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les Jeunes avec Macron

RAPPORT d’enquête
et de propositions

La prostitution des mineurs,


réelle exploitation sexuelle

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RAPPORT D’ENQUÊTE ET DE PROPOSITIONS
La prostitution des mineurs, réelle exploitation sexuelle

Établi par :

Aymeric Provost
Chargé de mission sur la Protection de l’enfance

et son groupe de travail :

Clara Buti Hugo Moranne


Robin Massot Ines Racineux
Julie Delage Hugo Lemaitre
Imene Belkaid Jenna Bendaho

sous la direction de :

Ambroise Méjean, Simon Pecnard,


Délégué général des Jeunes Délégué général adjoint,
Avec Macron Chargé des idées

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TABLE DES MATIÈRES

1 - Propos introduction - p.4


2 - Nos propositions - p.5

CHAPITRE 1 - p.5
La formation et la sensibilisation : prévenir et repérer l’exploitation
sexuelle sur mineurs
CHAPITRE 2 - p.9
Protection judiciaire et procédure pénale : lever l’impunité des
auteurs et replacer la victime au coeur de l’action judiciaire
CHAPITRE 3 - p.14
Le proxénétisme hôtelier : responsabiliser et mettre fin à la mise sous
silence de l’exploitation sexuelle sur mineurs
CHAPITRE 4 - p.16
Politique de l’Aide Sociale à l’Enfance : contrôler, réguler, protéger
pour briser les disparités territoriales
CHAPITRE 5 - p.18
Accompagnement et reconstruction : réhabiliter la victime et lui
assurer un avenir socio-professionnel
CHAPITRE 6 - p.21
Politique publique et institutionnelle : pour que l’exploitation
sexuelle devienne une priorité nationale

3 - Consultation - p.23
4 - Récapitulatif de nos propositions - p.25
5- Remerciements - p.26

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1- Propos introductif
Pendant 6 mois, le groupe de travail de la protection de l’enfance des Jeunes Avec Macron a souhaité
s’intéresser à une thématique complexe, trop souvent méconnue et délaissée : la prostitution des
mineurs.

On qualifie de prostitution tout rapport de nature sexuelle en échange d’une rémunération, d’une
promesse de rémunération, d’un avantage en nature ou de la promesse d’un tel avantage. Avoir recours
à la prostitution des mineurs ou en tirer profit est formellement interdit. Ce phénomène se caractérise
aujourd’hui comme une véritable exploitation sexuelle compte tenu des violences corporelles et
psychologiques que les victimes subissent.

En raison d’un traumatisme passé et d’une envie ou besoin de rébellion, de liberté et d’affirmation,
nombre de mineurs tombent dans les mailles de ces réseaux. Manipulés par leurs proxénètes avec qui
ils ont très souvent des relations intimes, ils ne perçoivent qu’une infime partie du profit tiré de leur
calvaire et dépendent de leurs gourous.

Malnutrition, alcool, drogues, logements insalubres, rythment leur quotidien inhumain. Pourtant, un
nombre conséquent de victimes ne se considèrent pas comme telles. La prostitution des mineurs doit
donc être impérativement reconue comme une exploitation sexuelle et les prostitués comme exploités.

La loi du 4 mars 2002, interdit sur l’ensemble du territoire la prostitution des mineurs et les victimes
qui s’y livrent, même occasionnellement, sont réputées en danger. Cependant, le phénomène a explosé
en France et touche désormais des victimes provenant de tout milieu social.

Même si nous ne disposons pas d’étude précise et récente, les associations estiment que 6 000 à 10
000 mineurs français se prostituent chaque année. Pour protéger ces jeunes et leurs familles, il est
nécessaire de construire, tous ensemble, une politique de répression, de protection et de sensibilisation
à l’échelle du pays.

C’est du moins, le sens de nos 28 propositions. Elles appellent à la fois le gouvernement, les
établissements scolaires, les institutions locales à agir avec force tout en sensibilisant et prévenant
massivement la population, et notamment les plus jeunes. La lutte contre l’exploitation sexuelle des
mineurs doit devenir une priorité nationale.

Aymeric Provost
Chargé de mission

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2 - Nos propositions

Chapitre 1. La formation et la sensibilisation : prévenir et repérer


l’exploitation sexuelle des mineurs

L’exploitation sexuelle des mineurs demeure un sujet extrêmement tabou. Il est essentiel de mener
une grande campagne de sensibilisation et de prévention adressée à un large public. En sus, tous les
professionnels de la protection de l’enfance ainsi que ceux chargés de l’éducation de notre jeunesse
doivent être formés à cette problématique afin de repérer et accompagner les potentielles victimes.

Nécessairement, les mineurs devront être éduqués sur leur corps et leurs droits dès le plus jeune âge
via un programme adapté et continu dans l’objectif de mettre l’accent sur la gravité, les conséquences
et risques de la prostitution. Cette mise sous silence doit cesser et chacun doit prendre conscience de
la réalité de ce fléau.

Déployer et instaurer des cours d’éducation au corps et à la santé


sur l’ensemble du territoire

Par manque de connaissance sur le sujet et de sensibilisation, par naïveté due à leur âge, les mineurs
victimes tombent trop facilement dans les réseaux de proxénétisme. A cet âge, les adolescents ont besoin
qu’on leur apporte les clefs pour prendre du recul sur le monde et ainsi acquérir des comportements
sûrs vis -à -vis de leur sexualité et de leurs relations.

• L’objectif est de faire réaliser la véracité et l’ampleur du fléau aux jeunes afin que, par la prévention
et la formation, ils deviennent armés contre celui-ci.

Une information sur les réalités de la prostitution et les dangers de la marchandisation du corps est déjà
dispensée selon l’article L312-17-1-1 du Code de l’Éducation. Il s’agit de le compléter.

• L’article L312-17-1-1 est complété et ainsi rédigé :

“Une information complète sur les réalités de la prostitution, les dangers et conséquences personnelles
de la marchandisation du corps est dispensée obligatoirement dans les établissements secondaires,
par groupes d’âges homogènes. Sont également abordés les définitions de la prostitution sous toutes
ses formes, les dangers des réseaux sociaux ou encore les rappels à la loi.”

• Aujourd’hui, le code de l’Education (article L312-16) stipule que les établissements ont la possibilité
de réaliser trois cours relatifs à la sexualité par an. Réalisés le plus souvent par des associations, il
existe de grandes disparités autant sur la forme que le fond sur notre territoire. Datant de 2001 et
modifiés en 2016, ces cours peuvent paraître obsolètes pour les jeunes d’aujourd’hui (cf. consultation).

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Au-delà d’un cours purement technique d’éducation à la sexualité (IST, contraception, IVG…), il serait
pertinent de parler, entre autres, du consentement, de l’égalité femme/homme, de sensibiliser à la
pornographie et à l’exploitation sexuelle des mineurs.

• L’article L312-16 de la section 9 du Code de l’Éducation est ainsi modifié :

“Une information et une éducation au corps et à la santé sont dispensées de manière obligatoire dans
les écoles, les collèges et les lycées à raison d’au moins quatre séances annuelles et par groupes d’âge
homogène.”

