du Sud. Si les troupes U.S. continuent à stationnent en Corée du Sud, sans
s’en retirer, cela montrera encore plus clairement que les impérialistes américains
manœuvrent pour s’ingérer dans nos affaires intérieures et pour réaliser leur ambition
d’agression contre la Corée. Le peuple coréen ne tolérera jamais pareille politique
d’agression de la part des États-Unis ».54
Le « Leader éternel » Kim Il Sung avait adopté tant de processus pour parvenir à la
réunification pacifique. Ainsi, tant de propositions ont été faites aux autorités sud-coréennes et
américaines pour la réalisation de ce projet, mais qui se sont soldées par un échec, avec l’influence
que font peser les États-Unis sur la Corée du Sud. Citons quelques tentatives du gouvernement
nord-coréen pour la réunification.
La première tentative a eu lieu juste après la libération de la Corée sous le joug colonial de
l’impérialisme japonais, lorsque la partie nord de la Corée a proposé le retrait des troupes étrangères
de toute la Corée afin de procéder aux élections générales sur toute l’étendue du pays pour enfin
instaurer un gouvernement unifié. Conformément à cette proposition, l’U.R.S.S. qui a toujours
soutenu la Corée du Nord, a retiré ses troupes. Par contre, les États-Unis qui avaient poussé la partie
sud à se proclamer à la va-vite un État au nom de tout le peuple coréen, ont répondu par une guerre
d’agression déclenchée en juin 1950 contre la Corée Nord.
En avril 1960 le régime fantoche de Syngman Rhee, ancien président de la Corée du Sud,
renversé par un soulèvement de la population sud-coréenne aspirant à la réunification de la Corée.
Dans cette conjoncture, Kim Il Sung présenta en août 1960 un projet visant à instaurer une
confédération Nord-Sud comme mesure transitoire en vue de la réunification, en tenant compte des
différentes d’idéologie et de régime social existant entre le Nord et le Sud. Ce projet qui s’avérait
rationnel et correspondait surtout à la réalité, fut rejeté par les États-Unis qui incitèrent, par la suite,
Pak Jeung Hi à monter un coup de militaire et à réprimer impitoyablement les forces tendant à la
réunification.
54
Kim Il Sung, Les œuvres choisies, tome I, op., cit., p. 299

45
Au début des années 1970, Kim Il Sung présenta un nouveau et remarquable projet de
réunification reflétant l’aspiration du peuple coréen tout entier. Il s’agissait des trois principes de la
réunification de la Corée que constituent en substance l’indépendance, la réunification pacifique et
une grande union nationale. Le régime militaire de Pak Jeung Hi sous l’emprise de la nécessité, fut
obligé de les signer. En effet, cette déclaration conjointe Nord-Sud qui était rendue publique le 4
juillet 1972 et commençait à donner de résultat positif, sera trahie par le régime militaire de Pak
Jeung Hi sur l’ordre de son maître, les États-Unis, en présentant plus tard un projet d’admission
simultanée du Nord et du Sud de la Corée à l’ONU.
Le comble est que, à la fin des années 1970, lorsque les États-Unis ont constaté que l’utilité
de Pak Jeung Hi arrivait à son terme, ils l’ont fait assassiner par la CIA sud-coréenne en plaçant un
autre dictateur fantoche Djeun Dou Hwan au pouvoir.
Ensuite, Kim Il Sung a proposé une orientation aux autorités sud-coréennes. Il s’agissait
d’une orientation en cinq points en substance l’élimination de l’état d’affrontement militaire et l’
atténuation de la tension entre le nord et le sud, la réalisation de la collaboration et des échanges
multiformes entre le nord et le sud, la convocation d’une grande assemblée nationale qui serait
constituée par les représentants des différentes classes sociales et couches populaires et différents
partis politiques et organisations sociales du nord et du sud, l’institution d’une confédération du
nord et du sud sous la seule appellation de République confédérale du Koryo. Ce projet sera absorbé
dans la boue avec la soi-disant adhésion des deux Corées à l’ONU préconisées par les autorités sud-
coréennes sous l’influence des Etats Unis. C’était là encore un faux-fuyant pour empêcher la
réunification. Car, L’ONU est devenue un outil auquel se servent les impérialistes pour tendre leurs
tentacules d’agression. Et pour cause, Kim Il Sung disait :
« Quant à l’ONU, bien que sa charte ne soit pas mauvaise en soi, elle s’est laissée
jusqu’à aujourd’hui, à la merci des grandes puissances sous leur emprise. En conséquence,
elle n’a pu travailler conformément à sa charte, étant donné, surtout, le pouvoir arbitraire
des impérialistes américains qui brandissaient leur baguette de commandement (…) Pour
être fidèle à sa charte, l’ONU doit être une organisation assurant la souveraineté à tous les
pays, grands ou petits… »55
Après l’échec de tous ces projets de réunification dont les États-Unis sont à la base, la Corée
du Nord, n’a pas encore renoncé à travailler dans le sens à trouver un terrain d’entente avec son
frère-voisin. À en croire, il nous revient d’évoquer la nouvelle démarche entreprise par Kim Jong
Un en ces dernières années. Le 27 avril 2018 il a effectué une rencontre historique avec le président
sud-coréen, Moon Jae-In ; chose qui n’était jamais arrivée depuis la fin de la guerre de Corée en
1953, soit soixante-cinq (65) ans après qu’un tel événement puisse avoir lieu. Ce sommet
55
Kim Il Sung, À propos du Djoutché dans notre révolution, tome 2, op., cit., p. 600 – 601

