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Le choix de la conscription en Angleterre – Le Military Service Act de 1916

Depuis le début de la guerre, la GB est considérée comme la puissance avec l’armée a l’effectif le plus
réduit. Même si très entraînée et compétente, Lord Kitchener, alors ministre de la Guerre depuis août 1914, prend
conscience des lacunes de l’armée anglaise. Il sait qu’elle ne pourra pas s’illustrer, ni s’imposer dans la guerre si
son organisation reste identique. Cependant, il est difficile pour la GB d’imaginer une conscription. La France à
l’inverse a toujours eu cette tradition, et la loi sur le service militaire de 1913 met en place un service national de 2
à 3 ans, car le pays sent la guerre arriver. L’Allemagne a également instauré la conscription, entre 1 et 3 ans en
fonction des postes que l’on occupe. Il est donc important que la GB réforme son système pour peser dans la
Grande Guerre.
Nous allons donc nous demander : Comment l’armée anglaise s’est-elle adaptée au système de Guerre totale,
qu’est celui de la Grande Guerre de 14-18 ?

I. Une armée de métier et de volontaire


A. L’État de l’armée Britannique au début de la guerre

Il est important de considérer l’armée britannique avant 1916, car son système et son organisation étaient
totalement différents de ce qui peut se faire en Europe à la même époque

En 1914, la GB a une armée de métier de 300 000 hommes et fait appel au volontariat pour la compléter. C’est
grâce au fort patriotisme anglais, que 700 000 Britanniques s’engagent dans les premiers mois. La conscription
n’existe pas encore, beaucoup d’hommes se présentent, ils sont jugés aptes ou non à combattre, et prêtent ensuite
serment. Ils obtiennent une prime pour leur service et sont transférés dans l’armée de réserve. Cela est en partie
possible grâce à Lord Derby, conservateur et secrétaire d’état pour la guerre de 1916 à 1918, qui organise des
campagnes de recrutement très efficaces. Grande utilisation de la presse et de l’affichage public, avec une
importance de la morale et du patriotisme.

B. Les campagnes de recrutement volontaire, les « bataillons de copains », une particularité


anglaise

À partir de 1915, les recrutements se font de plus en plus difficile. L’État-major encourage alors les
« Bataillons de copains », on assure aux amis, aux frères, aux collègues, de pouvoir combattre ensemble sur le
front.
Le Général Rawlinson est un des principaux acteurs du succès de ce système. Il permet, grâce à cette promesse,
d’enrôler 1600 hommes en une semaine à Londres. Lord Derby, dont nous avons parlé avant, entreprend lui aussi
de lever un bataillon à Liverpool, et il réunit près de 8000 hommes en quelques semaines. C’est un système
d’entraînement. Une forte campagne d’enrôlement dans une ville, incite les voisines à faire de même, car elles ne
veulent pas paraître moins patriote.
Une formule très connue de Kitchener est « Engagez-vous ensembles et vous servirez ensemble », ces bataillons de
copains sont une véritable spécificité anglaise, et cela fonctionne. Pourquoi cela fonctionne : la société s’est
construite autour d’un étroit système de « tissu social », les liens entre communautés, voisinages, sont extrêmement
forts + il y a un fort esprit patriote. Ce système permet dans les premiers mois, d’éviter au gouvernement de mettre
en place un système de conscription lent et coûteux.
Les particularités de ces bataillons sont : ils sont formés de sportifs, parfois d’équipes entières (comme les Royals
Scots)

C. Les difficultés rencontrées

Ce système fonctionne au début, mais la guerre est très violente et brutale. La bataille de la Somme représente
pour beaucoup d’historiens un tournant. Les Anglais ne veulent plus s’engager et le gouvernement comprend les
limites de ce système. Des communautés entières ne reviennent pas de la guerre, ce qui cause des villages, des
quartiers de villes complètement décimés puisque les hommes se sont engagés ensemble. Même si les effectifs
étaient monté à 1,3M d’hommes, les lourdes pertes britanniques font peur, et il est nécessaire d’adopter la
conscription pour garantir une armée dans les prochaines semaines. En effet, on note que 38% des célibataires et
54% des hommes mariés refusent de s’enrôler en 1915. Le système de ces bataillons de camarades est abandonné
avec la loi de janvier 1916.

