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DESJARS Louise TD1 L3HSP – Histoire contemporaine

Commentaire de texte : Les principes défendus par Guizot sur l’école primaire (1833)
François Guizot, Mémoires, Paris, 1860, p.61

« L’instruction populaire fondée en droit comme en fait, permet la justice envers les peuples et
montre une nécessité pour la société ». Cette citation, qui reprend les paroles de François Guizot, par J. De
Crozal, dans son ouvrage Guizot, montre que la question de l’instruction pour le ministre est quelque chose
qui concerne la société tout entière, à toutes les strates, et qui est une nécessité pour la prospérité d’un État.
François Guizot est un homme d’État français, né en 1787 et mort en 1836. Il exerce tour à tour des
fonctions telles que secrétaire général, conseiller d’état, ou encore directeur de l’administration
départementale et communale (qui lui apportent une connaissance parfaite de l’administration française). Il
défend une législation libérale, à l’encontre de personnage comme Richelieu. Cependant, il est contre
l’évolution démocratique du régime, et se révèle être un personnage ambivalent, tant sur le plan politique
que social. Il soutient le parti de la Résistance et s’illustre en tant que ministre de l’instruction, entre 1832 et
1837. C’est un conservateur, particulièrement influent lors de la Monarchie de Juillet. Cette période est
considérée comme une situation politique inédite, « un moment de l’histoire » selon Pierre Rosenvallon. La
France connait à cette période, une tentative de gouvernement par la raison, avec un Roi au pouvoir, mais un
système qui reste définitivement constitutionnel, bien que le suffrage soit absent. La politique de Guizot est
fortement marquée par son rationalisme, ainsi que par ses qualités d’historien. En effet, il est depuis 1812
professeur d’histoire moderne à la faculté des Lettres de Paris, et est considéré par beaucoup comme un des plus
grands professeurs d’histoire du XIXème siècle. Depuis 1815, il s’impose comme un des principaux acteurs des
réformes au sujet de l’instruction. Il participe notamment à la rédaction de l’ordonnance royale relative à la
réforme de l’instruction publique. Elle est cependant impossible à mettre en place. Pour lui, l’instruction publique
est indispensable au maintien d’une société pacifiée et unie. Il a pour objectif de remanier l’enseignement primaire,
oublié depuis la fin de l’Ancien Régime, de mettre en place l’Article 69 de la Charte de 1830. Il travaille donc sur
un projet de loi, de cinq titres et 25 articles, qu’il présente à la Chambre des députés. Elle est bien accueillie, et finit
par être adoptée le 3, puis le 18 mai 1833. Le texte que nous allons étudier est issu des mémoires de François
Guizot, publié en 1860. Elles ont pour objectif de « servir à l’histoire de son temps », toujours dans une démarche
historiographique et politique. Le texte s’intéresse à l’école primaire (nous n’allons donc pas traiter le niveau
secondaire et spécial), et Guizot y aborde la notion d’obligation, de liberté et de gratuité de l’instruction. C’est un
texte riche, puisqu’écrit par l’homme à l’initiative de la loi de 1833, qui est une étape décisive dans l’instruction en
France. Guizot œuvre toute sa vie pour « le bien de l’instruction publique », et il est appuyé par sa femme, Pauline
de Meulan, elle aussi très investie sur la question. L’objectif premier de son action est la diffusion de l’éducation
primaire, à tous les niveaux de la société. Il intègre dans sa pensée, des notions politiques, religieuses et même
philosophique, et défend avec ardeur ses projets de réforme Sa loi est l’aboutissement de compromis nécessaire
entre politique et Église, qui pourrait expliquer le succès et l’importance qu’elle a eue de 1833, jusqu’à aujourd’hui.

Nous allons donc nous demander LMainte

Dans un premier temps nous verrons le rôle de l’État et de l’Église, en tant qu’acteurs principaux de l’instruction
primaire. Ensuite nous verrons les limites posées par Guizot dans ses mémoires, et nous termineront par l’idée de
Guizot, qui est celle de former une civilisation, unie et pacifiée.