46
intercoréen a été pour beaucoup dans le rapprochement des deux Corées l’une vers l’autre dans la
mesure où les deux dirigeants ont réussi même à planter, un « arbre de paix » pour la réunification.
C’est ainsi que Kim Jong Un a déclaré : «  Je suis venu ici pour donner un signal de départ au seuil
d’une histoire nouvelle ».56
En plus, la participation de la Corée du Nord aux jeux olympiques à Pyeonchang en Corée
du Sud en février 2018, est un autre élément très capital à souligner car, c’est un acte qui, en nature
sportive, a servi de la diplomatie entre les deux pays. Ensuite, ne se limitant pas seulement à
négocier avec son voisin, Kim Jong Un s’est donné le devoir de trouver un accord avec les États-
Unis qui continuent à torpiller les négociations entre les deux Corées soi-disant qu’ils protègent
celle du Sud. Ainsi, le 12 juin 2018, il a tenu un sommet avec Donal Trump à Singapour qui portait
toujours sur la question de la réunification mais qui ne résultera rien de positif. Puisque, tout ce que
Trump avait comme conditions, n’était ni favorable pour la Corée du Nord ni pour la réunification.
Il s’agissait de la dénucléarisation de la Corée du Nord en contrepartie de l’aider à bâtir son
économie. Or, les troupes US sont stationnées en Corée du Sud sans penser à la quitter un jour.
Donc, cela signifie que la démarche des autorités américaines est on ne peut plus sournoise et ne
vise nullement à réunifier les deux Corées. Et, c’est la raison valable, si Kim Jong Un a refusé de
rencontrer Trump les 27 et 28 février 2019 au Viêtnam.
En ce qui concerne la question de l’économie nord-coréenne, sa réponse cesse de souffrir
progressivement avec Kim Jon Un qui est dans une démarche politique assez distincte que celle de
son père Kim Djeung Il. Avec lui, les signes du changement s’affichent partout dans le pays. De la
capitale jusques dans les autres villes, les conditions de vie des citoyens sont améliorées. Plusieurs
nouveaux marchés et entreprises sont nés. Les marchés périodiques qui existaient sont autorisés et
encouragés. Au niveau de l’industrie, le pays n’est pas aussi resté en marge ; il commence à s’y
affairer. Par exemple la firme automobile, la Pyeonghwa Motors qui, jusqu’en 2012 a produit
quelques voitures sous la licence de Fiat. Et, de 2012 jusqu’à aujourd’hui, il y a que de
constructions modernes qui ne font que donner une image admirable à la Corée du Nord. De
nouveaux gratte-ciel sont sortis du sol à Pyongyang et beaucoup d’autres nouveaux logements.
Aujourd’hui encore, avec la Chine qui est son partenaire économique, à laquelle s’ajoute la Russie,
l’économie nord-coréenne se retrouve avec une image fidèle et continue de progresser plus
qu’avant.