II. Le tournant du 27 Janvier 1916


A. Les modalités de cette loi

La situation est critique pour l’armée anglaise, et le gouvernement d’Asquith doit augmenter son nombre de
soldat par la conscription et donc l’obligation. Ainsi le 27 Janvier 1916, le projet de loi est présenté au Premier
Ministre, et la loi rentre en vigueur dès mars. Les concernés sont les hommes de 18 à 41 ans. Il y a encore
beaucoup d’exemptions : les hommes mariés, les veufs avec enfants, ceux qui servent dans la Royal Navy, les
ministres de culte, les objecteurs de consciences qui s’opposent à la guerre pour des raisons morales, …
Ainsi, la conscription permet d’ajouter 3M de soldats à l’armée britanniques en quelques mois. Sauf qu’en mai
1916, il manque toujours des soldats. DONC on étend la loi aux hommes mariés.
Comment recense-on les soldats ? Des tribunaux sont mis en place, et permettent d’exempter ou non les hommes,
selon des critères qui font débat.
De plus la GB a du mal à gérer l’importance de l’industrie de guerre, qui est nécessaire, et le nombre de soldat. Au
fur et à mesure, le nombre d’hommes dans les usines diminue au profit du nombre de soldats.

B. Les réussites de la conscription

Grâce à cette loi, les effectifs britanniques dépassent le niveau qu’ils avaient au début de la guerre. Les
conscrits entrent dans l’armée de réserve et peuvent être appelés à tout moment. À partir de là, l’apport britannique
dans la guerre devient décisif pour contenir les Allemands à l’Est.
C’est la première fois en GB que le service militaire est obligatoire. Avec cette loi, le pays rentre dans une réelle
logique de guerre totale, qui mobilise toute la population. C’est donc un tournant de l’histoire britannique, pour sa
vie politique et sociale.
Les femmes ont-elles aussi leur rôle dans la guerre. Près de 800 000 d’entre elles se portent volontaires et servent le
pays dans des rôles non combattants.

C. Les limites et les critiques de ce système

Cependant, la conscription n’est pas très populaire au début. En avril 1916, 200 000 personnes manifestent
à Trafalgar Square, et beaucoup d’hommes ne répondent pas à l’appel.
Sur le plan politique, ce système de conscription divise profondément le Parlement. Ce dernier reconnait cependant
qu’il est nécessaire d’avoir une réaction immédiate face à l’effondrement du moral de l’armée française, qui est leur
principal allié dans la Grande Guerre. La conscription cause d’ardents débats entre Whigs et Tories, et à l’intérieur
des partis. Par exemple, les Whigs étaient d’abord défavorables à la loi. Puis, lors de la conférence de Bristol du 26
Janvier, ils votent en faveur de la loi, à 1,5M de voix contre 600 000.
La seconde limite repose sur la question irlandaise. En effet, la loi n’est pas appliquée à l’Irlande, principalement à
cause des soulèvements de Pâques 1916. Même si beaucoup d’Irlandais sont volontaires, il sera impossible
d’imposer le système, de manière homogène. En 1918, une nouvelle tentative est faites, mais une crise a encore
lieu.

CONCLUSION

La conscription est donc apparu comme la solution face au manque d’effectif de l’armée anglaise lors de la 1GM.
L’ampleur de la violence et de la dimension meurtrière du conflit a sans doute été négligé dans les premières
années du conflit. La loi de janvier 1916 étend la conscription au fur et à mesure du temps, et en 1918, la limite de
recrutement est fixé à 51 ans, preuve que les soldats sont de plus en plus compliqués à trouver. Elle est prolongée
jusqu’en 1920, pour permettre de faire face aux troubles dans l’Empire à l’issu de la guerre. Cette conscription aura
permis de lever entre 2,5 et 3M d’hommes, et le conflit aura quant à lui causé la mort d’environ 900 000 Anglais.

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