I. L’instruction par l’État : l’Église entre surveillance et coopération


A. Une initiative étatique nécessaire, mettre en place la liberté d’instruction

« Après la question de l’instruction primaire obligatoire, venait celle de l’instruction primaire libre (…) la Charte
avait promis la liberté de l’enseignement »
« L’action de l’État y est indispensable »

Pour Guizot, l’action de l’État est décisive dans l’éducation nationale afin de propager des doctrines
universelles et maintenir des bonnes mœurs. Cela avait été un échec en 1815, car le contexte empêchait de mettre
en place un système aussi universel. « L’État donne à l’éducation et l’instruction à ceux qui n’en recevraient point
sans lui, et se charge de le procurer à ceux qui voudraient le recevoir de lui  ». Il est donc l’acteur central de la
réforme et doit en être le principal administrateur.
On parle d’une administration légère concernant l’instruction. Une 20aine de fonctionnaires, avec des aides de
Rémusat ou encore Paul Lorrain. Il est nécessaire pour lui que les membres de cette administration soient en bon
terme, et que les liens soient forts et de confiance, afin de réaliser le système le plus compétent possible.
Il existe désormais des comités de surveillance, à tous les niveaux administratifs. Ces derniers sont essentiels pour
maintenir une cohérence au niveau national, et assurer le bon développement de l’instruction.
L’État devient donc, un garant de l’instruction, au niveau national. Il encourage le progrès, le développement des
esprits. Guizot agit dans la lignée de ses prédécesseurs : Talleyrand, Condorcet ou encore Napoléon Bonaparte. Il
n’exprime aucune volonté de rupture nette, mais souhaite au contraire poursuivre le processus d’instruction à un
niveau plus grand.

B. Un soutien de l’Église nécessaire, qui demande cependant un contrôle

« La forte indépendance mutuelle de pouvoir temporel et spirituel s’accommoderait mal de cette action coercitive
de l’État dans l’intérieur de la famille »
Parle à beaucoup de reprises de l’Église, sans pour énoncer clairement son rôle

Guizot s’est opposé fermement aux idées de la Chambre introuvable qui souhaitait un contrôle strict du
clergé sur l’enseignement.
La religion et la morale doivent être au service d’un « gouvernement des esprits ». En effet, depuis le Concordat de
1802 qui redessinait les liens entre État et Église, Guizot maintient que le soutien de cette dernière est essentiel. En
effet, il y a en France, une montée de l’anticléricalisme dont il faut tenir compte. L’appui de l’Église permet
également de lutter contre ceux que l’on nomme les contre-révolutionnaires, mais également les Révolutionnaires.
Les convictions politiques et morales de l’Église lui sont chères.
Guizot souhaite une complémentarité et en concurrence entre État et Église. L’école doit offrir une instruction
morale et religieuse (nous reviendront sur cela après). Il y a donc la présence d’un curé dans les comités de
surveillance, mais ses compétences sont très réduites. En effet, pour Guizot, il vaut mieux ne pas affronter
directement l’Église. Sa politique est pragmatique, et cherche un consensus, pour mener au mieux une réforme qui
engloberait toutes ses convictions (énumérées dans le texte).
La place de l’Église dans l’éducation est un des uniques débats qui se pose lors de ses réflexions sur l’instruction
publique.

C. La concurrence privée et public permettrait un meilleur développement de l’instruction

« Personne ne songeait à vouloir que l’instruction primaire fût complètement livrée à l’industrie particulière,
évidemment incapable d’y suffire et peu tentée de l’entreprendre »
« La libre concurrence entre les États et les particuliers, les écoles privées ouvertes à côté des écoles privées »

Guizot sait que l’instruction publique et privée doivent cohabiter. Les deux doivent être libres (l’école
privée doit cependant être détentrice d’un certificat de moralité). De plus, Guizot apporte un soutien matériel et
moral aux associations religieuses, catholiques et protestantes, qu’il juge nécessaire au bon développement de
l’instruction primaire. Il ne se limite donc pas à une logique dominée uniquement par l’État, mais souhaite une
véritable cohabitation entre public et privé. On voit encore une fois le grand pragmatisme de Guizot, qui cherche à
trouver des compromis entre tous les acteurs, afin de mener au mieux sont projet. Les relations doivent être
pacifiées et solides.
Ainsi, il abandonne le monopole de l’État sur l’instruction (Victor Hugo est d’accord avec lui), mais ce n’est pas
pour autant qu’il ne doit pas y avoir de contrôle de sa part. S’il y a de la concurrence, le niveau s’élève
naturellement. C’est à ce moment-là que « l’instruction sera vraiment publique ».

Nous avons vu dans cette première partie, l’aspect administratif, ainsi que les relations parfois ambiguë entre
État et Église dans le projet d’éducation de Guizot. Dans cette seconde partie, nous allons voir les limites que pose
l’instruction primaire à François Guizot, et qu’il énumère dans son texte. De plus, il compare longuement le
système français à celui des autres pays européens, afin d’expliquer son pragmatisme.