56
La Croix, Rencontre historique entre Kim Jong Un et Moon Jae-In, site web : https:// de-la-croix.com, page consultée,
le 7 juillet 2018

47
Conclusion

À l’issue de notre rédaction, nous dirons que si l’une des causes fondamentales de la
philosophie s’explique par le fait qu’elle permet à l’homme de faire face à l’esclavage, aux
préjugés, aux inégalités et aux injustices sociales, les idées du Djoutché, en mettant l’accent sur
cela, sont devenues plus que jamais une idéologie philosophique et révolutionnaire pour Kim Il
Sung pour réaliser la liberté et la paix dont aspire l’humanité. C’est-à-dire que, l’humanité, aussi

48
soit-elle, n’a jamais connu une stabilité totale dans un monde dominé par l’impérialisme
monstrueux. Et, les peuples écrasés et humiliés n’ont jamais cessé de lutter depuis des siècles, pour
renverser la tendance.
Une lutte, de par sa noblesse, que même certains pays, avant de passer pour des pays
agresseurs, l’ont menée avec fermeté. Les États-Unis nous offrent un exemple de taille, qui a mené
une croisade farouche contre l’empire colonial britannique dans les années 1700. C’est-à-dire que,
les impérialistes, en dépit de leur répression vis-à-vis des peuples opprimés, savent la justesse de la
lutte de ces derniers, mais la recherche du capital leur donne toujours cette ambition sans bornes
d’asservir des peuples paisibles.
Et, si la République Populaire Démocratique de Corée ainsi que d’autres pays se sont
indignés, c’était pour conquérir leur indépendance et leur souveraineté qui sont les droits
fondamentaux d’une nation. Comme le disait Kim Il Sung :
« Avoir l’esprit d’indépendance est un droit de chaque nation ; aucune nation
n’admet qu’on l’asservisse ni qu’on lui foule aux pieds la dignité. L’esprit d’indépendance
est indispensable pour le bonheur et l’honneur d’une nation ; seule une nation qui a l’esprit
d’indépendance peut réaliser une indépendance et une prospérité authentique ».57
La Corée du Nord fait partie de ces pays qui ont le plus réalisé leur indépendance et
souveraineté dans le Tiers-monde grâce aux brillantes idées du Djoutché. Ceci, depuis dans les
mouvements de libération nationale, la Corée entière a dû combattre l’impérialisme japonais avant
d’être répartie à la 38 è parallèle entre le nord et le sud après les événements de 1950 à 1953. De ce
fait la révolution ne pouvait continuer qu’en Corée du Nord d’autant plus que l’impérialisme
américain occupait la Corée du Sud. C’est-à-dire, il est nécessaire pour tout pays ayant été victime
de la colonisation, doit continuer la révolution quand même après sa libération pour une
décolonisation mentale. Le colonialisme a toujours laissé derrière lui les séquelles qui, sans être
combattues, peuvent porter atteinte aux acquis de la révolution. Ainsi, la Corée du Nord a mis en
place un pouvoir de type populaire pour accomplir la révolution démocratique antiimpérialiste et
antiféodale à travers les réformes démocratiques telles que la réforme agraire, la nationalisation des
industries, la loi sur l’égalité des sexes et la loi du travail. À l’issue de cela, la révolution socialiste
était également nécessaire pour mettre fin à toute exploitation de l’homme par l’homme. D’où
l’instauration du communisme qui réclame véritablement un combat idéologie de la révolution
contre la société bourgeoise fondée sur le capital. C’est pourquoi, la Corée du Nord sous le drapeau
des idées du Djoutché, a employé tant d’efforts pour débarrasser ses populations de legs de la