• Le terme « sexualité » peut effrayer les petits comme les grands. Ces cours pourraient s’appeler
désormais : éducation au corps et à la santé (au lieu de cours d’éducation à la santé et à la sexualité).

Ainsi, grâce à l’aide d’experts auditionnés, nous proposons la création d’un programme précis pour les
établissements scolaires afin de dispenser les cours d’éducation au corps et à la santé. Celui-ci évitera
les grandes disparités d’apprentissage.

• De l’accompagnement relationnel aux violences sexuelles, en passant par la vie affective et l’hygiène
corporelle, ces cours seront dispensés dès la sixième jusqu’en classe de terminale.

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Établir des dispositifs de formations pour tous les acteurs
professionnels

Les professionnels au contact de mineurs ne possèdent pas les outils nécessaires au repérage, à
l’accompagnement, et au suivi des victimes.

Nous proposons de créer des mallettes à la disposition des professionnels (éducation nationale, forces
de l’ordre, personnel de l’ASE, membre de l’institution judiciaire, etc.) qui le souhaitent pour répondre à
leurs besoins. Ces mallettes seraient rédigées en concertation avec le gouvernement, des associations,
l’aide sociale à l’enfance et le conseil national de la protection de l’enfance.

Parallèlement à cela, nous proposons de mettre en place des modules de formations obligatoires et de
« repenser » les formations initiales relatives à la protection des mineurs.

1. Le corps éducatif du second degré

Peu formés et parfois peu à l’aise, les enseignants ne dispensent que très rarement les cours “d’éducation
sexuelle” (au-delà du programme de SVT), et n’ont pas les outils nécessaires pour le faire. Afin de
généraliser la mise en place de l’éducation au corps et à la santé et afin d’assurer le programme clé
en main que nous proposons, de nouvelles formations devraient voir le jour.

• Les membres volontaires d’une équipe pédagogique, ou le personnel socio-médical d’un établissement
souhaitant dispenser ces cours seraient obligatoirement formés tous les deux ans. Ce module durerait
une semaine et inclurait, en plus des cours aux programmes, quatre modules supplémentaires :

• Sensibiliser
• Développer un climat de confiance et inclusif
• Favoriser l’interactivité et le débat
• Comprendre la sexualité sous toutes ses formes

Bien évidemment, ces cours pourraient également être dispensés par des professionnels.

• Nous préconisons également que les chefs d’établissements du second degré soient obligatoirement
formés à l’exploitation sexuelle sur mineurs sur demande du Ministre de l’Éducation nationale et de
la Jeunesse.

• Cette formation aura pour vocation d’enseigner les notions de base (repérage des premiers signes,
signalements, compréhension des conséquences, libération de la parole et cadre légal), et ses acquis
seront contrôlés tous les 4 ans. Grâce à cette formation, les équipes pédagogiques seront à même
d’orienter et d’accompagner les parents des victimes.

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• Nous souhaiterions aussi que les futurs enseignants et conseillers principaux d’éducation soient
formés et sensibilisés directement lors de leur master MEEF (Métiers de l’Enseignement, de l’Éducation
et de la Formation) afin que ceux-ci soient préparés à repérer et signaler les comportements prés-
prostitutionnels ou prostitutionnels.

2. Le corps social

• Nous préconisons de sensibiliser et former directement les futurs assistantes sociales et éducateurs
spécialisés lors de leur DUT en Carrières sociales. Y seront notamment abordés le repérage des signaux
faibles, le cadre légal lié à la prostitution des mineurs et au proxénétisme, ainsi que l’accompagnement
psychologique, social et éducatif nécessaire à la victime.

Ces cours sur l’exploitation sexuelle des mineurs seront mis en place par une ordonnance du Ministère
de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

3. Le corps judiciaire

• Nous proposons que l’ensemble des magistrats susceptibles de juger des affaires liées aux victimes
mineurs soient formés obligatoirement à l’exploitation sexuelle.

• Ils seront formés durant leur carrière, via la mise en place d’une session de formation d’une durée de
5 jours à caractère obligatoire. Elle sera organisée par la sous-direction de la formation continue de
l’ENM. Y seront notamment évoqués les nouvelles formes de prostitution, les causes et mécanismes
qui poussent un mineur à la prostitution ainsi que les traumatismes qui découlent de cette exploitation.

Le Garde des Sceaux pourra rendre cette formation obligatoire via circulaire.

Lancer une grande campagne de communication et d’information à


destination du grand public

Il est impératif de sensibiliser le plus large public possible, de lui faire prendre conscience de l’existence
de ce fléau et de le responsabiliser.

• La campagne de communication devrait s’étendre sur tous les modèles de diffusion possibles
(télévision, radio, presse écrite, affiches, réseaux sociaux,…) afin de toucher toute la population. La
distribution massive des affiches de la campagne serait mise en place dans les écoles, dans les foyers
et au sein des collectivités.

• À l’image de certains spots de prévention pour la sécurité routière, nous souhaiterions que cette
campagne de communication puisse sensibiliser en choquant le grand public.

De plus, pour éviter et prévenir du pire, nous proposons de sensibiliser les plus jeunes de manière
pédagogique, via la distribution d’un fascicule à partir de la classe de quatrième.

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• À l’aide de témoignages, de questions/réponses et d’activités ludiques, le fascicule permettra de
s’émanciper des idées préconçues et de sortir des clichés qui entourent l’exploitation sexuelle des
mineurs.

• Réalisé, là encore, par des professionnels et le Ministère de l’Education nationale, il définira


l’exploitation sexuelle, rappellera les droits, les aides des victimes (numéros d’écoute, loi, dispositions
départementales de l’ASE…) et les cours dispensés au sein des établissements.

Chapitre 2. Protection judiciaire et procédure pénale : lever l’impunité des


auteurs et replacer la victime au coeur de l’action judiciaire

Nous estimons que la lutte contre la prostitution des mineurs passe notamment par la responsabilisation
indéniable des proxénètes et des clients. Une meilleure action et formation des forces de l’ordre et une
modification de la loi s’impose donc afin de prévenir le recrutement, protéger les victimes, les replacer
au cœur de l’action judiciaire et de sanctionner justement les coupables en évitant la récidive.

Qualifier l’exploitation sexuelle sur mineur dans le code pénal

Interdite en France, la prostitution des mineurs s’apparente à une réelle exploitation sexuelle et doit
donc être définie comme telle dans les textes de lois.

• Nous rajoutons la section II Ter au Chapitre 5 de la dignité humaine du titre II du livre II du code pénal
et définissons l’exploitation sexuelle des mineurs ainsi :

« Toute personne tirant profit, aidant, protégeant, assistant, embauchant ou tout autres caractéristiques
définies dans l’article 225-5 du code pénal, un mineur, même non identifié, afin de le mettre à disposition
d’un tiers pour qu’il se livre à des relations de nature sexuelle tarifées ou en nature est reconnu comme
exploitant sexuelle et est punie de 10 ans d’emprisonnement et de 1 500 000 euros d’amende lorsque
le mineur est âgé de plus de 15 ans est punie de 15 de réclusion criminelle et de 3 000 000 d’euros
d’amendes lorsqu’il est commis à l’égard d’un mineur de 15 ans.