II. Une école gratuite et obligatoire : des principes impossibles pour Guizot
A. Une comparaison nécessaire avec les autres systèmes européens
Pour commencer, Guizot cite la réforme du XVIème siècle. Elle est fortement liée à la réforme protestante,
et donne la responsabilité de l’instruction à l’État. Elle permet également la diffusion de manuels scolaire. Elle se
diffuse principalement en Allemagne et prouve une première avancée dans le système de l’instruction au niveau
Européen. Guizot étant protestant, on ne sait pas si cela a pu l’influencer, mais il souhaite la même chose en
France. Cependant, il pose, pour la première fois, la première fois la limite de la gratuité.

« Ainsi que cela se pratique en Prusse et dans la plupart des États d’Allemagne » (l’obligation)

Le principe de l’obligation existe en Prusse. Guizot a demandé à faire un rapport sur la situation dans le
pays, mais il en conclu qu’en France cela n’est pas tenable. Aux États-Unis, la première école publique, gratuite et
obligatoire a été ouverte en 1832, un an avant la rédaction de ce texte. « Elle prospère aux États-Unis
d’Amérique »
Cependant, Guizot n’est pas convaincu que la France soit en phase d’accepter de telles réformes. Il souhaite y aller
doucement, en faisant preuve de pragmatisme et en usant de compromis. Cependant, il défend en partie les
systèmes européens, en écrivant « Acceptée par le sentiment national ». L’instruction est un processus, est Guizot
souhaite ne pas aller trop vite, pour l’établir durablement dans le temps et le rendre stable. Quinze ans plus tard,
Jules Ferry pousse les barrières, pour rendre l’école gratuite, laïque et obligatoire.

(L’école n’est pas accessible aux jeunes filles, et le débat ne se pose même pas (du moins au niveau communal))

B. Les limites françaises : maitriser l’instruction au niveau national et ne pas entrer dans le
domaine de « l’éducation »

« Elle n’existe guère que chez les peuples jusqu’ici peu exigeants en fait de liberté »
« Des prescriptions et des recherches inquisitoriales odieuses à tenter, et presque impossible à obtenir  (…) La
Convention nationale le tenta (…) celle-là du moins demeura sans effet »

Guizot ne retient pas le principe d’obligation, car pour lui c’est quelque chose d’impossible à mettre en
place. Cependant, il réalise tout de même un recensement des enfants qui n’ont pas accès à l’instruction. Il n’y est
pas contraire, c’est seulement encore impossible à organiser selon lui. Cependant, il est obligatoire d’ouvrir des
établissements publics partout en France. Ainsi, plus de 33 400 écoles existent en 1833. Il fait ainsi de l’instruction
primaire une institution permanente. Il concrétise donc l’Article 69 de la Charte de 1830.

« Personne ne propose de la commander aux parents absolument par la loi ». « La première (question) … Fut la
question de savoir s’il fallait faire de l’instruction primaire pour tous les enfants, une obligation absolue, imposée
par la loi à tous les parents ».

Guizot distingue très fortement ordre privé qui est l’éduction, de l’instruction qui est de l’ordre public. Il
souhaite généraliser l’éducation pour permettre de développer une « civilisation ». C’est une idée totalement
nouvelle sur le plan politique. L’école doit créer un savoir général, dans un champ encyclopédique mais pas que
(nous y reviendront). Il dit « Créer l’homme en tant qu’homme ». C’est réellement la création d’un espace public,
en dehors de la sphère privée.
La famille a un droit naturel sur l’éducation, mais il faut qu’instruction et éducation coopèrent ensembles. Pour lui,
il est nécessaire de lutter contre les inégalités de diffusion du savoir, et c’est pour cela que la coopération est
nécessaire. Cependant, il cherche encore une fois le compromis. Il ne souhaite pas imposer par la législation,
l’obligation de l’instruction, même s’il le recommande vivement.