57
Kim Il Sung, À propos du Djoutché dans notre révolution, tome 2, op., cit., p. 624

49
société bourgeoise. Cela a été réalisé par la révolutionnarisation et la transformation de toute la
société sur le modèle de la classe ouvrière.
En plus, pour conserver toujours les acquis et donner une issue à l’avenir de la révolution, la
Corée du Nord a mis en place un système de direction en vertu duquel le successeur est désigné en
fonction de sa fidélité et de ses qualités d’éminent dirigeant. C’est pourquoi après la mort de Kim Il
Sung, le père de la révolution coréenne, Kim Djeung Il, de par son art consommé de diriger, a été
désigné avec l’unanimité du peuple nord-coréen, comme continuateur de l’œuvre révolutionnaire du
leader. Et, durant tout son règne, malgré ses insuffisances, il a réussi à sauvegarder les directives de
la révolution en les matérialisant et en les développant. Cependant, son mérite le plus capital, c’est
d’avoir prévalu la politique « songun » consistant à donner priorité aux affaires militaires dans la
gestion de l’État. Et, cela a permis à la Corée du Nord de se doter de l’arme nucléaire pour faire
face à la menace de l’impérialisme américain qui cherche à faire d’elle de nouveau une colonie. En
plus, ces capacités militaires ont permis à la Corée du Nord d’avoir une position forte dans sa
politique extérieure. Et, il est bien évident qu’aujourd’hui, l’arme nucléaire est l’une des puissantes
cartes que jouent les grandes puissances sur la scène internationale. Il est devenu un outil de
discussion pour se faire entendre dans le concert des nations.
Aujourd’hui encore, Kim Jong Un qui est le nouveau continuateur de la révolutionnaire du
Djoutché et s’appuie sur le songun, a annoncé en 2018 l’accomplissement de la victoire de la
révolution djoutchéenne en matière de l’autodéfense dans la défense nationale. C’est-à-dire que
désormais la Corée du Nord a atteint le plus haut degré de la capacité de se défendre contre toute
attaque d’agression impérialiste. Le seul défi qui reste non relevé, c’est bien la faiblesse de
l’économie nord-coréenne. Mais, avec les efforts qu’emploie Kim Jong Un, l’économie avance
progressivement.
Pour terminer, nous dirons que la lutte révolutionnaire des peuples progressistes d’Asie,
d’Afrique et d’Amérique latine, n’a pas encore cessé dans le monde, il continue toujours. Pour ce
faire, la Corée du Nord doit être une référence pour beaucoup de pays en matière de
l’autodétermination, précisément ceux de l’Afrique noire qui ont beaucoup manqué d’établir le
Djoutché dans leur croisade. Cela les a endigués dans une compromission prolongée du
néocolonialisme. Pour se libérer complètement de ses chaînes, il est compromettant d’attendre
l’approbation de son oppresseur. Une vérité que Kim Il Sung a découverte afin d’élaborer les idées
du Djoutché, et c’est ce qui a permis à la Corée du Nord d’être ce qu’elle est aujourd’hui même si
elle est critiquée par les occidentaux qui ne cessent de la traiter d’un État belliqueux, isolé par
rapport au reste du monde.

50
Bibliographie

1- Ouvrages de l’auteur :

- KIM Il Sung, Œuvres choisies, tome I, Éditions en Langues Étrangères, Pyongyang, 1971.