Toute personne qui sollicite, accepte ou obtient, en échange d’une rémunération, d’une promesse
de rémunération, de la fourniture d’un avantage en nature ou de la promesse d’un tel avantage, des
relations de nature sexuelle de la part d’une personne mineure, même non identifiée qui se livre à la
prostitution, y compris de façon occasionnelle est reconnu comme exploitant sexuelle et est punie de
3 ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende lorsque le mineur est âgé de plus de 15 ans
est punie de 7 d’emprisonnement et de 100 000 d’euros d’amendes lorsqu’il est commis à l’égard d’un
mineur de 15 ans ».

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Créer un atelier de sensibilisation pour les proxénètes condamnés

Les proxénètes goûtent rapidement au pouvoir et à l’argent facile, se sentant ainsi intouchables. Sous
l’emprise de leur “mac”, les victimes ne se reconnaissent pas réellement comme telles, ce qui explique
une perception atténuée de la gravité des faits des proxénètes.

• Sensibiliser les proxénètes en prison et leur expliquer que leur peine est un enjeu fondamental
pour éviter la récidive une fois sortis de prison.
• Une coopération efficace doit avoir lieu entre les associations et les milieux carcéraux pour
sensibiliser.

L’article 131-5-1 du code pénal prévoit que lorsqu’un délit est puni d’une peine d’emprisonnement,
la juridiction peut, en même temps que l’emprisonnement, prescrire que le condamné devra
accomplir des “peines de stage” (L 131-5-1 du Code Pénal). La peine complémentaire est
exécutée dans un délai de 6 mois à compter de la date de la condamnation définitive.

Des stages de citoyenneté, aux stages de sensibilisation aux dangers de l’utilisation de produits
stupéfiants en passant par les stages de sensibilisation à la lutte contre l’achat d’actes sexuels,
cet article définit les 7 stages que peut prononcer la juridiction.

• Nous proposons la création d’un stage de sensibilisation à la lutte contre l’exploitation


sexuelle sur mineurs et majeurs afin de prévenir et avertir les proxénètes des conséquences
de leurs actes.

• L’article 131-5-1 est ainsi modifié : “Les stages que peut prononcer la juridiction sont :
“8° Le stage de sensibilisation à la lutte contre l’exploitation sexuelle sur mineurs et majeurs”.

Former les forces de l’ordre au phénomène de l’exploitation sexuelle


des mineurs

L’exploitation sexuelle sur mineurs est un phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur sur notre
territoire. Il est, par conséquent, du devoir des forces de l’ordre de maîtriser au mieux cette problématique
afin de mieux la repérer, l’appréhender et la combattre. Ainsi, leur formation constitue un enjeu primordial.
Des enquêtes plus rapides et plus efficaces sont également un des remèdes à l’impunité de certains
proxénètes, clients et hôtels.

• Nous proposons la création d’un module de formation : «repérer, évaluer, orienter, signaler» qui
abordera les sujets suivants:
• Notions juridiques et code de procédure pénale
• Mieux appréhender les enquêtes liées à l’exploitation sexuelle sur mineurs après un signalement
ou une plainte

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• Repérer les victimes (dans la rue, au commissariat/gendarmerie etc.)
• Les profils des victimes, des proxénètes et des clients
• Le dialogue avec les victimes lors des auditions en établissant un climat de confiance
• Les différentes formes de prostitution
• Prise en charge des victimes en les orientant : mise à l’abri, accès au soin, lien avec l’ASE

• Nous proposons au Ministre de l’Intérieur d’ajouter ce module à la formation initiale et continue de


la Police municipale.

• Nous proposons au Ministre de l’Intérieur d’ajouter ce module à la formation initiale des gardiens de
la paix, des officiers et des commissaires de la Police nationale au sein de l’Ecole nationale et l’Ecole
supérieure de police.

• Nous proposons à la Ministre des Armées d’ajouter ce module à la formation initiale des sous-
officiers et officiers de Gendarmerie.

Créer une brigade spécialisée au sein des services de police

La plateforme d’harmonisation, d’analyse, de recoupement et d’orientation des signalements (pharos),


créée en 2009, ne dispose pas d’unité spéciale pour lutter contre la cybercriminalité à l’encontre des
mineurs. Or, les réseaux sociaux sont aujourd’hui le moyen le plus efficace et utilisé par les proxénètes
pour repérer et recruter leurs victimes.

• Nous proposons, donc, la création d’une brigade spéciale mineure au sein de Pharos, avec le même
effectif que la section actuelle. Elle traiterait des signalements des contenus illicites publics diffusés
sur Internet et visant un (ou une) mineur(e) et auraient les mêmes missions que la plateforme déjà
existante. Cette unité spéciale sera créée par le Ministère de l’Intérieur.

• Aussi, les enquêteurs, au sein de la brigade de la protection de la famille, sont des acteurs clés de la
lutte. Face à l’augmentation exponentielle de réseaux de prostitution mobiles et éphémères, les brigades
de protection de la famille n’ont pas les moyens humains suffisants afin de traiter efficacement ces
enquêtes.

Nous proposons donc d’instaurer par le biais d’un décret ministériel, un quota d’enquêteurs au sein de
la section des mineurs de la brigade de la protection des familles.

• Ce quota serait calculé en fonction de la taille de la ville et du nombre de dossiers à la charge des
enquêteurs.

Cette augmentation permettra à la brigade de repérer et démanteler un nombre de réseaux plus


conséquent et donc protéger les victimes en danger.

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Démocratiser l’audition de retour de fugue via la création d’un
protocole adapté

La fugue des mineurs est un des premiers signes qu’une victime a recours à la prostitution. Souvent
nombreuses, les auditions de retour de fugue, réalisées par la brigade de la protection de la famille ou
des mineurs, nécessitent un protocole scrupuleux pour comprendre leurs motivations et les protéger
au mieux.

• Cependant, celle-ci n’est à ce jour toujours pas inscrite dans la loi et, de facto, non obligatoire.

Nous proposons la rédaction d’un article sur l’audition de retour de fugue ainsi qu’un protocole dédié
au retour de fugue que les forces de l’ordre devront scrupuleusement respecter lors de cette audition.

• À la suite de l’article 371-3 définissant la fugue dans le code civil, nous proposons la création de
l’article 371-3-1 du même code : “Lorsqu’un mineur est récupéré après une fugue, il fait l’objet d’une
évaluation par les services de police ou de gendarmerie pour savoir s’il a été victime d’infractions
pénales pendant sa fugue.”

• Le protocole s’inspirera des auditions réalisées en cas de violences conjugales.

Généraliser la création d’un référent judiciaire

Dans de nombreuses métropoles, l’exploitation sexuelle est un phénomène en pleine expansion.

Or, tous les parquets concernés n’ont pas de professionnels formés à cette problématique. Les référents
déjà existant dans les lieux où se sont concentrés le plus d’affaires ces dernières années, ont prouvé
leur efficacité.

• Nous incitons les parquets des plus grandes métropoles à se munir d’un référent prostitution, afin
de mieux appréhender la question de la prostitution juvénile.

