Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
par plusieurs sur la toile, reste à mon sens une chance incommensurable pour notre
jeunesse, et notre pays.
D’aucuns se mettent d’ores et déjà à juger, à prospecter sur les “dérives futures”, sur
les “passe-droit” qui seront accordés aux uns contre les autres, etc.
Mon combat politique a toujours été celui de la mixité sociale, notre société se divise
dangereusement depuis quelques années, et risque de se retrouver, plus vite que ce
qu’on pense, scindée non seulement en plusieurs classes, mais en plusieurs
dimensions, qui se touchent mais ne se voient pas, sans plus rien partager.
Le service militaire obligatoire annoncé sera l’occasion de créer une véritable mixité
sociale entre jeunes marocains, et ceux qui ne se croisent plus se retrouveront dans
une et même chambrée, ou une unité; iront en mission ensemble et vivront au
quotidien la difficulté d’être un défenseur de la nation.
Aussi, avoir l’occasion de défendre son pays est un honneur, et nul ne devrait en être
privé. Dans le monde, plusieurs pays, mêmes les plus développés, maintiennent un
service militaire obligatoire pour les jeunes, il s’agit là d’une école de la citoyenneté,
une école de respect et une école de valeurs.
A ceux qui rétorqueront que l’école doit être notre priorité, je réponds assurément,
l’une ne doit en aucun cas occulter l’autre.
Il est officiel et il vient d’être adopté ce lundi 20 août par le Conseil de gouvernement en attendant le
Conseil des ministres qui se tient aujourd'hui même sous la présidence du roi Mohammed VI. Ce sera
le début de son introduction pour adoption dans les deux chambres du Parlement. Et ce sera une
révolution qui, le hasard n'existant pas, tombe le jour de la célébration par le Maroc de la Révolution
du roi du peuple, marquant la réaction unanime des Marocains contre la décision de l'occupant
français d'exiler feu Mohammed V et la famille royale.
- Un principe constitutionnel
De par le timing, et ne figurant ni dans le programme gouvernemental voté au moment de la montée
au pouvoir de l'équipe El Othmani, ni dans le plan 2018-2019 de l'Exécutif, et encore moins dans la
lettre de cadrage de la loi des Finances 2018, la mesure a de quoi surprendre. D'autant plus que le
précédant régime de service militaire, instauré en 1966, a été aboli sine die. "N'empêche qu'une telle
option figure noir sur blanc dans la Constitution de 2011, tout comme elle a toujours été précisée
dans toutes les constitution du Maroc depuis 1962", nous précise le politologue Mustapha Sehimi.
Dans son article 38, la loi suprême indique en effet que "Tous les citoyens et les citoyennes
contribuent à la défense de la patrie et de son intégrité territoriale contre toute agression ou
menace". Les préparer à cette fin n'est donc que pure logique.
- Eduquer-former...
D'après les premiers éléments, le nouveau service militaire au Maroc ne devrait aucunement se
limiter aux seules techniques de l'armée, mais s'élargir à bien d'autres domaines… civils. Nous
sommes ainsi dans une logique d'éducation aux valeurs citoyennes, mais aussi de formation
professionnelle et technique, doublées de ces soft skills ô combien nécessaires à une insertion réussie
dans la vie active. "Il me semble que nous nous acheminons ainsi vers un mix entre le service
militaire et le service civil, l'objectif n'étant autre que social. Ceci, dans la mesure où la finalité est
d'offrir aux jeunes des formations supplémentaires dans un cadre où la rigueur est loi. Il s'agit ainsi
d'un creuset visant également à inculquer les sens de la discipline, de l'abnégation et de
l'organisation. Pour cela, l'armée est un cadre structurant, voire institutionnel", souligne Sehimi.
Si le rétablissement du service militaire obligatoire pour les hommes et les femmes, âgés de 19 à 25
ans, est une mesure qui est largement saluée, il n’en demeure pas moins qu’elle fera face aux défis
mêmes inhérents à son ambition. Le coût d’un tel dispositif sera très probablement assumé par les
FAR et nécessitera des ponctions dans le budget de l’Etat. Sans parler des défis logistiques et le
nombre d’instructeurs censés encadrer les jeunes. Notre vaillante armée a été confrontée à d’autres
défis et elle a toujours réussi à les relever.
Certains y voient une mesure pour « dompter » les jeunes et contrecarrer les
mouvements de protestation, d’autres une façon d’encadrer une jeunesse
oubliée du développement: au Maroc, le rétablissement du service militaire
obligatoire divise.
Le service militaire obligatoire avait été instauré en 1966 –il était alors facultatif
pour les filles ;