51
- KIM Il Sung, À propos du Djoutché dans notre révolution, tome 2, Édition en Langues
Étrangères, Pyongyang, 1975.
2- Sur l’auteur :

- Histoire Révolutionnaire du grand Leader le camarade Kim Il Sung, Editions en Langues


Etrangères, Pyongyang, 1983.
- Le soleil généreux, tome 2, Editions en Langues Etrangères, Pyongyang, 1982
- VELE MUKELENGE Roland, Émancipation de l’humanité et idées du Juché,
IMPRIMERIE CEDI. B.P. 11398-Kinshasa-1, R.D.C, 2004.
- SHUHACHI Inoue, La Corée contemporaine et Kim Djeung Il, Yuzankaku, Tokyo, 1984.
3- Ouvrages généraux :

- GOLIKOV. G, La Révolution d’Octobre, éditions du progrès, Moscou, 1966.


- KIM Djeung-Il, La vie et la littérature, Éditions en Langues Étrangères, Pyongyang, 1986.
- La constitution Socialiste de la République Populaire Démocratique de Corée de 1972,
Éditions en Langues Étrangères, Pyongyang, 1972.
- PASCAL George, Les grands textes de la philosophie, Bordas, Paris, 1974.
- Souvenirs sur Marx et Engels, Éditions en Langues Étrangères, Moscou, s.d.
4- Thèses et mémoires :
- BARNAUD Meyer(S), Marx et la question de la démocratie, Thèse, philosophie,
université, paris IV. 2008
- BRAHIMI. (M). Pratique et théorie révolutionnaire chez Alain Badiou et Toni Negri,
Maîtrise, science politique, université de Québec, Montréal, 2013-2014
- FERREIRA. (J). « Le problème de transition vers le socialisme », dans l’histoire : le cas
de Portugal (du 25 avril 1975 au 25 novembre 1975). Thèse, science économique, Université
de Paris X Nanterre, 1985
5- La webographie :
- Asia Focus-25-, Entre culture et perceptions : interpréter la menace nord-coréenne au

prisme de l’idéologie. Par Christelle CAMELS, Kim YE-JIN et Natacha WAGNER,

avril 2017, [en ligne], https://courmont@iris-france.org , consulté le 5 juin 2018.

- GOUYSSE Vincent, Impérialisme et Antiimpérialisme, [en ligne], site web :

https://www.marxisme.fr. Consulté le 17 février 2018.

52
- La Constitution Socialiste de la République Populaire Démocratique de Corée de 1998
révisée en 2009, [en ligne], site web : https://mjp.univ-perp.fr/constit/kp.2009.htm, consulté
13 mai 2018.
- La Croix. Rencontre historique entre Kim Jong-Un et Moon Jae-In, [en ligne], site
web :https:// De-là- croix.com, consulté le 7 juillet 2018.
- MAO Tsé-Toung, Petit livre rouge, [en ligne], https://www.chine-informations.com,
consulté le 12 mars 2018.
- ROSENTAHL. M et IOUDINE. P, Petit dictionnaire philosophique, [en ligne], site web :
https://www.communisme-bolchévisme.net, consulté le 20 février 2018.
- SEONG-Chang-Cheong, La succession du pouvoir en Corée du Nord et ses implications
sur la politique extérieure du pays, [en ligne], site web : https://www.cairn.info/révue-
hérodote2011, consulté le 11 avril 2018.

Table des matières

 Dédicace……………………………………………………………………………………I
 Remerciements…………………………………………………………………………….II

53
 Sigles et abréviations……………………………………………………………………...III
 Sommaire…………………………………………………………………………………..IV
 Résumé……………………………………………………………………………………....V
 Introduction…………………………………………………………………………............1
 Chapitre I : clarification des concepts……………………………………………………..5
 Chapitre II : la pratique de la révolution à l’égard des idées du Djoutché pour
l’édification d’un État……………………………………………………………………..17
 Chapitre III : la révolution idéologie comme l’aspect permanent des idées du
Djoutché.................................................................................................................................29
 Conclusion………………………………………………………………………………….49
 Bibliographie……………………………………………………………………………….52
 Tables de matières…………………………………………………………………………54

54

Vous aimerez peut-être aussi