Mettre en place une plateforme en ligne recensant les dossiers


d’enquêtes de tous les mineurs victimes d’exploitation sexuelle et
en fugue

Depuis quelques années, nous avons pu constater une évolution de fonctionnement au sein des réseaux
de proxénétisme. Ils sont plus mobiles, éphémères, moins internationalisés (réseaux étrangers moins
présents sur le territoire français).

L’exploitation sexuelle des mineurs se caractérise par des fugues à répétition, des déplacements
réguliers loin de leur domicile fixe. Les victimes peuvent, du jour au lendemain, se retrouver à plus de
500 km de l’endroit où ils ou elles vivent. Ces fugues sont alors signalées par le département ou par les
parents/familles aux services de police ou gendarmerie.
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• Ainsi cette diversité géographique engendre des délais importants de transmission de dossier
pouvant faire obstacle à la rapide prise en charge de la victime en danger et à la fluidité des enquêtes.
Le transfert des dossiers entre commissariats et gendarmeries doit, aujourd’hui, nécessairement se
faire par l’intermédiaire du procureur de la République.

• Nous proposons de créer une plateforme en ligne, pour les commissariats et gendarmeries, dont la
fonction serait de recenser l’ensemble des dossiers :

• des mineurs faisant l’objet de fugues


• des mineurs victimes dont un comportement pré-prostitutionnel ou prostitutionnel a été signalé

• Les codes d’accès à cette plateforme seront détenus par le commissaire de police et par le capitaine
de gendarmerie. Les agents de police et gendarmes chargés du dossier d’enquête pourront en faire
la demande et n’auront accès à ce service qu’après une évaluation et un accord de leur supérieur
hiérarchique.

Démocratiser la procédure de comparution immédiate via un


protocole clair

La procédure de comparution immédiate comporte de nombreux avantages pour les affaires


d’exploitation sexuelle sur mineurs. Cette procédure permet de lutter contre l’impunité des clients et
des proxénètes avec des jugements rapides et des sanctions plus lourdes. Elle a également l’avantage
d’éviter une attente conséquente d’un procès au risque de voir les victimes retomber dans des réseaux
de prostitution.

• De ce fait, nous proposons au Garde des Sceaux de mettre fin à ces procédures interminables en
rédigeant une circulaire pour démocratiser les procédures de comparution immédiate dans les affaires
de proxénétisme.

Développer un algorithme en partenariat avec les fournisseurs


d’accès et les plateformes

En messages privés ou à l’aide de hashtags, les proxénètes “recrutent” très facilement les victimes,
afin de lutter et protéger efficacement ces mineurs, il faut que les politiques publiques se décident en
relation avec les acteurs du numérique.

• Nous proposons de développer un algorithme qui supprimerait instantanément les hashtags


permettant de repérer et contacter les victimes d’exploitation sexuelle.

• L’algorithme pourra également bloquer certains échanges privés entre majeurs et mineurs, si ce-
dernier n’a pas donné son consentement au préalable.

Cet outil serait créé par les plateformes elles-mêmes en collaboration avec les pouvoirs publics.
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Chapitre 3. Le proxénétisme hôtelier : responsabiliser et mettre fin à la mise
sous silence de l’exploitation sexuelle sur mineur

Dans la jurisprudence actuelle, il est très fréquent que les propriétaires des lieux abritant une exploitation
sexuelle sur mineur ne soient pas sanctionnés pour leur rôle dans cette activité. Cependant, une
mise en place de moyens plus coercitifs et une responsabilisation des propriétaires d’un logement
locatif et des hôteliers sont essentielles afin de mettre fin au proxénétisme hôtelier et de réduire
conséquemment la prostitution des mineurs.

Augmenter le nombre de condamnations des proxénètes hôteliers

Le proxénétisme hôtelier est défini par l’article 225-10 du code pénal comme étant le fait d’accepter ou
de tolérer que des mineurs se prostituent au sein d’un établissement. Pourtant le constat est alarmant,
cette infraction est trop peu caractérisée, les hébergeurs trop peu punis et les peines prévues peu
cohérentes.

Le terme “habituellement” mentionné dans le présent article, sous-entend que pour que l’infraction soit
caractérisée il faut que la victime mineure vienne de manière régulière au sein de l’établissement.

• Nous proposons d’abroger la notion “habituellement” de l’alinéa 2 de l’article 225-10 du code pénal.

• Est ainsi modifié : Est puni de dix ans d’emprisonnement et de 750 000 euros d’amende le fait, par
quiconque, agissant directement ou par personne interposée :

2° Détenant, gérant, exploitant, dirigeant, faisant fonctionner, finançant ou contribuant à financer un


établissement quelconque ouvert au public ou utilisé par le public, d’accepter ou de tolérer qu’une ou
plusieurs personnes se livrent à la prostitution à l’intérieur de l’établissement ou de ses annexes ou y
recherchent des clients en vue de la prostitution ;

• Le code prévoit des peines plus lourdes pour les proxénètes et les clients lorsque le mineur a moins
de 15 ans, cette différence ne se fait pas pour le proxénétisme hôtelier.

• L’article 225-10 est complété par un alinéa ainsi rédigé: “Le proxénétisme hôtelier est puni de quinze
ans de réclusion criminelle et de 3 000 000 euros d’amende lorsqu’il est commis à l’égard d’un mineur
de quinze ans.”

Vérifier systématiquement l’âge des clients lors des


réservations d’hôtels en ligne et Airbnb

Le développement des réseaux de proxénétisme est un phénomène mobile, oscillant entre location
d’appartement et chambre d’hôtel sans que l’identité des clients soit systématiquement contrôlée.

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En principe, un mineur n’a pas le droit de réserver une prestation hôtelière (appartement ou chambre
d’hôtel) sans présence de son ou ses responsable(s) légal(aux). En pratique, beaucoup de victimes
d’exploitation sexuelle se retrouvent à réserver elles-mêmes une location hôtelière ou à en bénéficier.

Afin de stopper ce phénomène, il est nécessaire que les hôteliers et leurs salariés demeurent vigilants
et attentifs aux contrôles de l’identité des clients et des accompagnateurs.

• Nous proposons de créer un article dans le code pénal qui rendra obligatoire la vérification de la
pièce d’identité du client et de toute personne l’accompagnant.

• L’article 434-1-1 est ainsi créé et rédigé :

“Les personnes responsables d’un logement locatif, les hôteliers, et les gérants de sites internet de
location d’hébergement, ont l’obligation de contrôler l’âge des consommateurs, clients et accompagnants,
avant l’achat d’une prestation hôtelière afin d’éviter toute infraction au sein de leur établissement. Les
peines d’amendes encourues sont de 1 500 euros et de 3 000 euros en cas de récidive pour les personnes
physiques. Les peines d’amendes encourues sont de 7 500 euros et de 15 000 en cas de récidive pour
les personnes morales.”

Sensibiliser au proxénétisme hôtelier

La lutte globale contre la prostitution des mineurs nécessite l’engagement de l’ensemble des acteurs
en lien de loin ou de près avec la prostitution des mineurs. Malgré leur caractère obligatoire, il est très
rare qu’un gérant et son personnel signalent une activité prostitutionnelle des mineurs.