C. Le rôle du corps enseignant et la gratuité, une notion essentielle pour Guizot

« Dans les écoles publiques, l’instruction primaire serait-elle absolument gratuite et réellement donnée par l’État
à tous les enfants du pays ? »
« L’Assemblée constituante avait décrété qu’il serait créé et organisé une instruction publique commune à tous les
citoyens, gratuite (…) La Convention nationale, en maintenant ce principe avait fixé à 1 200 livres le minimum du
traitement des instituteurs »

L’action directe de la loi Guizot et de faire des instituteurs des fonctionnaires publics, institués par des
ministres. Encore une fois, on voit que l’État est un garant direct de l’instruction primaire, puisqu’il nomme les
enseignants.
Le circulaire de Rémusat de 1833 vient préciser les moyens et les missions que devront réaliser les instituteurs. Il
crée également les premiers Asiles pour enfants (début des maternelles).
Les instituteurs ont désormais un rôle fondateur dans l’éducation, et ont pour devoir de connaitre cette « charte de
l’éducation ».

« L’État doit offrir l’instruction primaire à toutes les familles et la donner à celles qui ne pourraient pas la
payer »
« Aussi peu fondées en droit qu’impossible à réaliser »

L’école n’est pas gratuite, cependant les plus démunis peuvent bénéficier de l’enseignement et de manuels
gratuits. Guizot s’attèle également à la création d’un Manuel Général de l’Instruction primaire. Il diffuse
gratuitement ces manuels, pour ceux qui n’ont pas les moyens de les payer (notamment avec l’aide de Hachette).
On leur dispense le contenu minimum des enseignements.
Les moyens sont augmentés afin de garantir un enseignement de qualité, auquel tout le monde pourra accéder. On
passe de 7,8 M de livres en 1832 à 12,4M en 1835.
Un projet de semi-gratuité par la redistribution avait également émergé sous la Restauration avec le ministre
Vatimesnil, mais cela n’avait pas été mis en place. Guizot souhaite cette fois que cela puisse être en partie possible.

III. Former et développer la civilisation, une idée centrale dans le programme de Guizot
A. Une vision libérale prônée par Guizot : créer un citoyen

« C’était la tout ce que demandait les libéraux les plus exigeants »


Parle d’une « sentiment national », même si ça ne concerne pas la France, c’est une notion essentielle pour lui

L’éducation permet d’établit une communauté d’opinion et de sentiment, qui admet de renforcer le lien
entre les individus. Il faut faire en sorte que la société gouverne par la raison. Cependant, il ne peut pas créer un
sentiment public, il peut uniquement réunir les conditions favorables à cela. Le XIXème siècle est en effet une
période où l’amour de la patrie est essentiel. Cette notion est issue de la Révolution Française, sans pour autant
qu’il faille tomber dans le nationalisme pur et dur.
L’école doit transmettre la culture, dans cette mesure elle s’élève en véritable magistrature. Elle fait «  l’homme
avant le citoyen et le citoyen avant le travailleur ». C’est essentiel pour que le citoyen puisse plus tard réussir dans
la vie. Il s’oppose d’ailleurs à toute élargissement du droit de vote, car pour lui, il est nécessaire d’acquérir ce droit,
qui passe en partie par une instruction. Cela permet de choisir des bons représentants, pour le bien de la vie
politique.
Ce qui gouvernent le mieux sont les bourgeois. Il est nécessaire d’acquérir, avec l’instruction, une bonne
intercompréhension entre ce qui sont au pouvoir, avec ceux qui sont gouvernés. La base de savoir doit être
commune. Pierre Rosenvallon parle de « gouvernement des esprits ». « L’État est en effet appréhendé comme un
agent de mise en forme du social, d’institution de la société. La tâche d’unification qu’il doit se fixer est perçue
comme directement lié au développement de la liberté ». Cela signifie qu’il faut améliorer les rapports entre
citoyens, limiter les séparations, pour faire des hommes dont l’État a besoin. L’école en est le meilleur
apprentissage.

B. Maintenir l’ordre social par la morale et la raison, un lent processus

« L’instruction populaire est de nos jours en Angleterre, de la part des pouvoirs nationaux et municipaux, comme
de simples citoyens l’objet d’un zélé et persévérant effort »
« Il fait plus pour la vie morale des peuples qu’il ne peut faire pour leur condition matérielle  » (en parlant de
l’État)

Le lien avec la religion est également essentiel pour Guizot. Il faut élever les enfants dans une atmosphère
religieuse, ou la morale serait au premier plan. Il faut lier le développement politique et moral des enfants pour
garantir une stabilité politique et sociale.
Cependant, la question du culte n’est pas forcément claire. Guizot n’a pas une vision uniquement théologique et
confessionnelle. Il va au-delà et souhaite, par la religion, inculquer l’ordre, l’obéissance, … Il détache tout cela de
l’aspect politique. La religion ne doit pas diriger les esprits. Elle doit être un moyen de connaissance de soi, mais
également permettre de développer des compétences qui doit tourner les esprits vers ce qu’est le vrai.
Quelques divisions émergent, notamment sur le rôle d’un ministre de culte au sein des comités de
surveillance. En effet, les députés sont plutôt réticents à cela. Mais, pour Guizot, il vaut mieux avoir un contrôle
direct sur ces derniers, plutôt qu’ils aillent créer des écoles rivales, et donc, empêcher ces liens de coopérations
entre citoyens, si chers à ses yeux. De plus les anticléricaux craignent une trop grande intervention de l’Église.