• Nous proposons à la Ministre du Travail d’adopter un décret d’application afin de compléter la formation
des gérants et personnel d’hôtel par le module suivant : “Repérer, évaluer et signaler les situations de
prostitution”

Toutes les personnes morales et physiques redevables de cotisations sociales ou dans l’obligation de
remplir des déclarations sociales peuvent être l’objet d’un contrôle de l’URSSAF.

• Les agents ont donc un rôle à jouer dans la prévention contre l’exploitation sexuelle sur mineurs. Lors
de leur contrôle, il est nécessaire qu’ils sensibilisent les hôteliers aux activités de prostitution qui se
déroulent au sein de leur établissement afin qu’ils prennent conscience du rôle important qu’ils jouent
dans le signalement de situations de prostitution.

• Nous proposons l’ajout d’un module de sensibilisation et de prévention des professionnels au


proxénétisme hôtelier au sein de la formation de 16 mois des agents de l’URSSAF à l’institut 4.10
(institut de formation de l’ensemble des agents de l’URSSAF).

La formation des agents de l’URSSAF mentionné dans le code de la sécurité sociale est ainsi modifié
: “Lors de son contrôle, l’agent de l’URSSAF a le devoir de sensibiliser les gérants d’établissements

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hôteliers aux activités illégales qui pourraient se dérouler au sein de leurs locaux. Il doit également
insister sur le phénomène de prostitution des mineurs en rappelant les sanctions prévues par la loi et
l’obligation de signalement des hôteliers aux autorités compétentes.”

Obliger les établissements hôteliers à afficher un panneau


d’information sur l’exploitations sur mineurs au sein de leurs
locaux

Les établissements hôteliers sont au cœur des réseaux de proxénétisme et accueillent chaque jour de
nombreux clients en compagnie de jeunes filles mineures sans en être inquiétés.

Face à une certaine complaisance des établissements hôteliers et un nombre insignifiant de


signalements de cas de prostitution, il est nécessaire de sensibiliser les professionnels du secteur et
les consommateurs sur les activités illicites qui pourraient se dérouler au sein des établissements.

• Nous proposons au Ministre de l’intérieur de prendre un arrêté afin de rendre obligatoire l’affichage
dans les hôtels d’une fiche d’avertissement sur la prostitution des mineurs.

Obliger les gérants des sites de location d’appartements ou


de chambres d’hôtel à afficher un avertissement relatif à la
prostitution des mineurs sur leur site

De la même façon que pour les établissements hôteliers, les plateformes de location hôtelières font
partie intégrante du réseau de proxénétisme.

De ce fait, nous devons également prévenir et sensibiliser directement sur ces plateformes en ligne afin
de renforcer la lutte globale contre le proxénétisme hôtelier.
• Nous proposons la création d’une loi pour obliger les sites de réservation de chambres ou
d’appartements à afficher un avertissement relatif à la prostitution des mineurs sur les sites internet.

Chapitre 4. Politique de l’Aide Sociale à l’Enfance : contrôler, réguler,


protéger pour briser les disparités territoriales
Manque d’encadrement de nuit et de jour, manque de formation et de sensibilisation, disparités
territoriales : autant de facteurs faisant des services de l’Aide Sociale à l’Enfance de véritables
lieux de prédilection des proxénètes pour le recrutement de mineurs. Selon certaines associations
et professionnels du secteur, dans certains départements une mineure sur quatre se prostituerait.
Nous estimons donc qu’il est crucial d’agir au sein de chaque département, compétent pour piloter la
politique de protection de l’enfance, afin d’établir une réelle égalité des chances sur l’ensemble de
notre territoire ainsi qu’assurer sécurité et protection aux mineurs placés.

16
Contrôler et réguler la politique départementale de l’Aide Sociale
à l’enfance

La politique de l’aide sociale à l’enfance est placée sous l’autorité du président du département. De
nombreuses victimes d’exploitations sexuelles y sont placées. Nous savons aujourd’hui qu’il peut
exister une hétérogénéité de traitement d’un département à un autre.

L’article L221-9 du code de l’Action Sociale et des Familles précise que le contrôle du service de l’aide
sociale à l’enfance est assuré par l’inspection générale des affaires sociales. Nous recommandons
d’instaurer une régulation systématique et annuelle par le représentant de l’État sur l’action du
département en matière de protection de l’enfance. Cela permettra une régulation et de possibles
sanctions en cas de non respect à la loi.

L’alinéa 221-9-1 est ainsi créé : « Sous l’autorité du conseil départemental, le préfet exerce une politique
de régulation vis-à-vis des services de l’aide sociale à l’enfance. A la suite d’un rapport annuel, les
services préfectoraux pourront demander une enquête de compléments d’information, sanctionner
administrativement et/ou financièrement ou décider dans le cas échéant d’en informer la justice, en
cas de manquement ou de faute grave des départements.”

Développer la création d’équipes pluridisciplinaire au sein des


départements

En octroyant plus de moyens, en prévenant et en formant le personnel de l’aide sociale à l’enfance,


nombre de cas d’exploitation sexuelle sur mineurs pourraient être mieux repérés et donc évités.
Nous proposons la création d’une brigade spécialisée contre l’exploitation sexuelle des mineurs.

Équipe mobile pluridisciplinaire (psychologue, éducateur, assistante sociale sexologue, médecin, etc.),
elle serait sous l’autorité du département et non attribuée à un seul établissement. Cette brigade
impliquerait donc une création de poste. Elle aura plusieurs rôles :

• Sensibiliser et prévenir sur l’exploitation sexuelle des mineurs dans les services d’accueil de
l’aide sociale à l’enfance
• Former leurs pairs sur l’exploitation sexuelle des mineurs
• Suivre les mineurs et proposer un accompagnement aux victimes.
• Accompagner psychologiquement les mineurs
• Repérer les signaux

L’instauration de la brigade spécialisée de l’ASE se fera par un décret du secrétaire d’État à la protection
de l’enfance dans tous les départements.

Les départements font de plus en plus face au phénomène de l’exploitation sexuelle des mineurs. Sur
ce sujet, nous devons uniformiser notre politique de lutte.

17
• Nous proposons la création, sous la tutelle du président du département, d’un référent chargé de la
politique de prévention et de lutte contre l’exploitation sexuelle. Il sera amené à conseiller et guider
sa collectivité dans son action. Il travaillera en collaboration avec les référents éducatifs et judiciaires

• Sur circulaire du secrétaire d’État à la Protection de l’Enfance et des Familles, il sera précisé les
modalités de création de ces postes.

Définir un quota d’encadrements dans les foyers

Aujourd’hui, force est de constater que la sécurité et la vigilance des mineurs placés au sein de l’ASE
n’est pas à la hauteur des enjeux liés à l’exploitation sexuelle sur mineurs. En-effet, aucun code, ni
décret, ne précise un quota d’encadrants obligatoire au sein des foyers. Ce qui signifie qu’un foyer peut
avoir le même nombre d’encadrants pour 15, 30 ou 60 mineurs.

Nous proposons d’établir une véritable égalité des chances sur l’ensemble du territoire au sein de
l’ASE.

L’article L 221-10 du code de l’Action Sociale et des Familles est ainsi créé : “Sont instaurés des
coefficients d’encadrements obligatoires au sein des établissements d’accueil de l’aide sociale à
l’enfance défini par les quotas suivants :

1. De 6h à 20h, un minimum de trois éducateurs spécialisés pour dix mineurs est requis
2. 20h à 6h, un minimum d’un éducateur spécialisé de garde est requis
3. 20h à 6h, un minimum deux surveillants de nuit pour dix mineurs est requis”

Former des surveillants de nuit et de jour



Les surveillants précédemment nommés ne sont pas formés à la problématique de la protection de
l’enfance et ne sont pas toujours qualifiés à appréhender des situations de crise. Pourtant, ils ont un
rôle majeur concernant la sécurité des mineurs placés.

• Nous demandons à chaque département de former, eux-mêmes obligatoirement, les surveillants de


nuit comme de jour.

Cette formation s’étendrait sur une durée totale d’apprentissage de 203h ainsi qu’un stage pratique pour
pouvoir assurer le poste de surveillant au sein des établissements d’accueil de l’Aide Sociale à l’Enfance.
Un module sur la protection de l’enfance et l’accompagnement de mineurs serait obligatoirement
dispensé.

18
Chapitre 5. Accompagnement & reconstruction : réhabiliter la victime et lui
assurer un avenir socio-professionnel
Se reconnaissant rarement victime, n’acceptant et ne demandant aucune aide les victimes se retrouvent
livrées à elles-mêmes pour trouver leur place dans notre société. Souvent re-contactées par des individus
en lien avec l’ancienne activité de prostitution (proxénètes, clients, amis, etc.), elles recommencent à s’y
livrer malgré elles. Tout ceci faisant obstacle à la mise en place d’une reconstruction psychologique,
sociale et éducative adaptée sur le long terme.

Peu mis en place sur notre territoire, l’accompagnement sous toutes ses formes est l’instrument
souverain pour que l’exploitation sexuelle ne soit plus vécue comme un fardeau et que les victimes
puissent ensuite s’épanouir de manière stable dans leur vie future.

Créer un contrat de réhabilitation sociale pour les victimes


recconues d’exploitation ssexuelles et/ou d’abus sexuelles
mineurs

L’exploitation sexuelle laisse des séquelles psychologiques et sociales indélébiles. Violence, peur
de l’autre, manque de confiance en soi, instabilité, problèmes relationnels : les répercussions sont
nombreuses et font obstacle à une réinsertion socio-professionnelle adéquate.

La création du contrat de réhabilitation sociale concernera celles et ceux qui ont été victimes
d’exploitations ou de violences sexuelles pendant leur minorité. A la suite d’une demande de leur part,
une aide matérielle, financière et un accompagnement éducatif ou professionnel de l’Aide Sociale à
l’Enfance sera accordée à ces jeunes jusqu’à leurs 21 ans. Les signataires du contrat devront respecter
des obligations à la suite de la signature du contrat. Le contrat de réhabilitation sociale sera délivré par
le département et proposé aux victimes qui en ressentent le besoin.

Lorsqu’un un mineur émancipé ou un majeur de moins de 21 ans est confronté à des difficultés
familiales, sociales et éducatives susceptibles de compromettre son équilibre, il peut bénéficier d’une
aide départementale via le contrat jeune majeur. Nous pensons qu’un tel contrat devrait également être
proposé à l’ensemble des victimes d’exploitations sexuelles, de violences sexuelles ou d’abus sexuels
subis lorsqu’elles étaient mineures.

L’article L221-1 du Code de l’Action Sociale et des Familles définit les missions départementales et les
bénéficiaires d’un soutien matériel et financier des services de l’aide sociale à l’enfance.

Le contrat de réhabilitation sociale (CRS) est ainsi créé et ses modalités de prise en charge sont définies
par l’alinéa 1 bis du même article, précédemment nommé :

“Le service de l’aide sociale à l’enfance est un service non personnalisé du département chargé des
missions suivantes :

19
“1° bis Apporter un soutien matériel éducatif et psychologique aux majeurs de moins de 21 ans victimes
d’exploitation sexuelle, de violences sexuelles ou d’abus sexuels durant leur minorité et confrontés
à des difficultés familiales, sociales, psychologiques, professionnelles et éducatives susceptibles de
compromettre gravement leur équilibre.”

• Prendre soin de leurs corps et de leur santé


• Retrouver de l’estime de soi et de la confiance en soi
• Retrouver leur identité, tant sur le plan administratif qu’existentiel
• Découvrir de (nouvelles) potentialités en soi
• Avoir une vie culturelle
• Avoir une vie spirituelle
• Se réapproprier leur corps

Créer des centres d’accueil et d’hébergement de reconstruction


pour les mineurs victimes d’exploitation sexuelle

Aujourd’hui en France, aucun centre et aucune aide spécialisée n’existe pour les victimes d’exploitation
sexuelle.

• Nous proposons la création de centres référents pour les victimes d’exploitation sexuelle. Ils
permettront leur encadrement avec notamment un éloignement géographique de leur milieu social
initial et l’instauration d’un climat de confiance et de sécurité à l’aide d’un personnel compétent. Ces
centres permettront l’accueil des victimes et auront notamment une vocation thérapeutique grâce à la
mise en place d’un parcours de reconstruction psychologique, éducatif et social.

• Nous proposons l’accueil des victimes de façon permanente jusqu’à une évaluation la considérant
apte à retrouver une vie professionnelle/scolaire et sociale via un protocole de réinsertion. Un service
de jour pourrait continuer à accompagner les victimes après leur sortie. Ces séjours se feraient sur la
base du volontariat des victimes ou des parents. Le Juge pour enfants pourrait également imposer un
placement de minimum 15 jours.

Les équipes pluridisciplinaires (médecins, infirmiers, psychologues, professionnels socio-éducatifs,


sexologues) créées pour le bien de ces centres auront pour missions :

• l’accueil et l’information
• l’évaluation médicale, psychologique et sociale
• l’orientation de la victime et de sa famille
• la prise en charge médicale, psychologique, sociale et éducative
• la sécurité et l’encadrement des victimes

La création de ces infrastructures sera financée par l’ARS et l’assurance maladie, au même titre que
les centres d’addictologie. Le financement des séjours sera assuré d’une part, par l’Assurance maladie,

20
d’autre part, par les ex-clients, ex-proxénètes reconnus coupables via des indemnités imposées.Des
financements extérieurs de promoteurs ou d’entreprises souhaitant s’engager dans la lutter contre
l’exploitation sexuelle des mineurs Les centres seront gérés soit par des associations, soit par des
établissements publics de santé.

Création de groupes de parole à destination des parents des


victimes

La prostitution sur mineurs constitue un réel traumatisme pour les parents. Profondément marqués
et épuisés, ils vivent le calvaire de leur enfant par procuration. Loin d’être épargnées, ces familles
ressentent le besoin de témoigner et de se confier. Il est judicieux de développer la coopération et
l’entraide par la libération de la parole car ces parents se sentent souvent rongés par la culpabilité et
incompris par la société.

Le soutien par le partage d’expérience se révélant gage d’espoir et de reconstruction, nous proposons
la création de groupes de parole à destination des parents des victimes.

Ces groupes pourraient être organisés par des associations départementales ou des maisons des
adolescents avec le soutien des départements.