C. Guizot, un historien éclairé plus qu’un simple politique

« C’est le caractère et l’honneur des peuples libres d’être à la fois confiants et patients, de compter sur l’empire
de la raison éclairée de l’intérêt bien entendu »

Guizot agit en véritable professeur d’histoire. Il s’informe du passé, du présent, de l’étranger. Il dresse des
études très précises, énonce des questions pour y trouver ensuite des solutions durables dans le temps. Est-ce là la
véritable clé de son succès ? il est difficile de le dire. L’école est pour lui un « processus de civilisation », qui
instruit sur l’art d’être citoyen.
Pour Guizot « Il faut former des hommes qui, par leurs Lumières et leurs vertus puissent rendent à la
société les utiles leçons et les sages exemples qu’ils ont reçus de leurs maitres ». Pour Guizot l’ignorance rend le
Peuple turbulent et féroce. L’éducation permet d’établit une communauté d’opinion et de sentiment, qui permet de
renforcer le lien entre les individus.
L’ordre social doit être au moyen de l’instruction, et c’est ici l’un de ses principaux combats. Rémusat se range de
son côté en disant « la liberté n’est assurée et régulière que chez un Peuple assez éclairé pour écouter en toute
circonstance la vois de la raison ». Il y a donc un véritable héritage des Lumières. L’instruction est un moyen de
stabilité sociale, qui permet de garantir la durabilité d’un régime. Cela engage également un sentiment de paix et de
Concorde. Cela permettrait également un mouvement ascension de la société. Évidemment il faut relativiser la
pensée de Guizot, puisque malgré les fortes progressions de l’instruction primaire, les systèmes politiques restent
instables.

Guizot est peu à peu écarté du pouvoir par Molé et le Roi, sa politique considérée comme trop immobile.
Son œuvre est cependant regardée comme décisive, principalement dans le secteur de l’instruction, qu’il rend
publique et libre. François Guizot a toujours souhaité laisser son empreinte dans l’histoire française, et a réussi,
avec ses idées, à instaurer les bases de ce qu’est l’éducation que nous connaissons aujourd’hui. Son texte, rédigé en
1833, que nous venons d’étudier, permet de comprendre les avancées, les freins, mais également les facteurs, qui
ont permis à l’instruction de devenir efficace, libre et publique. Cependant, on reproche souvent à Guizot de ne pas
avoir assez adapté sa pensée à la société changeante, et de ne pas avoir réalisé des réformes suffisamment
structurelles. Sa réforme touche cependant toutes les parties de la société, en passant de la politique en religieux,
tout en abordant des idées plus philosophiques et historiques. François Guizot souhaite créer un citoyen, un homme
capable de voter, d’élire des représentants. Cependant, il faut limiter quelque peu ses propos. Guizot n’estime pas
que tout le monde est capable d’exercer un droit politique. Il souhaite simplement que la société soit tirée vers le
haut et prospère, dans un contexte de Révolution Industrielle, et de domination de l’Angleterre sur l’Europe. Jules
Ferry, quelques années après, reprendra en grande part son projet, pour le pousser encore plus loin, et rendre l’école
gratuite, laïque et obligatoire, pour tous les enfants français.

Bibliographie

BILLARD Jacques, De l’école à la République, Guizot et Victor Cousin, Presse Universitaire, 1998
CROZALS Jacques de, Guizot, Société française d’imprimerie et de librairie, 1901
GUIZOT François, L’instruction publique en France, 1816, Paris
LEBOYER Olivia, Singularités de la pensée libérale dans le domaine de l’éducation, le Philosophoire, 2011
RÉMUSAT Charles de, Circulaire du ministre de l’Instruction publique aux instituteurs, relative à la promulgation
de la loi loi du 28 juin 1833
ROSENVALLON Pierre, Le moment Guizot, Gallimard 1985
THEIS Laurent, François Guizot ministre de l’Instruction publique

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