Chapitre 6. Politique publique et institutionnelle : pour que l’exploitation


sexuelle devienne une priorité nationale

Finalement, il est essentiel que la lutte contre l’exploitation sexuelle soit davantage représentée au
niveau national et institutionnel si nous souhaitons que celle-ci soit efficiente. Il est donc du devoir de
nos pouvoirs publics de s’emparer de cette problématique afin de mieux la connaître, mieux la prévenir
et donc mieux protéger notre jeunesse.

L’exploitation sexuelle sur mineurs doit devenir une priorité


nationale

Depuis de nombreuses années, les victimes et leurs familles se retrouvent régulièrement dos au mur
lorsqu’ils sont touchés par le phénomène. Déni, tabou, jugement, mépris, incompréhension : les pouvoirs
publics sont peu préparés à l’exploitation sexuelle et à la dure réalité de celle-ci.

• Nous demandons au gouvernement français de déclarer solennellement que la lutte contre


l’exploitation sexuelle des mineurs constitue une priorité nationale.

Qu’à ce titre, un plan d’action soit élaboré et qu’une commission intergouvernementale soit créée et se
réunisse chaque année.

21
Semaine nationale de sensibilisation et de lutte contre
l’exploitation sexuelle

Dans l’objectif de briser les tabous autour de l’exploitation sexuelle des mineurs, de libérer la parole et
d’octroyer une forme de reconnaissance aux victimes de ce fléau, nous proposons la création d’une
semaine nationale de lutte contre l’exploitation sexuelle sur mineurs.

Cette sensibilisation ne sera pas exclusive aux établissements scolaires afin de toucher d’autres lieux
institutionnels (ASE, collectivités territoriales, institutions judiciaires, etc.)

• Nous proposons la création d’une semaine de sensibilisation et de lutte contre l’exploitation sexuelle
sur mineurs, chaque première semaine du mois de mars.

Commander une large étude sociologique sur la prostitution des


mineurs

Du « michetonnage » à l’exploitation, la prostitution des mineurs touche tous les milieux sociaux,
toutes les zones géographiques. Si nous constatons une expansion du phénomène, il n’existe aucune
évaluation solide et récente.

• Nous recommandons la création d’une étude sociologique, en lien avec les associations, les services
gouvernementaux et des instituts de recherche, pour quantifier le phénomène et analyser les profils
des acteurs de l’exploitation sexuelle sur mineurs.

Création d’un référent au corps et à la sexualité au sein des


rectorats

Développement massif de la pornographie en streaming, relations intimes virtualisées, création d’un


compte de réseau social de plus en plus tôt, image de la télé-réalité : la jeune génération est aujourd’hui
confrontée à une hypersexualisation sociétale et n’a que très rarement les mécanismes pour pouvoir
s’en défendre.

• Nous proposons la création de référents au corps et à la sexualité au sein des rectorats.

Après une formation obligatoire, ces référents seraient créés par le Ministre de l’Education nationale
et de la Jeunesse et nommés par les recteurs académiques. Ils auraient comme mission de traiter
et accompagner les établissements sur les problèmes en relation avec la sexualité de la jeunesse :
fellation, relation au sein de l’établissement, suspicion de prostitution, agression sexuelle, visionnage de
vidéos à caractères pornographiques, diffusions de photo et/ou vidéos intimes. Ces référents feraient
en sorte que les cours au corps et à la santé (ou éducation sexuelle) soient dispensés.

22
Conférence internationale de la lutte contre l’exploitation sexuelle
des mineurs

La prostitution des mineurs et l’exploitation sexuelle qui en découle est un phénomène universel en
pleine expansion dans de nombreux pays depuis des années. Afin de protéger nos enfants et mieux
contrôler les déplacements des réseaux entre les pays, nous devons développer une coopération
internationale.

• Nous proposons, sur proposition du gouvernement Français, de créer une conférence internationale
entre les Etats-membres de l’UNESCO afin de développer une politique commune et cohérente à
l’échelle mondiale.

3 - La consultation
Le consentement, l’hygiène de vie, la pornographie sont des notions qui peuvent influer l’entrée dans un
réseau de prostitution si la victime n’a pas de recul et de connaissances approfondies sur ces sujets.
La création de cours d’éducation au corps et à la santé dès la sixième permettrait de sensibiliser dès le
plus jeune âge et d’armer les futures victimes.

Pour connaître les attentes de notre jeunesse et prendre conscience de la situation actuelle dans les
établissements scolaires, nous avons décidé de lancer une grande consultation citoyenne sur les réseaux
sociaux en partenariat avec deux influenceuses investies sur le sujet : @cleocamelo et @reddmoon.
Fort des 10 500 réponses obtenues, voici, ci-dessous, le bilan de cette consultation :

Statuts des sondés :

Résultats de la consultation :

A) Cours à la sexualité : quel constat ?

• 2 individus sur 3 déclarent n’avoir jamais eu de cours d’éducation sexuelle, au corps et à la santé en
dehors des cours de Sciences et Vie de la Terre.

23
• On remarque que la prostitution des mineurs n’est que très peu voire pas du tout évoquée durant la
scolariité : 9 élèves sur 10 affirment ne pas être sensibilisés à ce phénomène durant leur éducation.

• 73% des individus n’ont jamais entendu parler de consentement ni de sexisme, de transphobie ou
d’homophobie.
• En cours, seuls 25% des sondés ont été prévenus des violences sexistes et sexuelles.

• Selon notre étude, 6 195 individus estiment que la pornographie a influencé de manière négative leur
vie sexuelle. Pire encore, 8 jeunes sur 10 considèrent que la pornographie est ou a été une référence
pour leur éducation sexuelle.

• A l’heure où les premières rencontres peuvent se faire via les réseaux sociaux, seulement 29% des
sondés déclarent avoir été sensibilisés aux relations virtuelles et seulement 24% ont été informés sur
les cyber violences (pornodivulgation, dick pics, etc.)

B) Cours à la sexualité : quelles attentes?

Après ces constats, nous avons souhaité connaître les attentes et prérogatives de notre jeunesse.
Lorsqu’on leur demande ce qu’il souhaiterait voir dans le programme de cours au corps et à la santé :

• 52% des sondés déclarent vouloir évoquer le consentement et le rapport interpersonnel ;

• 35% d’entre eux affirment vouloir parler, dans leur établissements scolaire, de la sexualité dans sa
globalité ;

• Les discriminations et les stéréotypes sont plébiscités par 32% des répondants ;

• La représentation du corps et l’image corporelle sont des sujets que 31% souhaitent abordés durant
leur cours ;

• 27% des individus souhaitent que la contraception fasse partie des thématiques traitées par le
programme ;

• 24% des interrogés souhaiteraient qu’on les informent sur la notion d’orientation sexuelle ;

• Les violences et agressions sous toutes leurs formes sont un sujet que 21% des consultés préconisent
dans leur éducation au corps et à la santé ;

• Les relations virtuelles, la puberté, le cyber harcélement et la pornographie sont des thématiques
que 17% des sondés aimeraient aborder durant leur scloarité ;

• Enfin, la grossesse est un thème plébiscité par 10% des individus.

24
4 - Récapitulatif de nos propositions
La formation et la sensibilisation : prévenir et repérer l’exploitation sexuelle

1. Déployer et instaurer des cours d’Éducation au corps et à la santé sur l’ensemble du territoire.
2. Etablir des dispositifs de formations pour tous les acteurs professionnels
3. Lancer une grande campagne de communication et d’information à destination du grand public.

Protection judiciaire et procédure pénale : lever l’impunité des auteurs et replacer la victime au coeur
de l’action judiciaire

4. Qualifier l’exploitation sexuelle sur mineur dans le code pénal


5. Créer un atelier de sensibilisation pour les proxénètes condamnés
6. Former les forces de l’ordre au phénomène de l’exploitation sexuelle des mineurs
7. Créer une brigade spécialisée au sein des services de police
8. Démocratiser l’audition de retour de fugue via la création d’un protocole adapté
9. Généraliser la création d’un référent judiciaire
10. Mettre en place une plateforme en ligne recensant les dossiers d’enquête de tous les mineurs
victimes d’exploitation sexuelle et en fugue
11. Démocratiser la procédure de comparution immédiate via un protocole clair

Le proxénétisme hôtelier : responsabiliser et mettre fin à la mise sous silence de l’exploitation sexuelle
sur mineur

12. Modifier l’infraction sur le proxénétisme hôtelier dans le code pénal


13. Vérifier systématiquement l’âge des clients lors des réservations d’hôtels en ligne et Airbnb
14. Sensibiliser au proxénétisme hôtelier
15. Obliger les établissements hôteliers à afficher un panneau d’information sur l’exploitations sur
mineurs au sein de leurs locaux
16. Obliger les gérants des sites de location d’appartements ou de chambres d’hôtel à afficher un
avertissement relatif à la prostitution des mineurs sur leur site

Politique de l’Aide Sociale à l’Enfance : contrôler, réguler, protéger pour briser

17. Contrôler et réguler la politique départementale de l’Aide Sociale à l’enfance


18. Développer la création d’équipes pluridisciplinaire au sein des départements
19. Définir un quota d’encadrements dans les foyers
20. Former des surveillants de nuit et de jour

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Accompagnement & reconstruction : réhabiliter la victime et lui assurer un avenir socio-professionnel

21. Créer un contrat de réhabilitation sociale pour les victimes reconnues d’exploitation sexuelles et/
ou d’abus sexuelles mineurs
22. Créer des centres d’accueil et d’hébergement de reconstruction pour les mineurs victimes
d’exploitation sexuelle
23. Création de groupes de parole à destination des parents des victimes

Politique publique et institutionnelle : pour que l’exploitation sexuelle devienne une priorité nationale

24. L’exploitation sexuelle sur mineurs doit devenir une priorité nationale
25. Semaine nationale de sensibilisation et de lutte contre l’exploitation sexuelle
26. Commander une large étude sociologique sur la prostitution des mineurs
27. Création d’un référent au corps et à la sexualité au sein des rectorats
28. Conférence internationale de la lutte contre l’exploitation sexuelle des mineurs

5 - Remerciements
Nous remercions l’ensemble des parlementaires, associations, professionnels juridiques, journalistes,
familles et anciennes victimes de nous avoir consacré du temps afin de les auditionner :

Anne-Marie AVOUAC, journaliste du documentaire « Pornographie un jeu d’enfants » de France 2


Myriam BEAUVALLET, maman d’une victime d’exploitation sexuelle
Simon BÉNARD-COUBON, substitut du Procureur de la République au parquet de Bobigny
Margaux BOURBIER, avocat au barreau de Paris
Brigade de la protection de la famille, section mineurs, de Nantes
Christine, maman d’une victime d’exploitation sexuelle
Shanley CLEMOT MCLAREN, co-présidente de l’association Stop Fisha
Clarisse COHEN, éditrice du livre “Papa vient me chercher”
Bérangère COUILLARD, Députée de la septième circonscription de Gironde
Thierry & Muriel DELCROIX, auteurs du livre “Papa vient me chercher”
Francine DUQUET, docteur en Sexologie, sexologue, professeur à l’université du Québec à Montréal en
Philosophie, Sexologue
Mélanie DUPONT, psychologue, en charge des consultations pour mineurs à l’unité médico-judiciaire
(UMJ) de l’Hôtel Dieu, Présidente de l’association Centre de Victimologie pour Mineurs
Charlotte GORGIARD, médecin légiste à l’UMJ de l’Hôtel Dieu
Perrine GOULET, Députée de la première circonscription de Nièvre
Aude GROUALLE, vice-Procureure, cheffe de la section des mineurs au parquet de Paris
Iriss GUAZZINI, membre de l’association Equipe d’Action Contre le Proxénétisme
Alyssia HUNGBO, membre de l’association Equipe d’Action Contre le Proxénétisme
Lucie LECOURS, Députée de Les Plaines, ex-présidente de la commission spéciale Québécoise sur
l’exploitation des mineurs
Guillaume LESCAUX, Procureur de la République au parquet de Fontainebleau
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Arthur MELON, secrétaire général de l’association Agir Contre la Prostitution des enfants
Estelle MAURIAC, productrice du documentaire « Pornographie, un jeu d’enfants » de France 2
Vanina MEPLAIN, avocate au barreau de Paris
Eléonore MICHELLE, Commandant adjoint de la Maison de Confiance et de Protection des Familles de
Bordeaux
Nadine, ancienne victime d’exploitation sexuelle et intervenante dans le reportage “A 15 ans, ma fille
se prostitue” de Zone Interdite
Israël NISAND, gynécologue et écrivain
Mahedi NOOR, membre de l’association Equipe d’Action Contre le Proxénétisme
Hajar OUTAIK, co-présidente de l’association Stop Fisha
Hana OUTAIK, trésorière de l’association Stop Fisha
Ovidie, auteure du livre “À un clic du pire”
Rachel-Flore PARDO, membre co-fondatrice de l’association Stop Fisha
Laura PEREIRA DIOGO, secrétaire générale de l’association Stop Fisha
Méganne PERRY MÉLANÇON, Députée de Gaspé, ex-membre du comité directeur de la commission
spéciale Québécoise sur l’exploitation des mineurs
Meissa RBIZ, membre de l’association Equipe d’Action Contre le Proxénétisme
Jacqueline RÉMY, journaliste et co-auteur du livre “Papa vient me chercher”
Léa REYNAUD, membre co-fondatrice de l’association Stop Fisha
Stella, ancienne victime d’exploitation sexuelle et intervenante dans le reportage “A 15 ans, ma fille se
prostitue” de Zone Interdite
Christine ST-PIERRE, Députée de l’Acadie, ex-vice-présidente de la commission spéciale Québécoise
sur l’exploitation des mineurs
Nicolas SOUSSY, médecin légiste à l’UMJ de l’Hôtel Dieu, secrétaire adjoint de l’association Centre de
Victimologie pour Mineurs
Sylvie VELLA, Directrice de la Protection Judiciaire de la Jeunesse de Paris
Clarisse VERRIER, réalisatrice du reportage “A 15 ans ma fille se prostitue” diffusé dans Zone Interdite

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NOTES

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